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26 septembre 2008 5 26 /09 /septembre /2008 18:12

Un ami de 40 ans m'a transmis une pétition intitulée « La laïcité ne doit pas plier devant Benoît XVI ». Outre que la formulation est un peu incongrue  (Les laïcs ne doivent pas plier devant Benoît XVI  ou La laïcité ne doit pas plier devant le cléricalisme de Benoît XVI m'auraient paru plus logiques), le problème n'est pas B. XVI mais Sarko.

 

Que B. XVI réinstaure la messe en latin, remette des habits sacerdotaux à la somptuosité indécente et veuille que ses fidèles s'agenouillent devant lui langues tendues pour recevoir une petite rondelle de pain azyme... en bref veuille tirer un trait sur Vatican II (comme d'autres veulent le faire sur Mai 68), me semble navrant. Mais les cathos pourront me rétorquer que c'est leur problème et pas le mien. Qu'il veuille interdire le divorce, la contraception, les relations homosexuelles, etc. à ses ouailles, là aussi, c'est leur problème.

 

En revanche, si, affirmant que ces prescriptions obéissent à une "loi naturelle", son église tente, comme en Italie, comme en Espagne, de remettre en cause des lois votées par les pouvoirs législatifs de ces pays (ou de bloquer la discussion de ces lois), on est en droit  d'attendre, d'exiger même, de nos gouvernants que, comme Zapatero en Espagne, ils sachent dire non à ce cléricalisme* agressif.

Notre Chanoine de Latran avait servi sur un plateau une "laïcité positive" dont B. XVI s'est empressé de se saisir. Accoler un adjectif à laïcité ne serait pas un crime, si, en parlant d'avènement, on ne laissait entendre que la laïcité serait négative. Démontrant soit leur ignorance, soit leur cynisme, le pape et le chanoine inversent les rôles. Ne leur en déplaise, entre Aristide Briand et Pie X, le libéral (au sens politique du terme) et l'homme de compromis fut le premier, l'esprit obtus et sectaire, le second.

 

Cette inversion se retrouve s'agissant de la science où B. XVI voudrait nous faire croire que la raison est du côté de la recherche de Dieu** et non de celui de la science. Comme le rappelle Y. Quiniou (« Le pape contre la science », Le Monde 20/IX/08), la science n'a pu « se développer qu'en s'appuyant sur une raison qui a fait abstraction des croyances religieuses ». Galilée (qui ne fut jamais réhabilité au prétexte que le tribunal qui l'avait condamné n'existait plus) ou Darwin furent la preuve de l'obscurantisme de l'Église catholique. Il eût été bien inspiré, ce pape, de lire Jean Baubérot, un parpaillot il est vrai, qui distingue l'agnosticisme en quelque sorte méthodologique auquel il s'astreint dans son travail scientifique et le plan du symbolique où il se situe comme croyant.

 

Et c'est Alfred Grosser, dans un éditorial d'Ouest-France (23/IX/08) qui interpelle le pape sur la morale : « Pénétré de ses certitudes, Benoît XVI savait-il vraiment que, dans le public qui l'écoutait [...] au collège des Bernardins, nombreux étaient ceux qui ne croyaient en aucun dieu et surtout pas en un fils de dieu ressuscité ? [...] Sa raison n'était pas leur raison. [...] Benoît XVI a paru considérer que le Dieu de l'Écriture était la seule source de la morale ». Évoquant une dimension fondamentale, à ses yeux, de la morale - la tolérance, le respect de l'autre - Alfred Grosser ajoute : « Le pape se veut "semeur de charité". Mais l'Église catholique n'a accepté la liberté religieuse et n'a condamné la coercition que le 7 décembre 1965 » au concile Vatican II.

 

Peu me chaut que M. Ratzinger, dit Benoît XVI, affirme que la raison est du côté de la foi ou qu'il n'y a de morale que fondée sur sa croyance, serait-on tenté de dire. Sauf que, s'agissant de la morale, dans sa comparaison entre le curé et l'instituteur, le chanoine de Latran disait à peu près la même chose.

 

Le problème n'est pas Benoît XVI, le problème c'est Sarkozy !

 

* Cléricalisme, volonté obstinée des papes et du clergé à subordonner la société civile à la société religieuse, à vouloir étendre à la société politique les règles et méthodes de cette Église, à utiliser des armes spirituelles à des fins temporelles, à se servir du pouvoir politique pour imposer sa vision morale, individuelle ou collective (d'après Marc Ferro).

** Une  « culture purement positiviste » qui relèguerait dans le subjectif la question de Dieu constituerait un abandon de la raison, autant qu’un abandon de Dieu et que la recherche de Dieu constitue « le fondement de la culture véritable » (Discours des Bernardins)

Le premier montage est l'oeuvre de Maître Eolas (www.maitre-eolas.fr)

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