Salut et fraternité,
Fils, petit-fils et arrière, je suis en possession d'une trentaine de cartes postales (le patrimoine familial) datant du début du siècle dernier, parues dans Le Corbeau, dans L'assiette au beurre et autres revues de la même eau. Je suis disposé à les mettre à ta disposition pour publication (après retouche car elles ont jauni avec les ans). A la condition qu'elles me reviennent.
Nous sommes mercredi (le jour du Canard), je pars demain matin [...]
Affaire à suivre.
Amitiés, GB.
Tel est le message reçu à la suite de la mise en ligne de l'article sur L'assiette au beurre.
Et dès jeudi, je recevais une bonne quarantaine de cartes postales datant du début du XXe siècle.
Huit d'entre elles ont été éditées par René Godfroy, venu à l'anticléricalisme au moment de l'Affaire Dreyfus. En 1905, il réimprime des dessins de Lavrate, collaborateur du Monde Plaisant, mort en 1888. Lavrate, contrairement à beaucoup de ses collègues caricaturistes, ne vise pas le Jésuite, symbole du cléricalisme, mais s'en prend à tout un clergé viveur et paillard, dans la veine rabelaisienne (souvenons-nous de Frère Jean des Entommeures qui préférait le service du vin au service divin). Il s'en prend même aux « saintes écritures » avec une Bible pour rire.
Mais, l'essentiel de ce fond, dû à un grand-père Franc-maçon, est formé de cartes postales éditées par Les Corbeaux, revue qui paraît en France en Avril 1905, mais qui était née en Belgique l'année précédente.
La rédaction sera formée de libres penseurs militants. Non content de publier son hebdomadaire, son fondateur, Didier Dubucq, édite aussi 150 cartes postales pendant les cinq années de parution. « A partir d'octobre 1907, les cartes postales présentées comme "les plus pétaradantes, les plus rigouillardes, les plus catapulteuses, les plus époilantes et les plus pharamineuses" sont vendues par séries de 12, 24 ou 42 voire 64 unités. » (Guillaume Doizy)
Reste deux cartes - sans aucune mention d'édition. L'une, signée lbille, intitulée Le schisme et datée de 1906 semble représenter le petit père Combes, agenouillé, pour recevoir une mitre papale (d'inspiration gauloise), Aristide Briand tenant les deux pans de la queue de pie. L'autre signée Les XX - intitulée La Religion Nouvelle en France présente aussi la séparation de l'église et de l'état comme un schisme qui substituerait au pape le Veau d'or, symbolisé par une tête de veau sur le front duquel s'inscrit RF .'., qui signifie République Française Franc-Maçonne. Elle peut être d'inspiration anarchiste (Jossot et Grandjouan, dans l'Assiette au beurre, sont assez critiques avec les Francs-maçons) ou socialiste, la lutte anti-cléricale détournant la classe ouvrière du combat contre les patrons. Mais la présence de cette carte postales chez le grand-père Franc-maçon peut surprendre.
NB Un des dessins fait allusion aux petits « papiers de Montagnini » : ce Montagnini était secrétaire de la nonciature à Paris ; il fut accusé par Clemenceau d'avoir inspiré les sermons séditieux de trois curés parisiens ; après sa fuite, on saisit les documents : les fameux « papiers de Montagnini ».
Le petit montage ci-dessous (accompagné par soeur Sourire) donne un échantillon de ce fond. Son intégralité est sur l'album
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