Le sexshop “Non sit peccatum” est l’objet de l’ire d’ultracatholiques qui exigent le retrait d’une crèche érotique où la sainte famille est peinte dans la céramique en forme de pénis !
Un groupe d’ultracatholiques de la ville tolèdane de Talavera de la Reina, répondant au doux nom d’« Enfants de Marie » a décidé de montrer son particulier attachement à la crèche – chère à nos culs-bénits de Ménard ou Retailleau – en s’en prenant à une boutique, “Non sit peccatum” (ce n’est pas un péché), spécialisée dans la parapharmacie pour la santé sexuelle (herboristerie et accessoires) qui exposait dans sa vitrine des godemichets peints, évoquant la "sainte famille" - Jésus, Marie, Joseph - dans la crèche, œuvres du sculpteur Ernesto Yáñez ; il avait conçu, l’an passé, un dildo en céramique, grande spécialité talaverane (la céramique pas les dildos), baptisé « La lance de Talavera » qui avait obtenu un grand succès. Les membres de cette secte, indignés, ont donc, à maintes reprises, demandé le retrait de ces œuvres.
Alternative écologique aux jouets érotiques de silicone ou de plastique, cette lance change la perception du plaisir.
Le seul toucher de ce jouet de céramique de luxe te coupe le souffle. Fabriqué en matières naturelles et recyclables, ce gode artisanal et organique est respectueux de ton corps et parfait pour jouer avec la température. Cette lance est une une œuvre d’art parfaitement sculptée pour la jouissance.
La structure de la surface ultra lisse est dessinée pour stimuler voluptueusement chaque courbe et contour de ton corps. Il se lave à l’eau chaude ou froide et se réchauffe ou se refroidit instantanément.
NB La traduction mot à mot serait plutôt "lancier" que "lance".
Peintures sur céramique
Le plus étonnant dans cette affaire est que les godemichets de céramique peints avaient déjà été exposés l’an passé ; bien mis en évidence dans la vitrine, ils n’étaient donc pas passés inaperçus et avaient même eu un écho médiatique au niveau national ; ils n’avaient cependant pas attiré, comme cette année, l’ire de ces néo pharisiens, alors même qu’ils étaient relégués dans un coin de la vitrine. Ils n’ont cessé de harceler le propriétaire de la boutique, depuis leur mise en place le 16 novembre dernier.
Héctor Valdivielso raconte que dès ce jour-là s’est pointé un individu, dans la cinquantaine, se réclamant des « Enfants de Marie » et demandant le retrait de la crèche de la vitrine, en outre, il est resté dans la boutique une vingtaine de minutes récitant des prières à voix haute, à la grande surprise des clients !
Un couple exalté
Ce que Valdivielso prenait pour un acte isolé, dû à un esprit rétrograde et dérangé, s’est reproduit le jour suivant. Mais du coup, ce fut un couple exalté qui dit avoir reçu par WhatsApp la photo des godemichets avec les dessins évoquant la sainte famille et exigea leur retrait immédiat de la vitrine. Le propriétaire de la boutique leur signala que c’était l’œuvre d’un artiste reconnu et qu’il n’avait aucunement l’intention de les retirer. Il invita le couple à vider les lieux, mais l’homme répondit agressivement que s’il n’enlevait pas ces godes il allait le faire par la force. Si bien que Valdivielso n’eut d’autres solutions que d’appeler la police pour les virer.
Un commando d'enfants de Marie
Le harcèlement a continué. Quelques jours après une délégation, d’on ne sait quelle confrérie, formée de douze femmes et de deux hommes d’âge avancé (« aucun d'entre eux n’est client de mon entreprise », explique le propriétaire), est venue dans le sexshop pour exiger le retrait immédiat des dildos. « Ils sont restés pendant une demi-heure dans le magasin et nous ont menacés de prendre des mesures contre l’entreprise » dit Héctor Valdivielso.
Un des plus étonnés de cette controverse est l’auteur de l’œuvre, Ernesto Yáñez : « C’est une minorité, la majorité de la ville aime cette crèche ». Le sculpteur, d’origine cubaine, mais qui habite Talavera, dit qu’il ne comprend pas que cette œuvre, exposée à la vue de tous depuis trois ans, puisse provoquer tout ce tapage maintenant. « Je ne pense pas qu’elle soit vulgaire ou offensante ».
Mais, au moment où un « Monseigneur » ose invoquer la liberté d’expression, pour défendre des sites anti-IVG qui pratiquent, sans vergogne, la contrefaçon en se faisant passer pour des sites officiels, cette action des culs-bénits ibères nous rappelle celles de leurs homologues gaulois contre des pièces de théâtre ou des expositions !
D'après El Plural
L'affaire a eu des retentissements dans la presse nationale :
La Vanguardia se place du côté du commerçant qui dénonce une campagne de harcèlement.
Le très conservateur ABC feint de croire que la polémique est due au « Lancero ».
El País lui est moins hypocrite et montre les objets réels du litige.
De même qu’El diario qui parle explicitement de crèche de Noël avec des godes de céramique (à noter le nom des godemichets en castillan « consoladores » !).
L’Huffington Post parle lui de l’ire catholique contre la crèche-godes.
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