Une prisonnière politique, pour le moins, que cette Maria B condamnée « pour l’exemple » à 3 mois de prison ferme.
Donc le Maire de Graçay de s’indigner contre cette « justice de classe » qui ose condamner une femme salariée et militante du PCF à une peine plus lourde que celle de Cahuzac, sans parler de Dassault, Balkany et Benalla !
Sauf que, comme le rappelle Maître Eolas, Cahuzac a eu 4 ans, dont 2 ans ferme, Balkany 15 mois et 30.000 euros d’amende, Dassault deux ans. Benalla n’a pas encore été jugé, ce qui, en droit, est un obstacle à sa condamnation.
Maria B. a été en fait condamnée à neuf mois de prison, dont trois mois fermes et six avec sursis pour violences en réunion sur dépositaire de l’autorité publique. Le parquet en avait requis douze dont six fermes et 10.000 euros d’amende dont 5000 avec sursis.
Les faits ont eu lieu dans le cadre de la manifestation nationale des gilets jaunes du 8 décembre. Le directeur départemental de la sécurité publique de la Drôme était en civil, mais muni de son brassard et de son arme de service, quand il a été violemment pris à partie, après avoir effectué une interpellation dans une zone commerciale de Valence où les forces de l'ordre venaient de disperser un rassemblement de Gilets jaunes sur un rond-point.
Une vidéo de la scène, filmée par une caméra de surveillance municipale, a été décortiquée à l'audience. Les quatre prévenus ont été identifiés au milieu d'un attroupement d'une vingtaine de personnes participant à des degrés divers aux violences commises sur Noël Fayet, commissaire divisionnaire, et un second policier qui lui servait de chauffeur ce jour-là. Les quatre ont été interpellés, placés en garde à vue et déférés pour une comparution immédiate. Ils ont demandé un délai et ont tous quatre été placés en détention provisoire pendant douze jours jusqu’à leur jugement le 26 décembre.
Si l’on en croit l’Humanité, Maria se serait contentée de s’emparer du bonnet du commissaire dans le but de « détourner son attention pour qu’il ne sorte pas son arme » (on a peine à croire à la puérilité d’une telle ligne de défense* : tête nue, ou obnubilé par la perte de son bonnet, le commissaire était paralysé ?).
Dans les 3 mois fermes, les douze jours de détention provisoires sont évidemment décomptés. Elle a donc 78 jours à effectuer, ce qui fait 57 jours après l’application du crédit de réduction de peine. Elle sera convoquée par le juge de l’application des peines qui, s’agissant d’un reliquat de moins de 6 mois, pourra convertir cette peine. Cela signifie en changer la nature (jours-amende, TIG…) pour éviter l’incarcération. Bref la seule possibilité qu’elle retourne en prison est qu’elle le veuille, en ne répondant pas à la convocation ou en refusant l’aménagement.
Cette peine est-elle sévère ? s’interroge Maître Eolas.
Il n’y a pas de droit au sursis pour une première condamnation, et les peines pour violences sont toujours plus sévères que pour les atteintes aux biens. Il s’agit d’une vingtaine de personnes rouant de coups deux policiers au sol. Dont le directeur départemental de la sûreté publique, ce qui n’est jamais une bonne idée, ajoute-t-il, pince sans rire.
Est-ce de la justice de classe ?
Trouvez un cas où un cadre supérieur ou un ministre a tabassé en groupe un commissaire divisionnaire et voyons combien il s’est pris. Sinon, comparer deux personnes qui ont commis des faits différents et en conclure que la différence est due à leur classe sociale pose un gros problème de méthodologie.
Mais le bon Maître oublie de traiter une peine annexe, que relève L’Humanité, l’interdiction de manifester pendant trois ans. « Comment ne pas interpréter (cette) décision comme la volonté de porter atteinte au droit de manifester ? » interroge la fédération du PCF de la Drôme. N’en déplaise à cette noble Fédé, l’interdiction de stade pour certains supporters ultras ne porte pas atteinte au droit légitime de sauter en l’air comme un cabri dans les tribunes d’un stade en gueulant « Qui ne saute pas n’est pas (là vous mettez la localisation de votre équipe) » pendant que 22 joueurs se disputent un ballon.
Autrement dit l’interdiction de manif aux violents, ne porte nullement atteinte au véritable droit de manifester qui obéit à un certain nombre de règles (parcours déclaré, organisateurs identifiés, service d’ordre…).
Le PCF veut-il prendre sa part dans la totale confusion idéologique qu’a provoquée l’apparition de ce mouvement très composite des gilets jaunes en défendant le droit de se mettre à une vingtaine pour tabasser deux personnes, fussent-elles des flics ? La lâcheté des lyncheurs arme révolutionnaire ?
* Un de ses co-accusés, qui n’a pas droit à l’attention de l’Humanité, pour sa défense, a prétendu ne pas avoir vu que c’étaient des policiers ! donc pour lui, rouer de coups deux pékins au sol, c’est normal.
Article de fainéant puisqu'il reprend pour l'essentiel un fil de touittes de Maître Eolas, avec quelques compléments dont un article de L'Humanité "Gilets jaunes. Maria, condamnée à trois mois de prison pour l’exemple".
L’Humanité dénonce aussi les condamnations de gilets jaunes, dont le seul tort, pour certains, avait été de prévoir un équipement spécifique pour manifester : comme on le voit sur cette photo de saisie policière, c'est même une attaque délibérée contre le droit d'afficher l'emblème du PCF dans une manif (quand à la batte de base ball, c'est bien sûr un équipement de base du manifestant).
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