La chronique de Julliard dans le Nel Obs du 14 octobre était ainsi titrée : « La chasse aux chrétiens ». Il y parle de ces chrétiens qu’on égorge, qu’on persécute au Bangladesh, en Inde, au Vietnam… et surtout en pays musulmans.
Quand on a vécu cinq magnifiques années à Azrou, on ne peut ignorer Tarik ibn Zyad qui, longtemps après avoir donné son nom à Gibraltar (D’jbel Tarik), le donna à l’ex-collège berbère devenu Lycée. 711-1492, plus de 7 siècles et demi de présence musulmane dans la péninsule ibérique. Inutile de chercher des communautés musulmanes (ni juives ) remontant au XVe siècle. Convertis de force, puis persécutés, brulés ou expulsés.
Pendant ce temps, comme le rappelle d’ailleurs Jacques Julliard, les catholiques, chaldéens, orthodoxes, nestoriens, coptes, etc. du moyen orient et d’Afrique du Nord ont subi, certes, la conquête musulmane, mais ont survécu. Paradoxalement, Saddam Hussein était plus l’héritier du calife Omar (il prenait comme ministre des affaires étrangères, Tarek Aziz, un chrétien) que les fanatiques sunnites et chiites actuels qui massacrent des chrétiens.
Il faut donc d’abord affirmer, haut et fort, que les musulmans qui s’en prennent aux « gens du livre » trahissent douze siècles de tradition de respect des chrétiens et des juifs (et le Coran par la même occasion)*.
Mais n’oublions pas que de « bons » chrétiens, serbes surtout, mais croates à l’occasion, auraient éradiqués les musulmans de Bosnie – de la même origine lointaine qu’eux, au demeurant – si on les avait laissé faire (Srebrenica 6000 à 8000 musulmans massacrés par des serbes orthodoxes).
Cependant, la communauté européenne, l’ONU même, se sont mobilisées contre ces massacres. Grâce sans doute, en partie au moins, à la vigilance de ceux qu’on appelle maintenant, avec mépris, dans les milieux de la Realpolitik, les droits de l’hommistes. La même mobilisation s’imposerait pour défendre les chrétiens du Moyen-Orient.
D’autant que ceux-ci prônent clairement la séparation de la religion et de l’état : « la religion ne doit pas être politisée, ni l’état se prévaloir de la religion »**. Comme on souhaiterait que de tels préceptes s’appliquent au Brésil, en Pologne, en Espagne, où l’église catholique est ultra politisée et même en Allemagne où une chancelière se prévaut de la religion chrétienne !
Cette prise de position rejoint d’ailleurs de courageux et minoritaires marocains et algériens qui se battent pour la liberté de conscience (non obligation de prescriptions religieuses comme le ramadan, liberté de changer de religion ou de ne pas en avoir…).
Se mobiliser pour les chrétiens persécutés, ça doit être aussi se mobiliser pour les opiniâtres laïques des pays du Maghreb (et d’ailleurs, bien sûr).
* « De la dhimmitude » http://deblog-notes.over-blog.com/article-34339219.html
** Ouest-France 21/X/10 « La survie des chrétiens d’Orient en question »