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6 janvier 2018 6 06 /01 /janvier /2018 15:04
Fausse laïcité liberticide

Partant d’une formule prêtée à E. Macron sur le danger d’une « radicalisation de la laïcité », Yvon Droumaguet, dans un point de vue (Ouest-France, 06/01/2018 : Laïcité et radicalisation), de glissement en glissement, en vient à opposer une laïcité "ouverte" laxiste à une "laïcité républicaine", rigoureuse, la seule, la vraie !

Cette formule, radicalisation de la laïcité, est un raccourci, pas très heureux au demeurant, pour désigner tous ces ayatollahs d’une fausse laïcité qui chassent le foulard sur la tête des étudiantes ou des mamans volontaires pour accompagner une sortie de gosses de la maternelle.

A juste titre est rappelée  la Constitution dont l’article 1 mérite d’être cité : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances… ». Est mentionnée aussi la Loi de 1905 avec son article 1, mais outre que la République assure la liberté de conscience, elle garantit aussi le libre exercice des cultes.

La République est a-religieuse. Si la République ne reconnaît aucun culte, cela veut dire, non pas qu’elle ignore leur existence, mais qu’elle se situe en dehors du domaine religieux, contrairement au régime concordataire qui avait cours (et qui subsiste d’ailleurs en Alsace-Moselle). La conséquence est que les agents des services publics sont astreints à une totale neutralité, dans l’exercice de leurs fonctions.

Et dire que c’est la République qui est laïque et non la société, veut dire que cette obligation de neutralité ne s’impose pas aux citoyens dans l’espace public. Et non pas, comme l’assène l’auteur, prôner un communautarisme honni ! Car contrairement à ce qu’il affirme si la croyance, ou pas, est affaire de choix personnels, donc relevant du plus intime, bien que soumis, comme tout choix aux aléas d’une éducation, d’un milieu, etc., ces croyances ou convictions ont le droit de s’exprimer dans l’espace public.

Le débat sur ce point au moment de la discussion de la loi de 1905 a été éclairant. L’Article 25 (devenu 27) dans sa rédaction initiale, édictait que les églises, séparées de l’état, « n’ont pas le droit d’emprunter la voie publique pour les manifestations de leur culte » car elles imposeraient ainsi « aux indifférents, aux adeptes des autres confessions religieuses le spectacle inévitable de leurs rites particuliers. » Les députés catholiques eurent beau jeu de clamer que « quand l’ordre public n’est pas en danger, il y a un autre intérêt qui s’impose, c’est celui de la liberté. »

« La laïcité n’est pas une simple tolérance, trop souvent réduite à l’acceptation, un rien dédaigneuse, de l’erreur de l’autre. Elle n’est pas non plus une option, une alternative à la croyance. On peut être croyant, athée, agnostique, voire indifférent dans une République laïque. La laïcité n’est pas un courant culturel, une famille spirituelle, comme une religion ou une philosophie. La laïcité n’est pas une idéologie, une prise de partie sur la conception que l’on se fait de la sociabilité souhaitable, de l’avenir désirable. La laïcité est le principe juridique et politique qui permet la cohabitation paisible de ces différents courants idéologiques. Elle n’a de sens que comme garantie d’un vouloir vivre ensemble harmonieux, d’une sociabilité apaisée, d’autant plus utile que la société gagne en diversité culturelle ou cultuelle. »

La laïcité : une émancipation en actes Ligue de l'enseignement

Quant aux « accommodements », Aristide Briand, le maître d’œuvre de la Loi de 1905, fut le premier à les pratiquer en amendant sa propre loi afin de forcer l’église catholique à rester dans la légalité malgré elle. Et la République de 2018 s’accommode du concordat maintenu dans 3 départements métropolitains et de nombreux accommodements ont cours dans l’ultra-marin, comme on dit (Guyane, Mayotte, Nouvelle Calédonie, Wallis-et-Futuna...).

Ce point de vue relève donc, non pas d’une défense d’une prétendue "laïcité républicaine" opposée à une "laïcité ouverte" (comme si la laïcité ne pouvait être autre qu’ouverte, « libérale » disait Briand), mais de la défense d’une fausse laïcité liberticide.

 

NB Le ‘philosophe’ invoque une  laïcité républicaine des Lumières ! Et il invoque aussi  l’idéal des Lumières, idéal politique de citoyens égaux et éclairés, idéal humaniste d’individus exerçant librement leur esprit critique. Le mot même d’idéal indique bien que c’est un objectif- une ‘lumière’ - vers lequel nous devons tendre, sans jamais l’atteindre.

Et les humains qui forment nos sociétés ne sont pas ces individus abstraits, mais des êtres de chair et de sang, malheureusement plus souvent guidés par leurs émotions que par la raison, inclus dans de multiples appartenances, avec leur histoire, leur vécu, leurs convictions, leurs engagements, leur ancrage familial, amical, local, professionnel, associatif, politique, etc. Et, pour plagier Jaurès, s’il faut aller vers l’idéal, il faut d’abord comprendre le réel.

La Loi qui à un moment donné règle le vivre ensemble évolue, comme la société. Les grandes lois sociétales – divorce, contraception, IVG, mariage pour tous – le démontrent. Et s’il y a un combat laïque c’est bien celui qui va s’engager en 2018 sur la Bioéthique.

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2 décembre 2017 6 02 /12 /décembre /2017 15:36
Croix de Ploërmel et mauvaise foi

Dimanche dernier, 26/11/2017, comme souvent le dimanche, la dame Jeanne-Emmanuelle Hutin, nous a délivré son prêche dominical. J’ai envoyé, une fois de plus, au courrier des lecteurs de ce grand journal régional, une réponse à cette homélie.

Loi de 1905 et croix de Ploërmel

 

Faudra-t-il se désabonner de l’édition dominicale d’Ouest-France pour ne plus avoir – non seulement les athées et les agnostiques mais aussi les chrétiens fidèles à l’esprit de Vatican II – à subir les prêches de Mme Hutin ?

L’Article 28 de la Loi de 1905 est d’une totale clarté : « Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions. ».

La mauvaise foi étalée par la dame est totale : le conseil d’état, suivant en cela les recommandations d’Aristide Briand, a eu une interprétation très libérale puisqu’il ne demande que l’éviction de la croix et non de la statue. S’il avait suivi « la lettre » de la loi c’est tout le monument qui devait disparaître. Mais Briand, lors de la discussion avait en quelque sorte prévu ce cas de figure : « on peut honorer un grand homme, même s’il est devenu saint, sans glorifier spécialement la partie de son existence qui l’a désigné à la béatification de l’Eglise ». En l’occurrence, le Conseil d’état a fait quand même preuve d’un grand libéralisme, car il est difficile de croire que cette statue ne glorifie pas spécialement le saint.  On est là dans ce que des laïques durs dénonceraient comme des accommodements coupables. Madame Hutin devrait en être reconnaissante à la laïcité. Mais non elle en fait même argument en prétendant que tous les éléments de ce monument sont indissociables et en inventant une prétendue exception pour les oeuvres d’art (?), alors que ladite exception ne concerne que musées ou expositions.

Puisque des polonais veulent accueillir ce prétendu chef d’œuvre que Ploërmel soit généreuse et en fasse don à une paroisse de ce charmant pays.

 

J. F. Launay

 Exceptionnellement j’ai reçu une réponse signée de Mme Hutin, mais assortie de bizarres considérations :

Les informations ou pieces jointes contenues dans ce message sont confidentielles. Seul le destinataire expressement vise peut en prendre connaissance. Toute autre personne qui en divulguera, diffusera ou prendra des copies sera passible de poursuites. La societe Ouest-France decline en outre, toute responsabilite de quelque nature que ce soit au titre de ce message s'il a ete altere, deforme ou falsifie.

Apparemment, alors que le message lui-même est correctement accentué, cette formulation menaçante n’a pas bénéficié d’un clavier azerty.

Dans ma réponse j’ai marqué ma plus grande surprise sur le côté “confidentiel” attribué à cet échange qui porte sur un éditorial public et une lettre de lecteur qui avait vocation à devenir publique et dont le contenu n’a aucun caractère personnel et encore moins intime. Et, bien sûr, souligné le côté déplaisant de la menace de poursuites.

N’ayant point les moyens de me payer un avocat – et bien que ces menaces me semblent plus relever de l’intimidation que du droit – je me contenterai de paraphraser la dame qui prétend que l’œuvre ploërmelienne relève de ce qu’elle appelle l’“exception cultivable” que je suppose culturelle. Et cela serait attesté par des juristes qu’elle se garde bien de citer.

Faut-il dire que je lui ai rappelé que l’article 28 de la Loi de 1905 ne prête guère, tellement il est clair, à des interprétations ? Et que le Conseil d’état doit compter quelques juristes éminents.

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5 janvier 2017 4 05 /01 /janvier /2017 15:55
Ouest-France 05/01/2017

Ouest-France 05/01/2017

Un grand poncif, la fameuse « pensée unique » trouve ici un contempteur farouche qui, ne reculant devant aucun cliché, en fait un instrument pour nous formater… à quoi donc ?... mais oui, bien sûr, au « politiquement correct »*. Et notre résistant à cette pensée unique, aussi totalitaire que non identifiée, de nous la décrire comme sèche et rigide, sans aucune motivation compassionnelle.

Joffrin, Lejeune, Thréard

Joffrin, Lejeune, Thréard

Mais qui sont donc les hérauts de cette abominable pensée unique ?

Les éditocrates : Yves Thréard du Figaro ? Hutin père ou Hutin fille d’Ouest-France ? Yves de Kerdrel ou Geoffroy Lejeune de Valeurs putrides, pardon actuelles ? Laurent Joffrin de Libé ?

Par quels médiacrottes est-elle diffusée, martelée ?

Par TF1 avec Jean-Pierre Pernaut ? Par France 2 avec Pujadas ?

Eric Zemmour, Philippe de Villers, Michel Onfray, Alain Finkielkraut

Eric Zemmour, Philippe de Villers, Michel Onfray, Alain Finkielkraut

Et quels sont les intellocrates qui l’alimentent ?

Eric Zemmour ? Philippe de Villers ? Alain Finkielkraut ? Michel Onfray ?

Quant aux politicards on hésite entre Philippot qui a son rond de serviette à BFM, Macron qui fait les unes de L’OBS, Fillon le chéri de Paris-Match, à moins que ce ne soit Mélenchon l’imprécateur ?

Et pour les économistes entre Lordon, Piketty, Cohen ou Verdié-Molinié, etc. ça va être dur de trouver une doctrine unique…

« Il n’y a de pensée que dans la clarté, dans celle des idées, comme dans celle des convictions. Il faut que celles-ci soient fortes pour qu’un véritable débat intellectuel puisse avoir lieu. Afficher comme seul credo, son mépris pour la « pensée unique » — vocable péjoratif par excellence — constitue un alibi commode pour éviter le débat d’idées. »  

Jean-Paul Fitoussi - "Capitalisme, socialisme et démocratie"

L’appel au « peuple », qui conclut, relève des mêmes poncifs !

Il n’y a pas plus de peuple que de pensée unique. Mais des citoyen-ne-s plus ou moins proches d’une religion ou agnostiques ou athées, adhérents en nombre à des associations les plus variées, ou pas, retraités de plus en plus, à leur compte ou salariés, et chez les salariés syndiqués, avec un choix large, ou non syndiqués, et politiquement, quand ils ne sont pas abstentionnistes, répartis sur une palette des plus larges…

* "La question du «politiquement correct», est  d'ailleurs intéressante. Comme le concept de «bobo». Il est devenu légitime, d'insulter quelqu’un en le traitant de bobo. Or qui est ce «bourgeois-bohême»? Un citoyen qui pratique un peu la consommation culturelle, doté par conséquent d'une certaine culture dont on peut espérer qu'elle lui ouvre l’esprit.

Puisque nous sommes dans la caricature, c’est quoi l’alternative à bobo? Mimile, c’est-à-dire le même sans culture? Bling-bling: le même, en plus consommateur? BCBG: le même avec son loden et ses mocassins à glands, claquemuré dans ses traditions?"

Daniel Pennac "Les bobos sont de bons chrétiens"

 

PS Il est remarquable que le « Courrier des lecteurs » d’Ouest-France, qui rejette tout envoi non conforme à sa « pensée » - légalisation du cannabis, par exemple – et encore plus toute contestation des bondieuseries de la fifille Hutin (voire même des papiers sur les déserts médicaux mettant en cause la médecine libérale), publie à la suite deux envois qui sont quasi une parodie de Pierre Dac et de son discours pouvant servir en toute circonstance, tant ils alignent des sophismes creux. Mais avec le plus grand sérieux, eux.

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 19:08
Chambre des députés belge

Chambre des députés belge

Ils sont fous ces belges ! Non seulement, après avoir légalisé l’euthanasie pour les adultes dès 2002, ils l’autorisent pour les mineurs, mais cela sans hystériser le débat.  Le Soir, a même été jusqu’à se féliciter de la bonne tenue du débat, qui «échappe en Belgique à l’affrontement» partisan, «c’est là toute la sagesse de notre démocratie, différant en cela de l’affrontement meurtrier sur ces thèmes de la société française».

C’est à une large majorité – 86 pour, 44 contre et 12 abstentions – que les députés ont confirmé le vote du Sénat. Appuyés, il est vrai, par 3 Belges sur 4.

Pionnier les belges le sont, car contrairement aux néerlandais qui limitent ce droit à l’euthanasie à 12 ans, ils n’ont pas mis de limite d’âge. L’enfant doit être en mesure de comprendre le caractère irréversible de la mort. Le mineur devra se « trouver dans une situation médicale sans issue entraînant le décès à brève échéance », confronté à une « souffrance physique constante et insupportable qui ne peut être apaisée et qui résulte d’une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable ». L’accord des parents est bien sûr indispensable.

A l'origine de ce projet de loi, le sénateur socialiste Philippe Mahoux, ancien médecin, estime que le texte "a une nature humaniste".  "Il s'agit de prendre en compte la souffrance" des patients, quel que soit leur âge. "Ce qui est scandaleux, c'est la maladie et la mort des enfants", pas la loi sur l'euthanasie.

« Il n’est pas question d’imposer l’euthanasie à qui que ce soit, à aucun enfant, à aucune famille, mais de permettre le choix de l’enfant de ne pas s’éterniser dans la souffrance », a affirmé Karine Lalieux, députée socialiste.

 

Le respect du libre arbitre

 

Cette loi complète donc celle pour les adultes de 2002. Contrairement à ce qu’insinuent les détracteurs du droit de mourir dans la dignité et la sérénité, le texte n’autorise aucune dérive plus ou moins eugénique. C’est l’argumentation constante des Hutin d’Ouest-France : ce serait un danger pour les plus vulnérables comme ils disent. Les conditions sont très strictes, détaillées dans un site officiel. L’euthanasie ne peut être pratiquée qu’à la demande expresse du patient au moment où il est encore en état d'exprimer sa volonté actuelle de mourir. Encore faut-il que  le patient se trouve dans une situation médicale sans issue ; que la souffrance physique et/ou psychique soit constante, insupportable et inapaisable. Une demande anticipée peut être formulée pour faire face aux cas de patients qui, tel Vincent Lambert, se retrouveraient dans un état de conscience minimal. Aucun médecin n’est obligé de pratiquer l’euthanasie.

 

Incomprise à l'étranger ou peu utile selon certains, cette nouvelle loi n'en est pas moins remarquable et d'une grande modernité, observe De Morgen. Le quotidien flamand retrace le cheminement de la Belgique qui, de tradition chrétienne, est devenue au fil des ans une pionnière en matière d'éthique. "Il ne s'agit pas d'un long glissement vers une conception toujours plus laxiste et sans scrupules de la fin de vie, prévient le journal. Au contraire : en dix ans de pratique de l'euthanasie, on ne recense pas un seul cas d'abus." "Ce pays a beau être économiquement de droite dans le Nord et de gauche dans le Sud, quand il s'agit d'une question éthique il apparaît clairement que la déchristianisation est définitive et que le respect du libre arbitre règne.[...] Et de cela, nous pouvons être tous fiers." (Courrier International)

 

Avec 12 ans de retard, allons-nous au moins suivre l’exemple des belges : ouvrir un nouveau droit pour les adultes ? ou bien, subir des reculades devant le terrorisme verbal des cagots ?

 

 

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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 16:24
Œcuménisme de l’obscurantisme : intégristes musulmans et cathos contre l’école publique !

Farida Belghoul et Christine Boutin, unies dans la stupidité, crient haro sur une prétendue « théorie du genre ». Un texto totalement  délirant a convaincu des mères de ne pas envoyer leurs enfants à l’école car on y enseignerait la masturbation ! Mais cette crédulité inquiétante, qui montre le degré de défiance de certaines familles envers l’école publique, a pour terreau des affirmations mensongères de prélats, représentants de l’enseignement catholique relayés, entre autres, par la famille Hutin d’Ouest-France, 1er quotidien de France.

 

La dernière de Boutin : « … on parle du côté du gouvernement de "stratégie provisoire d'avancement à potentialité différée". » Or, faisant preuve d’une bêtise à potentialité instantanée, elle a pris pour une citation authentique un touitte d’un site parodique, Le Gorafi. Quant à F. Belghoul, ex-passionaria d’une deuxième marche (ratée) pour l’égalité, outre sa chasse aux agents démoniaques, elle affiche un délire antisémite – accusant l’union des étudiants juifs d’avoir inoculé le rap dans les quartiers – qui fait un peu douter de sa santé mentale. A trop crier au diable, ne serait-ce pas elle la possédée ?

 

Faut-il rappeler que c’est Luc Chatel, Ministre de l’éducation nationale sous Sarko, qui, en 2011, a essuyé les plâtres, si l’on peut dire, de l’offensive sur la prétendue théorie du genre qui nourrit les fantasmes de Mmes Boutin et Belghoul ? Offensive menée par l’épiscopat lui-même et par la direction de l’enseignement catholique. Offensive mensongère qui prétendait que Les nouveaux programmes de SVT (Sciences et Vie de la Terre) des Premières ES et L font référence à la « théorie du genre ».

La droite populiste UMP, avec l’impayable LioNNel Luca, a embrayé sur le thème, toujours en 2011. « Ce qui est grave, c’est que cette théorie, sous couvert de reconnaître différentes identités sexuelles, veut légitimer à terme la pédophilie, voire la zoophilie… » Dans l’outrance, on le voit, Luca ouvrait la voie à Belghoul. Comme Ludivine de la Rochère et ses émules qui dès la rentrée 2013 mettaient sur pied des comités de vigilance pour veiller  avec les parents d'élèves, aux messages véhiculés dans les écoles et les crèches. Double paradoxe, la très bigote de la Rochère – ex chargée de communication de l’épiscopat – s’est fait brûler la politesse par une islamo-antisémite et qui ne met même pas ses propres enfants à l’école !

Semaine après semaine, les très cathos Hutin père et fille, avec un ton patelin pour le premier, le samedi, et très prêchi-prêcha pour l’autre, le dimanche, instillent leur dogme à longueur d’éditos sur Ouest-France. Ainsi, papa, samedi 1er février, après une condamnation de principe de la manif de la haine du dimanche précédent – extrémisme qui existe dans toute société – s’en prend aux responsables politiques, entendez socialistes, qui ne semblent pas se rendre compte de leur suffisance. Car, rendez-vous compte, ils osent s’attaquer aux stéréotypes. Or « Chasser les stéréotypes et changer brusquement les mœurs traditionnelles ne peuvent qu’inquiéter » pour M. Hutin.

Il reste cependant et prudemment dans le flou concernant les fameux stéréotypes. Car, ce qui est visé par les cagots, c’est le combat pour l’égalité filles-garçons à l’école. Et les prétendus mœurs traditionnelles chères au patron d’Ouest-France sont celles qui prônent le rôle subalterne de la femme.

Œcuménisme de l’obscurantisme : intégristes musulmans et cathos contre l’école publique !

Le fameux ABCD de l’égalité – cause des délires de la dame Belghoul – se propose, scandale suprême, de tenter de traduire dans le concret le mot égalité souvent gravé au fronton de nos écoles communales. Serait-ce faire preuve de suffisance que de rappeler que « C'est la mission du système éducatif de faire réussir chacun et chacune, fille ou garçon, de la maternelle à l'enseignement supérieur. Cette réussite implique que les valeurs humanistes d'égalité et de respect entre les femmes et les hommes soient transmises et comprises dès le plus jeune âge. » (V. Peillon).

 

Marie-Christine TOCZEK (colloqué d'Education & Devenir 25-01-14)

Marie-Christine TOCZEK (colloqué d'Education & Devenir 25-01-14)

Tâche rude. Car les stéréotypes sont ancrés dans le système éducatif même. Aux garçons, les filières conduisant au pouvoir, aux affaires et à la maîtrise de l’environnement ; aux filles, les filières plus relationnelles, les métiers de l’éducation, du social et de la santé. Ainsi se trouve maintenue, malgré les progrès scolaires des filles, la hiérarchie entre les sexes. Tout se passe comme si dans notre système scolaire, il existait une division sexuée des disciplines scolaires et des filières : les sciences et les techniques sont plutôt territoire masculin et les lettres territoire féminin. (Ludovic Morge, Marie-Christine Toczek).

Avec ce type d’étude de genre, on est loin, on le constate, des fantasmes, assez obscènes au demeurant, de la dame Belghoul sur la transsexualité enseignée aux gamins de maternelle. Car au-delà des folkloriques stéréotypes – filles et poupées, garçons et petites voitures – chers à papa Hutin, ces études analysent les mécanismes masqués qui, au sein de l’école, perpétuent les inégalités femme/homme.

Œcuménisme de l’obscurantisme : intégristes musulmans et cathos contre l’école publique !
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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 14:46
BONNE ANNEE 2014

L’an foiré, a titré Libé du 31/12, en bilan de 2013 !

2014 promet d’être une rude année. La famille Hutin d'Ouest-France – père et fille – nous rappelle dans ses éditos les futurs champs de bataille des cagots anti-mariage pour tous. Les études de genre, entendez les efforts éducatifs menés pour une véritable égalité femme-homme. Encore et surtout, le droit de mourir dans la dignité. Et l’Espagne est là pour nous rappeler que quand ces cagots prennent le pouvoir, ils sont prêts à fouler au pied le droit des femmes à disposer de leur corps, en supprimant totalement ou presque l’IVG !

 

Faut-il parler aussi d’échéances électorales, comme les municipales ? Comment ne pas nous souhaiter, à nous Luçonnais, d’être débarrassés d’un petit hiérarque UMPiste qui joue son « Copé » d’évêché crotté ?

Souhaiter encore que les vagues populistes des deux bords ne noient pas la construction européenne qui, toute imparfaite qu’elle soit, a créé un espace paix, de largement plus d'un demi-siècle, dans ce bout de continent eurasiatique.

 

Que 2014 apporte à chacune et à chacun, au-delà des luttes militantes, toutes les joies personnelles possibles.

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22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 22:08

« L'homme ne sera jamais immortel ; mais finir n'est rien, quand on est sûr que l'œuvre à laquelle on s'est dévoué sera continuée ; ce qui est honteux, c'est la souffrance, la laideur, l'affaiblissement successif, la lâcheté qui fait disputer à la mort des bouts de chandelle quand on a été flambeau. »  

Voilà ce qu’écrivait Ernest Renan en 1878, qui pensait que « les recherches [qu’il a] commencées sur une science qui s'appellera l'« euthanasie » mettront l'homme au-dessus de la plus triste servitude, la servitude de la mort. » Car, comme nous le rappelle l’étymologie, le beau mot d’euthanasie veut dire « mort douce et facile ».

Le doux mot d’euthanasie

Une fois de plus, dans son édito dominical,  Jeanne-Emmanuelle Hutin, soutien sans faille des anti-mariage pour tous, profite de sa position dans le premier journal de France (Ouest-France) pour tenter d’imposer le point de vue obtus des cagots.

 

Combien de personnes ont connu des drames de proches frappés d’une affection accidentelle ou pathologique grave, invalidante et souvent incurable, infligeant une souffrance physique ou psychique constante et inapaisable ? Quelle cruauté, quel cynisme même, d’oser écrire à l’encontre de ceux qui n’aspirent qu’à une mort dans la dignité, ce  ta vie – de souffrance et de désespoir – vaut mieux que l’euthanasie – c’est-à-dire une fin voulue, hors de la souffrance dégradante. Souvenons-nous des derniers mots de Kafka, transi de douleur, à son médecin : «Tuez-moi, sans quoi c’est un assassinat

 

« De quel droit empêcher une personne n’ayant plus de charges, en règle avec le fisc, ayant travaillé toutes les années voulues et ayant exercé des activités de bénévolat, de quel droit la contraindre à des pratiques cruelles quand on veut quitter la vie ? » ont écrit Georgette et Bernard Cazes qui se sont donnés la mort à 86 ans !

Faut-il aussi rappeler le philosophe André Gorz et son épouse Dorine, atteinte d’une maladie incurable, qui mirent fin à leurs jours à 84 et 83 ans, en septembre 2007 « Nous aimerions chacun ne pas survivre à la mort de l'autre. Nous nous sommes dit que si, par impossible, nous avions une seconde vie, nous voudrions la passer ensemble. ». Et encore Roger Quillot que son épouse Claire, réanimée, rejoindra dans un nouveau suicide.

 

"La possibilité de se suicider par assistance médicale comme l'aide au suicide constitue, à nos yeux, un droit légitime du patient en fin de vie ou souffrant d'une pathologie irréversible, reposant avant tout sur son consentement éclairé et sa pleine conscience".

Voilà ce qu’écrivent les citoyens qui ont formé le panel réfléchissant sur ce thème. Ils préconisent aussi ce qu’ils appellent une "exception d'euthanasie" dans le cas précis où une personne en fin de vie ne serait pas en mesure d'exprimer sa volonté cela sur décision commune de la famille et du corps médical.

On est bien loin de l’épouvantail agité par les adversaires du droit de mourir dans la dignité d’un risque d’une sorte d’eugénisme.

 

Pourquoi faut-il alors, une fois de plus, qu’un nouveau droit, qui ne s’impose à personne, soit contrebattu avec des arguments d’une honnêteté intellectuelle douteuse. Car en quoi ces propositions disent-elles à des personnes vulnérables qu’elles sont inutiles et coûteuses ? La caricature mensongère de cette assertion pollue le débat démocratique.

 

Un nouveau droit

Car il s’agit bien, là encore, comme pour le mariage pour tous, comme pour l’IVG et, avant, comme pour la contraception ou le divorce, d’instaurer un nouveau droit.

Droit dont certains, pour des raisons des plus respectables, ne veulent pas user. Nul couple catholique n’est forcé de divorcer, ni d’utiliser un moyen de contraception autre que la méthode Ogino. Pour autant, il n’a pas à imposer sa conception aux autres. Le droit de mourir dans la dignité sera le plus souvent le recours aux soins palliatifs qui, heureusement, se développent. Le choix ultime, qui requiert d’ailleurs une force morale extrême, du suicide assisté restera exceptionnel.

 

Quant à l’exception d’euthanasie, quand un de vos proches est réduit à l’état végétatif, maintenu dans une fausse vie totalement artificielle, avec la fin de l’acharnement thérapeutique, elle lui assurera une mort douce ce que ne garantit pas l’interruption de l’alimentation et/ou respiration forcée.

Un acte de charité, en quelque sorte.

La dernière lettre d'Anne Bert, euthanasiée en Belgique

"Je m’appelle Anne Bert, j’ai 59 ans et suis atteinte depuis deux ans de la sclérose latérale amyotrophique, dite aussi maladie de Charcot ou SLA. Maladie neuro-dégénérative incurable et mortelle à très brève échéance, qui emmure dans son corps  et paralyse progressivement tous les muscles jusqu’à l’asphyxie et la mort. La France nous interdit, en phase terminale ou face à l’inguérissable et aux souffrances insupportables, de bénéficier du droit à choisir l’euthanasie ou le suicide assisté, elle a préféré l’hypocrisie de la loi Leonetti qui ne garantie même pas le respect de nos directives.

Pour ma part, j’ai biaisé la violence de l’injonction de souffrir ce que l’on m'impose dans notre pays. C’est hors frontières et en femme libre jusqu’au geste létal et légal, qu’il sera mit un terme à l’horreur et aux tortures physiques et morales de mon emprisonnement, avec l’aide de médecins volontaires et humanistes. Ce choix si difficile rendu possible apaise mes derniers mois à vivre durant lesquels je n’ai cessé d’interpeller le gouvernement et les responsables politiques.

Ma vie s’achève, alors, pour clore ma contribution à cette lutte, avec la certitude que la littérature interroge et construit nos sociétés, j’ai tenu à écrire un livre intitulé Le tout dernier été*, pour dire autrement, sous le prisme du goût de la vie, comment je me suis réappropriée ma vision de la mort, bien au-delà du tabou de la fin de vie.

 

La ministre de la Santé m’a confirmé qu’elle ne veut pas rouvrir le débat sur le droit à choisir l’euthanasie en cas de maladie incurable ou en phase terminale. Lorsque ceux qui gouvernent la France ou exercent un pouvoir, nient la réalité sur une question fondamentale de la vie, alors les Français doivent œuvrer pour se faire entendre.

Je m’adresse donc à vous, citoyens libres d’une France démocratique laïque, je suis sûre que vous prendrez le relais de ce combat pour qu’advienne cette loi française qui doit garantir à tous la liberté de choisir en son âme et conscience les soins palliatifs ou l’aide active à mourir.  

Nous sommes tous concernés par la fin de vie et la mort, parfois beaucoup trop tôt. Penser la mort ne fait pas mourir, elle est inscrite dans notre existence. En faire un tabou nous soumet à la tutelle de la loi Leonetti et  à celle du corps médical, qui nous trompent puisque même la sédation profonde et continue peut nous être refusée malgré nos directives et la désignation d’une personne de confiance.

Vous êtes plus de 90%* à vous déclarer favorables au droit de choisir une aide active à mourir, dans un cadre strictement contrôlé. Près de 200.000 d’entre vous ont signé les pétitions mises en ligne depuis peu. Ce qui ne veut pas dire que vous aurez tous recours à l’euthanasie en fin de vie, vous réclamez simplement de pouvoir opter - lorsqu’il n’y a plus d’espoir de guérison – soit pour des soins palliatifs absolument conformes à vos directives, soit pour une aide active à mourir. Ce droit est basé sur les valeurs de la laïcité, comme il existe en Belgique depuis 2002. Il ne nuit pas à la liberté des croyants de toutes confessions, qui  peuvent choisir de vivre leur agonie jusqu’au bout.

 

Alors dites-le. Autour de vous, chez votre médecin, sur les réseaux sociaux et dans la rue s’il le faut pour y contrer une minorité obscurantiste, bruyante, qui se veut dominante. Réveillez les consciences sourdes ou endormies de nos dirigeants puisqu’ils vous confisquent le débat public sur cette évolution sociétale à disposer de vous-même jusqu’à votre mort.

N’acceptez plus que ceux qui sont aux responsabilités, cachés derrière la loi Léonetti, vous assènent sans vergogne et de concert avec certains médecins, sociologues et philosophes, des contrevérités au sujet de l’euthanasie. Ils tronquent la réalité, alimentent de leurs fantasmes la peur de légiférer sur le droit de choisir une aide médicale active.

Refusez le joug religieux qui entend soumette tous les français à la crainte de la loi de dieu, n’acceptez pas plus que des médecins refusent de vous rendre le pouvoir qu’ils détiennent sur la fin de votre existence.

Forte de mon expérience de fin de vie en France et de mon choix de trouver une terre plus hospitalière, je déjoue les arguments fallacieux et les fantasmes serinés un peu partout.

Non, la loi française n’assure pas au malade son autodétermination et elle n’est pas garante d’équité. Chaque équipe médicale agit, in fine, selon ses propres convictions et non selon les vôtres.

Non, la sédation profonde et censée être continue ne l’est pas, car fréquemment le médecin  réveille l’agonisant pour lui redemander s’il persiste dans son choix, ce qui est contraire à la loi Leonetti.

Non, l’euthanasie ne relève pas de l’eugénisme, ce sont les Allemands nazis qui en ont fait en temps de guerre leur instrument diabolique et ont dénaturé ce mot grec.

 

Non, la loi belge n’oblige pas le corps médical à la pratiquer et ce ne sont jamais les médecins belges qui décident d’euthanasier leurs patients. Seul le patient peut exprimer ce choix et doit trouver le docteur qui l’acceptera.

Non, la loi belge sur l’euthanasie n’a pas encouragé les spoliations d’héritage ni la liquidation des personnes âgées. Elle n’est pas non plus une solution d’ordre économique.

Non, elle n’a pas encouragé les malades à choisir cette porte de sortie - qui n’est jamais facilité - puisque seuls 2% des malades en fin de vie la choisissent.

Non, elle n’a pas non plus favorisé une multitude de dérives. Bien au contraire, la loi belge a balisé strictement l’aide active à mourir alors que près de 2 000 actes d’euthanasie clandestine- donc de facto criminels-  sont pratiqués en France sans aucun contrôle, de façon notoire.

Non, le procédé létal n’est pas violent.

 

Non, le droit à l’euthanasie ne s’oppose pas aux soins palliatifs.

Et enfin non, je ne suis pas un cas particulier et exceptionnel. Légiférer sur l’euthanasie n’est pas répondre à l’individuel, mais bien à une volonté collective de pouvoir choisir en son âme et conscience ce que l’on veut faire des derniers instants de sa vie.

Les médecins français  et quelques psychologues messianiques ne sont pas plus experts que leurs malades. Personne n’est plus à même que le malade incurable de décider de sa mort.

Nos gouvernants affirment ne pas entendre notre volonté à légiférer sur le droit à choisir une aide active à mourir?

Exigez, sans attendre, un débat public. Et en attendant cette loi qui se fera, rédigez tous vos directives anticipées dès maintenant en stipulant que vous réclamez ce droit en cas de souffrances inguérissables."

Anne Bert

 

* Bioéthique : PMA, GPA, euthanasie...

 

Voir aussi :

Attali, l’euthanasie et Magnat

 

 

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23 août 2013 5 23 /08 /août /2013 08:09

Sujets récurrents et chiffres mensongers* : la fameuse baisse de niveau qui n’atteint jamais l’étiage qui va se conjuguer en élèves de 6e qui ne savent plus lire ni écrire, en bacs bradés et en universités poubelles…

 

* Un exemple quasi caricatural de ces chiffres en est donné par Caroline Brizard du Nel Obs : dans un article sur le bac, elle osait comparer le pourcentage de bacheliers par rapport à une classe d'âge en 1936 (3%) avec celui des reçus par rapport aux candidats en 2007 (83%), ce qui n'a aucun sens.

Point de vue, Yves Mény Ouest-France 22 août 2013

Point de vue, Yves Mény Ouest-France 22 août 2013

Les 50 % d’échecs en 1ère année d’Université  souvent mis en avant se transforment sous la plume de M. Y. Mény, politologue, en « quasiment une moitié des effectifs initiaux » qui « quitte les bancs de l’enseignement supérieur sans diplôme » « deux ans après ». (Ouest-France 23/08/13).

 

Contre vérité flagrante !

 

Certes seulement 52% des bacheliers inscrits en 1ère année de licence (L1) se retrouvent en L2 l’année suivante. Mais comme le rappelait le sénateur UMP, C. Demuynck, dans un rapport sur le décrochage à l’université (2011)*, "les taux d'échec, souvent soulignés, de fin de première année de licence universitaire occultent souvent une réalité bien plus positive de notre enseignement supérieur. Huit jeunes Français sur dix qui s'inscrivent dans l'une de nos formations du supérieur en sortent avec un diplôme". Et il affirmait que "la France fait partie des 'bons élèves' de l'OCDE notamment grâce à la diversité de son système, sa quasi gratuité dans de nombreux cas, son système de bourses, ses possibilités de réorientation des études longues vers les courtes."

 

M. Mény commet donc une lourde erreur en confondant taux d’échecs en L1 et taux de décrochage au bout de deux ans, en oubliant donc que, outre les fumistes qui traînent un peu en cours de route, beaucoup d’étudiants travaillent pour survivre, donc certains font les parcours de la Licence, non pas en 3 mais en 4, 5 voire 6 ans. D’autres vont se réorienter (BTS en alternance par exemple).

Une analyse honnête devrait aussi porter sur les bacs d’origine : les bacs généraux, bien qu’écrémés par les classes préparatoires et colonisant un peu les BTS (20 %) et surtout les IUT (60 %), ont un taux de réussite bien supérieur à 50 % ! Les échecs et les décrochages frappent donc essentiellement les bacs technos et surtout les bacs pros égarés à l’université.

 

Mais le politologue ne sort son chiffre inventé de toute pièce que pour attaquer la gratuité – relative – de l’université et la non sélection à l’entrée.

Du mensonge au service d’une idéologie !

 

* On ne soupçonnera pas ce sénateur (à l’époque) UMP d’être un affreux pédagogo comme disait élégamment J. Julliard, cependant il prône dans son rapport plus de « pédagogie » à l’Université !

Photo UNEF (université du Maine Le Mans)

Photo UNEF (université du Maine Le Mans)

En guise de commentaire, une lettre de lecteur à Ouest-France (non parue, évidemment) de J.-P. Landais

Outre les citations de l’ami GG (voir « commentaire »), j’ai reçu copie de ce courrier à Ouest-France de mon éminent collègue Jean-Pierre Landais qui, retraité actif, fait vivre l’Huma-café à Nantes. Inutile de dire que le social-démocrate, cédétiste, que je suis,  ne partage pas entièrement le point de vue conclusif de J-P Landais, même s’il revendique aussi une véritable école pour tous.

 

N.B.  Texte en gras, liens et note sont de mon fait.

« TOUS CAPABLES ! » le vrai débat !

 

Dans un Point de vue publié dans Ouest-France (22 mai), intitulé « Universités : le grand malentendu », Jean-Pascal GAYANT Professeur de Sciences Economiques à l’Université du Mans, réchauffe, pour résumer, le plat ancien de l’intelligence abstraite opposée à l’intelligence manuelle. On aurait pu attendre d’un universitaire de renom et ancien vice-président d’une université, dans laquelle il a accompli sa carrière depuis 1998, davantage de clairvoyance et de retenue.

 

Expliquer, en quelque sorte, l’échec massif en 1ère année par une organisation « absurde », qui laisse entrer des bacheliers « venus là par défaut », faute d’admission dans les filières sélectives (classes Prépas, BTS et autres),  « peu à même de profiter [d’] enseignements abstraits … loin des compétences concrètes requises dans les métiers moyennement qualifiés » … « constituant ainsi une fraction non négligeable d’étudiants [qui n’a pas] le bagage intellectuel suffisant pour suivre les cours », face à des enseignants qui «  ne parlent pas la même langue », est selon moi, d’une grande exagération.

 

Pour les avoir gérées, je considère, en ce qui concerne les filières courtes (BTS) qu’elles ne sont sélectives que parce que les places y manquent et non parce qu’elles seraient plus « faciles ». Quant au Classes Prépas, j’en ai ouvert, pendant cinq années, le recrutement bien au-delà des limites habituelles ou permises, sans diminuer leur efficacité en terme de réussite.

 

Mieux encore, y aurait-il une marée de bacheliers professionnels qui menaceraient les chevilles des universitaires ? Si le propos laisse planer le doute – il n’existe ni statistiques, ni analyse affinée par discipline – il y a là au moins prévention de stigmatisation !

 

Rien ne permet d’affirmer que Jean-Pascal Gayant n’est pas progressiste, mais laisser entendre que la seule solution soit « l’orientation sélective » en vue de placer « chaque étudiant face aux enseignants les plus aptes à les faire progresser et réussir » reste quand même parfaitement rétrograde, d’autant plus que rien n’est dit ni des étudiants (tous types de baccalauréat ?), ni des filières d’accueil, ni des enseignants (enseignants-chercheurs uniquement ?), ni des conditions sociales qui font par exemple que de très nombreux étudiants (50% ?) travaillent pour subvenir à leurs besoins.

Echecs à l’université : une contre-vérité flagrante !

Et pour poursuivre sur le débat actuel sur l’Université, faut-il se résumer à la seule question de l’Anglais comme langue d’enseignement ?

 

En pleine médiatisation du rapport de la Cour des Comptes, qui porte alors bien son nom et au moment où Vincent Peillon – qui s’en félicite ! - propose une refondation  bien peu inventive dont la question des rythmes scolaires a constitué un formidable rideau de fumée, les différentes interventions ramènent toutes à la stratégie de Lisbonne (2000).

 

L’heure n’est pas à « moins d’école » mais au contraire à « plus d’école », une école obligatoire de 3 à 18 ans, une refonte des contenus, une avant-dernière ou une dernière année de lycée de « détermination » universitaire ou professionnelle … et pour couronner le tout une amélioration substantielle  du système universitaire.

Laissons « L’Ecole Libératrice » à son niveau, fort respectable d’ailleurs, des années 50, celui du Certificat d’Etudes Primaires, faisons pour de bon un sort à « L’Egalité des Chances », miroir inversé de la méritocratie libérale !

 

Des champs nouveaux peuvent s’ouvrir, les bases théoriques et pédagogiques en sont déjà opérationnelles (GRDS, ESCOL, GRFDE, réseaux divers de recherche et de proposition*).

 

Ne ratons pas le défi d’élévation générale du niveau de connaissances !

Un projet pour l’Ecole, c’est un projet de société, ne passons pas à côté !

 

Jean-Pierre LANDAIS

Proviseur honoraire (au Mans, 1991-1999: Lycées Le Mans Sud et Montesquieu)

Commandeur de l’Ordre National des Palmes Académiques

 

* Par exemple, Education & Devenir, CRAP (cahiers pédagogiques)

 

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14 juillet 2013 7 14 /07 /juillet /2013 21:47
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Lettre ouverte à Mme Hutin

 

Dans votre dernier édito vous osez écrire « vote à la sauvette » à propos d’une proposition de loi des radicaux de gauche, votée en décembre 2012 par le Sénat, et dont l’examen par l’Assemblée nationale en mars dernier a été, si j’en crois Le Figaro, torpillé par le groupe UMP.

 

Contrairement à ce que vous affirmez, la procédure prévue par l’article 46 de la loi du 7 juillet 2011 a été respectée… de manière anticipée.

En effet, la loi de 2004, qui interdisait toute recherche scientifique sur les « embryons » conçus par FIV… sauf dérogations, devait être révisée au bout de cinq ans.

Donc en 2009, des Etats généraux de la bioétique se sont conclus à Marseille. Le comité national d’éthique a rendu un rapport en 2010. Et toutes les instances prévues ultérieurement ont donné leur avis.

Avis, comme le rappelle D. Oriac dans son propre rapport sur la proposition de loi, majoritairement favorables à l’autorisation. Ce dont n’a pas tenu compte la majorité de l’époque puisque la loi de 2011 n’apporte aucun changement (interdiction avec dérogations).

 

Avis du comité national d’éthique qui aurait mérité que vous les consultiez.

 

Le rapport de 2010 rappelle qu’il s’agit uniquement de fécondation in vitro (FIV). Que cette FIV transgresse la sacro-sainte « loi naturelle » en dissociant procréation et sexualité.

 

Il rappelle aussi qu’il y a maintenant plus de vingt-cinq ans a été prise la décision de destruction des pré-embryons FIV surnuméraires.

Sans entrer dans des détails techniques, des pré-embryons sont obtenus par la fécondation in vitro ; si les spermatozoïdes sont obtenus sans grande difficulté technique, il n’en est pas de même des ovocytes : leur prélèvement est techniquement délicat ; les pré-embryons obtenus ne sont implantables qu’au bout d’un certain délai : vu le risque d’échecs lors de cette implantation et la difficulté de prélever des ovocytes, ils sont donc produits en surnombre, d’autres sont aussi mis en attente d’un projet parental différé ; donc projets de maternité réussis ou abandonnés, beaucoup de ces pré-embryons (ou si l’on préfère, embryons bloqués au stade pré-implantatoire) sont devenus surnuméraires, c’est-à-dire en trop.

 

Cet avis resitue clairement cette « personne humaine potentielle » que serait l’embryon FIV en affirmant que cela n’a de sens que par  « l’existence et la persistance de ce lien humain » qui est « inscrit dans le désir et le projet d’avoir un enfant du couple qui demande sa création. » Autrement dit, le pré-embryon FIV n’est pas consubstantiellement personne humaine potentielle. Ce qu’affirment clairement les États Généraux de la Bioéthique : «Nous citoyens considérons qu’il faudrait donner un statut protecteur à l’embryon, dans le cadre d’un projet parental, au nom du principe de non instrumentalisation de l’enfant à naître. L’embryon ne devrait avoir un statut de personne en devenir qu’à partir du moment où il s’inscrirait dans un projet parental. C’est ce projet qui confère un statut à l’embryon, et ainsi le définit. L’absence de projet parental annule ce statut donné à l’embryon.»

 

Ce n’est que bien après la décision de détruire les embryons surnuméraires «que les cellules souches humaines d’origine embryonnaire ont été identifiées, ont pu être isolées, et sont soudainement devenues d’un intérêt scientifique majeur pour toute une série de domaines de la recherche biomédicale, ce qui a conduit à envisager de considérer les embryons humains comme une source potentielle de cellules souches pour la recherche biomédicale et la médecine ». « Et c’est au début de notre développement embryonnaire que nos cellules souches possèdent leur plus grand potentiel de fécondité, et leur plus grand potentiel de diversification, donnant progressivement naissance aux plus de deux cent familles de cellules différentes qui composeront notre corps. »

 

« Il y a au moins deux grandes questions d’ordre scientifique concernant les cellules souches :

La première concerne la nature des mécanismes moléculaires qui sous-tendent leur capacité à donner naissance à d’autres cellules souches identiques, c’est-à-dire leur capacité de renouvellement.

Une seconde question concerne la nature des mécanismes moléculaires qui sous-tendent leur plasticité, leur répertoire, c’est-à-dire la diversité des familles de cellules auxquelles elles peuvent donner naissance. »

 

La loi adoptée est d’ailleurs des plus timides puisqu‘elle propose de substituer à une interdiction de principe, assortie de dérogations, une autorisation de principe assortie de limitations.

 

Laissons la conclusion au Comité national d’éthique : «Les exigences éthiques ne peuvent pas toujours être formulées en termes "d'absolus" de caractère dogmatique.»

 

PS1 Faut-il dire que cet édito s'inscrit dans le droit fil des attaques des  bigot-e-s ?

 

PS2 Si l'on en croit Le Figaro : "Au sein même de l'UMP, l'opposition à la recherche sur l'embryon ne fait pas l'unanimité. Elle n'est d'ailleurs que relativement récente. Début 2002, Roger-Gérard Schwartzenberg, alors ministre de Lionel Jospin, avait obtenu l'adhésion d'une grande partie du RPR: plusieurs ténors de droite comme François Fillon, Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy ou encore Christian Jacob avaient voté en première lecture en faveur d'une autorisation encadrée. Mais l'alternance consécutive à la réélection de Jacques Chirac avait empêché l'adoption définitive du texte."

 

 

D. Oriac, rapporteuse de la loi (cliquer pour agrandir)

D. Oriac, rapporteuse de la loi (cliquer pour agrandir)

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20 juin 2013 4 20 /06 /juin /2013 13:52
Propagande pré-électorale

Propagande pré-électorale

Ouest-France, 1er quotidien de France, n’est certes pas un brûlot de gauche. Mais, héritier du personnalisme chrétien, il se garde de prises de positions trop nettement partisanes. Si les localiers, soumis à la pression, font preuve parfois de complaisance à l’égard d’une majorité municipale, les journalistes professionnels affichent une certaine impartialité.

D’où surprise et colère quand arrive un supplément gratuit consacré à Luçon et intitulé “la ville se dévoile”. Pas de révélations sur la vie secrète de l’évêché ni de plongées dans de chaudes soirées bourgeoises. Non, une propagande éhontée pour le maire sortant et ses séïdes. Les participants à cette opération ne sont mentionnés qu’à la fin : aucun n’a eu le courage de signer, notamment les interviews.

Abonné par portage, j’ai eu droit à un supplément sur Luçon. Lecture faite, plutôt qu’“offert par votre journal”, il eût été plus honnête d’écrire “publi reportage pré-électoral”.

 

On ose espèrer que le très complaisant interview du maire sortant a été livré bon à tirer par le service propagande de M. Perrier. Un caméléon*, ce Maire, qui prend des accents quasi mélenchonniens : « L’humain d’abord » proclame le programme du Front de gauche, « remettre l’homme au centre de la ville » prétend P.G. Perrier. Qui oublie que 1er adjoint puis maire, il n’est pas étranger au fait que « l’homme n’a plus la place qu’il devrait avoir au centre-ville ». Qui a supprimé par exemple un passage piéton évident entre une venelle et un passage protégé sur la Place des acacias ? Qui pille sans vergogne d’ailleurs le programme de ses concurrents aux élections précédentes qui avait prévu un espace "10 km-h" avec priorité aux piétons et aux cyclistes Place Richelieu.

Trombinoscope umpiste

Trombinoscope umpiste

Mais le publi-reportage pré-électoral se poursuit, puisqu’on a droit successivement, après celle du maire à la trombine de ses adjoint-e-s, D. Gachet, D. Bonnin, Y. Thibaut et F. Parpaillon. Mmes Thibaud et Parpaillon bénéficient aussi d’un entretien, aux questions d’une étonnante pugnacité style « La maison de santé était-elle indispensable ? » ou « Un petit mot de la saison [culturelle] à venir ? »

 

Et pour faire bon poids, une page de pub sur les subventions aux assos (sic).

 

Un gigantesque projet pour faire rêver les gogos aurait manqué à cette propagande. La dernière fois c’était le séminaire miraculeusement transformé en hôtel quatre étoiles créateur d’emplois. La fois d’avant c’était la résurrection du port : Luçon port de plaisance. Eh bien ce port ressert, mais du coup pour une piscine « pour plus de 100 000 personnes ». En fait, si on lit l’article 120 000 ! L’adjoint  qui fait part de ce projet oublie de rappeler que la municipalité luçonnaise avait déjà proposé un terrain… complétement pourri. Et que, si piscine il y avait, elle serait financée et gérée par la communauté de communes du « Pays né de la mer » qui n’a, sauf erreur, encore pris aucune décision. Espérons que cette piscine ne soit pas un mirage !

 

La presse écrite est en difficulté. Ce publi-reportage est sans doute un moyen de faire rentrer de l’argent. Mais par son côté outrageusement propagandiste, il risque de ternir l’image d’Ouest-France.

 

* Le personnage, secrétaire départemental de l’UMP, ne craint pas de jouer le maire quasi apolitique en osant accuser le porte-parole de l’opposition, non encarté, de manœuvres politiciennes. Est-il copéiste ? en tout cas il en a le cynisme.

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