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22 décembre 2007 6 22 /12 /décembre /2007 22:53

Jour après jour, trait après trait – bien sûr l’épisode Mickey conforte ce point de vue – l’impression que le président qu’a élu une majorité de français n’est qu’un gosse capricieux (menteur, m’as-tu-vu, sans gêne, vulgaire etc.) se conforte.

Yasmina Reda (à ne pas confondre avec la girouette qui attaque la venue du pitre libyen un jour, pour la justifier le lendemain), l’écrivaine qui a suivi le nabot tout au long de sa campagne, nous rappelait :

 «N’avait-il pas dit, je partirai en retraite quelques jours, me reposer, méditer. Il faut du calme et de la sérénité pour prendre la distance nécessaire. Si proche des moines et des cathédrales, ne s’était-il pas enorgueilli de quelque subite transfiguration ? N’avait-il pas dit, j’irai dans une abbaye, ou dans la solitude d’une maison amie, réfléchir à l’ampleur de la tâche ? C’est dévorant des langoustes en famille sur un yacht de soixante mètres, au large de Malte, qu’on le trouvera » au lendemain de son élection.

Yasmina Reda

 

Le gamin capricieux  dans toute sa splendeur se révèle lors d’un conseil des ministres-gadget en Corse :

 

Langouste.jpg

Caprices, ce n'est pas fini

Sarkozy n’a jamais été un gastronome, mais il a des caprices. La veille du conseil des ministres qu’il a récemment délocalisé le 31 octobre dernier à Ajaccio, il est pris d’une envie de langouste digne d’une femme prégnante. Il lui faut des langoustes, beaucoup de langoustes pour lui, pour ses ministres et pour ses grands vassaux corses. Les services de la présidence sont chargés de mettre en œuvre ce grand dessin. Ils choisissent un restaurant, Chez Jeanjean, près du port. Mais Jeanjean a pris des vacances et se trouve à Paris. On lui enjoint de renter dare-dare. Très vite, une difficulté apparaît. Elle est de taille : la pêche à la langouste est interdite en Méditerranée en cette saison. Le président balaie cette objection d’un revers de main : il trépigne, il veut des langoustes, point barre. Les affaires maritimes accordent alors une dérogation à quelques pêcheurs pour leur permettre d’enfreindre la réglementation en toute sécurité. Mais le monde est plein de jaloux. On ne sait pas exactement qui a balancé, peut-être un notable furieux de n’avoir pas été invité à cette langouste-party, mais l’affaire s’ébruite. Elle menace de virer au scandale écolo. L’Elysée prend les devants. Sans se démonter, il publie une mise au point affirmant que les langoustes venaient de Brest!

François Caviglioli  (confidentielles Nel Obs)

 

On atteint les sommets du ridicule égocentré dans cette déclaration à Rome du tout neuf « chanoine du Latran » devant un parterre de cardinaux et séminaristes ; bientôt nous allons apprendre que sa vocation présidentielle répondait à un appel divin :


Moi-même

"On n'est pas prêtre à moitié. Croyez bien qu'on n'est pas non plus président à moitié. Je comprends les sacrifices que vous faites pour répondre à votre vocation parce que moi-même, je sais ceux que j'ai faits pour réaliser la mienne!"

 papesarko.jpg

Ce discours du Latran est, plus gravement, un exemple de contre-vérités soufflées par des faussaires de l’histoire, Guaino et Gallo. Ainsi apprend-on que les « racines » (ça sent déjà un « la terre ne ment pas ») de la France sont essentiellement chrétiennes – un christianisme d’ailleurs confondu avec le catholicisme – oubliant Voltaire, Diderot, et quelques autres, en bref tout ce qui a été baptisé « siècle des lumières » qui n’a pas beaucoup éclairé ni lui-même, ni ses nègres.

 

Plus fort encore, la loi de 1905, dont le maître d’œuvre, Aristide Briand, a voulu faire (et a fait) une loi de concorde a été violemment rejetée par le pape de l’époque, l’ineffable Pie X, sauf erreur, dont vous pouvez lire et relire des extraits de son catéchisme plus bas, appuyé par le brûlot qu’était La Croix de l’époque qui suintait l’antisémitisme. Gallo – ex Chevénementiste forcené et logorrhéïque écrivain, pseudo historien -  lui fait évoquer les « souffrances de l’église », alors que Clemenceau, surnommé pourtant le 1er flic de France, avait clairement indiqué que l’inventaire des biens des églises ne valait pas mort d’homme ! Rappelons aussi que la loi de 1905 fut complétée par la loi du 2 janvier 1907, dont le but était, selon Briand son rapporteur, « de faire une législation telle que, quoi que fasse Rome, il lui soit impossible de sortir de la légalité », de « mettre l’Eglise catholique dans l’impossibilité, même quand elle le désirerait d’une volonté tenace, de sortir de la légalité ». De quel côté est la volonté d’apaisement ?

Cela tourne au délire calotin – dans lequel d’ailleurs beaucoup de catholiques ne se retouveront pas – quand notre chanoine affirme, avec tout l’aplomb qui le caractérise : « La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres, n’ont pas rendu les Français plus heureux.» (Qu’en a pensé Bigard, au fait l’anneau papal n’était pas trop gras après qu’il l’a eu baisé ?)

Quant à sa conception de la laïcité – soufflée par des plumes Républicaines -  une « laïcité positive » placée sur le même plan que le « baptême de Clovis », avec une « morale laïque » soupçonnée de dérive fanatique, elle est totalement étrangère à la laïcité qui n’a pas besoin d’adjectifs (voir les passages quasi délirants comparant le prête et le pasteur à l’instituteur, voir aussi plus haut Moi-même).

  Sur le même sujet voir : http://jeanbauberotlaicite.blogspirit.com/archive/2007/12/22/le-chanoine-sarkozy-et-la-religion-civile-a-la-francaise.html

Pour compléter :

Nicolas Sarkozy a montré qu'il voulait sortir des protocoles. Il est en train de désacraliser la fonction présidentielle. Je ne suis pas sûr que les Français en aient vraiment envie et je ne suis pas sûr qu'il puisse revenir en arrière. Sa communication risque d'avoir des limites quand il va tomber sur des sujets qui ne relèvent plus d'un livre d'images François Jost

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-992628@51-984702,0.html

 

 

C’est un homme intelligent qui réfléchit peu. L’idée est de se montrer beaucoup : «Regardez-moi, je travaille pour vous et je fais énormement de choses pour vous.» On a été légèrement imprudent en l’élisant mais en France on a toujours le sentiment qu’on peut à un moment opposer un refus brutal. Pour l’instant, il distrait les soirées d’hiver. Claude Chabrol

http://www.liberation.fr/actualite/politiques/298974.FR.php

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29 octobre 2007 1 29 /10 /octobre /2007 16:52

3) Maif, Pena-Ruiz, sphères publiques et privées, laïcité

2005, centenaire de la loi de 1905, a vu fleurir des commémorations diverses (et parfois divergentes). La MAIF pour célébrer l’évènement avait lancé une série de conférences dans les grandes villes.


En tant que sociétaire, je m’étais permis de poser deux questions :

1°) que la MAIF soit partie prenante de cet anniversaire certes, mais pourquoi, plutôt que cette initiative isolée, ne pas appuyer les initiatives des grandes associations laïques, telle que le Ligue de l’enseignement ?

2°) en admettant que cette initiative solitaire soit justifiée, pourquoi n’avoir choisi qu’un seul conférencier, M. Henri Pena-Ruiz.

Pas de réponse.

Le cycle de conférences se poursuivant en 2006, questions reposées, j’ai eu droit à une belle réponse très langue de bois, mais quand j’ai insisté sur le choix d’un seul conférencier, aussi éminent soit-il, à croire que pour la MAIF il n’y avait qu’un seul intervenant possible sur la Laïcité, silence total.

 

HPR est à la philosophie ce que Baubérot est à l’histoire « le » spécialiste de la laïcité. Mais, tandis que Baubérot sent le soufre (pensez il n’a pas approuvé la loi sur le foulard !), HPR est le guide suprême de toute une mouvance néo-républicaine défenseure farouche d’une laïcité tellement universelle qu’elle n’existe qu’en France.

 

Il est toujours étrange de lire que la religion, comme d’autres convictions spirituelles ou philosophiques, relèverait de la seule « sphère privée », alors qu’outre le fait que le culte catholique, par exemple, s’exerce publiquement, dans des édifices publics (entretenus d’ailleurs par l’état ou les communes), la déclaration universelle des droits de l’homme reconnaît le droit de manifester sa religion ou ses convictions (dans le respect des lois bien sûr). Si cette manifestation ne peut se faire que dans son « for intérieur » un tel droit serait bien inutile. Sauf à donner à cette sphère « privée » une extension qui débordera sur l’expression publique et donc privera la distinction public/privé de tout sens, cette césure est artificielle.

Faut-il ajouter que le Secours catholique – comme le Secours populaire, non confessionnel, lui – est reconnu d’utilité publique ? Qu’à la Libération et pendant toute la IVe République un parti politique, le MRP, se réclamait de la démocratie chrétienne ? La CFTC maintenue a toujours pignon sur rue.

 

En revanche, la puissance publique garantit à toutes les religions leur libre exercice, mais dans le respect du droit commun. Leurs dogmes doivent respecter ce droit et respecter le droit de leurs fidèles de s’y conformer ou pas. Et respecter le droit de quitter leur giron…

 

 

 

Mais puisque c’est mon « deblog » pourquoi résister à la tentation de m’autociter, dans une opinion parue dans Libé le 16 mai 2006 (intitulé par Libé « Vraie et fausse laïcité » et qui doit beaucoup à Aristide Briand) :

Le vicomte le Jolis de Villiers de Saintignon, qui voit des islamistes partout, aura eu le mérite d'obliger certains défenseurs de la laïcité à clarifier un peu leurs positions, dans une pétition "Contre un nouvel obscurantisme".

Certes cet appel à tous les citoyens, quelle que soit leur origine, à s'unir dans un combat républicain et laïque contre "l'intégrisme que représente l'islam politique liberticide et le racisme" n'a pas (encore ?) atténué chez certains des signataires un discours que l'on serait tenté de qualifier de sectaire. Ainsi "Respublica" dans le dernier envoi de sa Newsletter tombe à bras raccourcis sur le PS, avec des attaques violentes notamment contre Jean Glavany qui dit pourtant "la laïcité n'est pas un combat contre les religions mais contre les intégrismes" et, dans un esprit d'union, épingle "la girouette Manuel Valls" tournée vers La Mecque évidemment, pour conclure : "Si le PS peine à retrouver le chemin de la séparation des sectes et de l'Etat avec une telle équipe de bras cassés, les défenseurs de la laïcité sauront, eux, ne pas trouver le bulletin socialiste en 2007".

Cette loi de 1905, dont les signataires se prétendent les plus farouches défenseurs, on se demande parfois si certains l'ont lue. Ou au moins en ont saisi l'esprit. Qui mieux que celui qui fut la véritable cheville ouvrière de la commission qui l'a élaborée (Aristide Briand, bizarrement le grand oublié des "commémorateurs" purs et durs) pourrait le définir.

"Si minutieusement rédigée soit une loi aussi considérable, dont tous les effets doivent être prévus par des dispositions de droit civil, pénal et administratif, elle contient inévitablement des lacunes et soulève de nombreuses difficultés d'interprétation. Le juge saura, grâce à l'article placé en vedette de la réforme, dans quel esprit tous les autres ont été conçus et adoptés. Toutes les fois que l'intérêt de l'ordre public ne pourra être légitimement invoqué, dans le silence des textes ou le doute sur leur exacte application, c'est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur.

"Il n'y a plus d'autres limites au libre exercice des cultes que celles qui sont expressément édictées dans l'intérêt de l'ordre public par le projet de loi lui-même.

"Le projet que vous présente la majorité des membres de votre commission est de nature à vous faciliter la tâche. Conçu, discuté, voté avec un large esprit de tolérance et d'équité, il sauvegarde tout ensemble les légitimes respectables préoccupations des consciences et les intérêts des personnes et les droits supérieurs de l'Etat. Ce n'est pas une œuvre de passion, de représailles, de haine, mais de raison, de justice et de prudence combinées, à laquelle votre commission vous demande de vous associer.

"En le votant, vous ramènerez l'Etat à une juste appréciation de son rôle et de sa fonction ; vous rendez la République à la véritable tradition révolutionnaire et vous aurez accordé à l'Eglise ce qu'elle a seulement le droit d'exiger, à savoir la pleine liberté de s'organiser, de vivre, de se développer selon ses règles et par ses propres moyens, sans autre restriction que le respect des lois et de l'ordre public". Extraits de la présentation du projet de loi.

 

La clarification est donc à poursuivre : cette laïcité, sous la bannière de laquelle on nous invite à nous unir, est-ce bien celle qui a présidé à l'élaboration de la loi de 1905 ? Et l'adjectif "républicain" renvoie-t-il aux grands acquis de la République dont la liberté d'expression ? Ou se réfère-t-il à une conception étriquée qui pollue le débat sur l'école en opposant bizarrement les "républicains" aux "pédagogues" ?

 

Peut-être est-ce cela que mon IGEN, Jean-Pierre Obin, qualifiait de « violentes attaques anti-laïques » ?

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