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28 janvier 2008 1 28 /01 /janvier /2008 15:39

 

 Pour ceux qui n’auraient pas encore compris où je me situe, cette citation issue d’un torche-cul virtuel intitulé « Riposte laïque » : « Faudrait-il aller jusqu’à applaudir l’ineffable pape de la laïcité ouverte, Baubérot*, qui, dans « Le Monde » gémit que Sarkozy va trop loin, et remet en cause la laïcité ? Pourtant, Baubérot fut le seul membre de la commission Stasi à avoir voté contre une loi contre les signes religieux à l’école. Il a condamné les dessinateurs danois, et ceux qui, en France, soutenaient les caricatures du prophète, au nom de la liberté d’expression.

Ce sont pourtant les Baubérot et consorts qui ont préparé la « laïcité positive » de Nicolas Sarkozy. Elle n’est que le prolongement de la laïcité « ouverte », « dynamique », « moderne » « apaisée », « rénovée », que plein d’associations dites de gauche, comme le Mrap, la LDH, la Ligue de l’Enseignement, la FCPE, les Verts, la LCR, le PCF, de nombreux élus socialistes et bien d’autres ont mise en avant, depuis plus de vingt ans ».

 

Tout y est ou presque : attaque ad hominem, d’abord. Il faut défendre farouchement la liberté d’expression, sauf pour Baubérot qui n’a d’ailleurs pas voté contre (non pas la loi, c’est le parlement qui la vote, mais la proposition de faire une loi de la commission Stasi) mais s’est abstenu (lâchement commenteront les amis de ces forcenés). Il n’a pas, sauf preuves contraires, condamné quoi que ce soit, mais il lui fut reproché, à propos de Redecker (au fait qui a encore entendu parler de ce faux martyr) d’avoir appliqué le précepte attribué à Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » Ce qu’il a écrit dans Le Monde est-il juste ou pas, nul ne le saura : il gémit

 

La suite est encore plus croustillante : « ce sont les Baubérot et consorts » qui sont finalement complices de notre chanoine du Latran. Suivent quelques adjectifs dont on ignore qui les a émis. Et la liste des consorts est finalement flatteuse pour l’horrible Baubérot puisque on y trouve la Ligue des Droits de l’Homme** (née en 1898 avec l’affaire Dreyfus) et la Ligue de l’enseignement créée en 1866 et qui se battait pour une école gratuite, obligatoire et laïque !

 

S’il fallait choisir, on aura compris que je me trouve infiniment mieux du côté de ces consorts que de celui de ces soi-disant laïcs qui, par leurs outrances délibérées, font le jeu de ceux qu’ils feignent de combattre (les grands Républicains plumes du nabot : Guaino et Gallo).

Non, cette prétendue laïcité n’a rien à voir avec celle d’un Aristide Briand, le maître d’œuvre de la loi de 1905.

 

* Dans une discussion un peu tendue avec un ami de presque 40 ans, celui-ci n’hésita pas à qualifier Baubérot d’intégriste : provocation peut-être, mais quand même indice d’une certaine incapacité à passer de l’anathème à l’argumentation : je fréquente le blog de « l’intégriste » et n’hésite pas à y mettre quelques commentaires, que je crois, à tort ou à raison, argumentés.  J’ai reçu (et fait suivre) les commentaires de la LDH sur le discours du chanoine de Latran : j’attends que l’on m’explique en quoi ils sont complaisants. Sur ce blog, j’ai exprimé tout le mal que je pensais des propos de notre Ouf 1er, pour autant je n’adhère pas à la nouvelle « croisade » anti-voile que certain(e)s faux(sses) laïques sont en train de fomenter (voir Sus à la Halde).

**
En ce début d’année 2008, c’est d’abord aux instituteurs de la République que la Ligue des droits de l’Homme tient à adresser ses vœux les plus solidaires. A ces instituteurs que le Président de la République, inconscient des devoirs de sa charge, a insultés dans l’homélie qu’il a prononcée le 20 décembre dernier comme « chanoine du Latran ».

Selon Nicolas Sarkozy, « dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance ».

Le monde est plein de « fous de Dieu » qui, portés par une « espérance » délirante, poussent leur « engagement » jusqu’à « la radicalité du sacrifice de leur vie »… et de centaines d’autres vies innocentes. Le tout au nom de « la différence entre le bien et le mal » et de la purification des âmes.

Qu’en tant qu’individu Monsieur Sarkozy mette ces valeurs au pinacle n’est qu’un signe de plus de son ancrage, derrière l’agitation d’une communication « décomplexée », dans les valeurs les plus traditionalistes de la société française.

Mais qu’en tant que Président de la République française il mette le curé au-dessus de l’instituteur comme responsable de « la transmission des valeurs », qu’il ignore à ce point ce que sont précisément les valeurs de la République qu’il est censé représenter, témoigne de l’ampleur de la crise politique et morale qu’aggrave son exercice de la fonction présidentielle.

L’article 1er de la Constitution définit la République française comme « laïque, démocratique et sociale ».

« Laïque », elle refuse le mélange entre convictions religieuses et exercice des responsabilités politiques.

« Démocratique », elle refuse la concentration des pouvoirs entre les mains d’un « Président-Soleil » entouré de « collaborateurs » et de courtisans.

« Sociale », elle refuse la juxtaposition d’un « bouclier fiscal » pour les plus riches et de la régression du « bouclier social » pour les plus pauvres.

Ce n’est pas seulement dans les jets privés, les yachts et au « Fouquet’s » que s’étale le mépris des privilégiés pour cette fameuse « France qui se lève tôt ». C’est aussi dans le cynisme avec lequel sont foulées aux pieds, jour après jour, les valeurs républicaines.

La LDH salue donc d’abord, aujourd’hui, ces instituteurs qui, à ses yeux, restent les mieux à même de transmettre le respect des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité et de solidarité. Et elle souhaite que 2008 donne à tous les Français plus d’occasions qu’en 2007 de retrouver, face au spectacle que donne la représentation politique, confiance en l’avenir de la République.

Paris, le 3 janvier

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22 janvier 2008 2 22 /01 /janvier /2008 16:46

Un collègue et néanmoins ami, à moins que ce soit l’inverse, nouvellement nommé dans un collège ZEP décrit une situation très inquiétante : inscriptions odieuses visant une collaboratrice, cailliassage des logements de fonction, début d’incendie de nuit dans le collège, ce qui démontre qu’après des années de rodomontades de l’ex-ministre de l’intérieur, la situation loin de s’améliorer, se dégrade encore.

 

Implicitement, il met cette montée de la violence en parallèle avec une montée de l’ "islamisme" : maman maintenant voilée alors qu’elle ne l’était pas, demande de viande hallal, réaction de bigotisme musulman d’une élève, tag « vive l’Algérie et le Maroc » (l’union de ces deux pays dans la même inscription ne reflète pas la franche inimitié qui les unit !). Ce qui montrerait, que contrairement à ce que semble croire notre chanoine de Latran, la montée de l’emprise du religieux n’est pas synonyme d’apaisement, pour autant que les deux phénomènes soient corrélés.

Un autre ami et néanmoins collègue, lui aussi en ZEP, constate que le trafic de substances interdites est plus garant de la tranquillité du quartier. L’opium du peuple est moins efficace que les marchands d’opium (bien sûr, il s’agit plutôt de shit ou de coke).

 

Trouvé sur un site de droite extrême (à noter que la photo a été pillée sur un ancien site d'Education & devenir, prise à Lille en 2003 par votre servieteur)

 

Le 1er invitait à une relecture du « rapport Obin ». Dans ma réponse – bien qu’il se défendait de généraliser, c’était, de mon point de vue, le sens général de son message et de cette référence – je lui disais assez banalement : ton expérience - et tu le sais, venant comme tu dis, d'un établissement dans un contexte plus serein - ne décrit pas obligatoirement la réalité, tout aussi difficile mais autre, que certains peuvent vivre dans d'autres ZEP.

Ce que confirmait son collègue qui lui se trouve face au conflit entre enseignants qui veulent enseigner et élèves qui ne veulent ou ne peuvent faire les efforts demandés et affronte donc de nombreuses difficultés de vie scolaire.

 

Puisque le rapport Obin était cité, je rappelais que, d’entrée, il y était indiqué qu’il n’avait pas valeur de sondage scientifique, même si son auteur a eu tendance à oublier cette précaution méthodologique*.

 

Quelle politique de civilisations ?

Etait cité aussi une opinion de Samir Naïr, dans Libé (http://www.liberation.fr/rebonds/304626.FR.php) Quelle politique de civilisations ? qui était supposée me faire hurler. Je répondais donc que certes, en filigrane, on pouvait retrouver des thémes propres aux soi-disant Rrrrrrépublicains (« un rôle accru de l’Etat en tant que vecteur du bien-être collectif » comme si les autres collectivités territoriales, sous réserve d’un système de péréquation, ne pouvaient aussi être ces «vecteurs », mais tu le vois, tu me pousses à chercher la petite bête). Remplacer la très mauvaise traduction d’affirmative action, cette discrimination positive, par redistributions ciblées non pas sectorielles mais vers les banlieues stigmatisées, les quartiers marginalisés ou les zones urbaine abandonnées pourquoi hurler ?

Puis-je avouer que cette idée d’un espace public laïc, qui respecte croyants et non-croyants, constituant l’horizon indépassable de la liberté de conscience est d’une généralité telle que je ne vois là rien qui puisse me faire sortir de mes gonds ?

Mais le fait même que ce point de vue soit supposé me faire bondir démontrait un sérieux malentendu sur ce que j’ai pu commettre sur la laïcité.

 

Laissons de côté, la conception des soi-disant rrrépublicains qui, dans un amalgame qui ressemble à de la bouillie pour les chats, récusent le droit à se réclamer de la laïcité si, par exemple, on n’est pas noniste. Ce n’est plus de laïcité qu’il s’agit, mais de sectarisme.

En revanche, la distinction entre public (« espace public laïc » écrit Sami Naïr) et privé (domaine des convictions religieuses et/ou philosophiques), que j’ai récusée, en m’appuyant notamment sur la Loi de 1905 et les débats qui l’accompagnèrent, a peut-être été la cause de ce malentendu.

 

une-marianne.jpg

Entre deux trains, je me suis laissé attirer par la couverture de Marianne (hebdo que je ne prise guère : le centrisme imprécateur de son fondateur me hérissant, sans parler de la dame Polony, plus Brighellienne que Brighelli).

Dans un long article sur le discours du chanoine de Latran (discours qui date du 20 décembre, l’article du 19 janvier), je suis tombé sur un encadré « Propos blessants » de Catherine Kintzler**. Il permet de bien éclaircir cette question en distinguant la puissance publique et l’espace civil. « La loi, la puissance publique, les affaires politiques sont disjointes de toute croyance et de toute incroyance […] en conséquence la puissance publique s’oblige à un devoir d’abstention. C’est précisément en vertu de cette abstention […] que, partout ailleurs dans la société civile, les opinions, les croyances et incroyances sont libres » dans le respect de la loi.

 

Je n’échapperais pas, cependant, à une lecture symptomale, comme disait le camarade J. Julliard, à laquelle je dois sans doute aussi me livrer. Nobody is perfect !

 

* "Un commentaire méthodologique s’impose ici. Le panel d’établissements visités ne constitue donc en aucun cas un échantillon représentatif des établissements français, ni sur le plan de l’étude ni d’ailleurs sur aucun autre. […]

Cette étude ne peut donc prêter à généralisation et à dramatisation excessive : les phénomènes observés l’ont été dans un petit nombre d’établissements. Pour autant, les établissements visités constituent sans doute un panel assez représentatif de cette marge particulièrement active du système éducatif quant à l’objet de notre étude : ce sont le plus souvent des collèges, lycées et lycées professionnels qui recrutent la totalité ou une partie significative de leurs élèves dans des quartiers dont la « ghettoïsation » est largement entamée, voire achevée ; ce qui s’y joue, insistons-y, ne peut donc être généralisé." (page 6)

** Cette distinction ne règle évidemment pas tout car il faut savoir où se situe la "frontière" puissance publique/espace civil : en témoigne la nouvelle pseudo affaire du voile (Sus à la halde)

 

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7 janvier 2008 1 07 /01 /janvier /2008 21:32

Une première - mais il peut y en avoir d'autres -  je laisse la place pour cet article à un maître d'école haut-normand  qui s'adresse à notre chanoine-président.

 

 

 

latran.jpgSur le grand cahier des opinions comptabilisant les incompétences supposées des enseignants, le Président de la République vient d'ajouter d’un coup de plume peu angélique une nouvelle doléance valant le détour, même si comme tous les chemins celui-ci mène à Rome, et plus précisément... au Vatican !

 

Au départ, il y a, après sa rencontre avec le pape, l'intronisation officielle le 20 décembre de Nicolas Sarkozy comme chanoine du Latran, étonnante cérémonie au cours de laquelle le président français a passé au Kärcher les fondements de notre république, dans la droite ligne de son livre sur le sujet (« La République, les religions, l’espérance »). Après s'être comparé aux religieux : «nous avons au moins une chose en commun, c’est la vocation. On n’est pas prêtre à moitié on l’est dans toutes les dimensions de sa vie, croyez bien qu’on n’est pas Président de la République à moitié», le président a montré sa bonne connaissance du dossier : « Je sais aussi que la qualité de votre formation, la fidélité au sacrement, la lecture de la bible et de la prière vous permettent de surmonter ces épreuves».  Pire encore, parlant de la séparation des églises et de l'état, il a ajouté avec sa compassion sélective  habituelle : «je sais les souffrances que sa mise en œuvre a provoquées en France chez les catholiques, les prêtres, dans les congrégations, avant comme après 1905». Enfin, vint le coup de grâce évoqué en introduction : « dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance ».

 

Ah, c'est qu'on le connaît bien ce fonctionnaire grisâtre sans espérance, incapable de sacrifier sa vie et qui, à l'instar de "l'homme africain", jamais ne s’élance vers l’avenir, jamais ne sort de la répétition pour s’inventer un destin (discours de Dakar 26/7/07) ! Alors, pour une fois, inversons les rôles et, à grand renfort d’imagination, voyons ce qu'aurait dit un autre Nicolas Sarkozy, radical-socialiste celui-là, à un président qui mériterait franchement de se faire sonner les cloches :

 

"Dis donc toi qu'as fait ton droit, t'as pas bien compris ta leçon ou quoi ? Parce qu'entre c' que tu dis et c' que tu fais,  y a la place pour faire passer toute la grande parade d'Eurodisney et l' public qui va avec ! Y a personne qui t'a expliqué qu' d’puis plus d'un siècle  la République ne reconnaît, ne salarie ni n’ subventionne aucun culte ? Mais qu’est-ce qu’elle fout M’ame Chabot ? C'est quand même toi, l' garant des institutions, non ? Alors qu'est-ce qui t' prend d'amuser la racaille intégriste ? Arrête de fréquenter Bigard et son  "lâcher de salopes", oublie Clavier et ses imitations d' Jacouille, et file réviser l'article 1er d' la Constitution ! Tu verras qu' la République française est laïque, démocratique et sociale.

 

J't'explique. "Laïque", ça veut dire qu' malgré ton ambition débordante, tu dois pas convoiter la place du pape, c'est un péché. Et puis d’ toute façon, t'es nul en latin sans parler que côté séduction, ça t'obligerait à quelques abstinences contre nature. Tu dois aussi t’ rappeler qu’ la laïcité c’est la paix. Ensuite, "démocratique", ça signifie qu' tu peux pas tout commander tout seul tout le temps à tout l’monde. Normalement, toujours d'après cette foutue constitution, tu dois laisser ton Premier ministre ainsi qu' ses ministres gouverner un peu. Et puis, c’est pas toi qui fais les lois ! Quand l' peuple ("people" en anglais) refuse un traité de constitution européenne, c'est pas très démocratique de l'adopter quand même dans son dos.  « Démocratique », ça veut dire aussi que tu dois lutter contre les injustices au lieu de féliciter Poutine pour des élections truquées, de vendre des armes aux dictateurs et de mettre en prison les enfants des sans papiers. Attention, même ton nouvel ami, le Guide touristique Kadhafi, t'a grondé l'autre jour ! Pareil pour tes déclarations sur le caractère inné du suicide ou ton ministère de l’identité-nationale-et-des-tests-ADN.

 

Enfin, "sociale", c'est un peu plus compliqué à t'expliquer. Par exemple, quand t'étais hors-la-loi en refusant de construire dans ta commune les 20 % de logements pour les moins riches, t'étais pas très "social"... Pareil, quand t'as multiplié d'un seul coup d'un seul ton salaire par trois. Cherche bien, tu l'as fait d'autres fois avec ta nuit aux Champs-Élysées, ton yacht à Malte, tes vacances de milliardaire aux USA, tes avions privés et tout le tralala.  Même quand tu fais profiter tes amis de tes largesses en les emmenant au stade, au restaurant, chez l' pape ou en leur faisant cadeau d'un bouclier fiscal comme l'été dernier t'es toujours pas social. Crois-moi, tes CRS, c'est un autre bouclier qu'ils nous envoient quand on essaie de te l' dire. Faudrait qu’ t’en parle à Johnny, i’ t’ chantera tout ça. Enfin, arrête de nous sortir le grand « je » chaque fois qu' tu parles, on est dans la vraie vie terrestre nous, pas dans ton paradis de paillettes, gourmettes, Fouquet’s, jets et starlettes. Tu veux noter tes ministres à c'qu' i paraît mais toi, pour ton agression cléricale, c'est le conseil de discipline direct pour haute trahison !".

 

Plus sérieusement, l'instituteur de la République, attaché à la recherche de la vérité et non à la perpétuation des croyances, qui préfère les Hommes debout plutôt qu'à genou, qui refuse les fatalismes et autres déterminismes, n'en est pas moins laïque dans toutes les acceptions que couvre ce terme. Il est tolérant parce qu'il se souvient que dans les moments les plus dramatiques de notre histoire, des hommes et des femmes ont lutté côte à côte sans se poser la question de leurs croyances, sans chercher à  distinguer « celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas » comme disait Aragon. Il sait, malgré des divergences profondes sur les motivations, que d'autres tentent de faire le bien autour d'eux. Et puis, il n'oublie pas que les grands criminels du XXème siècle, Hitler, Staline, Pol Pot ou Mao, n'ont pas eu besoin de l'opium du peuple pour expédier une partie de l'humanité dans leur enfer.

 

En tant que pédagogues, il faut aussi contester une vision des apprentissages qui prétend se faire par la délivrance de la bonne parole du haut de notre chaire. On n'apprend qu'avec le pouvoir de douter. Or la religion a la faiblesse des certitudes, émanant même de responsables prétendument incontestables et infaillibles. Voilà pourquoi cette vision est incompatible avec ce que le pédagogue met en place comme le tâtonnement expérimental ou la recherche documentaire. Il ne confond pas l’erreur et la faute, autorise l'expression, la communication, la création, l’accès direct aux connaissances, ne craint pas le débat et les initiatives. On s’amusera au passage en constatant que quelques autoproclamés « républicains » voudraient pourtant que l'on procède en classe comme à la messe, à coup de leçons ex cathedra où seule compterait la parole sacrée du maître ! 

 

Enfin, être laïque ce n'est pas comme on le dit trop souvent « respecter les religions » puisqu'on tue en leur nom et que la somme des interdits courant sur cette planète nous laisserait tout juste le droit de respirer, et encore, sur un pied et par le nez ! C'est au nom de dieu que l'on enferme, voile, torture, impose les mariages ou lapide. Au nom de dieu que l'on a freiné l'avancée de la science et de la médecine ou encore que l'on laisse parfois se propager le sida. Au nom de dieu, que l'on fait exploser un adolescent avec sa ceinture de dynamite ou que l'on explique de part et d'autre les attentats du 11 septembre, même si de toute évidence la religion sert parfois de prétexte pour asseoir d’autres pouvoirs. Mais être laïque, ce n'est  même pas « respecter les croyances », car jusqu'à preuve du contraire, elles ne sont fondées sur rien d'autre qu'un mélange de superstitions et d'explications antalgiques. Bien sûr, les légendes religieuses et leurs rituels ancestraux peuvent avoir un rôle apaisant dans les moments difficiles, mais marcher avec des béquilles s'avère dangereux quand on peut s'en passer. Non, dans sa pratique professionnelle, l’enseignant doit simplement respecter la sincérité des croyances, c'est-à-dire l'honnêteté intellectuelle de celui qui s'engage sur ces voies (voix ?) explicatives. Ni plus ni moins. C'est cette position ferme mais bienveillante qui permet de travailler avec toutes les familles auprès de tous les enfants (et avec tous les collègues !), pour l'acquisition d'un savoir qui encourage chacun à être totalement libre de ses choix intellectuels et spirituels, pour désirer une vie avec ou sans maîtres, avec ou sans dieux. Et ça, Monsieur le Président de la République, ni le pasteur ni le curé n'en seront jamais capables.

 

Sylvain Grandserre

Maître d’école (76)
sylvain.granserre@wanadoo.fr

Sylvain Grandserre est l’auteur d’Ecole : droit de réponses (voir http://education.devenir.free.fr/grandserre.htm)


 

Pour lire le discours du chanoine honoraire de Latran (un grand morceau d’anthologie) : http://www.elysee.fr/documents/index.php?lang=fr&mode=view&cat_id=7&press_id=819

 

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22 décembre 2007 6 22 /12 /décembre /2007 22:53

Jour après jour, trait après trait – bien sûr l’épisode Mickey conforte ce point de vue – l’impression que le président qu’a élu une majorité de français n’est qu’un gosse capricieux (menteur, m’as-tu-vu, sans gêne, vulgaire etc.) se conforte.

Yasmina Reda (à ne pas confondre avec la girouette qui attaque la venue du pitre libyen un jour, pour la justifier le lendemain), l’écrivaine qui a suivi le nabot tout au long de sa campagne, nous rappelait :

 «N’avait-il pas dit, je partirai en retraite quelques jours, me reposer, méditer. Il faut du calme et de la sérénité pour prendre la distance nécessaire. Si proche des moines et des cathédrales, ne s’était-il pas enorgueilli de quelque subite transfiguration ? N’avait-il pas dit, j’irai dans une abbaye, ou dans la solitude d’une maison amie, réfléchir à l’ampleur de la tâche ? C’est dévorant des langoustes en famille sur un yacht de soixante mètres, au large de Malte, qu’on le trouvera » au lendemain de son élection.

Yasmina Reda

 

Le gamin capricieux  dans toute sa splendeur se révèle lors d’un conseil des ministres-gadget en Corse :

 

Langouste.jpg

Caprices, ce n'est pas fini

Sarkozy n’a jamais été un gastronome, mais il a des caprices. La veille du conseil des ministres qu’il a récemment délocalisé le 31 octobre dernier à Ajaccio, il est pris d’une envie de langouste digne d’une femme prégnante. Il lui faut des langoustes, beaucoup de langoustes pour lui, pour ses ministres et pour ses grands vassaux corses. Les services de la présidence sont chargés de mettre en œuvre ce grand dessin. Ils choisissent un restaurant, Chez Jeanjean, près du port. Mais Jeanjean a pris des vacances et se trouve à Paris. On lui enjoint de renter dare-dare. Très vite, une difficulté apparaît. Elle est de taille : la pêche à la langouste est interdite en Méditerranée en cette saison. Le président balaie cette objection d’un revers de main : il trépigne, il veut des langoustes, point barre. Les affaires maritimes accordent alors une dérogation à quelques pêcheurs pour leur permettre d’enfreindre la réglementation en toute sécurité. Mais le monde est plein de jaloux. On ne sait pas exactement qui a balancé, peut-être un notable furieux de n’avoir pas été invité à cette langouste-party, mais l’affaire s’ébruite. Elle menace de virer au scandale écolo. L’Elysée prend les devants. Sans se démonter, il publie une mise au point affirmant que les langoustes venaient de Brest!

François Caviglioli  (confidentielles Nel Obs)

 

On atteint les sommets du ridicule égocentré dans cette déclaration à Rome du tout neuf « chanoine du Latran » devant un parterre de cardinaux et séminaristes ; bientôt nous allons apprendre que sa vocation présidentielle répondait à un appel divin :


Moi-même

"On n'est pas prêtre à moitié. Croyez bien qu'on n'est pas non plus président à moitié. Je comprends les sacrifices que vous faites pour répondre à votre vocation parce que moi-même, je sais ceux que j'ai faits pour réaliser la mienne!"

 papesarko.jpg

Ce discours du Latran est, plus gravement, un exemple de contre-vérités soufflées par des faussaires de l’histoire, Guaino et Gallo. Ainsi apprend-on que les « racines » (ça sent déjà un « la terre ne ment pas ») de la France sont essentiellement chrétiennes – un christianisme d’ailleurs confondu avec le catholicisme – oubliant Voltaire, Diderot, et quelques autres, en bref tout ce qui a été baptisé « siècle des lumières » qui n’a pas beaucoup éclairé ni lui-même, ni ses nègres.

 

Plus fort encore, la loi de 1905, dont le maître d’œuvre, Aristide Briand, a voulu faire (et a fait) une loi de concorde a été violemment rejetée par le pape de l’époque, l’ineffable Pie X, sauf erreur, dont vous pouvez lire et relire des extraits de son catéchisme plus bas, appuyé par le brûlot qu’était La Croix de l’époque qui suintait l’antisémitisme. Gallo – ex Chevénementiste forcené et logorrhéïque écrivain, pseudo historien -  lui fait évoquer les « souffrances de l’église », alors que Clemenceau, surnommé pourtant le 1er flic de France, avait clairement indiqué que l’inventaire des biens des églises ne valait pas mort d’homme ! Rappelons aussi que la loi de 1905 fut complétée par la loi du 2 janvier 1907, dont le but était, selon Briand son rapporteur, « de faire une législation telle que, quoi que fasse Rome, il lui soit impossible de sortir de la légalité », de « mettre l’Eglise catholique dans l’impossibilité, même quand elle le désirerait d’une volonté tenace, de sortir de la légalité ». De quel côté est la volonté d’apaisement ?

Cela tourne au délire calotin – dans lequel d’ailleurs beaucoup de catholiques ne se retouveront pas – quand notre chanoine affirme, avec tout l’aplomb qui le caractérise : « La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres, n’ont pas rendu les Français plus heureux.» (Qu’en a pensé Bigard, au fait l’anneau papal n’était pas trop gras après qu’il l’a eu baisé ?)

Quant à sa conception de la laïcité – soufflée par des plumes Républicaines -  une « laïcité positive » placée sur le même plan que le « baptême de Clovis », avec une « morale laïque » soupçonnée de dérive fanatique, elle est totalement étrangère à la laïcité qui n’a pas besoin d’adjectifs (voir les passages quasi délirants comparant le prête et le pasteur à l’instituteur, voir aussi plus haut Moi-même).

  Sur le même sujet voir : http://jeanbauberotlaicite.blogspirit.com/archive/2007/12/22/le-chanoine-sarkozy-et-la-religion-civile-a-la-francaise.html

Pour compléter :

Nicolas Sarkozy a montré qu'il voulait sortir des protocoles. Il est en train de désacraliser la fonction présidentielle. Je ne suis pas sûr que les Français en aient vraiment envie et je ne suis pas sûr qu'il puisse revenir en arrière. Sa communication risque d'avoir des limites quand il va tomber sur des sujets qui ne relèvent plus d'un livre d'images François Jost

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-992628@51-984702,0.html

 

 

C’est un homme intelligent qui réfléchit peu. L’idée est de se montrer beaucoup : «Regardez-moi, je travaille pour vous et je fais énormement de choses pour vous.» On a été légèrement imprudent en l’élisant mais en France on a toujours le sentiment qu’on peut à un moment opposer un refus brutal. Pour l’instant, il distrait les soirées d’hiver. Claude Chabrol

http://www.liberation.fr/actualite/politiques/298974.FR.php

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