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4 septembre 2018 2 04 /09 /septembre /2018 15:38
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Mise à jour 21 novembre 2020 : Jean-Pierre Sautreau signe l'éditorial de la revue GOLIAS.

Mise à jour 9 novembre 2020 : M le magazine (Le Monde) consacre une page à cet acte de repentance de l'évêque et le Sans culotte 85 publie l'intégralité de son enquête en 2012.

Mise à jour 23 octobre 2020 : l'évêque de Luçon, François Jacolin, fait acte de repentance.

De l’enfance à l’enfer. Vocation supposée, vocation imposée. Ainsi un gamin de 11 ans est coupé des siens, de sa mère surtout, pour l’enfermement du petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, pas loin de Montaigu.

Un récit, sur fond de pédophilie, qui vient en résonance avec l’actualité.

Rentrée des sixièmes en 1960 (sauf erreur, Jean-Pierre Sautreau est le 1er à gauche au 1er rang).

Rentrée des sixièmes en 1960 (sauf erreur, Jean-Pierre Sautreau est le 1er à gauche au 1er rang).

Un arrachement

 

Dans mes deux derniers livres Dans le jardin de mon père et Au fil de ma mère  j’ai, à travers ces figures parentales, évoqué mon enfance, sa décennie heureuse. Leurs lecteurs attentifs ont pu, par endroits, entrevoir des allusions aux cruelles années de déchirure qui allaient la suivre. L’année de mes onze ans, j’ai été mystérieusement recruté pour devenir prêtre. Et je me suis retrouvé avec une centaine de gamins, cette année-là, en sixième au Séminaire de Chavagnes en Paillers. J’ai vécu cet exil comme un véritable arrachement, des miens, de mes copains, de mon lieu, de ma vie ordinaire. Là, n’ayant pas la vocation supposée et me trouvant pris dans des rouages implacables, j’ai paradoxalement traversé de longues années d’enfer.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

D’une décennie heureuse à 6 ans d’enfermement

 

Ce récit s’attache à relater ce basculement d’une décennie heureuse dans une très longue période de six années d’enfermement physique et psychologique au Séminaire. J’y décris, en revenant particulièrement sur l’atmosphère des deux premières années de formation et fondation, sixième et cinquième, le quotidien disciplinaire, la rigide organisation interne et les rudes règles de vie inhérents à l’établissement. Avec l’idée de notamment mettre à jour les mécanismes très réfléchis mis en place par lesquels on visait à déconstruire les personnalités pour construire de parfaits soldats de l’Église. Je n’irais pas jusqu’à parler de soldats de Dieu, car Dieu dans tout ça…J’évoque aussi malheureusement les mœurs pédophiliques de certains prêtres, dont j’ai été moi-même victime.

Sous forme d’enquête, de recoupements, je me suis aussi intéressé à l’invraisemblable machinerie du recrutement sacerdotal. Car pendant des années et particulièrement dans les années 50 et 60 pour faire face à son développement et ses ambitions hégémoniques, l’Église a bâti toute une stratégie, tout un réseau d’enrôlement. Une fabrique à grande échelle de vocations avec, à sa tête, une éminence, elle aussi à la main leste, vouée entièrement au recrutement des « vocations » et qui a parcouru pendant des dizaines d’années la Vendée, allant de foyers en retraites paroissiales pour semer la bonne graine à prêtrise dans des têtes innocentes.

Dans des têtes innocentes…voilà bien l’autre scandale de cette époque et de cette triste réalité. Comment imaginer dans ces têtes d’enfants de 10 ans et de surcroît dans ces années 50 et 60 une réflexion mûrie autour d’un tel choix et une libre détermination. Le taux de renoncement en cours de parcours (autour de 90% en est une preuve). Pensons qu’aujourd’hui l’on situe à 15 ans l’âge de maturité affective et de consentement…Ainsi, beaucoup sortiront très marqués de cette épreuve, rincés psychologiquement et physiquement écartés d’une normalité de l’existence dans laquelle ils devront, à leur sortie, se réinsérer. Alors, souvent seuls, ils s’éloigneront plus ou moins des leurs, se renfermeront en gardant le silence sur ces années et s’investiront dans des situations que leur ouvriront (seul point positif) ces très exigeantes années de discipline et d’instruction.

Une forme de résilience

 

Cette histoire dont j’ai entamé l’écriture il y a trois ans, mon histoire, remonte à 60 ans. Jusque-là, je l’avais mise sous le boisseau par peur de réveiller des monstres en remuant tout ça. Par lâcheté et peur de devoir affronter l’incompréhension et la condamnation dans une Vendée tellement marquée par sa relation historiquement intouchable avec l’Église. Mais justement, j’arrive à un âge où j’estime que cette Histoire doit être connue, peut-être débattue. Et puis elle est l’histoire d’un tas de gamins de cette époque qui, pris dans ce système, vivent avec encore, souvent dans le silence et le déni de sa réalité. Et il y a l’actualité qui devrait gommer les éventuels doutes sur mon témoignage.

J’ai voulu aussi l’écrire pour trouver enfin une certaine forme de la résilience chère à Boris Cyrulnik. En écrivant mes deux derniers livres j’ai refait avec bonheur un bout de chemin vers mes parents, des parents dont longtemps j’ai questionné la responsabilité dans cet enrôlement. Reste à me réconcilier avec moi-même et repartir de plus belle dans l’écriture.

 

Jean-Pierre Sautreau

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

La fabrique du cléricalisme

La fabrique du cléricalisme, tel pourrait être un sous-titre du dernier livre de Jean-Pierre Sautreau.

Non pas celui des anti-cléricaux – « le cléricalisme voilà l’ennemi » - celui qui veut imposer – et qui impose souvent (Argentine par exemple) – son dogme à la société entière. Mais le cléricalisme que dénonce le pape, celui de ces prêtres, de ces religieux ou religieuses, qui, se voyant sacralisés, se croient au-dessus du troupeau des fidèles. Et ce livre décrit bien comment cette distinction sert d’appeau pour attirer des gamins de familles calotines vers l’enfermement du petit séminaire, en leur prêtant une vocation que certains n’ont même pas exprimée ! À 9, 10 ou 11 ans. Et ensuite, pour formater ce futur pasteur des pauvres pécheurs, il est soumis à un véritable lavage de cerveau, une castration mentale ; la violence physique n’est pas absente avec un surveillant ensoutané et sadique ; mais la violence est d’abord dans un reconditionnement par le silence et la prière ; reconditionnement vérifié et renforcé par le directeur de conscience qui, chaque semaine, va disséquer, dans sa chambre, les résultats scolaires, le comportement, sans oublier la classique confession avec une chasse obsessionnelle aux pensées impures.

"L'emphase portée sur l'élection divine du prêtre, dont la vocation est appelée à se développer comme un "germe" à l'abri du monde dans le milieu fermé des séminaires triomphe au XIXe siècle,"siècle des curés". Face à un peuple de fidêles sans aucun pouvoir au sein de l'institution, s'impose la figure d'un prêtre porteur de tous les attributs du sacré...

La famille devient le lieu par excellence de son [l'église] emprise normative, avec une obsession croissante pour le contrôle de la sexualité des fidêles, principalement à travers la confession."

D. Hervieu-Léger

Télérama

 

La loi du silence

Alors comment appeler les seize heures qui s’égouttent entre la prière du matin et celle du soir, uniquement entaillées dans l’air goulûment avalé des récréations ? Le temps de la langue arrachée. Le temps de la parole gelée. Silence est leur mot étalon qui tranche nos minutes et chaîne tous nos actes et mouvements. Silence est leur mot clef qui nous verrouille et nous séquestre. Silence est leur mot scélérat qui leur offre l’ecchymose des corps et le blanchiment des consciences. Silence est leur mot dieu pour changer en eau bénite notre jeune sang fou. Silence est leur mot silence qui referme sa gueule sur nos bêlements. Silence est le mot totem de notre abattoir à ciel ouvert.

(…)

Couper notre langue, c’est nous couper de nos arrières, c’est couper cette langue ombilicale qui nous relie encore à notre terre d’enfance, à ce terreau de nos fables.

(…)

Silence on prie ! Du matin au soir, du soir au sommeil. La nuit, on garde un œil en prière.

 —Benedicamus Domino, claironne le soutaneux.

 — Deo gratias, gémissent les voix pâteuses.

 — Ave, Maria purissima.

  — Sine peccato concepta, croasse, en se signant, le dortoir agenouillé.

Notre premier souffle est pour le Seigneur. Le dernier le sera aussi : In pace in idipsum dormiam et requiescam, in manus tuas, Domine, commando spiritum meum. Les prières dentent notre noria, battent notre temps. Elles entament et closent chaque repas. Sucres lents. (Benedicite…Benedic, Domine, nos et haec tua dona de tua largite… Amen… Agimus tibi gratias, omnipotens deus…), démarrent et bouclent chaque étude, chaque classe. Tranquillisants sécables. Elles s’écoulent sous le long péristyle d’un vase à l’autre. Notre-Dame du Sceptre est saluée d’un Sub Tuum avant chaque sortie en promenade. Il est bien vu d’abréger la récréation pour faire une visite au Saint Sacrement. Ces prières-là sont pour le rythme, pour la bonne hygiène. Elles sont les amuse-bouches, les mignardises autour des plats de résistance, des mets aux riches fumets qui tiennent à l’âme, la Sainte messe du matin, la méditation apéritive, la salivante lecture spirituelle d’avant le souper, enfin, l’office du soir, gardant le corps, au moins jusqu’à minuit, dans la sainte digestion des sucs spirituels. Le dimanche et les jours de grande fête, on noce, on banquette, messe solennelle, heures catéchistiques et vêpres reculent notre ligne d’oraison. Mal de foi.

 La prière nous ficelle. La prière nous enroule.

 

Extraits

 

Tout cela, sur fond de pédophilie.

Le recruteur-chef, affublé du titre de Monseigneur pour service rendu à la grande chasse vendéenne aux vocations, n’hésite pas à pogner, comme disent les québécois, les délicates coucougnettes des gamins qu’il recrute, des milliers, dans son bel apostolat, dans le saint but, bien sûr, de leur faire confesser ces vilaines et impures pensées. Le sadique surveillant est, pour avoir été surpris avec deux élèves, exfiltré dans une cure (et ses deux victimes virées du séminaire). Et les autres victimes de ces pédotraficants se taisent*. Car, inconsciemment sans doute, ils savent que leur parole serait inaudible, dans cette Vendée où au début du siècle suivant, un évêque fera preuve de repentance, pour cette Eglise trop présente, qui occupait l'espace social et laissait peu de place à des manières de penser et de vivre la vie humaine et la foi d'une manière différente. Poids du cléricalisme donc, omnipotent. Jusque dans leur propre foyer pour des parents si fiers de donner un prêtre à l’église.

Chers parents, j’ai un nouveau Directeur de conscience, mon professeur de mathématiques. Mon stylo se bloque là. Comment leur confier cet incident, cette bêtise comme dit la chansonnette ? Depuis vendredi, je retourne ces instants de confession. Comment mettre en mots cette scène, cette imposition de main ? Comment faire avec ces mots collés au corps ? Quels mots mettre sur cette main hors de portée des mots ? Cette main avancée dans le silence, glissée dans la prière. Comment concilier le complaisant abandon reptilien de mon confesseur et sa traque obstinée de mes mauvais désirs, de mes mauvaises pensées, de mes mauvais touchers ? Comment relier son geste moite à son cramponnement moralisant qui damne mes jeux d’été, animalise mes moindres fibres, bestialise mes pulsions ? Comment regarder ce pourfendeur hérissé par la luxure, par ailleurs s’enflammant à toutes les illuminations de la chair contenues dans ses pénitentiels et caressant dans le poil mes confidences ? Comment le nommer ? Le mot n’existe pas. Il ne fait pas partie des 73 000 articles du Petit Larousse de mon trousseau de rentrée. Je ne trouve pas mon Directeur de conscience entre pédonculé et pédum.

 

Extrait

S’il entre si fort en résonance avec l’actualité, ce livre n’est cependant pas une œuvre de circonstance, ni un simple témoignage, ni un réquisitoire. Mis en chantier depuis trois ans, il vient en contrepoint des œuvres précédentes où papa bine et maman coud. Il conte le dernier été de l’enfance, avant l’enfermement entre les murs gris du séminaire. Il dit la foi simple de parents emberlificotés par les bonimenteurs en soutane. Il fait saisir de l’intérieur l’aveu indicible. Et cette croix sur l’enfance est aussi une croix sur le lien avec la mère.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Ce temps semblait bien fini. Celui où grâce à un système de propagande s’appuyant sur tous les réseaux – écoles confessionnelles, mouvements de jeunesse, curés et vicaires, etc. – visant les mères, qui sont la clé des prétendues vocations, avec une revue à elles réservée, puis la retraite spirituelle où le grand rhéteur Arnaud venait ferrer les gamins appâtés, des cohortes de plus de cent élèves entraient en 6e à Chavagnes. Le vent conciliaire a fait vaciller la quasi théocratie vendéenne de Cazaux. Le petit séminaire a fermé ses portes en 1972.

Mais, depuis peu, on voit réapparaître de jeunes clercs arrogants, parfois à nouveau ensoutanés, incarnant un renouveau d’un cléricalisme qu’ils revendiquent.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Une croix sur l'enfance en Vendée

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Le vendredi 16 novembre, à 20 h 15, une soirée débat sera organisée à l'Espace Plaisance (derrière le collège du Sourdy), à Luçon, en présence de Jean-Pierre Sautreau, animé par Pierre-Yves Bulteau (journaliste).

 

* Cependant un mensuel local s'était fait l'écho, en février 2012, des témoignages de victimes des prêtres du petit séminaire :

 

Victimes de prêtres pédophiles, leur souffrance est éternelle…

 

Abusés dans leur chair et dans leur âme, certains se sont reconstruits ou tentent encore de le faire, d’autres ont enfoui leur extrême souffrance au plus profond d’eux-mêmes pour se protéger ; certains survivent à coups de neuroleptiques, quelques-uns auraient en cours de route décidé d’en finir avec la vie…Tous ont un point commun, celui d’être passé par le petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, qui se révèle pour beaucoup être une machine à broyer les êtres humains plus qu’à les éduquer sainement selon les préceptes vertueux de l’église catholique. Enfants victimes d’abus sexuels (attouchements et viols en tous genres), ces hommes âgés de 50 à 60 ans veulent aujourd’hui témoigner des souffrances qui les hantent toujours, afin qu’elles soient écoutées et reconnues. Les faits subis étant prescrits pénalement, ils ont pour cela choisi la voie médiatique, qui reste leur ultime issue pour se faire entendre de tout le monde.

 

Le Sans Culotte N° 52 (février 2012)

 

 

Ouest-France du 27/09/2018 donne un entretien avec Jean-Pierre Sautreau mais sur la page locale (Luçon), alors que le sujet même est en totale résonance avec une actualité dont témoignait Le Monde, daté du 26/09/2018, titrant sur la grande réticence de l'église de France à faire un véritable bilan des abus sexuels commis par ses clercs.

NB Finalement une note de lecture de Philippe Ecalle rend compte du récit de J. P. Sautreau, en page régionale (voir plus bas)

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

La page régionale d'Ouest-France accueille un "on a lu" - signé de Philippe Ecalle - le 28/09/2018.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

 

Dans une pleine page (section "France") intitulée "Les abus sexuels une onde de choc dans l'église", et qui fait écho au communiqué de l'évêque de Luçon, François Verceletto revient sur le récit de Jean-Pierre Sautreau.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Dans un article intitulé

Abus sexuels dans l’Eglise: en Vendée, d’anciens séminaristes brisent le silence

Mediapart fait écho au livre de J.-P. Sautreau :

"Ces derniers mois, les révélations se sont accumulées dans le diocèse de Luçon. Pour la première fois, des prêtres témoignent auprès de Mediapart d’affaires cachées pendant des décennies en Vendée, en suivant un mode opératoire classique, fait de déplacements et de silence organisé. Après deux ans de scandales au sein de l’Église catholique, la chape de plomb a enfin sauté* dans ces terres rurales et conservatrices.

Pour une grande partie des victimes, l’électrochoc s’est produit lors de la publication du livre de Jean-Pierre Sautreau, Une croix sur l’enfance en Vendée (Geste, 2018), paru à la fin août dernier. Dans cet ouvrage, l’auteur décrit un sacrifice des « agneaux » au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers [...]

Jean-Pierre Sautreau, l'auteur du livre Une croix sur l’enfance en Vendée, se rappelle lui aussi précisément de son agresseur, son confesseur. « Il rapproche avec perfidie les aveux du prie-dieu de ses propres observations, écrit-il dans son livre. Là, l’agenouillé est sa proie. La petite bête qui monte, le petit animal immonde est dans ses griffes. Là, il touche à la tache mortelle, à la souillure qui fait du confessé un délinquant. Soudain, fébrile, il se venge ou se risque. »"

 

 

* Dans un communiqué - Pédophilie "Pour l’Eglise il n’y a pas de prescription à la souffrance" le nouvel évêque de Luçon, François Jacolin, reconnaît clairement que  "Dans la période allant de 1950 à 1979, certains prêtres ont failli gravement en commettant des abus sexuels, gestes inacceptables, sur des enfants qui leur étaient confiés dans le cadre du petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers ainsi que dans le cadre de l’institution Saint-Joseph de Fontenay-le-Comte. "

 

Le communiqué épiscopal fait réagir :

OUEST-FRANCE : Vendée. Des affaires de pédophilie secouent le diocèse

mais aussi  l'AFP et d'autres

 

GOLIAS se fait l'écho du livre de Jean-Pierre Sautreau :

Les sacrifiés de Dieu

 

"Parmi les témoignages de victimes d’abus commis par des prêtres, celui porté par Jean-Pierre Sautreau dans son livre est précieux. Il met en lumière des pratiques ecclésiales pour satisfaire le besoin de prêtres et démontre surtout que les abus dans l’Eglise ont toujours existé. L’auteur de cet ouvrage délicat, magnifiquement bien écrit, narre l’expérience vécue au début des années 1960 dans l’ancien Petit Séminaire de Chavagnes-en-Paillers, en Vendée..." Lire la suite

Article et extrait du livre

Un débat sur BFM TV

Prêtres pédophiles: la fin de l’Omerta ?

Depuis 4 jours, les plus hauts responsables de l'Église catholique sont réunis pour lutter contre la pédophilie et les abus sexuels au sein du clergé. Le scandale est mondial avec des milliers de cas d'abus sexuels sur des mineurs. Des communautés pratiquantes s'interrogent dans l'Est des Etats-Unis, en Italie ou encore en Pologne. Que fait la fille ainée de l'église pour protéger les plus jeunes fidèles en France ? - On en parle avec: Jean-Pierre Sautreau, victime d'un prêtre-enseignant en 1959 et 1962. Carole Damiani, psychologue, directrice de l'association Paris aide aux victimes. Et Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne. - Priorité au décryptage, du dimanche 24 février 2019, présenté par Patrick Sauce, sur BFMTV

 

 

Pour compléter :

Splendeur et misère d'un petit séminaire

Actes de la Recherche en Sciences Sociales

 

SOIREE DEBAT 16 novembre 2018

Au moins 200 personnes étaient présentes à cette soirée animée par le journaliste Pierre-Yves Bulteau.

Après un échange entre l'animateur et Jean-Pierre Sautreau, est venu le moment de deux témoignages particulièrement émouvant.

La partie débat fut en fait marquée essentiellement par d'autres témoignages.

 

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
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UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
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CHARLIE HEBDO du 13-02-19 rend compte du livre de Jean-Pierre SAUTREAU

Double page centrale

Article de Laure Daussy et dessins de RISS

 

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
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UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
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Des anciens petits séminaristes vendéens - dont J. P. Sautreau - victimes d'abus sexuels appellent toutes les autres victimes à témoigner devant la Commission Sauvé

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

JDD du 30 juin 2019

 

Pédophilie dans l'Eglise : les victimes des prêtres brisent le silence

 

Un retraité a raconté les attouchements au séminaire

Jean-Pierre Sautreau, 70 ans, a appelé la plateforme dès le 3 juin. Il s'est raconté lui, garçon de 11 ans, subissant les attouchements d'un prêtre au petit séminaire de ­Chavagnes-en-Paillers (Vendée). "J'ai vécu dans le silence, dans la souffrance, dans le déni, soupire-t‑il. C'était indicible, le poids de l'Église était si énorme…" De cette innocence brisée, le retraité a fait un livre, Une Croix sur l'enfance en Vendée (éditions La Geste). Depuis la parution de celui-ci en août 2018, il assure avoir reçu "une centaine de témoignages de victimes", mettant en cause une trentaine de prêtres dans son département.

Extrait

 

Jean-Pierre Sautreau a appelé la plateforme le 3 juin pour dénoncer les attouchements d'un prêtre lorsqu'il avait 11 ans. (YOHAN BONNET POUR LE JDD)

Jean-Pierre Sautreau a appelé la plateforme le 3 juin pour dénoncer les attouchements d'un prêtre lorsqu'il avait 11 ans. (YOHAN BONNET POUR LE JDD)

La visite de la commission Sauvé, à Nantes, le mardi 11/02/2020 a des répercussions en Vendée.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

 

Pédophilie. L’évêque Jacolin en Vendée : « J’ai honte pour mon Église, que je représente »

Au côté de plusieurs victimes réunies à La Roche-sur-Yon, vendredi 23 octobre, l’évêque de Luçon, Mgr François Jacolin a fait « acte de repentance ». Un moment fort qui marque une étape importante avec la reconnaissance publique d’agressions sexuelles et de viols pour 65 personnes dont douze femmes « entre 1940 et aujourd’hui ».

« En les écoutant, j’ai découvert peu à peu la gravité des meurtrissures physiques, morales et spirituelles que les violences sexuelles ont causées en elles. » Dans l’amphithéâtre du lycée privé des Etablières. à La Roche-sur-Yon (Vendée), vendredi 23 octobre, l’évêque de Luçon, Mgr François Jacolin, ne cache pas une part de chemin personnel. Jusqu’à ce jour où, deux ans après les révélations en chaîne déclenchées par la parution du livre de l’écrivain vendéen Jean-Pierre Sautreau, Une Croix sur l’Enfance en Vendée, il fait « acte de repentance pour tous les faits de violences sexuelles commis contre des enfants par des prêtres du diocèse dans les décennies passées ».

Quarante-trois agresseurs connus

L’évêque évoque « quarante-trois agresseurs connus », rapporte la rencontre de 65 personnes victimes de violences sexuelles dont douze femmes, entre 1940 et aujourd’hui. « Je suis conscient que ces personnes rencontrées ne représentent qu’une partie des victimes », insiste l’évêque. À ses côtés à la tribune, quatre victimes participent à la « conférence de presse », dont Jean-Pierre Sautreau. Pour en arriver là, ils regrettent d’avoir eu à « se battre », notamment à travers un collectif. Trois témoignages, dont celui d’une femme violée par son oncle prêtre, soulèvent des sanglots étouffés dans la salle où ont pris place des victimes et des proches.

« Une première en France »

« J’ai honte pour mon Église, que je représente aujourd’hui », expose l’évêque avant d’officialiser : « Certains pasteurs à la tête du diocèse de Luçon ont manqué de lucidité, de courage et de sens de la justice devant de tels actes, aggravant ainsi les souffrances des enfants violentés et exposant d’autres enfants aux mêmes risques. » L es faits se sont notamment déroulés au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, dans les années 1960-1970.

La démarche est, selon l’évêché, « une première en France ». Une plaque sera posée à la cathédrale de Luçon. Une célébration de « repentance pour tout le diocèse » est annoncée dimanche 22 novembre. Des déclarations accueillies par un silence pesant.

« Nous considérons que ces actes qui nous rendent justice sont normaux », explique Jean-Pierre Sautreau. Il salue toutefois la démarche de l’évêque « un homme qui a su passer par-dessus le corporatisme de la profession. » Concernant les réparations financières, Mgr François Jacolin a indiqué : « Si les choses n’allaient pas assez vite au niveau national, je suis prêt à y réfléchir avec les victimes. »

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Pédophilie dans l’Église. L’acte de repentance de l’évêque de Vendée salué mais « normal »

Après la conférence de presse de l’évêque de Luçon qui a fait acte de repentance au nom de l’Église de Vendée pour des crimes sexuels commis sur des enfants par des religieux, des victimes réagissent.

Ce jeudi 23 octobre, Mgr François Jacolin, évêque de Luçon, a fait acte de repentance au nom de l’Église de Vendée pour des actes pédocriminels commis sur des enfants par des religieux vendéens. Des actes notamment dénoncés depuis la prise de fonction de l’évêque de Vendée il y a deux ans et demi et qui ont émergé après la parution du livre de Jean-Pierre Sautreau Une Croix sur l’enfance en Vendée.

« J’ai honte pour mon Église »

« Au nom du diocèse de Luçon, la honte au cœur, je fais acte de repentance pour tous les faits de violences sexuelles commis contre des enfants par des prêtres du diocèse dans les décennies passées », a officiellement exprimé Mgr Jacolin devant des victimes de religieux pédophiles en Vendée et en présence de la presse. « J’ai honte pour mon Église que je représente aujourd’hui », a endossé l’évêque devant une assistance silencieuse.

Après son allocution, des victimes ont pris la parole pour témoigner. À l’issue de la conférence de presse, certaines d’entre elles, confient leur sentiment sur cet acte inédit.

 

« Ces actes sont normaux »

Jean-Pierre Sautreau, auteur d’Une Croix sur l’enfance en Vendée , a pris la parole après l’acte de repentance de l’évêque : « Au nom du collectif, nous voulons saluer l’acte de repentance de Mgr Jacolin. Mais nous considérons que ces actes nous sont dus, qu’ils sont logiques, normaux. »

« C’était très attendu »

François, victime, qui se dit « toujours dans l’Église » : « Cet acte de repentance, il est très courageux, très pertinent. C’était très attendu tellement il y a eu d’impacts, non seulement chez les victimes, mais aussi sur les familles vendéennes. C’était un système qui était en place. Pour le diocèse de Vendée, ça méritait qu’il y ait cet acte-là. Pour l’Église, ne pas faire ça, c’est ne pas se reconstruire. L’Église devait passer par un moment comme ça, pour nettoyer, balayer, arrêter de mettre des rustines sur un mur qui s’effondre. »

François évoque aussi l’affaire récente de soupçons de viols sur 19 mineurs au sein de la Fraternité Saint-Pie X à Saint-Germain-de-Prinçay, une communauté catholique intégriste qui ne dépend du diocèse puisqu’elle ne reconnaît pas Rome. « Ce qui m’a le plus choqué, c’est la phrase du prieur qui disait « je ne pouvais pas le soupçonner, c’est un homme de Dieu ». C’est dramatique, parce que ça veut que, à nouveau, comme dans les années 60-70, le prêtre, le frère, le religieux est intouchable. Ça veut dire qu’il admet que le clerc, le religieux est intouchable et ça, c’est hyper grave. J’ai vraiment connu ça, l’emprise de l’abus spirituel fait que, à un moment, on procède à des attouchements… Et on ne réagit même pas. »

 

«Une date qui restera gravée »

Paul Bernard, victime : « Pour moi, c’est ce que j’attendais de l’évêque. Je l’ai trouvé vraiment sincère et touché. Pour toutes les victimes, c’est une date, le 23 octobre 2020, qui restera gravée. On attend la suite. La reconnaissance, c’est fait, maintenant, on attend la réparation. »

« On ne remercie pas, c’est une chose due »

Jean-René : « On est contents que le travail qu’on a, nous, collectif, avec Mgr Jacolin depuis plusieurs mois aboutisse à quelque chose. Comme Jean-Pierre l’a dit « On ne remercie pas, c’est une chose due. » Et ça n’est qu’une étape vers le règlement de tout. Il faudra aborder un jour la compensation financière. En ce qui me concerne, sur l’indemnisation, ce que nous avons eu n’est pas une opération tarifée et personnellement, tout l’argent que je recevrais, si j’en perçois, je le reverserai à des œuvres caritatives. Je ne veux pas gagner un seul sou là-dessus. Et je pense que c’est ce que beaucoup pensent dans le collectif. »

 

L’engagement de l’évêque à la réparation financière « c’est important »

Yveline, victime : « Je suis contente parce qu’on voit aussi que c’est avec empathie qu’il a pris cette décision courageuse. Dans les années précédentes, j’avais contacté d’autres évêques qui prenaient à la légère mes dénonciations et là, grâce au collectif, nous avançons. C’est une juste reconnaissance de toutes les souffrances. Et la réparation qui est envisagée, même si ça n’avance pas au niveau national, Mgr Jacolin s’est engagé à prendre les choses en mains, ça, c’est important. »

 

 

« C’est insuffisant mais c’est déjà ça »

Vincent, victime : « J’étais de ceux qui étaient très réticents à venir. Je me suis décidé au dernier moment. J’étais de ceux qui cherchent réparation, qui demandaient plutôt justice contre l’institution. Mes camarades m’ont convaincu de venir. Je voulais quelque chose de plus fort mais je crois qu’il faut accepter les premiers pas. C’est insuffisant, mais c’est déjà ça. On va le prendre comme ça. Moi, ça fait plus de cinquante ans que j’attends, faut attendre encore. »

 

En Vendée, l’Eglise ­demande pardon pour les abus sexuels

Le livre de témoignage d’une victime a brisé l’omerta. En Vendée, des dizaines, voire des centaines d’enfants auraient été abusés. L’évêque local a fait acte de repentance. Une première en France.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

« J’ai honte pour l’Eglise que je ­représente. » Les mots de monseigneur Jacolin, évêque de Luçon (Vendée) depuis 2018, sont forts. Ils sont aussi très rares. Le 23 octobre, le prélat catholique a convoqué la presse pour reconnaître publiquement la souffrance des victimes de pédophilie au sein de l’Eglise et faire acte de repentance pour demander pardon. Une première en France. Et une avancée exceptionnelle pour ce département de forte tradition catholique, où le silence a longtemps été une règle sacrée. Selon le diocèse, soixante-cinq personnes y ont été victimes de violences sexuelles entre 1940 et aujourd’hui. Pour quarante-trois agresseurs connus. « Même si on ne connaîtra jamais les chiffres exacts », se désole Jean-Pierre Sautreau, qui estime que les victimes sont dix fois plus nombreuses.

Sans ce retraité de 71 ans, l’acte de repentance de l’Eglise vendéenne ne serait probablement pas d’actualité. Cet ancien banquier a largement contribué à la libération de la parole sur le sujet dans la région. Un livre, Une croix sur l’enfance en Vendée, sorti en septembre 2018 (Geste Éditions), a fait l’effet d’un électrochoc. Dans cet ouvrage, il décrit son enfance dans une famille modeste d’agriculteurs très catholiques. Il consacre plusieurs pages à ses cinq années au séminaire de Chavagnes-en-Paillers, à soixante kilomètres de Luçon. Là-bas, comme 31 autres enfants (au minimum), il sera abusé à l’âge de 10 ans plusieurs fois par des prêtres. « C’était un vrai cluster pédophilique », tente-t-il de plaisanter aujourd’hui. Son livre est très vite en rupture de stock, et Jean-Pierre Sautreau a reçu depuis une centaine de témoignages.

« J’avais peur, je pensais me faire massacrer à la sortie du livre », confie l’auteur, qui a eu un déclic inexpliqué en 2016. Ceux qui osaient parler étaient jusque-là très minoritaires. « En Vendée, l’omerta fait partie du terroir, regrette le retraité. Le prêtre avait un statut d’intouchable. Ceux qui en ont parlé à leurs parents ont reçu une taloche en retour. »

Un an après la parution du livre, le Luçonnais crée un collectif de victimes et exige de l’Eglise de Vendée une reconnaissance de ses crimes. Avant le Covid-19, ces personnes se réunissaient tous les mois, entre « copains ». Jean-Pierre Sautreau a aussi rencontré ­ monseigneur Jacolin plusieurs fois. La première rencontre a été houleuse, avant que l’évêque de Luçon prenne le temps d’écouter les victimes et fasse « un choix très courageux », reconnaît le lanceur d’alerte.

Un abbé condamné en 1999

Pourtant, plusieurs événements locaux auraient pu pousser bien avant l’Eglise à une telle initiative. En 1999, Noël Lucas est condamné à seize ans de réclusion criminelle pour viols sur mineurs de moins de 15 ans. Cet abbé vendéen a, entre autres, abusé de sept frères d’une même famille. L’un d’eux, Jocelin Tesson, raconte : « Quand on est enfant, on pense qu’on est tout seul, alors cette histoire est restée enfouie plusieurs années. Une fois l’affaire révélée, l’évêque Garnier est venu personnellement à la maison pour demander à nos parents de retirer la plainte. Le procès nous a un peu libérés, mais il n’était qu’une bulle qui n’a pas eu d’effet sur la société. »

En 2001, des victimes témoignent dans une émission de France Bleu Loire Océan. Sans conséquences. En 2004, le livre d’une victime évoque déjà les agressions sexuelles, à Chavagnes-en-Paillers, que racontera quatorze ans plus tard Jean-Pierre Sautreau. En 2012, ce séminaire fera l’objet d’une enquête du Sans-Culotte, journal satirique local, qui ne changera pas grand-chose non plus. Alors pourquoi Une croix sur l’enfance en Vendée a-t-il fait autant de bruit ? Jean-Pierre Sautreau tente une explication : « On était dans la période de l’après #metoo, la société avait mûri et était prête à accueillir la parole des victimes. »

Aujourd’hui, l’évêque de Luçon est décidé à ouvrir une nouvelle ère au sein de l’Eglise. « Il est venu le temps de l’écoute, confie ­monseigneur Jacolin. C’est ainsi que l’on pourra lutter contre ces abus. » Même s’il est conscient que pour bon nombre de ­personnes, souvent âgées, il est encore très ­difficile de parler ouvertement de ces faits, le plus souvent prescrits.

« En discuter, c’est appuyer de nouveau sur cette blessure qui ne se refermera jamais », avoue Jocelin Tesson. D’autres ne veulent plus avoir aucun lien direct avec l’institution. Au sein du collectif créé par Jean-Pierre Sautreau, les deux tiers ont coupé les ponts avec la religion. « Je suis incapable de rentrer dans une église aujourd’hui, témoigne l’initiateur du groupe. Il y a un rejet physique. »

Un livre à paraître en 2021

Après l’acte de reconnaissance et de repentance, le retraité espère maintenant une réparation de la part de l’Eglise. Pour l’instant, l’évêque de Luçon s’est engagé à fixer une plaque mémorielle dans la cathédrale, le 22 novembre, pour rendre hommage aux victimes. « Même si le séminaire de Chavagnes-en-Paillers reste un sujet tabou, notamment pour les prêtres de plus de 60 ans, il y a une volonté de faire quelque chose en Vendée, témoigne un prêtre lui-même victime d’abus sexuels dans sa jeunesse et souhaitant rester anonyme. Est-ce qu’il y a la même volonté dans tous les d­iocèses de France ? Je n’en suis pas sûr. »

Jean-Pierre Sautreau, lui, a écrit un nouveau livre dans lequel il s’­attaque au silence de l’Eglise et recueille plusieurs ­témoignages de victimes. L’ouvrage devrait sortir en début d’année prochaine, et son auteur espère bien de nouveau faire bouger les mentalités. En Vendée comme ­ailleurs.

 

 

Editorial de GOLIAS

n° 646

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Le 23 octobre 2020, l’évêque de Vendée a fait acte de reconnaissance et repentance pour les victimes de violences sexuelles commises par ses clercs pendant des dizaines d’années. Cela s’est passé devant toute la presse invitée en conférence et une trentaine de victimes accompagnées parfois de membres de leur famille.


Ces déclarations n’arrivent pas comme un cheveu immaculé sur la soupe catholique. Ils viennent deux ans après la sortie du livre Une Croix sur l’enfance qui a créé un véritable tsunami dans le département, si conservateur, de la Vendée en favorisant la libération de la parole de dizaines de victimes et leur organisation, en collectif à partir de l’été 2019.


Deux mois après sa création, le collectif s’est tourné vers l’évêque pour demander la mise en place d’une commission dans l’esprit de celle de la Ciase, mais vendéenne et la reconnaissance publique de la responsabilité du diocèse dans ces actes pédo-criminels. Avec notamment la dénonciation de sa politique de recrutement des vocations dans les années incriminées, de ses abus de conscience, de pouvoir et d’emprise et de l’omerta qui a couvert ces crimes pendant plus de trente ans.


D’entrée la commission a été refusée. Concernant les autres demandes, il a fallu une vraie détermination au collectif. Longtemps, nous avons eu le sentiment d’une incapacité de l’Église à entendre, surtout appréhender dans sa chair la souffrance des victimes, les terribles conséquences physiques et psychologiques de ces violences sexuelles sur leur existence. Le collectif a été reçu trois fois, en janvier, juillet et octobre 2020. La première réunion a été un fiasco total conduisant le collectif à refuser tout nouveau travail sur les bases imaginées par le diocèse. Les liens ont été renoués en juillet, et en octobre ont été soumis à la discussion les actes de reconnaissance et repentance envisagés par monseigneur Jacolin.


Il a donc fallu deux ans pour entendre la déclaration solennelle de l’évêché. Mais il faut souligner que l’évêque de Luçon est, à ce stade, le premier à avoir eu cette lucidité et ce courage. Bien sûr, il y a le contexte vendéen très particulier avec au moins quatre établissements mis en cause dont le cluster du petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, de nombreuses paroisses, des dizaines de victimes et d’abuseurs (43 cités) dont le célèbre recruteur des vocations, monseigneur Arnaud. Mais il y a sûrement le chemin personnel parcouru par l’homme Jacolin frappé aux tripes par l’écoute des témoignages.


Mais, il est clair que beaucoup de victimes présentes le 23 octobre n’auraient jamais pensé entendre de cet évêque : « Au nom du diocèse de Luçon, la honte au cœur, je fais acte de repentance pour tous les faits de violences sexuelles commis contre des enfants par des prêtres du diocèse dans les décennies passées. »


Pour sa part, le collectif a réagi ainsi : « Nous saluons ces actes forts de reconnaissance et repentance de Mgr Jacolin. Ils révèlent une vraie humanité et un réel courage. Nous les recevons d’un homme profondément marqué dans son cœur et dans sa chair par la terrible vérité des témoignages entendus. Nous les acceptons d’un responsable de l’Église qui a su passer par-dessus le corporatisme de l’institution pour oser, le premier, regarder la cruelle réalité de cette histoire et en endosser la responsabilité.Cependant, même si nous en mesurons l’importance, nous considérons que ces actes de reconnaissance et repentance nous sont dus. Nous rendent simplement justice. Qu’ils sont des actes logiques, normaux. Qu’ils doivent être considérés comme une avancée, une étape sur notre chemin dont le but final est la réparation. »

Jean-Pierre Sautreau

Pour aller plus loin :646. Golias Hebdo n° 646 (Fichier pdf)

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16 septembre 2013 1 16 /09 /septembre /2013 18:19
Castet, évêque de Luçon

Castet, évêque de Luçon

Alain Castet, évêque de son état, lointain successeur de Richelieu, dans l’évêché crotté du bas-Poitou, est-il victime d’harcèlement moral ? C’est en tout cas ce qu’affirme « riposte catholique » : Qui veut la peau de Mgr Castet ?

 

« Mgr Alain Castet, évêque de Luçon, a pensé donner sa démission au Pape, tellement le gouvernement de son diocèse s’avère ardu. Il faut dire que non seulement il n’est pas épaulé, mais aussi qu’il n’a pas su s’entourer de personnes de confiance, à l’exception de son précédent secrétaire particulier, aujourd’hui parti aider une personnalité politique de Vendée. »

 

Jean-Baptiste Doat (photo du "Journal du Pays Yonnais")

Jean-Baptiste Doat (photo du "Journal du Pays Yonnais")

Ce secrétaire, non pas particulier mais général adjoint, Jean-Baptiste Doat avait milité dans les rangs du Mouvement pour la France dont il dirigeait la section « jeunes » - eh oui ! il y avait des jeunes villiéristes – à la suite de Guillaume Peltier. Il est resté proche de celui qui joue les sous-marins F-Haine au sein de l’UMP. Il a donc abandonné le pauvre évêque pour rejoindre le Brutus vendéen, Bruno Retailleau.

 

Pour en revenir à Castet, il est victime de ses propres clercs qui freinent « des 4 fers toute évolution. Le vicaire épiscopal a mis toute son autorité pour empêcher la venue de prêtres de la communauté Saint-Martin dans le diocèse, qui en aurait pourtant bien besoin. »

Ordination de diacres de la "Fraternité Saint Pierre"
Ordination de diacres de la "Fraternité Saint Pierre"
Ordination de diacres de la "Fraternité Saint Pierre"

Ordination de diacres de la "Fraternité Saint Pierre"

Une sainte communauté qui, si l’on en croit un témoignage tiré il est vrai de la sulfureuse revue Golias, pratique la simonie : « J’ai reçu personnellement de cette communauté dont est issu Marc Aillet, [l’évêque de Bayonne], un mail daté du 05/10/2009, me déclinant, tel un devis, le tarif des messes pour le soulagement des souffrances voire la gratitude pour les bienfaits, tout est bon à prendre, soit 1 messe = 16 euros, une neuvaine = 160 euros, un trentain grégorien [classe !] = 530 euros, rien que cela, sans même un prix de gros ! »

 

Et pourquoi notre Castet est-il brimé ? Il « a eu le courage d’effectuer des ordinations à la Fraternité Saint-Pierre l’an passé, au séminaire de Wigratzbad en Allemagne. Ses prêtres le lui ont beaucoup reprochés. Alors depuis cet évènement, Mgr Castet n’ose plus. »

Une « Fraternité » qui aurait réjoui Brassens* : messes en latin, curés en soutanes, catéchisme à l’ancienne et vitupérations contre l’œcuménisme et autres dérives sataniques !

 

* « Ils ne savent pas ce qu'ils perdent, tous ces fichus calotins,

Sans le latin, sans le latin, la messe nous emmerde.

A la fête liturgique, plus de grandes pompes, soudain,

Sans le latin, sans le latin, plus de mystère magique.

Le rite qui nous envoûte s'avère alors anodin,

Sans le latin, sans le latin, et les fidèles s'en foutent

O très Sainte Marie, mère de Dieu, dites à ces putains de moines

Qu'ils nous emmerdent sans le latin. »

Tempête dans un bénitier

Venerabilis barba capucinorum

Mais encore plus passionnants sont les peu charitables commentaires.

Ainsi un patrhaut (admirez au passage la subtilité du pseudo) ose écrire : Je me méfie des barbus. Je me suis toujours méfié des barbus de son âge…

Bernard Latour espère lui que le pape « se penche sur les Intégristes- comme souvent les accusations sont plus adaptées à ceux qui les lancent qu’à leur cible - issus du mélange de Vatican II et de mai 68. » Chant, lui, est pour l’action directe : « Les fidèles n’attendent qu’un geste pour faire exploser ce microcosme de débranchés de Dieu, les appeler progressistes c’est leur donner une certaine reconnaissance qu’ils ne méritent même pas…Ce sont des destructeurs de Dieu… » (comment peut-on être un destructeur de dieu, nom de dieu ?) Patrick de La Rode** n’y va pas par quatre chemins pour "souligner les manquements de cette piétaille de défroqués, homo & concubins souvent !" entendez les clercs dont le vicaire général qui brident Castet, des défroqués car ils ne sont pas ensoutannés !

Pour conclure ces extraits si fidêles à la parole de leur christ (« Aimez-vous les uns les autres » qu’il aurait dit), le commentaire de Bisson : « Et l’on s’étonne que les églises se vident, alors que tant de catholiques souhaitent retrouver la vraie messe. Ayons tous un pensée pour Mgr CASTET, en priant pour qu’il trouve soutien auprès de notre Saint–Père François. »

 

Un mécréant qui joue à l’esprit fort ! s’écrieraient ces cagots en croisade s’ils lisaient ma prose. Mais il me faut bien débloguer, ne serait-ce que pour justifier le titre, et ces calotins fondamentalistes et leur pauvre évêque ne sont-ils pas d’un comique involontaire assuré ?

Enfin, tant qu’ils ressassent leur nostalgie des grandes pompes liturgiques d’antan.

 

 

** Ses liens favoris sur sa page fessebouc sont révélateurs : «Archbishop Marcel F. Lefebvre, Priestly Fraternity of St. Pius X (SSPX), Journal La Croix, Ariane Lumen, LOUIS XX, François Fillon, chateau de caumale.fr, Bottin Mondain, Lalou Bize-Leroy, FIERS D'ETRE CATHOLIQUES !, www.geneanet.org, Parti Chrétien-Démocrate, Soutien à Franck Viallet, Manifestations de soutien au bijoutier de Nice, Soutien au bijoutier de Nice, Le Peuple De La Paix, Front National, Jean Philippe Lecoinnet, Syrie : Non À Une Intervention Militaire Française, Palavas Bleumarine, La Gauche Ma Tuer, Rassemblement des Jeunes Patriotes de Saône et Loire, Rassemblement Bleu Marine pour Menton, MyMajorCompany, Nevers Bleu Marine, Hérault Bleu Marine, 77 Bleu Marine, La femme catholique, Les Z'Amis de Frigide Barjot, Les Maquisards Français le retour, Soutien à Nicolas #Prisonnier politique, La France Va Mal - " Les Patriotes Français ", Solidarité Pour Tous, Colt 1911, Patrie france, FN Epernay, FNJ Menton, Vive la France française, France Armes, LA VÉRITÉ SUR L'ISLAM, Le Jour du Seigneur, Vistaprint France, Collectif contre le mariage et l'adoption homo, La Dissidence, Florian Philippot, Pour que François Fillon soit candidat à la Présidence de l'UMP, Château de l'Herm »

 

Le titre auquel vous avez échappé : Castet castré !

 

 

 

Qui n'a rien à voir, mais qui est intéressant : On peut renier son baptême mais point le canceller (Maître Eolas)

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 21:04

« On ne naît pas femme, on le devient » vs « Et dieu créa la femme »

 

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Après l’article sur le cléricalisme de l’église espagnole, un camarade syndiqué m’avait signalé une polémique qui naissait sur les programmes de SVT de 1ère L et ES, avec l’introduction implicite des études du Genre ou gender studies. Un coup de gogol et je tombe sur des sites intégristes déchaînés et sur la dame Boutin qui se fendait d’une « Lettre ouverte à Chatel ». Marginal, ai-je, bien à tort, pensé. Mal m’en a pris, car peu après ce fut, outre les bigotes associations familiales chrétiennes, la Direction de l’enseignement catholique qui partit en croisade. Un peu jésuitiquement, en s’en prenant aux manuels et non frontalement aux programmes.

 

androgyneCdl126pxQue disent-ils de si scandaleux, ces programmes ? Sous le titre « Féminin, masculin », on peut lire :

« L’étude de la sexualité humaine s’appuie sur les acquis du collège. Dans une optique d’éducation à la santé et à la responsabilité, il s’agit de comprendre les composantes biologiques principales de l’état masculin ou féminin, du lien entre la sexualité et la procréation et des relations entre la sexualité et le plaisir. Ces enseignements gagneront à être mis en relation avec d’autres approches interdisciplinaire (philosophie) et/ou intercatégorielles (professionnels de santé). Il s’agit d’aider l’élève à la prise en charge responsable de sa vie sexuelle. »

Mais c’est surtout le sous-titre « Devenir femme ou homme » qui soulève l’ire de la cathosphère.

« On saisira l’occasion d’affirmer que si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée. Cette distinction conduit à porter l’attention sur les phénomènes biologiques concernés. »

 

androgynesContrairement à ce que la cathosphère veut faire croire, les études du Genre ne nient pas les différences biologiques. Elles distinguent le sexe biologique du « sexe social ». Inspirées de penseurs français comme Deleuze, Foucault ou Derrida, les « gender studies » se sont développées aux Etats-Unis. En résumé, elles cherchent à démontrer que c'est l'éducation au sens large, dans le contexte historique et social,  qui construit le «genre» de l'individu.

 

En France les études du Genre sont quasi inexistantes «Les réticences viennent d'une conception étroite de notre universalisme. Car ces débats sur le genre traversent la société française avec la parité en politique ou les débats sur les quotas. Comment expliquer, par exemple, qu'il y ait 80% de filles dans les filières littéraires au lycée ? On nous dit qu'elles ont un esprit littéraire. Qu'est-ce que cela signifie ? », dit Richard Descoings, le directeur de Sciences Po où les questions sur le genre ou sexe social vont faire l'objet d'un enseignement obligatoire.

androgyne Solomon-soul

baiser lesbien Le secrétaire général adjoint de la direction de l’enseignement catholique, Claude Berruer, a donc envoyé une lettre aux chefs d'établissement de l'enseignement catholique par l’intermédiaire des directeurs diocésains pour les alerter sur le chapitre impie «devenir homme ou femme» qui fait «implicitement référence à la théorie du genre, qui privilégie le “genre” considéré comme une pure construction sociale, sur la différence sexuelle[…] L'identité masculine ou féminine, selon cette théorie, n'est donc pas une donnée anthropologique mais une orientation

 

podvin.jpgL’épiscopat sur son site officiel est encore plus explicite :

«Les nouveaux programmes de SVT (Sciences et Vie de la Terre) des Premières ES et L font référence à la « théorie du genre ». Une idéologie qui contredit la conviction chrétienne que l'on naît garçon ou fille. Et que Dieu créa l'homme et la femme l'un pour l'autre, pour qu'ils s'aiment et qu'ils transmettent la vie». « Les responsables de l'Enseignement catholique sont pleinement dans leur mission quand ils interpellent ces contenus, écrit Mgr Bernard Podvin, Porte-parole des évêques de France, dans l'hebdomadaire Famille Chrétienne. Ce qui me préoccupe le plus est que l'on distille, dans les années lycéennes où la pensée ne fait que se forger, un subjectivisme et un relativisme. […] A la lumière de notre vie spirituelle, nous redisons avec Benoît XVI que le masculin et le féminin se révèlent comme faisant ontologiquement partie de la création ».

 

Baiser Gay Mais c’est un prof de philo d’un lycée catho, Thibaud Collin, qui met au jour l’obsession homophobe sous jacente  «La prime à l'indifférenciation sexuelle promeut en fait l'homosexualité. Ces théories sont une tête de pont pour un changement radical de société

 

 

L’association FHEDLES (Femmes et Hommes, Égalité, Droits et Libertés dans les Églises et la Société), qui ne fait pas partie de la cathosphère, car proche de Golias, remet les pendules à l’heure : « Enseigner une anthropologie « naturelle » immuable est une imposture et disqualifier les théories du genre en les faisant passer pour une idéologie de l’indifférenciation est une malhonnêteté. »

 

 

boussole.1262652386.jpg A l’inverse, deux profs de SVT d’un lycée public, Katia Lévy et Matthias Dourdessoule, ont lancé un blog intitulé « L’école déboussolée » qui propose une pétition au Ministre de l’Education nationale où  on peut lire « Profitant de l’ambiguïté de votre circulaire parue au Bulletin officiel du 30 septembre 2010 définissant des programmes qui n’ont été soumis à aucune consultation nationale, ces manuels dénaturent profondément ce cours, en imposant ce qu’il est désormais convenu d’appeler la théorie du « Gender »qui est une théorie philosophique et sociologique et non scientifique. Elle affirme que l’identité sexuelle (qui est un concept non biologique) est une construction culturelle relative au contexte du sujet. » Sur le fond du pur Boutin quand elle s'insurge contre l'imposition "d'une cer­taine vision de l'homme et de sa sexua­lité [...] qu'il ne relève pas du rôle de l'Education natio­nale d'inculquer". Mais tout cela au nom de « l’école publique », avec un détournement éhonté de la « Lettre de Jules Ferry aux instituteurs »* de 1883. Il n’est pas étonnant qu’ils soient flatteusement présentés comme de nouveaux « hussards noirs » (sic) dans Nouvelles de France qui se dit Portail libéral-conservateur.

 

androgyneCdl126pxPhilippe Watrelot, responsable du CRAP (cahiers pédagogiques) note que « Ce n’est pas la première fois (et malheureusement pas la dernière) qu’un groupe de pression s’en prend aux programmes scolaires. On se souvient de la polémique causée par la proposition de députés d’intégrer “les aspects positifs de la colonisation” dans les programmes d’histoire. Ou encore des lobbys patronaux reprochant aux programmes de SES de ne pas assez donner une image positive de l’entreprise. Ce qui est notable ici c’est qu’il s’agit non pas seulement d’un groupe de pression mais d’un pan de l’enseignement français (qu’on le veuille ou non) qui s’oppose à un programme adopté par l’ensemble de la communauté éducative. Cette prise de position vient après d’autres marquées par un durcissement du discours et une volonté de réaffirmer la spécificité de l’enseignement catholique non seulement sur les dispositifs mais aussi sur les contenus. »

 

Et la prise de position officielle des évêques montre que la tentation cléricale d’imposer leurs dogmes – baptisés lois naturelles – à l’ensemble de la société est toujours présente. Comme le rappelle justement l’UNSA éducation « les Eglises, quelles qu’elles soient, n’ont pas à donner leur avis sur des programmes scolaires qui visent à la formation de « citoyens » et non de « croyants », sauf à vouloir défaire la loi de séparation des Eglises et de l’Etat ».

 

 

* Citer la « Lettre de Jules Ferry aux instituteurs » relève d’une certaine ignorance du contexte historique (naissance de l’école publique dans un environnement souvent hostile) et feinte ignorance des enseignants auxquels il s’adresse : les instituteurs à une époque où la scolarité s’arrêtait à douze ans. L’auraient-ils correctement lue qu’ils auraient vu qu’elle ne vise que l’Instruction morale et civique. A vouloir lui faire dire ce que la lettre ne dit pas ils justifient le refus de certains parents – tout aussi « honnêtes » que le père de famille qu’évoque J. Ferry, à propos de précepte ou maxime – de certaines parties des programmes de SVT. Ceux, peu nombreux au demeurant, qu’évoquent perpétuellement les islamophobes. 

 

Pour compléter :

Liberte-des-maeurs-egalite-des-droits_medium.jpgTéléchargez l'essai gratuitement  (433,79 ko)

 

Pour compléter encore : http://www.rue89.com/2013/06/29/risque-radoter-theorie-genre-nexiste-243298#comment-3671856

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24 avril 2010 6 24 /04 /avril /2010 21:10

Jacques-Julliard-

Dans sa dernière chronique du Nel Obs, le camarade Julliard, sous un titre d’une finesse d’esprit remarquable (« La curée contre les curés ») s’adonne à un de ses sports favoris : l’imprécation.

 

« Je fus éveillé l'autre matin, sur une chaîne du service public

Laquelle ?

par l'un de ces humoristes qui ? que l'on rencontre désormais à tous les carrefours de l'information

Ah bon à combien de carrefours, combien de temps ? sur France-Inter un seul chaque jour, 4 mn -

comme si celle-ci était réputée à ce point indigeste qu'il faudrait toujours quelque condiment pour la faire passer. Le sujet était le pape. Après quelques plaisanteries d'un goût exquis (si Jésus, aux noces de Cana, a transformé l'eau en vin, c'est qu'il avait oublié de passer chez Nicolas... - oui, oui !

mais qui a donc dit cela ?

la voix se fit plus grave : les religions sont facteurs de violence ; c'est à elles que l'on doit ces attentats aveugles qui endeuillent notre monde. Comme le seul sujet traité était le christianisme, il était clair que c'était lui et lui seul qui était responsable de toutes ces bombes que la malveillance attribue aux islamistes

on remarquera l’honnêteté intellectuelle : l’anonyme humoriste aurait démarré sur le christianisme pour conclure, de l’aveu même de notre chroniqueur, sur les religions, ce qui n'implique donc pas qu'il attribue au christianisme les attentats islamistes.

Courageux, ces « humoristes » ! Pour un Plantu, combien de chacals ! Comme dit Alain Finkielkraut : « Ils ne réclament pas la liberté mais l'impunité..., ils ne narguent pas la police de la pensée, ils la font..., ce Finkyblague.jpgsont les inquisiteurs du nouvel ordre moral» (« Causeur », avril 2010).

Remarquable citation de cet humoriste, prétendument philosophe (il est prof de philo à Polytechnique où la matière doit être récréative) immortel auteur de la saillie sur l’équipe de France de foot victorieuse de la coupe du monde « Black, black, black ». Qui de mieux qualifié pour fustiger les « inquisiteurs du nouvel ordre moral » ?

Ces gens-là sont la fiente de l'esprit. Dire qu'ils se réclament de Pierre Desproges ! Ils ne moralisent pas, ils lynchent. Ils ne commentent pas, ils travestissent. Ils n'imitent pas, ils dénaturent. Ils n'amusent pas, ils avilissent. Et pas seulement leurs victimes. Après les avoir entendus**, c'est chacun qui se sent avili. »

 

 

Après avoir écrit cela, on comprend que J. Julliard se sente avili par sa propre prose.

 

Elle mérite cependant qu’on y revienne. Procédé habituel : mettre en procès un anonyme adversaire ; dans le genre finkielkrautte ce seront les pédagogogues. Ici, ce sont ces gens-là ! Est-ce Guillon, cible de Besson ? Porte ? Morin ? Morel ? ou Bigard ? Nul ne le saura, mais tous seront amalgamés dans l’opprobre !

 

Mais ce n’est pas fini. Ne reculant devant rien, l’imprécateur élargi son champ d’action :

« De l'anticlérical de toujours jusqu'au bouffe-curés de sacristie, genre « Golias », en passant par ce pauvre Hans Küng qui croit que l'on se débarrasse de la pédophilie par le mariage, c'est l'hallali. Le pape est comme une bête à terre, saoulée de coups, qui n'a plus guère la force de réagir quand on lui tape dessus, et sur laquelle les passants, comme dans un lynchage de banlieue, viennent en rajouter quelques-uns. »

Golias revue catho pas assez orthodoxe, Hans Kung, théologien rebelle, sont descendus plus vite qu’un Besson, par Guillon. Et dans l’hyperbole, le chroniqueur ne craint personne : hallali, bête (!) à terre, lynchage de banlieue… ça frise les propos de comptoirs !

 

Ce qui est comique, c’est que le vitupérant Julliard, après s’être livré à ces inutiles imprécations, les deux tiers de sa chronique, aboutit à une conclusion que ne désavouerait pas Golias.

 

Ce qui est encore plus drôle, pour un agnostique ou un athée, c’est que Julliard, Kung et les membres de Golias sont censés tous appartenir à une douce religion qui proclame « Aimez-vous les uns les autres » !

C’est de l’amour vache !

 

* Du pur Finkielkraut d'abord un "ils" anonyme, ensuite un procédé rhétorique assez usé qui sert à écrire des niaiseries : liberté vs impunité ; ensuite ça devient franchement cocasse, avec la police de la pensée et les inquisiteurs de l'ordre moral : comme d'habitude des affirmations aussi grandiloquentes que grotesques qui ne reposent sur rien et proférées par un Monsieur qui condamne à tout va, tel site - qu'il n'a pas regardé (Arrêt sur images) - tel film qu'il n'a pas vu (Entre les murs), par exemple...

 

** Notons au passage le masochisme du chroniqueur que personne n'obligeait à écouter jusqu'au bout le spécimen de "ces gens-là" qui...

 

PS Un petit coup d'oeil sur gogol m'a fait découvrir des infamies sur Jacques Julliard - par exemple, un article d'Agoravox avec des commentaires débiles, style Julliard un "fanatique du TCE" : et oui, ne vous en déplaise MM les nonistes, on peut être viscéralement attaché à une union européenne que, déjà, Aristide Briand appelait de ses voeux et essayait de construire - et m'amène donc à préciser que le cédétiste que je suis, le social-démocrate (qui sous la plume des "coucous" sera qualifié au mieux de social-libéral ou plutôt de social-traître) que je suis aussi, est beaucoup, beaucoup plus proche de Jacques Julliard sur ce plan, que des éternels donneurs de leçons de l'extrème-gauche (?).

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  • : Deblog Notes de J. F. LAUNAY
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  • : Education, laïcité, politique et humeurs personnelles, en essayant de ne pas trop se prendre au sérieux.
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Nota Bene

Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.

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Nelle Formule

Overblog - hébergeur du deblog-notes - a réussi l'exploit de lancer une nouvelle formule qui fait perdre des fonctions essentielles de la version précédente. Ainsi des liens vers des sites extérieurs disparaissent (désolé pour  Koppera, cabinet de curiosités, ..). Les albums se sont transformés en diaporamas, avec des cadrages coupeurs de têtes. La gestion des abonnés et des commentaires est aussi transparente que le patrimoine de Copé. Et toutes les fonctions de suivi du deblog-notes - statistiques notamment - sont appauvries.