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9 octobre 2015 5 09 /10 /octobre /2015 16:44
Tract distribué dans mon ex-collège

Tract distribué dans mon ex-collège

Mea culpa ! si j’ose dire. A l’occasion d’une distribution de tracts de l’aumônerie dans mon ex-collège, j’ai découvert à ma grande honte que j’ignorais en fait les textes. Fort de l’article 2 de la Loi de 1905, j’étais persuadé qu’une aumônerie de collège était liée à l’existence d’un internat. Que nenni !

Aumônerie de collège public : tout faux !

Or donc, en marge d’une réunion d’une association citoyenne locale, on m’informe que des tracts sur l’aumônerie avaient été distribués dans les classes officiellement. Tout faraud, je proclame qu’une telle aumônerie ne pouvait exister puisque j’avais réussi à faire fermer l’internat dudit collège. Et qu’une aumônerie ne pouvait exister que dans un établissement avec internat !

Tout faux.

 

Certes, l’aumônerie est de droit en cas d’internat. Sous réserve d’une demande de parents.

Ce qui était arrivé à la fin des années 90 où donc j’avais accueilli une charmante catéchiste que j’avais affublé du titre d’aumônière, ce qu’elle supportait fort chrétiennement. Une autre lui avait succédé qui m’avait d’ailleurs promis de me faire visiter l’évêché – il n’est visible que pendant les journées du patrimoine et avec inscriptions très réduites – promesse non tenue. Pourtant le logement de fonction du successeur de Richelieu, du peu qu’on en voit, me semblait bien supérieur à celui qui m’était alloué.

L’internat fermé, l’aumônière avait disparu. Et dans mon esprit, tout ce qui ressortait du caté, pour les externes ou demi-pens relevait des familles, le mercredi ou le samedi ou après les cours. Sans que l’établissement ne soit, si peu que ce soit, concerné.

Aumônerie de collège public : tout faux !

A jouer les péremptoires, j’ai quand même voulu conforter mes affirmations par des textes.

 

Le site du 1er ministre Vie publique sur ce sujet rappelait la loi fondatrice : « L’Etat doit permettre à chacun de pratiquer son culte en assistant aux cérémonies ou en suivant l’enseignement propre à sa croyance. Si un croyant est retenu dans un établissement géré par l’Etat, il doit pouvoir pratiquer son culte au sein de cet établissement. C’est pourquoi la loi de 1905 [dans] son article 2 qui interdit toute subvention à un culte prévoit que "pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d’aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons". »

La suite était cependant plus ambiguë : « Dans les établissements scolaires publics du secondaire (collèges et lycées), la création de services d’aumônerie est possible à la demande des parents. Les aumôniers de l’enseignement public ne sont pas rémunérés par l’administration bien qu’agréés par le recteur. Quand l’établissement scolaire possède un internat, l’enseignement religieux est dispensé au sein de l’établissement, en revanche, quand il n’y a pas d’internat, les cours religieux sont donnés en dehors des locaux scolaires. »

Les quatre premières illustrations sont les scans du tract distribué récemment dans le collège où j'ai sévi !

Les quatre premières illustrations sont les scans du tract distribué récemment dans le collège où j'ai sévi !

Le doute cependant me gagnait.

Plongée donc dans le Code de l’éducation qui, dans son titre IV, Article L 141-2., affirme : L’Etat assure aux enfants et adolescents dans les établissements publics d’enseignement la possibilité de recevoir un enseignement conforme à leurs aptitudes dans un égal respect de toutes les croyances. Mais surtout précise les modalités pratiques : L’Etat prend toutes dispositions utiles pour assurer aux élèves de l’enseignement public la liberté des cultes et de l’instruction religieuse.

  • Article R. 141-2. – Dans les établissements publics d’enseignement comportant un internat, une aumônerie est instituée à la demande de parents d’élèves.
  • Article R. 141-3. – L’instruction religieuse prévue à l’article R.141-2 est donnée par les aumôniers et ministres des différents cultes dans l’intérieur des établissements.
  • Article R. 141-4. – Les lycées, collèges, et généralement tous établissements publics d’enseignement du niveau du second degré ne recevant pas d’internes et non encore pourvus d’un service d’aumônerie peuvent en être dotés, à la demande de parents d’élèves. La décision est prise par le recteur dans des conditions et selon des procédures déterminées par arrêté du ministre chargé de l’éducation. Si la sécurité ou la santé des élèves le justifie, le recteur peut, après avis du chef d’établissement, autoriser les aumôniers à donner l’enseignement religieux à l’intérieur des établissements. (Ce dernier alinéa nuance donc le résumé de Vie publique)

Des distributions de tracts controversées

Collège-lycée BUFFON

Comme je ne lis pas Le Parisien, La Croix ou Le Figaro, je n’avais pas lu les articles sur une distribution de tracts de l’aumônerie catho dans quelques établissements du XVe dont le collège-lycée Buffon, à la mi-septembre. Pub très controversée par la FCPE et des syndicats enseignants.

La Croix, assez jésuitement, a tenté de justifier cette distribution par les textes officiels.

Sauf que si le Code de l’éducation est muet sur la façon d’informer les familles, la Circulaire no 88-112 du 22 avril 1988 - Enseignement religieux et aumôneries dans l'enseignement public. – est plus précise.

 

Or donc il faut une demande des familles et le chef d'établissement doit adresser au recteur un dossier comprenant la totalité des demandes reçues, la répartition des élèves intéressés entre les différents cultes et les différentes classes… dossier assorti d’un avis du Conseil d’administration.

Lors de la création du service d'aumônerie ou lors de la première inscription d'un élève dans l'établissement, le chef d'établissement doit informer l'élève, s'il est majeur, ou ses parents ou représentants légaux, de l'existence d'un service d'aumônerie. Voilà donc la justification de la distribution de tracts, direz-vous.

Et bien non ! S'il s'agit d'une première inscription de l'élève dans l'établissement, les parents ou représentants légaux indiquent, sur la fiche d'inscription qu'ils doivent remplir, et qui doit comporter une rubrique à cet effet ou, à défaut, sur un feuillet  ad hoc annexé à cette fiche, s'ils désirent que l'élève suive les activités du service d'aumônerie (…)

Les formulaires d'inscription dans l'établissement scolaire ou tout autre document comportant des questions relatives à l'enseignement religieux doivent préciser clairement que les réponses à ces questions sont facultatives. En outre, les chefs d'établissement devront faire savoir aux parents ou à l'élève majeur que l'inscription aux activités du service d'aumônerie peut entraîner la nécessité de conserver l'enregistrement de cette inscription dans un fichier manuel ou informatisé.(…)

Le choix fait lors de la première inscription vaut tant qu'il n'a pas été modifié par écrit. Les noms et adresses des élèves inscrits seront tenus à la disposition du responsable de l'aumônerie qui devra refuser de recevoir les élèves non inscrits

Rétrospectivement, je le confesse, je n’ai absolument pas suivi ce texte lors de la brève présence d’une aumônerie au sein du collège (deux ans, si je me souviens bien). Sauf erreur pas d’indication de son existence à l’inscription. Libre accès. La seule publicité devait être une pancarte sur la porte de la salle avec les horaires de permanence. Et pour moi, ladite aumônerie avait disparu en même temps que les internes.

Est-ce d’ailleurs à cause de ces manques à l’information que des rectorats auraient autorisé une publicité directe distribuée à tous au sein des établissements avec aumônerie ? Hypothèse hardie.

Le rappel du texte de 1988, en revanche, n’est peut-être pas inutile.  

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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 17:09
Charte de la Laïcité : ça bouzze

Constitution de 1958

ARTICLE PREMIER.

La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances…

 

Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l'Etat

Titre Ier : Principes.

Article 1

La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.

Article 2

La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte…

 

Loi n° 11 696 du 28 mars 1882

Article premier

L’enseignement primaire comprend :

   ● L’instruction morale et civique ;

   ● La lecture et l’écriture …

La Charte de la Laïcité, affichée dans tous les établissements depuis 2013, doit être signée par les parents à cette rentrée. Une telle obligation déclenche un bouzze. Tandis qu’un journaliste sportivo-politique pointe, deux ans après, dans le texte, des ambiguïtés qui devraient inspirer Houellebecq, L’Obs se pose la question essentielle : si les parents ne signent pas !

Charte de la Laïcité : ça bouzze

Bruno Roger-Petit (BRP) journaliste sportif au Figaro, mais politique à Challenges (groupe de L’Obs), touitte donc, après avoir découvert le texte deux ans après sa parution, sur l’ambiguïté des paragraphes 12 et 15 (dans une autre réponse il note 11 et 15), ambiguïté susceptible donc d’alimenter les fantasmes soumissionnaires de Houellebecq. Diantre, affirmer que les enseignements sont laïques et que nul ne peut s’y soustraire pour des motifs religieux ou que les élèves doivent être actifs serait comme un acte d’allégeance aux fondamentalistes de l’Islam ? Qui a pu voir opérer le fqih sait que les méthodes actives ne sont pas très usitées dans une école coranique.

L’article de L’OBS - Charte de la laïcité : et si les parents ne signent pas ? -  se fait l’écho d’une interrogation d’un prof et d’un touitte (« Si, en tant que parent d'élève, je refuse de signer la charte de la laïcité, il se passe quoi ? Mes gamines doivent s'inscrire au CNED ? », le Monsieur semble ignorer que le CNED fait partie de l’éducation nationale, mais il peut se réjouir son message stupide est passé dans L’Obs).

Surtout L'obs reprend les propos d’un certain Rodrigo Arenas, présenté comme le représentant de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) de Seine-Saint-Denis, qui clame qu’il ne signera pas. "Un parent qui ne respecte pas la laïcité ne respecte pas la loi et il aura affaire la justice. Pas la peine de signer une charte pour ça", estime-t-il. "Le problème est pris à l’envers. En Seine-Saint-Denis, quand on parle laïcité, on parle Islam. Alors il faut faire attention à ne pas stigmatiser certaines personnes. On ne peut pas convoquer des parents en tête à tête parce qu’ils ont refusé de signer. Ça ressemble à une punition, c’est ubuesque !"

Selon lui, ajouter la charte au règlement intérieur apporte un signal négatif. "Dans un règlement intérieur, on vous rappelle ce que vous n’avez pas le droit de faire, donc on donne l’impression que la charte est coercitive."

On peut retourner les arguties de R. Arenas en estimant que joindre cette charte au Règlement Intérieur (RI) de l’établissement donne un aspect plus positif au RI et surtout en explicite le principal fondement qui est le vivre ensemble.

Ne jetons pas la pierre à ce militant de la FCPE, qui donne des armes aux xénophobes, qui caricaturent les musulmans, en prétendant que parler de laïcité en Seine-Saint-Denis c’est stigmatiser l’Islam. Comme si tous les musulmans étaient des fondamentalistes bornés (pléonasme), des affidés d’un Civitas de l’Islam. Car il est vrai que dans la mauvaise foi il ne fait que marcher dans les brisées d’une sociologue Nacira Guénif-Souilamas qui, elle, contrairement à Roger-Petit avait lu le texte à sa parution. Lecture très symptomale : « La laïcité devrait garantir l’égalité entre les filles et les garçons - ce qui est très contradictoire avec les récentes déclarations de Peillon sur le fait que la théorie du genre n’existe pas. [… ]. Pourquoi vise-t-on spécifiquement l’inégalité garçons-filles ? C’est une manière de pointer du doigt, une nouvelle fois, sans les nommer, ces musulmans supposés hétérosexistes(sic). »

Si l’on suit bien le raisonnement, proclamer l’égalité filles-garçons serait l’indice de l’existence d’une théorie du genre ! et surtout cette proclamation viserait les musulmans. En quoi des musulmans non sexistes pourraient se sentir visés par l’affirmation assez banale de l’égalité femme-homme ?

Charte de la Laïcité : ça bouzze

Charte de la laïcité à l’école.

 

La Nation confie à l’école la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République. La République est laïque. L’école est laïque.

 

1) La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi, sur l’ensemble de son territoire, de tous les citoyens. Elle respecte toutes les croyances.

 

2) La République laïque organise la séparation des religions et de l’État. L’État est neutre à l’égard des convictions religieuses ou spirituelles. Il n’y a pas de religion d’État.

 

3) La laïcité garantit la liberté de conscience à tous. Chacun est libre de croire ou de ne pas croire. Elle permet la libre expression de ses convictions, dans le respect de celles d’autrui et dans les limites de l’ordre public.

 

4) La laïcité permet l’exercice de la citoyenneté, en conciliant la liberté de chacun avec l’égalité et la fraternité de tous dans le souci de l’intérêt général.

 

5) La République assure dans les établissements scolaires le respect de chacun de ces principes.

 

6) La laïcité de l’École offre aux élèves les conditions pour forger leur personnalité, exercer leur libre arbitre et faire l’apprentissage de la citoyenneté. Elle les protège de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leurs propres choix.

 

7) La laïcité assure aux élèves l’accès à une culture commune et partagée.

 

8) La laïcité permet l’exercice de la liberté d’expression des élèves dans la limite du bon fonctionnement de l’École comme du respect des valeurs républicaines et du pluralisme des convictions.

 

9) La laïcité implique le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations, garantit l’égalité entre les filles et les garçons et repose sur une culture du respect et de la compréhension de l’autre.

 

10) Il appartient à tous les personnels de transmettre aux élèves le sens et la valeur de la laïcité, ainsi que des autres principes fondamentaux de la République. Ils veillent à leur application dans le cadre scolaire. Il leur revient de porter la présente charte à la connaissance des parents d’élèves.

 

11) Les personnels ont le devoir de stricte neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l’exercice de leurs fonctions.

 

12) Les enseignements sont laïques. Afin de garantir aux élèves l’ouverture la plus objective possible à la diversité des visions du monde ainsi qu’à l’étendue et à la précision des savoirs, aucun sujet n’est a priori exclu du questionnement scientifique et pédagogique. Aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme.

 

13) Nul ne peut se prévaloir de son appartenance religieuse pour refuser de se conformer aux règles applicables dans l’École de la République.

 

14) Dans les établissements scolaires publics, les règles de vie des différents espaces, précisées dans le règlement intérieur, sont respectueuses de la laïcité. Le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.

 

15) Par leurs réflexions et leurs activités, les élèves contribuent à faire vivre la laïcité au sein de leur établissement.

Le texte, comme on peut le lire, ne fait qu’expliciter pour l’école l’article premier de la constitution et les principes de la loi de 1905. Il prône une laïcité non dogmatique totalement dans l’esprit qui avait présidé à l’élaboration de cette loi. Certes, et contrairement à ce que feint de croire BRP, l’article 12 dénie le droit à des fondamentalistes de refuser tel enseignement, Sciences de la vie et de la terre par exemple, au nom de leur religion (fondamentalistes pas uniquement de sectes musulmanes puisque des sectes chrétiennes créationnistes refusent aussi l’enseignement scientifique de l’évolution).

 

Reprenant Jules Ferry et sa lettre aux instituteurs on peut se demander s'il peut se trouver une seule personne honnête qui pourrait de bonne foi refuser son assentiment à cette charte !

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14 décembre 2014 7 14 /12 /décembre /2014 17:08
Vox populi, vox dei ?

Sondage IFOP

7 Français sur 10 se dressent donc pour la défense des crèches, si l’on en croit un sondage exclusif d’Ouest-France dimanche.

 

Eh quoi ! nos belles crèches sont-elles menacées par une horde de libre-penseurs chevelus post soixante-huitards qui, tels des séides de Civitas vandalisant les œuvres de Serrano à Avignon, à défaut de bouffer du curé, parcourraient nos chapelles, églises et cathédrales armés de marteaux ou autres outils contondants pour briser ces magnifiques témoignages de l’art saint-sulpicien qui représentent la vierge, Joseph, le bœuf et l’âne, etc. ?

Que nenni, l’infâme représentant de cette secte impie s’est contenté de présenter un recours devant le tribunal administratif de Nantes (sans doute présidé par un descendant de l’horrible Jean-Baptiste Carrier). Et c’est plutôt lui qui est menacé d’être massacré à coups de saints goupillons et de sabres s’il le faut, par des paroissiens qui pratiquent l'amour du prochain avec un art particulier.

 

Ils se lèvent en fait pour défendre une tradition culturelle menacée !

Vous l’ignoriez peut-être mais la présence de crèches dans les mairies ou les hôtels de département ou de région, relèverait d’une « tradition culturelle ».

 

  Tellement bien ancrée en terre biterroise qu’elle date… de l’arrivée de MOI MENARD à la tête de la municipalité. Un Ménard qui a aussi lancé la tradition d’une messe solennelle dans les arènes de Béziers pour bénir

- le massacre de braves taureaux innocents par des tueurs chamarrés

- la magie de l’art tauromachique avec ses toreros en habits de lumière

(choisissez la réponse qui vous convient selon que vous êtes anti ou pro-corrida, mais dans les deux cas on peut se demander ce qu’un curé vient faire dans cette tuerie barbare ou cette célébration païenne du culte de Mithra).

Tradition de la crèche un peu plus ancienne à l’hôtel du département de Vendée, mais qui ne remonte quand même pas aux guerres du même nom.

Mais à part ces deux lieux, qui a entendu parler de crèches, non pas dans les lieux publics – les édifices, églises, cathédrales, etc. propriétés des communes ou de l’état « servent à l'exercice public des cultes » (art.12, 13 de la Loi de 1905) – mais dans des édifices de services publics, comme les mairies ?

 

A y regarder de plus près, les catholiques, les vrais, les quelques % de pratiquants restant,  devraient plus s’inquiéter de ces 71% que s’en réjouir.

Car, si l’on en croit le commentaire, pour cette écrasante majorité, il s’agit d’un « élément de tradition culturelle plus que d’un symbole religieux ». Autrement dit, la crèche a autant de rapport avec la nativité d’un homme-dieu, prénommé Jésus, que le sapin de Noël en a avec les divinités germaniques du temps des Romains.

Dans un grand élan œcuménique et folklorique verra-t-on les curés se déguiser en pères Noël pour célébrer la messe de Minuit et un beau sapin, roi des forêts, s’ériger à côté de la crèche ?

Et puisqu’on est dans une tradition style œufs de Pâques, pourquoi nos pâtissiers-confiseurs ne se lanceraient pas dans des crèches en pain d’épices ou en pâte de fruits voire en chocolat.

Et du coup, à la grande satisfaction des libre-penseurs qui, à défaut de bouffer du curé, pourraient croquer du petit-jésus !

 

 

 

Un beau chant de Noël de Pierre PERRET que je dédie à MM Retailleau et Ménard.

Noël avant terme

Noël Noël tu vas venir bientôt

Oh ! bon Papa Noël n'oublie pas mes cadeaux

Et pour ce jour si merveilleux

Petit Papa Noël exauce tous mes vœux

 

Que ma petite maman s'arrête de tousser

Peut-être que notre voisin aura fini de gueuler

Fais que mon p'tit papa sorte enfin de prison

Qu'y me ramène voir les femmes comme au bon temps dans leur maison

 

refrain

 

Je voudrais que grand-mère ne me réveille plus

Quand elle rentre le matin beurrée comme un p'tit Lu

Pardon si je l'ai battue mais qu'elle me répète plus

J'ai une dent contre toi, d'abord il lui en resterait plus

 

refrain

 

Pour faire mes ongles en deuil j'voudrais un p'tit canif

Ça fait quand même plus propre pour se les fourrer dans le pif

Et j'voudrais pour ma tête une tondeuse électrique

Je sens que j'ai le chou farci de p'tits grains de riz mécaniques

 

refrain

 

Je te promets en échange de plus crever les pneus

De plus me laver les nougats dans le truc du pot-au-feu

Et je te jure sur l'honneur de plus gratter sans motif

Les bonbons à liqueur que j'ai chopés sur le tarbouif

 

 

 

 

Bon, à la demande générale des anciens enfants de choeur défroqués - et puisque, si on a bien compris, ce chant est devenu aussi folklorique que le petit papa Noël de Tino (Rossi) ou le beau sapin toujours roi des forêts - voici MINUIT CHRETIENS, en deux versions à nos oreilles également aimables, quoique la première avec son délicieux accent soit nettement plus marrante que la seconde.

Apparemment Pavarotti ne connaît pas son texte et ne comprend rien de ce qu'il chante, mais le final est du plus haut comique

Minuit chrétiens

 

Texte Placide Cappeau

Musique Adolphe Adam

1847

 

Minuit  ! Chrétiens, c’est l’heure solennelle

Où l’homme Dieu descendit jusqu’à nous,

Pour effacer la tache originelle

Et de son Père arrêter le courroux :

Le monde entier tressaille d’espérance

À cette nuit qui lui donne un Sauveur

Peuple, à genoux attends ta délivrance,

Noël  ! Noël  ! Voici le Rédempteur  !

Noël  ! Noël  ! Voici le Rédempteur  !

 

 

(Chœur)

 

 

Peuple, à genoux attends ta délivrance,

Noël  ! Noël  ! Voici le Rédempteur  !

Noël  ! Noël  ! Voici le Rédempteur  !

 

 

De notre foi que la lumière ardente

Nous guide tous au berceau de l’enfant

Comme autrefois, une étoile brillante

Y conduisit les chefs de l’Orient

Le Roi des Rois naît dans une humble crèche,

Puissants du jour fiers de votre grandeur,

Ah ! votre orgueil c’est de là qu’un Dieu prêche,

Courbez vos fronts devant le Rédempteur  !

Courbez vos fronts devant le Rédempteur  !

 

 

(Chœur)

 

 

Ah ! votre orgueil c’est de là qu’un Dieu prêche,

Courbez vos fronts devant le Rédempteur  !

Courbez vos fronts devant le Rédempteur  !

 

 

Le Rédempteur a brisé toute entrave,

La terre est libre et le ciel est ouvert

Il voit un frère où n’était qu’un esclave

L’amour unit ceux qu’enchaînait le fer,

Qui lui dira notre reconnaissance  ?

C’est pour nous tous qu’Il naît, qu’Il souffre et meurt :

Peuple, debout ! chante ta délivrance,

Noël  ! Noël  ! chantons le Rédempteur  !

Noël  ! Noël  ! chantons le Rédempteur  !

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7 décembre 2014 7 07 /12 /décembre /2014 21:10
La laïcité expliquée à Monsieur Retailleau
La laïcité expliquée à Monsieur Retailleau

Ouest-France 06/12/2014

"L'Etat laïque, neutre entre tous les cultes, indépendants de tous les clergés, dégagé de toute conception théologique" permet "l'égalité de tous les Français devant la loi, la liberté de tous les cultes" et de toutes les convictions philosophiques. D'après Ferdinand Buisson

 

Monsieur le Sénateur-Président du conseil général de la Vendée (et Président du groupe parlementaire UMP du Sénat), je me permets, très humblement, de vous rappeler que notre République est laïque. Contrairement à ce que d’aucuns pourraient croire – mais vous n’êtes certainement pas de ceux-là – la République ne se réduit pas à l’état central (ni l’état, au gouvernement), mais comprend les collectivités territoriales (communes, départements, régions).

 

Une des grandes lois fondatrices de la Laïcité française est la loi de 1905. Et contrairement à ce qu’un ex-président, dont vous avez rallié le parti, a laissé sous-entendre osant parler d’un anti-cléricalisme d’état, la Loi de 1905 fut bien une loi de liberté et de tolérance.

 

Votre (ex)père spirituel, le Vicomte Le Jollis de Villiers de Saintignon, qui voyait des mosquées partout à Roissy, a sans doute fustigé les prières de rues des infidêles et barbaresques musulmans. Et pourtant, contrairement à vous qui êtes trop jeune (quoique), il a dû connaître les « fêtes-dieu » où le curé portant ostensoir et protégé par un dais avançait sur un tapis de pétales de roses répandus par des enfants de chœur ensoutanés de rouge, avec surplis blanc, au son de saints cantiques en latin. Et honte au mécréant qui n’aurait pas décoré sa façade sur l’itinéraire de la procession. Question prière de rue, on était servi avec des autels de plein air où s’arrêtait la sainte procession dans les rues de nos villages.

Je ne saurais trop vous recommander la lecture des débats qui ont abouti à la suppression d’un article liberticide dans la loi de 1905. Vous y verriez comment un député catholique a su prendre à contre-pied Aristide Briand et Ferdinand Buisson : « quand l’ordre public n’est pas en danger, il y a un autre intérêt qui s’impose, c’est celui de la liberté. » Et l’Article 25 qui édictait que les églises, séparées de l’état, « n’ont pas le droit d’emprunter la voie publique pour les manifestations de leur culte » car elles imposeraient ainsi « aux indifférents, aux adeptes des autres confessions religieuses le spectacle inévitable de leurs rites particuliers. » a été supprimé.

Ce qui répond aux âneries proférées par le Vicomte sur les étoiles qu’il faudrait retirer de nos rues, car outre que la symbolique religieuse desdites étoiles n’est pas évidente, elles ne sont pas bannies des voies publiques qu’il ne faut pas confondre avec des bâtiments officiels. Quant à vos propres propos sur les communes en « Saint »* qu’il faudrait débaptiser, entre nous soit dit, vous confesserez qu’ils relèvent d’un amalgame assez puéril. Contrairement aux révolutionnaires que vous honnissez, les Ferry, Briand ou Buisson n’ont jamais voulu toucher au calendrier des fêtes d’origine chrétienne et encore moins à la toponymie.

 

  Revenons donc à votre crèche.

Que les santons de Provence puissent relever d’une authentique tradition culturelle populaire, d’un patrimoine provençal, est indéniable. En revanche, vous conviendrez que l’aspect culturel de vos statuettes saint-sulpiciennes n’est pas évident. Tradition cultuelle plutôt qui trouve sa place dans les lieux de culte, voire dans des foires de Noël, sans doute pour sanctifier les marchands du temple. 

 

Mais, elle n’a pas sa place dans un bâtiment de la République, dont font partie Mairie et Hôtel de Département. Non pas que leur laideur soit une atteinte au bon goût, cela étant trop subjectif. Mais que ces crèches sont une atteinte à la neutralité que doivent afficher ces lieux.  C’est ce que dit clairement l’Article 28 : « Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions. » sur lequel s’est appuyé, je suppose, le Tribunal Administratif de Nantes.

 

Cette neutralité instaurée par la loi de séparation des églises et de l’état n’est pas anti-religieuse, mais a-religieuse. Elle s’impose à ses représentants et à ses agents. C’est pourquoi ceux-ci ne doivent, dans l’exercice de leurs fonctions, manifester leur éventuelle appartenance à telle religion ou parti politique.  Non pas pour cause d’éventuel prosélytisme – la vue d’une hôtesse d’accueil portant un fichu dit islamique dans une administration ne risque guère de convertir qui que ce soit à l’islam – mais pour affirmer la neutralité du service public.

 

Sans vous laisser aller aux outrances de votre ex-mentor – l’admirateur de Poutine parlant de décision « totalitaire » - vous n’en avez pas moins profité de votre position pour vous livrer à une attaque indigne contre la Libre pensée la taxant d’intégrisme laïcard. Vous conviendrez peut-être que question intégrisme agressif, la Libre pensée est loin, très loin, des méthodes d’actions de CIVITAS, par exemple. Et que la conviction exprimée dans leurs statuts est aussi respectable que la vôtre. Le Président de la Libre Pensée de Vendée qui, contrairement à vous, n’a guère été entendu dans les médias, a fait preuve d’une grande retenue dans son expression et dans son action.

 

Quant à votre allusion à un témoignage touchant d’un « auditeur, dont le prénom, Ahmed, fait penser qu’il appartenait à une religion » ne soutenant pas une crèche, outre que vous semblez ignorer que la religion musulmane reconnaît Jésus comme un prophète, elle trahit une propension trop fréquente à conférer une appartenance religieuse à partir d’un nom ou prénom**. Mais y eût-il eu dans vos soutiens un Vladimir orthodoxe, un William anglican, un Ricard boudhiste, etc. que ça ne changeait rien à l’article 28 de la Loi de 1905 sur lequel s’est appuyé le tribunal administratif.

Et vous allez dépenser notre argent, à nous les contribuables vendéens, dans d’inutiles recours en appel, conseil d’état et, on n’ose y croire, jusqu’à la Cour européenne des droits de l’Homme !

 

D’ailleurs, comme le souligne Jean Baubérot, associer la crèche, qui célèbre, ce n’est pas à vous que je dois le rappeler, la nativité du christ, à quelque chose d’uniquement traditionnel et folklorique, c'est manquer de respect à la religion catholique.

Et ce n’est pas une tradition cultuelle qui se perd : presque toutes les églises, la cathédrale, ont leur crèche que chacune et chacun peut aller voir.

Et vous, vous pouvez faire une belle crèche dans votre intérieur privé, pour y déposer, le 24 à minuit, votre petit jésus, en entonnant le "Minuit chrétiens"... si ça vous chante.

 

* Une pétition, lancée par un anonyme Lou G., intitulée « Tradition et patrimoine culturel français : oui aux crèches de Noël dans l'espace public ! », signée par d’aussi anonymes Thérèse, Gérard voir 148, s’en prend évidemment à « cette gauche bien pensante, ces ayatollahs de la pensée unique, ces pourfendeurs de nos traditions, veulent détruire notre socle commun. » Et comme Brutus-Bruno R. craignent « qu'ils ne finissent par vouloir débaptiser notre calendrier, qu'ils ne trouveront pas très laïc (avec les fêtes chrétiennes et tous les saints), ou débaptisent les rues, les places de nos villes et villages qui portent le nom d'un saint etc. ».

Eh oui ! M. le Président, la stupidité de vos propos éclate quand ils sont clamés par des cagots bornés (pléonasme) et lâches.

 

 

** Pris à partie, sur ce point, vous vous êtes miraculeusement souvenu que ça serait l’auditeur lui-même qui se serait dit musulman : permettez-moi d’être un peu sceptique sur cet ajout dans votre storytelling.

 

 

Merci au commentateur "Malherbe" de m'avoir signalé le billet de Sophia Aram

Entretien avec J. Bauberot
Entretien avec J. Bauberot

Un entretien avec Jean Baubérot

Ouest-France 12 décembre 2014

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19 août 2014 2 19 /08 /août /2014 16:02
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Morano Nadine, notre Sarah Palin, a décidé de nous distraire pendant cet été pourri. Après avoir tancé le Président pour avoir fêté discrètement son 60e anniversaire, après avoir clamé son dépit à l’encontre de son little big man, voilà qu’elle fait part de son ire nouvelle : figurez-vous, elle a rencontré une femme voilée sur la plage !

 

Eh oui ! si l’on en croit la photo qu’elle a prise elle-même, la députée européenne – mais si – se fait griller la couenne sur des plages bien galeteuses. Or donc, « Sous un chaud soleil, sur une plage de France, bondée de vacanciers en maillots de bain, un couple est arrivé. Un homme vêtu d'un short et d'un maillot manches courtes accompagné d'une femme vêtue, d'une tunique manches longues, d'un pantalon et d'un voile. En quelques minutes, l'homme se mit en maillot de bain exhibant un corps bien fait, pendant que la dame s'asseyait toute habillée, bien sagement sur le sable. Il se dirigea seul, vers la mer. Heureux de profiter d'un bon bain, il adressait à sa douce  soumise, seule, entourée de corps en tenue de plage, des signes de la main. Lui, a donc le droit de se déshabiller, de se baigner, elle non ! » Il s’en passe des choses sur une plage de France ensoleillée. Et on notera les qualités littéraires de cette description, avec un aspect psychologique qui dénote la perspicacité de l’élue : la « douce soumise ».

Les mauvais esprits pourraient dire que peut-être la dame n’aime pas les bains de mer ou bien qu’au contraire elle s’est chopé un coup de soleil généralisé, on se doute que ce ne sont que des « idiots utiles » de l’islamisme conquérant qui veut nous imposer sa charia.

 

La Nadine ne s’en laisse pas conter. Boutons les infidèles hors de la patrie ! « Qu'on ne vienne pas me rétorquer encore une fois l'Islam... Je demande aux musulmans qui ont choisi de vivre en France et de s'y intégrer (…) de défendre avec moi, une simple réalité : La France n’est pas un Etat religieux » « Lorsqu’on choisit de venir en France, Etat de droit, laïc, on se doit de respecter notre culture et la liberté des femmes. Sinon, on va ailleurs !! » C’est beau comme du Marine Le Pen, dans le texte.

 

Car n’en déplaise à la Dame, outre qu’il est fort possible que sa voisine de plage au foulard soit née en France et de nationalité française, tout autant qu’elle, dans un état de Droit, il y a des lois et elle confesse elle-même qu’elles ne furent pas violées par la dame dite ‘voilée’ : « Il n’y a rien qui porte atteinte à l’ordre public puisque la femme avait le visage découvert conformément à la loi. » Le principe de non contradiction n’est donc pas tout-à-fait acquis.

 

Quand l’ordre public n’est pas en danger, il y a un autre intérêt qui s’impose, c’est celui de la liberté.

 

Quant à la Laïcité, elle en a une vision digne des rouge-bruns style riposte laïque. La loi de 1905 qui la fonde grandement a connu deux débats qui restent d’actualité. Non la religion ne se cantonne pas au domaine privé. Un Article 25 (devenu 27) dans sa rédaction initiale, édictait que les églises, séparées de l’état, « n’ont pas le droit d’emprunter la voie publique pour les manifestations de leur culte » car elles imposeraient ainsi « aux indifférents, aux adeptes des autres confessions religieuses le spectacle inévitable de leurs rites particuliers. » On n’est pas loin des actuelles déclarations, dont celles de Nadine. Eh bien ! pris en quelque sorte à contre-pied par un député catholique, qui leur assène : « La liberté de conscience ne doit pas être conçue d’une façon négative, comme imposant aux différentes confessions religieuses l’obligation de se dissimuler, elle doit être conçue d’une façon positive, comme leur imposant de se tolérer réciproquement, ce qui implique pour chacune d’elle la faculté de se développer, de se manifester. », Ferdinand Buisson et Aristide Briand se rendent à ses raisons. Quand l’ordre public n’est pas en danger, il y a un autre intérêt qui s’impose, c’est celui de la liberté.

 

La loi de 1905 se donne pour but d'instaurer dans ce pays un régime de liberté

 

Autre débat encore d’actualité, celui sur le port de la soutane : un amendement est présenté visant à l’interdire. Aristide Briand rétorque : « ce serait encourir, pour un résultat plus que problématique, le reproche d’intolérance et même s’exposer à un danger plus grave encore, le ridicule que de vouloir, par une loi qui se donne pour but d’instaurer dans ce pays un régime de liberté au point de vue confessionnel, imposer aux ministres des cultes de modifier la coupe de leurs vêtements. »

Nadine à la plage découvre une femme voilée

Mais le chaud soleil a dû lui taper fort sur la calebasse, car peu avant, notre Sarah Palin en avait sorti une bien bonne, sur France-Inter : "Rhooo [ou onomatopée de ce style] ça n'a rien à voir avec la question du déficit, c'est grotesque, ça n'a pas de cohérence dans le raisonnement, m'enfin ça c'est habituel (...) Nous sommes dans une crise très grave face à des terroristes [les islamiste en Irak] (...) et Monsieur Hollande est parti fêter son anniversaire". De fait, et en toute intimité, François Hollande, hors caméras, a fêté son 60e anniversaire. Comme les crises en tout genre, n’ont pas manqué, on suppose que l’idole de Nadine, N. Sarkozy, n’a pas dû fêter souvent son anniversaire.

 

La bêtise poussée à ce point ça devient presque un art !

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8 août 2013 4 08 /08 /août /2013 17:23
Le « voile » à l’université : un non problème ?

Histoire de meubler une actualité censée être vide en cette période estivale, Le Monde « s’est procuré » un document explosif. Un rapport de la « mission sur la laïcité » du Haut conseil à l’intégration (HCI), datant d’avril. Il préconise l’interdiction du voile dit islamique à l’université. Interdiction qui n’a pas grand chose à voir avec les prétendus faits qu’il dénonce. Mais qui va alimenter les discours haineux de la faschosphère de plus en plus décomplexée.

 

Qui a pu sortir du placard où l’avait enterré l’Observatoire de la laïcité, ce texte signé d’Alain Sekzig, responsable de feu la mission laïcité du HCI ? Les extraits qu’en donne Le Monde sont soit d’une extrême généralité soit vraisemblablement controuvés.

Et derrière des formules alarmistes - nombreux contentieux, Les problèmes n'ont pas disparu, ne se sont pas raréfiés mais se sont banalisés – rien n'est quantifié, rien n'est situé.Certaines des atteintes à la laïcité "dans certaines universités où des tenants de courants chrétiens évangéliques ou néobaptistes critiquent les théories darwiniennes de l'évolution au profit de thèses créationnistes. Ailleurs, des écrits de Voltaire, de Pascal ou de Camus peuvent être rejetés" sont en général évoquées pour les lycées. Car on voit mal des étudiants choisir une filière dont ils récuseraient les contenus de base. Cet exemple ne plaide pas en faveur du sérieux et de l’honnêteté de ce rapport qui semble accumuler des faits improbables.

 

Et des plus vagues et hétéroclites par ailleurs : "des demandes de dérogation pour justifier une absence, au port de signes d'appartenance religieuse, à des actes de prosélytisme, à la récusation de la mixité tant au niveau des étudiants que des enseignants, à la contestation du contenu des enseignements, à l'exigence de respect des interdits alimentaires, à l'octroi de lieux de culte ou de locaux de réunion à usage communautaire..." Que peut bien vouloir dire ce salmigondis ces demandes de dérogation pour justifier une absence dans des facs, où le contrôle de l’assiduité est quasi inexistant ? Sur la mixité et le contenu de l’enseignement, les instances universitaires peuvent rappeler aux contestataires que l’enseignement supérieur n’est pas obligatoire et donc que nul n’est obligé de s’y inscrire. Les problèmes alimentaires ne sont pas de même nature et il peut y avoir des accommodements raisonnables, très limités sans doute car les restos U. doivent jongler avec un budget serré. Que des étudiants demandent l’octroi de locaux ne veut pas dire qu’on les leur accorde. Et dans toutes ces vagues dénonciations, rien qui soit lié au port d’un foulard ou d’un fichu. Ne reste donc que le port de signes d’appartenance religieuse et le prosélytisme, les deux semblant confondus par l’auteur.

Le « voile » à l’université : un non problème ?

Le rapport disait s’appuyer notamment sur une enquête de la conférence des universités datant de 2004. L’actuel président de cette conférence, Jean-Loup Salzmann, dément de fait cette assertion : "pour répondre aux questions des étudiants, nous avons édité, en 2004, un guide, sorte de charte de bonnes pratiques à observer à l'université en matière de laïcité : ce qui est interdit, ce qui est autorisé." Et il récuse des plus nettement cette interdiction du foulard à l’université : "C'est une mauvaise idée sur la forme, et sur le fond. Sur la forme, on ne traite pas un non-problème par une loi. Sur le fond, l'université, ce n'est pas l'école. Les étudiants sont majeurs, ce sont des adultes et on ne peut limiter leurs libertés individuelles. Nous pensons que c'est un sujet qui nécessite de l'apaisement, de la discussion, et certainement pas une approche teintée d'islamophobie, comme celle du HCI." 

 

Le rapporteur est un militant affiché de l’interdiction tout azimut du port du voile. Ainsi a-t-il approuvé des directrices d’écoles maternelles qui récusaient la présence de mères en fichus pour assurer la sécurité des bambins lors d’une sortie scolaire. Mères que lesdits bambins peuvent voir tous les jours à la sortie de l’école. L’affaire « baby loup » où la cour de cassation a dit le droit très clairement dans les attendus de deux jugements simultanés, pousse des laïcistes à réclamer l’interdiction du foulard, jusqu’aux nounous à domicile. La phobie du voile a aussi porté sur les adultes inscrits dans la formation continue des GR.ETA. (groupements d’établissements secondaires publics), voire sur les parents d’élèves élus aux conseils d’administration des mêmes établissements. Et les plus voilicides d’entre eux vont – au risque de porter un coup grave à la maison Hermès et ses « carrés » de soie – jusqu’à vouloir proscrire le port du fichu dans tout espace public.

Aristide Briand, rapporteur de la loi de séparation de l'état et des églises 1905

Aristide Briand, rapporteur de la loi de séparation de l'état et des églises 1905

Ce délire textile qui, s’il en finissait avec le foulard, s’attaquerait ensuite aux robes – ne rigolez pas ça a commencé – est contraire et à la lettre et à l’esprit de la loi de 1905. Il faut donc constamment rappeler, ce que disait Aristide Briand : « Toutes les fois que l’intérêt de l’ordre public ne pourra être légitimement invoqué, dans le silence des textes ou le doute sur leur exacte interprétation c’est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur. »

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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 18:09

« Toutes les fois que l’intérêt de l’ordre public ne pourra être légitimement invoqué, dans le silence des textes ou le doute sur leur exacte interprétation c’est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur. »

Aristide Briand, à propos de la Loi de 1905

LyceeABlanqui

Vous avez aimé la proscription de la burqa dans nos villes et celles du foulard dans nos lycées, vous allez adorer celle de la robe longue unie, qui "ne peut être considérée que comme un vêtement ostentatoire, un signe religieux manifeste. "

 

Voulant sans doute faire concurrence à Ernest Chénière*, le pionnier, qui avait initié la chasse au foulard dans un collège de Creil (1989), comme « extériorisation excessive d’appartenance religieuse ou culturelle » - lui qui exhibait dans son bureau de Principal un sabre de samouraï – la proviseure et son adjointe du Lycée Auguste Blanqui (St-Ouen) se sont lancées dans la chasse aux robes longues unies.

 

On hésite toujours à se faire l’écho de telles imbécilités. Les souchiais et autres « sauciflards-pinards », et maintenant les Copé et les UMPistes, dans leur débat sur une pauvre laïcité qui ne demandait pas cet excès d’indignité, vont y trouver un nouvel os à ronger. On se demande aussi si les collègues, face peut-être à une juvénile provocation, ne se sont pas laissé embringuer dans une histoire à dormir debout dont elles ne savent comment s’en sortir ?

 

djilbab2Or donc,depuis quelques jours, plusieurs lycéennes sont convoquées, l’une après l’autre, par la proviseure adjointe et la CPE, parce qu’elles portent…une robe longue unie ! Leur tenue « ne peut être considérée que comme un vêtement ostentatoire, un signe religieux manifeste » et il leur est demandé de porter des jeans et des T-shirts (républicains ?) « comme tout le monde », sous peine d’être renvoyées de l’établissement, conformément au règlement intérieur et ce, afin de respecter le principe de laïcité. Ces jeunes filles, précisons-le, portent le foulard dit « islamique », en dehors du lycée.

 

En effet, le règlement intérieur** (RI) stipule, dans deux alinéas intitulés « laïcité » : « Conformément aux dispositions de l’article L141-5-51 du code de l’éducation, le port de signes ou de tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.

Lorsqu’un élève méconnaît l’interdiction posée à l’alinéa précédent, le chef d’établissement organise un dialogue avec cet élève et sa famille avant l’engagement de toute procédure disciplinaire. Pendant le dialogue, qui n’est pas une négociation, le chef d’établissement veille, en concertation avec l’équipe pédagogique, aux conditions dans lesquelles l’élève peut être scolarisé dans l’établissement. »

Ainsi, les lycéennes, en terminale, ont-elles été confinées dans le CDI où les enseignants leur donnent des polycopiés, avec les exercices et devoirs à faire.

 

Cet épisode, qui n’est pas clos, permet cependant de dégager deux constats :

1°) la tentation irrépressible chez certains fonctionnaires de s’arroger un pouvoir discrétionnaire, au-delà des lois et règlements, à la tête du client (ainsi continue-t-on de voir des français qui sont nés à l’étranger victimes du zèle de bureaucrates, au mépris de la loi, pour le renouvellement de leurs papiers d’identité)

2°) l’enchaînement sans fin des interdictions, après le foulard, la robe ! et demain la jupe, le pull, le chemisier, les chaussures, les boucles d’oreille, le maquillage… ? (Faut-il rappeler, qu’il y a peu, le pantalon restait interdit aux lycéennes ?).

 

Il serait plus que temps de revenir à l’esprit de la Loi de 1905 tel qu’Aristide Briand l’a énoncé !

 

 

* Ce pionnier est ensuite devenu député RPR, avant de réintégrer l’éducation nationale comme proviseur dans l’Académie de Nantes : sa direction du lycée dont il avait la charge fut si calamiteuse qu’il fut mis dans un placard du Rectorat en cours d’année ; il se peut cependant qu’il ait continué de sévir sur un autre poste ultérieurement

 

** Il stipule aussi : « Le port de couvre-chef est interdit dans l’enceinte du lycée et pendant toute activité éducative et pédagogique (sortie, voyage, …). » Faut-il rappeler aux géniaux auteurs qu’en cas de pluie ou de soleil brûlant, le port d’un couvre-chef, lors d’une sortie, est difficilement réprimable ?

 

Source : Touteduc signalé par Pascal Bouchard, son rédacteur en chef et contributeur du blog

 

 

Miracle : l’AFP s’étant fait l’écho de l’affaire de la robe noire unie dans un lycée de Saint-Ouen est reprise par la presse (Libé, notamment) et un grand site d’information du monde éducatif (Le café pédagogique).  

 

« Dérapage identitaire dans un lycée du 93

 

Quatre élèves du lycée Blanqui de Saint-Ouen (93) ont été menacés de renvoi au motif que leur robe était un signe religieux. 

 

Selon l'AFP, quatre jeunes filles, élèves du lycée Blanqui de Saint-Ouen ont été convoquées le 16 mars par le proviseur-adjoint et le CPE de l'établissement. à propos de leur robe noire et ample. Selon les jeunes filles elles auraient été clairement menacées de renvoi. On aurait invoqué la loi sur le voile, respectée par les 4 jeunes filles, et on leur aurait dit qu'elle ne concernait pas que le voile et que la robe était un signe religieux ostentatoire. Selon le Snes, c'est plus ambigu. on leur aurait demandé de réfléchir à leur maintien dans l'établissement...

 

L'embarras de l'institution. Au rectorat de Créteil comme au ministère on ne commente pas l'événement. Mais il arrive dans le climat créé par la lettre de L Chatel aux parents d'une école du même département qui tend à refuser les mères portant le voile dans les écoles et par le "débat sur l'islam" lancé par le président de la République et qui pousse chaque jour à la discrimination.»

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/03/23032011Accueil.aspx

 

P.S. Le SNES fait preuve d’un remarquable jésuitisme : les jeunes filles n’ont pas été « menacées de renvoi », mais « on leur aurait demandé de réfléchir à leur maintien dans l’établissement ».

 

 

Le Monde, largement après la bataille, se fait à son tour l'écho de cette affaire et nous apprend que ces robes longues sont des "abayas"... J'ai donc envoyé un Courrier au prestigieux quotidien du soir :

 

 

Quand les robes longues deviennent des « abayas »

« Remous dans un lycée sur la tenue de certaines élèves », titre un article du Monde daté du 26 mars 2011. Sans doute, parce qu’il arrive quand même un peu tard (ToutEduc avait mentionné l’affaire dès le 18 mars, l’AFP le 22 mars), il donne dans le style beaucoup de bruit pour rien et nous apprend que les robes de lycéennes d’un lycée de Saint-Ouen sont des « abayas ».

 

« Sites communautaires » : ToutEduc ? le Post (filiale du Monde)* ?

 

La version donnée, avant la dépêche AFP est que des lycéennes ont été convoquées par la proviseure adjointe et la CPE, parce qu’elles portent…une robe longue unie ! Leur tenue « ne peut être considérée que comme un vêtement ostentatoire, un signe religieux manifeste » et il leur est demandé de porter des jeans et des T-shirts « comme tout le monde », sous peine d’être renvoyées de l’établissement, conformément au règlement intérieur et ce, afin de respecter le principe de laïcité. Elles auraient été confinées au CDI où leurs enseignants leur transmettaient exercices et devoirs. Ce que contaient ces élèves était rigoureusement conforme au règlement intérieur du lycée : « Lorsqu’un élève méconnaît l’interdiction [de manifester ostensiblement une appartenance religieuse], le chef d’établissement organise un dialogue avec cet élève et sa famille avant l’engagement de toute procédure disciplinaire. Pendant le dialogue, qui n’est pas une négociation, le chef d’établissement veille, en concertation avec l’équipe pédagogique, aux conditions dans lesquelles l’élève peut être scolarisé dans l’établissement. »

 

Le démenti, apporté bizarrement par un membre du SNES – il est rare de voir ce syndicat en avocat des personnels de direction – est pour le moins ambigu : il n'y a pas eu de menaces d'exclusion, mais un rappel du principe de laïcité aux jeunes filles. « Il leur a été dit qu'elles devaient entamer une réflexion pour se positionner par rapport à cette règle et savoir si elles voulaient rester dans l’établissement l'année prochaine, mais cela a pu être perçu comme une menace d'exclusion. »

 

Pas de menace d’exclusion donc. Mais

1°) pourquoi convoquer des élèves pour un « rappel du principe (?) de laïcité » ?

2°) que veut dire cette demande « d’entamer une réflexion pour se positionner » - admirons au passage ce bel exercice de xillographie – et « savoir si elles voulaient rester dans l’établissement » ?

 

Car de deux chose l’une soit cette robe longue – baptisée « abaya » pour quelle raison ?- est une manifestation ostensible ou ostentatoire d’une appartenance religieuse et dans ce cas la convocation s’explique, mais ne s’explique pas l’avortement de la procédure d’exclusion reportée implicitement à la fin de l’année scolaire ; soit cette robe longue n’est qu’un habillement comme un autre et on peut supposer que proviseure-adjointe et CPE ont autre chose à faire que de convoquer des élèves individuellement et au hasard pour leur rappeler les dispositions de l’article L141-5-51 du code de l’éducation.

 

Ni pour savoir si elles veulent rester dans l’établissement l’année suivante.
Car là, si on travestissait les règles de l’orientation (ou plutôt de la réorientation qui, sauf exception, ne se posent qu’après la seconde) en opération disciplinaire qui ne dirait pas son nom, on basculerait dans l’arbitraire.

 

La conclusion laisse planer l’ambiguïté sur ce « non évènement », puisque le Rectorat, tout en affirmant que les jeunes filles sont normalement scolarisées, soutient qu’« une phase de dialogue est en cours ». Sur quoi porte donc ce dialogue ? Ne serait-on plutôt dans une phase d’hésitation ou de temporisation ? Après le voile, la robe ? Mais est-ce opportun et surtout porteur pour la reconquête de voix reparties dans leur étable d’origine ?

 

J. F. Launay

 

* à noter que cet article du 19/03, dont on peut lire la version originale sur mon deblog notes, (c'est-à-dire ci-dessus) n’a été « officialisé » par la rédaction du Post que le 23 et quelque peu « transformé », assorti d’une note et avec une source (Le Parisien) totalement fantaisiste, alors que le lien vers ToutEduc, la source de départ, était supprimée ; de plus, la rédaction du Post faisait un article sur le même thème sans même mention de son prédécesseur…

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19 avril 2008 6 19 /04 /avril /2008 20:17

 

L'ASSIETTE AU BEURRE (1901-1912), parfois qualifiée de "brûlot anarchiste", anti sabre et anti goupillon, mais aussi anticolonialiste, illustre ici la fin du concordat, c'est-à-dire la séparation de l'église et de l'état (loi de 1905) dans un esprit très bouffeurs de curés, puis les difficultés des "inventaires" où aristocrates et clergé mobilisent un paysannat soumis pour faire échec aux représentants de la République.

 

Le concordat - qui survit en Alsace et Moselle - faisait des ministres des cultes (catholique, protestant et juif) des salariés de l'état. Pour l'Assiette au beurre sa rupture devait aboutir à priver le clergé de ressources. Ainsi l'évêque qui sent le tapis glisser sous ses pieds s'écrie « Je voudrais bien être sénateur inamovible » ; les curés se heurtent à un guichet fermé où le fonctionnaire ironique leur dit « Désormais c'est au ciel qu'il faudra vous adresser, messieurs les curés » ; dorénavant « chacun paiera son culte ». Les envoyés à Rome reviennent déconfits et sac vide : Le Saint-Père leur a dit textuellement : « Mon cher fils, je reçois de l'argent, mais je n'en donne pas. Payez-vous sur la bête ... c'est-à-dire sur les fidèles. »

 

 « L'eau bénite est hors de prix » confie une paroissienne à sa voisine. Deux amoureux, surpris dans les champs par le curé, se voient proposer « au rabais » « deux absolutions et un baptême » pour 15 francs. Un évêque sollicite une place de « sous inspecteur des monuments historiques ». Un curé ouvre une agence matrimoniale où il essaie de placer un « ancien enfant de cœur (sic) ». Un autre « régénéré par le travail » se voit accueilli par une bienveillante républicaine, symbolisant la République, qui lui dit « entre, maintenant que tu es devenu un homme ».  Les habitants des villes et des villages s'approprient les églises « bien de la nation ». Enfin un défilé de « croyants » de toute espèce (y compris francs maçons) illustre cette pensée : « Hors des églises, point de salauds » (pensée, au demeurant, bien optimiste, hélas). L'Assiette au beurre se situe là, dans l'optique de ceux, qui contrairement à Aristide Briand, voyait dans la loi de 1905 une étape dans l'éradication de tous les cultes.

 

La deuxième partie est beaucoup moins optimiste, mais décrit assez bien le climat des inventaires des biens des églises en 1906. « Poussez ma sœur, c'est pour la bonne cause », encourage le curé qui fait bloquer la porte de l'église. Quand, d'aventure, l'inventaire est fait, on s'aperçoit qu'en vil plomb l'or s'est transformé. Le curé en chair et en chaire fait croire à ses paroissiens que leurs biens sont menacés. Une troupe de paysans armés de fourches monte la garde nuitamment, tandis qu'une femme se glisse dans l'église pour « consoler » le curé. Une matrone imposante au milieu d'un groupe peu amène proclame : «Pour toucher au Bon Dieu, il faudra nous passer sur le corps ! ». Un marquis, en jugement entre deux gendarmes, se voit apporter une chemise propre par son valet de chambre. Quant à l'officier qui commande la troupe chargée de faire ouvrir l'église, il déclare : « Je ne veux pas enfoncer le portail d'une église où se trouve le Saint Sacrement. Je n'ai jamais enfoncé que les portes de la Bourse du Travail ! ».  Un gras évêque lit une protestation à un préfet à terre qu'il tient sous son pied. Mais la planche qui décrit sans doute le mieux le climat de ces inventaires est celle intitulée «Un nouveau sport » où l'on voit des aristocrates observer de loin leurs paysans, avec cette légende : « Avec les paysans comme rabatteurs chacun peut s'offrir avec des invités une jolie chasse au sous-préfet ! ».

La plupart de ces planches ont été mises en ligne par Mme Tiphaine Le Yoncourt, professeur à l'Université de Rennes 1, mais on peut trouver un très large échantillon des productions de l'Assiette au beurre sur http://www.assietteaubeurre.org/.

A la même époque on trouve "A bas la calotte" ou "Les Corbeaux" plus spécialisés, comme leurs titres l'indiquent (on trouvera un petit montage de leurs planches à la fin de l'article sur Aristide Briand).

 

Le petit montage qui suit est une introduction à la page de planches de l'Assiette au beurre (cf sur la colonne de droite "Albums photos" où vous trouverez  les planches et leurs légendes)

 

Ce montage reprend quelques dessins de Jossot*, un anarchiste qui moque les Francs-Maçons...

*L'anarchiste va virer musulman pendant une bonne quinzaine d'années

 

 

 

 

 

 

 

Musique de Mozart (La flûte enchantée)

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L'Assiette au beurre
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28 janvier 2008 1 28 /01 /janvier /2008 15:39

 

 Pour ceux qui n’auraient pas encore compris où je me situe, cette citation issue d’un torche-cul virtuel intitulé « Riposte laïque » : « Faudrait-il aller jusqu’à applaudir l’ineffable pape de la laïcité ouverte, Baubérot*, qui, dans « Le Monde » gémit que Sarkozy va trop loin, et remet en cause la laïcité ? Pourtant, Baubérot fut le seul membre de la commission Stasi à avoir voté contre une loi contre les signes religieux à l’école. Il a condamné les dessinateurs danois, et ceux qui, en France, soutenaient les caricatures du prophète, au nom de la liberté d’expression.

Ce sont pourtant les Baubérot et consorts qui ont préparé la « laïcité positive » de Nicolas Sarkozy. Elle n’est que le prolongement de la laïcité « ouverte », « dynamique », « moderne » « apaisée », « rénovée », que plein d’associations dites de gauche, comme le Mrap, la LDH, la Ligue de l’Enseignement, la FCPE, les Verts, la LCR, le PCF, de nombreux élus socialistes et bien d’autres ont mise en avant, depuis plus de vingt ans ».

 

Tout y est ou presque : attaque ad hominem, d’abord. Il faut défendre farouchement la liberté d’expression, sauf pour Baubérot qui n’a d’ailleurs pas voté contre (non pas la loi, c’est le parlement qui la vote, mais la proposition de faire une loi de la commission Stasi) mais s’est abstenu (lâchement commenteront les amis de ces forcenés). Il n’a pas, sauf preuves contraires, condamné quoi que ce soit, mais il lui fut reproché, à propos de Redecker (au fait qui a encore entendu parler de ce faux martyr) d’avoir appliqué le précepte attribué à Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » Ce qu’il a écrit dans Le Monde est-il juste ou pas, nul ne le saura : il gémit

 

La suite est encore plus croustillante : « ce sont les Baubérot et consorts » qui sont finalement complices de notre chanoine du Latran. Suivent quelques adjectifs dont on ignore qui les a émis. Et la liste des consorts est finalement flatteuse pour l’horrible Baubérot puisque on y trouve la Ligue des Droits de l’Homme** (née en 1898 avec l’affaire Dreyfus) et la Ligue de l’enseignement créée en 1866 et qui se battait pour une école gratuite, obligatoire et laïque !

 

S’il fallait choisir, on aura compris que je me trouve infiniment mieux du côté de ces consorts que de celui de ces soi-disant laïcs qui, par leurs outrances délibérées, font le jeu de ceux qu’ils feignent de combattre (les grands Républicains plumes du nabot : Guaino et Gallo).

Non, cette prétendue laïcité n’a rien à voir avec celle d’un Aristide Briand, le maître d’œuvre de la loi de 1905.

 

* Dans une discussion un peu tendue avec un ami de presque 40 ans, celui-ci n’hésita pas à qualifier Baubérot d’intégriste : provocation peut-être, mais quand même indice d’une certaine incapacité à passer de l’anathème à l’argumentation : je fréquente le blog de « l’intégriste » et n’hésite pas à y mettre quelques commentaires, que je crois, à tort ou à raison, argumentés.  J’ai reçu (et fait suivre) les commentaires de la LDH sur le discours du chanoine de Latran : j’attends que l’on m’explique en quoi ils sont complaisants. Sur ce blog, j’ai exprimé tout le mal que je pensais des propos de notre Ouf 1er, pour autant je n’adhère pas à la nouvelle « croisade » anti-voile que certain(e)s faux(sses) laïques sont en train de fomenter (voir Sus à la Halde).

**
En ce début d’année 2008, c’est d’abord aux instituteurs de la République que la Ligue des droits de l’Homme tient à adresser ses vœux les plus solidaires. A ces instituteurs que le Président de la République, inconscient des devoirs de sa charge, a insultés dans l’homélie qu’il a prononcée le 20 décembre dernier comme « chanoine du Latran ».

Selon Nicolas Sarkozy, « dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance ».

Le monde est plein de « fous de Dieu » qui, portés par une « espérance » délirante, poussent leur « engagement » jusqu’à « la radicalité du sacrifice de leur vie »… et de centaines d’autres vies innocentes. Le tout au nom de « la différence entre le bien et le mal » et de la purification des âmes.

Qu’en tant qu’individu Monsieur Sarkozy mette ces valeurs au pinacle n’est qu’un signe de plus de son ancrage, derrière l’agitation d’une communication « décomplexée », dans les valeurs les plus traditionalistes de la société française.

Mais qu’en tant que Président de la République française il mette le curé au-dessus de l’instituteur comme responsable de « la transmission des valeurs », qu’il ignore à ce point ce que sont précisément les valeurs de la République qu’il est censé représenter, témoigne de l’ampleur de la crise politique et morale qu’aggrave son exercice de la fonction présidentielle.

L’article 1er de la Constitution définit la République française comme « laïque, démocratique et sociale ».

« Laïque », elle refuse le mélange entre convictions religieuses et exercice des responsabilités politiques.

« Démocratique », elle refuse la concentration des pouvoirs entre les mains d’un « Président-Soleil » entouré de « collaborateurs » et de courtisans.

« Sociale », elle refuse la juxtaposition d’un « bouclier fiscal » pour les plus riches et de la régression du « bouclier social » pour les plus pauvres.

Ce n’est pas seulement dans les jets privés, les yachts et au « Fouquet’s » que s’étale le mépris des privilégiés pour cette fameuse « France qui se lève tôt ». C’est aussi dans le cynisme avec lequel sont foulées aux pieds, jour après jour, les valeurs républicaines.

La LDH salue donc d’abord, aujourd’hui, ces instituteurs qui, à ses yeux, restent les mieux à même de transmettre le respect des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité et de solidarité. Et elle souhaite que 2008 donne à tous les Français plus d’occasions qu’en 2007 de retrouver, face au spectacle que donne la représentation politique, confiance en l’avenir de la République.

Paris, le 3 janvier

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5 janvier 2008 6 05 /01 /janvier /2008 15:52

7 mars 1932 : décès d’Aristide Briand, Prix Nobel de la Paix et rapporteur de la loi du 9 décembre 1905.

    Aristide Briand, le grand oublié lors du centenaire le la LOI DE 1905, loi dont il fut le maître d’œuvre, voulait une séparation qui ne fût pas la victoire d’un camp sur un autre ; il voulait une loi qui permette, ce qu’avaient voulu au XIXe siècle Lamartine et Montalembert, une église libre, dans un état libre. Il souhaite une séparation loyale et complète. Il s’oppose ainsi à la vision de la laïcité de ses amis de la Libre-Pensée qui n’apprécient pas  que le texte ne combatte pas l’église et ne cherche pas à la réduire.

Ainsi,  quand Vaillant affirme : « Tant que l’église n’aura pas entièrement disparu, tant que la laïcisation de la société ne sera pas faite, notre tâche ne sera pas assurée… », il déclare « J’ai horreur de la guerre religieuse. Le succès de mes idées, leur réalisation, dépend trop de la pacification des esprits  pour ne pas voir l’église s’accommoder du régime nouveau. »

Interpellant des députés anticléricaux, il demande « Que voulez-vous faire ? Voulez-vous une loi de large neutralité, susceptible d’assurer la pacification des esprits […] ? Si oui, faites que cette loi soit franche, loyale et honnête. »

 

Une fois tous les articles votés, il s’adresse aux députés de droite : « Vous ne pouvez pas vous plaindre, messieurs, d’avoir rencontré chez nous, sur le fond même des choses, un parti pris tyrannique puisque, dans plusieurs circonstances sur des points graves, je pourrais dire essentiels du projet, nous nous sommes rendus à vos raisons, désireux que nous étions de faire accepter la séparation par les nombreux catholiques de ce pays. […] Ce mot a paru extraordinaire à beaucoup de républicains qui se sont émus de nous voir préoccupés de rendre la loi acceptable par l’église. » Il conclut que la majorité républicaine a généreusement accordé aux catholiques « tout ce que raisonnablement pouvaient réclamer vos consciences : la justice et la liberté. ».

 

Un pape particulièrement borné

Briand avait parié sur l’intelligence de l’église, hélas le pape de cette époque est particulièrement borné.

Deux mois après la promulgation de la loi, Pie X la condamne sans détour, dans des termes dont on entend comme de lointains échos dans le discours du « chanoine de Latran ». Pour lui, cette loi est « la négation très claire de l’ordre surnaturel. Elle limite en effet l’action de l’état à la seule poursuite de la prospérité durant cette vie qui n’est que la raison prochaine des sociétés politiques ; et elle ne s’occupe en aucune façon, comme lui étant étrangère, de leur raison dernière qui est la béatitude éternelle. » Il rappelle les règles de fonctionnement de l’église dans laquelle « la multitude […] n’a pas d’autre devoir que celui de se laisser conduire et, troupeau docile, de suivre ses pasteurs. »

Face à cette intransigeance, A. Briand va proposer en décembre 1906 une loi « telle que, quoi que fasse Rome […], il lui soit impossible de sortir de la légalité. Voilà notre violence et notre tyrannie. »

 

Il faudra cependant attendre 1924 et Pie XI pour que la papauté accepte de facto la loi de 1905.

 

Aristide Briand résume bien l’esprit de la loi de 1905 en écrivant dès son rapport* sur le projet de loi : « Toutes les fois que l’intérêt de l’ordre public ne pourra être légitimement invoqué, dans le silence des textes ou le doute sur leur exacte interprétation c’est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur. »

 

D’après Aristide Briand, le ferme conciliateur Gérard Unger Fayard

 

 

 

 

 

 

 

* Le texte de la loi, les débats parlementaires du 21 mars 1905 au 3 juillet 1905, la chronologie http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/eglise-etat/sommaire.asp

 

Faux débat, qui ressort régulièrement, public/privé.
 

La loi de séparation des églises et de l’état, en abolissant le concordat, fait relever les églises du droit privé et non plus du droit public (l’état ne salarie plus ses « ministres » ni ne nomme les évêques). Donc, sur le plan strictement juridique cette distinction est fondée.

En revanche, vouloir faire croire que les convictions religieuses ne peuvent s’afficher publiquement est totalement contraire à la loi de 1905.

« Les réunions pour la célébration d'un culte tenues dans les locaux appartenant à une association cultuelle ou mis à sa disposition sont publiques. » (Art 25 : elles se passent d’ailleurs souvent dans des édifices publics mis gratuitement à la disposition de ces cultes). Le débat sur l’article 27 qui porte sur les sonneries de cloches, les processions sur le domaine public a donné lieu à  un affrontement entre ceux qui voulaient les interdire (ainsi que le port de la soutane sur la voie publique : Briand ironisa sur ceux qui voulaient que la République se préoccupe d’habillement) a été tranché dans un sens « libéral » (soumis à autorisation des maires et la plupart des arrêtés d’interdiction ont été annulés par la justice administrative).

 

    En revanche, l’obstination des papes, affirmée par Pie X, mais qui reprend de la vigueur avec JP 2 puis B 16, et du clergé à vouloir « subordonner la société civile à la société religieuse, à vouloir étendre à la société politique les règles et méthodes de cette Église, à utiliser des armes spirituelles à des fins temporelles, à se servir du pouvoir politique pour imposer sa vision morale, individuelle ou collective » (Marc Ferro) est toujours présente. Il n’est que de voir la manifestation organisée par une église espagnole qui n’a jamais reniée son soutien indéfectible à la « croisade franquiste », pour défendre les « valeurs familiales ». En Italie, elle se livre à des pressions sur les parlementaires. Si l’église de France est plus sage – mais les propos indécents du chanoine d’honneur du Latran risquent de faire évoluer négativement le climat – elle n’en appelle pas moins à re-catholiser un enseignement privé qui, bien que confessionnel, tendait à se séculariser fortement. Elle ne fait que suivre le Vicomte Le Jolis de Villiers de Saintignon que j’ai entendu à Montaigu, il y a au moins douze ans, fustiger les représentants de l’enseignement privé sur ce même thème.

 

Cette « renaissance », à laquelle appelle notre Ouf 1er, ne serait-elle pas la renaissance du cléricalisme ?



Ci-dessous un petit montage de dessins tirés des journaux anticléricaux de l'époque d'Aristide Briand , quelques-uns d'entre eux portant sur la séparation de l'église et de l'état (église au singulier, car ils ne portent que sur l'église catholique).

 

 

 

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