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4 septembre 2018 2 04 /09 /septembre /2018 15:38
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Mise à jour 21 novembre 2020 : Jean-Pierre Sautreau signe l'éditorial de la revue GOLIAS.

Mise à jour 9 novembre 2020 : M le magazine (Le Monde) consacre une page à cet acte de repentance de l'évêque et le Sans culotte 85 publie l'intégralité de son enquête en 2012.

Mise à jour 23 octobre 2020 : l'évêque de Luçon, François Jacolin, fait acte de repentance.

De l’enfance à l’enfer. Vocation supposée, vocation imposée. Ainsi un gamin de 11 ans est coupé des siens, de sa mère surtout, pour l’enfermement du petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, pas loin de Montaigu.

Un récit, sur fond de pédophilie, qui vient en résonance avec l’actualité.

Rentrée des sixièmes en 1960 (sauf erreur, Jean-Pierre Sautreau est le 1er à gauche au 1er rang).

Rentrée des sixièmes en 1960 (sauf erreur, Jean-Pierre Sautreau est le 1er à gauche au 1er rang).

Un arrachement

 

Dans mes deux derniers livres Dans le jardin de mon père et Au fil de ma mère  j’ai, à travers ces figures parentales, évoqué mon enfance, sa décennie heureuse. Leurs lecteurs attentifs ont pu, par endroits, entrevoir des allusions aux cruelles années de déchirure qui allaient la suivre. L’année de mes onze ans, j’ai été mystérieusement recruté pour devenir prêtre. Et je me suis retrouvé avec une centaine de gamins, cette année-là, en sixième au Séminaire de Chavagnes en Paillers. J’ai vécu cet exil comme un véritable arrachement, des miens, de mes copains, de mon lieu, de ma vie ordinaire. Là, n’ayant pas la vocation supposée et me trouvant pris dans des rouages implacables, j’ai paradoxalement traversé de longues années d’enfer.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

D’une décennie heureuse à 6 ans d’enfermement

 

Ce récit s’attache à relater ce basculement d’une décennie heureuse dans une très longue période de six années d’enfermement physique et psychologique au Séminaire. J’y décris, en revenant particulièrement sur l’atmosphère des deux premières années de formation et fondation, sixième et cinquième, le quotidien disciplinaire, la rigide organisation interne et les rudes règles de vie inhérents à l’établissement. Avec l’idée de notamment mettre à jour les mécanismes très réfléchis mis en place par lesquels on visait à déconstruire les personnalités pour construire de parfaits soldats de l’Église. Je n’irais pas jusqu’à parler de soldats de Dieu, car Dieu dans tout ça…J’évoque aussi malheureusement les mœurs pédophiliques de certains prêtres, dont j’ai été moi-même victime.

Sous forme d’enquête, de recoupements, je me suis aussi intéressé à l’invraisemblable machinerie du recrutement sacerdotal. Car pendant des années et particulièrement dans les années 50 et 60 pour faire face à son développement et ses ambitions hégémoniques, l’Église a bâti toute une stratégie, tout un réseau d’enrôlement. Une fabrique à grande échelle de vocations avec, à sa tête, une éminence, elle aussi à la main leste, vouée entièrement au recrutement des « vocations » et qui a parcouru pendant des dizaines d’années la Vendée, allant de foyers en retraites paroissiales pour semer la bonne graine à prêtrise dans des têtes innocentes.

Dans des têtes innocentes…voilà bien l’autre scandale de cette époque et de cette triste réalité. Comment imaginer dans ces têtes d’enfants de 10 ans et de surcroît dans ces années 50 et 60 une réflexion mûrie autour d’un tel choix et une libre détermination. Le taux de renoncement en cours de parcours (autour de 90% en est une preuve). Pensons qu’aujourd’hui l’on situe à 15 ans l’âge de maturité affective et de consentement…Ainsi, beaucoup sortiront très marqués de cette épreuve, rincés psychologiquement et physiquement écartés d’une normalité de l’existence dans laquelle ils devront, à leur sortie, se réinsérer. Alors, souvent seuls, ils s’éloigneront plus ou moins des leurs, se renfermeront en gardant le silence sur ces années et s’investiront dans des situations que leur ouvriront (seul point positif) ces très exigeantes années de discipline et d’instruction.

Une forme de résilience

 

Cette histoire dont j’ai entamé l’écriture il y a trois ans, mon histoire, remonte à 60 ans. Jusque-là, je l’avais mise sous le boisseau par peur de réveiller des monstres en remuant tout ça. Par lâcheté et peur de devoir affronter l’incompréhension et la condamnation dans une Vendée tellement marquée par sa relation historiquement intouchable avec l’Église. Mais justement, j’arrive à un âge où j’estime que cette Histoire doit être connue, peut-être débattue. Et puis elle est l’histoire d’un tas de gamins de cette époque qui, pris dans ce système, vivent avec encore, souvent dans le silence et le déni de sa réalité. Et il y a l’actualité qui devrait gommer les éventuels doutes sur mon témoignage.

J’ai voulu aussi l’écrire pour trouver enfin une certaine forme de la résilience chère à Boris Cyrulnik. En écrivant mes deux derniers livres j’ai refait avec bonheur un bout de chemin vers mes parents, des parents dont longtemps j’ai questionné la responsabilité dans cet enrôlement. Reste à me réconcilier avec moi-même et repartir de plus belle dans l’écriture.

 

Jean-Pierre Sautreau

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

La fabrique du cléricalisme

La fabrique du cléricalisme, tel pourrait être un sous-titre du dernier livre de Jean-Pierre Sautreau.

Non pas celui des anti-cléricaux – « le cléricalisme voilà l’ennemi » - celui qui veut imposer – et qui impose souvent (Argentine par exemple) – son dogme à la société entière. Mais le cléricalisme que dénonce le pape, celui de ces prêtres, de ces religieux ou religieuses, qui, se voyant sacralisés, se croient au-dessus du troupeau des fidèles. Et ce livre décrit bien comment cette distinction sert d’appeau pour attirer des gamins de familles calotines vers l’enfermement du petit séminaire, en leur prêtant une vocation que certains n’ont même pas exprimée ! À 9, 10 ou 11 ans. Et ensuite, pour formater ce futur pasteur des pauvres pécheurs, il est soumis à un véritable lavage de cerveau, une castration mentale ; la violence physique n’est pas absente avec un surveillant ensoutané et sadique ; mais la violence est d’abord dans un reconditionnement par le silence et la prière ; reconditionnement vérifié et renforcé par le directeur de conscience qui, chaque semaine, va disséquer, dans sa chambre, les résultats scolaires, le comportement, sans oublier la classique confession avec une chasse obsessionnelle aux pensées impures.

"L'emphase portée sur l'élection divine du prêtre, dont la vocation est appelée à se développer comme un "germe" à l'abri du monde dans le milieu fermé des séminaires triomphe au XIXe siècle,"siècle des curés". Face à un peuple de fidêles sans aucun pouvoir au sein de l'institution, s'impose la figure d'un prêtre porteur de tous les attributs du sacré...

La famille devient le lieu par excellence de son [l'église] emprise normative, avec une obsession croissante pour le contrôle de la sexualité des fidêles, principalement à travers la confession."

D. Hervieu-Léger

Télérama

 

La loi du silence

Alors comment appeler les seize heures qui s’égouttent entre la prière du matin et celle du soir, uniquement entaillées dans l’air goulûment avalé des récréations ? Le temps de la langue arrachée. Le temps de la parole gelée. Silence est leur mot étalon qui tranche nos minutes et chaîne tous nos actes et mouvements. Silence est leur mot clef qui nous verrouille et nous séquestre. Silence est leur mot scélérat qui leur offre l’ecchymose des corps et le blanchiment des consciences. Silence est leur mot dieu pour changer en eau bénite notre jeune sang fou. Silence est leur mot silence qui referme sa gueule sur nos bêlements. Silence est le mot totem de notre abattoir à ciel ouvert.

(…)

Couper notre langue, c’est nous couper de nos arrières, c’est couper cette langue ombilicale qui nous relie encore à notre terre d’enfance, à ce terreau de nos fables.

(…)

Silence on prie ! Du matin au soir, du soir au sommeil. La nuit, on garde un œil en prière.

 —Benedicamus Domino, claironne le soutaneux.

 — Deo gratias, gémissent les voix pâteuses.

 — Ave, Maria purissima.

  — Sine peccato concepta, croasse, en se signant, le dortoir agenouillé.

Notre premier souffle est pour le Seigneur. Le dernier le sera aussi : In pace in idipsum dormiam et requiescam, in manus tuas, Domine, commando spiritum meum. Les prières dentent notre noria, battent notre temps. Elles entament et closent chaque repas. Sucres lents. (Benedicite…Benedic, Domine, nos et haec tua dona de tua largite… Amen… Agimus tibi gratias, omnipotens deus…), démarrent et bouclent chaque étude, chaque classe. Tranquillisants sécables. Elles s’écoulent sous le long péristyle d’un vase à l’autre. Notre-Dame du Sceptre est saluée d’un Sub Tuum avant chaque sortie en promenade. Il est bien vu d’abréger la récréation pour faire une visite au Saint Sacrement. Ces prières-là sont pour le rythme, pour la bonne hygiène. Elles sont les amuse-bouches, les mignardises autour des plats de résistance, des mets aux riches fumets qui tiennent à l’âme, la Sainte messe du matin, la méditation apéritive, la salivante lecture spirituelle d’avant le souper, enfin, l’office du soir, gardant le corps, au moins jusqu’à minuit, dans la sainte digestion des sucs spirituels. Le dimanche et les jours de grande fête, on noce, on banquette, messe solennelle, heures catéchistiques et vêpres reculent notre ligne d’oraison. Mal de foi.

 La prière nous ficelle. La prière nous enroule.

 

Extraits

 

Tout cela, sur fond de pédophilie.

Le recruteur-chef, affublé du titre de Monseigneur pour service rendu à la grande chasse vendéenne aux vocations, n’hésite pas à pogner, comme disent les québécois, les délicates coucougnettes des gamins qu’il recrute, des milliers, dans son bel apostolat, dans le saint but, bien sûr, de leur faire confesser ces vilaines et impures pensées. Le sadique surveillant est, pour avoir été surpris avec deux élèves, exfiltré dans une cure (et ses deux victimes virées du séminaire). Et les autres victimes de ces pédotraficants se taisent*. Car, inconsciemment sans doute, ils savent que leur parole serait inaudible, dans cette Vendée où au début du siècle suivant, un évêque fera preuve de repentance, pour cette Eglise trop présente, qui occupait l'espace social et laissait peu de place à des manières de penser et de vivre la vie humaine et la foi d'une manière différente. Poids du cléricalisme donc, omnipotent. Jusque dans leur propre foyer pour des parents si fiers de donner un prêtre à l’église.

Chers parents, j’ai un nouveau Directeur de conscience, mon professeur de mathématiques. Mon stylo se bloque là. Comment leur confier cet incident, cette bêtise comme dit la chansonnette ? Depuis vendredi, je retourne ces instants de confession. Comment mettre en mots cette scène, cette imposition de main ? Comment faire avec ces mots collés au corps ? Quels mots mettre sur cette main hors de portée des mots ? Cette main avancée dans le silence, glissée dans la prière. Comment concilier le complaisant abandon reptilien de mon confesseur et sa traque obstinée de mes mauvais désirs, de mes mauvaises pensées, de mes mauvais touchers ? Comment relier son geste moite à son cramponnement moralisant qui damne mes jeux d’été, animalise mes moindres fibres, bestialise mes pulsions ? Comment regarder ce pourfendeur hérissé par la luxure, par ailleurs s’enflammant à toutes les illuminations de la chair contenues dans ses pénitentiels et caressant dans le poil mes confidences ? Comment le nommer ? Le mot n’existe pas. Il ne fait pas partie des 73 000 articles du Petit Larousse de mon trousseau de rentrée. Je ne trouve pas mon Directeur de conscience entre pédonculé et pédum.

 

Extrait

S’il entre si fort en résonance avec l’actualité, ce livre n’est cependant pas une œuvre de circonstance, ni un simple témoignage, ni un réquisitoire. Mis en chantier depuis trois ans, il vient en contrepoint des œuvres précédentes où papa bine et maman coud. Il conte le dernier été de l’enfance, avant l’enfermement entre les murs gris du séminaire. Il dit la foi simple de parents emberlificotés par les bonimenteurs en soutane. Il fait saisir de l’intérieur l’aveu indicible. Et cette croix sur l’enfance est aussi une croix sur le lien avec la mère.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Ce temps semblait bien fini. Celui où grâce à un système de propagande s’appuyant sur tous les réseaux – écoles confessionnelles, mouvements de jeunesse, curés et vicaires, etc. – visant les mères, qui sont la clé des prétendues vocations, avec une revue à elles réservée, puis la retraite spirituelle où le grand rhéteur Arnaud venait ferrer les gamins appâtés, des cohortes de plus de cent élèves entraient en 6e à Chavagnes. Le vent conciliaire a fait vaciller la quasi théocratie vendéenne de Cazaux. Le petit séminaire a fermé ses portes en 1972.

Mais, depuis peu, on voit réapparaître de jeunes clercs arrogants, parfois à nouveau ensoutanés, incarnant un renouveau d’un cléricalisme qu’ils revendiquent.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Une croix sur l'enfance en Vendée

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Le vendredi 16 novembre, à 20 h 15, une soirée débat sera organisée à l'Espace Plaisance (derrière le collège du Sourdy), à Luçon, en présence de Jean-Pierre Sautreau, animé par Pierre-Yves Bulteau (journaliste).

 

* Cependant un mensuel local s'était fait l'écho, en février 2012, des témoignages de victimes des prêtres du petit séminaire :

 

Victimes de prêtres pédophiles, leur souffrance est éternelle…

 

Abusés dans leur chair et dans leur âme, certains se sont reconstruits ou tentent encore de le faire, d’autres ont enfoui leur extrême souffrance au plus profond d’eux-mêmes pour se protéger ; certains survivent à coups de neuroleptiques, quelques-uns auraient en cours de route décidé d’en finir avec la vie…Tous ont un point commun, celui d’être passé par le petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, qui se révèle pour beaucoup être une machine à broyer les êtres humains plus qu’à les éduquer sainement selon les préceptes vertueux de l’église catholique. Enfants victimes d’abus sexuels (attouchements et viols en tous genres), ces hommes âgés de 50 à 60 ans veulent aujourd’hui témoigner des souffrances qui les hantent toujours, afin qu’elles soient écoutées et reconnues. Les faits subis étant prescrits pénalement, ils ont pour cela choisi la voie médiatique, qui reste leur ultime issue pour se faire entendre de tout le monde.

 

Le Sans Culotte N° 52 (février 2012)

 

 

Ouest-France du 27/09/2018 donne un entretien avec Jean-Pierre Sautreau mais sur la page locale (Luçon), alors que le sujet même est en totale résonance avec une actualité dont témoignait Le Monde, daté du 26/09/2018, titrant sur la grande réticence de l'église de France à faire un véritable bilan des abus sexuels commis par ses clercs.

NB Finalement une note de lecture de Philippe Ecalle rend compte du récit de J. P. Sautreau, en page régionale (voir plus bas)

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

La page régionale d'Ouest-France accueille un "on a lu" - signé de Philippe Ecalle - le 28/09/2018.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

 

Dans une pleine page (section "France") intitulée "Les abus sexuels une onde de choc dans l'église", et qui fait écho au communiqué de l'évêque de Luçon, François Verceletto revient sur le récit de Jean-Pierre Sautreau.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Dans un article intitulé

Abus sexuels dans l’Eglise: en Vendée, d’anciens séminaristes brisent le silence

Mediapart fait écho au livre de J.-P. Sautreau :

"Ces derniers mois, les révélations se sont accumulées dans le diocèse de Luçon. Pour la première fois, des prêtres témoignent auprès de Mediapart d’affaires cachées pendant des décennies en Vendée, en suivant un mode opératoire classique, fait de déplacements et de silence organisé. Après deux ans de scandales au sein de l’Église catholique, la chape de plomb a enfin sauté* dans ces terres rurales et conservatrices.

Pour une grande partie des victimes, l’électrochoc s’est produit lors de la publication du livre de Jean-Pierre Sautreau, Une croix sur l’enfance en Vendée (Geste, 2018), paru à la fin août dernier. Dans cet ouvrage, l’auteur décrit un sacrifice des « agneaux » au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers [...]

Jean-Pierre Sautreau, l'auteur du livre Une croix sur l’enfance en Vendée, se rappelle lui aussi précisément de son agresseur, son confesseur. « Il rapproche avec perfidie les aveux du prie-dieu de ses propres observations, écrit-il dans son livre. Là, l’agenouillé est sa proie. La petite bête qui monte, le petit animal immonde est dans ses griffes. Là, il touche à la tache mortelle, à la souillure qui fait du confessé un délinquant. Soudain, fébrile, il se venge ou se risque. »"

 

 

* Dans un communiqué - Pédophilie "Pour l’Eglise il n’y a pas de prescription à la souffrance" le nouvel évêque de Luçon, François Jacolin, reconnaît clairement que  "Dans la période allant de 1950 à 1979, certains prêtres ont failli gravement en commettant des abus sexuels, gestes inacceptables, sur des enfants qui leur étaient confiés dans le cadre du petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers ainsi que dans le cadre de l’institution Saint-Joseph de Fontenay-le-Comte. "

 

Le communiqué épiscopal fait réagir :

OUEST-FRANCE : Vendée. Des affaires de pédophilie secouent le diocèse

mais aussi  l'AFP et d'autres

 

GOLIAS se fait l'écho du livre de Jean-Pierre Sautreau :

Les sacrifiés de Dieu

 

"Parmi les témoignages de victimes d’abus commis par des prêtres, celui porté par Jean-Pierre Sautreau dans son livre est précieux. Il met en lumière des pratiques ecclésiales pour satisfaire le besoin de prêtres et démontre surtout que les abus dans l’Eglise ont toujours existé. L’auteur de cet ouvrage délicat, magnifiquement bien écrit, narre l’expérience vécue au début des années 1960 dans l’ancien Petit Séminaire de Chavagnes-en-Paillers, en Vendée..." Lire la suite

Article et extrait du livre

Un débat sur BFM TV

Prêtres pédophiles: la fin de l’Omerta ?

Depuis 4 jours, les plus hauts responsables de l'Église catholique sont réunis pour lutter contre la pédophilie et les abus sexuels au sein du clergé. Le scandale est mondial avec des milliers de cas d'abus sexuels sur des mineurs. Des communautés pratiquantes s'interrogent dans l'Est des Etats-Unis, en Italie ou encore en Pologne. Que fait la fille ainée de l'église pour protéger les plus jeunes fidèles en France ? - On en parle avec: Jean-Pierre Sautreau, victime d'un prêtre-enseignant en 1959 et 1962. Carole Damiani, psychologue, directrice de l'association Paris aide aux victimes. Et Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne. - Priorité au décryptage, du dimanche 24 février 2019, présenté par Patrick Sauce, sur BFMTV

 

 

Pour compléter :

Splendeur et misère d'un petit séminaire

Actes de la Recherche en Sciences Sociales

 

SOIREE DEBAT 16 novembre 2018

Au moins 200 personnes étaient présentes à cette soirée animée par le journaliste Pierre-Yves Bulteau.

Après un échange entre l'animateur et Jean-Pierre Sautreau, est venu le moment de deux témoignages particulièrement émouvant.

La partie débat fut en fait marquée essentiellement par d'autres témoignages.

 

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
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UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
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CHARLIE HEBDO du 13-02-19 rend compte du livre de Jean-Pierre SAUTREAU

Double page centrale

Article de Laure Daussy et dessins de RISS

 

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
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UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
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Des anciens petits séminaristes vendéens - dont J. P. Sautreau - victimes d'abus sexuels appellent toutes les autres victimes à témoigner devant la Commission Sauvé

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

JDD du 30 juin 2019

 

Pédophilie dans l'Eglise : les victimes des prêtres brisent le silence

 

Un retraité a raconté les attouchements au séminaire

Jean-Pierre Sautreau, 70 ans, a appelé la plateforme dès le 3 juin. Il s'est raconté lui, garçon de 11 ans, subissant les attouchements d'un prêtre au petit séminaire de ­Chavagnes-en-Paillers (Vendée). "J'ai vécu dans le silence, dans la souffrance, dans le déni, soupire-t‑il. C'était indicible, le poids de l'Église était si énorme…" De cette innocence brisée, le retraité a fait un livre, Une Croix sur l'enfance en Vendée (éditions La Geste). Depuis la parution de celui-ci en août 2018, il assure avoir reçu "une centaine de témoignages de victimes", mettant en cause une trentaine de prêtres dans son département.

Extrait

 

Jean-Pierre Sautreau a appelé la plateforme le 3 juin pour dénoncer les attouchements d'un prêtre lorsqu'il avait 11 ans. (YOHAN BONNET POUR LE JDD)

Jean-Pierre Sautreau a appelé la plateforme le 3 juin pour dénoncer les attouchements d'un prêtre lorsqu'il avait 11 ans. (YOHAN BONNET POUR LE JDD)

La visite de la commission Sauvé, à Nantes, le mardi 11/02/2020 a des répercussions en Vendée.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

 

Pédophilie. L’évêque Jacolin en Vendée : « J’ai honte pour mon Église, que je représente »

Au côté de plusieurs victimes réunies à La Roche-sur-Yon, vendredi 23 octobre, l’évêque de Luçon, Mgr François Jacolin a fait « acte de repentance ». Un moment fort qui marque une étape importante avec la reconnaissance publique d’agressions sexuelles et de viols pour 65 personnes dont douze femmes « entre 1940 et aujourd’hui ».

« En les écoutant, j’ai découvert peu à peu la gravité des meurtrissures physiques, morales et spirituelles que les violences sexuelles ont causées en elles. » Dans l’amphithéâtre du lycée privé des Etablières. à La Roche-sur-Yon (Vendée), vendredi 23 octobre, l’évêque de Luçon, Mgr François Jacolin, ne cache pas une part de chemin personnel. Jusqu’à ce jour où, deux ans après les révélations en chaîne déclenchées par la parution du livre de l’écrivain vendéen Jean-Pierre Sautreau, Une Croix sur l’Enfance en Vendée, il fait « acte de repentance pour tous les faits de violences sexuelles commis contre des enfants par des prêtres du diocèse dans les décennies passées ».

Quarante-trois agresseurs connus

L’évêque évoque « quarante-trois agresseurs connus », rapporte la rencontre de 65 personnes victimes de violences sexuelles dont douze femmes, entre 1940 et aujourd’hui. « Je suis conscient que ces personnes rencontrées ne représentent qu’une partie des victimes », insiste l’évêque. À ses côtés à la tribune, quatre victimes participent à la « conférence de presse », dont Jean-Pierre Sautreau. Pour en arriver là, ils regrettent d’avoir eu à « se battre », notamment à travers un collectif. Trois témoignages, dont celui d’une femme violée par son oncle prêtre, soulèvent des sanglots étouffés dans la salle où ont pris place des victimes et des proches.

« Une première en France »

« J’ai honte pour mon Église, que je représente aujourd’hui », expose l’évêque avant d’officialiser : « Certains pasteurs à la tête du diocèse de Luçon ont manqué de lucidité, de courage et de sens de la justice devant de tels actes, aggravant ainsi les souffrances des enfants violentés et exposant d’autres enfants aux mêmes risques. » L es faits se sont notamment déroulés au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, dans les années 1960-1970.

La démarche est, selon l’évêché, « une première en France ». Une plaque sera posée à la cathédrale de Luçon. Une célébration de « repentance pour tout le diocèse » est annoncée dimanche 22 novembre. Des déclarations accueillies par un silence pesant.

« Nous considérons que ces actes qui nous rendent justice sont normaux », explique Jean-Pierre Sautreau. Il salue toutefois la démarche de l’évêque « un homme qui a su passer par-dessus le corporatisme de la profession. » Concernant les réparations financières, Mgr François Jacolin a indiqué : « Si les choses n’allaient pas assez vite au niveau national, je suis prêt à y réfléchir avec les victimes. »

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Pédophilie dans l’Église. L’acte de repentance de l’évêque de Vendée salué mais « normal »

Après la conférence de presse de l’évêque de Luçon qui a fait acte de repentance au nom de l’Église de Vendée pour des crimes sexuels commis sur des enfants par des religieux, des victimes réagissent.

Ce jeudi 23 octobre, Mgr François Jacolin, évêque de Luçon, a fait acte de repentance au nom de l’Église de Vendée pour des actes pédocriminels commis sur des enfants par des religieux vendéens. Des actes notamment dénoncés depuis la prise de fonction de l’évêque de Vendée il y a deux ans et demi et qui ont émergé après la parution du livre de Jean-Pierre Sautreau Une Croix sur l’enfance en Vendée.

« J’ai honte pour mon Église »

« Au nom du diocèse de Luçon, la honte au cœur, je fais acte de repentance pour tous les faits de violences sexuelles commis contre des enfants par des prêtres du diocèse dans les décennies passées », a officiellement exprimé Mgr Jacolin devant des victimes de religieux pédophiles en Vendée et en présence de la presse. « J’ai honte pour mon Église que je représente aujourd’hui », a endossé l’évêque devant une assistance silencieuse.

Après son allocution, des victimes ont pris la parole pour témoigner. À l’issue de la conférence de presse, certaines d’entre elles, confient leur sentiment sur cet acte inédit.

 

« Ces actes sont normaux »

Jean-Pierre Sautreau, auteur d’Une Croix sur l’enfance en Vendée , a pris la parole après l’acte de repentance de l’évêque : « Au nom du collectif, nous voulons saluer l’acte de repentance de Mgr Jacolin. Mais nous considérons que ces actes nous sont dus, qu’ils sont logiques, normaux. »

« C’était très attendu »

François, victime, qui se dit « toujours dans l’Église » : « Cet acte de repentance, il est très courageux, très pertinent. C’était très attendu tellement il y a eu d’impacts, non seulement chez les victimes, mais aussi sur les familles vendéennes. C’était un système qui était en place. Pour le diocèse de Vendée, ça méritait qu’il y ait cet acte-là. Pour l’Église, ne pas faire ça, c’est ne pas se reconstruire. L’Église devait passer par un moment comme ça, pour nettoyer, balayer, arrêter de mettre des rustines sur un mur qui s’effondre. »

François évoque aussi l’affaire récente de soupçons de viols sur 19 mineurs au sein de la Fraternité Saint-Pie X à Saint-Germain-de-Prinçay, une communauté catholique intégriste qui ne dépend du diocèse puisqu’elle ne reconnaît pas Rome. « Ce qui m’a le plus choqué, c’est la phrase du prieur qui disait « je ne pouvais pas le soupçonner, c’est un homme de Dieu ». C’est dramatique, parce que ça veut que, à nouveau, comme dans les années 60-70, le prêtre, le frère, le religieux est intouchable. Ça veut dire qu’il admet que le clerc, le religieux est intouchable et ça, c’est hyper grave. J’ai vraiment connu ça, l’emprise de l’abus spirituel fait que, à un moment, on procède à des attouchements… Et on ne réagit même pas. »

 

«Une date qui restera gravée »

Paul Bernard, victime : « Pour moi, c’est ce que j’attendais de l’évêque. Je l’ai trouvé vraiment sincère et touché. Pour toutes les victimes, c’est une date, le 23 octobre 2020, qui restera gravée. On attend la suite. La reconnaissance, c’est fait, maintenant, on attend la réparation. »

« On ne remercie pas, c’est une chose due »

Jean-René : « On est contents que le travail qu’on a, nous, collectif, avec Mgr Jacolin depuis plusieurs mois aboutisse à quelque chose. Comme Jean-Pierre l’a dit « On ne remercie pas, c’est une chose due. » Et ça n’est qu’une étape vers le règlement de tout. Il faudra aborder un jour la compensation financière. En ce qui me concerne, sur l’indemnisation, ce que nous avons eu n’est pas une opération tarifée et personnellement, tout l’argent que je recevrais, si j’en perçois, je le reverserai à des œuvres caritatives. Je ne veux pas gagner un seul sou là-dessus. Et je pense que c’est ce que beaucoup pensent dans le collectif. »

 

L’engagement de l’évêque à la réparation financière « c’est important »

Yveline, victime : « Je suis contente parce qu’on voit aussi que c’est avec empathie qu’il a pris cette décision courageuse. Dans les années précédentes, j’avais contacté d’autres évêques qui prenaient à la légère mes dénonciations et là, grâce au collectif, nous avançons. C’est une juste reconnaissance de toutes les souffrances. Et la réparation qui est envisagée, même si ça n’avance pas au niveau national, Mgr Jacolin s’est engagé à prendre les choses en mains, ça, c’est important. »

 

 

« C’est insuffisant mais c’est déjà ça »

Vincent, victime : « J’étais de ceux qui étaient très réticents à venir. Je me suis décidé au dernier moment. J’étais de ceux qui cherchent réparation, qui demandaient plutôt justice contre l’institution. Mes camarades m’ont convaincu de venir. Je voulais quelque chose de plus fort mais je crois qu’il faut accepter les premiers pas. C’est insuffisant, mais c’est déjà ça. On va le prendre comme ça. Moi, ça fait plus de cinquante ans que j’attends, faut attendre encore. »

 

En Vendée, l’Eglise ­demande pardon pour les abus sexuels

Le livre de témoignage d’une victime a brisé l’omerta. En Vendée, des dizaines, voire des centaines d’enfants auraient été abusés. L’évêque local a fait acte de repentance. Une première en France.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

« J’ai honte pour l’Eglise que je ­représente. » Les mots de monseigneur Jacolin, évêque de Luçon (Vendée) depuis 2018, sont forts. Ils sont aussi très rares. Le 23 octobre, le prélat catholique a convoqué la presse pour reconnaître publiquement la souffrance des victimes de pédophilie au sein de l’Eglise et faire acte de repentance pour demander pardon. Une première en France. Et une avancée exceptionnelle pour ce département de forte tradition catholique, où le silence a longtemps été une règle sacrée. Selon le diocèse, soixante-cinq personnes y ont été victimes de violences sexuelles entre 1940 et aujourd’hui. Pour quarante-trois agresseurs connus. « Même si on ne connaîtra jamais les chiffres exacts », se désole Jean-Pierre Sautreau, qui estime que les victimes sont dix fois plus nombreuses.

Sans ce retraité de 71 ans, l’acte de repentance de l’Eglise vendéenne ne serait probablement pas d’actualité. Cet ancien banquier a largement contribué à la libération de la parole sur le sujet dans la région. Un livre, Une croix sur l’enfance en Vendée, sorti en septembre 2018 (Geste Éditions), a fait l’effet d’un électrochoc. Dans cet ouvrage, il décrit son enfance dans une famille modeste d’agriculteurs très catholiques. Il consacre plusieurs pages à ses cinq années au séminaire de Chavagnes-en-Paillers, à soixante kilomètres de Luçon. Là-bas, comme 31 autres enfants (au minimum), il sera abusé à l’âge de 10 ans plusieurs fois par des prêtres. « C’était un vrai cluster pédophilique », tente-t-il de plaisanter aujourd’hui. Son livre est très vite en rupture de stock, et Jean-Pierre Sautreau a reçu depuis une centaine de témoignages.

« J’avais peur, je pensais me faire massacrer à la sortie du livre », confie l’auteur, qui a eu un déclic inexpliqué en 2016. Ceux qui osaient parler étaient jusque-là très minoritaires. « En Vendée, l’omerta fait partie du terroir, regrette le retraité. Le prêtre avait un statut d’intouchable. Ceux qui en ont parlé à leurs parents ont reçu une taloche en retour. »

Un an après la parution du livre, le Luçonnais crée un collectif de victimes et exige de l’Eglise de Vendée une reconnaissance de ses crimes. Avant le Covid-19, ces personnes se réunissaient tous les mois, entre « copains ». Jean-Pierre Sautreau a aussi rencontré ­ monseigneur Jacolin plusieurs fois. La première rencontre a été houleuse, avant que l’évêque de Luçon prenne le temps d’écouter les victimes et fasse « un choix très courageux », reconnaît le lanceur d’alerte.

Un abbé condamné en 1999

Pourtant, plusieurs événements locaux auraient pu pousser bien avant l’Eglise à une telle initiative. En 1999, Noël Lucas est condamné à seize ans de réclusion criminelle pour viols sur mineurs de moins de 15 ans. Cet abbé vendéen a, entre autres, abusé de sept frères d’une même famille. L’un d’eux, Jocelin Tesson, raconte : « Quand on est enfant, on pense qu’on est tout seul, alors cette histoire est restée enfouie plusieurs années. Une fois l’affaire révélée, l’évêque Garnier est venu personnellement à la maison pour demander à nos parents de retirer la plainte. Le procès nous a un peu libérés, mais il n’était qu’une bulle qui n’a pas eu d’effet sur la société. »

En 2001, des victimes témoignent dans une émission de France Bleu Loire Océan. Sans conséquences. En 2004, le livre d’une victime évoque déjà les agressions sexuelles, à Chavagnes-en-Paillers, que racontera quatorze ans plus tard Jean-Pierre Sautreau. En 2012, ce séminaire fera l’objet d’une enquête du Sans-Culotte, journal satirique local, qui ne changera pas grand-chose non plus. Alors pourquoi Une croix sur l’enfance en Vendée a-t-il fait autant de bruit ? Jean-Pierre Sautreau tente une explication : « On était dans la période de l’après #metoo, la société avait mûri et était prête à accueillir la parole des victimes. »

Aujourd’hui, l’évêque de Luçon est décidé à ouvrir une nouvelle ère au sein de l’Eglise. « Il est venu le temps de l’écoute, confie ­monseigneur Jacolin. C’est ainsi que l’on pourra lutter contre ces abus. » Même s’il est conscient que pour bon nombre de ­personnes, souvent âgées, il est encore très ­difficile de parler ouvertement de ces faits, le plus souvent prescrits.

« En discuter, c’est appuyer de nouveau sur cette blessure qui ne se refermera jamais », avoue Jocelin Tesson. D’autres ne veulent plus avoir aucun lien direct avec l’institution. Au sein du collectif créé par Jean-Pierre Sautreau, les deux tiers ont coupé les ponts avec la religion. « Je suis incapable de rentrer dans une église aujourd’hui, témoigne l’initiateur du groupe. Il y a un rejet physique. »

Un livre à paraître en 2021

Après l’acte de reconnaissance et de repentance, le retraité espère maintenant une réparation de la part de l’Eglise. Pour l’instant, l’évêque de Luçon s’est engagé à fixer une plaque mémorielle dans la cathédrale, le 22 novembre, pour rendre hommage aux victimes. « Même si le séminaire de Chavagnes-en-Paillers reste un sujet tabou, notamment pour les prêtres de plus de 60 ans, il y a une volonté de faire quelque chose en Vendée, témoigne un prêtre lui-même victime d’abus sexuels dans sa jeunesse et souhaitant rester anonyme. Est-ce qu’il y a la même volonté dans tous les d­iocèses de France ? Je n’en suis pas sûr. »

Jean-Pierre Sautreau, lui, a écrit un nouveau livre dans lequel il s’­attaque au silence de l’Eglise et recueille plusieurs ­témoignages de victimes. L’ouvrage devrait sortir en début d’année prochaine, et son auteur espère bien de nouveau faire bouger les mentalités. En Vendée comme ­ailleurs.

 

 

Editorial de GOLIAS

n° 646

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Le 23 octobre 2020, l’évêque de Vendée a fait acte de reconnaissance et repentance pour les victimes de violences sexuelles commises par ses clercs pendant des dizaines d’années. Cela s’est passé devant toute la presse invitée en conférence et une trentaine de victimes accompagnées parfois de membres de leur famille.


Ces déclarations n’arrivent pas comme un cheveu immaculé sur la soupe catholique. Ils viennent deux ans après la sortie du livre Une Croix sur l’enfance qui a créé un véritable tsunami dans le département, si conservateur, de la Vendée en favorisant la libération de la parole de dizaines de victimes et leur organisation, en collectif à partir de l’été 2019.


Deux mois après sa création, le collectif s’est tourné vers l’évêque pour demander la mise en place d’une commission dans l’esprit de celle de la Ciase, mais vendéenne et la reconnaissance publique de la responsabilité du diocèse dans ces actes pédo-criminels. Avec notamment la dénonciation de sa politique de recrutement des vocations dans les années incriminées, de ses abus de conscience, de pouvoir et d’emprise et de l’omerta qui a couvert ces crimes pendant plus de trente ans.


D’entrée la commission a été refusée. Concernant les autres demandes, il a fallu une vraie détermination au collectif. Longtemps, nous avons eu le sentiment d’une incapacité de l’Église à entendre, surtout appréhender dans sa chair la souffrance des victimes, les terribles conséquences physiques et psychologiques de ces violences sexuelles sur leur existence. Le collectif a été reçu trois fois, en janvier, juillet et octobre 2020. La première réunion a été un fiasco total conduisant le collectif à refuser tout nouveau travail sur les bases imaginées par le diocèse. Les liens ont été renoués en juillet, et en octobre ont été soumis à la discussion les actes de reconnaissance et repentance envisagés par monseigneur Jacolin.


Il a donc fallu deux ans pour entendre la déclaration solennelle de l’évêché. Mais il faut souligner que l’évêque de Luçon est, à ce stade, le premier à avoir eu cette lucidité et ce courage. Bien sûr, il y a le contexte vendéen très particulier avec au moins quatre établissements mis en cause dont le cluster du petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, de nombreuses paroisses, des dizaines de victimes et d’abuseurs (43 cités) dont le célèbre recruteur des vocations, monseigneur Arnaud. Mais il y a sûrement le chemin personnel parcouru par l’homme Jacolin frappé aux tripes par l’écoute des témoignages.


Mais, il est clair que beaucoup de victimes présentes le 23 octobre n’auraient jamais pensé entendre de cet évêque : « Au nom du diocèse de Luçon, la honte au cœur, je fais acte de repentance pour tous les faits de violences sexuelles commis contre des enfants par des prêtres du diocèse dans les décennies passées. »


Pour sa part, le collectif a réagi ainsi : « Nous saluons ces actes forts de reconnaissance et repentance de Mgr Jacolin. Ils révèlent une vraie humanité et un réel courage. Nous les recevons d’un homme profondément marqué dans son cœur et dans sa chair par la terrible vérité des témoignages entendus. Nous les acceptons d’un responsable de l’Église qui a su passer par-dessus le corporatisme de l’institution pour oser, le premier, regarder la cruelle réalité de cette histoire et en endosser la responsabilité.Cependant, même si nous en mesurons l’importance, nous considérons que ces actes de reconnaissance et repentance nous sont dus. Nous rendent simplement justice. Qu’ils sont des actes logiques, normaux. Qu’ils doivent être considérés comme une avancée, une étape sur notre chemin dont le but final est la réparation. »

Jean-Pierre Sautreau

Pour aller plus loin :646. Golias Hebdo n° 646 (Fichier pdf)

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15 octobre 2015 4 15 /10 /octobre /2015 10:12
Cañizares, un cardinal espagnol, antipape, contre les réfugiés

Le cardinal archevêque de Valence, Antonio Cañizares, sorte de drag queen ecclésiatique, feint de s’interroger : « Est-ce que cette invasion de migrants et de réfugiés c’est toujours du ‘bon grain’ ? » Et, tel un Finkielkraut, un Zemmour, sans parler de Renaud Camus, chantre du grand remplacement, il considère que c’est un cheval de Troie dans les sociétés européennes. L’antithèse parfaite du pape François qui lui appelle chaque paroisse à accueillir un réfugié. Mais l’incarnation caricaturale d’une église espagnole non défranquisée.

Cañizares, un cardinal espagnol, antipape, contre les réfugiés

Ce cardinal s’était déjà distingué par sa condamnation de l’IVG !

Tout en prétendant ne pas interférer sur les votes des électeurs catalans, le prélat, avant les élections en Catalogne,  avait appelé les fidèles du diocèse à « prier pour l'Espagne et son unité » et convoqué à cet effet une veillée à la Cathédrale et demandé à toutes les paroisses des prières dans cette même intention à toutes les messes. À son avis, il n'y a aucune justification morale à la sécession. Exemple quasi chimiquement pur de cléricalisme, d’immixtion  dans le débat citoyen.

Cañizares, un cardinal espagnol, antipape, contre les réfugiés

Mais là, il atteint sans conteste les sommets de l’odieux. Faisant référence à la parabole du bon grain et de l’ivraie, et en employant sciemment le mot invasion il feint de s’interroger : tous ces migrants et réfugiés sont-ils vraiment du bon grain (todo trigo limpio) ? Plutôt de l’ivraie, car il appelle les gouvernements à la prudence face à ce cheval de Troie pour les sociétés européennes ! Et cela devant un Fórum Europa-Tribuna Mediterránea. Pour être bien compris il demande ce que l’Europe deviendra avec ce qui se passe maintenant : c’est son histoire et son identité qui se jouent. Et quand on lui objecte que ces réfugiés sont persécutés, il rétorque que bien peu le sont !

Pour le porte-parole du HCR (Haut-Commissariat aux Réfugiés –ONU), en Espagne où le racisme et la xénophobie sont moins ancrés que dans d’autres pays, ce type de message est très négatif, puisque encourageant des attitudes de rejet agressif des réfugiés. Alors que des organisations laïques et religieuses de toutes confessions sont mobilisées pour aider les réfugiés, les doutes du cardinal peuvent causer des dégâts significatifs. Et le HCR rappelle à cet archevêque peu chrétien que les valeurs de tolérance, de solidarité, de respect de la diversité sont des valeurs fondamentales de l’Europe !

Mais plutôt que de se référer à Zemmour, Finkielkraut et son ami Renaud Camus, c’est dans l’histoire séculaire de l’église espagnole que ce cardinal-archevêque s’inscrit. Cette église qui au lendemain de la chute de Grenade exigea des rois catholiques - Ferdinand II d'Aragon et Isabelle de Castille - qu’ils violent leur engagement, pris lors de la reddition de la ville, de laisser les musulmans pratiquer librement leur culte.

  Ce Cañizares est un héritier de Jiménez de Cisneros, l’archevêque de Tolède, conseiller de la reine, qui la convainquit de convertir de force, les musulmans d’Espagne.

Ce « cheval de Troie » qu’il redoute ce sont les réfugiés musulmans. Ils viennent altérer la limpieza de sangre*pureté du sang ») que les bûchers de l’inquisition, instaurée en Espagne dès 1478, avait obtenu en grillant morisques et marranes.

Digne héritier aussi de cette église qui bénissait les canons de la rébellion franquiste ! Eglise complice active du vol ou du martyre des enfants sous Franco !

 

* Certes cette pureté de sang est d’ordre religieux : un vieux sang chrétien doit couler dans les veines de ceux qui aspirent à de hautes charges. Mais la suspicion perpétuelle qui pesait sur les morisques – musulmans convertis – ou les marranes – juifs convertis – et l’interdiction de fait pour leur descendance d’accéder à certains postes faute d’un sang chrétien ancien ne fait guère de différence avec le racisme !

Sous domination musulmane, chrétiens et juifs– les dhimmis –  étaient soumis à un statut inférieur mais ceux qui le dénoncent anachroniquement maintenant oublient que le code indigène qui sévissait dans nos belles colonies était pire.

 

Sources :

El cardenal Cañizares: "¿Esta invasión de emigrantes y de refugiados es todo trigo limpio?"

La ONU ve “preocupantes” las declaraciones del cardenal Cañizares sobre los refugiados políticos

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21 janvier 2014 2 21 /01 /janvier /2014 22:23
Les cagots se lâchent !

Les cagots se lâchent !

M. Vingt-Trois !

30/09/16 : Alors que les ultra-conservateurs de la très "catholique Pologne" veulent interdire TOTALEMENT l'IVG, ce monseigneur, qui s'était déjà distingué par des propos déplacés après l'assassinat d'un prêtre à Saint-Etienne-de-Rouvray, ose parler de "totalitarisme" en défense de sites mensongers, style Professeur Lejeune !

Qu’est-ce que la charia ? une loi religieuse que des fanatiques veulent imposer à tous ! Tentation de toutes les religions. Il faut manger hallal. Donc il faut que tous mangent halal. Il ne faut pas divorcer. Donc il ne faut pas de divorce. Il faut refuser la contraception et, a fortiori l’IVG ! A tous !

 

  Mangez hallal tant qu’il vous plaira. Ou du poisson le vendredi. Ne divorcez pas (mais ne trucidez quand même pas toute votre famille, n’est-ce pas M. Dupont de Ligonnès ?). Ne pratiquez pas l’IVG, même à la manière du Curé d’Uruffe. Capote à l’index, bien sûr. Bien que ce soit une pratique longtemps tolérée – mais les temps changent -  évitez de trop vous intéresser aux petits n’enfants  ou adolescents sous votre coupe ! Surtout quand, comme au Canada ou en Irlande, c’est pour les martyriser. Ou comme en Espagne, les vendre.

Autrement dit, votre id(th)éologie est totalement respectable. Respectez, tant qu’il vous plaira, ses préceptes.

Mais, de grâce – ce mot devrait vous attendrir – ne nous les imposez pas.

Ne nous faites pas subir une régression de 40 ans.

 

Nous ne disputerons pas des apparitions de la vierge à Lourdes, ni des miracles. Chacun-e a le droit d’y croire. Vous pouvez croire aussi que dès qu’un spermatozoïde a fécondé un ovule – même le plus artificiellement possible - il y a un embryon intouchable. Mais n’imposez pas cette croyance à tous. Nul chercheur catho n’est obligé de travailler sur des cellules souches.

 

Combien de fois faudra-t-il rappeler aux bigots que le cléricalisme - cette obstination à vouloir « subordonner la société civile à la société religieuse, à vouloir étendre à la société politique les règles et méthodes de cette Église, à utiliser des armes spirituelles à des fins temporelles, à se servir du pouvoir politique pour imposer sa vision morale, individuelle ou collective » (Marc Ferro) – est proscrit depuis la loi de 1905.

 

 

Après nous avoir fait subir vos manifs anti-mariage pour tous, vous récidivez, quasiment en pire, curés et évêques en tête –en chantant les louanges d’une loi espagnole liberticide promue par des nostalgiques du franquisme, poussés par l’Opus Dei. Une fois encore vous provoquez un climat d’affrontements. De haine. Jouant un jeu politicien cynique. Oubliant d’ailleurs que ce cléricalisme éhonté paraît comme une justification aux fanatiques qui s’en prennent, non seulement aux athées de mon genre, mais aux chrétiens.

 

Arrêtez de pratiquer votre charia !

 

 

 

La « charia » c’est eux ! les cagots !

Cette pancarte est un exemple typique du degré de réflexion de ces manifestants - à croire que pour certains la différenciation des cellules-souche s'est bloquée entre les deux oreilles.

Certes, l'espèce humaine, après fécondation naturelle ou artificielle, va donner un embryon. Mais, à part Dolly, la brebis clonée, des manifestants paysans auraient pu accrocher la pancarte à leurs moutons, veaux, vaches, cochons mais pas couvées.

Pour autant, la proposition n'est pas réversible. Tout embryon de mammifère n'aboutit pas à un petit de son espèce. De tout temps, l'espèce humaine a connu des INVG - Interruptions non volontaires de grossesse - qui, implantations ratées, pouvaient passer complétement inaperçues , qui, d'autre fois, donnaient des fausses couches sans oublier les enfants morts-nés*. Ne parlons pas des embryons surnuméraires issus de la fécondation in vitro.

Donc si toute personne humaine a commencé comme embryon, tout embryon n'est pas, pour autant, personne humaine. 

 

 

* Le limbus puerorum (limbe des enfants) doit recevoir les âmes des enfants morts-nés, donc non baptisés, pour les catholiques.

 

 

 

Une certaine "Laurence", qui n'est certainement pas d'Arabie, mais plus sûrement une disciple de Renaud Camus, m'a fait l'honneur de commenter cet article.

Je lui dédie cet extrait du Canard Enchaîné qui la situe parfaitement bien.

Canard Enchaîné 10-09-2014

Canard Enchaîné 10-09-2014

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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 20:51
“Le cléricalisme ? voilà l’ennemi ! ”

Le pape François, dont il ne faut pas évoquer la passivité (au mieux) ou la complicité (au pire) du temps de Videla et consorts, se révèlerait-il comme la réincarnation de Pie X* ? L’aggiornamento de Vatican 2, n’aura-t-il été, en fait, qu’un bref coin de ciel bleu ? La prétention de la hiérarchie catholique à faire passer ses dogmes pour lois générales le fait craindre. Les ténèbres du cléricalisme plombent à nouveau le ciel catholique. Mais, devenus Gramsciens, les prélats sont en train de gagner la bataille de l’hégémonie culturelle.

 

Pas de malentendu : qu’une religion demande à ses fidèles de se conformer à des règles et interdits, n’intéresse qu’elle et ses adeptes. Sous réserve toutefois que ses préceptes ne soient pas contraires à la loi et que leur observation ne se fasse pas par la contrainte. Ce que réclament de courageux laïques, au Maroc et en Algérie notamment, luttant contre l’obligation de fait du jeûne du ramadan.

Que les catholiques considèrent leur sacrement du mariage comme indissoluble, refusent l’utilisation de moyens contraceptifs et a fortiori de l’IVG, etc. ne concerne qu’eux. Mais ces choix qu’ils font, ils n’ont pas à les imposer aux autres.

Le cléricalisme, c’est justement cela : cette intrusion constante du clergé dans le domaine temporel et plus spécialement dans le domaine politique. Cette volonté de tenter de bloquer toute réforme sociétale que les prélats et leurs sbires jugent non conforme à leur charia, à leurs dogmes. Cette obstination à vouloir « subordonner la société civile à la société religieuse, à vouloir étendre à la société politique les règles et méthodes de cette Église, à utiliser des armes spirituelles à des fins temporelles, à se servir du pouvoir politique pour imposer sa vision morale, individuelle ou collective » (Marc Ferro)

Le pape et des parlementaires français

Le pape et des parlementaires français

L’audience accordée par le pape François à 45 parlementaires français est en quelque sorte la revendication affirmée de cette intrusion. Après un propos, que je n’ose qualifier de papelard, sur la laïcité il déclare : « L’Église désire ainsi apporter sa contribution spécifique sur des questions profondes qui engagent une vision plus complète de la personne et de son destin, de la société et de son destin. Cette contribution ne se situe pas uniquement dans le domaine anthropologique ou sociétal, mais aussi dans les domaines politique, économique et culturel. » « Votre tâche est certes technique et juridique, consistant à proposer des lois, à les amender ou même à les abroger. Il vous est aussi nécessaire de leur insuffler un supplément, un esprit, une âme dirais-je, qui ne reflète pas uniquement les modes et les idées du moment, mais qui leur apporte l’indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine. »

"Monseigneur" Batut

"Monseigneur" Batut

Oh, qu’en termes choisis, ces choses-là sont dites. Mais parler de contribution s’agissant de prises de positions intransigeantes du style « l'adoption du projet de loi serait un grave recul anthropologique »,  en prétendant être le mieux à même d’«éclairer les consciences, dissiper les confusions, et formuler le plus clairement les enjeux », comme l’a fait l’épiscopat français, est, peut-être, un peu jésuitique.

 

Lecture symptomale d’un satanique athée ? Lisez donc un Monseigneur Batut, épinglé il y a peu par Le Canard Enchaîné : « Que faire maintenant que la loi est votée et entérinée par le Conseil constitutionnel ? (…) Nous souvenir d’abord, comme le rappelait Jean-Paul II dans son encyclique sur l’évangile de la vie, qu’"une loi injuste n’est pas une loi". Il n’y a pas plus injuste que la loi qui vient de détruire le mariage : ce n’est donc pas une loi, et ses dispositions n’obligeront jamais personne… ». Il est vrai que ce personnage est l’adjoint de Barbarin.

Parlementaires français offrant leur cadeau au pape

Parlementaires français offrant leur cadeau au pape

Nous sommes donc loin de l’innocente contribution du saint-père. Mais, cette brutale et insupportable intrusion des prélats sur le mariage pour tous – aidée, il est vrai, par les cyniques de l’UMP - a réussi à repousser tout débat démocratique serein sur la PMA et la GPA.

En ce sens le vote de la loi sur le mariage de personnes de même sexe est une victoire à la Pyrrhus. Le droit de mourir dans la dignité va être, si l’on peut dire, enterré. L’offensive anti IVG est relancée avec la prétention cléricale de décider que l’embryon est un être humain. Avec à nouveau la complicité cynique de Copé et sa clique, une proposition de loi des radicaux de gauche, fort prudente, sur l’utilisation pour la recherche scientifique des embryons in vitro a été bloquée. Les études de genre sont encore et toujours dans le collimateur de M. Vingt-Trois. Et même Peillon se fait prendre aux arguties mensongères du prélat.

Antonio Gramsci

Antonio Gramsci

Il serait peut-être temps que les vrais laïques se réveillent. Certes, baby loup… certes, le fichu dit voile islamique à interdire urbi et orbi… mais, pendant ce temps-là les intégristes de nos fameuses racines ont lu Gramsci et sont en train, si nous continuons de nous battre sur les terrains vagues d’une prétendue menace islamiste**, de gagner la bataille de l’hégémonie culturelle.

 

* Pape qui condamna la Loi de 1905 dans l'encyclique Gravissimo Officii Munere (10 août), que Mgr Louis Duchesne baptise malicieusement « Digitus in oculo » (« doigt dans l'œil »). Le pape y affirme alors que la « loi [...], en brisant violemment les liens séculaires par lesquels [la] nation [française] était unie au siège apostolique, crée à l'Église catholique, en France, une situation indigne d'elle et lamentable à jamais » (Wikipedia). Alors que la loi de séparation entre l’Eglise et l’Etat, grâce à l’entregent et à la clairvoyance d’Aristide Briand, n’avait rien d’un couperet anticlérical mais constituait un bon équilibre, dont se félicitent aujourd’hui in petto les évêques.

 

** Entendons bien, il ne s’agit pas de nier les menaces terroristes, style Merah, mais d’affirmer que l’équation musulman=islamiste=terroriste est xénophobe.

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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 21:12

embryon ph47

Après l’anti mariage pour tous, les cagots – prélats en tête – essaient de rejouer l’anti-IVG, à propos de la recherche sur les embryons surnuméraires. L’obscurantisme sévit encore.

 

P. d’Ornellas est l’évêque envoyé en 1ère ligne pour lancer le nouveau combat clérical sur le front d’une révision de la loi sur la recherche sur les embryons surnuméraires. Ainsi répond-il dans un entretien au Monde, à la question « L'Eglise s'oppose aussi aux recherches sur l'embryon. Peut-elle se faire entendre ? » « L'Eglise n'est pas seule à être contre ; des scientifiques et des juristes le sont aussi. L'embryon humain est un être humain. La science et la philosophie aussi disent cela. Toute personne humaine a commencé comme embryon. Interdire cette recherche est donc cohérent avec la science, le droit et le respect de l'être humain, "dès le commencement de sa vie", selon notre Code civil. Il faut aller vers une "écologie humaine", ce qui ne rime pas avec l'utilitarisme. » Remarquable réponse qui montre que la casuistique n’est pas une discipline abandonnée par nos prélats.

 

Tout d’abord, un sophisme à donner en exemple :

1°) Toute personne humaine a commencé comme embryon.

2°) Donc l’embryon humain est un être humain.

3°) Re-donc, le respect de l’être humain impose d’interdire toute recherche sur l’embryon.

Sophisme étayé par des appuis aussi anonymes qu’éminents : des scientifiques et des juristes aussi et même plus globalement la science et la philosophie !

 

embryons

Petit résumé des chapitres précédents. La procréation médicalement assistée a fait naître, c’est le cas de le dire, la fécondation in vitro (FIV), les fameux bébés éprouvettes. Ces embryons pré-implantatoires sont conservés en principe pendant cinq ans. Ils sont de toute façon surnuméraires, puisque, par précaution, on en fabrique plus que nécessaire pour faire face aux éventuels échecs. De plus, certains sont, si l’on peut dire « orphelins », soit par abandon du projet parental soit pour cause de décès. Voire « perdus de vues », les couples concernés ne donnant plus signes de vie.

Dès 1994, une loi essaye de faire face à cette multiplication : : « Les embryons existant à la date de promulgation de la présente loi et dont il a été vérifié qu'ils ne font plus l'objet d'une  demande parentale, qu'ils ne font pas l'objet  d'une opposition  à un accueil par un couple tiers et qu'ils satisfont aux règles de sécurité sanitaire en vigueur au jour de leur transfert pourront être confiés à un couple (...). Si leur accueil est impossible et si la durée de  leur conservation est au moins égale à cinq ans, il est mis fin à cette conservation » Cette loi interdisait pratiquement toute recherche sur ces embryons.

 

Il faut attendre dix ans, pour qu’une nouvelle loi, tout en maintenant l’interdit, autorise des dérogations ! Avec notamment comme condition de permettre des progrès thérapeutiques majeurs. Loi singulière, puisque votée pour cinq ans. Elle aurait dû donc être révisée après bilan en 2010.

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Sans entrer dans des considérations hautement scientifiques, il faut savoir que des essais cliniques, sur la maladie de Parkinson, ont utilisé des neurones prélevés sur des embryons issus des avortements légaux (IVG). Mais ces essais nécessitent plusieurs embryons et sont donc très limités. En revanche « Les cellules souches pluripotentes ouvrent à cet égard des possibilités très intéressantes.  Duplicables indéfiniment, elles permettraient la création de banques de tissus et le  développement de traitements à l’échelle industrielle. Cette perspective pourrait devenir réalité d’ici dix ans si aucune barrière biologique ne s’oppose à la maîtrise du processus de différenciation contrôlée » (V. Leclercq 2002).

 

Pour revenir à notre Monseigneur, il est des philosophes qui ne partagent pas son point de vue, définissant la personne par l’autonomie, ils dénient à l’embryon tout statut personnel (Valérie Sebag-Depadt). Même en admettant que les embryons soient potentiellement des personnes humaines, ils ne peuvent l’être qu’in uterus. C’est ce qu’a reconnu le conseil constitutionnel qui exclut de l’article 16 du Code civil qui « assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie », les embryons nés artificiellement (FIV)  tant qu’ils ne sont pas implantés.

embryon-suffit carre full 

Il faut savoir aussi que ces embryons sont formés de cellules microscopiques indifférenciées. La loi provisoire de 2004 bloque l’implication de l’industrie pharmaceutique qui préfère investir dans des pays à la législation moins restrictive. Législation qui facilite notamment les blocages procéduriers des adversaires fanatiques de l’IVG, style Professeur Lejeune. La proposition de loi adoptée par le Sénat et que la droite a réussi à bloquer à l’Assemblée* reste d’ailleurs assez timide ; elle passe de l’interdiction avec dérogation, à l’autorisation mais avec restrictions semblables à celles qui encadraient les dérogations. Elle n’autorise toujours pas la recherche fondamentale pure.

 

Comment ne pas évoquer l’IVG dans ce débat biaisé une fois de plus par des cagots fanatiques ? Si l’on suit ce d’Ornellas et ses disciples l’IVG est un crime. De l’art d’hystériser un débat !

 

Si l’on essaie de le poser en d’autres termes, positifs du coup, même si la recherche fondamentale échouait – en tout cas au-delà de nos espérances de vie – à dévoiler complètement le processus de différenciation de ces cellules indifférenciées, même si les recherches thérapeutiques – ce qui est moins probable – échouaient dans les traitements de maux comme la maladie de Parkinson, Alzheimer, et bien d’autres, est-ce que ça ne vaudrait pas le coup d’essayer (avec toutes les garanties de sérieux nécessaires) des recherches sur des cellules embryonnaires FIV vouées à la destruction ? Et même si le professeur Claude Huriet – grand adversaire de tout temps de ces recherches – avait raison sur les cellules pluripotentes « IPS », en quoi un autre axe de recherche le gêne. Si ce n’est pour des raisons de pure( ?) idéologie.

 

Les prélats catholiques sont en train de nous rejouer le xème épisode du cléricalisme qui consiste à tenter d’imposer leurs dogmes à l’ensemble de la société. Avec la complicité active de l’UMP qui se fout du tiers comme du quart de la question (une vingtaine de sénateurs UMP ont voté la proposition de loi des radicaux) et celle de scientifiques qui enterrent leur déontologie de chercheurs sous leur croyance.

 

 

 

 

 

* Une pantalonnade plus qu’honteuse où l’UMP a défendu des « motions de procédure » contre lesquelles elle a voté uniquement pour prolonger le débat sur un texte précédent, empêchant celui sur la recherche sur l’embryon.

 

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 16:46

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26/05/2018 : 1er procès d'un médecin complice du vol des enfants

 

 

Voir l'article d'Ouest-France

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cet article reprend un article précédent, en le complétant, à l’occasion de la sortie d’un documentaire que, vu l’heure de programmation, peu de gens verront, sauf si FR3 a l’intelligence de le mettre en ligne. Il rappelle aussi aux cagots que l’église espagnole pratiquait la Gestation pour autrui sauvage. Qu’en pensent nos cardinaux papabiles ? et les saintes Frigide et Christine ?

 

Un documentaire sur les « enfants volés » va passer quasi clandestinement sur FR3 ce lundi 11/02/13 à 0h10* ! Il eut pourtant pris tout son poids, au moment où nos propres prélats cherchaient à imposer la loi religieuse sur la loi civile. Car question GPA barbares l’église espagnole se posait là. Ces vols d’enfants démarrés au lendemain de la guerre civile au nom d’une idéologie de lutte contre le virus rouge va se poursuivre pour des motifs mercantiles, toujours sous l’égide de l’église qui, jusqu’en 1987, gérait les adoptions. La seule religieuse inculpée – sœur Juana – vient de mourir.

 

L’historien Ricard Vinyes chiffre à 21 000, rien que pour 1942 et 1943, les enfants enlevés de force à des mères républicaines par le régime franquiste avec la complicité active de l’église catholique.

Baltazar Garzon1  Le juge Baltasar Garzón,  qui a d'ailleurs perdu son poste en tentant de faire avancer ce dossier des enfants volés du franquisme, cite un document d'une institution religieuse, chiffrant à 30 960 au cours de la décennie 1944-1954 le nombre d'enfants de prisonnières politiques placés sous tutelle de l'Etat. Selon ce magistrat, c'est "un nombre indéterminé" d'enfants qui, de manière "systématique, préconçue et avec une volonté véritablement criminelle", auraient été soustraits à des familles "qui ne s'ajustaient pas au nouveau régime [franquiste]".

Des milliers de femmes républicaines venues accoucher dans les hôpitaux ressortent sans bébés. ("La madre biológica entraba por un lado y la adoptiva salía con un bebé por otro").  Tous, sont déclarés morts nés. En fait, l'enfant, bien vivant, est placé sous la tutelle d'une famille proche du régime franquiste, pour être rééduqué. Ce sont les religieuses qui sont chargées de voler les enfants, elles utilisaient leur influence et l'autorité de l'Eglise pour faire taire les plaintes des mères.

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GONZALO PORSET, UNE VICTIME -Marine de La Moissonnière France Culture

 

Garzon relate cet épisode du début des années 40 basé sur le témoignage de Félix Espejo, ancien mineur des Asturies:

"Un jour, les mères [prisonnières] sortirent avec leurs enfants dans la cour [de la prison de Saturraran]. Les religieuses leur dirent que les enfants devaient rester à l'intérieur pour une révision médicale. Il y en avait une centaine. Lorsque les mères rentrèrent, ils n'étaient plus là. Concepcion [une prisonnière], qui n'avait pas d'enfant, fut impressionnée par les scènes de douleur et par les cris des mères qui réclamaient leurs petits. Ils les menacèrent en leur disant de se taire si elles voulaient rester en vie. Une femme d'Oviedo libérée peu après vit sa fille dans une maison de militaires, à Valence, mais on ne sait pas si elle a pu la récupérer ou non".

 

Du rapt idéologique au trafic de nouveaux-nés

enfants-voles ANADIR

Cette politique d'enlèvements, pour rechristianiser les enfants de mères rouges, s’est ensuite, avec toujours la complicité des « bonnes sœurs » et de leur hiérarchie, transformée en véritable trafic d’enfants.  «Ce qui commence comme une sorte de vengeance politique et de mise au pas de la société se transforme au fil des années en un vrai «commerce» qui aurait perduré y compris jusqu’au début des années 80», explique Hector Rojo (revue Diagonal). Ainsi Isabel, mineure et enceinte, dans la très catholique Espagne de 1974, a dû obéir à ses parents : accouchement discret et un bébé qui disparaît, confié par les religieuses, sous une fausse identité, à une famille bien sous tous rapports (Tribune de Genève 15/10/2009).

 

Le Monde daté du 24/XII/2011 titrait en page 3 "Les enfants volés d'Espagne"  Les associations de victimes estiment à 300 000 adoptions irrégulières et vols d'enfants entre 1940 et 1990. L'article raconte qu'une femme, sur les conseils du curé de la paroisse, a simulé la grossesse, avant d'"adopter" un enfant.

"Le vol de bébés a surgi en Espagne avec le franquisme mais, par la suite, il semble qu'il se soit transformé en un pur commerce, extrêmement lucratif, qui se serait nourri de la vulnérabilité de certaines catégories de personnes : mères célibataires ou mineures, couples analphabètes [...] Ce qui a commencé comme un crime idéologique s'est transformé en une véritable mafia"  Enrique Vila cité par Le Monde.

enfantsvolesdelEspagne - SOS bebes robados de Madrid

Espagne - l'association SOS bébés volés de Madrid

Marine de La Moissonnière France Culture

 

« El Mundo » qui n’est pas l’équivalent espagnol du Monde, plutôt proche de l’UMP locale, le PP,  a cependant consacré un dossier aux « familles fictives : vies dérobées ». Témoignages émouvants de ces bénéficiaires du trafic : "Mes parents m'ont confessé qu'ils m'avaient acheté" : Juan Luis Moreno a su qu'ils l'avaient acheté pour 150.000 pesetas quand son père le lui a confessé dans son lit de mort : "Ils ont payé pour moi davantage que pour un appartement"; "Un religieux leur a permis de choisir entre un petit garçon ou une petite fille", "Ils ont eu à employer une mère porteuse"...

 

Des couples mariés qui ne pouvaient avoir d’enfant,  se mettaient en rapport, par le bouche à oreille, avec les personnes qui pouvaient leur en fournir. On leur disait dans quelle ville ils auraient à aller et combien ils devraient payer et le jour indiqué, ils se déplaçaient là où l'échange était fait. Après ils s’arrangeaient, dans leur propre ville pour falsifier, avec aussi un paiement préalable, le certificat de naissance. Et ils se présentaient à l'état civil où ils inscrivaient le bébé. "Il y avait pratiquement toujours des personnes religieuses impliquées dans ces histoires" En effet, jusqu’à 1987, 12 ans après la mort de Franco, les adoptions étaient entre les mains de l’église.

 

enfantsvolesespagne sorjuana La seule personne inculpée, une « bonne sœur », Maria Gomez Valbuena, sor María est décédée en janvier. Le juge Garzón, on l’a vu a été déchu pour onze ans, par la plus haute juridiction espagnole sur plaintes de deux groupuscules d’extrême droite, pour avoir osé soulever le couvercle des 100 000 disparus du franquisme et de ces 300 000 « niňos robados ». Comme le dit Télé Obs, aucune enquête qui permettrait de vérifier les archives des hôpitaux, des maternités et des évêchés incriminés, n’a été diligentée. (« Les ombres du passé » Télé Obs  09/02/13).

 

 Cette église franquiste, loin de tout repentir, a continué d’afficher son cléricalisme avec la même morgue, pour tenter de bloquer les lois qui lui déplaisent. Le soutien du Vatican ne lui a jamais fait défaut. La radio contrôlée par la Conférence épiscopale espagnole a pris très systématiquement position contre le gouvernement de Zapatero, défendant, sur un ton souvent très violent, des positions proches du Parti Popular (PP). Mais, malgré le retour du PP au pouvoir, ni le mariage homo, ni l’IVG, contre lesquels cette église avait organisé des manifestations géantes, n’ont été remis en cause.

 

 

* On peut le (re)voir http://pluzz.francetv.fr/videos/la_case_de_l_oncle_doc_,77100649.html 

Scandale des bébés volés en Espagne : la quête de vérité

 

OUEST-FRANCE du 26/06/2018 titre en une sur les bébés volés

Les enfants volés par l’église franquiste
Les enfants volés par l’église franquiste
Les enfants volés par l’église franquiste
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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 11:51

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"Je sollicite auprès de vous, comme je l'ai fait auprès de mes collègues ministres et auprès de nombreux acteurs, l'implication de l'archevêché de Paris pour mettre à disposition des locaux, soit à titre temporaire, soit à titre pérenne",  a écrit C. Duflot. "Il semble que l'archevêché de Paris possède des bâtiments quasi vides. Je viens de leur écrire pour voir avec eux comment utiliser ces locaux" a-t-elle dit au Parisien. Voilà les propos de la Ministre du Logement qui indignent les cagots !

A commencer par le destinataire du courrier, M. Vingt-Trois qui se garde de répondre sur les bâtiments vides, mais excipe des actions menées par des associations catholiques. L’entourage du prélat fait état de 120 personnes accueillies de 3 jours à quatre mois l’hiver dernier ! Un abbé Grosjean touitte même Je signale juste: des paroisses de Paris accueillent déjà sans le hurler chaque nuit les+ démunis que l'Etat laisse crever dehors. On notera cependant, si le chiffre avancé par Charles Gazeau, délégué épiscopal aux solidarités est juste, que l’accueil de 120 SDF dans l’ensemble des paroisses ne relève pas de l’exploit.

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congregation-37-rue-de-Picpus Sauf que ces hauts cris ne répondent pas du tout aux déclarations de Mme Duflot. Sauf erreur, elle ne met pas en cause l’action du secours catholique et d’autres associations caritatives qui s’emploient, avec d’autres organismes non confessionnels, à aider les plus démunis. Non. Reprenant des informations publiées par Le Canard Enchaîné et cartographiées par RUE 89, elle fait clairement allusion à des locaux appartenant soit directement à l’archevêché (un ancien séminaire, par exemple) soit à des congrégations religieuses, pratiquement inoccupés*.

Le cas le plus savoureux est celui des « Petites sœurs des pauvres » installées dans le XVIe arrondissement, cette « zone de pauvreté » bien connue des parisiens, elles y possèdent 1 ha, boulevard Murat avec un bâtiment vide. Si l’on en croit Le Canard, dans la rue Gay-Lussac (Ve arrondissement) quatre sœurs de l’adoration se partagent une vaste bâtisse. Des Sœurs du Bon secours – ça ne s’invente pas non plus – dans le VIIe possèdent un demi-ha. Dans le XIIe du coup, rue Picpus, deux ordres - Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie et de l'Adoration – accueillent certes une vingtaine d’étudiants et sept nonnes d’une autre congrégation, mais sur plus de deux ha, avec une large partie des bâtiments quasi à l’abandon… Quant à l’ancien séminaire Saint-Sulpice, un responsable a répondu au Canard que l’accueil de SDF ne pouvait pas se faire car il n’y avait pas d’ascenseur et peu de salles de bains.

congregation-20 rue ND des champs.jpg

C’est donc de cela qu’il s’agit et non de savoir si M. Grosjean, abbé de son état, fait preuve d’une charité qui ne s’exprime guère dans ses écrits. Les réactions des cagots font d’ailleurs plus penser à Civitas qu’à Caritas. Avec une agressivité, peu compatible avec le message des évangiles, ils dénoncent une « cathophobie » et font un amalgame hardi avec le débat sur le mariage pour tous où là, la phobie de certains est plus évidente.

Au lieu d’agonir d’insultes la Ministre du Logement, l’archevêché et ses ouailles devraient plutôt lire attentivement La Croix pour fournir quelques pistes aux «Petites sœurs des pauvres » ou à celle du « Bon secours », entre autres. Non pas l’exemple des "Filles du Cœur de Marie" qui ont vendu l’hôtel de Bourbon-Condé, magnifique immeuble de la rue Monsieur, à la famille royale du Bahreïn, des infidèles, pour 66 millions d’euros ! Plutôt celui des franciscaines de Lyon qui ont cédé leurs biens à Habitat et Humanisme*, à un prix inférieur d’un tiers à la valeur du marché, pour maintenir de la mixité sociale dans un quartier huppé. Ou celui les bénédictines du monastère de Notre-Dame de Jouarre (Seine-et-Marne) qui ont cédé 1000 m2 au Secours catholique pour des logements de réinsertions.

Nom de Dieu, voilà que je me mettrais à prêcher !

Revenons à ces réactions – au double sens du mot – dénotant une dérive politicienne de certains membres de l’église qui avec Boutin se prêtent au jeu de la cathophobie. Le soutien de Jacob, Président de ce qui reste du groupe UMP à l’Assemblée, celui de l’ineffable Lefebvre, qui avait disparu des écrans radars, ramènent les feintes protestations de l’épiscopat à une opération de diversion. Pour Jacob tenter de faire oublier la guignolade Copé/Fillon. Pour Vingt-Trois vouloir faire croire que la demande raisonnable de la Ministre serait une sombre manœuvre pour contrer son cléricalisme indécent et celui de son complice Barbarin.

 

* " Et que dire des ensembles immobiliers des communautés religieuses, plus d’une centaine à Paris et pour la plupart sous-occupés ? Si certaines de ces communautés ont fait le choix de vivre à l’étroit dans des quartiers populaires, la plupart résident dans des bâtiments qui dépassent parfois 1 hectare. Rien qu’à Paris la liste est révélatrice. Avenue Denfert-Rochereau, les Visitandines vivent dans une immense bâtisse devenue bien trop grande, au cœur d’une propriété de 2,2 hectares. Non loin de là, les quinze capucins de la rue Boissonade et les dix-huit franciscains de la rue Marie-Rose se « contentent » d’immeubles dont l’importance et la superficie sont un défi à la raison même. Toujours dans les quartiers haut de gamme, près du Panthéon, les sœurs de l’Adoration ne sont plus que quatre et pas franchement à l’étroit dans une vaste bâtisse qui ferait le bonheur de nombreuses familles, comme les locaux de l’ancien séminaire Saint-Sulpice, entre le jardin du Luxembourg et Saint-Germain-des-Prés, qui hébergent une vingtaine d’étudiants, des curés et des prélats de passage. Les quelques sœurs du Bon Secours de la rue Notre-Dame-des-Champs, dans le VIe arrondissement, ne sont pas non plus mal loties avec un demi-hectare à leur disposition. Le monastère des sœurs de Saint-Joseph de la rue Méchain dans le XIVe arrondissement, 1,6 hectare « seulement » et des milliers de mètres carrés disponibles, accueille trente religieuses. Dans le XIIe arrondissement, à la limite de Vincennes, quelques sœurs et pères des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie et de l’Adoration se retrouvent dans un espace de 2,3 hectares avec sept religieuses de l’Enfant-Jésus du Puy. Et au sein de la propriété, les imposants bâtiments qui bordent la rue Picpus sont inemployés. Rive droite, après une petite traversée de la Seine, encore 1,1 hectare pour la dizaine de religieuses de l’Assomption (...) Les Petites Sœurs des pauvres possèdent une propriété de 1 hectare boulevard Murat, à proximité du Parc des Princes, et souhaitent s’en défaire depuis une dizaine d’années. Il y a six ans, la vente avait failli se faire avec le promoteur Cogedim et la Mairie de Paris qui voulait construire des HLM, une maison de retraite, quelques appartements privés et ouvrir un jardin public. Du logement social ! Hérésie dans le très chic XVIe arrondissement de la capitale. Les paroissiens ont mis le holà en multipliant les recours en justice." Golias

 

En complément "Le Canard enchaîné" 5 décembre 2012

canard 05-12-12 duflot

 

* Un bénévole d'Habitat et Humanisme m'a fait parvenir le texte ci-dessous :

 

"A propos de l’opération RecyClés,

  La vraie nature d’Habitat et Humanisme  Rhône

 

  

Habitat et Humanisme  acquiert ou reçoit en don une résidence déclarée insalubre   Rue de Séze à Lyon (6éme)  en 2009.

 

Les objectifs sont  d’insérer dans le quartier 19 femmes seules, ce quartier ne connaissant pas la mixité sociale du fait du prix du métre carré très élevé.

 L’intention semble  louable, sauf que ces femmes n’habiteront jamais dans ce quartier.

 Habitat et Humanisme Rhône se définissant comme une association de bénévoles voulant faire de la mixité en s’appuyant pour l’accompagnement par  les bénévoles du quartier.

 Les financements pour l’accompagnement de ces femmes  sont  intéressants pour Habitat et Humanisme Rhône engagé dans une réduction de la masse salariale des travailleurs sociaux rémunérés sur la convention d’une entreprise du bâtiment. !

 

L’accompagnement est assuré par des bénévoles qui n’ont pas les compétences pour ce genre de travail social, mais il ne coûte rien à Habitat et Humanisme pour qui l’accompagnement est « un acte de charité, d’écoute » en direction de ces femmes, la formation à l’accompagnement stigmatise les résidents comme étant parfois des profiteurs.

 Habitat et Humanisme veut modifier le bail de ces locataires pour en améliorer le turn over et tente de demander à l’entrée le loyer intégral, les aides aux logements venant en déduction au moment de leur versement par la caisse d’allocations familiales, ce qui pour des résidents aux minimums sociaux est un bel acte d’accueil.

 

Entre le catéchisme, l’animation paroissiale, le diaconat, on trouvera un peu de temps pour ces pauvres femmes de la Rue de Séze, cela est d’autant plus « pratique,  qu’il n’y a pas besoin de se déplacer »

 

La gestion de la dite maison est assurée par un salarié qui n’a pas les qualifications requises et un travailleur social y est détaché sur cette maison pour quelques heures.  Sur l’ensemble de Habitat et Humanisme 69, la réduction de la masse salariale des travailleurs sociaux est à son comble, on leur demande de plus en plus. Ils sont remplacés par ces bénévoles et les financements détournés.  Lors d’un départ d’une assistante sociale, sur un poste financé par le conseil général, on le réduit de moitié !

 

Cette maison qui avait été déclarée insalubre et qui ne le serait plus (à voir) puisqu’elle accueille ces femmes nécessiterait des travaux importants que les anciens propriétaires  avaient budgétisé à hauteur de plusieurs centaines de millions d’euros, elle a obtenu le statut de foyer de jeunes travailleurs, ce qui lui garantit d’autres  subventions.

 

Pour financer les travaux , une opération de communication a été lancée qui est à la limite de la propagande et qui est éthiquement douteuse pour une association présidée nationalement par un prêtre et qui localement est composée en son bureau et en son conseil d’administration de personnes clairement catholiques. .

 

Cette campagne récolte en partenariat avec les banques des vieilles clefs qui seront transformés en œuvre d’art vendues  aux enchères dans le hall de la maison de Séze qu’un coup de peinture rendra plus accueillant.

 Chabal le joueur de Rugby apporte son parrainage à cette opération, cela ne semble pas fonctionner, les recettes ne rentrent pas, on pensait pouvoir  exploiter quelques phantasmes en ce moment d’homophobie ! C’est le bide

 

Les conditions d’hébergement de ces femmes devenant périlleuses et d’autres opérations (Chorus) ne trouvant pas de locataires, certaines quittent la résidence de Séze et sont remplacés dans le cadre du plan froid par des sans abris. L’état finance de maniéré conséquente et voilà, en regard des services rendus réellement pour l’insertion, voilà de quoi mettre du beurre dans les épinards.

 

 En tant que citoyen, on peut s’étonner qu’une association puisse recevoir des financements qui ne soient pas intégralement affectés à leur destination. .

 

 En tant qu’humaniste, prétendre  faire  de l’insertion alors que l’on ne fait qu’un vague accompagnement. Utiliser ces arguments pour récolter de l’argent est  de la propagande ! 

 

Mais personne ne dit rien, ni les services de l’État, ni le Conseil Général, ni le Conseil Régional, ni  les Foyer de Jeunes Travailleurs    les travailleurs sociaux sont au bout du rouleau, ils ont désignés quatre délégués du personnel issus de Sud, et le cinquième est à la CFDT.

 

Tout est verrouillé : Queyranne et Collomb louent l’œuvre entreprise par Bernard Devert.

 

L’ancien directeur des services du conseil général a été recruté par Habitat et Humanisme 69, le préfet se laisse enfumer par la communication d’Habitat et Humanisme  tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ……

 

Les crédits d’État sont considérés comme des dons et n’ont aucun contrôle.

 

Déjà de nombreux résidents n’auront pas eu le moindre début d’entretien sur leur projet. Dans les logements du diffus, on frise la non assistance de personnes en danger … au bout de deux ans et bientôt avant (proposition du cadre stratégique !) car les baux vont être réduits.  Dans le cadre de propriétaires solidaires, des propriétaires flairant la bonne aubaine (loyers assurés, réduction d’impôt) ont proposé à la location des taudis dont certains sont devenus des squats (comme rue Paul Bert !) Leurs occupants n’auront aucun accompagnement, ni par un bénévole (mais cela vaut peut être mieux !) encore moins par un travailleur social en sous nombre et dont l’ancien président disait qu’ils ne faisaient rien."

 

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5 janvier 2008 6 05 /01 /janvier /2008 15:52

7 mars 1932 : décès d’Aristide Briand, Prix Nobel de la Paix et rapporteur de la loi du 9 décembre 1905.

    Aristide Briand, le grand oublié lors du centenaire le la LOI DE 1905, loi dont il fut le maître d’œuvre, voulait une séparation qui ne fût pas la victoire d’un camp sur un autre ; il voulait une loi qui permette, ce qu’avaient voulu au XIXe siècle Lamartine et Montalembert, une église libre, dans un état libre. Il souhaite une séparation loyale et complète. Il s’oppose ainsi à la vision de la laïcité de ses amis de la Libre-Pensée qui n’apprécient pas  que le texte ne combatte pas l’église et ne cherche pas à la réduire.

Ainsi,  quand Vaillant affirme : « Tant que l’église n’aura pas entièrement disparu, tant que la laïcisation de la société ne sera pas faite, notre tâche ne sera pas assurée… », il déclare « J’ai horreur de la guerre religieuse. Le succès de mes idées, leur réalisation, dépend trop de la pacification des esprits  pour ne pas voir l’église s’accommoder du régime nouveau. »

Interpellant des députés anticléricaux, il demande « Que voulez-vous faire ? Voulez-vous une loi de large neutralité, susceptible d’assurer la pacification des esprits […] ? Si oui, faites que cette loi soit franche, loyale et honnête. »

 

Une fois tous les articles votés, il s’adresse aux députés de droite : « Vous ne pouvez pas vous plaindre, messieurs, d’avoir rencontré chez nous, sur le fond même des choses, un parti pris tyrannique puisque, dans plusieurs circonstances sur des points graves, je pourrais dire essentiels du projet, nous nous sommes rendus à vos raisons, désireux que nous étions de faire accepter la séparation par les nombreux catholiques de ce pays. […] Ce mot a paru extraordinaire à beaucoup de républicains qui se sont émus de nous voir préoccupés de rendre la loi acceptable par l’église. » Il conclut que la majorité républicaine a généreusement accordé aux catholiques « tout ce que raisonnablement pouvaient réclamer vos consciences : la justice et la liberté. ».

 

Un pape particulièrement borné

Briand avait parié sur l’intelligence de l’église, hélas le pape de cette époque est particulièrement borné.

Deux mois après la promulgation de la loi, Pie X la condamne sans détour, dans des termes dont on entend comme de lointains échos dans le discours du « chanoine de Latran ». Pour lui, cette loi est « la négation très claire de l’ordre surnaturel. Elle limite en effet l’action de l’état à la seule poursuite de la prospérité durant cette vie qui n’est que la raison prochaine des sociétés politiques ; et elle ne s’occupe en aucune façon, comme lui étant étrangère, de leur raison dernière qui est la béatitude éternelle. » Il rappelle les règles de fonctionnement de l’église dans laquelle « la multitude […] n’a pas d’autre devoir que celui de se laisser conduire et, troupeau docile, de suivre ses pasteurs. »

Face à cette intransigeance, A. Briand va proposer en décembre 1906 une loi « telle que, quoi que fasse Rome […], il lui soit impossible de sortir de la légalité. Voilà notre violence et notre tyrannie. »

 

Il faudra cependant attendre 1924 et Pie XI pour que la papauté accepte de facto la loi de 1905.

 

Aristide Briand résume bien l’esprit de la loi de 1905 en écrivant dès son rapport* sur le projet de loi : « Toutes les fois que l’intérêt de l’ordre public ne pourra être légitimement invoqué, dans le silence des textes ou le doute sur leur exacte interprétation c’est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur. »

 

D’après Aristide Briand, le ferme conciliateur Gérard Unger Fayard

 

 

 

 

 

 

 

* Le texte de la loi, les débats parlementaires du 21 mars 1905 au 3 juillet 1905, la chronologie http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/eglise-etat/sommaire.asp

 

Faux débat, qui ressort régulièrement, public/privé.
 

La loi de séparation des églises et de l’état, en abolissant le concordat, fait relever les églises du droit privé et non plus du droit public (l’état ne salarie plus ses « ministres » ni ne nomme les évêques). Donc, sur le plan strictement juridique cette distinction est fondée.

En revanche, vouloir faire croire que les convictions religieuses ne peuvent s’afficher publiquement est totalement contraire à la loi de 1905.

« Les réunions pour la célébration d'un culte tenues dans les locaux appartenant à une association cultuelle ou mis à sa disposition sont publiques. » (Art 25 : elles se passent d’ailleurs souvent dans des édifices publics mis gratuitement à la disposition de ces cultes). Le débat sur l’article 27 qui porte sur les sonneries de cloches, les processions sur le domaine public a donné lieu à  un affrontement entre ceux qui voulaient les interdire (ainsi que le port de la soutane sur la voie publique : Briand ironisa sur ceux qui voulaient que la République se préoccupe d’habillement) a été tranché dans un sens « libéral » (soumis à autorisation des maires et la plupart des arrêtés d’interdiction ont été annulés par la justice administrative).

 

    En revanche, l’obstination des papes, affirmée par Pie X, mais qui reprend de la vigueur avec JP 2 puis B 16, et du clergé à vouloir « subordonner la société civile à la société religieuse, à vouloir étendre à la société politique les règles et méthodes de cette Église, à utiliser des armes spirituelles à des fins temporelles, à se servir du pouvoir politique pour imposer sa vision morale, individuelle ou collective » (Marc Ferro) est toujours présente. Il n’est que de voir la manifestation organisée par une église espagnole qui n’a jamais reniée son soutien indéfectible à la « croisade franquiste », pour défendre les « valeurs familiales ». En Italie, elle se livre à des pressions sur les parlementaires. Si l’église de France est plus sage – mais les propos indécents du chanoine d’honneur du Latran risquent de faire évoluer négativement le climat – elle n’en appelle pas moins à re-catholiser un enseignement privé qui, bien que confessionnel, tendait à se séculariser fortement. Elle ne fait que suivre le Vicomte Le Jolis de Villiers de Saintignon que j’ai entendu à Montaigu, il y a au moins douze ans, fustiger les représentants de l’enseignement privé sur ce même thème.

 

Cette « renaissance », à laquelle appelle notre Ouf 1er, ne serait-elle pas la renaissance du cléricalisme ?



Ci-dessous un petit montage de dessins tirés des journaux anticléricaux de l'époque d'Aristide Briand , quelques-uns d'entre eux portant sur la séparation de l'église et de l'état (église au singulier, car ils ne portent que sur l'église catholique).

 

 

 

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