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14 juillet 2013 7 14 /07 /juillet /2013 21:47
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Lettre ouverte à Mme Hutin

 

Dans votre dernier édito vous osez écrire « vote à la sauvette » à propos d’une proposition de loi des radicaux de gauche, votée en décembre 2012 par le Sénat, et dont l’examen par l’Assemblée nationale en mars dernier a été, si j’en crois Le Figaro, torpillé par le groupe UMP.

 

Contrairement à ce que vous affirmez, la procédure prévue par l’article 46 de la loi du 7 juillet 2011 a été respectée… de manière anticipée.

En effet, la loi de 2004, qui interdisait toute recherche scientifique sur les « embryons » conçus par FIV… sauf dérogations, devait être révisée au bout de cinq ans.

Donc en 2009, des Etats généraux de la bioétique se sont conclus à Marseille. Le comité national d’éthique a rendu un rapport en 2010. Et toutes les instances prévues ultérieurement ont donné leur avis.

Avis, comme le rappelle D. Oriac dans son propre rapport sur la proposition de loi, majoritairement favorables à l’autorisation. Ce dont n’a pas tenu compte la majorité de l’époque puisque la loi de 2011 n’apporte aucun changement (interdiction avec dérogations).

 

Avis du comité national d’éthique qui aurait mérité que vous les consultiez.

 

Le rapport de 2010 rappelle qu’il s’agit uniquement de fécondation in vitro (FIV). Que cette FIV transgresse la sacro-sainte « loi naturelle » en dissociant procréation et sexualité.

 

Il rappelle aussi qu’il y a maintenant plus de vingt-cinq ans a été prise la décision de destruction des pré-embryons FIV surnuméraires.

Sans entrer dans des détails techniques, des pré-embryons sont obtenus par la fécondation in vitro ; si les spermatozoïdes sont obtenus sans grande difficulté technique, il n’en est pas de même des ovocytes : leur prélèvement est techniquement délicat ; les pré-embryons obtenus ne sont implantables qu’au bout d’un certain délai : vu le risque d’échecs lors de cette implantation et la difficulté de prélever des ovocytes, ils sont donc produits en surnombre, d’autres sont aussi mis en attente d’un projet parental différé ; donc projets de maternité réussis ou abandonnés, beaucoup de ces pré-embryons (ou si l’on préfère, embryons bloqués au stade pré-implantatoire) sont devenus surnuméraires, c’est-à-dire en trop.

 

Cet avis resitue clairement cette « personne humaine potentielle » que serait l’embryon FIV en affirmant que cela n’a de sens que par  « l’existence et la persistance de ce lien humain » qui est « inscrit dans le désir et le projet d’avoir un enfant du couple qui demande sa création. » Autrement dit, le pré-embryon FIV n’est pas consubstantiellement personne humaine potentielle. Ce qu’affirment clairement les États Généraux de la Bioéthique : «Nous citoyens considérons qu’il faudrait donner un statut protecteur à l’embryon, dans le cadre d’un projet parental, au nom du principe de non instrumentalisation de l’enfant à naître. L’embryon ne devrait avoir un statut de personne en devenir qu’à partir du moment où il s’inscrirait dans un projet parental. C’est ce projet qui confère un statut à l’embryon, et ainsi le définit. L’absence de projet parental annule ce statut donné à l’embryon.»

 

Ce n’est que bien après la décision de détruire les embryons surnuméraires «que les cellules souches humaines d’origine embryonnaire ont été identifiées, ont pu être isolées, et sont soudainement devenues d’un intérêt scientifique majeur pour toute une série de domaines de la recherche biomédicale, ce qui a conduit à envisager de considérer les embryons humains comme une source potentielle de cellules souches pour la recherche biomédicale et la médecine ». « Et c’est au début de notre développement embryonnaire que nos cellules souches possèdent leur plus grand potentiel de fécondité, et leur plus grand potentiel de diversification, donnant progressivement naissance aux plus de deux cent familles de cellules différentes qui composeront notre corps. »

 

« Il y a au moins deux grandes questions d’ordre scientifique concernant les cellules souches :

La première concerne la nature des mécanismes moléculaires qui sous-tendent leur capacité à donner naissance à d’autres cellules souches identiques, c’est-à-dire leur capacité de renouvellement.

Une seconde question concerne la nature des mécanismes moléculaires qui sous-tendent leur plasticité, leur répertoire, c’est-à-dire la diversité des familles de cellules auxquelles elles peuvent donner naissance. »

 

La loi adoptée est d’ailleurs des plus timides puisqu‘elle propose de substituer à une interdiction de principe, assortie de dérogations, une autorisation de principe assortie de limitations.

 

Laissons la conclusion au Comité national d’éthique : «Les exigences éthiques ne peuvent pas toujours être formulées en termes "d'absolus" de caractère dogmatique.»

 

PS1 Faut-il dire que cet édito s'inscrit dans le droit fil des attaques des  bigot-e-s ?

 

PS2 Si l'on en croit Le Figaro : "Au sein même de l'UMP, l'opposition à la recherche sur l'embryon ne fait pas l'unanimité. Elle n'est d'ailleurs que relativement récente. Début 2002, Roger-Gérard Schwartzenberg, alors ministre de Lionel Jospin, avait obtenu l'adhésion d'une grande partie du RPR: plusieurs ténors de droite comme François Fillon, Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy ou encore Christian Jacob avaient voté en première lecture en faveur d'une autorisation encadrée. Mais l'alternance consécutive à la réélection de Jacques Chirac avait empêché l'adoption définitive du texte."

 

 

D. Oriac, rapporteuse de la loi (cliquer pour agrandir)

D. Oriac, rapporteuse de la loi (cliquer pour agrandir)

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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 21:12

embryon ph47

Après l’anti mariage pour tous, les cagots – prélats en tête – essaient de rejouer l’anti-IVG, à propos de la recherche sur les embryons surnuméraires. L’obscurantisme sévit encore.

 

P. d’Ornellas est l’évêque envoyé en 1ère ligne pour lancer le nouveau combat clérical sur le front d’une révision de la loi sur la recherche sur les embryons surnuméraires. Ainsi répond-il dans un entretien au Monde, à la question « L'Eglise s'oppose aussi aux recherches sur l'embryon. Peut-elle se faire entendre ? » « L'Eglise n'est pas seule à être contre ; des scientifiques et des juristes le sont aussi. L'embryon humain est un être humain. La science et la philosophie aussi disent cela. Toute personne humaine a commencé comme embryon. Interdire cette recherche est donc cohérent avec la science, le droit et le respect de l'être humain, "dès le commencement de sa vie", selon notre Code civil. Il faut aller vers une "écologie humaine", ce qui ne rime pas avec l'utilitarisme. » Remarquable réponse qui montre que la casuistique n’est pas une discipline abandonnée par nos prélats.

 

Tout d’abord, un sophisme à donner en exemple :

1°) Toute personne humaine a commencé comme embryon.

2°) Donc l’embryon humain est un être humain.

3°) Re-donc, le respect de l’être humain impose d’interdire toute recherche sur l’embryon.

Sophisme étayé par des appuis aussi anonymes qu’éminents : des scientifiques et des juristes aussi et même plus globalement la science et la philosophie !

 

embryons

Petit résumé des chapitres précédents. La procréation médicalement assistée a fait naître, c’est le cas de le dire, la fécondation in vitro (FIV), les fameux bébés éprouvettes. Ces embryons pré-implantatoires sont conservés en principe pendant cinq ans. Ils sont de toute façon surnuméraires, puisque, par précaution, on en fabrique plus que nécessaire pour faire face aux éventuels échecs. De plus, certains sont, si l’on peut dire « orphelins », soit par abandon du projet parental soit pour cause de décès. Voire « perdus de vues », les couples concernés ne donnant plus signes de vie.

Dès 1994, une loi essaye de faire face à cette multiplication : : « Les embryons existant à la date de promulgation de la présente loi et dont il a été vérifié qu'ils ne font plus l'objet d'une  demande parentale, qu'ils ne font pas l'objet  d'une opposition  à un accueil par un couple tiers et qu'ils satisfont aux règles de sécurité sanitaire en vigueur au jour de leur transfert pourront être confiés à un couple (...). Si leur accueil est impossible et si la durée de  leur conservation est au moins égale à cinq ans, il est mis fin à cette conservation » Cette loi interdisait pratiquement toute recherche sur ces embryons.

 

Il faut attendre dix ans, pour qu’une nouvelle loi, tout en maintenant l’interdit, autorise des dérogations ! Avec notamment comme condition de permettre des progrès thérapeutiques majeurs. Loi singulière, puisque votée pour cinq ans. Elle aurait dû donc être révisée après bilan en 2010.

embryon-big

Sans entrer dans des considérations hautement scientifiques, il faut savoir que des essais cliniques, sur la maladie de Parkinson, ont utilisé des neurones prélevés sur des embryons issus des avortements légaux (IVG). Mais ces essais nécessitent plusieurs embryons et sont donc très limités. En revanche « Les cellules souches pluripotentes ouvrent à cet égard des possibilités très intéressantes.  Duplicables indéfiniment, elles permettraient la création de banques de tissus et le  développement de traitements à l’échelle industrielle. Cette perspective pourrait devenir réalité d’ici dix ans si aucune barrière biologique ne s’oppose à la maîtrise du processus de différenciation contrôlée » (V. Leclercq 2002).

 

Pour revenir à notre Monseigneur, il est des philosophes qui ne partagent pas son point de vue, définissant la personne par l’autonomie, ils dénient à l’embryon tout statut personnel (Valérie Sebag-Depadt). Même en admettant que les embryons soient potentiellement des personnes humaines, ils ne peuvent l’être qu’in uterus. C’est ce qu’a reconnu le conseil constitutionnel qui exclut de l’article 16 du Code civil qui « assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie », les embryons nés artificiellement (FIV)  tant qu’ils ne sont pas implantés.

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Il faut savoir aussi que ces embryons sont formés de cellules microscopiques indifférenciées. La loi provisoire de 2004 bloque l’implication de l’industrie pharmaceutique qui préfère investir dans des pays à la législation moins restrictive. Législation qui facilite notamment les blocages procéduriers des adversaires fanatiques de l’IVG, style Professeur Lejeune. La proposition de loi adoptée par le Sénat et que la droite a réussi à bloquer à l’Assemblée* reste d’ailleurs assez timide ; elle passe de l’interdiction avec dérogation, à l’autorisation mais avec restrictions semblables à celles qui encadraient les dérogations. Elle n’autorise toujours pas la recherche fondamentale pure.

 

Comment ne pas évoquer l’IVG dans ce débat biaisé une fois de plus par des cagots fanatiques ? Si l’on suit ce d’Ornellas et ses disciples l’IVG est un crime. De l’art d’hystériser un débat !

 

Si l’on essaie de le poser en d’autres termes, positifs du coup, même si la recherche fondamentale échouait – en tout cas au-delà de nos espérances de vie – à dévoiler complètement le processus de différenciation de ces cellules indifférenciées, même si les recherches thérapeutiques – ce qui est moins probable – échouaient dans les traitements de maux comme la maladie de Parkinson, Alzheimer, et bien d’autres, est-ce que ça ne vaudrait pas le coup d’essayer (avec toutes les garanties de sérieux nécessaires) des recherches sur des cellules embryonnaires FIV vouées à la destruction ? Et même si le professeur Claude Huriet – grand adversaire de tout temps de ces recherches – avait raison sur les cellules pluripotentes « IPS », en quoi un autre axe de recherche le gêne. Si ce n’est pour des raisons de pure( ?) idéologie.

 

Les prélats catholiques sont en train de nous rejouer le xème épisode du cléricalisme qui consiste à tenter d’imposer leurs dogmes à l’ensemble de la société. Avec la complicité active de l’UMP qui se fout du tiers comme du quart de la question (une vingtaine de sénateurs UMP ont voté la proposition de loi des radicaux) et celle de scientifiques qui enterrent leur déontologie de chercheurs sous leur croyance.

 

 

 

 

 

* Une pantalonnade plus qu’honteuse où l’UMP a défendu des « motions de procédure » contre lesquelles elle a voté uniquement pour prolonger le débat sur un texte précédent, empêchant celui sur la recherche sur l’embryon.

 

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