Farida Belghoul et Christine Boutin, unies dans la stupidité, crient haro sur une prétendue « théorie du genre ». Un texto totalement délirant a convaincu des mères de ne pas envoyer leurs enfants à l’école car on y enseignerait la masturbation ! Mais cette crédulité inquiétante, qui montre le degré de défiance de certaines familles envers l’école publique, a pour terreau des affirmations mensongères de prélats, représentants de l’enseignement catholique relayés, entre autres, par la famille Hutin d’Ouest-France, 1er quotidien de France.
La dernière de Boutin : « … on parle du côté du gouvernement de "stratégie provisoire d'avancement à potentialité différée". » Or, faisant preuve d’une bêtise à potentialité instantanée, elle a pris pour une citation authentique un touitte d’un site parodique, Le Gorafi. Quant à F. Belghoul, ex-passionaria d’une deuxième marche (ratée) pour l’égalité, outre sa chasse aux agents démoniaques, elle affiche un délire antisémite – accusant l’union des étudiants juifs d’avoir inoculé le rap dans les quartiers – qui fait un peu douter de sa santé mentale. A trop crier au diable, ne serait-ce pas elle la possédée ?
Faut-il rappeler que c’est Luc Chatel, Ministre de l’éducation nationale sous Sarko, qui, en 2011, a essuyé les plâtres, si l’on peut dire, de l’offensive sur la prétendue théorie du genre qui nourrit les fantasmes de Mmes Boutin et Belghoul ? Offensive menée par l’épiscopat lui-même et par la direction de l’enseignement catholique. Offensive mensongère qui prétendait que Les nouveaux programmes de SVT (Sciences et Vie de la Terre) des Premières ES et L font référence à la « théorie du genre ».
La droite populiste UMP, avec l’impayable LioNNel Luca, a embrayé sur le thème, toujours en 2011. « Ce qui est grave, c’est que cette théorie, sous couvert de reconnaître différentes identités sexuelles, veut légitimer à terme la pédophilie, voire la zoophilie… » Dans l’outrance, on le voit, Luca ouvrait la voie à Belghoul. Comme Ludivine de la Rochère et ses émules qui dès la rentrée 2013 mettaient sur pied des comités de vigilance pour veiller avec les parents d'élèves, aux messages véhiculés dans les écoles et les crèches. Double paradoxe, la très bigote de la Rochère – ex chargée de communication de l’épiscopat – s’est fait brûler la politesse par une islamo-antisémite et qui ne met même pas ses propres enfants à l’école !
Semaine après semaine, les très cathos Hutin père et fille, avec un ton patelin pour le premier, le samedi, et très prêchi-prêcha pour l’autre, le dimanche, instillent leur dogme à longueur d’éditos sur Ouest-France. Ainsi, papa, samedi 1er février, après une condamnation de principe de la manif de la haine du dimanche précédent – extrémisme qui existe dans toute société – s’en prend aux responsables politiques, entendez socialistes, qui ne semblent pas se rendre compte de leur suffisance. Car, rendez-vous compte, ils osent s’attaquer aux stéréotypes. Or « Chasser les stéréotypes et changer brusquement les mœurs traditionnelles ne peuvent qu’inquiéter » pour M. Hutin.
Il reste cependant et prudemment dans le flou concernant les fameux stéréotypes. Car, ce qui est visé par les cagots, c’est le combat pour l’égalité filles-garçons à l’école. Et les prétendus mœurs traditionnelles chères au patron d’Ouest-France sont celles qui prônent le rôle subalterne de la femme.
Le fameux ABCD de l’égalité – cause des délires de la dame Belghoul – se propose, scandale suprême, de tenter de traduire dans le concret le mot égalité souvent gravé au fronton de nos écoles communales. Serait-ce faire preuve de suffisance que de rappeler que « C'est la mission du système éducatif de faire réussir chacun et chacune, fille ou garçon, de la maternelle à l'enseignement supérieur. Cette réussite implique que les valeurs humanistes d'égalité et de respect entre les femmes et les hommes soient transmises et comprises dès le plus jeune âge. » (V. Peillon).
Tâche rude. Car les stéréotypes sont ancrés dans le système éducatif même. Aux garçons, les filières conduisant au pouvoir, aux affaires et à la maîtrise de l’environnement ; aux filles, les filières plus relationnelles, les métiers de l’éducation, du social et de la santé. Ainsi se trouve maintenue, malgré les progrès scolaires des filles, la hiérarchie entre les sexes. Tout se passe comme si dans notre système scolaire, il existait une division sexuée des disciplines scolaires et des filières : les sciences et les techniques sont plutôt territoire masculin et les lettres territoire féminin. (Ludovic Morge, Marie-Christine Toczek).
Avec ce type d’étude de genre, on est loin, on le constate, des fantasmes, assez obscènes au demeurant, de la dame Belghoul sur la transsexualité enseignée aux gamins de maternelle. Car au-delà des folkloriques stéréotypes – filles et poupées, garçons et petites voitures – chers à papa Hutin, ces études analysent les mécanismes masqués qui, au sein de l’école, perpétuent les inégalités femme/homme.
commenter cet article …