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15 novembre 2013 5 15 /11 /novembre /2013 18:25
Racisme, je dis NON ! proclament les angevins

Le 11 novembre 2013, à Angers, sur les lieux mêmes où Madame Taubira, Garde des Sceaux avait été insultée par des gniards* traînés là par des parents nostalgiques des manifs anti-mariage pour tous, plus de 2000 citoyennes et citoyens se sont rassemblés à l’appel de la Ligue des Droits de l’Homme.

 

 

Mettons la haine hors-jeu

 

Allocution de M. Pierre Tartakowsky, Président de la Ligue et des droits de l'Homme, lue par Madame Nadia Doghramadjian, secrétaire générale adjointe, lors du rassemblement qui s'est tenu à Angers le 11 novembre 2013 en présence de plus de 2000 participants et de nombreux élus.

 

Les agressions répétées, ouvertement et pleinement racistes dont la ministre de la Justice Christiane Taubira a été la cible indiquent clairement que nous avons affaire à une offensive assumée, concertée, froidement haineuse. Elles s’inscrivent en effet dans une trop longue liste de « dérapages » détestables.

 

Il y a eu cette déclaration hallucinante du député-maire de Cholet à propos des Roms : « Hitler n’en a peut-être pas tué assez ». Il y a eu le maire de Croix, dans le Nord, affirmant qu’il serait aux côtés de l’un de ses administrés s’il « commettait l’irréparable » à l’encontre d’un Rom… Il y a eu ce sénateur confiant à la cantonade qu’il avait « vraiment envie » de tirer sur François Hollande et la répartie du maire de Marseille, lui proposant obligeamment une Kalachnikov…

 

Ces saillies pseudo humoristiques ou soi-disant « maladroites » alimentent une foule de propos et d’actes de violence et toutes, contribuent à la fragmentation de notre société, tout en nous inscrivant collectivement dans une logique de désignation de boucs émissaires.

 

Cette remontée sidérante de pratiques et de discours qu’on pensait exorcisés n’est pas sans lien avec les consultations à venir. Mais les ramener à une simple poussée de fièvre préélectorale serait s’aveugler à bon compte et sous-estimer le danger.

 

Au-delà des femmes, des hommes et des populations prises pour cibles, c’est le débat démocratique qu’on vise, et en plaçant ses valeurs hors-jeu c’est la République qu’on veut atteindre.

 

Cette tentative d’OPA sur le débat public n’est donc pas que malsaine, elle est criminelle ; le racisme est certes odieux, mais c’est surtout un délit. La panacée de l’exclusion est évidemment un mensonge, mais c’est aussi et surtout, une invitation à la violence.

 

C’est pourquoi nous affirmons notre solidarité militante et civique avec toutes celles et ceux qui en sont la cible. C’est pourquoi nous en appelons à une réaction ferme de la puissance publique mais aussi de la société civile. Il s’agit de mettre hors-jeu tous ceux, toutes celles qui propagent la haine tout en se réclamant de la démocratie. Il revient aux citoyens, aux médias et aux élus de la République d’y contribuer, chacun à sa place, en veillant à la qualité des débats publics, en dénonçant sans complaisance ce qui relève de l’infraction à la loi, de l’incitation à la haine, en rejetant ceux qui investissent et spéculent sur le marché de la peur et de la haine.

 

Face aux démagogues et à ceux qui font preuve de compréhension à leur égard, la Ligue des droits de l’Homme le réaffirme solennellement : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle.

 

Racisme, je dis NON ! proclament les angevins

 

Résister à la haine de l’autre

 

Vous êtes là, Citoyens d’Angers, de son agglomération, et plus largement des autres territoires de ce département.  Je sais que vous êtes là, au milieu de nous, femmes et hommes de ces pays en grande souffrance d’Afrique et d’Asie mais aussi d’Europe de l’est…. . Je sais aussi que vous êtes là sans doute, Judex, vous  le Mauricien qui êtes venu il y a 2 jours au stand de la LDH  au Forum des associations, pour nous dire à voix basse « je serai au rassemblement lundi ». Vous aussi Etrangers, vous faites peuple avec nous.

 

 Tous, vous avez fait le déplacement ce soir pour exprimer fortement, plus que votre indignation, votre rejet et votre aversion profonde de toutes les formes de racismes et de discriminations : la xénophobie, l’homophobie, mais aussi l’antisémitisme, l’islamophobie, le sexisme…

 

Par votre présence vous restaurez, la dignité de celles et ceux qui sont humiliés à cause de leur couleur de peau.

 

Par votre présence vous restaurez, la dignité de celles et ceux qui sont humiliés parce qu’ils sont étrangers.

 

Par votre présence vous restaurez, l’image des habitants de ce département, dégradée par les propos indignes d’un député et de  quelques uns de nos concitoyens adeptes de la Manif pour tous.

 

Gens de gauche et gens de droite et du centre

Si vous venez d’horizons géographiques différents, vous venez aussi d’horizons politiques et philosophiques différents. Si vous avez accepté de vous rassembler sans vos « drapeaux », avec votre coeur et votre conscience, dans cet espace ouvert et dans ce  «  moment »  voulu par la LDH 49,  c’est parce vous pensez que les fondamendaux républicains qui nous unissent, doivent rester le ciment de notre société. Pour autant la LDH n’a pas le monopole de la défense des Droits de l’Homme, c’est nous tous qui sommes concernés.

 

Gens de gauche et gens de droite et du centre, vous n’avez pas à être honteux de vous côtoyer ce soir.  Face à la bête immonde qui rôde autour de nous, il n’est plus temps de chercher le coupable dans le camp d’en face. Nous sommes tous responsables et comptables de notre vivre ensemble. Si par malheur demain les fleurs vénéneuses de la haine et du racisme  s’épanouissaient  sur le terreau des populismes, personne ne pourra dire : je ne savais pas.

 

Nos consciences,  nos sociétés, nos territoires sont depuis trop longtemps minés par ces propos et ces actes racistes, comme l’ont été pour des décennies dans certains pays, ces zones truffées de mines antipersonnelles qui empêchent pour longtemps le retour à la vie normale. Les poseurs de mines évoluent  de plus en plus ouvertement sous nos yeux . Ils s’installent dans un sentiment d’impunité et de toute puissance. Si un jour ces mines fragmentent notre pays, nous ne pourrons pas dire comme ces adultes de la place Leclerc ce 25 octobre : nous n’avons rien vu, rien entendu*.

 

Pour autant, nous ne sommes pas condamnés au suicide, nous avons en nous, individuellement et collectivement les ressources pour résister à la haine de l’autre . Résister est bien le terme qui doit nous réunir dans la durée. Il nous faut dépasser le stade de l’émotion et de l’indignation vertueuses, pour s’attaquer encore et toujours, à la réduction des inégalités sociales : la précarité, le mal logement,  bref la pauvreté et promouvoir encore et toujours le partage des ressources et des richesses produites par le travail de tous. Il faut aussi éduquer les consciences  et proposer d’autres clés de la compréhension du monde  que la recherche du bouc émissaire ou de la glorification des « plus forts ».

 

De tout cela il faut convaincre notre voisin et le voisin de notre voisin, pour que s’efface à tout jamais, dans le plus de mémoires possibles, l’infâme devise : « travail, famille Patrie » et qu’enfin reprenne sens dans nos consciences, notre belle devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité. » 

 

Michel CARTRON

Président de la LDH 49

 

 

Racisme, je dis NON ! proclament les angevins

* « Les adultes présents n’ont rien vu ni rien entendu. Leur voix couvrait celle des enfants ». Ce n’est d’ailleurs qu’en découvrant les images sur Internet, une semaine après les faits, [que les parents] ont découvert stupéfaits que l’enfant au centre de la polémique était le leur… Un seul manifestant est intervenu, disent-ils, pour reprocher ces gesticulations. Un passage qui n’a du reste « pas été conservé » dans la séquence tournée par le vidéaste amateur, lequel à leurs dires « épiait les enfants » en quête d’un éventuel « dérapage ». (Courrier de l'Ouest 13/11/13)

 

Telle est la version des parents de la gamine qui agitait une peau de banane en criant "C'est pour la guenon". Ils n'ont rien entendu : pourtant les gosses avaient à leur disposition un mégaphone presque aussi grand qu'eux. Ils n'ont rien vu pourtant ils ont remarqué que le vidéaste amateur épiait les enfants !

Mon père, je m'accuse d'avoir menti, pourront-ils dire à confesse : ce n'est pas grave, c'est pour la bonne cause leur répondra le curé de Civitas !

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5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 22:06

fete-dieu

La loi de 1905 a donné lieu à des débats de haute volée, ainsi celui sur l’Article 25 qui, dans sa rédaction initiale, édictait que les églises, séparées de l’état, « n’ont pas le droit d’emprunter la voie publique pour les manifestations de leur culte » car elles imposeraient ainsi « aux indifférents, aux adeptes des autres confessions religieuses le spectacle inévitable de leurs rites particuliers. »

 

Le débat a d’abord lieu à fronts renversés. C’est un député catholique, M. Groussau*,  qui combat cet article, mais avec des arguments inattendus dans sa bouche. Dans une argumentation rigoureuse, il cite un avis juridique de 1833, qui estime que cette conception « ferait tomber les croix et les cloches qui couronnent les églises, car qui sait si cette vue n’inquiète pas, n’afflige pas le non croyant et l’église de notre temps serait reléguée aux catacombes par le principe de la liberté comme l’église naissante par la persécution. »

Pour lui, citant à nouveau « Il n’y a point à tenir compte ses susceptibilités des libres penseurs ou des religionnaires de confessions différentes sous le prétexte que leurs regards peuvent se trouver offensés et leurs sentiments froissés. La liberté de conscience ne doit pas être conçue d’une façon négative, comme imposant aux différentes confessions religieuses l’obligation de se dissimuler, elle doit être conçue d’une façon positive, comme leur imposant de se tolérer réciproquement, ce qui implique pour chacune d’elle la faculté de se développer, de se manifester. »

 

Ce qu’approuve Ferdinand Buisson, Président de la commission, fondateur de la Ligue des Droits de l’Homme.

 

Groussau poursuit : « Les manifestations religieuses sur la voie publique seraient susceptibles de troubler l’ordre public » fait-il dire au rapporteur. Ce à quoi il rétorque : «  L’ordre public ne m’est pas indifférent, mais je crois qu’il ne faut pas lui donner plus qu’il n’exige légitimement, et, quand l’ordre public n’est pas en danger, il y a un autre intérêt qui s’impose, c’est celui de la liberté. »

« La manifestation publique des sentiments apparaît de plus en plus comme une nécessité dans un pays démocratique. » « Il faut se montrer libéral partout et ne mettre l’interdit nulle part. »

Il cite aussi un publiciste belge : « Depuis que la République est proclamée en France, le système des mesures arbitraires n’a pas été abandonné, il s’en faut, et elles ont été généralement approuvées parce qu’elles atteignaient des minorités détestées : on oublie qu’elles sont la négation de la liberté. »

 

A. Briand, avec esprit, rétorque  « Je n’ai pas vu, sans étonnement, mais aussi sans quelque plaisir, l’honorable M. Groussau faire brûler sur l’autel de la liberté tant d’encens que la Chambre en est encore toute parfumée », mais ne dit rien sur le fond.

 

Et il va se faire prendre à contre-pied par M. Noulens (député du Gers, Radical) qui indique que la Libre pensée était contre la prohibition des processions. « Nous pensons qu’il est nécessaire d’assimiler les processions et autres cérémonies religieuses à toutes les manifestations qui peuvent se produire sur la voie publique. »

 

 « Nous sommes dans un pays où il y a des Français qui jouissent de la liberté générale et qui, à condition qu’ils ne violent pas la loi et ne constituent pas un danger imminent et pressant pour l’ordre public, doivent être autorisés à manifester pacifiquement, même sur la voie publique, leurs opinions et leurs croyances. » affirme un républicain conservateur (Ribot)

 

L’amendement supprimant la prohibition des manifestations religieuses sur la voie publique fut adopté.

 

L’article, devenu 27, sera : « Les cérémonies, processions et autres manifestations extérieures d'un culte continueront à être réglées en conformité des articles 95 et  97 de la loi municipale du 5 avril 1884.
Les sonneries de cloches seront réglées par arrêté municipal, et, en cas de désaccord entre le maire et le président ou directeur de l'association cultuelle, par arrêté préfectoral.
Le règlement d'administration publique prévu par l'article 43 de la présente loi déterminera les conditions et les cas dans lesquels les sonneries civiles pourront avoir lieu.
 »

 

Ce débat fait donc litière de la fausse affirmation sur « privé/public » - les convictions religieuses ou philosophiques dans la sphère privée, la sphère publique étant « neutralisée » - que continuent de clamer certains.

Il n’est pas, non plus, dépourvu de résonance dans les débats actuels : la réflexion du publiciste belge s’inscrit ainsi quasi parfaitement dans le faux débat sur le voile intégral.

 

Extraits du débat du 26 Juin 1905 (qui comporte aussi un autre débat en résonance avec l’actualité sur la soutane) http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/eglise-etat/sommaire.asp#compte_rendu. On peut déplorer que les photos des pages de comptes rendus des débats soient d’une telle médiocrité technique rendant certaines colonnes illisibles et les autres difficiles à déchiffer.

 

* Député du Nord de 1902 à 1936.

groussau Fils d'un boulanger, Henri Groussau obtint son doctorat en droit et exerça la profession d'avocat. Professeur de droit administratif à la Faculté libre de Lille, il fonda en 1893 et dirigea la Revue administrative du culte catholique. Il publia de nombreux travaux de droit administratif et d'économie sociale, notamment en 1880 La guerre à la religion. L'un des premiers, il s'était conformé aux directives de Léon XIII sur le ralliement. II fut l'un des plus précieux collaborateurs de Jacques Piou et d'Albert de Mun.
Il fut élu pour la première fois député dans l'arrondissement de Lille le 27 avril 1902, par 5.778 voix contre 2.633 à M. Paul Saint-Léger, industriel, républicain radical. Il avait fait campagne sous l'étiquette de républicain libéral.
Il fit rapidement preuve d'une grande activité qu'il employa à défendre la liberté de l'enseignement et les congrégations.

http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp?num_dept=3605

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28 janvier 2008 1 28 /01 /janvier /2008 15:39

 

 Pour ceux qui n’auraient pas encore compris où je me situe, cette citation issue d’un torche-cul virtuel intitulé « Riposte laïque » : « Faudrait-il aller jusqu’à applaudir l’ineffable pape de la laïcité ouverte, Baubérot*, qui, dans « Le Monde » gémit que Sarkozy va trop loin, et remet en cause la laïcité ? Pourtant, Baubérot fut le seul membre de la commission Stasi à avoir voté contre une loi contre les signes religieux à l’école. Il a condamné les dessinateurs danois, et ceux qui, en France, soutenaient les caricatures du prophète, au nom de la liberté d’expression.

Ce sont pourtant les Baubérot et consorts qui ont préparé la « laïcité positive » de Nicolas Sarkozy. Elle n’est que le prolongement de la laïcité « ouverte », « dynamique », « moderne » « apaisée », « rénovée », que plein d’associations dites de gauche, comme le Mrap, la LDH, la Ligue de l’Enseignement, la FCPE, les Verts, la LCR, le PCF, de nombreux élus socialistes et bien d’autres ont mise en avant, depuis plus de vingt ans ».

 

Tout y est ou presque : attaque ad hominem, d’abord. Il faut défendre farouchement la liberté d’expression, sauf pour Baubérot qui n’a d’ailleurs pas voté contre (non pas la loi, c’est le parlement qui la vote, mais la proposition de faire une loi de la commission Stasi) mais s’est abstenu (lâchement commenteront les amis de ces forcenés). Il n’a pas, sauf preuves contraires, condamné quoi que ce soit, mais il lui fut reproché, à propos de Redecker (au fait qui a encore entendu parler de ce faux martyr) d’avoir appliqué le précepte attribué à Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » Ce qu’il a écrit dans Le Monde est-il juste ou pas, nul ne le saura : il gémit

 

La suite est encore plus croustillante : « ce sont les Baubérot et consorts » qui sont finalement complices de notre chanoine du Latran. Suivent quelques adjectifs dont on ignore qui les a émis. Et la liste des consorts est finalement flatteuse pour l’horrible Baubérot puisque on y trouve la Ligue des Droits de l’Homme** (née en 1898 avec l’affaire Dreyfus) et la Ligue de l’enseignement créée en 1866 et qui se battait pour une école gratuite, obligatoire et laïque !

 

S’il fallait choisir, on aura compris que je me trouve infiniment mieux du côté de ces consorts que de celui de ces soi-disant laïcs qui, par leurs outrances délibérées, font le jeu de ceux qu’ils feignent de combattre (les grands Républicains plumes du nabot : Guaino et Gallo).

Non, cette prétendue laïcité n’a rien à voir avec celle d’un Aristide Briand, le maître d’œuvre de la loi de 1905.

 

* Dans une discussion un peu tendue avec un ami de presque 40 ans, celui-ci n’hésita pas à qualifier Baubérot d’intégriste : provocation peut-être, mais quand même indice d’une certaine incapacité à passer de l’anathème à l’argumentation : je fréquente le blog de « l’intégriste » et n’hésite pas à y mettre quelques commentaires, que je crois, à tort ou à raison, argumentés.  J’ai reçu (et fait suivre) les commentaires de la LDH sur le discours du chanoine de Latran : j’attends que l’on m’explique en quoi ils sont complaisants. Sur ce blog, j’ai exprimé tout le mal que je pensais des propos de notre Ouf 1er, pour autant je n’adhère pas à la nouvelle « croisade » anti-voile que certain(e)s faux(sses) laïques sont en train de fomenter (voir Sus à la Halde).

**
En ce début d’année 2008, c’est d’abord aux instituteurs de la République que la Ligue des droits de l’Homme tient à adresser ses vœux les plus solidaires. A ces instituteurs que le Président de la République, inconscient des devoirs de sa charge, a insultés dans l’homélie qu’il a prononcée le 20 décembre dernier comme « chanoine du Latran ».

Selon Nicolas Sarkozy, « dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance ».

Le monde est plein de « fous de Dieu » qui, portés par une « espérance » délirante, poussent leur « engagement » jusqu’à « la radicalité du sacrifice de leur vie »… et de centaines d’autres vies innocentes. Le tout au nom de « la différence entre le bien et le mal » et de la purification des âmes.

Qu’en tant qu’individu Monsieur Sarkozy mette ces valeurs au pinacle n’est qu’un signe de plus de son ancrage, derrière l’agitation d’une communication « décomplexée », dans les valeurs les plus traditionalistes de la société française.

Mais qu’en tant que Président de la République française il mette le curé au-dessus de l’instituteur comme responsable de « la transmission des valeurs », qu’il ignore à ce point ce que sont précisément les valeurs de la République qu’il est censé représenter, témoigne de l’ampleur de la crise politique et morale qu’aggrave son exercice de la fonction présidentielle.

L’article 1er de la Constitution définit la République française comme « laïque, démocratique et sociale ».

« Laïque », elle refuse le mélange entre convictions religieuses et exercice des responsabilités politiques.

« Démocratique », elle refuse la concentration des pouvoirs entre les mains d’un « Président-Soleil » entouré de « collaborateurs » et de courtisans.

« Sociale », elle refuse la juxtaposition d’un « bouclier fiscal » pour les plus riches et de la régression du « bouclier social » pour les plus pauvres.

Ce n’est pas seulement dans les jets privés, les yachts et au « Fouquet’s » que s’étale le mépris des privilégiés pour cette fameuse « France qui se lève tôt ». C’est aussi dans le cynisme avec lequel sont foulées aux pieds, jour après jour, les valeurs républicaines.

La LDH salue donc d’abord, aujourd’hui, ces instituteurs qui, à ses yeux, restent les mieux à même de transmettre le respect des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité et de solidarité. Et elle souhaite que 2008 donne à tous les Français plus d’occasions qu’en 2007 de retrouver, face au spectacle que donne la représentation politique, confiance en l’avenir de la République.

Paris, le 3 janvier

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