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17 avril 2016 7 17 /04 /avril /2016 17:04
L'école des réac-publicains

D'où viennent les "réac-publicains" et comment dépasser le conflit pro et anti-pédagogues ? (G Chambat)

Grégory Chambat* ne fait pas mystère de son engagement politique. Pour cet enseignant d'un collège de Mantes-la-Ville, ville passée récemment au FN, "une pédagogie démocratique (...) ne se contente pas d'observer le monde (...), elle forge des outils pour le transformer". Reste à savoir pourquoi s'expriment un certain nombre de résistances à un tel programme, d'où viennent ceux qu'il appelle les "réac-publicains", et qui se réclament de la République pour, analyse-t-il, maintenir un ordre scolaire élitiste, ou y revenir. Certains, tel Alain Avello sont membres du collectif Racine, d'autres, comme François Bayrou, sont centristes, tandis que Farida Belghoul veut défendre "la famille traditionnelle". Dans ses notices biographiques, l'auteur cite encore Jean-Paul Brighelli, Alain Finkielkraut, Jacques Julliard*, Jacqueline de Romilly, ainsi que des mouvements comme "Espérance banlieues" ou "La Fondation pour l'école"... Mais il se garde bien de les confondre. Il est évidemment inquiet de la progression du vote "Front national" au sein du corps enseignant, qui pourrait dépasser les 10 % en 2017, et il connaît le pouvoir de séduction de formules comme "redresser l'Ecole, redresser les corps pour redresser la nation".

Mais le courant "anti-pédagogique" vient aussi de la gauche. Il vient aussi de loin. Déjà le concile de Trente, en 1563, donnait pour finalité à l'Ecole la normalisation du comportement social. Pour Victor Cousin, l'instruction est "une sorte de conscription intellectuelle et morale", François Guizot veut "développer l'esprit d'ordre", les écoles normales adoptent le principe des "Frères des écoles chrétiennes" avec "la méthode simultanée" aux dépens de "la méthode mutuelle" qui privilégie les relations entre pairs.

Beaucoup sont passés par l'entourage de J-P Chevènement

 

Pour Grégory Chambat, l'école de Jules Ferry "distille ses valeurs conservatrices (...) en célébrant l'ordre établi" tandis que Paul Robin tente de créer un "enseignement intégral" inspiré du projet éducatif de l'Association internationale des travailleurs, mais se heurte à Drumont et à l'extrême droite. Très documenté, cet historique met en évidence la continuité d'une pensée sur laquelle se brisent les tentatives pour fonder une alternative émancipatrice. Les forces attachées au modèle traditionnel viennent du Grece d'A. de Benoist comme des "trotskistes lambertistes" et beaucoup de ses hérauts sont d'anciens maoïstes passés par le chevènementisme, avant de réjoindre, pour certains le FN, et pour d'autres le libéralisme.

Car c'est là que le paysage se brouille. Certains courants du libéralisme revendiquent le soutien d'une école autoritaire, tandis que d'autres s'accommodent au contraire d'une pédagogie qui individualise et qu'une partie de la gauche s'est "convertie au libéralisme". Le piège serait donc pour lui de s'enfermer dans l'opposition entre pédagogues et républicains "au détriment de l'héritage des luttes et des pratiques pour une autre école". L'ouvrage est d'ailleurs publié dans la collection "N'Autre école".

A noter que l'auteur co-anime le site "Questions de classe(s)" (ici)

 

  "L'Ecole des réac-publicains, la pédagogie noire du FN et des néoconservateurs", G. Chambat, Libertalia, 264 p., 10€

 

Pascal Bouchard

avec l'aimable autorisation de ToutEduc

* Assez plaisamment l’anarchiste G. Chambat – membre de CNT-éducation - et le très rétropenseur qu’est devenu, hélas, Jacques Julliard partagent un intérêt pour Fernand Pelloutier :

- Fernand Pelloutier et les origines du syndicalisme d'action directe, Seuil, «L'univers historique» 1971 (version allégée «Points»), fut la thèse de Jacques Julliard

- Instruire pour révolter, Fernand Pelloutier et la pédagogie d’action directe, Éditions CNT-RP, 2001, est le premier ouvrage de G. Chambat.

Note du déblogueur

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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 17:09
Charte de la Laïcité : ça bouzze

Constitution de 1958

ARTICLE PREMIER.

La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances…

 

Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l'Etat

Titre Ier : Principes.

Article 1

La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.

Article 2

La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte…

 

Loi n° 11 696 du 28 mars 1882

Article premier

L’enseignement primaire comprend :

   ● L’instruction morale et civique ;

   ● La lecture et l’écriture …

La Charte de la Laïcité, affichée dans tous les établissements depuis 2013, doit être signée par les parents à cette rentrée. Une telle obligation déclenche un bouzze. Tandis qu’un journaliste sportivo-politique pointe, deux ans après, dans le texte, des ambiguïtés qui devraient inspirer Houellebecq, L’Obs se pose la question essentielle : si les parents ne signent pas !

Charte de la Laïcité : ça bouzze

Bruno Roger-Petit (BRP) journaliste sportif au Figaro, mais politique à Challenges (groupe de L’Obs), touitte donc, après avoir découvert le texte deux ans après sa parution, sur l’ambiguïté des paragraphes 12 et 15 (dans une autre réponse il note 11 et 15), ambiguïté susceptible donc d’alimenter les fantasmes soumissionnaires de Houellebecq. Diantre, affirmer que les enseignements sont laïques et que nul ne peut s’y soustraire pour des motifs religieux ou que les élèves doivent être actifs serait comme un acte d’allégeance aux fondamentalistes de l’Islam ? Qui a pu voir opérer le fqih sait que les méthodes actives ne sont pas très usitées dans une école coranique.

L’article de L’OBS - Charte de la laïcité : et si les parents ne signent pas ? -  se fait l’écho d’une interrogation d’un prof et d’un touitte (« Si, en tant que parent d'élève, je refuse de signer la charte de la laïcité, il se passe quoi ? Mes gamines doivent s'inscrire au CNED ? », le Monsieur semble ignorer que le CNED fait partie de l’éducation nationale, mais il peut se réjouir son message stupide est passé dans L’Obs).

Surtout L'obs reprend les propos d’un certain Rodrigo Arenas, présenté comme le représentant de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) de Seine-Saint-Denis, qui clame qu’il ne signera pas. "Un parent qui ne respecte pas la laïcité ne respecte pas la loi et il aura affaire la justice. Pas la peine de signer une charte pour ça", estime-t-il. "Le problème est pris à l’envers. En Seine-Saint-Denis, quand on parle laïcité, on parle Islam. Alors il faut faire attention à ne pas stigmatiser certaines personnes. On ne peut pas convoquer des parents en tête à tête parce qu’ils ont refusé de signer. Ça ressemble à une punition, c’est ubuesque !"

Selon lui, ajouter la charte au règlement intérieur apporte un signal négatif. "Dans un règlement intérieur, on vous rappelle ce que vous n’avez pas le droit de faire, donc on donne l’impression que la charte est coercitive."

On peut retourner les arguties de R. Arenas en estimant que joindre cette charte au Règlement Intérieur (RI) de l’établissement donne un aspect plus positif au RI et surtout en explicite le principal fondement qui est le vivre ensemble.

Ne jetons pas la pierre à ce militant de la FCPE, qui donne des armes aux xénophobes, qui caricaturent les musulmans, en prétendant que parler de laïcité en Seine-Saint-Denis c’est stigmatiser l’Islam. Comme si tous les musulmans étaient des fondamentalistes bornés (pléonasme), des affidés d’un Civitas de l’Islam. Car il est vrai que dans la mauvaise foi il ne fait que marcher dans les brisées d’une sociologue Nacira Guénif-Souilamas qui, elle, contrairement à Roger-Petit avait lu le texte à sa parution. Lecture très symptomale : « La laïcité devrait garantir l’égalité entre les filles et les garçons - ce qui est très contradictoire avec les récentes déclarations de Peillon sur le fait que la théorie du genre n’existe pas. [… ]. Pourquoi vise-t-on spécifiquement l’inégalité garçons-filles ? C’est une manière de pointer du doigt, une nouvelle fois, sans les nommer, ces musulmans supposés hétérosexistes(sic). »

Si l’on suit bien le raisonnement, proclamer l’égalité filles-garçons serait l’indice de l’existence d’une théorie du genre ! et surtout cette proclamation viserait les musulmans. En quoi des musulmans non sexistes pourraient se sentir visés par l’affirmation assez banale de l’égalité femme-homme ?

Charte de la Laïcité : ça bouzze

Charte de la laïcité à l’école.

 

La Nation confie à l’école la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République. La République est laïque. L’école est laïque.

 

1) La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi, sur l’ensemble de son territoire, de tous les citoyens. Elle respecte toutes les croyances.

 

2) La République laïque organise la séparation des religions et de l’État. L’État est neutre à l’égard des convictions religieuses ou spirituelles. Il n’y a pas de religion d’État.

 

3) La laïcité garantit la liberté de conscience à tous. Chacun est libre de croire ou de ne pas croire. Elle permet la libre expression de ses convictions, dans le respect de celles d’autrui et dans les limites de l’ordre public.

 

4) La laïcité permet l’exercice de la citoyenneté, en conciliant la liberté de chacun avec l’égalité et la fraternité de tous dans le souci de l’intérêt général.

 

5) La République assure dans les établissements scolaires le respect de chacun de ces principes.

 

6) La laïcité de l’École offre aux élèves les conditions pour forger leur personnalité, exercer leur libre arbitre et faire l’apprentissage de la citoyenneté. Elle les protège de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leurs propres choix.

 

7) La laïcité assure aux élèves l’accès à une culture commune et partagée.

 

8) La laïcité permet l’exercice de la liberté d’expression des élèves dans la limite du bon fonctionnement de l’École comme du respect des valeurs républicaines et du pluralisme des convictions.

 

9) La laïcité implique le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations, garantit l’égalité entre les filles et les garçons et repose sur une culture du respect et de la compréhension de l’autre.

 

10) Il appartient à tous les personnels de transmettre aux élèves le sens et la valeur de la laïcité, ainsi que des autres principes fondamentaux de la République. Ils veillent à leur application dans le cadre scolaire. Il leur revient de porter la présente charte à la connaissance des parents d’élèves.

 

11) Les personnels ont le devoir de stricte neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l’exercice de leurs fonctions.

 

12) Les enseignements sont laïques. Afin de garantir aux élèves l’ouverture la plus objective possible à la diversité des visions du monde ainsi qu’à l’étendue et à la précision des savoirs, aucun sujet n’est a priori exclu du questionnement scientifique et pédagogique. Aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme.

 

13) Nul ne peut se prévaloir de son appartenance religieuse pour refuser de se conformer aux règles applicables dans l’École de la République.

 

14) Dans les établissements scolaires publics, les règles de vie des différents espaces, précisées dans le règlement intérieur, sont respectueuses de la laïcité. Le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.

 

15) Par leurs réflexions et leurs activités, les élèves contribuent à faire vivre la laïcité au sein de leur établissement.

Le texte, comme on peut le lire, ne fait qu’expliciter pour l’école l’article premier de la constitution et les principes de la loi de 1905. Il prône une laïcité non dogmatique totalement dans l’esprit qui avait présidé à l’élaboration de cette loi. Certes, et contrairement à ce que feint de croire BRP, l’article 12 dénie le droit à des fondamentalistes de refuser tel enseignement, Sciences de la vie et de la terre par exemple, au nom de leur religion (fondamentalistes pas uniquement de sectes musulmanes puisque des sectes chrétiennes créationnistes refusent aussi l’enseignement scientifique de l’évolution).

 

Reprenant Jules Ferry et sa lettre aux instituteurs on peut se demander s'il peut se trouver une seule personne honnête qui pourrait de bonne foi refuser son assentiment à cette charte !

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29 mars 2015 7 29 /03 /mars /2015 09:40

L’école sans dieu, dénoncée en 1882 par les députés catholiques, énonce dans le programme d’Instruction civique et morale les « Devoirs envers Dieu ». Ferme sur les principes mais souple dans l’application, telle est la leçon de Jules Ferry.

 

Au dernier colloque d’Education & Devenir, éducation & souvenir comme disait ironiquement un vieil adhérent, Jean-Paul Delahaye, pour illustrer le temps long souvent indispensable pour faire bouger les choses, évoqua l’instauration de l’instruction morale et civique chassant l’instruction morale et religieuse.

 

Je n’ignorais pas la souplesse dont avait fait preuve le député des Vosges s’agissant de la présence des crucifix dans les salles de classe : le ministre avait confié aux préfets le soin d’examiner chaque cas avec attention, les crucifix n’étant ôtés que lorsque cela ne soulevait pas l’hostilité des populations.

Jules Ferry : Ferme sur les principes, pragmatique dans l’application

En revanche, je dois avouer ma totale ignorance sur ce que nous a appris l’IGEN.

 

La loi de 1882 met en tête* des enseignements du primaire « L’instruction morale et civique ».

 

Et dans les devoirs - Devoirs envers les parents et les grands-parents, Devoirs des frères et sœurs, Devoirs envers les serviteurs (sic), Devoirs envers l'instituteur, Devoirs envers les camarades, Devoirs envers la patrie et la société, etc.** – il y a les Devoirs envers Dieu !

 

L'instituteur n'est pas chargé de faire un cours ex professo sur la nature et les attributs de Dieu ; l'enseignement qu'il doit donner à tous indistinctement se borne à deux points :

 

D'abord, il leur apprend à ne pas prononcer légèrement le nom de Dieu ; il associe étroitement dans leur esprit à l'idée de la cause première et de l'être parfait un sentiment de respect et de vénération ; et il habitue chacun d'eux à environner du même respect cette notion de Dieu, alors même qu'elle se présenterait à lui sous des formes différentes de celles de sa propre religion.

Ensuite, et sans s'occuper des prescriptions spéciales aux diverses communions, l'instituteur s'attache à faire comprendre et sentir à l'enfant que le premier hommage qu'il doit à la divinité, c'est l'obéissance aux lois de Dieu telles que les lui révèlent sa conscience et sa raison.

 

Tout cela avait fait plus que débat au sein des loges du Grand Orient. Esprit-Eugène Hubert, un proche de Jules Simon y déclarait: « L’enseignement laïque, c’est l’État enseignant. Ce n’est point dire que l’idée de Dieu doive être écartée de cet enseignement, car il n’y a pas d’enseignement sans des leçons de morale ; or, il n’y a pas de morale qui puisse se tenir sur ses jambes sans l’aide de la proclamation et de la reconnaissance d’un principe immatériel supérieur. Toute morale ou toute prétendue morale qui veut venir de la terre et mourir sur la terre est un leurre ou quelque chose de plus terrible dont ce siècle a donné des exemples si néfastes et si lamentables : la force prime le droit ». C’est exactement cette position que défendra Jules Simon, contre Jules Ferry.

 

  En introduction aux instructions sur cet instruction civique et morale, un philosophe affirmait : « « ceux qui voudraient retrancher de l'enseignement toute idée religieuse, même naturelle, ne voient-ils pas qu'ils entrent par là dans la pensée même de leurs adversaires? Car la doctrine de ceux-ci est précisément que l'Etat est incompétent dans le domaine purement spirituel et dans tout ce qui concerne les âmes : c'est pourquoi ils lui dénient le droit d'enseigner même la morale. Si l'Etat se laisse déposséder du droit d'enseigner les idées religieuses dans ce qu'elles ont de général, d'humain, de naturel, il abandonne par là même une partie, et la plus haute, de ce domaine spirituel qu'on lui refuse ; c'est une force qu'il laisse entre les mains de ses adversaires en attendant que, de progrès en progrès, et sous prétexte de neutralité, on lui interdise d'enseigner le devoir, la famille, la propriété et la patrie. D'ailleurs, sans instituer de controverses directes sur ce point, contentons-nous de demander si une séparation de la morale profane et de la morale confessionnelle n'est pas, par elle-même, une révolution assez importante ; sans vouloir encore la pousser plus loin et inquiéter la conscience et la croyance des hommes dans ce qu'elles ont de plus vénérable, de plus auguste et de plus sacré. » Paul Janet

 

La laïcisation des programmes s’est donc mise en place très progressivement puisque les « devoirs envers Dieu » ont subsisté dans les programmes d’instruction morale et civique du cours moyen jusqu’en 1923, ces « devoirs envers Dieu » seront rétablis par Pétain et définitivement supprimés en 1944.

 

Pour Jean-Paul Delahaye, Jules Ferry, positiviste, pensait que la religion allait s’éteindre d’elle-même. Et le député des Vosges savait qu’il était élu d’un peuple qui aime la République mais construit des reposoirs aux fêtes-dieu !

 

Ce pragmatisme,  c’est-à-dire cet art du compromis symbole de démocratie – celui-là même dont a fait preuve ensuite Aristide Briand amendant lui-même sa propre loi pour ne pas donner prise à l'intransigeance des cagots – est hélas difficilement de mise dans un climat de quasi guerre civile, en tout cas de guerre contre l’école de la République, qu’entretiennent les Belghoul, Bourges, de la Rochère, et autres boute-feux de la manif anti-mariage pour tous, soutenus par les UMPistes !

 

 

* A noter que les maths viennent dans un conglomérat : « Les éléments des sciences naturelles physiques et mathématiques, leurs applications à l’agriculture, à l’hygiène, aux arts industriels, travaux manuels et usage des outils des principaux métiers » bien loin de la prééminence qu’elles ont prise ensuite !

 

** A noter aussi ces devoirs à  faire bondir la plus placide des féministes : Devoirs de famille. — Rôle à la fois discret, modeste et efficace de la jeune fille dans la famille. Devoirs maternels de la soeur aînée. Devoir pour les jeunes filles de prendre part à tous les soins domestiques, non seulement sans répugnance, mais avec empressement.

 

 

Face à la surenchère anti-musulmane de Sarkozy, contre les menus de substitution, un rappel :

La première circulaire sur ces menus, adressée aux recteurs, date du 30 juillet 1957, ce n’est donc pas nouveau « Il m’a été signalé que dans certains établissements de la métropole il était parfois servi de la viande de porc aux élèves de religion musulmane. Je vous serais obligé de rappeler à MM les chefs d’établissement que le Coran interdit aux musulmans la consommation de la viande de porc, et leur demander de prévoir, les jours où cette viande figure aux menus, un autre plat de viande à l’intention de leurs élèves musulmans » Circulaire du 30 juillet 1957, B.O.E.N. n° 31 du 5 septembre 1957, p. 2595 cité par J.P. Delahaye Laïcité, enseignement et religion à l’école (Le ministre de l’époque était un radical socialiste : René Billères)

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28 décembre 2007 5 28 /12 /décembre /2007 18:04

Une amie me dit qu’Henri Pena Ruiz, le philosophe attitré de la laïcité, allait sortir une Lettre ouverte à Sarko sur ses latraneries soit dans Le Monde, soit dans Le Figaro. Pas de Pena Ruiz ! Mais des lectures édifiantes.

Sphères publique et privée : Sarkozy abolit la distinction, tel était le titre d’un article du Figaro. Son rédacteur allait-il dénoncer cette pipolisation dégradante de la fonction présidentielle où le nabot s’affiche avec sa favorite à Dysneyland, embarque le comique ( ?) le plus vulgaire à Rome avant, tout neuf chanoine, de prononcer le pitoyable discours de Latran ! Mais non, justement, c’était à la gloire du dit discours qui mettait fin à « Cette distinction française sphère publique/sphère privée » et pour se féliciter de «  La reconnaissance que la mise en œuvre de la laïcité avait provoqué des «souffrances» est un tournant majeur dans la relecture de l'histoire de la République ».

Le Figaro

Il ne s'agit pas de "relecture" mais de réécriture. Je l’ai dit, plus bas, la loi de 1905 a été voulu par son maître d'oeuvre, Aristide Briand, comme une loi d'apaisement. C'est Rome, contre l'avis de beaucoup de prélats français, qui va se lancer dans un conflit avec la République.

La distinction entre public et privé est uniquement juridique, avec la Loi de 1905, les églises relèvent du droit privé et non plus du droit public. La réserve, laïque celle-là, demandée aux représentants de l’état, ne s'applique pas aux citoyens de base qui peuvent exprimer leurs convictions à condition de ne pas nuire à l'ordre public. Cette réserve marque que l'état est garant de la liberté de conscience de ceux qui croient au ciel et de ceux qui n'y croient pas. C'est cela que M. Sarkozy vient de bafouer.

 

Puis je tombe sur une opinion de François Bayrou : « Sarkozy remet en cause la laïcité républicaine » dont voici quelques extraits.

Quand on a besoin d'un adjectif, c'est qu'on veut changer le sens du mot.

S'exprimant comme président de la République, il [Sarkozy] introduit la notion de «racines essentiellement chrétiennes» de la France, oubliant le grand mouvement d'émancipation des Lumières. Il affirme que la République a «intérêt» à compter beaucoup de croyants. Il demande aux religions, toujours dans «l'intérêt» de la République, de fonder la morale du pays. C'est le retour, qu'on croyait impossible en France, du mélange des genres entre l'État et la religion.

La République n'a pas à sous-traiter l'espérance aux religions. La République est en charge de réaliser un monde meilleur, et pas d'inviter à l'attendre. Cette conception sociologique de la religion, fournissant «l'espérance» qui fait que les peuples se tiennent tranquilles et respectent les règles établies, on croyait qu'elle était loin derrière nous ! Ce n'est pas autre chose que «l'opium du peuple» que dénonçait Marx. C'est un leitmotiv chez Nicolas Sarkozy, notamment quand il a parlé des bienfaits de la présence de l'islam pour pacifier les banlieues.

Quand Nicolas Sarkozy dit que «jamais l'instituteur ne pourra remplacer le pasteur ou le curé» dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, parce qu'il lui «manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d'un engagement porté par l'espérance», il exprime exactement le contraire du message de Jules Ferry. La morale de l'instituteur n'est pas inférieure à celle du prêtre.

C'est un paradoxe troublant que celui d'un pouvoir qui affiche chaque fois qu'il le peut sa complaisance avec le matérialisme financier et, en même temps, souhaite faire de la religion une autorité dans l'espace public.

Le Figaro 26/12/07

 

 

Et c’est l’ineffable Raffarin qui tente, dans son style si particulier (que celui qui comprend ce qu’il a voulu dire par cette laïcité partagée qui doit servir de grammaire entre les religions m’envoie vite l’explication) de lui répondre.

Aujourd'hui, nous avons besoin de la laïcité partagée pour régler les relations entre religions et politique, mais aussi pour servir de grammaire entre les différentes religions, pour leur permettre de se parler dans l'espace public. Défendre la spécificité française en reprochant à Nicolas Sarkozy ses références aux racines chrétiennes de la France, comme le fait François Bayrou, c'est nier la réalité. En cette période de Noël, que voit-on ? Des Français qui, partout, célèbrent une fête religieuse, familiale et sociale. Au débat passéiste entre «la morale laïque» et «la religion civile», telle que la définissait Rousseau, je préfère le concept d'«éthique antérieure» de Paul Ricœur, car les religions sont, en amont, des sources pour les normes de la morale publique.

Je pense que l'apostasie n'est pas une force de progrès dans nos sociétés.

Le Figaro

J’ai alors glissé ce petit commentaire : "Que M. Raffarin, citant Paul Ricœur, veuille placer les religions en amont d'une "morale publique" est une conception historico-philosophique qui demanderait à être étayée. Qu'il nous resserve les "racines chrétiennes" (plantées sans doute dans une "terre qui ne ment pas"), pourquoi pas, sauf qu'il n'a pas lu Bayrou qui rappelle que le siècle des lumières fait aussi parti de notre histoire. Quant au carcan historique où serait enfermée la laïcité, cela relève de l'affirmation pas de l'argumentation.
Mais qu'a-t-il bien voulu dire avec cette phrase : "Je pense que l'apostasie n'est pas une force de progrès dans nos sociétés." ? L'apostasie, au sens large, si j'en crois le Trésor de la Langue Française, voulant dire "Trahison, reniement, abandon d'une doctrine, d'un parti, etc." veut-il par cette phrase sibylline condamner Kouchner, Bockel, Jouyet et les autres ? peu probable... Considèrerait-il agnostiques ou athées affirmés comme des apostats ? c'est à craindre."

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