Le tribunal suprême espagnol a finalement acquitté Cassandra Vera pour ses plaisanteries sur Carrero Blanco dans ses touittes.
En première instance elle avait été condamnée à 1 an de prison et 7 années de privation de ses droits civiques.
Après le rapeur Cesar Strawberry, c’est une jeune touitteuse, Cassandra Vera, qui est condamnée à une année de prison pour 13 touittes sur Carrero Blanco ! Cette étudiante de Murcie de 21 ans a été condamnée parce que ses messages humoristiques offensaient la mémoire de l’ex premier ministre du dictateur Franco, victime d’un attentat de l’ETA.
L’Audience Nationale (AN), tribunal suprême espagnol, l’a condamnée en vertu d’une loi mémorielle qui interdit d’offenser la mémoire des victimes de l’ETA.
Loi qui peut se comprendre quand elle vise à protéger la mémoire des victimes, les plus nombreuses, quand l’organisation terroriste basque a continué ses assassinats et ces attentats après la mort de Franco* et surtout après les 1ères élections libres. Loi tout-à-fait justifiée même, si elle visait à poursuivre les jeunes voyous se réclamant de l’ETA qui narguaient les familles et proches des victimes, mais hélas les salopards qui agitaient une balle de pistolet sous les yeux d’une veuve n’ont jamais été poursuivis, dans un Pays Basque plongé dans la loi du silence.
En revanche, l’ETA qui se battait sous la dictature franquiste peut être considérée comme un mouvement de Résistance. Et l’attentat spectaculaire qui a envoyé en l’air la voiture de l’amiral-premier ministre, rue Claudio Coello en décembre 1973, a été célébré par toutes les gauches européennes.
La condamnation, qui prive, en outre, la jeune fille de ses droits civiques pour 7 ans, est d’autant plus bizarre que les plaisanteries qu’elle a diffusées existaient avant qu’elle soit née. Presque tous les chauffeurs de taxi madrilènes répliquaient quand vous demandiez à aller rue C. Coello « Á quelle hauteur ? » et celles sur l’Amiral cosmonaute ne datent pas de l’invention de twitter.
Elle montre qu’au plus haut niveau judiciaire en Espagne subsiste encore une frange de magistrats ultra réactionnaires qui opte pour une interprétation très extensive, et donc très répressive, de l’article 578 du code pénal espagnol dont le but affiché était de sanctionner une intention délibérée, directe et sans équivoque de causer une souffrance aux victimes d’attentats terroristes. Comme le faisaient en toute impunité les petites frappes de la Kale borroka s’attaquant à la veuve d’une victime.
“Kissinger le regaló a Carrero Blanco un trozo de la luna, ETA le pagó el viaje a ella”
Kissinger a fait cadeau d’un morceau de lune à Carrero Blanco, ETA lui a payé le voyage.
Le paradoxe de cette condamnation c’est que les touites de la jeune femme ont été reproduits par de nombreux sites leur donnant un écho démultiplié par rapport à l’audience de la touitteuse.
Image illustrant un message visant Alberto Garzón
Le deuxième paradoxe c’est que ce parquet si prompt à traîner devant les tribunaux une jeune femme qui ne fait qu’exercer sa liberté d’opinion, est, en revanche, d’une totale passivité face à des menaces de mort à l’encontre d’élus ou leaders de gauche.
Ainsi le 27 janvier 2016, la Justice a classé sans suite une procédure contre un radical d’extrême-droite qui menaçait de mort Narciso Romero, Maire de San Sebastián de los Reyes. Le porte-parole du Front de gauche hispanique - Izquierda Unida – à la Chambre des députés, Alberto Garzón, reçut, entre autres touittes, la menace de l’assassiner et de violer toutes les femmes de sa famille ; l’auteur, Jaime A. Mora, militant d’un groupe d’extrême-droite, ne fut pas poursuivi. Et même les attaques ignobles contre la Présidente de l’Association des victimes des attentats du 11M, Pilar Manjón, la traitant de rouge et de putain, se félicitant que son fils soit bien mort, qui entraient tout-à-fait dans le cadre du fameux article 578, sont restées sans suite.
Reste que, comme le souligne Maître EOLAS, cette jeune femme voit son avenir s’assombrir, puisque la privation de droits civiques lui interdit la fonction publique, donc le professorat.
Et, pour marquer votre solidarité envers Cassandra vous pouvez signer la pétition « Yo también me río con los chistes de Carrero y su viaje espacial financiado por ETA » - Moi aussi j’ai ri des blagues sur Carrero et son voyage spatial financé par ETA – qui affirme que la satire n’est pas un délit, l’humour noir, même de mauvais goût n’est pas un délit, une opinion n’est pas un délit !
*Y compris contre d’ex-membres, comme Yoyes, qui avaient quitté ETA après l’avènement de la démocratie.
A 70 jours des élections générales, Ciudadanos fait une percée spectaculaire, tandis que Podemos, piégé par IU régresse. PSOE et PP sont au coude à coude. Mais l’électorat semble très volatil. Le PSOE présente des éléments de faiblesse et le PP, bien qu’accablé de scandales, ne décroche plus.
Trois partis sont dans un mouchoir de poche, en deçà de la marge d’erreur de ± 2,9 points : PSOE, PP et Cirudadanos (C’s). Si le PSOE garde un léger avantage, l’écart est infinitésimal avec le PP. Mais la révélation de ce sondage du 7 et 8 octobre 2015, c’est l’inversion nette des positions des deux partis émergents. C’s gagne plus de 5 points d’un mois à l’autre. Podemos en perd 4,5.
Intentions directes de vote exprimées par les sondés
Cote de popularité des principales têtes de liste
Hypothèses et voeux pour le gouvernement issu des élections générales
Ciudadanos : une percée spectaculaire
Albert Rivera - 2e - salue le couple royal à l'occasion de la fête nationale
La percée de C’s confirme son bon résultat aux élections catalanes du 27 septembre : 18%, 2e parti du parlement catalan, et champion des partis dits constitutionnels (anti-sécession).
Dans la stratégie des forces émergentes de se présenter comme des forces transversales, hors des vieilles étiquettes et idéologies, disqualifiant les vieux partis qui se partagent le pouvoir depuis une trentaine d’années, C’s semble avoir mieux réussi son coup que Podemos. D’autant que son leader, Albert Rivera, est toujours le seul a avoir un solde d’opinions positives. Et, dans une opinion qui souhaite à plus des deux tiers que les prochaines élections mettent fin à l’alternance PP/PSOE en mettant un autre parti en tête, c’est encore C’s qui est largement préféré, y compris par l’électorat PSOE qui le préfère nettement à Podemos (61% vs 25%).
Podemos dans la nasse
Pablo Iglesias et Alberto Garzón
Podemos semble incapable de se dépêtrer du piège, tendu par IU, de l’union des forces populaires, pour reprendre une vieille formule du camarade Marchais. L’appel d’Alberto Garzón, IU, à des candidatures d’union populaire, relayé par des personnalités comme Almodovar, appuyé par des groupes divers, sous des étiquettes style Ahora en Común, a été repoussé par Pablo Iglesias. Il le paie d’un surcroît d’impopularité puisque son solde d’opinions, qu’on n’ose qualifier de positives, tombe à -44, presque aussi bas que Rajoy ! Les élections catalanes n’ont pourtant pas démontré l’intérêt de la formule unitaire puisque Si que es Pot, liste d’union Podemos+ICV (équivalent catalan d’IU avec des Verts), fait moins qu’ICV seul aux élections précédentes.
Dans cette partie de bras de fer où Iglesias signifie à Garzón qu’il veut bien l’accueillir sur ses listes, mais sous l’étiquette Podemos, IU tire pour le moment son épingle du jeu à 5,6%. Car l’équipe dirigeante de Podemos veut absolument se débarrasser de l’étiquette d’extrême-gauche pour se recentrer sur une ligne finalement plutôt réformiste.
PSOE fragile
Le PSOE lui, loin de décoller, stagne, se tasse même. Il est certes le parti que les sondés préfèreraient voir gagner les prochaines élections, mais de peu. Et son leader, Pedro Sánchez, qui semblait en septembre, enfin, acquérir plus de visibilité, retombe dans un score de popularité nettement négatif (-22). Elément aggravant, il perd des plumes dans son propre parti : il est le moins bien coté en interne (+54, même Rajoy, pourtant discuté au sein du PP, est à + 69). Et surtout 60% de ses électeurs potentiels estiment que ce serait bon que l’Espagne soit gouvernée par un parti qui ne soit ni le PP, ni le PSOE ! Electeurs potentiels dont on a vu que leur préférence irait dans ce cas à Ciudadanos.
Et si c’était le PP ?
Le PP semble avoir atteint son étiage autour de 23%. Bien qu’accablé de scandales de corruptions divers (où le PSOE est hélas parfois compromis), il s’accroche. Il a atteint le noyau dur de son électorat. Ses électeurs potentiels sont les plus attachés à sa victoire, les moins sensibles aux sirènes de l’alternance au PP et PSOE. Et en cas de malheur, opte pour C’s et rejette absolument Podemos.
Et si finalement il ne se passait rien ? si finalement Rajoy restait à la Moncloa, siège du chef de gouvernement ? s’interroge, dans un apparent paradoxe, Ramiro Feijoo, professeur d’Histoire Culturelle. Il constate que les populares se sont gavés d’argent sale, à travers des réseaux parfaitement organisés, et que, quand ces montages furent découverts, ils ont assumé leur culpabilité sans faire preuve d’aucun regret, sans vergogne.
Malgré cela il estime que le conservatisme qui préfère le mal connu à un bien hypothétique – le familier à l’inconnu, le réel au possible, le proche au distant, etc. – s’appuie en Europe du Sud sur le mythe du péché originel. Les racines du conservatisme plongent dans une vision radicalement pessimiste de la nature humaine. L’homme est par essence imparfait, voire mauvais et ne peut être amendé. Cette vision anthropologique se combinerait avec un fatalisme essentialiste selon lequel il n'y a aucune possibilité de changement ou de progrès. Ces électeurs restent donc disposés à soutenir un parti dont les placards sont pourtant encombrés d’immondices. Pour eux il n’y a pas d’alternative et ceux qui proposent quelque chose d’autres sont au mieux des naïfs et au pire des faux prophètes tentant de tromper les oreilles candides.
Cette vision pessimiste, ce fatalisme pourrait donc reconduire le PP à la Moncloa.
Rien n’est heureusement joué. Et les évolutions assez brutales des deux partis émergents montrent que les cartes ne sont sans doute pas distribuées. Mais, pour le moment au moins, l’hypothèse d’une large majorité de gauche – PSOE+Podemos - s’éloigne. Celle d’une majorité de centre gauche – PSOE+C’s – a actuellement les faveurs des électeurs potentiels du PSOE. Reste l’hypothèse d’un C’s en tête avec deux alliances possibles : s’il continuait sur sa lancée, ce serait sûr.
Le PP est un parti de vieux mâles : le pourcentage d’hommes est supérieur à celui des femmes dans toutes les tranches d’âge et sa force principale se situe chez les hommes de plus de 65 ans.
Le PSOE lui est un parti féminisé et équilibré sur les différentes tranches d’âge, sauf chez les plus jeunes. C’est la seule formation où le pourcentage de femmes est plus fort que celui des hommes sur tous les âges. Les femmes jeunes – 18-34 ans – sont son point fort, mais, en revanche, son point faible porte sur les jeunes hommes : 20% de femmes contre 6% d’hommes, une différence de 14 points !
Ciudadanos est un parti légèrement plus masculin, assez équilibré pour les âges, sauf chez les plus de 65 ans. Les hommes jeunes (19%) sont sa force principale, mais il a de grandes difficultés à attirer les électrices de plus de 65 ans qui ne sont que 5% à pencher pour le parti d’Albert Rivera.
Podemos est le parti qui montre la plus grande assymétrie dans les âges. Sa force ce sont les jeunes (18-34 ans), surtout les hommes avec 16% contre 13% aux jeunes femmes. Sa grande faiblesse se trouve chez les électeurs potentiels de 55 ans et plus où il ne dépasse pas 6%.
Les électeurs déclarés de chaque parti sont invités à se situer sur une échelle de 0=extrême-gauche à 10=extrême-droite.
Ça se bouscule au centre
A part donc ceux de IU, ces électeurs potentiels se situent majoritairement au centre. PP et PSOE forment presque une image inversée, avec un sommet à 5, partant ver le 7 ou 8 pour le PP, en pente aussi douce vers le 3 pour le PSOE.
Mais à côté de ces reliefs érodés des vieux partis, Ciudadanos est une montagne jeune qui s’érige en plein centre, dans un triangle quasi isocèle. Même les sondés de Podemos ont la gauche timide et leur nombre s’érode.
Cette course au centre est un dilemme aussi bien finalement pour le PSOE que pour Podemos.
Le recentrage auquel tente de procéder le parti d’Iglesias risque de lui faire perdre ses militants ancrés à la gauche extrème, d’où un discours qui tente de se situer en dehors de ce clivage gauche-droite.
Face au PP, parti caméléon, qui apparaît modéré à ses électeurs modérés et d’extrême-droite aux extrémistes, le PSOE déçoit ses électeurs de gauche qui le trouve trop centriste sans obligatoirement convaincre un électorat centriste qui le trouve trop à gauche.
La "une" d'El Jueves du 23/07 (avec une traduction approximative : cet 'hostias' voulant dire baffes ou quelque chose comme cela)
Coup de mou ou coup dur pour Podemos ? Alors que début Juillet, il était à égalité pratiquement avec les partis de la caste, il décroche fin juillet. Perdant plus de trois points. Surtout, les primaires pour désigner les candidats aux prochaines élections générales ont montré une nette démobilisation de ses sympathisants. Les causes de cette désaffection n’ont que peu à voir avec les déboires de Syriza. Mais beaucoup avec l’habile proposition d’IU de large union populaire des forces alternatives. Le refus d’Iglesias le fait apparaître comme diviseur. Et IU se refait un peu la cerise, alors qu’il était en voie de marginalisation.
Metroscopia : baromètre électoral 26 juillet 2015
En à peine 3 semaines – 2-3 juillet, 20-22 juillet – Metroscopia a réalisé deux sondages aux résultats contrastés. Dans celui, paru le 6/07, PP, PSOE et Podemos, dans l’ordre, sont dans un mouchoir de poche, en-deçà de la marge d’erreur de 3,2 points, dans celui paru le 26/07, les deux partis que Podemos dit de la caste ont pris la tête, Podemos décroche de 3 points et Ciudadanos (C’s) après sa baisse brutale de 6 points en juin, reprend du poil de la bête et se rapproche de Podemos. Symptomatique aussi le redressement d’Izquierda Unida (IU), alors que cette gauche unie traditionnelle semblait partir dans les oubliettes de l’histoire.
Intentions de votes brutes
Même si le PSOE ne devance le PP que d’une courte tête (0,4%), il prend aussi première place dans les intentions directes de vote, passant donc devant le PP et Podemos qui le précédaient en début de mois. Et Podemos perd aussi des plumes dans ces données brutes (NB Pour comprendre pourquoi et comment se fait la cuisine des enquêtes d’opinion voir vers le bas de l’article PODEMOS renversera-t-il l’échiquier politique espagnol ?)
Cote des personnalités politiques
La mesure de l’audience et de la popularité des personnalités politiques, si elle confirme de sondage en sondage, la place de chouchou de Rivera (C’s) le seul avec un solde positif, confirme aussi la désaffection que subit Pablo Iglesias, le leader de Podemos ; seul Rajoy est plus désapprouvé par les sondés, si l’on met de côté Artur Mas, le Président de la Catalogne qui prône son indépendance* et donc, à ce titre, est rejeté par une majorité d’Espagnols. Alberto Garzón (IU) comme Pedro Sánchez (PSOE) ont un moindre solde négatif d’un sondage à l’autre. Mais Sánchez reste toujours à la traîne en ce qui concerne la popularité chez les sympathisants de son propre parti : 66%, contre 80% pour Iglesias à Podemos et même 77% pour Rajoy au sein du PP !
Toutefois, dans l’enquête du début du mois, Pedro Sánchez apparaissait parmi les quatre principaux candidats à la présidence du gouvernement, comme celui qui serait le plus à même de mener une réforme de la constitution acceptable pour une large partie des Espagnols ; à égalité avec Rivera quand à la capacité de dialoguer et de s’allier avec ceux dont il ne partage pas les idées ; et il serait aussi le meilleur président du gouvernement ; il y a juste pour la capacité de réduire les inégalités qu’il est devancé par Iglesias.
Coefficient de répulsion des partis politiques et positionnement sur une échelle gauche/droite
Le PSOE est aussi, après cependant C’s, le parti provoquant le moins de répulsion. Seuls 13% des sondés disent n’envisager de voter PSOE en aucun cas. Ils sont 52% pour le PP et 32% pour Podemos. A noter que 1% de sondés se disant électeurs potentiels du PP ont dû subir la canicule ibérique puisqu’ils disent aussi ne voter PP en aucun cas.
Pour les sondés, le PSOE apparaît bien comme un parti de centre gauche (fort proche d’ailleurs du point moyen où l’enquête situe la population espagnole). Ciudadanos, lui, est placé au centre-droit et aux deux extrêmes on trouve donc Podemos à gauche et le PP à droite.
Extraits d'une série de dessins ("chistes") sur les relations IU-Podemos
Le premier dessin fustige la bataille d'égos à gauche, le second dénonce la dispersion de la gauche et une misérable qui contemple la dispute leur dit à peu près "Bon, quand vous aurez fini de discuter entre vous vous pourriez vous occuper de nos problèmes."
SYRIZA ou IU ?
Le coup de mou de Podemos, si l’on en croit un éminent spécialiste de la politique ibérique à Médiapart serait dû aux déboires de Syriza. « Les derniers épisodes grecs risquent de ralentir l’ascension que connaît Podemos depuis son succès aux élections européennes l’an dernier et aux municipales de juin. Selon Lamant, "à court terme, l'accord conclu lundi avec Athènes, et l'énième crise politique qui s'ouvre en Grèce, ne vont pas faciliter la dynamique de Podemos d'ici aux élections" » rapporte arrêt sur images. Outre que le succès de Podemos aux municipales relève de la lubie paresseuse de journalistes d’investigations qui n’ont même pas pris la peine de consulter les résultats, les soubresauts de la crise grecque n’expliquent guère l’actuelle baisse d’attractivité de Podemos.
Baisse qui se traduit non seulement dans le baromètre électoral de Metroscopia, mais aussi, surtout, dans la démobilisation de ses sympathisants. A peine 60 000 d’entre eux ont participé aux primaires désignant les candidats aux élections générales. Moitié moins que pour la désignation d’Iglesias à la tête de Podemos. Primaires dont la règle du jeu – liste de candidatures à l’échelle nationale – a été contestée par cinq régions : Madrid, Aragon, Baléares, Asturies et Pays Basque. Règle du jeu assez révélatrice du véritable centralisme démocratique mis en place par l’état-major du parti.
Traduction à la louche de cette "chiste"
Outre ces fissures internes, c’est surtout au jeu subtil d’IU que les experts en sciences politiques à la tête de Podemos se sont laissé piéger. IU, le bon apôtre, relayé par une nébuleuse, Ahora en Común, inspirée des coalitions de gauche dite alternative qui l’ont emporté aux municipales comme Ahora Madrid, Barcelona en Comú, Zaragoza en Común ou Compromís à Valence, a proposé de présenter des candidatures communes de large union. Iglesias, pour avoir frayé dans les eaux d’IU, n’a pas été dupe. Pas question de servir de bouée de sauvetage et surtout, par cette alliance, de justifier l’étiquette d’extrême-gauche, collée par le PP, alors que Podemos prône un dépassement du vieux clivage droite/gauche, synonyme de l’alternance des partis de la caste (PP/PSOE). Il a donc décidé que Podemos partirait sous ses couleurs et non dans une coalition informelle. Mais Ahora en Común qui se réclame aussi du Movimiento 15-M (ce que nous avons appelé Mouvement des indignés) clame haut et fort sa volonté farouche d’aboutir à un rassemblement d’unité populaire (unidad popular).
Là-dessus, 150 idiots utiles, pardon, je veux dire 150 personnalités du monde des arts, de la culture et du spectacle, Pedro Almodóvar en tête lancent un vibrant appel "Mover ficha por la unidad popular"– en gros Bougeons les pions pour l’unité populaire mais en traduction plus libre Bougeons-nous le fion pour l’unité populaire – qui place le pauvre Iglesias dans la position inconfortable du Schtroumpf grognon (pitufo gruñón). Anti-unitaire pour défendre son enseigne !
Rien n’est joué. D’autant que la date des élections n’est pas encore fixée et que Rajoy, plutôt que de les anticiper, peut être tenté de jouer la montre en tablant sur une amélioration amplifiée de la reprise de l’emploi. D’ici là les présumés spécialistes des sciences politiques à la tête de Podemos auront peut-être su se dépêtrer du piège unitaire tendu par IU. Mais si Sánchez et le PSOE ne commettent pas trop d’erreurs, le jour d’après les élections mettra Podemos au pied du mur. Front populaire ou pas ?
* Artur Mas veut faire de l'indépendance l'enjeu des élections régionales catalanes qui auront lieu en septembre - donc avant les élections générales ; il a réussi à fédérer plusieurs partis indépendantistes. Le résultat de ces élections - surtout si les indépendantistes obtiennent une victoire nette - peut avoir des répercussions difficiles à mesurer, mais une crispation nationaliste espagnole risquerait de profiter plus au PP qu'au PSOE...
En complément :
Le baromètre électoral de juillet 2015 du Centro de Investigaciones Sociológicas (CIS)
Estimation des votes aux élections générales
Le baromètre électoral du CIS diverge sur certains points de celui de Metroscopia*. A commencer par l’ordre des deux premiers et le poids des forces émergentes. Même s’il confirme plus nettement que les partis de la « caste » comme dit Podemos, reprennent du terrain sur les partis émergents.
Le CIS a constamment placé le PP en tête des intentions de votes. Et loin de constater un tassement pour le PP il marque un net progrès (mais par rapport à avril, puisque son baromètre est trimestriel). Et surtout le PP, d’après le CIS, creuse l’écart avec le PSOE.
Les nouveaux partis ont des scores nettement moins flatteurs que sur Metroscopia. : Podemos est à 15,7% contre 18,1%, Ciudadanos (C’s) 11,1% contre 16%.
Intentions de votes spontanées
Les différences sur les réponses spontanées sont moins fortes, puisque pour CIS comme Metroscopia le PSOE passe en tête avec 17,3% contre 16%, le PP suit à 16% contre 15%, Podemos est même mieux traité avec 12,6% contre 11,1%, en revanche C’s est dévalué 7,7% contre 10,4%, quant à IU il est à 2,9% contre 3,5%.
Les coalitions souhaitées
S’agissant de la suite des élections – a priori aucun parti n’arrivera à la majorité absolue – la coalition PSOE-Podemos est la préférée. La seconde option, le PP seul, ne regroupe que les affidés les plus optimistes.
Le système de mesure du CIS pour les hommes politiques est plus rustique que celui de Metroscopia : ils sont notés de 0 à 10 ! Si l’on excepte deux politiques locaux, le mieux placé est Pedro Sánchez, PSOE, avec … 3,84/10 ! Loin (?) devant Rajoy avec 2,68 ! Mais ni Rivera (C’s) ni Iglesias (Podemos) ne sont pris en compte…
*La comparaison est difficile puisque Metroscopia a réalisé deux enquêtes en juillet, tandis que l’enquête trimestrielle du CIS s’est étalée du 1er au 9 juillet. Leur prochain baromètre risque d’arriver en pleine campagne électorale générale (sondage réalisé en octobre mais publié en novembre !). Cependant El diario pronostique des élections le 20 décembre !
Le sondage s’est fait sur 2.486 entrevues et sa marge d’erreur est de 2%.
Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas
s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus
souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent
érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je
rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les
bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.
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pour Koppera,
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statistiques notamment - sont appauvries.