Jeanne-Emmanuelle Hutin qui ne s’est donné la peine que d’être la fille de son père, François-Régis, patron d’Ouest-France, vaticine donc tous les dimanches dans l’édition dominicale. Du haut de cette chaire éditoriale, celle que les mauvaises langues de la rédaction ont surnommé la nouille de bénitier profère un sermon avec saintes citations, le plus souvent… Ainsi, dans la droite et sacrée ligne tradicatho, s’était-elle attaquée à une modeste loi sur la recherche embryonnaire. Inutile de dire qu’elle était farouchement contre le mariage pour tous !
Et là, elle s’en prend – sans la nommer bien sûr – à la Ministre de l’éducation nationale, Najat Valaud-Belkacem, cible privilégiée de la droite rance. Elle envisagerait de mieux encadrer l’autorisation d’ouvrir des écoles privées hors contrat.
L’édito démarre fort à grands coups de mensonges et d’approximations. Mensonge que cette prétendue théorie du genre, approximation grossière sur l’enseignement de l’Arabe et tout le reste, qui n’a rien à voir d’ailleurs avec les modalités d’ouverture d’écoles hors contrat, est à l’avenant.
Or donc, envisager de soumettre l’ouverture d’un établissement scolaire hors contrat à quelques règles serait une atteinte inouïe à la liberté des parents d’imposer à leurs gniards leur étroitesse d’esprit, pardon, j’ai mal lu, de choisir le mode d’éducation de leurs enfants. Une mesure liberticide clame un obscur prof de Droit d’Assas. Pour tout dire une mesure qui, tenez-vous bien, porte la marque du totalitarisme !
Sauf qu’une proposition de loi visant à renforcer l’encadrement des établissements privés hors contrat et à limiter les possibilités de dérogation à l’obligation scolaire, a été déposée par ces suppôts du totalitarisme d’état, quasi staliniens, que sont Eric Ciotti, Bernard Debré, Eric Woerth ou Lionnel Luca et quelques autres.
Dans le collimateur les école musulmanes
L’introduction de l’exposé des motifs ne cache pas qui est visé :
« Plus qu’une obligation de fréquentation d’une école, la loi impose en réalité une obligation d’instruction aux parents. Cette particularité a favorisé sur notre territoire l’émergence de deux phénomènes particulièrement préoccupants : la déscolarisation d’un nombre croissant d’enfants, surtout des filles, pour des motifs d’ordre essentiellement religieux d’une part, et la multiplication d’écoles privées hors contrat prônant un islam radical, d’autre part.
Les enfants sont alors victimes de propagande idéologique sous couvert de programmes éducatifs alternatifs. Ils risquent d’être marginalisés et embrigadés, car ils ne disposent pas encore de l’esprit critique qui leur permettrait de conserver leur liberté de conscience. »
On notera au passage que la conclusion sur les enfants ne disposant pas encore de l’esprit critique qui leur permettrait de conserver leur liberté de conscience s’applique tout aussi bien à certaines écoles privées cathos hors contrat, sans doute plus nombreuses que leurs homologues musulmanes.
Il existe en France 1 300 écoles privées hors contrat. Parmi celles-ci, il existe 300 établissements confessionnels, affirment nos députés qui ajoutent : Le contrôle de l’État sur ces écoles apparaît largement insuffisant […] Cette situation est intolérable. Les lieux d’enseignements doivent rester des sanctuaires préservés de toute influence idéologique ou politique contraire aux valeurs républicaines et doivent poursuivre un projet commun : celui de la construction d’une communauté nationale. Les écoles doivent demeurer des lieux où se transmettent les savoirs et non les idéologies.
Alors soit Mme Hutin ignorait cette proposition de loi, ce qui ne plaide guère pour le sérieux de ses éditos ; soit elle l’a délibérément ignorée, ce qui ne plaiderait pas pour l’honnêteté intellectuelle de la dame. Et son attaque contre Mme Najat Valaud-Belkacem est indigne.
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