Après avoir été testé sur des minireins humains, il va l’être sur 200 malades.
A bas bruit, l’équipe du chercheur autrichien Josef M. Penninger - qui après l’Institute of Molecular Biotechnology à Vienne dirige le Department of Medical Genetic, de l’université de Colombie britannique à Vancouver – a mis au point un médicament testé avec succès sur des minis reins humains produits par l’équipe de la biologiste Núria Montserrat. Les autorités sanitaires ont autorisé le 2 avril un essai avec 200 malades graves du Covid-19, hospitalisés en Allemagne, Autriche et Danemark pour vérifier qu’il fonctionne et ne comporte pas d’effets toxiques indésirables.
Inutile de préciser que Núria Montserrat est catalane : elle travaille à l'Instituto de Bioingeniería de Cataluña (IBEC) sur les embryons surnuméraires. À partir de cette structure microscopique d’à peine quatre cellules, congelée deux jours après la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde, mais cellules souches pluripotentes, capables de se multiplier et devenir n’importe quel organe humain, elle a réussi avec son équipe à produire des milliers de minirriñones (minireins). Elle en a envoyé à l’Institut Karolinska à Stockholm où ils furent infectés par le nouveau coronavirus.
Dans ces miniorganismes, les chercheurs ont expérimenté un nouveau médicament qui inhibe le virus.
C’est dans un congrès sur la médecine du futur organisé à Barcelone que Montserrat et Penninger, un scientifique autrichien qui en 2005 a mis à jour les particularités moléculaires du virus du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), un autre coronavirus, frère de l’actuel, ont fait connaissance. Penniger avait démontré que le virus utilisait une protéine à la superficie des cellules du poumon comme porte d’entrée pour provoquer une pneumonie létale. C’est la même porte – dénommé récepteur ACE2 – qu’utilise le nouveau coronavirus.
Montserrat et Penninger ont décidé d’unir leurs forces à celles d’Ali Mirazimi, un chercheur chevronné de l’Institut Karolinska qui lui aussi travaillait d’arrache-pied pour découvrir le talon d’Achille du nouveau coronavirus. Le résultat de leurs travaux, publié dans la revue spécialisée Cell, montre que dans les minireins infectés, le virus s’est uni avec le médicament expérimental qu’il a confondu avec le récepteur ACE2. Le leurre moléculaire évite que le nouveau coronavirus pénètre dans les cellules et les transforme en fabrique de nouveaux virus. "There is hope for this horrible pandemic" a affirmé Penniger dans un communiqué.
Le saut direct à un essai clinique sur 200 patients atteints du Covid-19 est aussi possible, parce que le médicament APN01 a déjà démontré sa sécurité dans des essais antérieurs avec des personnes affectées du syndrome respiratoire aigu sévère.
Après les minireins – des boulettes de 3 mm de diamètre – l’équipe de Núria Montserrat compte fabriquer des minicœurs et dans quelques semaines elle démarrera la production de minipoumons, avec l’objectif de tester plus de traitements expérimentaux contre le Covid-19. Et dans quelques années arriver à une médecine du futur basée sur la regénération des organes humains grâce aux cellules souches.
Pas de calicots géants de clubs de supporters de foute devant l'ex laboratoire viennois de Penninger, pas de pétitions, mais un travail de recherche plurinational, avec, l’espoir, si l’essai clinique rigoureux est concluant, d’un traitement de la pandémie : une démarche scientifique.
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