Constitution de 1958
ARTICLE PREMIER.
La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances…
Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l'Etat
Titre Ier : Principes.
Article 1
La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.
Article 2
La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte…
Loi n° 11 696 du 28 mars 1882
Article premier
L’enseignement primaire comprend :
● L’instruction morale et civique ;
● La lecture et l’écriture …
La Charte de la Laïcité, affichée dans tous les établissements depuis 2013, doit être signée par les parents à cette rentrée. Une telle obligation déclenche un bouzze. Tandis qu’un journaliste sportivo-politique pointe, deux ans après, dans le texte, des ambiguïtés qui devraient inspirer Houellebecq, L’Obs se pose la question essentielle : si les parents ne signent pas !
Bruno Roger-Petit (BRP) journaliste sportif au Figaro, mais politique à Challenges (groupe de L’Obs), touitte donc, après avoir découvert le texte deux ans après sa parution, sur l’ambiguïté des paragraphes 12 et 15 (dans une autre réponse il note 11 et 15), ambiguïté susceptible donc d’alimenter les fantasmes soumissionnaires de Houellebecq. Diantre, affirmer que les enseignements sont laïques et que nul ne peut s’y soustraire pour des motifs religieux ou que les élèves doivent être actifs serait comme un acte d’allégeance aux fondamentalistes de l’Islam ? Qui a pu voir opérer le fqih sait que les méthodes actives ne sont pas très usitées dans une école coranique.
L’article de L’OBS - Charte de la laïcité : et si les parents ne signent pas ? - se fait l’écho d’une interrogation d’un prof et d’un touitte (« Si, en tant que parent d'élève, je refuse de signer la charte de la laïcité, il se passe quoi ? Mes gamines doivent s'inscrire au CNED ? », le Monsieur semble ignorer que le CNED fait partie de l’éducation nationale, mais il peut se réjouir son message stupide est passé dans L’Obs).
Surtout L'obs reprend les propos d’un certain Rodrigo Arenas, présenté comme le représentant de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) de Seine-Saint-Denis, qui clame qu’il ne signera pas. "Un parent qui ne respecte pas la laïcité ne respecte pas la loi et il aura affaire la justice. Pas la peine de signer une charte pour ça", estime-t-il. "Le problème est pris à l’envers. En Seine-Saint-Denis, quand on parle laïcité, on parle Islam. Alors il faut faire attention à ne pas stigmatiser certaines personnes. On ne peut pas convoquer des parents en tête à tête parce qu’ils ont refusé de signer. Ça ressemble à une punition, c’est ubuesque !"
Selon lui, ajouter la charte au règlement intérieur apporte un signal négatif. "Dans un règlement intérieur, on vous rappelle ce que vous n’avez pas le droit de faire, donc on donne l’impression que la charte est coercitive."
On peut retourner les arguties de R. Arenas en estimant que joindre cette charte au Règlement Intérieur (RI) de l’établissement donne un aspect plus positif au RI et surtout en explicite le principal fondement qui est le vivre ensemble.
Ne jetons pas la pierre à ce militant de la FCPE, qui donne des armes aux xénophobes, qui caricaturent les musulmans, en prétendant que parler de laïcité en Seine-Saint-Denis c’est stigmatiser l’Islam. Comme si tous les musulmans étaient des fondamentalistes bornés (pléonasme), des affidés d’un Civitas de l’Islam. Car il est vrai que dans la mauvaise foi il ne fait que marcher dans les brisées d’une sociologue Nacira Guénif-Souilamas qui, elle, contrairement à Roger-Petit avait lu le texte à sa parution. Lecture très symptomale : « La laïcité devrait garantir l’égalité entre les filles et les garçons - ce qui est très contradictoire avec les récentes déclarations de Peillon sur le fait que la théorie du genre n’existe pas. [… ]. Pourquoi vise-t-on spécifiquement l’inégalité garçons-filles ? C’est une manière de pointer du doigt, une nouvelle fois, sans les nommer, ces musulmans supposés hétérosexistes(sic). »
Si l’on suit bien le raisonnement, proclamer l’égalité filles-garçons serait l’indice de l’existence d’une théorie du genre ! et surtout cette proclamation viserait les musulmans. En quoi des musulmans non sexistes pourraient se sentir visés par l’affirmation assez banale de l’égalité femme-homme ?
Charte de la laïcité à l’école.
La Nation confie à l’école la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République. La République est laïque. L’école est laïque.
1) La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi, sur l’ensemble de son territoire, de tous les citoyens. Elle respecte toutes les croyances.
2) La République laïque organise la séparation des religions et de l’État. L’État est neutre à l’égard des convictions religieuses ou spirituelles. Il n’y a pas de religion d’État.
3) La laïcité garantit la liberté de conscience à tous. Chacun est libre de croire ou de ne pas croire. Elle permet la libre expression de ses convictions, dans le respect de celles d’autrui et dans les limites de l’ordre public.
4) La laïcité permet l’exercice de la citoyenneté, en conciliant la liberté de chacun avec l’égalité et la fraternité de tous dans le souci de l’intérêt général.
5) La République assure dans les établissements scolaires le respect de chacun de ces principes.
6) La laïcité de l’École offre aux élèves les conditions pour forger leur personnalité, exercer leur libre arbitre et faire l’apprentissage de la citoyenneté. Elle les protège de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leurs propres choix.
7) La laïcité assure aux élèves l’accès à une culture commune et partagée.
8) La laïcité permet l’exercice de la liberté d’expression des élèves dans la limite du bon fonctionnement de l’École comme du respect des valeurs républicaines et du pluralisme des convictions.
9) La laïcité implique le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations, garantit l’égalité entre les filles et les garçons et repose sur une culture du respect et de la compréhension de l’autre.
10) Il appartient à tous les personnels de transmettre aux élèves le sens et la valeur de la laïcité, ainsi que des autres principes fondamentaux de la République. Ils veillent à leur application dans le cadre scolaire. Il leur revient de porter la présente charte à la connaissance des parents d’élèves.
11) Les personnels ont le devoir de stricte neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l’exercice de leurs fonctions.
12) Les enseignements sont laïques. Afin de garantir aux élèves l’ouverture la plus objective possible à la diversité des visions du monde ainsi qu’à l’étendue et à la précision des savoirs, aucun sujet n’est a priori exclu du questionnement scientifique et pédagogique. Aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme.
13) Nul ne peut se prévaloir de son appartenance religieuse pour refuser de se conformer aux règles applicables dans l’École de la République.
14) Dans les établissements scolaires publics, les règles de vie des différents espaces, précisées dans le règlement intérieur, sont respectueuses de la laïcité. Le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.
15) Par leurs réflexions et leurs activités, les élèves contribuent à faire vivre la laïcité au sein de leur établissement.
Le texte, comme on peut le lire, ne fait qu’expliciter pour l’école l’article premier de la constitution et les principes de la loi de 1905. Il prône une laïcité non dogmatique totalement dans l’esprit qui avait présidé à l’élaboration de cette loi. Certes, et contrairement à ce que feint de croire BRP, l’article 12 dénie le droit à des fondamentalistes de refuser tel enseignement, Sciences de la vie et de la terre par exemple, au nom de leur religion (fondamentalistes pas uniquement de sectes musulmanes puisque des sectes chrétiennes créationnistes refusent aussi l’enseignement scientifique de l’évolution).
Reprenant Jules Ferry et sa lettre aux instituteurs on peut se demander s'il peut se trouver une seule personne honnête qui pourrait de bonne foi refuser son assentiment à cette charte !
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