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18 novembre 2015 3 18 /11 /novembre /2015 08:15

Epilogue : les deux journalistes acquittés, Lucio Ángel Vallejo Balda, condamné à de la prison ferme et Francesca Chaouqui, condamnée à de la prison avec sursis. Mais le Vatican ne s'attaque pas aux scandales dénoncés... (07/07/2016)

 

Vatileaks II : après les fuites du majordome de Benoît XVI, deux taupes, un monseigneur espagnol et une sulfureuse brune italienne, ont à nouveau détourné des documents secrets. Documents qui révèlent – ou plutôt confirment – que le denier de Saint-Pierre engraisse la curie plus qu’il ne profite aux pauvres. Mais le Vatican poursuit les corbeaux pas les chacals, ceux qui révèlent la corruption, pas les corrompus !

Or donc, fin octobre, la gendarmerie vaticane a mis sous les saints verrous un prêtre espagnol, Lucio Ángel Vallejo Balda, et Francesca Chaouqui, la seule femme, laïque, qui participait à la commission sur les activités économiques et financières du saint-siège. Elle fut remise en liberté après avoir accepté de coopérer avec les enquêteurs.

 

  Les deux complices ont fait fuiter des documents qui ont alimenté deux livres ‘Chemin de croix’  (‘Via Crucis’) d’un journaliste de Mediaset (groupe Berlusconi) Gianluigi Nuzzi et ‘Avaricia’ (non traduit) d’un reporter de l’hebdo ‘Espresso’, Emiliano Fittipaldi.

Vallejo Balda ex-secrétaire de l'ancienne Commission sur l'organisation des structures économiques et administratives du Saint-Siège (COSEA) avait été viré de cette fonction par le pape pour avoir participé à un raout sur la terrasse de la Préfecture des affaires économiques du saint-siège. Raout organisé par Francesca Chaouqui pour fêter joyeusement la double canonisation des papes JeanXXIII et Jean-paul II.

  La fiesta, à laquelle participaient 150 personnes, qui coûta 18 000€, vit Vallejo Balda distribuer des hosties consacrées qu’il avait mis dans un verre à whisky.

De quoi provoquer une sainte colère du pape François !

De quoi aussi ruiner les espoirs de ce poulain de l’Opus Dei de diriger le Secrétariat économique, créé par François pour superviser et contrôler tout le système économique du saint-siège. De là à voir dans ces fuites la vengeance d’un ambitieux déçu, il n’y a qu’un pas que tout complotiste digne de ce nom franchira.

La belle et jeune italienne, d’origine égyptienne, Francesca Immacolata Chaouqui avait été désignée par le pape pour faire partie de l’équipe de huit experts chargés de purger les comptes du Vatican. Cette avocate de 32 ans était la seule femme et seule italienne du groupe.

La Chaouqui, comme disait la presse, s’était surtout distinguée, non pour son expertise en audits financiers, mais par ses touites assassins. En particulier envers l’ex-secretaire d’état, le Cardinal Tarsicio Bertone. Ainsi affirmait-elle « je crois en l'église une, Sainte, catholique et apostolique. Quelqu’un devrait peut-être rappeler cet acte de foi à Bertone » et, dans un autre touite posté après la démission de Benoît XVI, elle dit: "Bertone l’a emporté. J'étais sûre qu'il ne le ferait pas, mais il a tiré la nappe. En tant que fidèle je suis simplement déçu". Dans d’autres messages, elle dit que Bertone est corrompu, elle assure que Benoît XVI est atteint de leucémie ou que Tremonti, un ex-ministre des finances de Berlusconi, est gay.

Mais le plus étonnant dans le choix de cette dame par François, est qu’elle s’est félicitée de la sortie du précédent livre de Nuzzi, ‘Sa Sainteté’, nourri par les fuites du majordome du pape, Paolo Gabriele. Elle avait félicité l’auteur en disant qu’elle était fière de lui. Elle fut même soupçonnée d’avoir servi d’intermédiaire entre le majordome et Nuzzi !

Dans un portrait d’un site catho espagnol, Lucio Ángel Vallejo Balda est présenté comme un prêtre d’abord agréable et à l’hospitalité exquise. Né le 12 juin 1961, il a hérité des prénoms de ses deux grand-pères, l’un Lucio, rouge, fusillé par les franquistes, et l’autre Ángel, azul, franquiste. Dès son plus jeune âge, il voulait être curé. Il entre au petit séminaire à 8 ans ! Il s’affilie à l’Opus Dei via la Fraternité sacerdotale de la sainte-croix.

Ce Docteur en Théologie devient curé de villages - Pedralba de la Pradería, Calabor, Rihonor, Santa Cruz de Abranes y Lobeznos – du diocèse d’Astorga. Mais trois ans après, l’évêque le nomme économe du diocèse, le plus jeune d’Espagne à ce poste. Il a donc à gérer les recettes, dépenses et investissements de ce diocèse peu peuplé mais vaste qui compte 250 curés, 960 paroisses et 1500 églises ou chapelles. Le dynamique économe collabore aussi avec la COPE, radio très réac de l’épiscopat espagnol, avec une chaîne de télé locale et supervise directement 13 paroisses.

Le brillant jeune homme a failli voir sa fulgurante carrière capoter dans un des premiers scandales de l’époque Aznar. En effet, à l’été 2001, il avait vu s’évaporer 300 000 euros placés dans une officine financière des plus douteuses, Gescartera. Plusieurs diocèses avaient été pris au piège des offres de rendement affriolantes. L’église espagnole a englouti dans ce gouffre financier 2 500 millions de pesetas (15 millions d’euros).

Cet exploit financier n’a pourtant pas nui à sa carrière, puisque, malgré ses piètres talents d’investisseur, il s’est retrouvé à présider une sicav, Vayomer, devenue Naujirdam Inversiones, sicav qui gère plus de 7 millions d’euros, placés surtout dans des entreprises espagnoles.

Mais de là à l’appeler à Rome pour être le secrétaire, c’est-à-dire le coordinateur, de la commission chargée des investigations sur les finances du Vatican, il y a là l’impénétrabilité des voies papales. D’autant qu’en bon jésuite, François se méfie de l’Opus Dei. Il le doit sans doute à la recommandation de Rouco, cardinal et archevêque de Madrid à l'époque, pour avoir contribué à la réussite des JMJ 2011.

Les corbeaux et les chacals

Il est surprenant, estime l’éditorialiste de La Stampa, que tant d’attention soit accordée au profil de ces présumés “corbeaux”, jusqu’à en éclipser le fond de l’affaire : la gabegie du Vatican. C’était déjà le cas en 2012, avec la première affaire VatiLeaks, dont on a plus retenu le vol de documents par le majordome du pape que le scandale qu’ils ont mis au jour.

"Quand on est un laïc comme vous et moi, on cherche à simplifier entre les "bons " et les "méchants ", les "rouges " et les "noirs", etc. Voilà sept ans que je m’intéresse au plus petit Etat du monde. Le Saint-Siège est le terrain idéal pour les doubles voire les triples jeux. Les camps et les alliances sont mouvants, se font et se défont au gré d’intérêts parfois obscurs pour les non-spécialistes. Disons qu’il y a d’un côté le pape et les experts laïcs et religieux dont il s’est entouré pour réformer l’Eglise, et de l’autre le système curial qui s’oppose à François par des moyens légaux, comme l’inertie, et des moyens illégaux, tels que les vols ou l’intimidation."

Gianluigi Nuzzi (entretien au Monde 04/11/2015)

Le trou noir du denier de l’église

"Au cœur même de l’église, il existe un trou noir que François découvre au milieu de beaucoup de difficultés : une mauvaise gestion qui se transforme en escroquerie et en machination. (…) il parviendra à acquérir la certitude que les fonds destinés aux indigents servent à couvrir les frais de la curie. L’argent que les catholiques du monde entier envoient au Vatican pour (…) des œuvres de charité (…) est utilisé pour combler les déficits financiers dus à certains cardinaux et aux hommes qui contrôlent l’appareil bureaucratique du saint-siège. (…)

L’exemple le plus scandaleux nous est offert par le Denier de Saint-Pierre [en principe destiné à des œuvres de charités pour les déshérités]. Dans les faits, les offrandes destinées aux pauvres demeurent à ce jour un véritable trou noir : (…) l’on se contente d’un simple compte-rendu sur les sommes encaissées (…). [Plus de la moitié des offrandes des fidêles (58% au moins) vont dans les caisses de la curie et 12,4% restent inutilisés]."

 

Extraits des Bonnes feuilles de Chemin de croix  _ Le Monde 04/11/2015

    Son éminence révérendissime monseigneur Giuseppe Sciacca, le rapace

Les bonnes feuilles du Monde nous content aussi un épisode croquignolet. Giuseppe Sciacca, ce membre de la nomenklatura vaticane, logé gratuitement dans un vaste appartement, se sent cependant à l’étroit pour organiser cocktails et dîners. Il profite donc de l’hospitalisation de son voisin de palier, un doux prêtre très âgé, pour faire percer le mur de séparation des deux logements et accaparer une pièce, faisant murer la porte qui donne sur les reste du logement de son pauvre voisin.

Car dans “les documents que ce drôle de couple a fait circuler, (…) l’on découvre que le Vatican possède 4 milliards d’euros de patrimoine immobilier rien qu’à Rome et que des flots d’argent récolté à des fins caritatives ont servi à financer la belle vie de quelque cardinal”. Si je peux me permettre, glisse l’éditorialiste, de la Stampa au lieu de chercher à mettre les corbeaux en cage, le Vatican ferait mieux de se débarrasser des chacals”.

L'impuissance du pape

Car, comme l’analyse Le Monde du 04/11/2015, ce que décrit Nuzzi c’est le violent affrontement entre le pape, aidé d’une petite équipe d’ecclésiastiques et de laïques, et une administration vaticane jalouse de ses prérogatives, assise sur ses petits secrets et ses grands privilèges.

Au-delà de la description des dysfonctionnements de l’administration vaticane, c’est bien une impression générale d’impuissance qui se dégage du livre : quoi qu’il entreprenne, quelle que soit la volonté qu’il déploie, Jorge Bergoglio ne parviendrait pas à avoir prise sur elle.

 

"Vatileaks": 5 personnes inculpées par la justice vaticane

 
La justice vaticane a annoncé samedi avoir inculpé cinq personnes, accusées d'"association criminelle", de vol et de divulgation de documents confidentiels. Outre Vallejo Balda et Francesca Chaouqui Nicola Maio, collaborateur de Mgr Vallejo Balda, est également renvoyé devant le tribunal du Vatican. les deux autres seraient les auteurs des ouvrages ayant profité des fuites, Gianluigi Nuzzi et Emiliano Fittipaldi.
Emiliano Fittipaldi, qui a été interrogé lundi par la justice du Vatican, a déclaré aux médias italiens "être peut-être naïf", mais, a-t-il ajouté, "je pensais qu'ils allaient enquêter sur ceux que je dénonce pour des activités criminelles, et non sur la personne qui révèle les crimes".

La double vie du Monseigneur

Le 28 décembre 2014, Monseigneur Ángel Lucio Vallejo Balda perdit sa virginité !

 

C’est ce qu’il aurait avoué à la gendarmerie vaticane : tentative désespérée du prêtre espagnol pour justifier sa trahison du pape François par la passion pour une femme, se demande El País. Vallejo, 54 ans, aurait donc été dépucelé par Francesca Immacolata Chaouqui, 34 ans.

  Il n’aurait fauté qu’une seule fois affirme son avocate Antonia Zaccara : « Mon client s’est repenti, s’écriant “Mon dieu ! mon dieu ! qu’ai-je fait ?”. Mais il était trop tard. Elle a commencé à faire pression sur lui, lui envoyant d’abord de doux messages “Pourquoi ne pas recommencer ? J’ai besoin de tes baisers”, puis devenant plus menaçante “Tu n’es qu’une larve. Tu n’es plus un prêtre et même pas un homme !” A partir de là et jusqu’à son arrestation il a vécu terrorisé, convaincu que la mafia était sur ses traces. »

L’avocate d’expliquer que monseigneur Vallejo repoussait les avances de Francesca Chaouqui, car entre elle et lui, s’interposait l’image du pape lui disant qu’on ne touche pas à une femme mariée. Mais la perfide l’a assuré qu’elle appartenait aux services secrets et que son mariage était juste une couverture. Et c’est ainsi qu’un 28 décembre il a cédé à la tentation devenant l’otage de la séductrice.

L’avocate ne peut nier que le prélat a fait fuiter des documents puisque la gendarmerie vaticane a saisi deux ordinateurs et deux téléphones bourrés de preuves, mais elle veut convaincre que, dans son esprit, il n’avait jamais voulu trahir le pape.

Mais en dehors de Francesca, le monseigneur, depuis son arrivée au Vatican avait montré une forte propension pour la fiesta et la belle vie. Et lorsque les gendarmes ont analysé ses téléphones ils ont eu un aperçu édifiant de ces excès mondains. Pas de peine non plus à découvrir ses relations avec les deux journalistes impliqués dans ce Vatileaks II ! « C’est vrai, a admis son avocate, son arrivée à Rome a provoqué une grande euphorie, une impression d’importance, une sorte de délite de toute-puissance ». Ainsi était-il persuadé qu’il serait immédiatement nommé évêque : à peine arrivé au Vatican il était allé chez un célèbre tailleur pour se faire couper des vêtements épiscopaux.

« Pendant qu’ils y sont, ils n’ont qu’à dire que j’appartiens à la mafia chinoise » a rétorqué Francesca Immacolata Chaouqui qui n’apprécie pas qu’on lui donne le mauvais rôle dans ce film qui tient plus de la comédie que du drame. « Mais le plus étonnant est qu’on m’accuse d’avoir séduit monseigneur Vallejo. Il est vrai que nous étions dans le même hôtel à Florence. Mais il dormait avec sa mère ! ». Chaouqui accuse Vallejo d’être le seul auteur des fuites, mais ne croit pas qu’il l’ait fait pour nuire à l’église. Et elle prévient que ces révélations ne représentent que 20% des scandales du Vatican.

Il y aurait donc du grain à moudre pour un vatileaks III !

 

NB Les trois photos de Vallejo sont tirées de ses téléphones : la 1ère est une bizarre - et prémonitoire - mise en scène où il est enchaîné dans une geôle ; sur la seconde il feint de conduire une décapotable ancienne ; quant à la 3e elle montre qu'il ne buvait pas que du vin de messe (tiré d'El País)

 

Pour compléter

    Un entretien avec Francesca Chaouqui : Vatileaks 2 : "J'aurai dû tout raconter au pape François"

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29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 21:26
Jozef Wesolowski

Jozef Wesolowski

Des paroles aux actes ! Avec l’arrestation sur son ordre puis l’inculpation de l’ex-évêque polonais, Jozef Wesolowski, le pape François envoie un signal fort. D’autant que d’autres prélats, bien que couverts par l’Opus Dei auquel ils appartenaient ont été destitués. La loi du silence semble définitivement abolie.

 

Loi du silence que le bon pape Jean XXIII fut accusé d’avoir officialisée (il est vrai par l’anglicane BBC). Loi du silence qui s’est longtemps appliqué au cas flagrant de Marcial Maciel - pédophile, morphinomane, prévaricateur, père prolifique et  incestueux - car fondateur d’une Légion du Christ, fer de lance de la lutte contre la théologie de la libération. Et cela malgré les révélations de scandales aux proportions industrielles. Les scandales d’abus sexuels, mais aussi de maltraitance,  ont éclaté aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Irlande, etc. Les Pays-Bas, par rapport au nombre de catholiques, ont été sévèrement touchés. Encore, en février dernier, l’ONU adressait un sévère réquisitoire au Vatican.

 

L’affaire Wesolowski prend donc une dimension symbolique, puisqu’il s’agit d’un ex-évêque, ex-nonce, déjà destitué et réduit à l’état laïque, arrêté, emprisonné, mis en examen, et qui va subir un procès dans l’état pontifical. Il risque 6 ou 7 ans de prison.

Pour hispanophones

Ce religieux de 66 ans, nonce (c’est-à-dire ambassadeur) à Saint-Domingue, a utilisé le diacre dominicain mis à sa disposition, son amant et serviteur, pour dévoyer des adolescents des quartiers pauvres de la capitale de la République Dominicaine, afin de satisfaire son appétit sexuel. Le diacre, Francisco Javier Occi Reyes, s’est fait poissé, comme dirait un ex-ministre de l’éducation nationale, alors qu’il tentait de séduire un adolescent, tandis que le nonce l’attendait à côté. Son amant arrêté, Wesolwski abandonna les lieux, comptant sur son influence pour le faire libérer. Echec. Le diacre alors passa à table pour révéler les fiestas pédophiles, arrosées de vodka, à la nonciature.

 

La police vaticane a découvert sur son ordinateur une collection de plus de 100 000 photos ou vidéos pornographiques de jeunes garçons entre 13 et 17 ans obligés à poser nus ou à avoir des relations sexuelles entre eux ou avec des adultes. Les échanges de courriels et l’historique de navigation de l’ex-évêque ont permis de découvrir les sites qu’il fréauentait et les personnes avec lesquelles il échangeait ses images pédophiles. L’enquête n’est donc peut-être pas terminée. Maintenant est explorée la piste d’autres personnes qui auraient aidé le religieux à pêcher ses victimes. Il n’est pas exclus que cette enquête débouche sur la découverte d’un réseau international de pédophilie dont ferait partie Jozef Wesolowski.

 

Inutile de dire que l’arrestation, l’incarcération de l’ex-prélat polonais n’a pu se faire qu’avec l’accord du chef de l’état du Vatican, le pape François. Il a donc mis en œuvre son engagement de tolérance zéro envers les crimes pédophiles.

 

Mais le côté spectaculaire de l’affaire Jozef Wesolowski a occulté d’autres sanctions du nouveau pape.

Rogelio Livieres Plano

Rogelio Livieres Plano

Ainsi a-t-il destitué un évêque du Paraguay accusé de protéger un prêtre soupçonné d’abus sexuels sur mineurs. L’évêque de Ciudad-el-Este, Rogelio Livieres Plano, a été relevé de ses fonctions, pour avoir non seulement couvert mais promu un prêtre argentin, Carlos Urrutigoity, accusé de pédophilie aux Etats-Unis. Fernando Lugo, ex-Président du Paraguay, mais aussi ex-évêque (victime d’une destitution-putsch), s’est félicité de voir le pape ne plus souffrir d’irrégularités au sein de l’église ("Parece que el papa Francisco tiene bastante clara la película y mano dura en no avalar ningún tipo de irregularidades en la Iglesia").

 

Carlos Urrutigoity

Ont été également suspendus de leurs fonctions deux autres évêques latino-américains, Marco Antonio Órdenes, au Chili et Gabino Miranda Melgarejo, au Pérou, qui pourraient affronter un procès pour abus sexuels sur mineurs.

Marco Antonio Órdenes

Marco Antonio Órdenes

En Octobre 2012, Ordenes, évêque de Iquique, a été accusé par Rodrigo Pino Jelcic d’avoir eu avec lui, en 2009, alors qu’il avait quatorze ans, une relation amoureuse - "relación amorosa"  - à caractère sexuel. Accusation instruite par le nonce du Saint-siège au Chili. Ordenes renonça à sa charge épiscopale pour raison de santé et finalement le pouvoir judiciaire chilien s’est saisi de l’affaire.

Pédophilie dans l’église : le pape François passe à l’action

Le second, Gabino Miranda Melgarejo, membre de l’Opus Dei, non seulement a été déchargé de sa tâche d’évêque auxiliaire de Ayacucho, mais réduit à l’état laïc ! Ce prélat, accusé aussi de pédophilie, bénéficiait pourtant de l’appui du cardinal Juan Luis Cipriani, archevêque de Lima, membre aussi de l’Opus Dei, qui s’était signalé en s’opposant à l’attitude ouverte du pape envers Gustavo Gutiérrez, un des animateurs de la théologie de la libération, bête noire de Jean-Paul II et de Benoît XVI.

 

Avec Cipriani, on le voit, le pape François ne fait pas l’unanimité, loin s’en faut, dans sa lutte pour purger son église des pédophiles. Et tenter d’ouvrir un peu les fenêtres. Les conservateurs et ce qu’on appelle le lobby gay du Vatican n’ont pas épuisé leur pouvoir de nuisance.

En témoigne une église espagnole dont les prélats font un concours de propos indignes*. Le dernier en date, l’ineffable évêque d’Alcala, Reig Pla, pulvérisant le point Godwinn ose comparer un train de militants-e-s pour le maintien du droit à l’IVG aux trains de déportés juifs vers Auschwitz !

 

* Voir "Marie-toi et sois soumise !"

(fin d'article : un florilège de déclarations de prélats espagnols, avec en prime un belge et un français)

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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 20:21
Adaptation d'un montage espagnol

Adaptation d'un montage espagnol

La droite espagnole, encombrée dans des scandales, malgré une opinion largement défavorable, veut revenir 30 ans en arrière sur le droit à l’IVG. Sous la pression de prélats intégristes et de l’opus Dei. Mais sommes-nous tout-à-fait à l’abri d’une telle régression.

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

Ce n’est pas d’aujourd’hui que le national-catholicisme, animé par une église espagnole nostalgique du franquisme, lutte contre l’IVG. Manifestation (du même style que celles que nous avons connues avec le « mariage pour tous ») et opérations commandos contre la loi promue par le gouvernement Zapatero en 2010, étaient orchestrées par les prélats. Cette loi permettait aux Espagnoles d’avoir recours à l’IVG durant les quatorze premières semaines de grossesse. Les mineures de 16 à 18 ans pouvaient également choisir l’IVG sans autorisation parentale.

Cette loi remplaçait celle de 1985 qui n'autorisait l'avortement qu'en cas de viol (jusqu'à 12 semaines de grossesse), de malformations du fœtus (22 semaines) ou de «danger pour la santé physique ou psychique de la mère» (sans limitation de temps). Loi restrictive certes, mais elle mettait fin à l’interdiction absolue de l’époque franquiste qui se traduisait par des avortements clandestins pour les plus pauvres et à l’étranger pour les plus riches ! Situation sur laquelle se greffait le scandale des enfants volés – sorte de GPA forcées -  sous la houlette de l’église espagnole au départ, puis de certains de ses membres ensuite.

 

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

"L'avortement est pire que les abus sexuels sur mineurs dans les écoles catholiques" cardinal Cañizares

La réforme se traduirait par un recul en deçà de la loi de 1985 puisque le projet de loi interdit l'accès à l'avortement aux femmes en Espagne, sauf en cas de viol ayant fait l'objet d'une plainte et de danger physique ou psychique pour la femme. La malformation du fœtus n’est même pas considérée comme donnant accès à une IVG. Alberto Ruiz-Gallardón, ministre de la Justice, promoteur de cette régression, a, de son propre aveu, repris le combat mené par son père José María Ruiz-Gallardón contre la loi de 1985. Il a bien sûr la bénédiction de la hiérarchie catholique, et notamment du cardinal Cañizares.

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG
Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

Mais il est surtout considéré comme l’homme lige de Rouco Varela, archevêque de Madrid, à qui, comme maire, il avait mis la ville à sa disposition pour organiser les JMJ. En avril 2012 Rouco, qui présidait la conférence épiscopale, avait dénoncé les techniques de diagnostic prénatal qui mettaient en danger les droits naturels des non-nés avec des handicaps physiques ou psychiques (los derechos naturales de los no nacidos con discapacidades físicas o psíquicas).

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

L’archevêque de Grenade, Javier Martínez,  pulvérise le fameux point Godwinn en comparant la loi sur l’IVG de 2010 avec le régime de Hitler, en allant jusqu’à dire que les crimes nazis n’étaient pas aussi répugnants que ceux que permettait de commettre ladite loi. Et il ajoutait que la femme qui avorte tue un enfant sans défense et pour cela donne aux mâles le droit absolu, sans limite d’abuser de son corps ! (Matar a un niño indefenso, (…) da a los varones la licencia absoluta, sin límites, de abusar del cuerpo de la mujer).

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

Alberto Ruiz-Gallardón enceint des oeuvres de Rouco Varela, archevêque de Madrid et du Saint-Esprit a son billet pour se faire avorter à Londres

Et c’est au nom des droits de la femme que Ruiz-Gallardon veut faire régresser la loi espagnole au niveau de celle de l’Irlande ou de la Pologne. Car une femme ne peut être pleinement femme que par la maternité. “La maternidad libre hace a las mujeres auténticamente mujeres”. « Ni un cri ni une insulte ne feront que ce ministre abdique de son engagement à réguler les droits des femmes et du conçu! » a-t-il lancé, car il parle de lui à la troisième personne. « Les progressistes défendaient lesclave face à lesclavagiste, la femme, l’opprimé, mais ce courant s’est arrêté le jour où le plus fragile a été le non-né ».

 

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

Sophisme moqué par ce touitte. Un embryon est destiné à devenir une personne, comme moi à être un cadavre. Pour autant ce n’est pas encore un enfant, ni moi un mort ! Faut-il ajouter que s’il y a pour chacune et chacun d'entre nous la certitude absolue de mourir, l’embryon, en dehors de toute IVG, n’a que 4 chances sur 5 de devenir bébé : la nature est donc la plus grande avorteuse n’en déplaise à l’archevêque de Grenade. Mais c’est le même sophisme qu’agitent nos intégristes, de ce côté des Pyrénées, pour combattre aussi l’IVG ou pour tenter de bloquer les recherches sur les cellules souches.

 

    Et c’est le même obscurantisme qui cherche à faire passer un droit pour un délit. «Pour simplifier, avec la loi en vigueur de 2010, aucune femme n’était obligée d’avorter ; avec celle-ci, beaucoup se verront contraintes d’enfanter. Il y a là une confusion totale entre morale publique et privée, l’Etat s’arroge la prérogative de décider à la place des femmes. Ce virage radical est discriminatoire contre elles.» dénonce le mouvement Decidir nos hace libres («décider nous rend libres») Libération 23/12/14. Car, répétons-le, comme pour le divorce, la contraception, le mariage pour tous, il n’y a aucune obligation à avoir recours à l’IVG. A l’inverse les cagots veulent imposer leur conception doctrinale. Ce qu’explicite bien Rouco Varela, numéro 1 de l’épiscopat, pour qui «l’embryon a le droit absolu à la vie, cela est en accord avec notre conception de la création divine».

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

Si Ruiz-Gallardon fait passer sa loi «Les femmes riches iront se faire avorter dans d’autres pays de l’UE, comme c’était le cas dans les années 80 et 90 ; pendant ce temps, les femmes les plus modestes n’auront d’autre choix que de fréquenter des cliniques clandestines, hors de la légalité, et dans l’opprobre publique » (Isabel Serra Fuster, gynécologue, citée par Libération)

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

- Mon père, je suis enceinte, mais je vais avorter.

- C'est un péché ! Vous savez qui est le père ?

- Vous !

- Dans ce cas, nous ferons une exception.

Certes, plus d’un siècle après la loi de 1905, la France semble être à l’abri d’une emprise cléricale. Quoique… la tentation d’imposer leur conception doctrinale ne fait pas qu’effleurer nos prélats. On l’a vu sur le mariage pour tous, on le voit encore sur les attaques contre la prétendue théorie du genre. Et sur l’IVG, il n’y a pas que les disciples du Professeur Lejeune – en instance de béatification ! – qui tentent aussi d’en supprimer le droit.

 

N.B. Les illustrations sont tirées (at parfois adaptées) de http://luis-viadel.blogspot.fr/

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21 janvier 2014 2 21 /01 /janvier /2014 22:23
Les cagots se lâchent !

Les cagots se lâchent !

M. Vingt-Trois !

30/09/16 : Alors que les ultra-conservateurs de la très "catholique Pologne" veulent interdire TOTALEMENT l'IVG, ce monseigneur, qui s'était déjà distingué par des propos déplacés après l'assassinat d'un prêtre à Saint-Etienne-de-Rouvray, ose parler de "totalitarisme" en défense de sites mensongers, style Professeur Lejeune !

Qu’est-ce que la charia ? une loi religieuse que des fanatiques veulent imposer à tous ! Tentation de toutes les religions. Il faut manger hallal. Donc il faut que tous mangent halal. Il ne faut pas divorcer. Donc il ne faut pas de divorce. Il faut refuser la contraception et, a fortiori l’IVG ! A tous !

 

  Mangez hallal tant qu’il vous plaira. Ou du poisson le vendredi. Ne divorcez pas (mais ne trucidez quand même pas toute votre famille, n’est-ce pas M. Dupont de Ligonnès ?). Ne pratiquez pas l’IVG, même à la manière du Curé d’Uruffe. Capote à l’index, bien sûr. Bien que ce soit une pratique longtemps tolérée – mais les temps changent -  évitez de trop vous intéresser aux petits n’enfants  ou adolescents sous votre coupe ! Surtout quand, comme au Canada ou en Irlande, c’est pour les martyriser. Ou comme en Espagne, les vendre.

Autrement dit, votre id(th)éologie est totalement respectable. Respectez, tant qu’il vous plaira, ses préceptes.

Mais, de grâce – ce mot devrait vous attendrir – ne nous les imposez pas.

Ne nous faites pas subir une régression de 40 ans.

 

Nous ne disputerons pas des apparitions de la vierge à Lourdes, ni des miracles. Chacun-e a le droit d’y croire. Vous pouvez croire aussi que dès qu’un spermatozoïde a fécondé un ovule – même le plus artificiellement possible - il y a un embryon intouchable. Mais n’imposez pas cette croyance à tous. Nul chercheur catho n’est obligé de travailler sur des cellules souches.

 

Combien de fois faudra-t-il rappeler aux bigots que le cléricalisme - cette obstination à vouloir « subordonner la société civile à la société religieuse, à vouloir étendre à la société politique les règles et méthodes de cette Église, à utiliser des armes spirituelles à des fins temporelles, à se servir du pouvoir politique pour imposer sa vision morale, individuelle ou collective » (Marc Ferro) – est proscrit depuis la loi de 1905.

 

 

Après nous avoir fait subir vos manifs anti-mariage pour tous, vous récidivez, quasiment en pire, curés et évêques en tête –en chantant les louanges d’une loi espagnole liberticide promue par des nostalgiques du franquisme, poussés par l’Opus Dei. Une fois encore vous provoquez un climat d’affrontements. De haine. Jouant un jeu politicien cynique. Oubliant d’ailleurs que ce cléricalisme éhonté paraît comme une justification aux fanatiques qui s’en prennent, non seulement aux athées de mon genre, mais aux chrétiens.

 

Arrêtez de pratiquer votre charia !

 

 

 

La « charia » c’est eux ! les cagots !

Cette pancarte est un exemple typique du degré de réflexion de ces manifestants - à croire que pour certains la différenciation des cellules-souche s'est bloquée entre les deux oreilles.

Certes, l'espèce humaine, après fécondation naturelle ou artificielle, va donner un embryon. Mais, à part Dolly, la brebis clonée, des manifestants paysans auraient pu accrocher la pancarte à leurs moutons, veaux, vaches, cochons mais pas couvées.

Pour autant, la proposition n'est pas réversible. Tout embryon de mammifère n'aboutit pas à un petit de son espèce. De tout temps, l'espèce humaine a connu des INVG - Interruptions non volontaires de grossesse - qui, implantations ratées, pouvaient passer complétement inaperçues , qui, d'autre fois, donnaient des fausses couches sans oublier les enfants morts-nés*. Ne parlons pas des embryons surnuméraires issus de la fécondation in vitro.

Donc si toute personne humaine a commencé comme embryon, tout embryon n'est pas, pour autant, personne humaine. 

 

 

* Le limbus puerorum (limbe des enfants) doit recevoir les âmes des enfants morts-nés, donc non baptisés, pour les catholiques.

 

 

 

Une certaine "Laurence", qui n'est certainement pas d'Arabie, mais plus sûrement une disciple de Renaud Camus, m'a fait l'honneur de commenter cet article.

Je lui dédie cet extrait du Canard Enchaîné qui la situe parfaitement bien.

Canard Enchaîné 10-09-2014

Canard Enchaîné 10-09-2014

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