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Les ibères sont rudes. Tout au moins leur vie politique est dure à comprendre.

Pour donner une petite idée de cette complexité, voici les alliances d’Izquierda Unida (Gauche Unie) aux élections législatives de 2011.

Outre son allié national, Izquierda Republicana, cette gauche très plurielle va s’allier avec :

  • Iniciativa per Catalunya Verds - Esquerra Unida i Alternativa (ICV-EUiA), en Catalogne
  • Chunta Aragonesista (CHA), en Aragon
  • Batzarre, en Navarre
  • Les Socialistas Independientes de Extremadura (SIEX), en Estrémadure
  • Le Partido Democrático y Social de Ceuta
  • Canarias por la Izquierda (CxI) y el Partido por los Servicios y de los Empleados Públicos (PSyEP), Canarias Verde y Roja : La Izquierda Plural, à Las Palmas (Canaries)
  • Iniciativa por El Hierro (IpH), à Santa Cruz de Ténériffe (Canaries)
  • Coalición por Melilla, à Melilla

Mais aussi avec une Fédération Verte formée de

  • Els Verds del País Valencià (EVPV) à Valence
  • Els Verds - Opció Verda (EV-OP) en Catalogne
  • Gira Madrid-Los Verdes (GM-LV) à Madrid
  • Los Verdes de Asturias en Asturies, bien sûr
  • Federación Verde de Izquierda Unida ainsi que les Ecosocialistas tous deux de la région de Murcie
  • Federación Verde de Izquierda Unida en Andalousie
  • Federación Verde de Izquierda Unida en Castille et Leon
  • Federación Verde de Izquierda Unida en Castille-La Manche

Les élections catalanes ont montré la diversité des partis régionaux souverainistes. Le Pays Basque compte aussi, outre Eusko Alderdi Jeltzalea - Partido Nacionalista Vasco (EAJ-PNV) Parti nationaliste basque, autonomiste centriste, Eusko Alkartasuna (EA) (=Solidarité basque), autonomiste aussi mais plus à gauche ou Herri Batasuna (HB) lui franchement indépendantiste. Et les récentes élections régionales et municipales ont révélé une mosaïque de partis locaux.

L’alternance PSOE/PP

 

Sauf que vu d’outre Pyrénées, après la transition démocratique, la vie politique espagnole semblait d’une simplicité quasi Britannique avec une alternance du PSOE et du PP, les deux grands partis nationaux. Et, à la marge Izquierda Unida et Unión Progreso y Democracia (UPyD).

 

   Au pouvoir d’octobre 1982 à mars 1996, avec Felipe González, soit durant plus de treize ans, le PSOE gouverne de nouveau l’Espagne de mars 2004 à décembre 2011 avec José Luis Rodríguez Zapatero.

  Le Parti Popular (PP) de son côté, emmené par José María Aznar, a remporté les élections générales de 1996, puis celles de 2000, où il obtient même la majorité absolue au Congrès des députés. En 2003, Aznar se retire au profit de Mariano Rajoy qui est battu en 2004. Il s'imposera avec la majorité absolue aux élections générales de 2011. Le PP est l’héritier direct de l’Alliance Populaire fondés pas d’anciens ministres franquistes pendant la Transition démocratique.

 

Mais ce paysage politique contrasté – deux partis nationaux d’alternance, un patchwork de micro-partis régionaux, des partis autonomistes voire indépendantistes ancrés surtout en Catalogne et Pays Basque-Navarre – se diversifie au niveau national.

Certes, il y avait déjà deux autres partis nationaux à côté du PSOE et du PP.

Unión Progreso y Democracia UPyD naît dans le Pays Basque, avec notamment  Fernando Savater qui luttait contre l’ETA et Rosa Diez, une eurodéputée PSOE, qui, honnêtement démissionne de ce mandat, pour fonder le nouveau parti. Il se veut ni de droite ni de gauche, mais progressiste et transversal. Il défend la laïcité et l’état de Droit espagnol contre les nationalistes séparatistes. Son meilleur score a été de 6,50% aux européennes de 2014. L’apparition de Ciudadanos l’a semble-t-il annihilé.

Izquierda Unida (IU) est né en 1986, au lendemain d’un référendum sur l’adhésion de l’Espagne à l’OTAN. Ce Front de gauche réunissait le Partido Comunista de España (PCE), le Partit Socialista Unificat de Catalunya (PSUC), le Partido de Acción Socialista (PASOC), l’Izquierda Republicana (IR), la Federación Progresista (FP), le Partido Humanista et le Partido Carlista, le Partido Comunista de los Pueblos de España (PCPE) et le Colectivo de Unidad de los Trabajadores-Bloque Andaluz de Izquierdas (CUT-BAI) ! Le seul Parti communiste représente 80% de l’ensemble.

De 1989 à 1999, il est dirigé par Julio Anguita, une sorte de Mélenchon avant la lettre, puisque plus occupé à attaquer le PSOE que le PP, à tel point que les bons rapports qu’il entretenait avec Aznar l’ont fait soupçonner d’être son allié de fait pour éradiquer le PSOE. Cet anti-PSOE a encore sévi récemment en Andalousie (en revanche dans les Asturies ce fut Podemos qui faillit faire capoter la victoire de la gauche et IU qui fut unitaire).

En 2009, après des résultats désastreux aux européennes (3,8%) IU lance une refondation. Les organisations adhérentes sont toujours le PCE et sa branche jeune, l’Unión de Juventudes Comunistas de España (UJCE) auxquels s’adjoignent l’Izquierda Abierta (IzAb), l’Izquierda Republicana, qui y revient en 2010 après s’être retiré en 2002, les Ecosocialistas de la Región de Murcia, l’Iniciativa por El Hierro (El Hierro est une île des Canaries) et le Partido Obrero Revolucionario. Aux européennes de 2014, il frôle les 10%.

 

Mais même IU n’a jamais – malgré la volonté d’Anguita de les surpasser – vraiment gêné l’alternance PP/PSOE.

 

IU, aux dernières élections du 20 décembre 2015, a tenté de former une alliance avec Podemos, mais, devant son refus, s'est allié avec les plate-formes locales baptisées Ahora en Común prenant le nom d'Unidad Popular

Le jeu à quatre

La survenue brusque de Podemos puis de Ciudadanos transforme le jeu à deux en jeu à quatre.

Podemos est certes – mais comme beaucoup de mouvements locaux qui ont joué un plus grand rôle aux municipales – l’enfant du Mouvement des indignés (Movimiento 15-M, aussi appelé movimiento de los indignados). Il l’inscrit dans son message fondateur en 2014 : convertir l'indignation en changement politique. Lancé en janvier, créé officiellement en mars, Podemos fait presque 8% aux européennes en mai 2014 ! Et ce sera le point de départ d’une ascension de sondages en sondages, qui culminera en janvier 2015, avant de se dégrader à partir de juillet. De 1er en janvier, il tombe à 4e en novembre, dans les sondages.

Ciudadanos – Partido de la Ciudadanía (C's) est né lui, en 2005. Mais il est d’abord ancré en Catalogne et s’oppose aux partis catalans souverainistes.

Sa percée réelle est cependant modeste aux élections catalanes de 2010, mais il double ses voix en 2012. Aux européennes de 2014, il fait un score médiocre (3%). En Andalousie, puis dans les élections régionales et municipales qui suivent, il prend une dimension nationale. En Catalogne , il prend la tête des partis anti-indépendance en 2015 avec presque 18%. Et, dans les sondages, depuis juin, il connaît une montée spectaculaire.

Sauf en ce qui concerne ce que ses adversaires catalans nomment espagnolisme, C’s se veut modéré et pragmatique ; un parti attrape-tout, plutôt libéral économiquement mais aussi au sens sociétal du mot car, contrairement au PP, il défend l’iVG ou le mariage homosexuel.

Une vidéo assez dépouillée de C's (à l'inverse de sa 1ère affiche, Rivera est le seul habillé)

Faut-il ajouter que la situation espagnole n’a rien à voir avec celle de la France ?

 Son taux de chômage est plus du double de celui de la France (22,5 contre 10,8). Son déficit public en 2014 est aussi bien supérieur à celui de la France (-5,8 contre -4%).

Son histoire non plus n’a rien à voir avec la nôtre. Le régime de Vichy, à beaucoup d’égards comparables au régime de Franco, n’a duré que quatre ans. Celui de Franco a sévi de 1936/1939 (guerre civile) à 1977 !

Podemos n’est pas le Front de gauche. Ciudadanos n’est pas le Modem. Et si le PP est au moins aussi pourri que Les Ripoublicains, il n’a pas laissé de place sur son extrême-droite.

 

 

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Publié par JFL J.-F. Launay - dans Espagne PSOE PP Podemos Ciudadanos IU UPyD Julio Anguita Felipe González

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