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29 décembre 2018 6 29 /12 /décembre /2018 17:24

Une prisonnière politique, pour le moins, que cette Maria B condamnée  « pour l’exemple » à 3 mois de prison ferme.

La Louise Michel jaune de Valence

Donc le Maire de Graçay de s’indigner contre cette « justice de classe » qui ose condamner une femme salariée et militante du PCF à une peine plus lourde que celle de Cahuzac, sans parler de Dassault, Balkany et Benalla !

Sauf que, comme le rappelle Maître Eolas, Cahuzac a eu 4 ans, dont 2 ans ferme, Balkany 15 mois et 30.000 euros d’amende, Dassault deux ans. Benalla n’a pas encore été jugé, ce qui, en droit, est un obstacle à sa condamnation.

Maria B. a été en fait condamnée à neuf mois de prison, dont trois mois fermes et six avec sursis pour violences en réunion sur dépositaire de l’autorité publique. Le parquet en avait requis douze dont six fermes et 10.000 euros d’amende dont 5000 avec sursis.

La Louise Michel jaune de Valence

Les faits ont eu lieu dans le cadre de la manifestation nationale des gilets jaunes du 8 décembre. Le directeur départemental de la sécurité publique de la Drôme était en civil, mais muni de son brassard et de son arme de service, quand il a été violemment pris à partie, après avoir effectué une interpellation dans une zone commerciale de Valence où les forces de l'ordre venaient de disperser un rassemblement de Gilets jaunes sur un rond-point.

Une vidéo de la scène, filmée par une caméra de surveillance municipale, a été décortiquée à l'audience. Les quatre prévenus ont été identifiés au milieu d'un attroupement d'une vingtaine de personnes participant à des degrés divers aux violences commises sur Noël Fayet, commissaire divisionnaire, et un second policier qui lui servait de chauffeur ce jour-là. Les quatre ont été interpellés, placés en garde à vue et déférés pour une comparution immédiate. Ils ont demandé un délai et ont tous quatre été placés en détention provisoire pendant douze jours jusqu’à leur jugement le 26 décembre.

Si l’on en croit l’Humanité, Maria se serait contentée de s’emparer du bonnet du commissaire dans le but de «détourner son attention pour qu’il ne sorte pas son arme» (on a peine à croire à la puérilité d’une telle ligne de défense* : tête nue, ou obnubilé par la perte de son bonnet, le commissaire était paralysé ?).

Dans les 3 mois fermes, les douze jours de détention provisoires sont évidemment décomptés. Elle a donc 78 jours à effectuer, ce qui fait 57 jours après l’application du crédit de réduction de peine. Elle sera convoquée par le juge de l’application des peines qui, s’agissant d’un reliquat de moins de 6 mois, pourra convertir cette peine. Cela signifie en changer la nature (jours-amende, TIG…) pour éviter l’incarcération. Bref la seule possibilité qu’elle retourne en prison est qu’elle le veuille, en ne répondant pas à la convocation ou en refusant l’aménagement.

La Louise Michel jaune de Valence

Cette peine est-elle sévère ? s’interroge Maître Eolas.

Il n’y a pas de droit au sursis pour une première condamnation, et les peines pour violences sont toujours plus sévères que pour les atteintes aux biens. Il s’agit d’une vingtaine de personnes rouant de coups deux policiers au sol. Dont le directeur départemental de la sûreté publique, ce qui n’est jamais une bonne idée, ajoute-t-il, pince sans rire.

Est-ce de la justice de classe ?

Trouvez un cas où un cadre supérieur ou un ministre a tabassé en groupe un commissaire divisionnaire et voyons combien il s’est pris. Sinon, comparer deux personnes qui ont commis des faits différents et en conclure que la différence est due à leur classe sociale pose un gros problème de méthodologie.

Mais le bon Maître oublie de traiter une peine annexe, que relève L’Humanité, l’interdiction de manifester pendant trois ans. «Comment ne pas interpréter (cette) décision comme la volonté de porter atteinte au droit de manifester?» interroge la fédération du PCF de la Drôme. N’en déplaise à cette noble Fédé, l’interdiction de stade pour certains supporters ultras ne porte pas atteinte au droit légitime de sauter en l’air comme un cabri dans les tribunes d’un stade en gueulant « Qui ne saute pas n’est pas (là vous mettez la localisation de votre équipe) » pendant que 22 joueurs se disputent un ballon.

Autrement dit l’interdiction de manif aux violents, ne porte nullement atteinte au véritable droit de manifester qui obéit à un certain nombre de règles (parcours déclaré, organisateurs identifiés, service d’ordre…).

Le PCF veut-il prendre sa part dans la totale confusion idéologique qu’a provoquée l’apparition de ce mouvement très composite des gilets jaunes en défendant le droit de se mettre à une vingtaine pour tabasser deux personnes, fussent-elles des flics ? La lâcheté des lyncheurs arme révolutionnaire ?

* Un de ses co-accusés, qui n’a pas droit à l’attention de l’Humanité, pour sa défense, a prétendu ne pas avoir vu que c’étaient des policiers ! donc pour lui, rouer de coups deux pékins au sol, c’est normal.

 

 

Article de fainéant puisqu'il reprend pour l'essentiel un fil de touittes de Maître Eolas, avec quelques compléments dont un article de L'Humanité "Gilets jaunes. Maria, condamnée à trois mois de prison pour l’exemple".

La Louise Michel jaune de Valence

L’Humanité dénonce aussi  les condamnations de gilets jaunes, dont le seul tort, pour certains, avait été de prévoir un équipement spécifique pour manifester : comme on le voit sur cette photo de saisie policière, c'est même une attaque délibérée contre le droit d'afficher l'emblème du PCF dans une manif (quand à la batte de base ball, c'est bien sûr un équipement de base du manifestant).

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3 avril 2017 1 03 /04 /avril /2017 14:53

1er Mars 2018 :

El Supremo absuelve a Cassandra Vera por sus tuits con chistes sobre Carrero Blanco

Le tribunal suprême espagnol a finalement acquitté Cassandra Vera pour ses plaisanteries sur Carrero Blanco dans ses touittes.

En première instance elle avait été condamnée à 1 an de prison et 7 années de privation de ses droits civiques.

 

 

 

 

Cassandra Vera condamnée pour des blagues sur Carrero Blanco

Après le rapeur Cesar Strawberry, c’est une jeune touitteuse, Cassandra  Vera, qui est condamnée à une année de prison pour 13 touittes sur Carrero Blanco ! Cette étudiante de Murcie de 21 ans a été condamnée parce que ses messages humoristiques offensaient la mémoire de l’ex premier ministre du dictateur Franco, victime d’un attentat de l’ETA.

L’Audience Nationale (AN), tribunal suprême espagnol, l’a condamnée en vertu d’une loi mémorielle qui interdit d’offenser la mémoire des victimes de l’ETA.

Loi qui peut se comprendre quand elle vise à protéger la mémoire des victimes, les plus nombreuses, quand l’organisation terroriste basque a continué ses assassinats et ces attentats après la mort de Franco* et surtout après les 1ères élections libres. Loi tout-à-fait justifiée même, si elle visait à poursuivre les jeunes voyous se réclamant de l’ETA qui narguaient les familles et proches des victimes, mais hélas les salopards qui agitaient une balle de pistolet sous les yeux d’une veuve n’ont jamais été poursuivis, dans un Pays Basque plongé dans la loi du silence.

Cassandra Vera condamnée pour des blagues sur Carrero Blanco

En revanche, l’ETA qui se battait sous la dictature franquiste peut être considérée comme un mouvement de Résistance. Et l’attentat spectaculaire qui a envoyé en l’air la voiture de l’amiral-premier ministre, rue Claudio Coello en décembre 1973, a été célébré par toutes les gauches européennes.

La condamnation, qui prive, en outre, la jeune fille de ses droits civiques pour 7 ans, est d’autant plus bizarre que les plaisanteries qu’elle a diffusées existaient avant qu’elle soit née. Presque tous les chauffeurs de taxi madrilènes répliquaient quand vous demandiez à aller rue C. Coello « Á quelle hauteur ? » et celles sur l’Amiral cosmonaute ne datent pas de l’invention de twitter.

Cassandra Vera condamnée pour des blagues sur Carrero Blanco

Elle montre qu’au plus haut niveau judiciaire en Espagne subsiste encore une frange de magistrats ultra réactionnaires qui opte pour une interprétation très extensive, et donc très répressive, de l’article 578 du code pénal espagnol dont le but affiché était de sanctionner une intention délibérée, directe et sans équivoque de causer une souffrance aux victimes d’attentats terroristes. Comme le faisaient en toute impunité les petites frappes de la Kale borroka s’attaquant à la veuve d’une victime.

Kissinger le regaló a Carrero Blanco un trozo de la luna, ETA le pagó el viaje a ella

Kissinger a fait cadeau d’un morceau de lune à Carrero Blanco, ETA lui a payé le voyage.

Le paradoxe de cette condamnation c’est que les touites de la jeune femme ont été reproduits par de nombreux sites leur donnant un écho démultiplié par rapport à l’audience de la touitteuse.

Image illustrant un message visant Alberto Garzón

Image illustrant un message visant Alberto Garzón

Le deuxième paradoxe c’est que ce parquet si prompt à traîner devant les tribunaux une jeune femme qui ne fait qu’exercer sa liberté d’opinion, est, en revanche, d’une totale passivité face à des menaces de mort à l’encontre d’élus ou leaders de gauche.

Ainsi le 27 janvier 2016, la Justice a classé sans suite une procédure contre un radical d’extrême-droite qui menaçait de mort Narciso Romero, Maire de San Sebastián de los Reyes. Le porte-parole du Front de gauche hispanique - Izquierda Unida – à la Chambre des députés, Alberto Garzón, reçut, entre autres touittes, la menace de l’assassiner et de violer toutes les femmes de sa famille ; l’auteur, Jaime A. Mora, militant d’un groupe d’extrême-droite, ne fut pas poursuivi. Et même les attaques ignobles contre la Présidente de l’Association des victimes des attentats du 11M, Pilar Manjón, la traitant de rouge et de putain, se félicitant que son fils soit bien mort, qui entraient tout-à-fait dans le cadre du fameux article 578, sont restées sans suite.

Cassandra Vera condamnée pour des blagues sur Carrero Blanco

Reste que, comme le souligne Maître EOLAS, cette jeune femme voit son avenir s’assombrir, puisque la privation de droits civiques lui interdit la fonction publique, donc le professorat.

Et, pour marquer votre solidarité envers Cassandra vous pouvez signer la pétition « Yo también me río con los chistes de Carrero y su viaje espacial financiado por ETA » - Moi aussi j’ai ri des blagues sur Carrero et son voyage spatial financé par ETA – qui affirme que la satire n’est pas un délit, l’humour noir, même de mauvais goût n’est pas un délit, une opinion n’est pas un délit !

* Y compris contre d’ex-membres, comme Yoyes, qui avaient quitté ETA après l’avènement de la démocratie.

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25 janvier 2017 3 25 /01 /janvier /2017 18:48
Canard Enchaîné 25/01/2017

Canard Enchaîné 25/01/2017

Ne nous trompons pas de cible. Ce qui est visé, ce n’est pas le fait d’employer un proche. Ce qui est visé c’est que l’emploi est non seulement surpayé* mais fictif. C’est patent pour la Revue des deux Mondes. L’enquête dira si ça l’est pour le travail d’attachée parlementaire.

Du temps où les chars soviétiques ne menaçaient pas encore les Champs-Elysées, je veux parler d’avant 1981, j’ai croisé un parlementaire PS qui avait conquis une circonscription de droite. Cela avait été le fruit d’un travail militant de terrain de longue date où le couple, le futur candidat et son épouse, se dépensaient sans compter. Lui plus dans la représentation, elle dans le travail de fourmi d’organisation des activités militantes. Elle fut, même si elle n’a jamais pensé à se donner ce titre, la véritable Directrice de campagne de son mari. Et elle avait toute sa part dans la divine surprise d’une élection jugée impossible par les instances du PS. Qu’elle devienne l’assistante parlementaire de l’époux, celle non pas qui œuvre au Palais-Bourbon, mais celle qui tient le terrain assurant l’agenda du mari, les permanences parlementaires, le courrier de circonscription, les articles dans la presse locale, etc., allait de soi.

Le résumé du dossier Fillon

Pour PENELOPE ça se GATE !

Rien à voir donc – si l’on se réfère à l’article du Canard Enchaîné, avec Madame Fillon, dont l’activité, aussi bien à l’Assemblée que dans l’ancienne circonscription Sarthoise, fut d’une telle discrétion qu’elle semble inexistante. Autrement dit, ça ressemble furieusement à un emploi fictif. D’autant que la dame Pénélope a commis quelques confidences où elle se disait juste mère au foyer.

Pour commencer, contrairement à ce qui se raconte, les parlementaires qui embauchent des membres de leur famille sont rares. Une cinquantaine à l'Assemblée nationale pour 577 députés, un petit 10%. Mais surtout, tous les "fils et filles de" que j'ai croisé bossaient comme des fous. Tous ceux qui ont rencontré Pierre Bachelot, fils de Roselyne et son attaché parlementaire de 1992 à 2002, vous diront que c'est une machine de travail. Nadia Copé, femme et attachée parlementaire de Jean-François, dont le statut a été pointé du doigt par Mediapart en 2014, (…)  chacun pourra attester son rôle de conseil, de soutien, de gestion d'agenda. On peut être de la famille et ne pas bénéficier de traitement de faveur.

Témoignage d'une Assistante parlementaire LR dans l'Huffington Post

La ligne de défense de François Fillon – misogynie et boules puantes – est assez fragile. Qu’un(e) ami(e), qui ne lui voulait pas que du bien, ait soufflé dans le creux de l’oreille du palmipède l’idée d’enquêter sur Pénélope est probable. Sans vouloir médire, il y a quelques gentils compagnons suffisamment retors pour ce faire, sans aller chercher la main de l’Elysée, d’autant que l’affaire est parlementaire. Même pour la vocation littéraire subite de Mme Fillon, découverte sur « la déclaration d’intérêt » du député Fillon.

Véritable cerise sur le gâteau que cet emploi à 5000 € brut par mois, qui s’est traduit par deux ou trois notes de lecture en 20 mois pour la confidentielle Revue des deux Mondes ! (Ironie du moment ladite revue fait sa UNE à la gloire de Fillon)

Penny superwoman

Lors de son audition devant les policiers, François Fillon a reconnu que son épouse était employée à la Revue des deux mondes, entre mai 2012 (et non depuis septembre comme il l’avait précédemment indiqué dans sa déclaration d’intérêts à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique) et décembre 2013. Or, presque à la même période, de juillet 2012 à novembre 2013, elle disposait d’un autre contrat, étant cette fois collaboratrice de son mari à l’Assemblée. Selon des sources proches de l’enquête, ces deux contrats étaient censés être à temps plein.

Le Parisien 07/02/2017

 

Comme le prédit le Canard, des témoignages à décharge vont apparaître. Déjà l’ineffable Bernard Accoyer prétend avoir croisé Pénélope dans les couloirs de l’Assemblée ; gageons que d’autres témoignages aussi spontanés et sincères vont se multiplier.

Et si Fillon a bien retenu les leçons de Pasqua, il va s’efforcer de créer une affaire dans l’affaire. On la voit d’ailleurs pointer avec une histoire d’argent public de Bercy détourné par Macron. Hamon s’il l’emporte comme c’est prévisible n’a qu’à bien se tenir; les saloperies de ses camarades sur son prétendu communautarisme ne seront bientôt que de la roupie de sansonnet par rapport à celles qui l’attendent.

Et à qui ça profitera ? a priori aux populistes de tous bords, sauf que du côté FHaine ils sont aussi morveux !

 

* Le summum est atteint en 2006 où avec 7900 € brut par mois, Penelope Fillon siphonne les 8/10e du "crédit affecté à la rémunération de collaborateurs" du suppléant de son époux, Marc Joulaud, devenu député quand Fillon est nommé Ministre en 2002 ; et elle gagne plus que son employeur, puisque tout confondu un député est à 7142,75 brut.

 

Pour compléter : Affaire Penelope Fillon : ce que dit la loi

Affaire Penelope Fillon : cinq fois où la défense de François Fillon s'est retournée contre lui

Pour en finir avec la séparation des pouvoirs (Maître Eolas)

 

 

trouvé sur twitter (14/02/17)

trouvé sur twitter (14/02/17)

"Ma petite entreprise ne connaît pas la crise"

"Ma petite entreprise ne connaît pas la crise"

Pour PENELOPE ça se GATE !

Vu de l'étranger

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La nouvelle n’a pas tardé à faire le tour de la presse étrangère, The Times, au Royaume-Uni, titrant par exemple “Fillon a payé sa femme 500 000 euros à ne rien faire”. Pour El Pais, en Espagne, il s’agit d’un “obstacle grave et imprévisible dans la course à l’Élysée pour le conservateur François Fillon”.

Outre-Manche, The Guardian embraye :

"Cette affaire est d’autant plus malencontreuse pour Fillon que, malgré ses 35 années de vie politique dont cinq passées à Matignon, il se présente comme un candidat antisystème, se vendant comme un antidote honnête, austère et irréprochable à des années de scandales de corruption au sein de la droite française.”

 

En Allemagne, Die Zeit rappelle que, “pour beaucoup, Penelope Fillon était déjà vue comme la future première Dame : elle apparaissait non pas comme une collaboratrice politique mais comme une épouse sage et traditionnelle, qui s’occupe des enfants et des chevaux, sans rapport avec la politique.

 

Pour l’hebdomadaire de Hambourg, “le Monsieur Propre de la politique française fait face à son premier gros scandale”. Et Die Zeit de souligner que le scandale tombe très mal pour le candidat des Républicains :

"Cette semaine, il voulait briller sur la scène internationale, en rendant visite à la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin et en demandant la fin des sanctions contre la Russie. Mais soudainement, on ne lui pose plus que cette unique question : qu’a fabriqué son épouse pendant toutes ces années ?”

Courrier International

 

"Les correspondants internationaux basés à Paris n’ont, eux, aucune raison de vouloir «tuer» Fillon. Leurs médias ne sont pas partie prenante de la sphère politico-médiatique hexagonale. Leurs références sont celles en vigueur dans leurs pays, où les élus et leurs familles sont scrutés de diverses manières.

Alors? Leur incompréhension est totale. Incompréhension devant le caractère systématique des emplois familiaux au sein du clan Fillon. Incompréhension devant le fait que ces pratiques – légales – soient si répandues au sein du parlement français. Incompréhension devant ce flou persistant qui existe en France, entre argent et politique, mais aussi au sujet du statut des élus. On les dit mal payés. Certes. Mais quid de ces pratiques? De ces zones d’ombre qui finissent par se chiffrer en centaines de milliers d’euros? Quid de l’absence de justificatifs? Comment ne pas s’étonner de telles pratiques?

L’exemplarité des élus ne tient pas seulement au fait que ceux-ci respectent les lois qu’ils édictent et votent. Elle vient également de leur capacité à mettre leurs actes en phase avec leurs paroles. Surtout quand ils préconisent, pour l’avenir, de la sueur et des larmes."

Richard Werly Le Temps (Suisse)

Extraits

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7 janvier 2017 6 07 /01 /janvier /2017 18:59
Ne diabolisons pas le 49.3

Le 49.3 est né en réaction à l’instabilité gouvernementale de la 4e République. 

Si Rocard  et, à un moindre degré, Cresson et Beregovoy, l’ont beaucoup utilisé, c’est qu’ils se sont trouvés devant une Assemblée Nationale ne dégageant qu’une majorité socialiste relative : 258 sièges, la majorité absolue étant à 270. La conjonction de la droite et du PCF dans des votes négatifs eût pu bloquer toute action gouvernementale. Le 49.3 en obligeant à un vote majoritaire d’une motion de censure a permis aux trois gouvernements socialistes de 1988 à 1993 de faire passer un certain nombre de textes.

Depuis 2008, le 49.3 ne peut être utilisé que sur la loi de finances et le financement de la Sécurité sociale, plus un texte par session (une session correspond à une (petite) année scolaire).

Il s’agit bien d’un passage en force, mais qui ne prive pas le Parlement de toute riposte, puisqu’une motion de censure peut faire tomber le gouvernement.  C’est arrivé une seule fois mais la chambre élue après dissolution a été un désaveu cinglant pour les votants de cette motion.

"Le fameux 49.3 s’inscrit dans ce système de contrôle et d’équilibre des pouvoirs, quoiqu’on en dise, puisque l’exécutif met le législatif face à ses responsabilités, en disant “c’est cette loi ou moi”. Soit le législatif renverse le gouvernement, soit il ne le fait pas, et dans ce cas, il est regardé comme ayant adopté la loi casus belli. Mais il ne peut refuser au gouvernement les moyens de son action tout en prétendant le soutenir (ce qui était le mode de fonctionnement habituel de la IVe république)."

Maître Eolas

La satanique Loi travail s’est heurtée donc à la double opposition de la droite, qui ne la trouvait pas assez à droite, et de frondeurs qui, eux, pensaient  l’inverse. Mais qui, prudemment, n’ont pas déposé de motion de censure – que la droite eût été capable de voter – pour éviter une dissolution qui aurait renvoyé la plupart d’entre eux dans leurs foyers (ce qui risque de se passer aux futures législatives, mais n’anticipons pas).

Prôner la suppression du 49.3 peut s’entendre dans la bouche d’Hamon qui, après avoir été démissionné pour cause d’abus de la cuvée du redressement, a rejoint les frondeurs. Mais, c’est plus surprenant dans celle d’un ex-premier Ministre qui en a usé.

A noter que P. Mendès-France (Pour une République moderne)  préconisait un contrat de législature, avec dissolution en cas de rupture du contrat. Bien sûr, dans une architecture institutionnelle très différente. Mais reste le principe d’asseoir une majorité sur un véritable engagement qui suppose une discipline.

Et, finalement, quand une minorité, dans la mesure où elle a pu faire valoir ses arguments, n’accepte pas la position majoritairement adoptée, qu’elle fronde, elle oblige à utiliser l’arme du 49.3 ou à dissoudre, suicidairement, l’Assemblée.

Reste à savoir si, dans la phase préparatoire, le 1er Ministre a été ouvert au dialogue et a eu le sens du compromis…

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20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 17:38
Hijab et délire

Des étudiantes de Sciences Po lancent donc une journée du voile, pardon un Hijab Day ! Aussitôt toute la réac-sphère de réagir, mais aussi, bille en tête un BHL en mal d’amalgame, relayé par un Bruno Masure en général plus inspiré.

Faut-il rappeler que l’école de Sciences Politiques de Paris ne compte que des étudiant-e-s ? Qu’ils-elles ne sont donc pas concerné-e-s par la loi de 2004 qui concerne des élèves de primaire ou secondaire. Faut-il rappeler que même Caroline Fourest, grande pourfendeuse du frère Tarik (Ramadan), qu’on ne soupçonnera pas de donner dans une laïcité accommodante, rejette l’idée d’interdire le fichu à l’Université ?

Les jeunes filles à l’initiative de cette journée invitaient donc leurs camarades à porter un foulard : « Nous pensons que se couvrir les cheveux d’un foulard, même une petite journée, en cours, dans la rue, permet de prendre conscience du regard de l’autre, de ses propres appréhensions, et mieux comprendre […]  l’expérience de la stigmatisation vécue par de nombreuses femmes voilées en France ».

Dans un communiqué, la direction a estimé « légitime » de porter ce débat au sein de l’établissement, l’école étant « depuis sa création, un lieu de débats ouverts et de libre expression ». Elle a toutefois souligné que la tenue de cette initiative « dans les murs de Sciences-Po ne saurait être interprétée comme un quelconque soutien de l’école ».

Hijab et délire

L’angle d’attaque choisi par le faux-cul de Bruno Le Maire fut le prosélytisme (assorti d’un très identitaire « en France » suivi d’une stupidité, puisque le port d’un fichu ne rend pas invisible). Nicolas Dupont-Aignan fit chorus osant parler d’un « acte de prosélytisme religieux sans précédent ».

Mensonge éhonté ! Mais finalement, nos politiciens de droite assez extrême ont trouvé plus fort encore avec l’ineffable ex nouveau philosophe, BHL !

Hijab et délire

Dans l’art de l’amalgame outrancier – vexé sans doute d’être débordé par Onfray – il a fait fort le dandy-philosophe !

Hijab et délire

Et comme, d’aucuns osent lui rétorquer qu’il est gonflé de s’en prendre au foulard alors qu’il défend la kippa, il rétorque que ça n’a rien à voir. Superbe et imparable argument d’autorité, d’autant que si vous le mettiez en doute vous seriez assimilé à la dame Le Pen !

Copie d'écran : le touitte du bas est à lire en premier

Copie d'écran : le touitte du bas est à lire en premier

Maître Eolas, avec humour, remet donc les pendules à l’heure en deux mots : symbolique (et non prosélyte) et légale (n’en déplaise aux liberticides).

Á Science Po même, il semble que l’opération n’a eu qu’un impact léger, mais grâce aux BHL, mais aussi Bruno Roger-Petit ou Bruno Masure (ce dernier généralement mieux inspiré contrairement à l’autre Bruno) et tous les agités du bulbe qui voient un salafiste au cimeterre entre les dents derrière le voile, le succès médiatique est assuré.

Et leur démonstration rapelle que la vigilance face à une offensive de faux laïques s’impose plus que jamais.

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28 août 2015 5 28 /08 /août /2015 21:28
Chantage au roi

Une paire de journalistes qui se fait serrer par la police, 40 000€ en poche, au sortir d’une rencontre avec un représentant du trône Marocain ; un avocat médiatique défenseur de Mohammed VI qui suggère une piste terroriste dans un chantage ; une presse courtisane au Maroc qui en profite pour tenter de discréditer toute critique du Maroc et de son souverain ; et l’avocat d’une prévenue qui subodore un coup monté : l’affaire du chantage au roi !

  Voilà donc deux journalistes : Eric Laurent, 69 ans, qui a une assez longue carrière derrière lui (Le Figaro, France Culture entre autres, et quelques livres d’investigations), Catherine Graciet, une freelance, mais qui a notamment écrit, avec le journaliste Nicolas Beau, La Régente de Carthage. Main basse sur la Tunisie, révélations épineuses sur le clan Trabelsi en Tunisie et notamment sur la femme de l’ancien président Ben Ali, tous deux impliqués dans une rocambolesque histoire de chantage du roi du Maroc, Mohammed VI, dit M6 !

  Eric Laurent, pour avoir écrit Mémoire d'un Roi, livre d’entretien avec Hassan II (1993), donc bien introduit au palais, n’est pas le perdreau de l’année quant aux arcanes de la cour marocaine. Mais depuis ce livre, qualifiée d’hagiographique par Dupond-Moretti, il a commis, avec justement Catherine Graciet, « Le roi prédateur ». Le titre indique qu’il n’est pas vraiment laudateur : comment Mohammed VI a fait du Maroc sa machine à cash, écrira Marianne ; et L’Express ne sera pas plus tendre en titrant Maroc Pour Mohammed VI seules comptent les affaires ; El País pour en avoir publié les bonnes feuilles (en espagnol) verra son n° interdit dans le royaume.

Donc, si l’on en croit Dupond-Moretti, avocat appointé par sa Majesté le roi du Maroc, nos deux prétendus journalistes mais authentiques racketteurs – de son point de vue – auraient voulu faire chanter son client. Moyennant la modique somme de 3 millions d’euros, ils renonçaient à publier la suite du Roi prédateur, programmée par les éditions du Seuil en janvier ou février 2016.

L’affaire aurait été amorcée par un coup de fil de Laurent au cabinet royal le 23 juillet 2015. Mais, toujours d’après l’avocat du roi, la plainte royale devant la justice hexagonale n’aurait été déposée que la semaine dernière. En accord avec la police française, la souricière s’est mise en place. Rendez-vous fut pris en France entre l’envoyé du palais et les maîtres chanteurs. Après discussion de marchands de tapis, transaction (fictive, bien sûr) se fit sur 2 millions ; les voyous, contre signature d’un engagement de ne rien publier, reçurent le misérable acompte de 40 000 € chacun.

Tout cela enregistré et filmé, comme dans une série télévisée. Et Laurent et Graciet de se faire coffrer à la sortie.

Que Maître Dupond-Moretti, qui n’est pas lié par le secret de l’instruction, nous conte, avec la plaisante morgue qui le caractérise, tous ces épisodes qu’il tient de son client, soit. Mais là où pointe comme l’ombre d’un doute c’est quand il évoque l’hypothèse que le supposé chantage serait lié au terrorisme, avec cette hypocrite esquive, quand on lui demande de préciser, qu’il réserve la primeur des éléments en sa possession au juge d’instruction.

Puisque l’avocat royal donne dans la complotite, allons-y !

 

A qui profite le crime ? est une question rituelle.

 

La Vie éco, journal marocain des plus courtisans, nous donne une piste quand il conclut son article sur l’affaire par “au-delà de son côté rocambolesque, l’histoire renseigne en tout cas sur les pratiques de certains milieux journalistiques en France : comme on réclame de l’argent pour ne pas publier, on peut aussi écrire et publier des articles ‘commandés’ contre des espèces sonnantes et trébuchantes”. “En somme, [il existe] des mercenaires de la plume auxquels font probablement appel les milieux français ‘hostiles’ à ce Maroc qui les dérange par ses positions toujours transparentes et légalistes. Maintenant que ces milieux sont démasqués, on comprend un peu mieux comment s’organisent épisodiquement ces campagnes médiatiques acharnées contre le Maroc, ses institutions et son roi…”.

Autrement dit, cette affaire, pour avérée qu’elle soit, va permettre de discréditer tout article, émission, livre, etc. un tant soit peu critique sur le transparent et légaliste Maroc et son roi !

Complot contre complot, l’hypothèse de l’avocat de Catherine Graciet, Me Eric Moutet, qui, lui, n’a pas eu accès au dossier, que tout cela sent le coup monté, n’est pas totalement à écarter. Au moins aussi crédible que celle de la complicité terroriste des deux journalistes.

 

Eric Laurent a beau tenter de faire passer l’affaire comme étant, de son point de vue, quand il répondait, prétend-il, à une proposition du Palais, une transaction privée, il a fait preuve de vénalité (et encore plus de sottise). Maître-chanteur ou corrompu potentiel, alternative peu honorable.

En revanche, quand Maître Eolas, l’accuse de xénophobie

Maitre Eolas ✏️ @Maitre_Eolas   

Très classe la défense d'Eric Laurent. Un poil xénophobe, les marocains apprécieront. https://youtu.be/7R2jhjZBTJE?t=1m33s …

 

il pousse peut-être la confraternité corporatiste avec Me Dupond-Moretti un peu loin. Certes le prévenu quelque peu courroucé par les réquisitoires de l’avocat du palais prétend qu’il ne se comporte plus en citoyen français mais en sujet marocain, mais l’opposition est entre citoyen et sujet. En bref, à tort du point de vue de Me Eolas, à raison du sien, il reproche au médiatique avocat son zèle courtisan.

 

Reste que la stupidité cupide et inversement du journaliste alimente des thèses complotistes au Maroc – le grand satan n’étant pas les USA mais l’Algérie – et va permettre de discréditer toute approche un peu critique de la situation marocaine.

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5 mars 2015 4 05 /03 /mars /2015 16:03
Le poivrot et le philosophe : excès de zèle après Charlie !

Finalement le tribunal administratif a débouté JF Chazerans et donc justifié la sanction rectorale !

 

 

Le tribunal administratif de Poitiers va examiner le 20 septembre 2017, plus de deux ans après, la requête faite par JF Chazerans, un professeur de philosophie muté d'office suite à des accusations portées par des parents après l'attentat contre Charlie.

Dernier épisode : le Recteur mute d'office le prof de philo à Thouars pour propos inadéquats ! Voir en fin d'article.

 

 

L’apologie du terrorisme est un délit qui a pu être sanctionné trop brutalement. Un jeune poivrot en a fait l’amère expérience. Il peut aussi  servir à un Recteur à mettre sur la touche un prof de philo dérangeant. Et ne parlons pas de gosses de primaires convoqués dans des commissariats, car là on frise le délire répressif*.

 

C’est Maître Eolas qui raconte. En résumé, un jeune de 21 ans, sans aucun antécédent judiciaire, quelque peu pochtronné, est arrêté par des policiers pour tentative de vol de voiture. La tentative est si peu avérée que le procureur la juge non fondée. Donc pour une infraction non commise, le garçon est alpagué. Il se rebelle.

« Il est plaqué au sol, menotté, explique au tribunal que les policiers lui font très mal, il leur crie d’arrêter, ils n’en ont cure, et la colère explose sous l’effet cumulé de l’alcool, de la douleur, et de l’impuissance. Il agonit d’injures les policiers en des termes les invitant à commettre l’inceste sur leur mère et imputant à celle-ci une activité professionnelle de pierreuse. Mais dans le flot des paroles se trouvent les mots fatals : « Vous allez voir les jihadistes, ils vont vous mettre une balle dans la tête, voyez les dégâts qu’il a faits, mon cousin Coulibaly, il n’a pas flingué assez de mecs comme vous » ».  Propos rapportés par les policiers, bien sûr.

 

Le malheureux niera. « La présidente, en temps ordinaire déjà irascible, est déchaînée et oublie toute mesure dans son ton et ses questions. » Ostensiblement, elle fera sentir à l’avocat que son plaidoyer l’indiffère. Le procureur, lui aussi déchaîné, avait demandé 16 mois, dont 8 fermes avec maintien en détention, malgré l’absence de casier. Il les obtiendra. Faut-il noter que cette présidente et ce procureur, qui déshonorent la Justice plus qu’ils ne la servent, doivent sévir à longueur d’année ?

Jean-François Chazerans, prof de philo, a lui aussi été accusé d’apologie d’actes de terrorisme. Sur une plainte de parents d’élèves. Jacques Moret, Recteur de l’Académie de Poitiers, le suspend illico presto ! Et transmet la plainte au procureur de la République. « J'ouvre une information judiciaire pour apologie d'actes de terrorisme, déclara Nicolas Jacquet, procureur de la République. L'enquête a été confiée à la PJ de Poitiers. ». Auditions d'une dizaine d'élèves de Terminale ES3. Puis huit heures de garde à vue pour notre prof.

Qu’un soi-disant philosophe dépasse le mur du çon, Finkielkraut et Onfray sont là pour le démontrer. Mais eux ne sont pas sous la coupe d’un Recteur qui envoie de mystérieux Inspecteurs de l’Académie** pour enquêter. « L'enseignant aurait tenu des propos déplacés pendant la minute de silence. » Sauf que, apparemment, ledit enseignant n’était plus de service pendant ladite minute. Ce que les enquêteurs diligentés par le Recteur auraient pu constater simplement en consultant son emploi du temps.

 

Prof rebelle et militant d'extrême-gauche très engagé

 

Serait-ce succomber au syndrome complotiste que de soupçonner, dans la suspension immédiate de ce prof, une sorte de règlement de comptes.

De fait, un drôle de paroissien, si l’on peut dire que ce Chazerans. Très impliqué dans des pratiques philosophiques diverses, à l’école primaire, en collège, en SEGPA, et dans la cité, il a eu l’audace de s’opposer à un Inspecteur Général (IG), J.-Y. Château, qui condamnait justement les pratiques philosophiques à l’école, allant jusqu’à dire qu’elles contredisaient le principe de laïcité !

Non content de contrer un IG, le bougre est engagé dans des groupes des plus suspects – pour un Recteur s’entend – comme le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux, le collectif de défense des sans-papiers, France Palestine et RESF. Il présidait aussi un centre socio-culturel, mais accusé de mélanger ses casquettes en y organisant un Forum anti-répression, il avait été contraint à la démission.

 

En gros, dans le cours visé, la classe de terminale se divise en deux camps : les uns à fond « Je suis Charlie », les autres estimant que Charlie-Hebdo avait été trop loin. Le prof aurait déclaré que les journalistes de Charlie étaient des « crapules » mais il s’agissait « dans son esprit d'un terme affectueux et commémoratif ».

Le cours ensuite dérapa sérieusement, quand il aurait projeté le blog d'un collègue du lycée contenant un article au titre engagé : « Le terrorisme, produit authentique de l'impérialisme » et comparé l’intervention française au Mali à du terrorisme. A priori, tout cela relèverait plus de la propagande pour une vulgate néo-marxo-tiermondiste que d’un cours de philo. Mais, dans cette reconstitution, il manque le ton, l’ironie éventuelle, la circulation de la parole, la chair même des échanges.

 

Et le procureur de conclure que tout cela ne constitue pas un délit d'apologie d'actes de terrorisme. Sur le plan pénal, l'enquête est donc classée sans suite. Ce qui n’empêche pas, le même procureur, de sortir de son rôle en déclarant : « Il demeure que les propos tenus par cet enseignant le jour même d'un deuil national […] peuvent apparaître particulièrement inadaptés, déplacés et choquants ». (Nouvelle République)

 

Retour à l’envoyeur, si on peut dire. Le Recteur qui avait saisi le Parquet se voit renvoyer le dossier. Il devra s’en débrouiller devant la commission disciplinaire qu’il a convoqué le 13 mars. Commission paritaire où il se peut que parmi les représentants de l’administration certains aient côtoyé Chazerans quand il était détaché à plein temps dans la Mission Académique TICE !

 

Deux destins très contrastés. Un jeune homme de 21 ans dont, à part l’ébriété, on ne sait rien. Un professeur de philo dont on peut suivre le parcours très militant. Le premier, victime d’une justice d’abattage. Le second frappé d’une suspension précipitée pour un dossier pénalement vide et disciplinairement fragile.

« Non seulement cette répression absurde est inutile, mais elle est dangereuse. C’est une défaite de la Raison. » Maître Eolas

 

 

* Voir Le droit de l’enfant d’être « con »

** Naguère les Inspecteurs d’Académie (IA) se divisaient en deux branches : territoriale et disciplinaire. Les IA-DSDEN à la tête des départements et les IPR-IA, Inspecteurs pédagogiques régionaux. Les 1ers sont devenus des adjoints du Recteur, les DASEN, sous Chatel. Ne reste donc que les IPR-IA : on peut supposer que le Recteur a envoyé celui de Philo, mais on ne voit pas qui pouvait être le deuxième.

NB En fait, il s'agissait de 2 IPR-IA "établissements et vie scolaire" qui ont joué semble-t-il les enquêteurs auprès des élèves.

UNE SANCTION LOURDE ET ARBITRAIRE

Jean-François Chazerans, professeur de philosophie au lycée Victor-Hugo, à Poitiers, pour avoir, selon le rectorat, « tenu des propos inadéquats en classe », après l'attentat de Charlie Hebdo, s'est vu « infliger », hier par courrier, un « déplacement d'office dans la zone de remplacement des Deux-Sèvres ». (La Nouvelle République 28/03/15)

C'est la sanction la plus lourde pouvant être infligé au niveau rectoral.

Bien sûr, Chazerans, contestera cette sanction par un recours au Tribunal Administratif. Mais le TA mettra des mois à se prononcer et le recours n'est pas suspensif.

Puisqu'on n'est plus dans l'émotion, force est de constater que, pour ne pas perdre la face (et peut-être régler des comptes), le Recteur donne dans l'arbitraire, car, comme le fait remarquer l'avocat, cela voudrait dire qu'on peut tenir des propos inadéquats à Thouars, mais pas dans un lycée de Poitiers. Si, comme l'affirme le Recteur  "les agissements de ce professeur ont porté atteinte non seulement à l'image de la fonction enseignante mais à celle du service public de l'Éducation nationale" , c'était la radiation qui s'imposait.

Ne serait-ce pas le Recteur Jacques Moret, qui, au lieu de classer un dossier imprudemment ouvert et mal étayé, ternit gravement l'image de l'Education Nationale par son acharnement ?

 

 

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22 juin 2013 6 22 /06 /juin /2013 10:59
Tract des cagots envoyé à une adresse professionnelle

Tract des cagots envoyé à une adresse professionnelle

Surprise d’un personnel de l’éducation nationale : il reçoit à son adéle professionnelle (@ac-nantes) un appel d’une officine faussement intitulée « solidarité pour tous ».

 

Soutenez Nicolas et les victimes de la répression d'Etat !

2 mois ferme et 2 mois avec sursis. 1000€ pour les policiers qui l'ont étranglé. Mandat de dépôt dans la foulée.
Est-ce un délinquant qu'on emprisonne ?
Non, il s'agit du jeune Nicolas, devenu prisonnier politique pour avoir pacifiquement exprimé son opposition au mariage pour tous.

Comme lui, de nombreuses personnes sont actuellement inquiétées par la justice et par les forces de police, aux ordres du duo Valls/Taubira, dont les mesures répressives augmentent jours après jours. Pour aider les inculpés, les embastillés, les persécutés judiciaires, Solidarité pour tous, association loi 1901, a été créée. Elle est le lien entre les victimes de la répression, leur famille et leurs avocats. Aujourd'hui, c'est Nicolas qui est emprisonné : demain, cela pourrait bien être vos enfants que le gouvernement embastillera sans aucune raison, si ce n'est celle de contester pacifiquement une loi portant atteinte à la famille.

Vous pouvez agir dès à présent, en faisant un don à l'association, don qui servira à payer les frais de justice, les condamnations et les frais imposés aux familles (transport, logement, etc.). Un don qui permettra également à Nicolas, et aux autres qui risquent malheureusement de suivre, de tenter de survivre et de s'en sortir en prison, au milieu des vrais délinquants. Un don qui, grâce au système de la déduction fiscale que propose l'association Solidarité pour Tous, vous permettra de mettre à contribution l'Etat, et de le faire payer pour les victimes de sa répression folle. En effet, vos dons sont défiscalisables à hauteur de 66%.

Les victimes de la répression politique comptent sur vous dès à présent. N'hésitez plus, venez-leur en aide !

Association Solidarité pour tous
solidaritepourtous@laposte.net
www.solidaritepourtous.fr


 

 

Peut-être s’agit-il d’un collègue bigot qui lui fait suivre cet appel à cracher au bassinet pour la défense d’un sauvageon – pardon d’un « prisonnier politique » - un certain Nicolas qui, bien que visiblement gaulois de souche, s’était conduit comme une racaille basanée, renversant une pizzeria, fuyant la police, refusant de donner empreintes et ADN ? Mais tout laisse à craindre qu’il s’agisse d’un piratage d’adéles à grande échelle.

Nicolas, menotté et étouffé sur le ventre, durant son transfert en Garde à Vue

Nicolas, menotté et étouffé sur le ventre, durant son transfert en Garde à Vue

N’en jetez plus : étranglé par les policiers, puis étouffé, le martyr est toujours vivant ! Après un tel traitement, Tonton Ali ne s’en est pas remis. Faut-il parler aussi de Mohammed Boukrourou, victime d’une « altération cardiaque » ?

 

Que répondre à ce tract débile ? Eh quoi, cette belle police du temps de MAM, Hortefeux, Guéant s’est transformée en guépéou, aux ordres du socialo-bolchevik Manuel Valls ? Et les inamovibles juges du siège se plierait à de clandestines instructions de Christiane Taubira ? Oubliant que tout ce qui est excessif est insignifiant, nos cagots n’hésitent pas à parler d’embastillés, de persécutés judiciaires, victimes de la répression politique, répression folle !

 

Et cette pseudo-association prétend que ces dons (incontrôlés) auraient droit à la déduction fiscale de 66 % : que fait l’administration fiscale de la quasi dictature, car cette déduction n’est pas automatique, mais soumise à des conditions que visiblement cette officine ne remplit pas ?

 

PS Comme d'habitude Maître EOLAS fait une analyse extrêmement pointue du cas Nicolas B. qui anéantit tous les mensonges de ces cagots !

 

 

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26 septembre 2008 5 26 /09 /septembre /2008 18:12

Un ami de 40 ans m'a transmis une pétition intitulée « La laïcité ne doit pas plier devant Benoît XVI ». Outre que la formulation est un peu incongrue  (Les laïcs ne doivent pas plier devant Benoît XVI  ou La laïcité ne doit pas plier devant le cléricalisme de Benoît XVI m'auraient paru plus logiques), le problème n'est pas B. XVI mais Sarko.

 

Que B. XVI réinstaure la messe en latin, remette des habits sacerdotaux à la somptuosité indécente et veuille que ses fidèles s'agenouillent devant lui langues tendues pour recevoir une petite rondelle de pain azyme... en bref veuille tirer un trait sur Vatican II (comme d'autres veulent le faire sur Mai 68), me semble navrant. Mais les cathos pourront me rétorquer que c'est leur problème et pas le mien. Qu'il veuille interdire le divorce, la contraception, les relations homosexuelles, etc. à ses ouailles, là aussi, c'est leur problème.

 

En revanche, si, affirmant que ces prescriptions obéissent à une "loi naturelle", son église tente, comme en Italie, comme en Espagne, de remettre en cause des lois votées par les pouvoirs législatifs de ces pays (ou de bloquer la discussion de ces lois), on est en droit  d'attendre, d'exiger même, de nos gouvernants que, comme Zapatero en Espagne, ils sachent dire non à ce cléricalisme* agressif.

Notre Chanoine de Latran avait servi sur un plateau une "laïcité positive" dont B. XVI s'est empressé de se saisir. Accoler un adjectif à laïcité ne serait pas un crime, si, en parlant d'avènement, on ne laissait entendre que la laïcité serait négative. Démontrant soit leur ignorance, soit leur cynisme, le pape et le chanoine inversent les rôles. Ne leur en déplaise, entre Aristide Briand et Pie X, le libéral (au sens politique du terme) et l'homme de compromis fut le premier, l'esprit obtus et sectaire, le second.

 

Cette inversion se retrouve s'agissant de la science où B. XVI voudrait nous faire croire que la raison est du côté de la recherche de Dieu** et non de celui de la science. Comme le rappelle Y. Quiniou (« Le pape contre la science », Le Monde 20/IX/08), la science n'a pu « se développer qu'en s'appuyant sur une raison qui a fait abstraction des croyances religieuses ». Galilée (qui ne fut jamais réhabilité au prétexte que le tribunal qui l'avait condamné n'existait plus) ou Darwin furent la preuve de l'obscurantisme de l'Église catholique. Il eût été bien inspiré, ce pape, de lire Jean Baubérot, un parpaillot il est vrai, qui distingue l'agnosticisme en quelque sorte méthodologique auquel il s'astreint dans son travail scientifique et le plan du symbolique où il se situe comme croyant.

 

Et c'est Alfred Grosser, dans un éditorial d'Ouest-France (23/IX/08) qui interpelle le pape sur la morale : « Pénétré de ses certitudes, Benoît XVI savait-il vraiment que, dans le public qui l'écoutait [...] au collège des Bernardins, nombreux étaient ceux qui ne croyaient en aucun dieu et surtout pas en un fils de dieu ressuscité ? [...] Sa raison n'était pas leur raison. [...] Benoît XVI a paru considérer que le Dieu de l'Écriture était la seule source de la morale ». Évoquant une dimension fondamentale, à ses yeux, de la morale - la tolérance, le respect de l'autre - Alfred Grosser ajoute : « Le pape se veut "semeur de charité". Mais l'Église catholique n'a accepté la liberté religieuse et n'a condamné la coercition que le 7 décembre 1965 » au concile Vatican II.

 

Peu me chaut que M. Ratzinger, dit Benoît XVI, affirme que la raison est du côté de la foi ou qu'il n'y a de morale que fondée sur sa croyance, serait-on tenté de dire. Sauf que, s'agissant de la morale, dans sa comparaison entre le curé et l'instituteur, le chanoine de Latran disait à peu près la même chose.

 

Le problème n'est pas Benoît XVI, le problème c'est Sarkozy !

 

* Cléricalisme, volonté obstinée des papes et du clergé à subordonner la société civile à la société religieuse, à vouloir étendre à la société politique les règles et méthodes de cette Église, à utiliser des armes spirituelles à des fins temporelles, à se servir du pouvoir politique pour imposer sa vision morale, individuelle ou collective (d'après Marc Ferro).

** Une  « culture purement positiviste » qui relèguerait dans le subjectif la question de Dieu constituerait un abandon de la raison, autant qu’un abandon de Dieu et que la recherche de Dieu constitue « le fondement de la culture véritable » (Discours des Bernardins)

Le premier montage est l'oeuvre de Maître Eolas (www.maitre-eolas.fr)

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