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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 16:24
Œcuménisme de l’obscurantisme : intégristes musulmans et cathos contre l’école publique !

Farida Belghoul et Christine Boutin, unies dans la stupidité, crient haro sur une prétendue « théorie du genre ». Un texto totalement  délirant a convaincu des mères de ne pas envoyer leurs enfants à l’école car on y enseignerait la masturbation ! Mais cette crédulité inquiétante, qui montre le degré de défiance de certaines familles envers l’école publique, a pour terreau des affirmations mensongères de prélats, représentants de l’enseignement catholique relayés, entre autres, par la famille Hutin d’Ouest-France, 1er quotidien de France.

 

La dernière de Boutin : « … on parle du côté du gouvernement de "stratégie provisoire d'avancement à potentialité différée". » Or, faisant preuve d’une bêtise à potentialité instantanée, elle a pris pour une citation authentique un touitte d’un site parodique, Le Gorafi. Quant à F. Belghoul, ex-passionaria d’une deuxième marche (ratée) pour l’égalité, outre sa chasse aux agents démoniaques, elle affiche un délire antisémite – accusant l’union des étudiants juifs d’avoir inoculé le rap dans les quartiers – qui fait un peu douter de sa santé mentale. A trop crier au diable, ne serait-ce pas elle la possédée ?

 

Faut-il rappeler que c’est Luc Chatel, Ministre de l’éducation nationale sous Sarko, qui, en 2011, a essuyé les plâtres, si l’on peut dire, de l’offensive sur la prétendue théorie du genre qui nourrit les fantasmes de Mmes Boutin et Belghoul ? Offensive menée par l’épiscopat lui-même et par la direction de l’enseignement catholique. Offensive mensongère qui prétendait que Les nouveaux programmes de SVT (Sciences et Vie de la Terre) des Premières ES et L font référence à la « théorie du genre ».

La droite populiste UMP, avec l’impayable LioNNel Luca, a embrayé sur le thème, toujours en 2011. « Ce qui est grave, c’est que cette théorie, sous couvert de reconnaître différentes identités sexuelles, veut légitimer à terme la pédophilie, voire la zoophilie… » Dans l’outrance, on le voit, Luca ouvrait la voie à Belghoul. Comme Ludivine de la Rochère et ses émules qui dès la rentrée 2013 mettaient sur pied des comités de vigilance pour veiller  avec les parents d'élèves, aux messages véhiculés dans les écoles et les crèches. Double paradoxe, la très bigote de la Rochère – ex chargée de communication de l’épiscopat – s’est fait brûler la politesse par une islamo-antisémite et qui ne met même pas ses propres enfants à l’école !

Semaine après semaine, les très cathos Hutin père et fille, avec un ton patelin pour le premier, le samedi, et très prêchi-prêcha pour l’autre, le dimanche, instillent leur dogme à longueur d’éditos sur Ouest-France. Ainsi, papa, samedi 1er février, après une condamnation de principe de la manif de la haine du dimanche précédent – extrémisme qui existe dans toute société – s’en prend aux responsables politiques, entendez socialistes, qui ne semblent pas se rendre compte de leur suffisance. Car, rendez-vous compte, ils osent s’attaquer aux stéréotypes. Or « Chasser les stéréotypes et changer brusquement les mœurs traditionnelles ne peuvent qu’inquiéter » pour M. Hutin.

Il reste cependant et prudemment dans le flou concernant les fameux stéréotypes. Car, ce qui est visé par les cagots, c’est le combat pour l’égalité filles-garçons à l’école. Et les prétendus mœurs traditionnelles chères au patron d’Ouest-France sont celles qui prônent le rôle subalterne de la femme.

Œcuménisme de l’obscurantisme : intégristes musulmans et cathos contre l’école publique !

Le fameux ABCD de l’égalité – cause des délires de la dame Belghoul – se propose, scandale suprême, de tenter de traduire dans le concret le mot égalité souvent gravé au fronton de nos écoles communales. Serait-ce faire preuve de suffisance que de rappeler que « C'est la mission du système éducatif de faire réussir chacun et chacune, fille ou garçon, de la maternelle à l'enseignement supérieur. Cette réussite implique que les valeurs humanistes d'égalité et de respect entre les femmes et les hommes soient transmises et comprises dès le plus jeune âge. » (V. Peillon).

 

Marie-Christine TOCZEK (colloqué d'Education & Devenir 25-01-14)

Marie-Christine TOCZEK (colloqué d'Education & Devenir 25-01-14)

Tâche rude. Car les stéréotypes sont ancrés dans le système éducatif même. Aux garçons, les filières conduisant au pouvoir, aux affaires et à la maîtrise de l’environnement ; aux filles, les filières plus relationnelles, les métiers de l’éducation, du social et de la santé. Ainsi se trouve maintenue, malgré les progrès scolaires des filles, la hiérarchie entre les sexes. Tout se passe comme si dans notre système scolaire, il existait une division sexuée des disciplines scolaires et des filières : les sciences et les techniques sont plutôt territoire masculin et les lettres territoire féminin. (Ludovic Morge, Marie-Christine Toczek).

Avec ce type d’étude de genre, on est loin, on le constate, des fantasmes, assez obscènes au demeurant, de la dame Belghoul sur la transsexualité enseignée aux gamins de maternelle. Car au-delà des folkloriques stéréotypes – filles et poupées, garçons et petites voitures – chers à papa Hutin, ces études analysent les mécanismes masqués qui, au sein de l’école, perpétuent les inégalités femme/homme.

Œcuménisme de l’obscurantisme : intégristes musulmans et cathos contre l’école publique !
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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 14:46
BONNE ANNEE 2014

L’an foiré, a titré Libé du 31/12, en bilan de 2013 !

2014 promet d’être une rude année. La famille Hutin d'Ouest-France – père et fille – nous rappelle dans ses éditos les futurs champs de bataille des cagots anti-mariage pour tous. Les études de genre, entendez les efforts éducatifs menés pour une véritable égalité femme-homme. Encore et surtout, le droit de mourir dans la dignité. Et l’Espagne est là pour nous rappeler que quand ces cagots prennent le pouvoir, ils sont prêts à fouler au pied le droit des femmes à disposer de leur corps, en supprimant totalement ou presque l’IVG !

 

Faut-il parler aussi d’échéances électorales, comme les municipales ? Comment ne pas nous souhaiter, à nous Luçonnais, d’être débarrassés d’un petit hiérarque UMPiste qui joue son « Copé » d’évêché crotté ?

Souhaiter encore que les vagues populistes des deux bords ne noient pas la construction européenne qui, toute imparfaite qu’elle soit, a créé un espace paix, de largement plus d'un demi-siècle, dans ce bout de continent eurasiatique.

 

Que 2014 apporte à chacune et à chacun, au-delà des luttes militantes, toutes les joies personnelles possibles.

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30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 20:12
Etudes de genre (image empruntée à UNSA éducation)

Etudes de genre (image empruntée à UNSA éducation)

C’est Le Figaro qui l’annonce : « Dès la rentrée, des comités de vigilance veilleront,  avec les parents d'élèves, aux messages véhiculés dans les écoles et les crèches. » Et pour quoi faire, ces comités ? Pour lutter contre la prétendue et satanique Théorie du genre. Et cela dès la crèche. Après la manif anti-mariage homo les cagots lancent une nouvelle croisade où l’obscurantisme le dispute au fanatisme.

 

« En septembre, «nous sommes prêts à taper très fort!» promet  Ludovine de la Rochère. Cette ex-chargée des relations presses de la conférence des évêques, a pris le relais de Frigide Barjot en nettement plus bcbg dans l’allure, mais avec les mêmes outrances dans l’expression. La méthode est classique : on s’invente une cible qu’on diabolise, pour lancer le combat intégriste. Car, il n’y a pas de Théorie du genre, mais des études de genre. Etudes multi-disciplinaires concernant aussi bien les sciences dures, bio-neurologie par exemple, que les sciences humaines, sociologie par exemple.

« Théorie du genre » : la nouvelle croisade des cagots de la manif anti homos

La croisade a été lancée dès 2011, prenant prétexte d’un nouveau programme de Sciences de la Vie et de la Terre qui préconisait, ô scandale, à l’occasion de l’étude de la sexualité « d’affirmer que si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée ». Autrement dit, distinguer « identité sexuelle » et « orientation sexuelle », démonter les stéréotypes sur les « rôles sexuels ». Tout cela s’adressant à des élèves de 1ère. Insupportable pour l’épiscopat qui sur son site officiel se déchaîne : « Les nouveaux programmes de SVT (Sciences et Vie de la Terre) des Premières ES et L font référence à la « théorie du genre ». Une idéologie qui contredit la conviction chrétienne que l'on naît garçon ou fille. Et que Dieu créa l'homme et la femme l'un pour l'autre, pour qu'ils s'aiment et qu'ils transmettent la vie». Tout y est, à commencer par un mensonge – le programme ne fait pas référence à une théorie du genre - qui en amène un autre, le programme ne nie pas le sexe biologique, mais pour déboucher sur une affirmation dogmatique. Le cléricalisme, cette tentation constante d’imposer le dogme religieux à tous, dans toute sa splendeur.

Détail de la couverture du livre de Lise Eliot

Détail de la couverture du livre de Lise Eliot

Nos croisés de la manif anti homo ne cachent même pas leur jeu. Ils visent explicitement tout ce qui pourrait faire changer les mentalités sur l’égalité homme femme ou l’homophobie, dénonçant « la mobilisation du syndicat SNUipp en faveur de la lutte contre l'homophobie dès le primaire, ainsi que des amendements [à la loi sur l’éducation] destinés à promouvoir une «éducation à l'égalité de genre» » Au mépris de la liberté constamment reconnue des auteurs de manuels scolaires – dans le respect du programme – ils réclament « le retrait du concept de genre des manuels ».

 

Et donc, les cagots appellent à constituer des « comités de vigilance », en s’appuyant sur l’APEL (Association des parents d'élèves de l'enseignement "libre", entendez catholique), ce qui ne surprend pas, mais aussi sur la PEEP (Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public). «Cela nous permettra de sensibiliser les parlementaires et de préparer les municipales, car les élus locaux sont partie prenante dans l'achat de manuels scolaires et de livres pour les crèches. On n'oublie pas les crèches, dont beaucoup réfléchissent en ce moment à la “déconstruction des stéréotypes”

Tout est dit, sans vergogne. On n’est plus dans l’arrière-pensée politicienne, mais dans l’aveu sans fard d’un lobbyisme voire un entrisme forcené. Et le délire complet avec la mise en surveillance de crèche où, horreur, on pratiquerait des «jeux asexués». Fichtre, Mme de la Rochère voudrait-elle que nos bambins jouent « au papa et à la maman » ?

« Théorie du genre » : la nouvelle croisade des cagots de la manif anti homos

Une fausse cible, mais une vraie dérive.

La théorie du genre, forgée de toute pièce par la cathosphère n’existe pas. Elle sert donc de prétexte à une dangereuse campagne de vigilance qui ressemble fort à une atteinte à l’exercice serein de l’enseignement. Et qui rappelle, est-ce un hasard ?, la campagne de délation à laquelle SOS éducation avait appelé les parents à l'encontre des instits qui n'utiliseraient pas la "méthode syllabique" d'apprentissage de la lecture. Ici ce seront les éducatrices de crèches ou les instits de maternelles qui seront dénoncées pour « jeux asexués ». Et les enseignants qui lutteront contre l’homophobie.

 

Jusqu’à quand, ces cagots fondamentalistes, continueront à entretenir ce climat de tension au nom de leurs préjugés ?

 

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8 septembre 2011 4 08 /09 /septembre /2011 07:21

12 lionnel-lucaRappelez-vous, au début de l’été, la cathosphère, mitres en tête, partait à l’assaut de la diabolique théorie du genre (gender studies). Mauvais genre qui se pointait dans les manuels de SVT de 1ère L et ES.

 «À l'Assemblée, on sait qu'il y a les lobbys religieux qui agissent» dit Olivier Dussopt, député PS.

 

On l’a constaté, la droite populiste UMP, appuyée par les deux députés villiéristes, a relayé les évêques pour crosser le programme de SVT et les manuels sulfureux.

12 cope Copé, pour qui tout ce qui fait clivage est pain bénit, a repris à son compte la controverse :

« Ce qui est profondément choquant dans cette affaire, c'est que la théorie du genre, qui est une théorie défendue par des personnes mais combattue par d'autres, soit présentée comme une vérité scientifique alors que ça ne l'est pas », a affirmé Jean-François Copé, dont on ne connaissait pas la compétence épistémologique. « C'est comme si on présentait dans les manuels d'économie la théorie marxiste [horresco referens] comme une vérité scientifique», a-t-il ajouté. « Cela justifie que des députés s'en émeuvent et je pense qu'ils ont raison et il serait absolument inacceptable que l'on fasse des procès d'intention d'homophobie ou autres, ce qui n'est absolument pas le cas, à des parlementaires qui s'interrogent »

Et ce n’est pas Lionnel Luca qui le contredira : « Ce qui est grave, c’est que cette théorie, sous couvert de reconnaître différentes identités sexuelles, veut légitimer à terme la pédophilie, voire la zoophilie… »

 

Dans l’outrance et l’ignorance, Luca n’a pas son égal (quoique Vanneste, Myard…).

 

L’insistance sur le mot « théorie » que l’on trouvait déjà dans la cathosphère est a priori étonnante. Copé mettrait-il en doute la théorie de la relativité générale d’Einstein ? Ignorerait-il qu’en mathématiques, en sciences, les théories, c’est-à-dire un ensemble de lois formant un système cohérent et rendant compte d’un ensemble de faits, sont des outils indispensables ? Mais non, nos compères lui donnent un sens péjoratif, qualifiant ainsi ces gender studies de spéculations contestables.

 

Mais, comme le rappelle Erwan Desplanques (Télérama 07/09/11) « Le nouveau cours de SVT ne propose pas non plus de choisir son sexe à la carte. Ni n'encourage l'homosexualité, comme le redoutent quelques associations catholiques. Il distingue juste l'identité biologique (naturelle) de l'identité sexuelle (en partie liée à notre culture) et de l'orientation sexuelle (qui relève de la sphère privée). Il invite enfin à se méfier des « stéréotypes » qui collent à la peau des hommes et des femmes. »

12 PPicq Il ne s’agit donc pas d’affirmer cette totale absurdité qu’il n’y a pas de sexe biologique. Il est déterminé par les fameux chromosomes XX et XY (un pourcentage infime de personnes naissent avec diverses formes d’indéterminations sexuelles). « Par-delà le sexe (biologique), il y a la sexualité, c'est-à-dire la diversité et la plasticité des comportements qui amènent des individus à avoir des relations sexuelles. » écrit Pascal Picq dans Le Monde 04/09/11 :  article assez ambigu, au demeurant, puisqu’il prête « à une partie des sciences humaines » « un antibiologisme » qui lui ferait nier la différenciation sexuelle, alors que ce sont les contempteurs des gender studies qui les accusent de nier cette différenciation.

 

12 CVidal C’est une neurobiologiste, Catherine Vidal, qui nous explique très clairement que pour « les fonctions supérieures du cerveau - les fonctions cognitives comme l’attention, la mémoire, le raisonnement - c'est la diversité cérébrale qui règne indépendamment du sexe. » «  Cette variabilité s’explique par les extraordinaires propriétés de "plasticité" du cerveau, c'est-à-dire sa capacité à se modifier en permanence en fonction de l'apprentissage et l'expérience vécue. A la naissance seuls 10% de nos 100 milliards de neurones sont connectés entre eux. Les 90% des connexions restantes vont se construire progressivement au gré des influences de la famille, de l'éducation, de la culture, de la société. »

Elle ajoute : « A la naissance, le bébé humain ne connaît pas son sexe. Il va certes apprendre très tôt à distinguer le masculin du féminin, mais ce n'est qu'à partir de deux ans qu'il devient capable de s'identifier à un des deux sexes. Or bien avant l'âge de deux ans, il évolue dans un environnement sexué […] Cette influence de l’entourage, qui est ensuite renforcée par l’école et la société, contribue à forger progressivement l’identité sexuée avec les stéréotypes qui y sont associés. »

 

Tout cela, on en conviendra, est trop compliqué pour nos 80 parlementaires qui se croient populaires et même pour Copé. Pensez : distinguer sexe, sexualité, genre ! Retour aux fondamentaux, quand, comme le rappelle Eric Fassin, sur le PACS on entendait éructer « Les pédés au bûcher » (comme jeanne d’Arc ?) ou, style Luca, « Les homosexuels d’aujourd’hui sont les pédophiles de demain ».

 

 

En complément, une tribune "Défendons les études de genre à l'école" Le Monde 16/09/11

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 21:04

« On ne naît pas femme, on le devient » vs « Et dieu créa la femme »

 

androgynes1

Après l’article sur le cléricalisme de l’église espagnole, un camarade syndiqué m’avait signalé une polémique qui naissait sur les programmes de SVT de 1ère L et ES, avec l’introduction implicite des études du Genre ou gender studies. Un coup de gogol et je tombe sur des sites intégristes déchaînés et sur la dame Boutin qui se fendait d’une « Lettre ouverte à Chatel ». Marginal, ai-je, bien à tort, pensé. Mal m’en a pris, car peu après ce fut, outre les bigotes associations familiales chrétiennes, la Direction de l’enseignement catholique qui partit en croisade. Un peu jésuitiquement, en s’en prenant aux manuels et non frontalement aux programmes.

 

androgyneCdl126pxQue disent-ils de si scandaleux, ces programmes ? Sous le titre « Féminin, masculin », on peut lire :

« L’étude de la sexualité humaine s’appuie sur les acquis du collège. Dans une optique d’éducation à la santé et à la responsabilité, il s’agit de comprendre les composantes biologiques principales de l’état masculin ou féminin, du lien entre la sexualité et la procréation et des relations entre la sexualité et le plaisir. Ces enseignements gagneront à être mis en relation avec d’autres approches interdisciplinaire (philosophie) et/ou intercatégorielles (professionnels de santé). Il s’agit d’aider l’élève à la prise en charge responsable de sa vie sexuelle. »

Mais c’est surtout le sous-titre « Devenir femme ou homme » qui soulève l’ire de la cathosphère.

« On saisira l’occasion d’affirmer que si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée. Cette distinction conduit à porter l’attention sur les phénomènes biologiques concernés. »

 

androgynesContrairement à ce que la cathosphère veut faire croire, les études du Genre ne nient pas les différences biologiques. Elles distinguent le sexe biologique du « sexe social ». Inspirées de penseurs français comme Deleuze, Foucault ou Derrida, les « gender studies » se sont développées aux Etats-Unis. En résumé, elles cherchent à démontrer que c'est l'éducation au sens large, dans le contexte historique et social,  qui construit le «genre» de l'individu.

 

En France les études du Genre sont quasi inexistantes «Les réticences viennent d'une conception étroite de notre universalisme. Car ces débats sur le genre traversent la société française avec la parité en politique ou les débats sur les quotas. Comment expliquer, par exemple, qu'il y ait 80% de filles dans les filières littéraires au lycée ? On nous dit qu'elles ont un esprit littéraire. Qu'est-ce que cela signifie ? », dit Richard Descoings, le directeur de Sciences Po où les questions sur le genre ou sexe social vont faire l'objet d'un enseignement obligatoire.

androgyne Solomon-soul

baiser lesbien Le secrétaire général adjoint de la direction de l’enseignement catholique, Claude Berruer, a donc envoyé une lettre aux chefs d'établissement de l'enseignement catholique par l’intermédiaire des directeurs diocésains pour les alerter sur le chapitre impie «devenir homme ou femme» qui fait «implicitement référence à la théorie du genre, qui privilégie le “genre” considéré comme une pure construction sociale, sur la différence sexuelle[…] L'identité masculine ou féminine, selon cette théorie, n'est donc pas une donnée anthropologique mais une orientation

 

podvin.jpgL’épiscopat sur son site officiel est encore plus explicite :

«Les nouveaux programmes de SVT (Sciences et Vie de la Terre) des Premières ES et L font référence à la « théorie du genre ». Une idéologie qui contredit la conviction chrétienne que l'on naît garçon ou fille. Et que Dieu créa l'homme et la femme l'un pour l'autre, pour qu'ils s'aiment et qu'ils transmettent la vie». « Les responsables de l'Enseignement catholique sont pleinement dans leur mission quand ils interpellent ces contenus, écrit Mgr Bernard Podvin, Porte-parole des évêques de France, dans l'hebdomadaire Famille Chrétienne. Ce qui me préoccupe le plus est que l'on distille, dans les années lycéennes où la pensée ne fait que se forger, un subjectivisme et un relativisme. […] A la lumière de notre vie spirituelle, nous redisons avec Benoît XVI que le masculin et le féminin se révèlent comme faisant ontologiquement partie de la création ».

 

Baiser Gay Mais c’est un prof de philo d’un lycée catho, Thibaud Collin, qui met au jour l’obsession homophobe sous jacente  «La prime à l'indifférenciation sexuelle promeut en fait l'homosexualité. Ces théories sont une tête de pont pour un changement radical de société

 

 

L’association FHEDLES (Femmes et Hommes, Égalité, Droits et Libertés dans les Églises et la Société), qui ne fait pas partie de la cathosphère, car proche de Golias, remet les pendules à l’heure : « Enseigner une anthropologie « naturelle » immuable est une imposture et disqualifier les théories du genre en les faisant passer pour une idéologie de l’indifférenciation est une malhonnêteté. »

 

 

boussole.1262652386.jpg A l’inverse, deux profs de SVT d’un lycée public, Katia Lévy et Matthias Dourdessoule, ont lancé un blog intitulé « L’école déboussolée » qui propose une pétition au Ministre de l’Education nationale où  on peut lire « Profitant de l’ambiguïté de votre circulaire parue au Bulletin officiel du 30 septembre 2010 définissant des programmes qui n’ont été soumis à aucune consultation nationale, ces manuels dénaturent profondément ce cours, en imposant ce qu’il est désormais convenu d’appeler la théorie du « Gender »qui est une théorie philosophique et sociologique et non scientifique. Elle affirme que l’identité sexuelle (qui est un concept non biologique) est une construction culturelle relative au contexte du sujet. » Sur le fond du pur Boutin quand elle s'insurge contre l'imposition "d'une cer­taine vision de l'homme et de sa sexua­lité [...] qu'il ne relève pas du rôle de l'Education natio­nale d'inculquer". Mais tout cela au nom de « l’école publique », avec un détournement éhonté de la « Lettre de Jules Ferry aux instituteurs »* de 1883. Il n’est pas étonnant qu’ils soient flatteusement présentés comme de nouveaux « hussards noirs » (sic) dans Nouvelles de France qui se dit Portail libéral-conservateur.

 

androgyneCdl126pxPhilippe Watrelot, responsable du CRAP (cahiers pédagogiques) note que « Ce n’est pas la première fois (et malheureusement pas la dernière) qu’un groupe de pression s’en prend aux programmes scolaires. On se souvient de la polémique causée par la proposition de députés d’intégrer “les aspects positifs de la colonisation” dans les programmes d’histoire. Ou encore des lobbys patronaux reprochant aux programmes de SES de ne pas assez donner une image positive de l’entreprise. Ce qui est notable ici c’est qu’il s’agit non pas seulement d’un groupe de pression mais d’un pan de l’enseignement français (qu’on le veuille ou non) qui s’oppose à un programme adopté par l’ensemble de la communauté éducative. Cette prise de position vient après d’autres marquées par un durcissement du discours et une volonté de réaffirmer la spécificité de l’enseignement catholique non seulement sur les dispositifs mais aussi sur les contenus. »

 

Et la prise de position officielle des évêques montre que la tentation cléricale d’imposer leurs dogmes – baptisés lois naturelles – à l’ensemble de la société est toujours présente. Comme le rappelle justement l’UNSA éducation « les Eglises, quelles qu’elles soient, n’ont pas à donner leur avis sur des programmes scolaires qui visent à la formation de « citoyens » et non de « croyants », sauf à vouloir défaire la loi de séparation des Eglises et de l’Etat ».

 

 

* Citer la « Lettre de Jules Ferry aux instituteurs » relève d’une certaine ignorance du contexte historique (naissance de l’école publique dans un environnement souvent hostile) et feinte ignorance des enseignants auxquels il s’adresse : les instituteurs à une époque où la scolarité s’arrêtait à douze ans. L’auraient-ils correctement lue qu’ils auraient vu qu’elle ne vise que l’Instruction morale et civique. A vouloir lui faire dire ce que la lettre ne dit pas ils justifient le refus de certains parents – tout aussi « honnêtes » que le père de famille qu’évoque J. Ferry, à propos de précepte ou maxime – de certaines parties des programmes de SVT. Ceux, peu nombreux au demeurant, qu’évoquent perpétuellement les islamophobes. 

 

Pour compléter :

Liberte-des-maeurs-egalite-des-droits_medium.jpgTéléchargez l'essai gratuitement  (433,79 ko)

 

Pour compléter encore : http://www.rue89.com/2013/06/29/risque-radoter-theorie-genre-nexiste-243298#comment-3671856

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