Il y a quelques semaines, je reçois un courriel d’un « ami de 50 ans » : aucun message, juste un fichier joint intitulé « BRAVO_CHARLIE_HEBDO111.pdf ».
Au premier coup d’œil, ça sent l’hoax à plein nez : une présentation du texte typique de ce genre de littérature, avec cette appréciation cocasse « C’est très bien écrit ! », et finalement peu flatteuse pour Charlie « Dès qu'eux-mêmes sont touchés, c'est plus la même chanson ! Il y a de l'espoir... »
La fin est aussi typique avec ce tutoiement accompagné d’un SVP et cette injonction à faire suivre.
Je suppose, j’espère, que mon ami n’a lu que d’un regard très, très distrait ce tissu d’âneries signé d’une plume de Riposte (prétendument) laïque et qui date de 2011.
Charlie avait protesté à l’époque : « Madame Alamachère n’a jamais travaillé à Charlie Hebdo, et n’a donc aucune légitimité à parler au nom de notre journal qui conçoit la défense de la laïcité contre toutes formes d’intégrisme, et refuse de se focaliser sur l’Islam, encore moins d’en tirer des conclusions globales sur l’immigration. » (Sous la voûte étoilée)
Outre une curieuse propension à mettre des majuscules n’importe où, la dame affiche une ignorance assez abyssale de la loi de 1905 : M. Moussaoui ayant parlé du « rapport au sacré » dans « nos sociétés » elle écrit « si c'est la Société Française , je vous rappelle qu'elle n'a aucun Rapport au Sacré puisque séparée du Religieux, depuis qu'une célèbre Loi de 1905 en a décidé ainsi, ce que manifestement, malgré votre Récente Naturalisation, vous ne semblez pas avoir encore bien intégré ».
Or la loi de 1905 consacre la séparation des églises et de l’état et non de la société.
Illustration (comme la suivante) tirée du Monde
COMBISTES contre BRIANDISTES
Cet envoi insolite m’est revenu à la mémoire avec les débats actuels où on voit les laïcards, style Printemps Républicain ou modèle Valls, à la manœuvre avec la loi sur les séparatismes (pluriel bien singulier) qui risque de marquer un triste 115e anniversaire pour la loi de 1905.
«La laïcité, c’est avant tout la séparation du politique et du religieux, comme l’indique le titre même de la loi de 1905 », affirme Gwénaële Calvès, professeure de droit public … Le mot désigne « un régime de préservation des libertés de croire et de ne pas croire sous l’égide d’un Etat neutre », assure le sociologue et historien Philippe Portier…
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 reconnaît pour la première fois la liberté de croire et de ne pas croire, et le rôle de l’Etat pour la faire respecter. De cette époque naît, selon Catherine Kintzler, la « différence fondamentale du point de vue philosophique » entre la laïcité française et les régimes de tolérance des pays protestants. Alors que ces derniers « restent attachés à la forme religieuse du lien politique – on s’y réfère à des groupes ethniques, religieux ou sociaux préexistants dont on organise la coexistence », la laïcité « va mener la séparation entre foi et loi jusqu’à sa racine. Elle installe un lien politique qui ne doit rien à l’existence d’un modèle religieux, qui ne suppose aucune foi », affirme la philosophe. D’où la nécessité, selon elle, d’une neutralité totale de la part de l’autorité publique, qui doit s’abstenir « de toute manifestation, caution ou reconnaissance en matière de cultes, de croyances et d’incroyances ». A l’inverse, « partout ailleurs, y compris en public, dans l’infinité de la société civile, la liberté d’expression s’exerce dans le cadre du droit commun ».
Les partisans d’une laïcité « intégrale », menés par le président du Conseil Emile Combes, aspirent à cantonner l’exercice du culte dans l’espace privé, pour supprimer aux catholiques tout moyen d’organisation autonome, sous le contrôle d’un Etat régulateur. Le courant libéral, incarné par Aristide Briand et Jean Jaurès, défend, lui, une séparation qui « délivre l’Etat de l’emprise politique de la religion, mais sans s’ingérer exagérément dans la manière dont le culte doit s’organiser », explique Valentine Zuber.
Dans la bataille entre « combistes » et « briandistes », c’est pourtant le courant libéral qui l’emporte.
Avec l’installation de l’islam dans le paysage religieux français émerge un nouvel acteur qui cherche sa place dans une laïcité pensée et modelée sans lui.
Les débats convoquent, cette fois, les notions d’égalité femme-homme ou de dignité humaine, tandis que les discussions se focalisent sur la frontière entre « espace public » et « espace privé », suscitant nombre de contresens et de malentendus, pas toujours sans arrière-pensées. En 2018, Marine Le Pen réclame « l’interdiction du voile dans l’intégralité de l’espace public ».
Au sein même du gouvernement, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, affirme en 2019 que « le voile en soi n’est pas souhaitable dans notre société, tout simplement ».« On assiste depuis la fin du XXe siècle au retour d’un discours particulièrement offensif des héritiers d’Emile Combes, le chef de file du camp anticlérical en 1903. Cette néolaïcité voudrait circonscrire la pratique religieuse à la seule sphère privée, alors que l’exercice public du culte est, avec le respect de la liberté de conscience, garanti par la loi de 1905 », constate l’historienne Valentine Zuber.
Il se pourrait que le 9 décembre 2020 marque la défaite du courant libéral incarné par Briand et Jaurès en 1905.
Certes l’offensive hargneuse des laïcards contre l’Observatoire de la laïcité a échoué. Mais ce n’est que partie remise avec le renouvellement programmé en 2021. Et sur le projet de loi « renforçant les principes républicains » (titre faux-cul, puisqu’il vise le « séparatisme » musulman), Blanquer est à la manœuvre.
Il s’appuie comme l’a analysé Le Monde - Islamisme, séparatisme : l’offensive payante des « laïcards » - sur les partisans d’une laïcité offensive,érigée en priorité politique. Là où d’autres voient dans la laïcité un simple cadre juridique et non une doctrine, eux en font un combat idéologique…Plus qu’un courant organisé, ils constituent une galaxie de personnalités engagées. Il y a des intellectuels tels que les essayistes Caroline Fourest et Elisabeth Badinter ; la sociologue Dominique Schnapper ; les artisans historiques, lobbyistes numériques aguerris, moins connus du grand public, Laurent Bouvet et Gilles Clavreul, fondateurs de l’association Printemps républicain en mars 2016. Il y a des journalistes comme Zineb El Rhazoui et Mohamed Sifaoui, tous les deux sous protection policière ; d’anciens socialistes comme Manuel Valls et l’Avignonnais Amine El Khatmi. On pourrait y ajouter le GODF*. Ainsi que Marlène Schiappa, une ‘convertie’, qui comme toute les converties joue les zélotes ! Et certain-e-s flirtent avec l’extrême-droite, comme Zineb El Rhazaoui, adulée par... Riposte laïque !
Cette « laïcosphère », comme l’appelle Caroline Fourest, chasse en meute, se « like » à foison et se retweete à l’envi. Aurélien Taché apparente leurs méthodes en ligne à « la cancel culture », réduisant au silence leurs opposants, tétanisés à l’idée d’être accusés de complaisance avec l’ennemi terroriste.
L’ironie assez cruelle de ce combat, c’est que commencé sous l’étendard de la défense de la liberté d’expression – Je suis Charlie – il risque de se conclure par une régression, une restriction drastique des libertés, notamment celles d’affirmer ses convictions religieuses ou philosophiques sur l’espace public ! Prémices sans doute de régressions encore plus fortes.
*Dans un communiqué pour célébrer le 115e anniversaire de la loi de 1905, le Grand Orient de France écrit : "Ce principe [la laïcité] garantit à chaque citoyen la liberté absolue de conscience, la liberté de croire ou de ne pas croire dans le respect et la distinction des espaces public et privé." Or rien dans la loi de 1905 ne parle de cette distinction "espaces public et privé". Au contraire même, que ce soit sur le débat sur l'interdiction ou pas de la soutane que dans celui sur les manifestations religieuses dans l'espace public, la loi a tranché en sens inverse ! Que le GODF, avec d'autres, choisisse le combisme soit, mais qu'il ne fasse pas passer son intransigeance comme découlant de la loi de 1905.
Le prosélytisme n’est pas un délit, et ne peut pas l’être. Ce que propose le gouvernement, c’est de remuscler l’article 31* de la loi de 1905, qui réprime les « violences ou menaces » destinées à contraindre une personne « à exercer ou à s’abstenir d’exercer un culte ».
… la valeur centrale de la laïcité, c’est la séparation du politique et du religieux. Le principe de séparation doit continuer à structurer un droit et une culture de la laïcité qui s’opposent à tout empiétement des religions dans la sphère des institutions et de la prise de décision collective.
L’identification complète de la laïcité à la « neutralité » me semble le phénomène le plus préoccupant. Elle aboutit soit à une dévitalisation complète du principe (la République laïque est neutre comme l’est un hall d’aéroport), soit au contraire à une polarisation sur tout ce qui « fait signe » vers le religieux, et qu’il faudrait interdire : à la plage, dans la rue, ou même dans les rayons des supermarchés. La confusion des sphères confine, ici, à la confusion mentale.
Les opinions sont libres, leur manifestation aussi (leur « libre communication », dit la Déclaration |des droits de l’homme et du citoyen]). Les limitations que la loi peut apporter à la liberté d’expression doivent donc être réduites au strict nécessaire.
Est-il prévu d’interdire le port du voile islamique en France ? Non, bien sûr. Une telle interdiction serait inconstitutionnelle, politiquement insensée, et moralement injustifiable.
EXTRAITS
* Sont punis de la peine d'amende prévue pour les contraventions de la 5ème classe et d'un emprisonnement de six jours à deux mois ou de l'une de ces deux peines seulement ceux qui, soit par voies de fait, violences ou menaces contre un individu, soit en lui faisant craindre de perdre son emploi ou d'exposer à un dommage sa personne, sa famille ou sa fortune, l'auront déterminé à exercer ou à s'abstenir d'exercer un culte, à faire partie ou à cesser de faire partie d'une association cultuelle, à contribuer ou à s'abstenir de contribuer aux frais d'un culte.
Mise à jour 21 novembre 2020 : Jean-Pierre Sautreau signe l'éditorial de la revue GOLIAS.
Mise à jour 9 novembre 2020 : M le magazine (Le Monde) consacre une page à cet acte de repentance de l'évêque et le Sans culotte 85 publie l'intégralité de son enquête en 2012.
Mise à jour 23 octobre 2020 : l'évêque de Luçon, François Jacolin, fait acte de repentance.
De l’enfance à l’enfer. Vocation supposée, vocation imposée. Ainsi un gamin de 11 ans est coupé des siens, de sa mère surtout, pour l’enfermement du petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, pas loin de Montaigu.
Un récit, sur fond de pédophilie, qui vient en résonance avec l’actualité.
Rentrée des sixièmes en 1960 (sauf erreur, Jean-Pierre Sautreau est le 1er à gauche au 1er rang).
Un arrachement
Dans mes deux derniers livres Dans le jardin de mon père et Au fil de ma mère j’ai, à travers ces figures parentales, évoqué mon enfance, sa décennie heureuse. Leurs lecteurs attentifs ont pu, par endroits, entrevoir des allusions aux cruelles années de déchirure qui allaient la suivre. L’année de mes onze ans, j’ai été mystérieusement recruté pour devenir prêtre. Et je me suis retrouvé avec une centaine de gamins, cette année-là, en sixième au Séminaire de Chavagnes en Paillers. J’ai vécu cet exil comme un véritable arrachement, des miens, de mes copains, de mon lieu, de ma vie ordinaire. Là, n’ayant pas la vocation supposée et me trouvant pris dans des rouages implacables, j’ai paradoxalement traversé de longues années d’enfer.
D’une décennie heureuse à 6 ans d’enfermement
Ce récit s’attache à relater ce basculement d’une décennie heureuse dans une très longue période de six années d’enfermement physique et psychologique au Séminaire. J’y décris, en revenant particulièrement sur l’atmosphère des deux premières années de formation et fondation, sixième et cinquième, le quotidien disciplinaire, la rigide organisation interne et les rudes règles de vie inhérents à l’établissement. Avec l’idée de notamment mettre à jour les mécanismes très réfléchis mis en place par lesquels on visait à déconstruire les personnalités pour construire de parfaits soldats de l’Église. Je n’irais pas jusqu’à parler de soldats de Dieu, car Dieu dans tout ça…J’évoque aussi malheureusement les mœurs pédophiliques de certains prêtres, dont j’ai été moi-même victime.
Sous forme d’enquête, de recoupements, je me suis aussi intéressé à l’invraisemblable machinerie du recrutement sacerdotal. Car pendant des années et particulièrement dans les années 50 et 60 pour faire face à son développement et ses ambitions hégémoniques, l’Église a bâti toute une stratégie, tout un réseau d’enrôlement. Une fabrique à grande échelle de vocations avec, à sa tête, une éminence, elle aussi à la main leste, vouée entièrement au recrutement des « vocations » et qui a parcouru pendant des dizaines d’années la Vendée, allant de foyers en retraites paroissiales pour semer la bonne graine à prêtrise dans des têtes innocentes.
Dans des têtes innocentes…voilà bien l’autre scandale de cette époque et de cette triste réalité. Comment imaginer dans ces têtes d’enfants de 10 ans et de surcroît dans ces années 50 et 60 une réflexion mûrie autour d’un tel choix et une libre détermination. Le taux de renoncement en cours de parcours (autour de 90% en est une preuve). Pensons qu’aujourd’hui l’on situe à 15 ans l’âge de maturité affective et de consentement…Ainsi, beaucoup sortiront très marqués de cette épreuve, rincés psychologiquement et physiquement écartés d’une normalité de l’existence dans laquelle ils devront, à leur sortie, se réinsérer. Alors, souvent seuls, ils s’éloigneront plus ou moins des leurs, se renfermeront en gardant le silence sur ces années et s’investiront dans des situations que leur ouvriront (seul point positif) ces très exigeantes années de discipline et d’instruction.
Une forme de résilience
Cette histoire dont j’ai entamé l’écriture il y a trois ans, mon histoire, remonte à 60 ans. Jusque-là, je l’avais mise sous le boisseau par peur de réveiller des monstres en remuant tout ça. Par lâcheté et peur de devoir affronter l’incompréhension et la condamnation dans une Vendée tellement marquée par sa relation historiquement intouchable avec l’Église. Mais justement, j’arrive à un âge où j’estime que cette Histoire doit être connue, peut-être débattue. Et puis elle est l’histoire d’un tas de gamins de cette époque qui, pris dans ce système, vivent avec encore, souvent dans le silence et le déni de sa réalité. Et il y a l’actualité qui devrait gommer les éventuels doutes sur mon témoignage.
J’ai voulu aussi l’écrire pour trouver enfin une certaine forme de la résilience chère à Boris Cyrulnik. En écrivant mes deux derniers livres j’ai refait avec bonheur un bout de chemin vers mes parents, des parents dont longtemps j’ai questionné la responsabilité dans cet enrôlement. Reste à me réconcilier avec moi-même et repartir de plus belle dans l’écriture.
Jean-Pierre Sautreau
La fabrique du cléricalisme
La fabrique du cléricalisme, tel pourrait être un sous-titre du dernier livre de Jean-Pierre Sautreau.
Non pas celui des anti-cléricaux – « le cléricalisme voilà l’ennemi » - celui qui veut imposer – et qui impose souvent (Argentine par exemple) – son dogme à la société entière. Mais le cléricalisme que dénonce le pape, celui de ces prêtres, de ces religieux ou religieuses, qui, se voyant sacralisés, se croient au-dessus du troupeau des fidèles. Et ce livre décrit bien comment cette distinction sert d’appeau pour attirer des gamins de familles calotines vers l’enfermement du petit séminaire, en leur prêtant une vocation que certains n’ont même pas exprimée ! À 9, 10 ou 11 ans. Et ensuite, pour formater ce futur pasteur des pauvres pécheurs, il est soumis à un véritable lavage de cerveau, une castration mentale ; la violence physique n’est pas absente avec un surveillant ensoutané et sadique ; mais la violence est d’abord dans un reconditionnement par le silence et la prière ; reconditionnement vérifié et renforcé par le directeur de conscience qui, chaque semaine, va disséquer, dans sa chambre, les résultats scolaires, le comportement, sans oublier la classique confession avec une chasse obsessionnelle aux pensées impures.
"L'emphase portée sur l'élection divine du prêtre, dont la vocation est appelée à se développer comme un "germe" à l'abri du monde dans le milieu fermé des séminaires triomphe au XIXe siècle,"siècle des curés". Face à un peuple de fidêles sans aucun pouvoir au sein de l'institution, s'impose la figure d'un prêtre porteur de tous les attributs du sacré...
La famille devient le lieu par excellence de son [l'église] emprise normative, avec une obsession croissante pour le contrôle de la sexualité des fidêles, principalement à travers la confession."
Alors comment appeler les seize heures qui s’égouttent entre la prière du matin et celle du soir, uniquement entaillées dans l’air goulûment avalé des récréations ? Le temps de la langue arrachée. Le temps de la parole gelée. Silence est leur mot étalon qui tranche nos minutes et chaîne tous nos actes et mouvements. Silence est leur mot clef qui nous verrouille et nous séquestre. Silence est leur mot scélérat qui leur offre l’ecchymose des corps et le blanchiment des consciences. Silence est leur mot dieu pour changer en eau bénite notre jeune sang fou. Silence est leur mot silence qui referme sa gueule sur nos bêlements. Silence est le mot totem de notre abattoir à ciel ouvert.
(…)
Couper notre langue, c’est nous couper de nos arrières, c’est couper cette langue ombilicale qui nous relie encore à notre terre d’enfance, à ce terreau de nos fables.
(…)
Silence on prie ! Du matin au soir, du soir au sommeil. La nuit, on garde un œil en prière.
—Benedicamus Domino, claironne le soutaneux.
— Deo gratias, gémissent les voix pâteuses.
— Ave, Maria purissima.
— Sine peccato concepta, croasse, en se signant, le dortoir agenouillé.
Notre premier souffle est pour le Seigneur. Le dernier le sera aussi : In pace in idipsum dormiam et requiescam, in manus tuas, Domine, commando spiritum meum. Les prières dentent notre noria, battent notre temps. Elles entament et closent chaque repas. Sucres lents. (Benedicite…Benedic, Domine, nos et haec tua dona de tua largite… Amen… Agimus tibi gratias, omnipotens deus…), démarrent et bouclent chaque étude, chaque classe. Tranquillisants sécables. Elles s’écoulent sous le long péristyle d’un vase à l’autre. Notre-Dame du Sceptre est saluée d’un Sub Tuum avant chaque sortie en promenade. Il est bien vu d’abréger la récréation pour faire une visite au Saint Sacrement. Ces prières-là sont pour le rythme, pour la bonne hygiène. Elles sont les amuse-bouches, les mignardises autour des plats de résistance, des mets aux riches fumets qui tiennent à l’âme, la Sainte messe du matin, la méditation apéritive, la salivante lecture spirituelle d’avant le souper, enfin, l’office du soir, gardant le corps, au moins jusqu’à minuit, dans la sainte digestion des sucs spirituels. Le dimanche et les jours de grande fête, on noce, on banquette, messe solennelle, heures catéchistiques et vêpres reculent notre ligne d’oraison. Mal de foi.
La prière nous ficelle. La prière nous enroule.
Extraits
Tout cela, sur fond de pédophilie.
Le recruteur-chef, affublé du titre de Monseigneur pour service rendu à la grande chasse vendéenne aux vocations, n’hésite pas à pogner, comme disent les québécois, les délicates coucougnettes des gamins qu’il recrute, des milliers, dans son bel apostolat, dans le saint but, bien sûr, de leur faire confesser ces vilaines et impures pensées. Le sadique surveillant est, pour avoir été surpris avec deux élèves, exfiltré dans une cure (et ses deux victimes virées du séminaire). Et les autres victimes de ces pédotraficants se taisent*. Car, inconsciemment sans doute, ils savent que leur parole serait inaudible, dans cette Vendée où au début du siècle suivant, un évêque fera preuve de repentance, pour cette Eglise trop présente, qui occupait l'espace social et laissait peu de place à des manières de penser et de vivre la vie humaine et la foi d'une manière différente. Poids du cléricalisme donc, omnipotent. Jusque dans leur propre foyer pour des parents si fiers de donner un prêtre à l’église.
Chers parents, j’ai un nouveau Directeur de conscience, monprofesseur de mathématiques. Mon stylo se bloque là. Comment leur confier cet incident, cette bêtise comme dit la chansonnette ? Depuis vendredi, je retourne ces instants de confession. Comment mettre en mots cette scène, cette imposition de main ? Comment faire avec ces mots collés au corps ? Quels mots mettre sur cette main hors de portée des mots ? Cette main avancée dans le silence, glissée dans la prière. Comment concilier le complaisant abandon reptilien de mon confesseur et sa traque obstinée de mes mauvais désirs, de mes mauvaises pensées, de mes mauvais touchers ? Comment relier son geste moite à son cramponnement moralisant qui damne mes jeux d’été, animalise mes moindres fibres, bestialise mes pulsions ? Comment regarder ce pourfendeur hérissé par la luxure, par ailleurs s’enflammant à toutes les illuminations de la chair contenues dans ses pénitentiels et caressant dans le poil mes confidences ? Comment le nommer ? Le mot n’existe pas. Il ne fait pas partie des 73 000 articles du Petit Larousse de mon trousseau de rentrée. Je ne trouve pas mon Directeur de conscience entre pédonculé et pédum.
Extrait
S’il entre si fort en résonance avec l’actualité, ce livre n’est cependant pas une œuvre de circonstance, ni un simple témoignage, ni un réquisitoire. Mis en chantier depuis trois ans, il vient en contrepoint des œuvres précédentes où papa bine et maman coud. Il conte le dernier été de l’enfance, avant l’enfermement entre les murs gris du séminaire. Il dit la foi simple de parents emberlificotés par les bonimenteurs en soutane. Il fait saisir de l’intérieur l’aveu indicible. Et cette croix sur l’enfance est aussi une croix sur le lien avec la mère.
Ce temps semblait bien fini. Celui où grâce à un système de propagande s’appuyant sur tous les réseaux – écoles confessionnelles, mouvements de jeunesse, curés et vicaires, etc. – visant les mères, qui sont la clé des prétendues vocations, avec une revue à elles réservée, puis la retraite spirituelle où le grand rhéteur Arnaud venait ferrer les gamins appâtés, des cohortes de plus de cent élèves entraient en 6e à Chavagnes. Le vent conciliaire a fait vaciller la quasi théocratie vendéenne de Cazaux. Le petit séminaire a fermé ses portes en 1972.
Mais, depuis peu, on voit réapparaître de jeunes clercs arrogants, parfois à nouveau ensoutanés, incarnant un renouveau d’un cléricalisme qu’ils revendiquent.
Une croix sur l'enfance en Vendée
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Le vendredi 16 novembre, à 20 h 15, une soirée débat sera organisée à l'Espace Plaisance (derrière le collège du Sourdy), à Luçon, en présence de Jean-Pierre Sautreau, animé par Pierre-Yves Bulteau (journaliste).
*Cependant un mensuel local s'était fait l'écho, en février 2012, des témoignages de victimes des prêtres du petit séminaire :
Abusés dans leur chair et dans leur âme, certains se sont reconstruits ou tentent encore de le faire, d’autres ont enfoui leur extrême souffrance au plus profond d’eux-mêmes pour se protéger ; certains survivent à coups de neuroleptiques, quelques-uns auraient en cours de route décidé d’en finir avec la vie…Tous ont un point commun, celui d’être passé par le petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, qui se révèle pour beaucoup être une machine à broyer les êtres humains plus qu’à les éduquer sainement selon les préceptes vertueux de l’église catholique. Enfants victimes d’abus sexuels (attouchements et viols en tous genres), ces hommes âgés de 50 à 60 ans veulent aujourd’hui témoigner des souffrances qui les hantent toujours, afin qu’elles soient écoutées et reconnues. Les faits subis étant prescrits pénalement, ils ont pour cela choisi la voie médiatique, qui reste leur ultime issue pour se faire entendre de tout le monde.
Ouest-France du 27/09/2018 donne un entretien avec Jean-Pierre Sautreau mais sur la page locale (Luçon), alors que le sujet même est en totale résonance avec une actualité dont témoignait Le Monde, daté du 26/09/2018, titrant sur la grande réticence de l'église de France à faire un véritable bilan des abus sexuels commis par ses clercs.
NB Finalement une note de lecture de Philippe Ecalle rend compte du récit de J. P. Sautreau, en page régionale (voir plus bas)
La page régionale d'Ouest-France accueille un "on a lu" - signé de Philippe Ecalle - le 28/09/2018.
Dans une pleine page (section "France") intitulée "Les abus sexuels une onde de choc dans l'église", et qui fait écho au communiqué de l'évêque de Luçon, François Verceletto revient sur le récit de Jean-Pierre Sautreau.
"Ces derniers mois, les révélations se sont accumulées dans le diocèse de Luçon. Pour la première fois, des prêtres témoignent auprès de Mediapart d’affaires cachées pendant des décennies en Vendée, en suivant un mode opératoire classique, fait de déplacements et de silence organisé. Après deux ans de scandales au sein de l’Église catholique, la chape de plomb a enfin sauté* dans ces terres rurales et conservatrices.
Pour une grande partie des victimes, l’électrochoc s’est produit lors de la publication du livre de Jean-Pierre Sautreau, Une croix sur l’enfance en Vendée (Geste, 2018), paru à la fin août dernier. Dans cet ouvrage, l’auteur décrit un sacrifice des « agneaux » au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers [...]
Jean-Pierre Sautreau, l'auteur du livre Une croix sur l’enfance en Vendée, se rappelle lui aussi précisément de son agresseur, son confesseur. « Il rapproche avec perfidie les aveux du prie-dieu de ses propres observations, écrit-il dans son livre. Là, l’agenouillé est sa proie. La petite bête qui monte, le petit animal immonde est dans ses griffes. Là, il touche à la tache mortelle, à la souillure qui fait du confessé un délinquant. Soudain, fébrile, il se venge ou se risque. »"
* Dans un communiqué -Pédophilie "Pour l’Eglise il n’y a pas de prescription à la souffrance" - le nouvel évêque de Luçon, François Jacolin, reconnaît clairement que "Dans la période allant de 1950 à 1979, certains prêtres ont failli gravement en commettant des abus sexuels, gestes inacceptables, sur des enfants qui leur étaient confiés dans le cadre du petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers ainsi que dans le cadre de l’institution Saint-Joseph de Fontenay-le-Comte. "
"Parmi les témoignages de victimes d’abus commis par des prêtres, celui porté par Jean-Pierre Sautreau dans son livre est précieux. Il met en lumière des pratiques ecclésiales pour satisfaire le besoin de prêtres et démontre surtout que les abus dans l’Eglise ont toujours existé. L’auteur de cet ouvrage délicat, magnifiquement bien écrit, narre l’expérience vécue au début des années 1960 dans l’ancien Petit Séminaire de Chavagnes-en-Paillers, en Vendée..." Lire la suite
Depuis 4 jours, les plus hauts responsables de l'Église catholique sont réunis pour lutter contre la pédophilie et les abus sexuels au sein du clergé. Le scandale est mondial avec des milliers de cas d'abus sexuels sur des mineurs. Des communautés pratiquantes s'interrogent dans l'Est des Etats-Unis, en Italie ou encore en Pologne. Que fait la fille ainée de l'église pour protéger les plus jeunes fidèles en France ? - On en parle avec: Jean-Pierre Sautreau, victime d'un prêtre-enseignant en 1959 et 1962. Carole Damiani, psychologue, directrice de l'association Paris aide aux victimes. Et Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne. - Priorité au décryptage, du dimanche 24 février 2019, présenté par Patrick Sauce, sur BFMTV
Au moins 200 personnes étaient présentes à cette soirée animée par le journaliste Pierre-Yves Bulteau.
Après un échange entre l'animateur et Jean-Pierre Sautreau, est venu le moment de deux témoignages particulièrement émouvant.
La partie débat fut en fait marquée essentiellement par d'autres témoignages.
CHARLIE HEBDO du 13-02-19 rend compte du livre de Jean-Pierre SAUTREAU
Double page centrale
Article de Laure Daussy et dessins de RISS
Des anciens petits séminaristes vendéens - dont J. P. Sautreau - victimes d'abus sexuels appellent toutes les autres victimes à témoigner devant la Commission Sauvé
Un retraité a raconté les attouchements au séminaire
Jean-Pierre Sautreau, 70 ans, a appelé la plateforme dès le 3 juin. Il s'est raconté lui, garçon de 11 ans, subissant les attouchements d'un prêtre au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers (Vendée). "J'ai vécu dans le silence, dans la souffrance, dans le déni, soupire-t‑il. C'était indicible, le poids de l'Église était si énorme…" De cette innocence brisée, le retraité a fait un livre, Une Croix sur l'enfance en Vendée (éditions La Geste). Depuis la parution de celui-ci en août 2018, il assure avoir reçu "une centaine de témoignages de victimes", mettant en cause une trentaine de prêtres dans son département.
Extrait
Jean-Pierre Sautreau a appelé la plateforme le 3 juin pour dénoncer les attouchements d'un prêtre lorsqu'il avait 11 ans. (YOHAN BONNET POUR LE JDD)
La visite de la commission Sauvé, à Nantes, le mardi 11/02/2020 a des répercussions en Vendée.
Pédophilie. L’évêque Jacolin en Vendée : « J’ai honte pour mon Église, que je représente »
Au côté de plusieurs victimes réunies à La Roche-sur-Yon, vendredi 23 octobre, l’évêque de Luçon, Mgr François Jacolin a fait « acte de repentance ». Un moment fort qui marque une étape importante avec la reconnaissance publique d’agressions sexuelles et de viols pour 65 personnes dont douze femmes « entre 1940 et aujourd’hui ».
« En les écoutant, j’ai découvert peu à peu la gravité des meurtrissures physiques, morales et spirituelles que les violences sexuelles ont causées en elles. » Dans l’amphithéâtre du lycée privé des Etablières. à La Roche-sur-Yon (Vendée), vendredi 23 octobre, l’évêque de Luçon, Mgr François Jacolin, ne cache pas une part de chemin personnel. Jusqu’à ce jour où, deux ans après les révélations en chaîne déclenchées par la parution du livre de l’écrivain vendéen Jean-Pierre Sautreau, Une Croix sur l’Enfance en Vendée, il fait « acte de repentance pour tous les faits de violences sexuelles commis contre des enfants par des prêtres du diocèse dans les décennies passées ».
Quarante-trois agresseurs connus
L’évêque évoque « quarante-trois agresseurs connus », rapporte la rencontre de 65 personnes victimes de violences sexuelles dont douze femmes, entre 1940 et aujourd’hui. « Je suis conscient que ces personnes rencontrées ne représentent qu’une partie des victimes », insiste l’évêque. À ses côtés à la tribune, quatre victimes participent à la « conférence de presse », dont Jean-Pierre Sautreau. Pour en arriver là, ils regrettent d’avoir eu à « se battre », notamment à travers un collectif. Trois témoignages, dont celui d’une femme violée par son oncle prêtre, soulèvent des sanglots étouffés dans la salle où ont pris place des victimes et des proches.
« Une première en France »
« J’ai honte pour mon Église, que je représente aujourd’hui », expose l’évêque avant d’officialiser : « Certains pasteurs à la tête du diocèse de Luçon ont manqué de lucidité, de courage et de sens de la justice devant de tels actes, aggravant ainsi les souffrances des enfants violentés et exposant d’autres enfants aux mêmes risques. » L es faits se sont notamment déroulés au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, dans les années 1960-1970.
La démarche est, selon l’évêché, « une première en France ». Une plaque sera posée à la cathédrale de Luçon. Une célébration de « repentance pour tout le diocèse » est annoncée dimanche 22 novembre. Des déclarations accueillies par un silence pesant.
« Nous considérons que ces actes qui nous rendent justice sont normaux », explique Jean-Pierre Sautreau. Il salue toutefois la démarche de l’évêque « un homme qui a su passer par-dessus le corporatisme de la profession. » Concernant les réparations financières, Mgr François Jacolin a indiqué : « Si les choses n’allaient pas assez vite au niveau national, je suis prêt à y réfléchir avec les victimes. »
Pédophilie dans l’Église. L’acte de repentance de l’évêque de Vendée salué mais « normal »
Après la conférence de presse de l’évêque de Luçon qui a fait acte de repentance au nom de l’Église de Vendée pour des crimes sexuels commis sur des enfants par des religieux, des victimes réagissent.
Ce jeudi 23 octobre, Mgr François Jacolin, évêque de Luçon, a fait acte de repentance au nom de l’Église de Vendée pour des actes pédocriminels commis sur des enfants par des religieux vendéens. Des actes notamment dénoncés depuis la prise de fonction de l’évêque de Vendée il y a deux ans et demi et qui ont émergé après la parution du livre de Jean-Pierre Sautreau Une Croix sur l’enfance en Vendée.
« J’ai honte pour mon Église »
« Au nom du diocèse de Luçon, la honte au cœur, je fais acte de repentance pour tous les faits de violences sexuelles commis contre des enfants par des prêtres du diocèse dans les décennies passées », a officiellement exprimé Mgr Jacolin devant des victimes de religieux pédophiles en Vendée et en présence de la presse. « J’ai honte pour mon Église que je représente aujourd’hui », a endossé l’évêque devant une assistance silencieuse.
Après son allocution, des victimes ont pris la parole pour témoigner. À l’issue de la conférence de presse, certaines d’entre elles, confient leur sentiment sur cet acte inédit.
« Ces actes sont normaux »
Jean-Pierre Sautreau, auteur d’Une Croix sur l’enfance en Vendée, a pris la parole après l’acte de repentance de l’évêque : « Au nom du collectif, nous voulons saluer l’acte de repentance de Mgr Jacolin. Mais nous considérons que ces actes nous sont dus, qu’ils sont logiques, normaux. »
« C’était très attendu »
François, victime, qui se dit « toujours dans l’Église » : « Cet acte de repentance, il est très courageux, très pertinent. C’était très attendu tellement il y a eu d’impacts, non seulement chez les victimes, mais aussi sur les familles vendéennes. C’était un système qui était en place. Pour le diocèse de Vendée, ça méritait qu’il y ait cet acte-là. Pour l’Église, ne pas faire ça, c’est ne pas se reconstruire. L’Église devait passer par un moment comme ça, pour nettoyer, balayer, arrêter de mettre des rustines sur un mur qui s’effondre. »
Paul Bernard, victime : « Pour moi, c’est ce que j’attendais de l’évêque. Je l’ai trouvé vraiment sincère et touché. Pour toutes les victimes, c’est une date, le 23 octobre 2020, qui restera gravée. On attend la suite. La reconnaissance, c’est fait, maintenant, on attend la réparation. »
« On ne remercie pas, c’est une chose due »
Jean-René : « On est contents que le travail qu’on a, nous, collectif, avec Mgr Jacolin depuis plusieurs mois aboutisse à quelque chose. Comme Jean-Pierre l’a dit « On ne remercie pas, c’est une chose due. » Et ça n’est qu’une étape vers le règlement de tout. Il faudra aborder un jour la compensation financière. En ce qui me concerne, sur l’indemnisation, ce que nous avons eu n’est pas une opération tarifée et personnellement, tout l’argent que je recevrais, si j’en perçois, je le reverserai à des œuvres caritatives. Je ne veux pas gagner un seul sou là-dessus. Et je pense que c’est ce que beaucoup pensent dans le collectif. »
L’engagement de l’évêque à la réparation financière « c’est important »
Yveline, victime : « Je suis contente parce qu’on voit aussi que c’est avec empathie qu’il a pris cette décision courageuse. Dans les années précédentes, j’avais contacté d’autres évêques qui prenaient à la légère mes dénonciations et là, grâce au collectif, nous avançons. C’est une juste reconnaissance de toutes les souffrances. Et la réparation qui est envisagée, même si ça n’avance pas au niveau national, Mgr Jacolin s’est engagé à prendre les choses en mains, ça, c’est important. »
« C’est insuffisant mais c’est déjà ça »
Vincent, victime : « J’étais de ceux qui étaient très réticents à venir. Je me suis décidé au dernier moment. J’étais de ceux qui cherchent réparation, qui demandaient plutôt justice contre l’institution. Mes camarades m’ont convaincu de venir. Je voulais quelque chose de plus fort mais je crois qu’il faut accepter les premiers pas. C’est insuffisant, mais c’est déjà ça. On va le prendre comme ça. Moi, ça fait plus de cinquante ans que j’attends, faut attendre encore. »
Le livre de témoignage d’une victime a brisé l’omerta. En Vendée, des dizaines, voire des centaines d’enfants auraient été abusés. L’évêque local a fait acte de repentance. Une première en France.
« J’ai honte pour l’Eglise que je représente. » Les mots de monseigneur Jacolin, évêque de Luçon (Vendée) depuis 2018, sont forts. Ils sont aussi très rares. Le 23 octobre, le prélat catholique a convoqué la presse pour reconnaître publiquement la souffrance des victimes de pédophilie au sein de l’Eglise et faire acte de repentance pour demander pardon. Une première en France. Et une avancée exceptionnelle pour ce département de forte tradition catholique, où le silence a longtemps été une règle sacrée. Selon le diocèse, soixante-cinq personnes y ont été victimes de violences sexuelles entre 1940 et aujourd’hui. Pour quarante-trois agresseurs connus. «Même si on ne connaîtra jamais les chiffres exacts», se désole Jean-Pierre Sautreau, qui estime que les victimes sont dix fois plus nombreuses.
«J’avais peur, je pensais me faire massacrer à la sortie du livre», confie l’auteur, qui a eu un déclic inexpliqué en 2016. Ceux qui osaient parler étaient jusque-là très minoritaires. «En Vendée, l’omerta fait partie du terroir, regrette le retraité. Le prêtre avait un statut d’intouchable. Ceux qui en ont parlé à leurs parents ont reçu une taloche en retour.»
Un an après la parution du livre, le Luçonnais crée un collectif de victimes et exige de l’Eglise de Vendée une reconnaissance de ses crimes. Avant le Covid-19, ces personnes se réunissaient tous les mois, entre «copains». Jean-Pierre Sautreau a aussi rencontré monseigneur Jacolin plusieurs fois. La première rencontre a été houleuse, avant que l’évêque de Luçon prenne le temps d’écouter les victimes et fasse «un choix très courageux», reconnaît le lanceur d’alerte.
Un abbé condamné en 1999
Pourtant, plusieurs événements locaux auraient pu pousser bien avant l’Eglise à une telle initiative. En 1999, Noël Lucas est condamné à seize ans de réclusion criminelle pour viols sur mineurs de moins de 15 ans. Cet abbé vendéen a, entre autres, abusé de sept frères d’une même famille. L’un d’eux, Jocelin Tesson, raconte : «Quand on est enfant, on pense qu’on est tout seul, alors cette histoire est restée enfouie plusieurs années. Une fois l’affaire révélée, l’évêque Garnier est venu personnellement à la maison pour demander à nos parents de retirer la plainte. Le procès nous a un peu libérés, mais il n’était qu’une bulle qui n’a pas eu d’effet sur la société.»
En 2001, des victimes témoignent dans une émission de France Bleu Loire Océan. Sans conséquences. En 2004, le livre d’une victime évoque déjà les agressions sexuelles, à Chavagnes-en-Paillers, que racontera quatorze ans plus tard Jean-Pierre Sautreau. En 2012, ce séminaire fera l’objet d’une enquête du Sans-Culotte, journal satirique local, qui ne changera pas grand-chose non plus. Alors pourquoi Une croix sur l’enfance en Vendée a-t-il fait autant de bruit ? Jean-Pierre Sautreau tente une explication : «On était dans la période de l’après #metoo, la société avait mûri et était prête à accueillir la parole des victimes.»
Aujourd’hui, l’évêque de Luçon est décidé à ouvrir une nouvelle ère au sein de l’Eglise. «Il est venu le temps de l’écoute, confie monseigneur Jacolin. C’est ainsi que l’on pourra lutter contre ces abus.» Même s’il est conscient que pour bon nombre de personnes, souvent âgées, il est encore très difficile de parler ouvertement de ces faits, le plus souvent prescrits.
«En discuter, c’est appuyer de nouveau sur cette blessure qui ne se refermera jamais», avoue Jocelin Tesson.D’autres ne veulent plus avoir aucun lien direct avec l’institution. Au sein du collectif créé par Jean-Pierre Sautreau, les deux tiers ont coupé les ponts avec la religion. «Je suis incapable de rentrer dans une église aujourd’hui, témoigne l’initiateur du groupe. Il y a un rejet physique.»
Un livre à paraître en 2021
Après l’acte de reconnaissance et de repentance, le retraité espère maintenant une réparation de la part de l’Eglise. Pour l’instant, l’évêque de Luçon s’est engagé à fixer une plaque mémorielle dans la cathédrale, le 22 novembre, pour rendre hommage aux victimes. «Même si le séminaire de Chavagnes-en-Paillers reste un sujet tabou, notamment pour les prêtres de plus de 60 ans, il y a une volonté de faire quelque chose en Vendée, témoigne un prêtre lui-même victime d’abus sexuels dans sa jeunesse et souhaitant rester anonyme. Est-ce qu’il y a la même volonté dans tous les diocèses de France ? Je n’en suis pas sûr.»
Jean-Pierre Sautreau, lui, a écrit un nouveau livre dans lequel il s’attaque au silence de l’Eglise et recueille plusieurs témoignages de victimes. L’ouvrage devrait sortir en début d’année prochaine, et son auteur espère bien de nouveau faire bouger les mentalités. En Vendée comme ailleurs.
Le 23 octobre 2020, l’évêque de Vendée a fait acte de reconnaissance et repentance pour les victimes de violences sexuelles commises par ses clercs pendant des dizaines d’années. Cela s’est passé devant toute la presse invitée en conférence et une trentaine de victimes accompagnées parfois de membres de leur famille.
Ces déclarations n’arrivent pas comme un cheveu immaculé sur la soupe catholique. Ils viennent deux ans après la sortie du livre Une Croix sur l’enfance qui a créé un véritable tsunami dans le département, si conservateur, de la Vendée en favorisant la libération de la parole de dizaines de victimes et leur organisation, en collectif à partir de l’été 2019.
Deux mois après sa création, le collectif s’est tourné vers l’évêque pour demander la mise en place d’une commission dans l’esprit de celle de la Ciase, mais vendéenne et la reconnaissance publique de la responsabilité du diocèse dans ces actes pédo-criminels. Avec notamment la dénonciation de sa politique de recrutement des vocations dans les années incriminées, de ses abus de conscience, de pouvoir et d’emprise et de l’omerta qui a couvert ces crimes pendant plus de trente ans.
D’entrée la commission a été refusée. Concernant les autres demandes, il a fallu une vraie détermination au collectif. Longtemps, nous avons eu le sentiment d’une incapacité de l’Église à entendre, surtout appréhender dans sa chair la souffrance des victimes, les terribles conséquences physiques et psychologiques de ces violences sexuelles sur leur existence. Le collectif a été reçu trois fois, en janvier, juillet et octobre 2020. La première réunion a été un fiasco total conduisant le collectif à refuser tout nouveau travail sur les bases imaginées par le diocèse. Les liens ont été renoués en juillet, et en octobre ont été soumis à la discussion les actes de reconnaissance et repentance envisagés par monseigneur Jacolin.
Il a donc fallu deux ans pour entendre la déclaration solennelle de l’évêché. Mais il faut souligner que l’évêque de Luçon est, à ce stade, le premier à avoir eu cette lucidité et ce courage. Bien sûr, il y a le contexte vendéen très particulier avec au moins quatre établissements mis en cause dont le cluster du petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, de nombreuses paroisses, des dizaines de victimes et d’abuseurs (43 cités) dont le célèbre recruteur des vocations, monseigneur Arnaud. Mais il y a sûrement le chemin personnel parcouru par l’homme Jacolin frappé aux tripes par l’écoute des témoignages.
Mais, il est clair que beaucoup de victimes présentes le 23 octobre n’auraient jamais pensé entendre de cet évêque : « Au nom du diocèse de Luçon, la honte au cœur, je fais acte de repentance pour tous les faits de violences sexuelles commis contre des enfants par des prêtres du diocèse dans les décennies passées. »
Pour sa part, le collectif a réagi ainsi : « Nous saluons ces actes forts de reconnaissance et repentance de Mgr Jacolin. Ils révèlent une vraie humanité et un réel courage. Nous les recevons d’un homme profondément marqué dans son cœur et dans sa chair par la terrible vérité des témoignages entendus. Nous les acceptons d’un responsable de l’Église qui a su passer par-dessus le corporatisme de l’institution pour oser, le premier, regarder la cruelle réalité de cette histoire et en endosser la responsabilité.Cependant, même si nous en mesurons l’importance, nous considérons que ces actes de reconnaissance et repentance nous sont dus. Nous rendent simplement justice. Qu’ils sont des actes logiques, normaux. Qu’ils doivent être considérés comme une avancée, une étape sur notre chemin dont le but final est la réparation. »
Sus au Plenel ! Haro sur Boniface ! Les accusations de turpitudes à l’encontre du frère Tarik ont été le prétexte pour lancer la grande chasse à courre contre les idiots utiles, les compagnons de route, les islamo-gauchistes. Bizarre alliance où l’on trouve le Figaro, Marianne et Charlie réunis. Taïaut ! Taïaut !
Précaution oratoire (indispensable, mais qui je le sais, ne suffira pas à échapper à l’appellation d’idiot utile) M. Ramadan ne m’inspire aucune sympathie particulière. Mais quand il dit, par exemple – je cite de mémoire – « Le Coran exige que la femme soit voilée, mais chacune est libre de le faire », si d’autres experts ès Coran mettent en doute cette obligation, laïquement je m’en tamponne. Que telle religion interdise le cochon, ou édicte toute autre prescription, c’est son problème. A condition bien sûr que ça ne soit pas contraire à la loi et que les ouailles ne soient soumises à aucune obligation autre que morale. A condition surtout que ces religions n’essaient pas d’imposer leurs interdits ou prescriptions à l’ensemble de la société. Vous réprouvez le mariage entre deux personnes du même sexe, ne bénissez pas ces unions si ça vous chante ; mais n’empêchez pas la société d’ouvrir cette possibilité à celles et ceux qui la réclament. Et l’on voit qu’il y a encore des combats laïques à mener par exemple sur le droit à mourir dans la dignité !
Pour en revenir au Frère Tarik, comme dit Mme Fourest, quand il sort des sottises sur l’excision ou demande un moratoire (!) sur la lapidation, ses propos sont évidemment exécrables et condamnables.
Une affaire prétexte
Mais tout cela ne date pas d’hier. Non, voilà qu’après l’affaire Weinstein, éclate une affaire du même type, visant Ramadan. Une puis deux accusations de viols très violents, puis des accusations de détournements de mineures. Comme d’habitude, les cagots remettent sur le tapis DSK et Polanski. Comme d’habitude aussi, certain-e-s, Madame Fourest en tête, disant qu’ils-elles le savaient. Mais ne pouvaient rien dire. Et du coup emballement, Le Figaro en tête, Marianne ensuite, et Charlie enfin – L’OBS va ensuite se glisser dans l’équipage avec en particulier un article assez crapoteux sur Boniface - se servent de cette affaire (qui reste encore à juger) comme prétexte pour abattre les affreux multiculturalistes, qui portent atteinte à notre République universaliste.
"Tariq Ramadan ne sera jugé ni pour ses idées, ni pour adultère (encore heureux !), mais pour viol, violences sexuelles et menaces. C’est pour cette (…) raison que j’ai trouvé la Une consacrée à Edwy Plenel problématique. Le souci, à mes yeux, réside moins dans le dessin que dans sa légende : « Affaire Raman, Mediapart révèle : ‘‘On ne savait pas’’ ». Les mots ont un sens, et, dès lors qu’on se rappelle que l’ « affaire Ramadan » est une affaire de viol, on admettra que le sous-entendu, fût-il involontaire, est indéfendable : il ne fait pour moi aucun doute qu’Edwy Plenel (et Mediapart avec lui) n’avait aucunement connaissance des faits précis dont on accuse Tariq Ramadan. Reprocher à Edwy Plenel son attitude vis-à-vis de Tariq Ramadan est une chose, le faire en lien avec une affaire de viol en est une autre […]"
Ainsi, à Hervé Hamon qui commentait la Une de Charlie sur Plenel par : « Je ne suis pas du tout Charlie cette semaine. Indigne et indigent, (…) J'ajouterai que ça sent la chasse aux sorcières, style Hoover dans les années 50. Beurk! », un commentateur dénonce « La curieuse connivence intellectuelle (attestée par de nombreux articles ou documents de toutes sortes) entre Tariq Ramadan et ce qu’il représente, avec une certaine gauche dont E. Plenel, P. Boniface, E. Morin, le journal Le Monde (qui n'oublie jamais de citer T. Ramadan avec toutes appellation de pacotille), J. Baubérot*, V. Geissler, R. Liogier...et tant d'autres est sidérante, leur capacité à biaiser systématiquement le débat sur la réalité islamique ne l’est pas moins. » Et quand je lui demandais ce que Baubérot venait faire là, il ajoutait : « On parle de connivence intellectuelle objective entre T. Ramadan et une certaine gauche qui ne veut pas voir ces perturbations sociétales, ou si elle les capte les tient sous silence ou les minimise alors qu’en l’occurrence il s’agit de coups de boutoir répétés à l’encontre d’éléments socles, fondateurs du pacte républicain. J.Baubérot est de ceux-là. » On notera cette « connivence objective » qui rappelle de vieux souvenirs, mais toute cette soupe a un goût de brouet réchauffé de la guerre froide.
Ici il s’agit de haines recuites. Et le reproche fait à Plenel de ne pas avoir dénoncé un scandale – pour le moment d’ailleurs non jugé – est des plus cocasses, s’il n’était pas quand même sordide, quand ceux qui l’accusent, Le Figaro, Marianne, Charlie, l’ont eux-mêmes ignoré (ou, comme Mme Fourest, n’ont rien pu en dire). Ils n’ont sans doute pas manifesté avec toute la véhémence attendue par la meute leur indignation devant les accusations dont le p(r)êcheur faisait l’objet. Et le prétexte était donc tout trouvé pour lancer la chasse ! Taïaut !
PS Dans la meute je suis tombé sur un chien particulièrement hargneux et quelque peu vicelard dans l’insinuation calomnieuse d’antisémitisme (car là c’est l’angle choisi en particulier par Valls) « Je vois que tu fais, comme beaucoup de France insoumise*, l'amalgame Marianne/le figaro. Tu ne dis rien sur Mediapart qui est totalement muet comme E Pleynel ami de Ramadan... Cet organe de presse doit te convenir.. Moi je fais avec tout.. Après le procès de la presse bourgeoise que tu fais , je trouve que jouer les martyre offensé en rajoute un peu. Quant au commentaire que tu as fait sur mon autre publication, je trouve qu'il met en cause mais ça doit être un hasard (qui fait bien les choses) des personnalités juives. Moi je suis totalement laïc et athée. Je n'attaquerai jamais les gens pour leurs origines ou pour leur religion pour autant que cette religion ne porte pas atteinte à la liberté de chacun et chacune. » (copié/collé, c'est moi qui ai mis en gras).
J’ai eu beau relire les commentaires que j’avais pu faire sur une publication de la même encre du Monsieur je n’ai pas vu à quelle personnalité juive (sic) il faisait allusion. Certes dans l’article sur Valls et l’observatoire de la laïcité, auquel il fait peut-être référence, je critique des propos de Mme Badinter : là on voit bien le procédé franchement dégueulasse qui consiste à m’accuser implicitement d’anti-sémitisme pour une controverse sur religion et sphère publique et privée. Mais c’est celui de Valls qui assimilant critique de la politique de Netanyahu avec de l’antisionisme et l’antisionisme avec antisémitisme ferait de Charles Enderlin un antisémite !
* Sur ma prétendue appartenance à la France Insoumise, je renvoie à quelques articles où j'affiche mon mélenchonnisme forcené ici ou là (pour ne prendre que deux articles récents)
NB Faut-il préciser aussi que je n'ai pas de sympathie particulière pour Plenel qui, du temps où il dirigeait Le Monde, m'a fait fuir quelques temps la lecture de ce journal ? Et que je ne suis pas abonné à Mediapart. Donc je suis autant Plenelien que Mélenchonniste.
* Jean Baubérot m’a fait l’honneur de réagir à ce papier où je citais un commentateur de la page facebook d’Hervé Hamon écrivain :
"J'ai donc lu, dans la note d'aujourd'hui, qu'un "commentateur" me mettait en cause. (…)
"En même temps", comme dirait l'autre, ce qui me rassure c'est que si, en France, je suis parmi les personnes qui attaque les "éléments fondateur du pacte républicain", il me semble que notre République n'a vraiment pas d'inquiétude à se faire.
En revanche, je dirai que "dame bêtise" (pour paraphraser J. Brel), elle, doit être ravie. Le dit commentateur a-t-il lu _La laïcité expliquée à M. Sarkozy... et à ceux qui écrivent ses discours_ (Albin Michel 2008) sinon, l'ouvrage lui-même (n'en demandons pas trop!) du moins les "dix commandements que doit se réciter, chaque matin, un président de la République laïque" (p.217-221) et, surtout, dans _La laïcité falsifiée_ (La Découverte, paru au début de 2012, au moment de la campagne présidentielle, réédité en poche en 2014) le chapitre sur "Un programme républicain pour refonder la laïcité" (p. 121-144) ? Je serais très intéressé à savoir ce qui sape le pacte républicain dans mes propositions: serait-ce la demande de lois permettant de "nouvelles libertés laïques" comme "la possibilité [non acquise quand je rédigeais mon livre] du mariage entre personne de même sexe, l'autorisation de la recherche sur les cellules souches, et plus généralement des avancées en matière de bioéthique, le droit de mourir dans la dignité par la possibilité de choisir l'euthanasie" (p. 134), ou encore la refondation de la HALDE, la suppression des cours confessionnels de religion en Alsace-Moselle et la mise en route d'un processus, dont je fixais la fin à 2019, pour sortir ces départements du régime concordataire (p. 138) ?
Serait-ce la mise en cause "des élus locaux" qui "tiennent un discours absolutiste sur la laïcité " et "ont une toute pratique" qui consiste à "déléguer la construction de la paix sociale à des autorités religieuses" (p. 141) ? Serait-ce, enfin, la demande "que les convictions philosophiques non religieuses soient traitées à égalité avec les religions " alors que, "paradoxalement, cela n'est souvent pas le cas en France" (p. 142) ? Je ne demande qu'à être éclairé par une argumentation si possible un peu rationnelle. Mais sans doute est-ce trop demander !
D'une manière générale, ce qui me frappe dans cette affaire, c'est que parmi des centaines, voire de milliers de témoignages mettant en cause autant de personnes, il y a comme une sorte d'entonnoir qui - in fine - attaque des gens qui n'ont rien à voir avec les accusations portées et permet d'éviter tout débat démocratique sur les positions des uns et des autres.
Pour ma part, ce que j'ai envie de dire à toutes les femmes qui voudraient parler avec moi du sujet, c'est : habillez vous comme vous le voulez, jupe au ras des fesses ou foulard sur la tête, mais surtout faites jouer votre libre-examen, faites en sorte que ce soit votre propre décision et non pas le fait de suivre la mode ou d'être influencée par un leader charismatique. Construisez-vous des choix libres, ce qui n'est pas une mince affaire, c'est même une démarche jamais achevée. Et, naturellement, cela ne concerne pas, loin de là, que l'habit, même si la société hypertrophie cet aspect.
[…]
Jean Baubérot
Courrier mis en ligne avec l'autorisation de l'auteur, les seuls passages supprimés étant personnels.
Pour compléter un article de Jean Baubérot sur son blog :
Jeune, femme, noire et insoumise, Danièle Obono a, ô la vilaine, soutenu un chanteur* qui avait commis un « Nique la France ». Nouvelle polémique, lancée du coup par un Team Macron, à partir d’un entretien en engliche avec counterfire, un site d’information anglais, qui se présente comme un media radical et socialiste (mais évidemment rien à voir avec les rad-socs de chez nous).
Quatre phrases – ou prétendues telles – sont traduites et extraites de l’entretien.
Celle sur la manif du 11 janvier est la plus typique du procédé classique qui consiste à extraire deux morceaux de phrase pour en faire une seule qui fait choc. Rien de pire cependant que les propos tenus par nos intellectuels de moleskineOnfray ou Todd.
Dans l’entretien, elle développe son point de vue dans 3 paragraphes et 336 mots, notre team Macron en tire 1 phrase de 22 mots et qui lui fait dire ce qu’elle n’a pas explicitement dit.
Inutile de préciser que, pas plus que pour Onfray ou Todd, je ne partage son point de vue. Il a le droit bien sûr de s’exprimer. On a le droit de le critiquer. Mais pas en se contentant de qualifier ses propos de choquants et scandaleux, en faisant chorus avec la lie identitaire à la de souche !
« French society has a systemic racism problem » : même si l’anglais est une langue qui m’est restée étrangère, la citation du team semble là exacte. Certes, elle amorce un développement où D. Obono s’appuie sur les travaux de la Commission nationale consultative sur les Droits de l’Homme (CNCDH) et les succès d’ouvrages anti-musulmans de Houellebecq et Zemmour , pour étayer cette affirmation. Elle n’en reste pas moins une généralisation – la société entière – et une affirmation erronée – systémique. Que pour R. Camus, de Villiers, par exemple, l’islamophobie soit érigée en dogme ne permet pas dire que la société française dans son ensemble est contaminée.
Les deux dernières citations, issues du même paragraphe, résument mais ne trahissent pas le propos de la dame. Qui là, comme le camp d’en face des pseudos républicains mais à l’opposé exact, ne fait preuve d’aucune nuance. On a pu débattre de la loi de 2004 : elle s’est appliquée sans grand problème. Celle de 2011, sur le voile intégral, posait un problème d’opportunité – fallait-il une loi pour quelques centaines de cas ? – et de mise en œuvre – la police avait peut-être plus urgent à faire que de verbaliser ces fantômes habillées de noir et qui faisaient dans la provoc. Mais ces lois ne méritent pas le qualificatif dont elle les affuble. Quand à dire que le concept de laïcité et la loi de 1905 sont utilisés contre les musulmans, c’est confondre la conception qu’ont les faussaires de la laïcité – cette conception liberticide à la Valls – et méconnaître totalement la loi de 1905.
Conception liberticide – mais là encore inversée – de Mme Obono qui accuse Charlie Hebdo de se complaire dans les caricatures islamophobiques (Charlie Hebdo’s decade-long stream of Islamophobic caricatures). Avec finalement la même tendance globalisante des racistes qu’elle dénonce, quand elle parle constamment de Muslim people comme si tous ceux et celles, qu’en fonction de leur origine, on assigne à cette religion, formaient un groupe homogène.
*Le rappeur Saïdou, du groupe ZEP (Zone d’Expression Populaire) avec un sociologue Saïd Bouamama, comme co-auteur. Les deux hommes ont été mis en examen (puis relaxés) pour ‘injure publique’ et ‘incitation à la haine raciale’ après la diffusion du clip ‘Nique la France’", qu’ils ont co-écrit : "Nique la France et son passé colonialiste, ses odeurs, ses relents et ses réflexes paternalistes/Nique la France et son histoire impérialiste, ses murs, ses remparts et ses délires capitalistes". D. Obono, à l’époque – 2012 – au NPA de Besancenot avait signé une pétition, pour défendre la liberté d’expression, au moment de la mise en examen, pétition signée aussi par Noël Mamère ou Eva Joly, entre autres.
Ô manifestant du 11 janvier, toi qui croyais dire non à la barbarie assassine, oui à la défense de la liberté d’expression, dans un hommage silencieux à Charb, Wolinski, Cabu, Tignous et les autres, Todd est là pour te déciller. Eh oui, afficher « Je suis Charlie » voulait « dire que caricaturer la religion des autres est un droit absolu – et même un devoir ! –, [surtout] lorsque ces autres sont les gens les plus faibles de la société », c’était revendiquer le « droit inconditionnel à piétiner Mahomet, "personnage central d’un groupe faible et discriminé". » Et « la simple exclusion du Front national de la manifestation allait signer l’absence des ouvriers. »
Historien et démographe, anthropologue même, Emmanuel Todd a une haute opinion de lui-même : « Mon livre est un missile Exocet magnifiquement construit, un chef-d’œuvre de maîtrise intellectuelle… ». Et il excipe de sa scientificité - je suis un scientifique plutôt qu’un idéologue ou un politique – pour user de l’arme la moins scientifique qui soit, l’argument d’autorité.
Face à Joffrin, il assène : « Je m’excuse, mais lorsque vous dites un truc du genre : «Cela ne tient pas debout, l’analyse anthropologique et ces trucs sur la sphère familiale» [ce que n’a d’ailleurs pas dit son interlocuteur], vous êtes un facho, là », après lui avoir rétorqué « Ce que vous dites ne présente rigoureusement aucun intérêt… » ou « vous n’aimez pas les progrès de la science… Vous avez une attitude antiscientifique. »
Ce qui ne l’empêche pas d’émettre des stupidités. Ainsi de cette double affirmation : « François Hollande est un catholique zombie typique, avec un père catholique d’extrême droite et une mère catholique de gauche. Et, d’ailleurs, Manuel Valls lui-même vient de Catalogne, province de famille souche différentialiste, et, qui plus est, lui aussi vient d’un milieu catholique catalan parmi les plus durs. » Un fonctionnement au stéréotype, tel qu’autrefois le Breton était têtu (tête de cochon), l’Auvergnat rapiat, comme le Normand au demeurant, le Briard gueulard, le Marseillais hâbleur…
Car même en admettant que sa théorie des deux France ait quelque fondement en déduire mécaniquement que l’origine individuelle assigne un destin inéluctable à chacun est à peu près du niveau de Ménard et des identitaires racistes qui assignent à une personne dont le patronyme a une consonance maghrébine sa religion !
"Démontrez que les coefficients de corrélation sont pourris !"lance Todd à Joffrin.
Le coefficient de corrélation est un indice qui mesure la relation linéaire entre deux courbes statistiques. Ce coefficient de corrélation varie de -1 à +1. Un coefficient de corrélation de -1 indique une relation inversement proportionnelle entre deux courbes (quand l’une est au plus bas, l’autre est au plus haut). La valeur +1 au contraire indique une parfaite similitude entre deux variables. A zéro, il n’y a aucune corrélation entre les variables.
Mais ce n’est pas parce que deux courbes se ressemblent qu’il y a un lien entre elles
Le prétendu historien a une vision assez fixiste de l’histoire, une histoire assez caricaturale.
« D’un côté nous avons la vieille France laïque et républicaine – le Bassin parisien, la façade méditerranéenne, etc. –, la France qui a fait la Révolution en somme. De l’autre, il y a la France périphérique : l’Ouest, une partie du Massif central, la région Rhône-Alpes, la Lorraine, la Franche-Comté. Ce sont les régions qui ont résisté à la Révolution et dans lesquelles l’imprégnation catholique est restée très forte jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. » Et selon que vous êtes né ici ou là, dans la vision manichéenne et quasi janséniste de Todd, vous avez la 'grâce suffisante', l’onction sacrée républicaine et laïque et sinon vous resterez un éternel catholique zombie, errant dans les ténèbres extérieures.
Sauf que, quand on regarde de plus près la réalité historique, on s’aperçoit que, par exemple, en Vendée, le pays des Olonnes est resté républicain et a résisté à l’armée catholique et royale et le Sud Vendée, resté Républicain aussi, a élu en 1871 Emile Beaussire, député républicain. Donc dans un département qui peut paraître comme le prototype de ces régions qui, dans toute l’histoire de France (sic), ont combattu la laïcité, il existait des poches républicaines solides voire inexpugnables. L’Anjou voisin va présenter, au moment de la Révolution un véritable dimorphisme avec Baugeois et Saumurois adhérant à la Révolution à l’Est, Segréen et surtout Mauges contre-révolutionnaires, à l’Ouest. Siegfried, un peu le fondateur de la géographie électorale, dans son étude de l’Ardèche, la résumait : « La montagne vote à droite, la pente et la vallée vote à gauche ».
Sa vision fixiste passe aussi par le prisme des structures familiales telles qu’il les a lui-même répertoriées. Ainsi, non seulement Manuel Valls a le tort d’avoir eu un grand-père ultra-catho, mais il est né dans une province de famille souche différentialiste, c’est-à-dire inégalitaire. Qu’en France, au moins, le code civil ait réglé sur tout le territoire les successions de manière égalitaire et cela depuis deux siècles, rien n’y fait : inégalitaire furent vos ancêtres, ce sceau d’infamie est inscrit à jamais dans vos gênes.
Le FN parti des ouvriers ?
Et si la carte des empreintes et pratiques religieuses ou celle des structures familiales ne suffit pas à jeter l’opprobre sur ces millions de personnes manifestant prétendument pour le droit de blasphémer sur la religion d’un groupe dominé, reste la bonne vieille vulgate pseudo-marxiste. Car, quoiqu’il dise, la manif la plus massive fut bien sûr celle de Paris. Elle mobilisait largement comme il se doit le bassin parisien qui, dans la classification toddienne, est une terre républicaine grand teint.
Mais « Quand on observe la carte des manifestations, la première chose qui frappe, c’est ce que l’Insee appelle avec élégance la prédominance des «cadres et professions intellectuelles supérieures». Eh oui, mobilisant quarante années de recherche, notre démographe peut déterminer, sur une carte la composition sociologique des rassemblements. Il y a donc eu une surmobilisation des catégories moyennes et supérieures de la société couplée avec une formidable dynamique d’exclusion : exclusion des électeurs du FN – ce qui en termes sociologiques signifie aujourd’hui l’exclusion des ouvriers – et exclusion des enfants d’immigrés !
A en croire Todd, le FN serait devenu le parti des ouvriers. Ce qui est faux. Certes aux européennes une majorité relative de suffrages ouvriers a opté pour le FN, mais la grande majorité des ouvriers s’est abstenue. Et l’exclusion n’a évidemment pas pu porter sur des « électeurs », mais sur les dirigeants. Quant à l’exclusion des enfants d’immigrés, c’est un mensonge délibéré. Qu’ils n’aient pas été massivement présents est un fait, mais qui n’implique aucune exclusion. Prononcée par qui, d’ailleurs ?
Le PS noyauté par les catholiques zombies
La méthode Toddienne se déploie dans une analyse du PS dont la malhonnêteté intellectuelle ferait frémir de jalousie le pire mélenchonniste. « A la veille des années 1960 et 1970, le PS n’en était qu’une composante secondaire [de la gauche], très forte dans le Sud-Ouest, région d’héritier unique qui ne croit pas à l’égalité. » Faut-il rappeler que ce Sud-Ouest, taxé d’être inégalitaire car ayant pratiqué, bien avant la Chine, la doctrine de l’enfant unique, est d’abord une terre radicale-socialiste, radsocs qui eux, ont toutes les vertus républicaines que Todd dénie au PS ? Faut-il rappeler que Gaston Deferre avait fait de Marseille son fief, comme Augustin Laurent, Lille ? que le Pas-de-Calais, depuis 1945 était présidé par un membre de la SFIO, à commencer par Guy Mollet ?
Mais avec Todd, le pire est toujours sûr donc, dans la montée en puissance du PS, « notre illusion fondamentale, notre erreur à tous, ça a été alors de se dire que c’était la gauche qui avait conquis les régions catholiques, au moment même où c’étaient les régions catholiques qui faisaient en réalité la conquête de la gauche. Il y a eu une subversion de ce qu’était la gauche française. » « C’est une gauche qui n’adhère pas aux valeurs égalitaires, et qui n’est pas claire sur la question de l’homme universel, au contraire de la vieille gauche républicaine communiste ou radical socialiste. »
Inutile d’objecter qu’une telle affirmation est sans aucun fondement. Todd vous rétorquera que cette valeur d’inégalité est nichée dans le tréfonds subconscient et inconscient des catholiques zombies.Il y a une sorte d’inconscient collectif. Autrement dit quel que soit le discours prononcé, les actes affirmés, le catholique zombie, par un juste retour des choses en quelque sorte, est affligé du péché d’origine, tache indélébile. Le Nantais qui depuis Chenard (1977) à nos jours a voté PS, les Bretons qui ont maintenu le PS à la tête du Finistère ou de l’Ile-et-Vilaine, ne sont mus que par les valeurs sociales latentes du catholicisme (les valeurs d’autorité, d’inégalité, de différenciation humaine).
La xénophobie universaliste
Là où ça devient franchement nauséabond, c’est quand le prétendu anthropologue se livre à une analyse de l’antisémitisme et du racisme.
Comme le cholestérol, il y a le bon antisémitisme et le mauvais. Le mauvais, on l’a deviné, c’est celui, inconscient, de nos cathos zombies, héritiers des anti-dreyfusards et des vichystes. Le bon – ou tout au moins celui qui est issu de sains principes – c’est celui des républicains de toujours. C’est « un antisémitisme que j’appelle égalitaire, universaliste […] ce qui est reproché aux juifs, ce n’est pas de vouloir devenir comme vous, c’est de vouloir rester différents. […] La France est formidable avec ce concept d’homme universel. Mais être universaliste, pour un anthropologue, c’est penser que les gens sont les mêmes partout. » Ce qu’il justifie ici c’est en fait la xénophobie de pseudos républicains, modèle Riposte prétendument laïque avec ce concept complètement délirant d’homme universel qui aboutit à ce qu’il appelle la xénophobie universaliste. Qu’il oppose à une «xénophobie objective», c’est-à-dire une xénophobie qui n’a pas conscience d’elle-même.
Avec Todd, l’antiraciste n’est qu’un raciste qui s’ignore.
Puisqu’Emmanuel Todd fait une fixation sur les origines, on peut légitimement se demander s’il aurait eu la moindre audience s’il n’avait été le fils d’Olivier Todd et le petit-fils de Paul Nizan.
L’ingénieur de recherche de l’INED n’a jamais vu ses travaux reconnus par l’Université qui les a rejetés, a priori prétend-il. Ses partisans disent même qu’il a été barré par les syndicats ! Mais le Collège de France qui est totalement indépendant n’a pas su non plus distinguer ses éminentes qualités auto-proclamées. Et Hervé Le Bras, avec qui il a co-écrit quelques ouvrages, ne veut plus collaborer avec lui pour des désaccords sur la méthode de travail.
Tous ses propos démontrent d’ailleurs qu’il est totalement imperméable au doute méthodologique, doute qui est à la base de toute vraie démarche scientifique.
Alors, si Todd n’avait pas eu une origine de nanti de l’intelligentsia parisianiste, il est peu probable que ses illuminations sur le flash totalitaire que fut pour lui le 11 janvier eussent mérité autre chose que la corbeille à papier.
PS Un exemple de la haute scientificité des propos toddien que ce "Il n’a jamais été prouvé qu’une société pouvait vivre sans croyance". Ce qui ne l'empêche pas de décrire une société française "dominée par des classes moyennes qui ne croient plus à rien, qui ne savent plus où elles vont, qui se sont seulement lancées dans la construction d’un euro qui ne mène nulle part." (L'euro est sa bête noire, les joies de l'inflation et des dévaluations lui manquent).
On admire donc la logique implacable du penseur qui décrit une société dominée par ceux qui ne croient plus à rien tout en s'interrogeant sur la possibilité d'une société sans croyance.
Le nouveau canton de Luçon n’est qu’un exemple parmi d’autres. Les deux candidats de la doublette FHaine n’ont aucune attache avec ce territoire. Des parachutés. Ils n’ont pratiquement pas fait campagne. Ils n’en sont pas moins qualifiés pour le 2e tour avec 28% !
Contrairement à ce qu’affirme Riss dans Charlie Hebdo (25/03/15), cette contamination n’est absolument pas due au travail obscur et persévérant de militants d’extrême-droite. Aucun tract distribué. Aucune présence sur les marchés. Ni de réunion publique. Même l’affichage des panneaux officiels était négligé à 3 jours du 2e tour.
Charlie-Hebdo 25/03/15
Dans l’évêché crotté, Luçon même, ils ne font que 23%, mais aux cantonales précédentes la candidate FHaine dépassait juste les 4% ! Le FHaine arrive en tête dans 8 communes sur 21. Vouillé-les-Marais avec 40,6% des voix tient la tête (en 2011, le candidat FHaine faisait 13%) ; viennent ensuite Lairoux et Grues à 38 % (respectivement 5,5% et 9,2% en 2008) ; puis Les-Magnils-Reynier 36,6% (5,7% en 2008) ; Champagné-les-Marais et Puyravault à 35% (13,1 % et 11,1% en 2011) ; Sainte-Radégonde-des-Noyers à 33% (13% en 2011) ; enfin Saint-Denis-du-Payré à 32 % (6,6% en 2008).
Contrairement à ce que disent certaines analyses, il ne s’agit pas ici d’un vote rurbain – même si d’affreux lotissements en rase campagne ont pu pousser ici ou là – de villes moyennes dans la lointaine périphérie d’une métropole, mais de votes dans des communes rurales de 400 à 1700 habitants. Communes où même en 732 – Poitiers est plus au Sud – on n’a pas vu l’ombre d’un infidêle mauresque au cimeterre entre les dents. Communes où l’insécurité n’est vécue que par médias interposés. Communes dont certaines ont élu ou réélu des Maires de Gauche, l’un d’eux étiqueté PCF.
Votes dont les motivations relèvent de la peur et du repli xénophobe.
Et tenter d’argumenter, d’expliquer, par exemple, que le programme économique du FHaine est indigent, pour ne pas dire suicidaire, est vain puisque ce vote ne repose sur aucune base rationnelle. L’agrarien qui bénéficie de la manne de la PAC vote pour un parti qui veut quitter l’Europe. Le retraité qui, quand la trouille ne le coince pas dans son village, profite de l’Euro pour s’offrir des séjours ensoleillés, appelle au retour d’un Franc dont il a oublié qu’il était synonyme d’inflation et de dévaluation. L’ouvrier mécontent oublie que le protectionisme prôné aboutirait à une catastrophe économique (renchérissement des importations et ruine des exportations) donc à une montée du chômage… Tout cela est vain !
D’autant plus vain qu’une gauche désunie offre un boulevard à ces parachutés. D’autant plus vain, qu’au grand dam de Guano lui-même, celui que Buisson surnomme nabotléon, Sarkozy, reprend les slogans Lepenistes : « Nous sommes un pays aux racines chrétiennes ( …) Nous voulons garder notre mode de vie. »
Pensez-donc, à Vouillé-les-Marais ou à Lairoux, notre « mode de vie » serait menacé ! Oui, peut-être, par la disparition des petits commerces, des bistrots même. Mais pas par l’invasion d’allochtones, sauf quelques rares retraités britiches.
Finalement le tribunal administratif a débouté JF Chazerans et donc justifié la sanction rectorale !
Le tribunal administratif de Poitiers va examiner le 20 septembre 2017, plus de deux ans après, la requête faite par JF Chazerans, un professeur de philosophie muté d'office suite à des accusations portées par des parents après l'attentat contre Charlie.
Dernier épisode : le Recteur mute d'office le prof de philo à Thouars pour propos inadéquats !Voir en fin d'article.
L’apologie du terrorisme est un délit qui a pu être sanctionné trop brutalement. Un jeune poivrot en a fait l’amère expérience. Il peut aussi servir à un Recteur à mettre sur la touche un prof de philo dérangeant. Et ne parlons pas de gosses de primaires convoqués dans des commissariats, car là on frise le délire répressif*.
C’est Maître Eolas qui raconte. En résumé, un jeune de 21 ans,sansaucun antécédent judiciaire, quelque peu pochtronné, est arrêté par des policiers pour tentative de vol de voiture. La tentative est si peu avérée que le procureur la juge non fondée. Donc pour une infraction non commise, le garçon est alpagué. Il se rebelle.
« Il est plaqué au sol, menotté, explique au tribunal que les policiers lui font très mal, il leur crie d’arrêter, ils n’en ont cure, et la colère explose sous l’effet cumulé de l’alcool, de la douleur, et de l’impuissance. Il agonit d’injures les policiers en des termes les invitant à commettre l’inceste sur leur mère et imputant à celle-ci une activité professionnelle de pierreuse. Mais dans le flot des paroles se trouvent les mots fatals : « Vous allez voir les jihadistes, ils vont vous mettre une balle dans la tête, voyez les dégâts qu’il a faits, mon cousin Coulibaly, il n’a pas flingué assez de mecs comme vous » ». Propos rapportés par les policiers, bien sûr.
Le malheureux niera. « La présidente, en temps ordinaire déjà irascible, est déchaînée et oublie toute mesure dans son ton et ses questions. » Ostensiblement, elle fera sentir à l’avocat que son plaidoyer l’indiffère. Le procureur, lui aussi déchaîné, avait demandé 16 mois, dont 8 fermes avec maintien en détention, malgré l’absence de casier. Il les obtiendra. Faut-il noter que cette présidente et ce procureur, qui déshonorent la Justice plus qu’ils ne la servent, doivent sévir à longueur d’année ?
Jean-François Chazerans, prof de philo, a lui aussi été accusé d’apologie d’actes de terrorisme. Sur une plainte de parents d’élèves. Jacques Moret, Recteur de l’Académie de Poitiers, le suspend illico presto ! Et transmet la plainte au procureur de la République. « J'ouvre une information judiciaire pour apologie d'actes de terrorisme, déclara Nicolas Jacquet, procureur de la République. L'enquête a été confiée à la PJ de Poitiers. ». Auditions d'une dizaine d'élèves de Terminale ES3. Puis huit heures de garde à vue pour notre prof.
Qu’un soi-disant philosophe dépasse le mur du çon, Finkielkraut et Onfray sont là pour le démontrer. Mais eux ne sont pas sous la coupe d’un Recteur qui envoie de mystérieux Inspecteurs de l’Académie** pour enquêter. « L'enseignant aurait tenu des propos déplacés pendant la minute de silence. » Sauf que, apparemment, ledit enseignant n’était plus de service pendant ladite minute. Ce que les enquêteurs diligentés par le Recteur auraient pu constater simplement en consultant son emploi du temps.
Prof rebelle et militant d'extrême-gauche très engagé
Serait-ce succomber au syndrome complotiste que de soupçonner, dans la suspension immédiate de ce prof, une sorte de règlement de comptes.
De fait, un drôle de paroissien, si l’on peut dire que ce Chazerans. Très impliqué dans des pratiques philosophiques diverses, à l’école primaire, en collège, en SEGPA, et dans la cité, il a eu l’audace de s’opposer à un Inspecteur Général (IG), J.-Y. Château, qui condamnait justement les pratiques philosophiques à l’école, allant jusqu’à dire qu’elles contredisaient le principe de laïcité !
Non content de contrer un IG, le bougre est engagé dans des groupes des plus suspects – pour un Recteur s’entend – comme le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux, le collectif de défense des sans-papiers, France Palestine et RESF. Il présidait aussi un centre socio-culturel, mais accusé de mélanger ses casquettes en y organisant un Forum anti-répression, il avait été contraint à la démission.
En gros, dans le cours visé, la classe de terminale se divise en deux camps : les uns à fond « Je suis Charlie », les autres estimant que Charlie-Hebdo avait été trop loin. Le prof aurait déclaré que les journalistes de Charlie étaient des « crapules » mais il s’agissait « dans son esprit d'un terme affectueux et commémoratif ».
Le cours ensuite dérapa sérieusement, quand il aurait projeté le blog d'un collègue du lycée contenant un article au titre engagé : « Le terrorisme, produit authentique de l'impérialisme» et comparé l’intervention française au Mali à du terrorisme. A priori, tout cela relèverait plus de la propagande pour une vulgate néo-marxo-tiermondiste que d’un cours de philo. Mais, dans cette reconstitution, il manque le ton, l’ironie éventuelle, la circulation de la parole, la chair même des échanges.
Et le procureur de conclure que tout cela ne constitue pas un délit d'apologie d'actes de terrorisme. Sur le plan pénal, l'enquête est donc classée sans suite. Ce qui n’empêche pas, le même procureur, de sortir de son rôle en déclarant : « Il demeure que les propos tenus par cet enseignant le jour même d'un deuil national […] peuvent apparaître particulièrement inadaptés, déplacés et choquants ».(Nouvelle République)
Retour à l’envoyeur, si on peut dire. Le Recteur qui avait saisi le Parquet se voit renvoyer le dossier. Il devra s’en débrouiller devant la commission disciplinaire qu’il a convoqué le 13 mars. Commission paritaire où il se peut que parmi les représentants de l’administration certains aient côtoyé Chazerans quand il était détaché à plein temps dans la Mission Académique TICE !
Deux destins très contrastés. Un jeune homme de 21 ans dont, à part l’ébriété, on ne sait rien. Un professeur de philo dont on peut suivre le parcours très militant. Le premier, victime d’une justice d’abattage. Le second frappé d’une suspension précipitée pour un dossier pénalement vide et disciplinairement fragile.
« Non seulement cette répression absurde est inutile, mais elle est dangereuse. C’est une défaite de la Raison. » Maître Eolas
** Naguère les Inspecteurs d’Académie (IA) se divisaient en deux branches : territoriale et disciplinaire. Les IA-DSDEN à la tête des départements et les IPR-IA, Inspecteurs pédagogiques régionaux. Les 1ers sont devenus des adjoints du Recteur, les DASEN, sous Chatel. Ne reste donc que les IPR-IA : on peut supposer que le Recteur a envoyé celui de Philo, mais on ne voit pas qui pouvait être le deuxième.
NB En fait, il s'agissait de 2 IPR-IA "établissements et vie scolaire" qui ont joué semble-t-il les enquêteurs auprès des élèves.
UNE SANCTION LOURDE ET ARBITRAIRE
Jean-François Chazerans, professeur de philosophie au lycée Victor-Hugo, à Poitiers, pour avoir, selon le rectorat, « tenu des propos inadéquats en classe », après l'attentat de Charlie Hebdo, s'est vu « infliger », hier par courrier, un « déplacement d'office dans la zone de remplacement des Deux-Sèvres ». (La Nouvelle République 28/03/15)
C'est la sanction la plus lourde pouvant être infligé au niveau rectoral.
Bien sûr, Chazerans, contestera cette sanction par un recours au Tribunal Administratif. Mais le TA mettra des mois à se prononcer et le recours n'est pas suspensif.
Puisqu'on n'est plus dans l'émotion, force est de constater que, pour ne pas perdre la face (et peut-être régler des comptes), le Recteur donne dans l'arbitraire, car, comme le fait remarquer l'avocat, cela voudrait dire qu'on peut tenir des propos inadéquats à Thouars, mais pas dans un lycée de Poitiers. Si, comme l'affirme le Recteur "les agissements de ce professeur ont porté atteinte non seulement à l'image de la fonction enseignante mais à celle du service public de l'Éducation nationale" , c'était la radiation qui s'imposait.
Ne serait-ce pas le Recteur Jacques Moret, qui, au lieu de classer un dossier imprudemment ouvert et mal étayé, ternit gravement l'image de l'Education Nationale par son acharnement ?
Cette porte-parole de « Ni putes, ni soumises » m’arracherait les yeux si elle lisait le titre. Mais en tout cas, aux yeux elle n’a pas froid ! Collaboratrice de Charlie-Hebdo, co-auteure, avec Charb, d’une vie de Mohammed, elle fut une militante de la Laïcité et de la lutte pour la démocratie au Maroc. Elle continue, en affirmant son athéisme, à plaider pour que les musulmans acceptent l'humour, le blasphème et la laïcité.
«On est civilisés quand on a le droit à la liberté d'expression qui inclut aussi le droit de blasphémer et de ne pas se soumettre aux limites du sacré que nous imposent les religions», « L’intégration, pour nous, à Charlie Hebdo, c’est aussi le fait que l’islam soit traité de la même façon que les autres religions dans ce pays », a dit la journaliste à Montréal. À son avis, tous les pays démocratiques sont concernés. Pourtant, des médias canadiens et américains ont refusé de publier les dessins de Charlie Hebdo. «Ce sont des médias qui admettent qu'ils acceptent la censure, mais une censure qui est imposée par qui ? Qui est imposée par des fondamentalistes terroristes qui s'expriment eux par les armes, non par voie de presse ou par la plume ni par le dessin. C'est de la lâcheté.» (Journal de Montréal).
En reportage au Maroc où elle avait commencé sa carrière journalistique (et militante). Elle s’y était rendue célèbre pour avoir tenté d’organiser un repas regroupant une dizaine de « dé-jeûneurs » en plein mois de ramadan, contre l’article 222 du code pénal qui punit de prison toute personne « notoirement connue pour son appartenance à la religion musulmane » qui s’aventurerait à manger ou boire en public en ce mois de jeûne sacré où les ménages dépensent le tiers de leur budget annuel pour de somptueuses tables de ftour (repas de rupture du jeûne). Elle avait fondé un collectif laïc intitulé MALI (Mouvement pour l’affirmation des Libertés individuelles).
Pour dénoncer un autre article du code pénal marocain jugé homophobe, le MALI avait lancé une campagne sur Internet intitulée "Nous sommes hétérosexuels et nous soutenons les droits des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels)". Objectif la suppression de l’article 489 du code pénal qui punit à de six mois à trois ans de prison, assortis d’une amende de 200 à 1 000 dirhams (20 à 100 euros), quiconque "commettrait un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe". Une ONG estime que "5 000 homosexuels, en majorité des hommes, ont comparu devant des tribunaux pour avoir enfreint l'article 489".
Elle collaborait au Journal Hebdomadaire. Hebdo coulé financièrement sur ordres. Et accusé mensongèrement d’avoir publié les fameuses caricatures du prophète en février 2006.
Avec Ali Amar, co-fondateur du Journal, elle sera victime de l’arbitraire policier, avec intrusion dans son appartement à 5h45 du matin, menottage d’Ali Amar accusé d’avoir volé son propre ordinateur, accusation à son encontre de prostitution. Menacée de mort, elle s’exilera en Slovénie, avant de s’installer en France et de collaborer à Charlie-Hebdo.
Cette Marocco-Française ou Franco-Marocaine fut accusée par la presse de caniveau marocaine, non seulement d’avoir été prétendument la compagne du prince rougeMoulay Hicham, mais pire d’être la couroie(sic) de transmission avec le quai d’Orsy(re-sic) pour appuyer le Mouvement du 20F*. (…) sa relation avec les services secrets français n’a pas cessé, loin de là. Et sa nouvelle mission n’est plus au Maroc depuis qu’elle écrit des articles dans le journal islamophobe «Charlie Hebdo» où elle a obtenu un poste grâce à Caroline Fourest, la pseudo-intellectuelle LESBIENNE! El Rhazoui a aussi écrit une biographie insultante sur le prophète SIDNA MOHAMMED (SAWS) faite à partir des nombreuses caricatures anti-islam parues par le dessinateur Charb connu pour sa haine des musulmans. Comme quoi, la complotite délirante est sans frontière. Et le reste de l’article qui s’en prend à la vie privée n’est plus de caniveau mais de fosse septique !
On peut comprendre qu’elle déchaîne la haine des courtisans quand on l’entend s’en prendre à un ex-défenseur des droits de l’homme Marocain, Driss el Yazami, passé au service du roi, en 2011 à un forum d’Europe écologie-les Verts (EELV). Elle prononce avec fougue un réquisitoire impitoyable sur la pseudo démocratisation de la monarchie alaouite. « On n’est pas du tout au pays qui serait soi-disant l’exception arabe, on est dans un pays qui a fait une réforme en trompe-l’œil et qui a été applaudi par Sarkozy et Juppé comme étant une grande avancée démocratique. Ce régime aujourd’hui continue d’user de pratiques de détention arbitraire, d’arrestations illégales, de torture dans les commissariats. Nous avons encore au Maroc des centres de détention secrets, comme celui de Temara (…). Nous ne sommes pas tout à fait dans un État de droit. Le contrôle du sécuritaire échappe totalement aux institutions politiques et représentatives du peuple. » (Arte)
Sa fougue athée et laïque peut l’entraîner à quelque excès quand elle pourfend ceux qui s’en prennent à l’islamophobie** en les traitant d’idiots utiles, expression qui s’appliquait autrefois aux compagnons de route des PC occidentaux qui défendaient mordicus le régime stalinien. Zineb el Razhoui, avec les identitaires de tout poil à commencer par Riposte prétendument laïque, l’inflige ici à ceux qui décèlent sous une fausse critique de l’Islam un vrai racisme, chez ces gaulois qui propagent l’équation simpliste Islamisme=Islam=musulmans=arabes. « Arabes » étant un terme générique qui englobe les berbères, les Imazighen ! Quand elle écrit « Rares sont aujourd’hui ceux qui se risqueraient à crier sur les toits "Bougnoulen Raus !" », elle montre qu’elle n’a pas lu Zemmour.
Certes, face aux gaulois de souche qui résonnent comme des troncs, il y a les inconditionnels qui « se couchent devant la propagande islamiste », comme elle dit. Et les accusations de racisme anti-arabe à l’encontre de Charlie Hebdo sont aussi peu fondées que celles d’antisémitisme envers Siné !
On peut estimer que la Laïcité n’a que faire des histoires de chiffons. Il faudrait que notre République fût à un stade avancé de décomposition pour que comme l’a clamé l’avocat R. Malka « Le voile, [soit] l’anéantissement, l’ensevelissement du triptyque républicain “Liberté, Égalité, Fraternité” ». Et quand la pédopsychiatre C. Eliacheff affirme « On peut s’interroger sur les conséquences pour un nourrisson de ne voir que le visage de face, une tête amputée des oreilles, des cheveux et du cou.», on s’interroge soi-même sur le sérieux scientifique de la dame, employant le terme aussi outré qu’imbécile d’amputée.
"Ce n’est pas à l’Europe de s’adapter à l’islam, c’est à l’islam de s’adapter à l’Europe, à l’islam d’apprendre à subir la critique même la plus offensante sans en venir au crime de sang pour se défendre […]. C’est en Europe que le sujet d’islam doit sentir la part manifestement obsolète de son héritage. Ici, il doit savoir que le respect de la croyance n’a pas à entraver l’expression des opinions."
Elle se revendique de l’anticléricalisme, c’est-à-dire du combat contre la volonté des religions d’imposer leurs dogmes à l’ensemble de la société. Sa traduction la plus extrême se trouve dans des états théocratiques, comme l’Arabie saoudite. Mais elle subsiste en France comme la bataille du mariage pour tous nous l’a rappelé. Recherche sur les cellules-souches, égalité filles-garçons, droit de mourir dans la dignité, etc. autant de domaines où la loi civile doit prévaloir sur les dogmes religieux.
Lutter encore contre l’instauration d’un délit de blasphème.
De récents propos papaux, où le pape semble d’ailleurs justifier a posteriori le coup de boule de Zidane à l’affreux insulteur Materazzi et où il confond insulte à une personne avec satire d’une religion, laissent craindre une union sacrée des monothéistes. Et la lâcheté de certains – médias, municipalités, galeries, etc. – peuvent faire redouter que, par l’autocensure, les religionnaires obtiennent gain de cause.
En rappelant, comme l’a fait François Hollande, que les victimes les plus nombreuses des islamistes sont des musulmans, il faut aussi soutenir celles et ceux qui, comme Zineb el Razhoui elle-même l’a fait, se battent dans les pays musulmans pour arracher des droits élémentaires, à commencer par la liberté de conscience.
Et bien sûr, et là des plumes comme celles de Zineb el Razhoui, des voix comme celle de Sofia Aram sont bien placées pour le faire, rappeler aux musulmans de France que la caricature et l’humour, la liberté d’expression, n’ont jamais tué personne.
*On peut mesurer la stupidité de cette accusation en se souvenant qu’en février 2011 c’était Sarkozy, à qui le roi du Maroc prêtait déjà un palais à Marrakech pour les fêtes de fin d’année, qui était président : cet ami de Mohammed VI aurait donc sournoisement fomenté des troubles dans son royaume, avec des agents stipendiés, comme cette jeune journaliste.
**H. Pena-Ruiz – Libération 28/01/2015 – a certes raison de dire que c’est un mot-piège. Il dénonce donc la confusion entre rejet d’une religion et rejet de ses fidèles. Mais pour justement dénoncer cette confusion il invente une judaïsmophobie, terme inexistant. Quant à la cathophobie qu’invoquent les intégristes style AGRIF, elle sert à dénoncer un racisme anti-blanc qui viserait nos fameuses racines chrétiennes.
En revanche, il pointe à juste titre ceux pour qui, sous prétexte que l’islam est la religion d’opprimés, des égards particuliers seraient dus à l’islamisme politique.
Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas
s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus
souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent
érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je
rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les
bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.
Overblog - hébergeur du deblog-notes - a réussi l'exploit de lancer une
nouvelle formule qui fait perdre des fonctions essentielles de la version
précédente. Ainsi des liens vers des sites extérieurs disparaissent (désolé
pour Koppera,
cabinet de curiosités, ..). Les
albums se sont transformés en diaporamas, avec des cadrages coupeurs de têtes.
La gestion des abonnés et des commentaires est aussi transparente que le
patrimoine de Copé. Et toutes les fonctions de suivi du deblog-notes -
statistiques notamment - sont appauvries.