Onfray rejoint la coisade des cagots anti prétendue théorie du genre ! (cliquer pour agrandir et compter les onfray)
L'OBS 11 décembre 2014
Quand Sarkozy profère une énormité, loin de faire marche arrière, il en rajoute une louche. En cela, Onfray est très sarkozyen. Ayant clamé que l’école avait mieux à faire que d’enseigner la théorie du genre et l’informatique et s’étant fait taxer de mensonge éhonté, il trouve une alliée dans une de la Rochère de la philosophie, ondoyée par Finkielkraut et Tillinac, qui a commis un ouvrage sur cette prétendue théorie.
Tel Copé découvrant avec horreur Tous à poil, Bérénice Levet, auteure donc de « La théorie du genre ou la vie rêvée des anges », a décidé d’écrire cet essai lorsqu’elle a découvert que l’on faisait lire à son neveu, élève en CM1, le récit de David Walliams, intitulé Le Jour où je me suis déguisé en fille. Ce petit morceau de propagande à l’usage des jeunes consciences a été, pour l’auteur, le coup de trop, si l’on en croit Le Figaro (12/11/2014) ! D’autant que depuis 2012, Najat Vallaud-Belkacem, «ce Robespierre en jupons», dit-elle, a vivement encouragé les partisans d’une école «neutre»…. Comme on le voit notre prof de philo de Polytechnique tient des propos sur la Ministre de l’éducation nationale que ne renierait pas Farida Belghoul.
« Que le jour commence et que le jour finisse sans que jamais Titus puisse voir Bérénice…» Il y a une certaine logique, pour Bérénice Levet, à refuser la confusion du féminin et du masculin, quand son prénom s'inspire d'une tragédie tout entière consacrée à leur irrémédiable séparation, nous explique encore Le Figaro, qui ne recule devant aucune niaiserie. Et Le Figaro poursuit dans la même veine : Vouloir sauver cette fleur de la civilisation française qu'est la galanterie est une façon de refuser aussi bien les gardiens coraniques de «la femme voilée» que les avant-gardes, elles aussi puritaines, qui promeuvent la «théorie du genre», mais là il transpose les propos de la dame. Pour autant, cette protégée d'Alain Finkielkraut et Denis Tillinac se voit, toujours d'après Le Figaro, plutôt en conservatrice libérale qu'en réactionnaire pure et dure : «Je ne souhaite pas un retour en arrière», dit-elle, en soulignant qu'elle ne veut pas revenir au bon vieux temps du pater familias. Quel libéralisme !
Avec ce double parrainage d’Alain Finkielkraut et de de Denis Tillinac, le résultat ne peut qu’être d’une honnêteté et d’une portée intellectuelle transcendentale.
Le compte-rendu du philosophe bas-normand nous conte donc une prétendue Théorie du genre à laquelle la droite de Sarkozy à Chatel souscrirait autant que la gauche de Hollande, Peillon et bien sûr Vallaud-Belkacem ; tenez-vous bien, même Marine Le Pen serait touchée !
Bien sûr, comme l’affirment les prélats, elle pollue les programmes de SVT des lycées. Suivent des considérations assez grotesques sur une prétention de la « gauche libérale » de changer l’homme en supprimant la différence sexuelle, puis un pur délire sur la PMA comme réalisation d’un projet de conception virginale, apparentée à celle de Marie, mère de Jésus (en l’occurrence ce serait plutôt de la GPA) !
A preuve, ajoute l’ex-prof de philo de l’Institution Saint-Ursule, Beatriz Preciado, chroniqueuse pour Libération, Libé qui est, comme chacun sait, la Pravda de la gauche libérale. Elle invite, nous dit Onfray, à abolir le couple vagin-pénis au profit d’un autre, anus-godmichet, qui permettrait « une grève de l’utérus ». Son programme, affirme-t-il, est : « Ne laissons pas pénétrer dans nos vagins une seule goutte de sperme national catholique ».
Bien que lecteur assidu du quotidien des bobos droits-de-l’hommistes adeptes de la bien-pensance, je n’avais pas remarqué les chroniques de cette philosophe. En fait, elle alterne le samedi avec trois autres chroniqueurs.
Comme j’ai le cerveau lent, en première lecture, elle m’a semblé n’avoir retenu de la fameuse paillarde Ô mon berger fidèle que la conclusion (« Refile-moi le godmichet dans le cul et qu’on en finisse… »). Ensuite, si on y regarde d’un peu plus près, on constate que loin de nier les différences sexuelles puisqu’elle parle de vagin, de pénis, d’utérus, de sperme, elle veut, dans un ultra-féminisme dit queer, les surmonter.
Et surtout, si on sort du bocage normand, on se rend compte que cette philosophe espagnole fait clairement allusion au projet de quasi suppression de l’IVG en Espagne porté par Alberto Ruiz-Gallardón soutenu par le national-catholicisme : grève des utérus et refus du sperme national-catholique, ça a un sens de l’autre côté des Pyrénées.
Pour le reste les propos provocants de son Manifeste contra-sexuel, son éloge de l’anus – « seul organe sexuel universel » – et du godemichet, son usage de la testostérone, sa dénonciation du « nouveau capitalisme chaud, psychotropique et punk » qui exploite la force orgasmique des êtres à coup de médicaments et de pornographie, un régime « pharmacopornographique » dont « la pilule et Playboy » sont les symboles et l’excitation, l’érection et l’éjaculation les matières premières*, à part un relatif écho dans une frange très limitée du mouvement LGTB, les masses laborieuses, intellectuelles et manuelles, s'en tapent le coquillard avec une patte de homard !
Grâce à Onfray et Levet, quelques-uns comme moi, iront cependant consulter sa notice wikipedia.
Mais de là à prétendre que celle qui propose sodomie, coprophagie, zoophilie, etc. est la grande prêtresse d’un nouveau puritanisme, il y a un léger hiatus qui semble avoir échappé à notre philosophe de comptoir. Et à l’auteure du livre qui, elle, a flairé le bon coup éditorial du côté des cagots de la « manif pour tous ».
* A lire avec l'accent et le phrasé de Dali, ça prendra tout son sel !
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