Valls s’est livré à une attaque abracadabrantesque contre Jean-Louis Bianco et l’Observatoire de la laïcité.
(Voir en bas la pétition lancée par la Fédération de la Libre Pensée, La Ligue des Droits de l'Homme et la Ligue de l'enseignement).
Le lieu d’abord, les Amis du CRIF où il a d’ailleurs soutenu le syllogisme likoudien (attaquer la politique de Netanyahu=antisionisme et antisionisme=antisémitisme). Le texte incriminé : il remonte au surlendemain des attentats, le 15 novembre 2015, donc il y a plus de deux mois : il lui aura fallu tout ce temps pour détecter des co-signataires qui participeraient à un climat nauséabond.
Et de condamner « l’Observatoire de la laïcité […] qui dénature la réalité de cette laïcité ».
Tout est vraiment abracadabrantesque !
Voir aussi l'incident à l'AN avec Latifa ibn Ziaten
Au moment même où l’exécutif s’est emmêlé les pinceaux dans cette lamentable affaire de déchéance de nationalité, voilà que le 1er ministre ne trouve rien de mieux que de s’en prendre à un ancien secrétaire général de l’Elysée (9 ans sous la Présidence de F. Mitterrand), ancien ministre et membre du bureau national de PS !
De l’art de tirer contre son propre camp. Avec ce ton d’adjudant de quartier dont il doit croire qu’il est signe de fermeté !
Des responsables associatifs, des leaders politiques, des intellectuels, de toutes confessions appellent à ne pas tomber dans le premier piège tendu par le terrorisme : la division.
Nous sommes unis
Touchée en plein cœur, la France pleure. Elle pleure ses citoyens assassinés, innocents, victimes d’une violence inouïe et innommable. Parce que la barbarie a encore frappé, la France doit encore se lever.
Face à un drame inédit d’une telle ampleur, nous devons plus que jamais nous concentrer sur l’unité ! Oui face au terrorisme, face à la peur, face à la violence : Nous sommes unis !
Nous sommes unis autour des familles des victimes – à qui nous adressons nos plus profondes et nos plus vives condoléances - autour des survivants, et autour de tous les témoins en France et dans le Monde de la folie meurtrière motivée par une idéologie mortifère et inhumaine.
Responsables associatifs, leaders politiques, journalistes, intellectuels, notre responsabilité est la même ! Le but de la terreur, au-delà du chiffre macabre des victimes, est de provoquer la division d’une nation, d’une famille.
Un piège nous est tendu ! Nous devons refuser d’y succomber ! La division, la délation, la stigmatisation sont au cœur de ce piège sournois. Chaque fois que nous tentons hâtivement de désigner des responsables de ce crime dont seuls les auteurs sont coupables, nous tombons dans le piège d’une division programmée et orchestrée.
Dès aujourd’hui avec tous les Français, traduisons nos intentions dans l’action. Nous pouvons rejoindre les hôpitaux les plus proches pour donner notre sang, adhérer aux associations créatrices de lien social, soutenir les ONG, tisser des liens avec nos voisins, lutter autour de nous contre le racisme et les préjugés… Le combat contre le terrorisme sera long, il sera dur, il nous réserve des moments difficiles, mais tant que nous agirons ensemble la France restera debout.
Les terroristes nous ont adressé un message. Ils ont voulu mettre la France à genoux. Disons-leur à notre tour que nous sommes debout ! Debout et soudés, main dans la main, les uns avec les autres et jamais les uns contre les autres. Notre unité est notre bien le plus précieux.
Protégeons-le et donnons-lui tout son sens aujourd’hui, l’heure est à la Fraternité qui est notre véritable rempart contre la violence aveugle du terrorisme et la division planifiée.
- Parmi les 40 Premiers signataires -
Guy Aurenche - président du CCFD Terre Solidaire. (Comité catholique contre la faim et pour le développement-Terre Solidaire)
Radia Bakkouch - présidente de Coexister
Jean-Louis Bianco - ancien ministre, président de l’Observatoire de Laïcité
Ghaleb Bencheikh - président de Religions pour la Paix France Rencontre à l’élysée
Khaled Bentounes - fondateur des Scouts Musulmans de France
Christian de Boisredon - fondateur de Sparknews
Yann Boissière - rabbin du Mouvement Juif Libéral de France (MJLF)
Elsa Bouneau - présidente du Scoutisme Français et des Éclaireuses et Éclaireurs Unionistes de France (EEUDF)
Nicolas Cadene - rapporteur général de l’Observatoire de Laïcité
Pasteur Clavairoly - président de la Fédération Protestante de France
Jean-Paul Delevoye - président du Conseil Économique Social et Environnemental (CESE)
Samy Debbah - président du Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF)
Jean-Michel Ducomte - président de la Ligue de l’Enseignement
Antoine Dulin - membre du bureau du Conseil Économique Social et Environnemental (CESE)
Nabil Ennasri - président du Collectif des Musulmans de France
Marie-Aleth Grard - vice-présidente de ATD Quart Monde
Véronique Fayet - présidente du Secours Catholique
Thomas Guénolé - politologue et éditorialiste sur RMC
Samuel Grzybowski - fondateur de Coexister
Samia Hathroubi - directrice Europe de la Foundation For Ethnic Understanding (FFEU)
Claire Hedon - présidente de ATD Quart Monde
Youssef Himmat - président des Étudiants Musulmans d’Europe (FEMYSO)
Anouar Kbibech - président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM)
Nacer Kettane, président de Beur FM
Elena Lasida - économiste
Christine Lazerges - présidente de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH 2012-2015)
Yasser Louati - porte-parole du Collectif contre l’Islamophobie en France
Abdelkrim Marchani - président du club Hessel
Médine - rappeur et président de l’association Don’t Panik
Jean-Pierre Mignard - avocat
Bernard Pinaud - délégué général du CCFD Terre Solidaire
François Rachline, président du Comité Scientifique du Comité Étude du Fait Religieux Contemporain (CEFRELCO)
Thibault Renaudin, secrétaire générale de l’Association de la Fondation Étudiante pour la Ville (AFEV)
Abdelhak Sahli, président des Scouts Musulmans de France
Anas Saghrouni - président des Étudiants Musulmans de France
Bernard Thibaud - délégué général du Secours Catholique
Gilles Vermot-Desroche - président des Scouts et Guides de France
Guillaume Villemot - président de Bleu Blanc Zèbres (BBZ)
Saad Zian - délégué général des Éclaireuses et Éclaireurs de France (EEDF)
Eric Vinson, président d’Enquête
Brigitte Navail, déléguée générale de l’ACI.
Crime de lèse-Badinter Elisabeth
En fait l’attaque sur « Nous sommes unis » n’était qu’un mauvais prétexte. Notre vindicatif 1er ministre n’a pas supporté qu’« un collaborateur d’un observatoire de la République » s’en prenne « à une philosophe comme Mme Badinter ». En effet, à France-Inter, Mme Badinter avait de nouveau émis de parfaites contre-vérités – les mêmes que précédemment quand elle disait que Marine Le Pen était la seule à défendre la laïcité – sur l’espace public neutre. Autrement dit, ni foulard, ni kippa, ni croix, fût-elle provençale, arborés dans nos villes et villages. La négation même de la lettre et de l’esprit de la Loi de 1905 !
Le Rapporteur de l’Observatoire de la Laïcité avait déploré qu’un travail pédagogique puisse être mis à mal par une interview.
Aussitôt, 3 membres de l’observatoire qui n’attendaient que cela - le député PS Jean Glavany, l'ancien Grand maître du Grand Orient de France Patrick Kessel et la sénatrice PRG Françoise Laborde* – ont lancé un communiqué vengeur contre ce « petit Monsieur » qui s’attaquait à « une grande dame ».
Et donc notre adjudant de quartier, pardon Manuel Valls, de se joindre à ces procureurs : « Un collaborateur d’un observatoire de la République ne peut pas s’en prendre à une philosophe comme Elisabeth Badinter – pas parce qu’elle est philosophe ni parce qu’elle s’appelle Elisabeth Badinter, mais à partir de ses propos : c’est une défense intransigeante, que je partage d’ailleurs, de la laïcité dans bien des domaines. Et ça, ça doit être rappelé à chacun » scrongneugneu !
Donc, répétons-le, devant une instance représentative de la communauté juive, Valls prend la défense d’une grande dame, qui, si l’on suivait sa logique jusqu’au bout – la religion doit être confinée dans la seule sphère privée – interdirait la kippa.
Communiqué de Jean-Louis Bianco, Président de l'Observatoire de la laïcité
Faut-il rappeler à Mme Badinter comme à M. Valls que l’article 18 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme spécifie : Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites ?
Il est vrai qu’au Pays qui se targue d’être celui des « Droits de l’Homme et du Citoyen » avoir l’audace de vouloir les défendre vous fait traiter péjorativement de droit-de-l’hommiste !
* La sénatrice Laborde est l’auteure d’une proposition de loi interdisant aux nounous privées le port d’un fichu y compris à leur propre domicile quand elles gardent un ou des enfant(s) (voir Le Sens de la République)
En complément
LA LAÏCITÉ AUJOURD’HUI
Note d’orientation de l’Observatoire de la laïcité
Extraits
La laïcité n'est pas une opinion parmi d'autres mais la liberté d'en avoir une. Elle n'est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect des principes de liberté de conscience et d'égalité des droits. C'est pourquoi, elle n'est ni pro, ni antireligieuse. L'adhésion à une foi ou à une conviction philosophique relève ainsi de la seule liberté de conscience de chaque femme et de chaque homme.
Après la victoire contre « l’Ordre moral », en 1877, les lois qui ont établi une République laïque se sont étalées sur plus d’un quart de siècle. L’indépendance de la représentation nationale à l’égard de la religion a été symboliquement affirmée par la suppression des prières publiques pour l’ouverture des sessions parlementaires. L’autorisation du divorce a concrétisé la liberté de l’individu face aux prescriptions religieuses, La laïcisation de l’école avec les grandes lois de Jules Ferry, (1881-1882 : gratuité et laïcité des programmes ; 1886 : laïcité des personnels) a été évidemment l’enjeu décisif. Mais la séparation des Eglises et de l’Etat proprement dite n’a été acquise qu’en 1905 –les républicains ayant hésité sur la voie à prendre. La conception qui a prévalu, portée principalement par Aristide Briand, Jean Jaurès et Georges Clémenceau, s’est voulue libérale dans son inspiration et à l’opposé d’une législation antireligieuse. Elle repose sur trois principes, la liberté de conscience, la séparation des pouvoirs politique et religieux, et donc des organisations religieuses et de l’Etat, l’égalité de tous les citoyens quelles que soient leurs croyances et leurs convictions.
La loi du 9 décembre 1905, loi de compromis et d’équilibre, fruit d’un travail important du Parlement et de longs débats, a clôturé la période fondatrice de la laïcité républicaine. Elle a donné tout son sens au principe de citoyenneté.
La Constitution du 4 octobre 1958 dispose, dans son article 1er : « La France est une République (…) laïque (…) », comme le précisait déjà l’article 1er de la Constitution du 27 octobre 1946. « Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. ».
La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, à laquelle renvoie le Préambule de la Constitution de 1958, proclame dans son article 10 que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi. ».
La liberté d'expression des appartenances religieuses peut, elle, être limitée dans les conditions définies par la loi, comme c'est, par exemple, le cas des élèves comme des enseignants dans l'école publique ou encore des agents publics.
Le principe doit toutefois demeurer la liberté et les limitations l’exception.
Le service public ne peut donc montrer une préférence, ou faire preuve d’une attitude discriminatoire, selon l’appartenance ou la non-appartenance religieuse, réelle ou présumée, de ses usagers. Les agents publics doivent non seulement ne pas marquer une telle préférence mais aussi ne pas donner l’apparence d’un tel comportement préférentiel ou discriminatoire, par exemple par la présence de signes de caractère religieux dans leur bureau ou guichet ou le port de tels signes.
Cette neutralité s’applique aux agents du service public et non à ses usagers(… ) Le principe de neutralité ne s’applique pas dans les organismes privés.
La laïcité n’est pas l’ennemie des religions, non plus qu’une idéologie ou une opinion concurrente des autres : elle est le principe politique qui permet à toutes les convictions existentielles de vivre en bonne intelligence les unes avec les autres, à partir de la conviction partagée de l’égalité pour tous du droit d’expression, comme bien commun.
Elle rend compatible la liberté personnelle avec la cohésion sociale.
Télécharger le document dans son intégralité : http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2014/07/note-d-orientation-la-laicite-aujourdhui_0.pdf
N.B. Texte adopté à l'unanimité donc avec les voix de Glavany, Kessel et Laborde
Lire aussi l'entretien de Jean-Louis Bianco dans Le Monde
Lettre de soutien à Jean-Louis Bianco
—
Pourquoi deux interprétations de la laïcité coexistent-elles en France ?
Le Monde 19.01.2016 Samuel Laurent et Elvire Camus
Lettre de soutien à Jean-Louis Bianco
—
21/01/2016
Pétition :
Nous vous proposons de la signer et de la faire circuler...
Par ailleurs la pétition est en ligne sur Médiapart
Les commentaires sont ouverts.
Le député Jean Glavany* sans agressivité aucune (bien sûr), avec le souci de faire progresser le débat, veut regarder lucidement les quatre fautes(sic) de l’Observatoire de la Laïcité : une faute juridique, une faute déontologique, une faute politique et une faute morale.
J'ai donc très immodestement envoyé un courriel à cet honorable parlementaire.
La grosse faute de Manuel Valls
(en réponse à « Laïcité : les 4 fautes de l’Observatoire »)
Au moment où le gouvernement et sa majorité étaient déjà empêtrés dans cette habileté tactique qui se révèle une énorme erreur politique de la déchéance, le 1er ministre, devant une instance communautaire, ne trouve rien de mieux que de lancer une polémique avec J.L. Bianco, Président socialiste de l’Observatoire de la Laïcité.
Sous un double prétexte :
1°) un véritable sacrilège (laïque ?) à l’encontre de Mme Badinter car le secrétaire général de l’instance que Bianco préside a osé noter que ces propos bafouaient la lettre et l’esprit de la loi de 1905 ;
2°) pour la signature, par Bianco, au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 d’un texte consensuel au côté de deux ou trois autres co-signataires suspects de pensées nauséabondes : plus de deux mois après M. Valls découvre que dans les 80 signataires il y en avait qui seraient liés à l’intégrisme islamique (et qui, malgré l’état d’urgence n’ont fait depuis l’objet d’aucune poursuite ni même d’assignation à résidence !).
Et avec ce ton d’adjudant de quartier qui le caractérise, le 1er ministre de proclamer que cet observatoire est à ses ordres.
Ne vous en déplaise, Monsieur le député, un observatoire, fût-il placé auprès du 1er ministre, qui a pour but de conseiller le gouvernement, ne peut être qu’indépendant. S’il doit se soumette à la conception de M. Valls – je n’accepte que les conseils que je veux entendre – il devient totalement inutile.
Ne vous en déplaise aussi, et n’en déplaise à Mme Badinter, il y a bien – appelez-là comme vous voudrez - une hostilité voire une haine à l’encontre des musulmans (ou supposés tels). Ecoutez et lisez le Vicomte Le Jolis de Villiers de Saintignon, regardez si vous avez l’estomac bien accroché, le site de Riposte prétendument laïque et je ne parle pas des sites poubelles des identitaires de tout poil. Et les abrutis qui ont arrosé de balles une boucherie halal en Corse ne l’ont quand même pas confondue avec une gendarmerie !
Quant à refuser de voir qu’il y a bien deux conceptions antagonistes de la laïcité, l’une « libérale » pour reprendre le mot d’Aristide Briand, l’autre liberticide, qui d’interdits en interdits veut neutraliser l’espace public, c’est un déni de réalité.
Faut-il vous rappeler les incidents dont a été victime Madame Latifa ibn Ziaten* lors d’une rencontre sur la laïcité organisée à l’Assemblée nationale. Certes vous vous êtes défendu en assurant que les personnes concernées n’étaient pas socialistes (elles étaient cependant invitées puisqu’il est impossible d’entrer à l’Assemblée nationale sans un sésame). Mais Madame Roudy, ancienne Ministre, socialiste pure et dure, a eu des propos condamnant explicitement le port du voile* - symbole de soumission à la loi patriarcale et que les intégristes l’utilisaient comme une porte d’entrée – dans l’espace public. En l’espèce, on peut supposer que vous ne partagez pas le point de vue de la camarade Roudy, puisque c’est vous qui aviez invité cette mère d’une victime de Merah. Mais vous conviendrez que sur le foulard à l’Université, le refus fait à des mères dites voilées, c’est-à-dire portant un fichu d’accompagner des gosses dans les sorties scolaires, etc. il y a bien une conception de la laïcité visant à cantonner le religieux dans ce qu’ils appellent la sphère privée.
On retrouve d’ailleurs là un des plus intéressants débats qui a ponctué la rédaction de la Loi de 1905, celui sur l’Article 25 (devenu 28) qui, dans sa rédaction initiale aurait réjoui nos laïques liberticides puisqu’il édictait que les églises, séparées de l’état, « n’ont pas le droit d’emprunter la voie publique pour les manifestations de leur culte » car elles imposeraient ainsi « aux indifférents, aux adeptes des autres confessions religieuses le spectacle inévitable de leurs rites particuliers. » Prenant Briand à contre-pied le député catholique Grousseau assène « La liberté de conscience ne doit pas être conçue d’une façon négative, comme imposant aux différentes confessions religieuses l’obligation de se dissimuler, elle doit être conçue d’une façon positive, comme leur imposant de se tolérer réciproquement, ce qui implique pour chacune d’elle la faculté de se développer, de se manifester. […] quand l’ordre public n’est pas en danger, il y a un autre intérêt qui s’impose, c’est celui de la liberté. » Ferdinand Buisson, puis Aristide Briand allaient se ranger à son avis.
Certes nos laïques liberticides se disent « Républicains » comme si les laïques libéraux ne l’étaient pas. Mais c’est de fait le même clivage, entre ceux qui se réfèrent à un citoyen abstrait (voire cet homme universel cher à Todd), sans sexe, sans attache, religion ou conviction philosophique, sur l’Agora et ceux qui peuvent se sentir Breton ou Kabyle de la deuxième génération, athée ou plus ou moins croyant, etc. et pour autant Français et Européen. Et Citoyen à part entière dans cette Composition française !
Vous employez, Monsieur le député, une figure de style classique, la prétérition, en affirmant que votre souci est de faire avancer le débat, alors que votre but est de relancer une polémique stérile en accusant l’Observatoire de la laïcité de fautes ! Polémique, je le répète, lancée inutilement et dans un lieu pour le moins incongru par un 1er ministre taclant son propre camp. Ne soyons pas dupe, le but sous-jacent de votre réquisitoire est de couler cet Observatoire ou, pour le moins, de paralyser son action.
Ce sera une faute lourde à mon sens et plus qu’une faute une erreur politique grave.
* Latifa Ibn Ziaten a donné sa version des faits au Bondy Blog : « Plusieurs jours après les faits et le démenti partiel du député PS Jean Glavany, Latifa Ibn Ziaten a accepté de revenir sur cette histoire. «Ces personnes m’ont plus que huée, elles m’ont agressée. Deux personnes sont sorties de la salle, elles m’ont suivie jusqu’à l’ascenseur. Elles m’ont dit : “vous n’êtes pas française Madame, vous dites que vous avez la nationalité française, mais vous ne pouvez pas parler de la laïcité alors que vous portez un foulard, vous faites honte à la France”»
Et si l’on en croit le controversé BuzzFeed , Yvette Roudy a déclaré : «J’ai dit à Latifa Ibn Ziaten que je pensais que ce n’était pas une bonne idée de porter son foulard. Il y a des lois en France, on ne les fait pas respecter. Si Latifa Ibn Ziaten est en fonction, elle ne devrait pas avoir le droit de le porter». Madame ibn Ziaten était employée au musée des Beaux-arts de Rouen, et de fait, dans le cadre de sa profession, elle ne devait pas porter de foulard. Mais depuis elle se consacre à plein temps à son association et agit notamment dans les écoles, collèges et lycées, en portant son foulard.
"Le 8 décembre 2015, j’avais été invitée à parler de laïcité à l’Assemblée nationale devant un groupe de députés. A l’époque, j’étais peut-être encore un peu naïve, mais je n’avais pas du tout imaginé que cela pouvait être un piège. Quelques minutes après avoir pris la parole et m’être présentée, je sens, dans le regard des députés présents dans la salle, que quelque chose ne va pas. Je leur demande si c’est à cause de mon foulard ? Et là, une moitié répond oui et une autre, non. Je leur explique que je porte ce foulard depuis le décès de mon fils, en signe de deuil, qu’il n’a rien à voir avec un voile islamique. Je suis française, née au Maroc, de religion musulmane, mais je n’ai jamais porté le voile.
Pourtant au moment de quitter l’Assemblée, deux hommes, dont je ne veux pas révéler l’identité, viennent m’agresser en me criant dessus que je n’avais « pas le droit de parler de laïcité avec un voile sur la tête » et que j’étais « la honte de la France ». Je m’en souviens comme si c’était hier. Ils avaient quasiment la bave aux lèvres. Sans mon officier de sécurité, je crois qu’ils m’auraient frappée. "
Latifa ibn Ziad
M le magazine 25/10/2019
Par courriel du 9 février 2016, le député Jean Glavany a eu l'obligeance de me répondre :
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