Le Congrès va traiter l'initiative populaire visant à régulariser un demi-million de migrants
L'extrême droite se retrouve seule après que Junts et le PP ont annoncé leur soutien à l'ILP.
Le Congrès des députés prendra en considération l'Initiative Législative Populaire (ILP) pour la régularisation de 500 000 migrants. Les procédures parlementaires pertinentes commenceront ainsi pour qu'en cas d'accord entre les différents groupes, celle-ci soit définitivement approuvée. L'initiative va désormais passer par la Commission, grâce au vote favorable du Parti socialiste, deSumar, del'Esquerra Republicana de Catalunya(ERC),d'EH Bildu, du Parti nationaliste basque (PNV), de Podemoset du Bloc nationaliste galicien (BNG). À eux s'ajoutent les sept sièges Junts, nécessaires pour que leur prise en considération ne dépende pas du Parti Populaire, qui dans la matinée de ce mardi n'a pas fini de dissiper le doute.
Le président du PP, Alberto Núñez Feijóo, a déclaré: « Nous sommes sensibles à ceux qui travaillent en Espagne et n'ont pas de papiers ». Autrement dit, Feijóo a donné des indices selon lesquels ils faciliteraient l'examen de l'ILP, ce que la porte-parole du PP, Sofía Acedo, a confirmé au Congrès, en déclarant qu’ils ne sont pas « insensibles » aux problèmes des étrangers qui résident et travaillent en Espagne.
Josep Maria Cervera Pinart, porte-parole de Junts, a annoncé lors de la séance plénière du Congrès son vote favorable "sans entrer dans le fond de l'initiative, par respect pour les 600 000 personnes qui l'ont soutenue".
La proposition a été lancée en décembre 2022 via une initiative législative populaire (ILP). Ce mécanisme démocratique garanti par la Constitution espagnole permet aux citoyens de proposer des mesures législatives aux députés, via la diffusion de pétitions : au moins 500 000 signatures citoyennes sont nécessaires pour qu’une proposition de loi soit proposée à la discussion du Parlement.
Pour les défenseurs du projet, le texte vient combler une défaillance administrative qui empêche les étrangers d’accéder à des droits fondamentaux et de bénéficier des services publics. "Imaginez ce que c'est de travailler sans aucune garantie sur votre salaire, ou sur une potentielle indemnisation en cas de licenciement et sans possibilité de cotiser. Sans rien", a déclaré à la radio Cope le coordinateur de l’ILP, Jorge Serrano.
"Nous faisons partie de la société et nous effectuons des travaux essentiels, mais nous ne pouvons pas louer d'appartement, signer un contrat ou avoir une carte de santé", affirme le groupe de migrants faisant partie de l’ILP. On nous dit que nous sommes essentiels, mais il nous manque les droits les plus élémentaires".
Le groupe rappelle aussi l’implication des migrants en situation irrégulière durant la pandémie de Covid-19, dans des secteurs essentiels comme les soins de santé, la livraison à domicile ou la collecte de fruits et légumes. "Notre société a une dette de gratitude envers l’un de ses groupes les plus vulnérables".
Cependant cette prise en compte ne signifie pas l’adoption pure et simple du texte porté par des dizaines d’associations et signé par près de 700 000 personnes, mais le lancement d’un processus parlementaire au Congrès et au Sénat.
La déclaration du porte-parole du PSOE est claire à ce sujet :"Les socialistes vont voter cet après-midi en faveur de la prise en compte de l'ILP sur la réglementation des immigrés et plus tard, au cours du processus parlementaire, nous modifierons la proposition", a annoncé le porte-parole socialiste, Patxi López, lors d'une conférence de presse. avant la séance plénière : « La première chose est d'en tenir compte, car nous n'allons en aucun cas ignorer la volonté de près de 700 000 citoyens espagnols qui se sont mobilisés, qui ont manifesté pour cette question. Et la deuxième chose, ce sont les amendements, car nous voulons affronter ce phénomène d’immigration de manière intelligente et raisonnable.»
López a ajouté : « Il ne s’agit ni d’un bar ouvert ni de fermeture des frontières. Il s’agit de savoir qu’un pays comme le nôtre a besoin et aura besoin de plusieurs milliers d’immigrés, ne serait-ce que pour pouvoir maintenir son propre tissu social, mais cela doit être fait de manière raisonnable et intelligente.»
Ce mardi donc le processus est lancé pour voter sur la question de savoir si la mesure peut continuer à avancer et devenir une réalité et rejoindre les six régularisations extraordinaires de migrants réalisées en Espagne.
Le dernier processus massif de régularisation a été mené par le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero, il y a près de 20 ans, en 2005, et plus d'un demi-million de migrants ont obtenu des papiers.
Pour la 3e fois en trois ans et demi, les électeurs espagnols se rendront aux urnes après demain, 28 Avril, alors qu’en principe une législature dure quatre ans. Cela est dû à l’émergence de nouveaux partis qui ont mis fin à une sorte de bipartisme, PP droite/PSOE gauche (avec cependant le jeu d'appoint de partis régionaux, basques, catalans, navarrais, canariens). Podemos* à gauche et Ciudadanos au centre droit ont transformé ce bipartisme en une partie à quatre sans majorité réelle.
Rajoy, Parti Popular (PP, droite) après avoir fait échouer une 1ère tentative de gouvernement de coalition mené par le PSOE (socialiste), aboutissant au scrutin de Juin 2016, après celui de décembre 2015, avait pris la tête du gouvernement. Mais, la crise catalane et les scandales de corruption avait permis à Sánchez, PSOE, de le supplanter. Mais, après avoir réussi, avec un gouvernement homogène très féminisé à prendre la tête du gouvernement le 1er juin 2018, il a subi la défection des groupes indépendantistes catalans pour le vote du budget. D’où ces nouvelles élections.
Mais le jeu électoral s’est encore compliqué avec la percée de VOX, à l’extrême-droite : Arrascal son leader est un ancien du PP. VOX cache à peine sa nostalgie du franquisme et se caractérise par son nationalisme outrancier et recentralisateur, son traditionalisme pro corrida, sa misogynie anti IVG et anti lois contre les violences machistes. Et contrairement à ce qui se passe (pour le moment) en France, aucun cordon sanitaire n’isole cette extrême-droite : la droite, Parti Popular et le prétendu centre droit, Ciudadanos se sont alliés sans problème avec VOX après les élections régionales andalouses.
Extrait de Courrier International
Les deux grands instituts CIS et Metroscopia donnent des résultats assez proches dans leurs derniers sondages d’avril 2019.
CIS (dont le sondage porte sur un échantillon de 17 000 sondés), comme Metroscopia, met le PSOE en tête, le PP deuxième assez loin et Podemos et Ciudadanos, à peu près au même niveau. Reste l’inconnu VOX, sur lequel ils sont aussi à peu près d’accord à 11/12%, mais dont on peut craindre que, comme tout parti extrême, il soit sous-estimé.
Pour les projections en députés, CIS prudemment met une fourchette tandis que Metroscopia fait une véritable projection. Un constat cependant s’impose : Podemos et Ciudadanos ont perdu leur pari de surpasser les anciens partis, PSOE pour l’un, PP pour l’autre. Podemos surtout, qui perdrait la moitié de ses sièges. Le PP connaîtrait la même hémorragie en sièges et une perte de plus de 10 point en voix.
La majorité étant de 176, les deux blocs quasi égaux, PSOE+Podemos à 159 dans la projection Metroscopia et PP+C’s+Vox à 157, doivent trouver des appoints dans les partis régionaux pour faire une majorité.
Ce qui n’est pas gage de stabilité.
* Podemos est en fait allié à l'ex parti communiste (IU) et à un parti écolo (equo) sous l'étiquette Unidos Podemos (UP)
Le scrutin est totalement différent de celui de la France : un seul tour, à la proportionnelle dans les 50 provincias et les deux villes autonomes de Ceuta et Mellilla. Le nombre de députés est variable en fonction de la population de chaque provincia. Á Ceuta et Melilla c’est un système à l’anglaise – majoritaire à un tour – et dans les provinces peu peuplées, à 2 ou 3 députés, les partis les mieux implantés, donc PP et PSOE, ont l’avantage. Mais, dans certaines provinces s’ajoutent des partis locaux, les “partis charnière” tels que EH-Bildu, des indépendantistes basques (2 députés sortants) ou catalans (deux partis différents : 17 sortants au total).
Pedro Sánchez, drapeau du PSOE à la main, connaît l'ascension miraculeuse vers la Présidence du gouvernement, tandis qu'en bas du tableau Felipe González et Jose Luis Zapatero réconfortent Susana Diaz, patronne du PSOE en Andalousie, grande rivale de Sánchez.
Qui, au moment où Pedro Sánchez la déposait, aurait parié un bolivar vénézuélien dévalué sur la réussite de sa motion de censure. Au terme d’à peine deux jours de débats, qui ont vu le Président du gouvernement, Rajoy, déserter l’assemblée pendant huit heures, la motion l’emportait par 180 voix. Pari gagnant pour le secrétaire général du PSOE. Défaite bien sûr pour le Parti Popular (PP). Mais aussi pour Ciudadanos. Et situation ambiguë pour Podemos.
Il aura fallu que le scandale Gürtel arrive à sa conclusion judiciaire qui s’est soldée par des dizaines d’années de prison pour des caciques du PP, dont Barcenas son ex-trésorier, mais aussi la condamnation formelle du Parti Popular en tant que tel, pour que ses alliés – Ciudadanos (C’s) et PNV (basque) - soient forcés de prendre leur distance. C’s appelle à de nouvelles élections générales, tandis que Sánchez, au nom du PSOE, mais en se gardant bien de solliciter l’avis des barons et en ne recueillant que scepticisme de la part de Felipe González et Zapatero, dépose une motion de censure.
Il faut 176 voix. Le PSOE ne compte que 85 députés. Podemos contraint et forcé appuie mais ses 71 députés, avec ses alliés, ne suffisent pas. Et un plan B était sans doute préparé en coulisse avec C’s à la manœuvre pour aboutir à une dissolution des Cortes et une nouvelle élection. Le PNV basque, soutien de Rajoy jusqu’alors, fut le premier à apporter son soutien. Les partis nationalistes catalans voulaient monnayer le leur. Mais Sánchez n’a semble-t-il rien cédé si ce n’est une volonté de renouer le dialogue. Et ERC et PDeCat ont finalement accepté de voter la motion.
"Pedrito" el patito feo – Pierrot, le vilain petit canard – comme le qualifiait Público, el guapo – le beau gosse - plutôt méprisé par les ex-présidents PSOE et par les barons du parti, à commencer par Susanna Diaz, accède donc à la Présidence du gouvernement, après avoir prêté serment, une première, sans bible ni crucifix.
Il a longtemps mené une carrière de second couteau. Adhérent du PSOE en 1993, il a commencé sa carrière à Bruxelle où il avait décroché un Master en économie politique. Il a commencé à travailler comme assistant de la députée européenne socialiste Bárbara Duhrkop. Il se liera d’amitié avec Oscar López. Il deviendra chef de cabinet de Carlos Westendorp, Haut Représentant international en Bosnie-Herzégovine, pendant la guerre du Kosovo.
En 2000, il forme avec Oscar López et Antonio Hernando l’équipe de confiance de José Blanco, nouveau secrétaire général du PSOE. Mais il est le moins connu des trois. Il se retrouve aux élections municipale de Madrid, en 2003, sur la liste PSOE mais à une place de l’élection : il ne deviendra conseiller qu’après une démission. Il va subir le même sort aux élections générales de 2008, mis sur la liste PSOE à une place qui ne lui garantit pas l’élection, il n'entrera aux Cortes qu'en 2009, quand Pedro Solbes abandonna la politique. Il commence enfin à accéder à une certaine notoriété, les journalistes parlementaires l’ayant élu comme la révélation comme nouveau député en 2010. Mais l’histoire se répète puisque aux élections de 2011 il se retrouve encore à une place de l’élection. Il se prépare à se reconvertir en prof d’université, quand début 2013, Cristina Narbona laisse son siège. Et voilà que ce député de raccroc, quand le secrétaire général du PSOE, Rubalcaba, démissionne, se met en tête de se présenter à sa succession. Bien qu’il sillonne les territoires, personne n’aurait parié un kopeck sur lui. Eduardo Madina, député basque, était le favori.
C’était sans compter sur l’andalouse, Susana Diaz, qui, trouvant Madina trop à gauche, fit voter Sánchez qui l’emporta à la surprise générale. Aux élections générales de 2015, le PSOE obtint le pire résultat de la démocratie post-franquiste. Et ses tentatives de prendre la tête d’une majorité échouèrent. Et aux élections générales suivantes, juin 2016, le score du PSOE fut pire encore, mais il évita le “sorpasso” – le dépassement - par Podemos. Dans la situation de blocage, comme il refuse de laisser Rajoy être investi, les barons du PSOE, Susana Diaz en tête, le mettent en minorité dans les instances : il démission du secrétariat général mais aussi de son si-ge de député pour ne pas avoir, par discipline de groupe, à cautionner l’investiture de Rajoy ! Pour tous, il était fini. Mais non, il va repartir à la reconquête du PSOE et va à nouveau sillonner le pays avec comme slogan « non c’est non » à Rajoy. Et la toute puissante Susana Diaz va être écrasée par le vote des militants.
Et c’est donc ce miraculé qui a su, défiant une fois encore les pronostics, faire passer une motion de censure qui le propulse à 46 ans à la tête de l’Espagne. Comme dans le conte, le vilain petit canard s’est transformé en cygne.
Mariano Rajoy est évidemment le grand perdant, puisque le premier à être déchu par une motion de censure. Sa vie politique se termine donc sans gloire. Les catalanistes et l’extrême-gauche, dans une sorte de point godwin à la sauce ibérique, en font une réincarnation de Franco. Il serait plutôt un disciple du petit père Queuille : « Il n'est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout. » Malgré un charisme de bigorneau, une propension à sortir des vérités premières, les coups sournois d’Aznar, le cretino aura quand même tenu 6 ans et son parti, le PP, malgré toutes ses casseroles, sera resté le 1er parti espagnol. Sa fin cependant n’aura pas été très glorieuse – mais finalement à l’image d’un personnage qui au dernier épisode de l’affaire Gürtel a tenté de faire croire qu’il en ignorait tout – qui a fui le débat aux Cortes en disparaissant pendant 8 heures dans un restaurant proche.
Un jour terrible pour Ciudadanos aussi. La convocation d’élections anticipées, dont il comptait sortir en tête non seulement de la droite mais de tous les partis, est repoussée à une date ultérieure que Sánchez s’est bien gardé de préciser. C’s, si on en croit Lluís Bassets, aurait été victime d’une coalition souterraine de fait. Rajoy se serait résolu à cette chute pourtant humiliante, plutôt que de décider des élections anticipées où un PP à la dérive risquait d’être phagocyté par son ex-allié. Le PNV basque comme évidemment les partis nationalistes catalans haïssaient l’idée que ce parti qu’ils qualifient d’espagnoliste soit hégémonique. Podemos même, quelque soit son animosité envers le PSOE, craignait encore plus que C’s passe devant lui.
Rivera n’a plus qu’à espérer que le « gouvernement Frankeinstein » comme il l’appelle échoue et que le PP ne profite pas de sa cure d’opposition pour se refaire la cerise. Mais, pour le moment, il a perdu la main, faute d’avoir su ou pu négocier son appui à la motion de censure contre une dissolution à très court terme.
Podemos a su faire contre mauvaise fortune bon cœur en se ralliant d’entrée à une motion qui l’a sans doute pris de court. Mais sans obtenir aucune contrepartie. Aucune place dans un gouvernement qui, outre des PSOE, ne s’ouvrira qu’à des personnalités ‘civiles’ comme on dit. Et obligé d’appuyer toutes propositions –retraites, salaires, dialogue avec les nationalistes – qu’il préconise, même s’il les juge trop timides.
Reste que pour Sánchez cette prise du pouvoir va être un exercice de haute voltige. D’autant que Susana Diaz et les autres dirigeants régionaux, s’ils l’ont assuré de leur loyauté et félicité de rendre au pays sa dignité et sa décence, le soutiennent comme la corde soutient le pendu. Ses marges de manœuvres sont d’autant plus réduites que le budget a été voté par l’ex-majorité et qu’il s’est engagé de ne pas toucher aux largesses concédées au Pays Basque par Rajoy pour prix du soutien du PNV. Guère plus de marges côté catalan, puisque les poursuites et emprisonnements sont entre les mains de la justice et que, de plus, sur ce dossier les barons du PSOE le guettent. Cependant de sa réussite, qui ne peut être que relative, dépend l’avenir du PSOE. Et tous – barons ou militants – n’ont plus qu’à souhaiter que cette miraculeuse présidence ne soit pas… le chant du cygne !
Une majorité nette de femmes, dans un cabinet où les compétences sont affirmées, avec un subtil équilibre géographique.
Deux signes forts sont envoyés à l'Europe avec la nomination de Josep Borell, ex-président du Parlement européen, aux affaires étrangères et celle de Nadia Calviño, actuellement directrice générale des finances à la commission européenne, comme Ministre de l'économie.
En revanche, la nomination du même Borell, ex-ministre deFelipe González, va déplaire souverainement aux souverainistes catalans auxquels ce catalan lui-même est clairement opposé.
María Jesús Montero a été empruntée à la région andalouse où elle était déjà chargée des finances, elle aura à mettre en oeuvre la réforme de la financiarisation des régions autonomes.
Carmen Calvo, sera seule à la vice-présidence : femme d'expérience, cette andalouse a été ministre de la culture de Zapatero ; docteure en droit constitutionnel c'est elle qui a négocié l'appui du PSOE pour l'application de l'article 155 en Catalogne ; comme ministre de l'égalité elle devra notamment s'atteler à la lutte contre les violences de genre.
A noter que sept membres sont de formation juridique dont deux magistrat-e-s et, à la tête du ministère de la Justice, une procureure.
Un abbé bénédictin qui refuse d’exécuter une décision de justice et de se rendre à une convocation du Sénat ; des sénateurs PSOE qui demandent alors la comparution de l’évêque présidant la commission épiscopale ; des sénateurs qui, contre l’avis de leurs collègues PSOE, veulent se rendre dans la Valle de los Caídos ; un imbroglio où le national-catholicisme veut affirmer sa prééminence sur la nécropole franquiste.
Faisant un véritable bras d’honneur aux juges et aux institutions démocratique, le prieur du couvent qui administre la basilique de la Valle de los Caídos, Santiago Cantera*, a refusé de comparaître le 12 mars devant la Commission de Justice du Sénat espagnol, pour s’expliquer sur les raisons de son refus d’accomplir une décisions judiciaires demandant la restitution des corps des frères Lapeña, victimes du franquisme, à leurs familles.
A plusieurs reprises, des descendants ont souhaité récupérer la dépouille de leurs proches. En vain. Jusqu’à ce qu’en 2016 un juge de San Lorenzo del Escorial donne raison à la petite-fille d’un militant anarcho-syndicaliste de la Confédération nationale du travail (CNT), et ordonne l’exhumation de son grand-père et de son grand-oncle, les frères Lapeña. La victoire judiciaire est célébrée par les descendants de républicains.
Cantera invoque ses devoirs à la tête du monastère et sa condition religieuse pour justifier sa non-venue. Et, avec arrogance, il invite les membres de la commission à venir les rencontrer pour une visite guidée de la basilique les jours de fermeture aux touristes. Bien qu'il n'ait aucune autorité légale sur la nécropole elle-même, il prétend interdire l’accès aux cryptes au prétexte qu’il craint que les ossuaires ne soient détériorés et en arguant que d’autres familles lui auraient demandé de veiller sur l’intégrité de la sépulture de leurs proches.
Le PSOE n’a pas du tout apprécié le bras d’honneur du prieur. Face à cet affront, il demande la comparution du Président de la conférence épiscopale espagnole, le cardinal Ricardo Blázquez, pour qu’il affirme le droit des familles à récupérer les restes de leurs proches. Cardinal qui a depuis reconnu que les décisions judiciaires devaient s’appliquer. Mais le prieur ne reconnaît aucune autre autorité que le supérieur de son ordre, l’abbé de Solesmes, en France.
Faut-il dire que les sénateurs socialistes ont encore moins apprécié l’invitation de l’abbé bénédictin à se rendre dans ce mausolée d’un dictateur en catimini et au mépris des institutions démocratiques ? Ils considèrent même que cette visite serait comme un encouragement à l’attitude butée du prieur. Mais leurs collègues du PP répondent que si une chance d’ouvrir le dialogue existe, il faut la saisir.
L’incident met en lumière le statut absurde du site – un incompréhensible méli-mélo civilo-religieux, public-privé, franquiste-démocratique. Le lieu est toujours régi par des décrets et normes non abrogées depuis la fin de la dictature.
Ce n’est pas un lieu de mémoire comme il en existe dans le reste de l’Europe, en souvenir des conflits. Aucun panneau pédagogique n’explique quoi que ce soit. Juste sur les deux portes : « Tombés pour Dieu et pour l’Espagne » (“Caídos por Dios y por España”).
*Des moines qui entretiennent les tombes de Franco et du fondateur de la Phalange José Antonio Primo de Rivera, et célèbrent une messe chaque 20 novembre, jour anniversaire de leurs morts. Ils sont devenus les gardiens de la mémoire du dictateur. C’est d’ailleurs Santiago Cantera qui a officié lors de la messe célébrée en l’honneur de la fille unique du caudillo, Carmen Franco, morte en décembre. Le Monde
Ce monumental ensemble, en partie enterré, se situe dans la vallée de Cuelgamuros, sur le territoire de la localité de la province de Madrid de San Lorenzo del Escorial.
Construit par les prisonniers politiques
Ce gigantesque monument a été construit entre 1940 et 1958, en plein franquisme, comme un hommage aux « héros et martyrs de la Croisade », c’est-à-dire à ceux qui luttèrent et moururent pour Franco pendant la guerre civile. Non pour la réconciliation comme le réinventa plus tard le franquisme.
Franco et son épouse visiatant le chantier.
En plus des ouvriers salariés, il y eut 20 000 prisonniers politiques, sur le chantier, sous l’égide d’un organisme de remise de peine par le travail (Patronato Central de Redención de Penas por el Trabajo).
Dans la vallée, il y a une basilique où sont enterrés dans des cryptes et des niches 38 833 cadavres, dont 12 410 inconnus, ce qui fait de la Valle de los Caídos la plus grande fosse commune d’Espagne. Le dernier transfert de corps a eu lieu en 1983. Les morts ont été extraits de fosses communes et cimetières de presque toute l’Espagne.
L’abbaye de bénédictins jouxte la basilique dont elle a la gestion. Un autre bâtiment héberge 50 petits chanteurs de 9 à 14 ans voués au chant grégorien (cher à Solesmes). En face de l’abbaye, une hôtellerie de 220 places, avec restaurant et bar.
Et au dessus de tout cet ensemble monumental s’érige une croix, la plus haute du monde chrétien.
Au départ, ce lieu était destiné aux morts franquistes, mais en 1958, il fut décidé d’y transférer des victimes sans distinction du camp où ils combattaient. C’est ainsi que des milliers de corps de républicains y furent envoyés le plus souvent sans en informer la famille. C’est ce qui s’est passé avec les frères Lapeña qui n’étaient plus dans la fosse que leur famille fleurissait depuis 60 ans.
Bien que les ossuaires et niches soient considérés comme cimetière public et que le reste du monument fasse partie du patrimoine national, les moines sont toujours à la barre (« Los monjes tienen la sartén por el mango » littéralement, ils tiennent la poêle par le manche) ! Ayant la gestion de la basilique, ils s’opposent aux exhumations puisque l’accès aux ossuaires se fait par cette église.
Francisco Franco (et José Antonio Primo de Rivera) y a été enterré en grandes pompes et sa tombe est en face du grand autel de la basilique. Cet emplacement est contraire au droit canonique puisque l’enterrement au pied d'un autel est réservé aux papes ou aux évêques du diocèse. Un petit-fils du dictateur a signalé que Franco désirait être enterré dans le caveau familial d’El Pardo.
Les sculptures et la basilique se dégradent
Pour les statues et la croix monumentale on a employé une pierre calcaire de Calatoroa, une carrière située dans cette commune d’Aragon, facile à travailler. Mais depuis un certain temps des fragments de la Vierge et même des avant-bras du christ se détachent, ainsi que des sculptures des évangélistes ou de la base de la croix. Le tunnel qui conduit à la basilique a des fissures. Une partie des fosses communes a été inondée. La réhabilitation est estimée à 13 millions d’euros.
Mais faut-il restaurer ce mausolée du franquisme ?
METROSCOPIA met Ciudadanos (C's) en tête dans son dernier sondage. Podemos n'arriverait qu'en 4e position.
Donc selon la dernière enquête électorale de Metroscopia (sondage entre le 9 et le 11/01/18), Ciudadanos (C's), dans la foulée de sa première place aux élections catalanes, serait en tête des suffrages en cas d’élections générales en Espagne, avec 27 %. Le PP de Rajoy, malgré toutes ses casseroles et son échec cuisant en Catalogne, obtiendrait encore 23 %. Si le PSOE réduit son écart, il reste encore derrière avec à peine 22%. Mais, satisfaction, il devancerait nettement Podemos à 15%.
Bien sûr ces données ne font que refléter l’état actuel de l’opinion puisque aucune élection générale n’est en vue. Cependant, pour la première fois C’s passe devant le PP. Et il n’est pas interdit de penser que ça tient beaucoup au résultat d’ Inés Arrimadas, tête de liste de Ciudadanos aux élections catalanes du 21-D. La réponse claire et ferme de C’s face aux sécessionnistes a eu impact dans l’opinion espagnole. Et surtout, C’s semble avoir acquis de la crédibilité, puisque les sondés qui optent pour le PP ou le PSOE sont nombreux à penser que ce parti a un projet crédible pour l’avenir de l’Espagne.
Dans l’estimation des quatre leaders des différents partis, comme toujours, c’est Rivera (C’s) qui est le seul à avoir un solde positif. Si Pedro Sánchez (PSOE) est des trois restants, celui qui a le solde négatif le moins élevé, il peine à s’imposer dans son propre camp, marque des divisions internes. Quant à Pablo Iglesias (Podemos), il commet l’exploit d’être plus impopulaire que Rajoy (PP).
Mariano Rajoy, Président du gouvernement, est présenté comme un crétin, un imbécile.
Il a certes autant de charisme qu’un bigorneau sur son rocher. Il multiplie les truismes, les lapsus et les erreurs. Mais, après deux élections générales qu’il a lui-même provoquées, il est là. Il n’a certainement pas une stature de chef d’état. Ainsi, au lendemain des élections de décembre 2015, bien que le PP soit arrivé en tête, il refusa la demande du roi de se présenter à l’investiture, car sa seule priorité était de provoquer la pire crise possible chez les socialistes, d’autant plus qu’on les savait divisés, et leur dirigeant contesté. Mariano Rajoy s’est donc fixé pour tâche d’« avoir la tête » de Pedro Sánchez, quoi qu’il lui en coûte, même si le prix en était l’organisation de nouvelles élections dont, de toute manière, il espérait que le PP sortirait renforcé*. Ce qui fut le cas. Puis, après les élections de juin 2016, continuant son œuvre, bien aidé par des barons du PSOE, il a acculé Sánchez à la démission en obtenant l’abstention des députés socialistes.
Et le « cretino » est toujours à la tête du gouvernement. Et, malgré son échec catalan, il n’est pas dit que ce politicien retors ne soit pas capable de s’accrocher encore au rocher du pouvoir.
Iglesias paye sans doute, sa stratégie du sorpasso – surpasser le PSOE – qui a totalement échoué aux élections du 26 juin 2016. Si le PSOE y perdait 100 000 voix, par rapport aux élections du 20 décembre 2015, l’alliance de Podemos avec IU (« gauche unie » à ossature PC) perdait 1 million de voix et ne gardait ses élus que grâce à cette alliance qui lui permettait d’être mieux présente dans les petites provinces.
Íñigo Errejón et Pablo Iglesias
"Podemos n’a jamais prétendu se placer de force à la gauche du PSOE, mais bien se substituer à lui comme parti de gouvernement. C’est bien ce qui a fait la force de Podemos depuis sa fondation : la promesse (d’ailleurs confortée par les sondages) de viser la formation d’un gouvernement. Promesse qui a volé en éclats lors des élections du 26 juin 2016, quand le nouveau parti a perdu un million de voix.
D’abord déconcerté par ce résultat, Podemos a ensuite montré clairement qu’il avait fait deux lectures différentes des causes de ce revers. Pour les partisans du numéro deux de Podemos, c’est-à-dire pour son secrétaire politique et co-fondateur, Íñigo Errejón, il fallait chercher l’origine du problème dans la gestion des résultats de décembre, qui avait eu pour effet de rompre tous les ponts avec les socialistes, de rejeter tout accord avec Ciudadanos et de voter contre l’investiture de Pedro Sánchez ; et aussi conférer à Podemos une image de radicalité, d’incapacité au dialogue politique, d’ailleurs confirmée par la coalition formée avec Izquierda unida, à laquelle le numéro deux s’était opposé. En bref, pour Íñigo Errejón, le responsable de ce revers électoral, c’est Pablo Iglesias, c’est sa volonté de se radicaliser, avec une embardée à gauche (coalition avec IU) et, par conséquent, son abandon de la transversalité politique qu’Errejón avait défendue dès la formation de Podemos.
Pour le chef de Podemos et pour ses partisans (dont l’argument était que si l’on ne s’était pas allié avec Izquierda unida, les résultats auraient été encore plus mauvais), l’analyse des « errejonistes » a été vue comme une trahison ad hominem et surtout comme une offensive politique visant à affaiblir la figure du secrétaire général, à présenter une image de parti à direction bicéphale, à vision politique double, notamment en ce qui concernait les relations à entretenir avec le Parti socialiste. Pour résoudre le problème de leadership, on a activé plusieurs mécanismes typiques de toute formation politique classique : campagnes de diffamation, critiques constantes sur les réseaux sociaux et les plateaux de télévision...."
Il manque à ce sondage une projection en sièges, car la proportionnelle est, un peu, comme nos sénatoriales, biaisée, car s’appliquant à des provinces de tailles variées. Quand il n’y a qu’un siège comme à Melilla ou Ceuta, ou deux ou trois sièges, seuls les partis bien implantés sur le territoire l’emportent. Ajoutons que tous les sondages ont, jusqu’à présent surestimé le poids de C’s.
Pedro Sánchez, évincé par les barons du PSOE, tel Corbyn au Labour, a reconquis son poste grâce aux militants
Cependant, il semble confirmer une baisse du PP (dont la résistance étonne quand même, plombé qu’il est par des scandales qui ferait passer Bygmalion pour du bricolage), une bonne résistance du PSOE, malgré ses divisions, et un échec de Podemos qui, en faisant le choix après de premières élections générales du 20 décembre 2015, de jouer l’échec de Sánchez (PSOE) à tenter de monter un gouvernement, s’est tiré une balle dans le pied. Mais Sánchez a eu lui, après le 26 juin 2016, à subir la révolte des barons qui prônaient l’abstention face à Rajoy, l’obligeant à démissionner, avant de faire la reconquête du PSOE grâce à la base. Mais non sans séquelles quant à l’appui interne.
L'instantané de l'état de l'opinion que donne ce sondage électoral de Metroscopia montre donc un centre-droit moderne surpassant la droite classique, mais un PSOE résistant à la montée de l’extrême-gauche. La tentative de Sánchez après les élections du 20 décembre 2015 – alliance avec C’s et abstention de Podemos – pourrait donc réussir mais sous l’égide de Rivera (C’s) et sans avoir besoin de l’abstention de Podemos. Ce qui signerait l’échec total de la stratégie d’Iglesias, anti PSOE.
Un site gauchiste peut afficher le montage ci-dessus, le PP est néanmoins le gagnant apparent de ces nouvelles élections générales espagnoles. Et Podemos, le perdant. Le PSOE sauvant la mise et Ciudadanos ne perçant pas. Mais l'impasse paraît totale.
Une proportionnelle parcellisée
Avec pratiquement le même nombre de voix le PNV obtient 5 députés, le Parti Animaliste (eh oui ! ça existe) aucun.
L’utilisation de la loi d’Hondt mais surtout la répartition des sièges entre provinces de tailles diverses favorisent les deux partis arrivés en tête dans les petites provinces. Ainsi le PP et le PSOE ont obtenu des sièges à Soria, Ceuta, Melilla, Ávila, Segovia et Teruel avec moins de 20 000 voix, tandis que Ciudadanos doit en réunir 100 000 pour chaque siège gagné à Madrid !
Les petits partis à vocation nationale sont pénalisés. En revanche, le PNV, qui concentre ses votes sur 3 provinces les rentabilise. Le PP, bien implanté dans les provinces les moins peuplées est le parti national le plus favorisé.
Un jeu de dupes que ces nouvelles élections provoquées par le blocage après celles de décembre.
Le PP malgré ses nombreuses casseroles gagne en voix et en sièges. Le PSOE, l’autre parti traditionnel, donné troisième derrière Podemos, reste 2e.
Les nouveaux partis ne percent pas. Ciudadanos, bien que mené par le dirigeant le moins impopulaire dans les sondages, victime sans doute du vote utile en faveur du PP, perd 8 sièges. Et Podemos alors que son leader Pablo Iglesias avec morgue moquait le PSOE, malgré une alliance avec Izquierda Unidad (rebaptisé en décembre 2015 Unidad Populares), maintient juste le nombre de sièges (69+2) et l’alliance perd nettement en voix et en pourcentage.
La moindre participation (69,84% contre 73,20% le 20 décembre) explique que malgré un nombre de voix légèrement plus faible, le PSOE gagne en pourcentage, mais perd cependant 5 sièges dans la bataille.
Podemos croyait pouvoir tirer le meilleur parti du blocage qu’il avait en grande parti provoqué.
En effet, après avoir poussé le PSOE vers une alliance minoritaire avec Ciudadanos par des exigences inaceptables, Podemos avait accepté la main tendue d’Izquierda Unida (gauche unie essentiellement PC) qu’il avait dédaigneusement repoussé en décembre. Certes il perdait l’image de parti transversal, transcendant le clivage droite/gauche, mais la deuxième place que semblait lui assurer l’addition des forces (plus de 24% contre 22% au PSOE le 20D) lui promettait des gains en sièges substantiels. Et les sondages successifs confirmaient la justesse de ce calcul. La dynamique de l’union poussait Unidos Podemos vers une 2e place qui en ferait le leader de la gauche. Pablo Iglesias, avec une ironie arrogante, proposait déjà une vice-présidence à Pedro Sánchez, le socialiste, dans une majorité de gauche.
Jusqu’au sondage à la sortie des urnes, repris par les quelques médias français qui suivaient un peu ces élections, qui donnaient encore Podemos et ses alliés devant le PSOE en voix et en sièges.
Or ce front de gauche ibérique perd 1 million de voix du 20D au 26J, de décembre 2015 à juin 2016 ! Et ne gagne aucun siège. L’ex-dirigeant Juan Carlos Monedero ironise cruellement sur l’infantilisme d’un parti qui a cru dans les sondages, parce que ces sondages disaient ce qu’ils voulaient entendre. Les adversaires de la ligne d’Iglesias– à commencer par son second, Errejón – estiment que la convergence avec Izquierda Unida a été un handicap pour leur parti. L’identification de Podemos avec une gauche traditionnelle et caduque, qui ne fait pas rêver, a terni son image novatrice. En revanche, pour les proches d’Iglesaias, ce fut la campagne électorale, dont Errejón avait la charge, trop consensuelle , trop molle pour tout dire qui a été démobilisatrice.
Un qui échappe à une nuit de longs couteaux, c’est Pedro Sánchez. Non seulement, il a su surmonter la menace extérieure de Podemos qui voulait supplanter le PSOE, mais ainsi il conforte sa place de leader en interne face aux barons, à commencer par Susana Díaz, Présidente de l’Andalousie. Barons qui ont le plus souvent contracté alliance dans leurs régions avec Podemos ou ses alliés locaux, mais s’opposaient à cette éventualité au niveau national, donnant une image d’incohérence à leur parti. Sánchez a eu le courage de se lancer dans une démarche d’investiture qu’il savait perdu d’avance, mais qui permettait de lancer le processus institutionnel.
Pour autant, la stratégie constante d’humiliations menée par Pablo Iglesias à l’encontre du PSOE – se lançant par exemple dans une diatribe virulente et hors de propos contre Felipe González dans sa première intervention au Parlement – à laquelle s’ajoute l’hostilité du PCE envers les socialistes, rend une convergence à gauche très problématique.
Passons sur Ciudadanos qui ne peut-être, au mieux, qu’une force d’appoint, insuffisante pour obtenir une majorité. Juste pour souligner qu’il ne suffit pas d’avoir un leader apparemment populaire (le seul à obtenir un solde positif entre satisfaits et insatisfaits dans les sondages), Albert Rivera, pour faire un gros score.
La preuve inverse est donnée avec le PP, dont le leader, le chef de gouvernement sortant, bat lui les records d’impopularité. Bien que plombé en outre par une succession de scandales, le PP améliore nettement son score (+4,3%), gagne plus d’un demi-million de voix et 14 députés ! Le phénomène Barrabas à l’échelle d’un pays. Le Balkanysme pour un parti entier. Pourri mais en tête. Rajoy, le moins charismatique de tous les leaders, fort de ses presque 8 millions d’électeurs, affirme haut et fort sa volonté de reprendre la direction du gouvernement, soit avec des alliés (mais le PSOE rejette cette hypothèse et C’s rejette Rajoy), soit seul avec des majorités ponctuelles.
Sur le papier, à droite, une alliance PP+C’s+PNV+la coalition canarienne serait à 1 voix de la majorité ; à gauche, PSOE+Podemos devraient aussi convaincre C’s, car même l’apport problématique d’ERC (acceptation ou pas du référendum catalan) et d’EH Bildu ne donne pas de majorité.
A noter que les Espagnols ont l'habitude de noter, non sans ambiguïté (le J de 26J peut être aussi bien juin que juillet) les grands évènements de la date du jour suivie de l'initiale du mois : 20D=20 Décembre 2015, 26J=26 Juin 2016 sans oublier le 23F comme Fondateur...
Pablo Iglesias, leader de Podemos, crache à la figure du PSOE tout en feignant de lui tendre la main. Le PP malgré des scandales récurrents se maintient dans les sondages. La très fragile alliance PSOE-Ciudadanos se heurte au bloc du refus, droite et gauche extrême réunies. De nouvelles élections générales se profilent mais qui, dans l’état actuel de l’opinion, aboutiraient à la même impasse.
Il n’y va pas avec le dos de la cuiller, le leader de Podemos, dans son discours au Parlement. Pablo Iglesias, a en effet asséné que le PSOE était coupable « de crime d’Etat et de trafic d’influence », qu’il avait « de la chaux vive sur les mains » et pratiquait « une politique suicide » à la solde de l’UE, ceci tout en l’enjoignant à continuer à négocier avec lui dans le même discours.
Rajoy, 1er ministre sortant, chef du 1er parti, le Parti Popular (PP) a vite renoncé à tenter de former un nouveau gouvernement, faute d’allié.
Le Roi a donc fait appel au leader du parti arrivé second, le PSOE, pour chercher à son tour une coalition. Une solution à la portugaise où les partis de gauche avaient réussi à s’unir pour obtenir la majorité absolue supposait, outre l’accord PSOE-Podemos, d’autres alliés. Mais d’entrée Podemos posait des exigences difficilement acceptables : outre la Vice-Présidence, le Ministère de l’Intérieur et six autres ministères. Surtout, l’accord achoppait sur l’exigence d’un référendum sur l’indépendance de la Catalogne. Pour le PSOE, cette exigence est inacceptable car elle ferait entrer l’Espagne dans une période d’incertitude qui accroîtrait les difficultés économiques. Et électoralement ce serait suicidaire car le PSOE a ses fiefs dans les régions unitaires.
Faute d’un accord avec Podemos, Pedro Sánchez a cherché l’appui de Ciudadanos (C's) – parti centriste farouchement anti indépendantiste. Solution des plus bancales, puisque l’alliance ne donne guère plus d’élus (130) que le seul PP (123) et est donc très loin de la majorité absolue (176). Et un gouvernement minoritaire n’est possible que par l’abstention de Podemos et d’une fraction des élus des petits partis. Par deux fois, Sánchez s’est heurté à la conjonction des NON, du PP et de Podemos.
Totale impasse donc et l’on s’oriente, si rien ne bouge d’ici la fin du mois, vers de nouvelles élections générales en Juin.
Au-delà des fluctuations du baromètre électoral de Metroscopia, il appert que la situation serait la même après un nouveau scrutin.
Certes le sondage réalisé les 8 et 9 mars auprès de 1200 personnes (marge d’erreur ± 2.9) semble faire bouger les lignes entre C’s et Podemos.
Ciudadanos regonflerait ses voiles, en supposant toutefois que conscient de la surestimation d’avant le 20D (plus de 5 points entre le sondage du 13 décembre et le résultat des élections, en défaveur de C’s) Metroscopia ait retravaillé ses équations. Ce qui est constant c’est la cote de popularité d’Albert Rivera, le seul à avoir un solde d’appréciations positif ; son profil de gendre idéal lui vaut presque l’approbation de la moitié des électeurs de Podemos !
Podemos qui semble avoir assez mal négocié le débat sur l’investiture. Pablo Iglesias en s’en prenant violemment à Felipe González, Président du gouvernement du 1er décembre 1982 au 4 mai 1996, artisan essentiel de la transition démocratique, froisse tous ses anciens électeurs sans que ses jeunes troupes se sentent beaucoup concernées : les GAL, cette préfiguration artisanale des assassinats ciblés chers aux USA ou à Israël, c’est pour eux de l’histoire très ancienne.
Et Podemos révèle aussi des failles, car il ne forme pas un groupe homogène ayant contracté des alliances locales : ses alliés ne sont pas tous sur la ligne intransigeante d’Iglesias. Iglesias qui paye cette attitude par un solde négatif global et le solde positif le plus faible dans son propre camp.
Le PP c’est un peu le paradoxe des Balkany mais à l’échelle d’une nation. Les scandales s’ajoutent aux scandales – une nouvelle affaire impliquant l’ex-maire Rita Barberá vient d’éclater à Valence – mais le PP semble inoxydable avec un noyau dur de plus du quart des électeurs. Rajoy s’il garde la confiance relative de ses troupes est le plus impopulaire des quatre chefs de parti.
Le PSOE, malgré son impuissance actuelle à former un gouvernement, n’en pâtit pas. Et son leader, même, ayant su faire face, au lendemain des élections, à la pression des barons locaux, a assis son autorité dans son parti, y recueillant enfin un solde positif net et apparaissant comme le leader indiscutable en cas de nouvelles élections. Il s’emploie à essayer de lever l’hypothèque catalane. Il renforce l’accord avec C’s. Il tente d’acculer Podemos à l’abstention.
Unidad Popular (UP) (ex IU : gauche unie) reprend du poil de la bête récupérant un peu de l’électorat parti chez Podemos. Ils savent gré à Alberto Garzón d’avoir œuvré pour tenter de mettre sur pied une coalition de gauche (PSOE+Podemos+UP).
L’impasse est d’autant plus grande que le seule combinaison qui obtient la faveur d’une majorité de sondés est celle que Pedro Sánchez essaye de faire passer et qui, nouvelle élection ou pas, est minoritaire.
La 2e hypothèse, une grande coalition à l’Allemande, PP-PSOE avec l’apport de C’s et le populaire Rivera comme clé de voûte, hypothèse d’école, provoque juste un peu moins de rejets que les trois suivantes. La coalition de gauche est rejetée par les électeurs PSOE ! Le contentieux avec Podemos est lourd et ils préfèrent une grande coalition dirigée par Sánchez. Quant à la même, mais présidée par le sortant Rajoy, elle provoque le plus net refus.
Il est intéressant de noter que si la majorité des sondés veut donner sa chance à l'alliance PSOE+C's en prônant l’abstention surtout (48% et 43%) et le vote pour (10% et 17%) dans un nouveau scrutin parlementaire, les électeurs de Podemos le préconisent à 49% (35% abstention+14% pour) face à 46% contre.
Metroscopia note, derrière les chiffres globaux, la porosité d’une fraction de l’électorat. Ainsi, au moment du sondage, C’s, bien qu’en hausse globale, perdait potentiellement 10% de ses électeurs vers le PP, 4% vers le PSOE et 10% vers l’abstention mais il recevrait 10% d’électeurs PP, 5% du PSOE, 4% de Podemos, 8% d’UP et 5% d’autres partis… Cette porosité qui se retrouve donc dans les autres partis laisse le jeu très ouvert en cas de nouvelles élections.
Malgré les difficultés évidentes du multipartisme après le bipartisme de fait, les sondés le préfèrent nettement – 67% contre 30%. Mais si les Espagnols gardent un intérêt évident pour la politique, ils n’ont pas le même respect pour les politiques qu’ils accusent à 83% de faire passer leur intérêt ou celui de leur parti avant le bien de la nation !
Nation qui, faute d’une culture du compromis, pourtant fort bien pratiqué au niveau municipal et régional, et qui a permis la transition démocratique, risque de se retrouver dans la même impasse en juin ! Le PP, surtout s’il garde Rajoy comme leader, ne devrait pas faire mieux. Même si Podemos réussissait son pari de dépasser le PSOE, il pourrait difficilement le convaincre de faire alliance avec lui, tant l’électorat socialiste est ulcéré par la virulence des attaques d’Iglesias.
Le seul jeu ouvert reste du côté de C’s, capable de s’allier avec un PP débarrassé de Rajoy et acceptant de ne pas remettre en cause, comme il l’a fait, les acquis sociétaux (IVG, mariage pour tous).
Au lendemain du 20 D – des élections générales – la politique espagnole semble frappée de balkaniysation. Balkanysation : un peu comme Balkany chez nous à Levallois-l’endettée, malgré ses innombrables casseroles, le PP avec presque 29 % des suffrages reste le 1er parti espagnol. Balkanisation : le paysage politique est éclaté et surtout aucune majorité de gouvernement ne semble possible.
Le PP du sortant Rajoy, malgré une campagne très timide et bien qu’accablé par les scandales – Rajoy lui-même palpait des enveloppes au noir distribuées par Barcenas, le trésorier du PP – avec presque 29 % reste le premier parti espagnol. Mais il est loin, très loin, de la majorité absolue conquise en 2011.
Le PSOE sauve sa deuxième place aussi bien en sièges, ce qui était prévu, qu’en voix à 22 % ce qui l’était moins. Il fait, cependant, son pire score depuis la transition démocratique.
L’usure du bipartisme – plus qu’annoncé depuis l’irruption de Podemos aux Européennes – se traduit donc par l’émergence de deux nouveaux partis nationaux.
Podemos, avec des alliances locales fructueuses à Barcelone, à Valence notamment, a réussi son entrée arrivant en 3e position à 21 % et comptant plus d’élus que ne lui en promettaient les projections avec 69 sièges.
Ciudadanos n’a pas tenu les promesses de l’automne où il semblait avoir le vent en poupe ; avec 14 % et 40 sièges, il ne jouera pas à lui seul, le rôle pivot auquel il aspirait.
Certes les partis de la caste comme disait Podemos ne font plus que 50% contre près de 75 % en 2011, mais de là à clamer comme Pablo Iglesias (Podemos) ou Albert Rivera (C’s) que ce vote historique ouvre une nouvelle phase d’espoir pour l’Espagne, c’est faire fi d’une réalité arithmétique : aucune majorité absolue ne semble plausible.
Quant à la mi-janvier 2016 le nouveau Parlement sera officiellement installé, le Roi fera appel au leader du parti arrivé en tête, Rajoy, pour former le gouvernement.
Mais même en admettant qu’il puisse convaincre C’s, centre droit, à se joindre au PP, ce qui, a priori, est très improbable, il n’obtient pas la majorité absolue.
Une majorité alternative à gauche – PSOE plus Podemos – même avec l’appui d’Izquierda Unida, ne ferait pas mieux. Il lui faudrait l’appoint des partis catalans et basque (15 sièges) plus tentés normalement par cette potentielle coalition, plus ouverte sur les questions régionalistes.
Mais toutes ces hypothèses sont très fragiles. Les seules coalitions assurant une majorité absolue sont aussi improbables l’une que l’autre :
> soit une grande alliance à l’allemande, PP-PSOE, mais cette option a été rejetée par les deux partis avant le scrutin
> soit un cartel des non : PSOE-Podemos-C’s, mais Rivera (C’s) a déclaré que son parti ne soutiendrait pas ce qu'il appelle un « groupement de perdants ».
“La menace de la non-gouvernabilité va marquer le jour d’après le 20 décembre, écrit El País, car il manque un accord de plus de trois partis pour obtenir les 176 sièges de la majorité absolue.” (cité et traduit par Courrier International).
Et il se pourrait que dès le Printemps les Espagnols soient appelés à reprendre le chemin des urnes.
Les différentes enquêtes et sondages : CIS fut le plus juste pour le score du PP, Metroscopia a le moins sous-estimé Podemos,mais tous ont largement surestimé Ciudadanos, CIS avait vu juste pour IU...
Les élections générales espagnoles auront lieu le 20 décembre. Malgré des scandales en cascade le PP reprend la tête des sondages. Mais une alliance sera indispensable. Et un blocage n’est pas à exclure.
Alors que fin novembre, Metroscopia mettait trois partis dans un mouchoir de poche – PP 22,7%, PSOE 22,6% et Ciudadanos (C’s) 22,5% donc bien en deçà de la marge d’erreur – le sondage suivant place le PP du Président du gouvernement sortant, Mariano Rajoy, nettement détaché à 25,3% devant un PSOE à 21%, tandis que C’s décroche de 22,5 à 18,2% et, qu’au contraire, Podemos remonte de 17,1 à 19,1%. La conjonction des différents sondages, notamment celui du CIS, renforce l’hypothèse d’un PP prenant la tête le 20D.
Les projections en sièges donnent donc une majorité relative au Parti Popular, mais même dans celle du CIS, la plus favorable au PP, loin de la majorité absolue.
NOMBRE DE SIEGES PAR PROVINCE
A la lecture du sondage et de la projection en sièges, on peut se demander comment une différence de deux points entre l’estimation du PSOE et celle de Podemos peut se traduire par un écart de 30 sièges.
Certes les élections espagnoles ont lieu à la proportionnelle, mais une proportionnelle qui se joue dans les 50 provinces. Dans les plus importantes, de fait, la répartition des sièges est pratiquement proportionnelle. Mais dans les moyennes et petites, la répartition favorise les partis arrivés 1er et 2e ; c’est un handicap pour les partis en 3e ou 4e position.
Mariano Rajoy (PP) reste celui qui a le solde de satisfaction le plus bas, mais il passe de -45 à -33 depuis le lancement de la campagne et alors qu’il s’est défilé lors de la 1ère grande confrontation. Pedro Sánchez (PSOE) a vu lui son solde se dégrader de -14 à -20. Pablo Iglesias, comme Rajoy, reste avec un solde négatif, mais beaucoup moins élevé de -34 à -24. Et Albert Rivera (C’s) reste le chouchou, le seul avec un solde positif +11 constant. Et c’est toujours Sánchez qui est la moins populaire chez ses propres sympathisants.
Le paradoxe de cette montée du PP et de cette remontée de Podemos est qu’ils restent les deux partis qui provoquent le plus de répulsion. 50% des sondés ne voteraient PP en aucun cas et 38% Podemos. Alors qu’ils ne sont que 13% ou 10% à manifester un tel rejet pour le PSOE ou C’s.
Paradoxe encore, Albert Rivera, le chouchou des sondés, est cependant celui que le moins d’électeurs considèrent comme le Président de gouvernement le plus apte et ils sont encore moins nombreux à souhaiter que son parti gagne. Mais ce qui ressort bien c’est que même si Rajoy et le PP dont là encore en tête, l’opinion est fragmentée en quatre parts assez proches.
Le positionnement idéologique des sympathisants de chaque parti ne dessine guère des alliances évidentes. C’s voit son électorat potentiel se droitiser nettement. Le PSOE reste ancré au centre-gauche. Et Podemos qui cherchait à se situer ailleurs lui reste ancré à gauche. C’s semble néanmoins le parti pivot, se rapprochant idéologiquement du PP, mais dont il se voulait le concurrent direct pour mettre fin à la corruption.
Podemos, tout en refusant la main tendue d’Izquierda Unida (IU rebaptisé Unité Populaire UP) a su nouer des alliances avec les formations locales qui, à Barcelone, Madrid, Saragosse ou Valence, ont su conquérir les municipalités. Ainsi, les projections le donnent en tête à Barcelone. Il semble qu’Iglesias, excellent débateur, tienne un discours relativement modéré pour atténuer les craintes que son parti provoque dans l’électorat socialiste. Car son but, assez nettement exprimé par ses lieutenants, est de plumer la volaille socialiste et ses attaques visent surtout Sánchez. PSOE qui est bien sûr la cible du PP, mais aussi égratigné par C’s qui vise lui son électorat le plus centriste.
Le PP compte accentuer son avance pour être en position de provoquer une coalition autour de lui. Mais sauf à imaginer une improbable alliance à l’allemande entre les partis de la caste, comme dit Podemos, PP-PSOE, on jouera le 21 décembre à majorité impossible. D’autant que, vu l’hostilité de Podemos envers C’s et plus encore le PSOE, une triple alliance anti PP est tout aussi improbable.
Même si, d’un sondage à l’autre, l’électorat espagnol semble assez versatile, il est peu probable que dans les quelques jours qui viennent d’énormes mouvements d’opinion aient lieu. On s’oriente donc, au soir du 20 D, vers une Espagne très instable. Sera-t-elle capable de retrouver l’esprit de compromis qui a permis la transition, c’est-à-dire le passage en douceur de la dictature franquiste à la démocratie ?
Lors du 1er débat, organisé par El País, Rajoy a refusé de participer : il est donc représenté comme un froussard !
Rajoy n'a voulu débattre qu'avec Pedro Sánchez (PSOE)
A même pas deux mois des élections générales, le baromètre électoral de Metroscopia reflète une double évolution : Ciudadanos (C’s) semble poursuivre son ascension, tandis que les socialistes rétrogradent.
Et 69% des sondés estiment qu’il serait bon que l’Espagne ne soit plus dirigée par le PP ou le PSOE.
Ainsi, le PP, stable d’un mois à l’autre, retrouve cependant la première place à 23,5%, C’s passe en 2e position avec 22,5%, le PSOE lui perd 2 points à 21%, au profit de Podemos qui reprend des forces à 17% presque 3 points de plus en moins d’un mois. IU résiste bien avec 6,3%.
Une situation des plus indécises donc puisque les trois premiers sont en-deçà de la marge d’erreur de ± 2,7 points.
Transferts de voix
Le PP quasi stable depuis trois mois à 23-23,5% semble tenir un éléctorat solide, avoir atteint son socle. Si C’s a su séduire une part importante de ceux qui ont voté PP en 2011, sa capacité d’attirer d’autres électeurs du PP semble avoir atteint ses limites. Et il n’est pas impossible même que d’ici les élections une partie de ces transfuges reviennent au PP. La montée de C’s ces derniers mois est dû à l’apport d’électeurs d’autres partis entre autres de 11% d’ex-électeurs du PSOE.
Podemos qui, en Octobre était tombé au plus bas depuis un an, après des résultats catalans décevant, remonte la pente au détriment aussi du PSOE, puisque le flux des ex-électeurs socialistes passe de 11 à 16%. Si podemos ne remonte pas plus c’est qu’IU contrairement à son calcul résiste.
Cependant ce résultat est cohérent avec les choix des sondés sur le parti qu’ils souhaitent voir gagner les élections : PP, C’s et PSOE recueillent 18% chacun, contre 14% pour Podemos.
Albert Rivera (C’s) est le préféré des sondés comme chef de gouvernement avec 22%, devant Mariano Rajoy (PP) à 17% et Pedro Sánchez à 16 % ou o Pablo Iglesias à14 %.
Ce qui correspond parfaitement à l’image des principaux leaders puisque Albert Rivera reste le seul à obtenir un solde d’opinions positif (ceux qui approuvent son action politique sont plus nombreux que ceux qui la désapprouvent). En revanche Pedro Sánchez reste dans le négatif (-24), et si Pablo Iglesias (-37) et Mariano Rajoy (-42) ont un solde encore pire, ça l’est un peu moins qu’au début octobre. Et Sánchez reste aussi celui qui s’impose le moins dans son propre parti (+66). Alors que Rivera, lui, est plébiscité à +90. Il obtient même des soldes positifs chez les électeurs potentiels du PP (+40) et du PSOE (+17) ; mais pas de réciproque pour Rajoy (-41) et Sánchez (-30) chez les électeurs potentiels de C’s.
Rivera obtient le meilleur solde dans l’électorat qui se situe au centre (5 sur une échelle de 0 extrème-gauche à 10 extrême-droite) : +31 points ; mais il dépasse largement Sánchez dans l’électorat de centre-gauche (+11 contre -18 pour le socialiste !) et au centre-droit face à Rajoy (+48 contre +16).
Et dans l’hypothèse souhaitée par plus des deux tiers où ni le PP ni le PSOE dirigent le gouvernement, une large moitié des sondés (58%) opte pour C’s, un quart (26%) seulement pour Podemos.
Système électoral
Le Congrès des députés compte 350 membres élus tous les quatre ans au suffrage universel direct. Le mode de scrutin est proportionnel (méthode d’Hondt) et les circonscriptions sont les cinquante provinces espagnoles ainsi que les villes de Ceuta et Melilla. Un quorum est fixé à 3% au niveau de la circonscription électorale.
Les provinces se voient attribuer un nombre de sièges proportionnel à leur population, mais en ont au minimum deux, créant ainsi un léger avantage pour les provinces les moins peuplées. Le système donne par ailleurs un avantage aux grands partis, qui sont presque sûrs d’obtenir un siège dans chaque circonscription alors que les plus petits partis ne peuvent espérer être représentés que dans les grandes circonscriptions.
Les villes de Ceuta et Melilla comptent chacune un député élu au système majoritaire à un tour.
Metroscopia, avec forces précautions – l’estimation ne pronostique pas le résultat final du 20D –a tenté de traduire les estimations des votes en projections en sièges. Cela à partir de données collectées à divers moments dans les provinces, mais aussi sur la base de 18400 entretiens téléphoniques.
L’estimation des forces dans le futur parlement mat le PP en tête avec une fourchette de 93-100 élus, suivi de près par Le PSOE qui obyiendrait entre 88 et 98 députés. Ciudadanos, bien que 2e en voix, serait en 3e position avec 72-84. Cela s’explique par le système électoral qui favorise les formations politiques qui ont une implantation homogène sur tout le territoire national. Ce qui est le cas des vieux partis avec ses militants, ses élus locaux. Mais les données disponibles semblent indiquer que C’s a progressivement gagné en transversalité et on ne peut écarter que d’ici l’échéance électorale son implantation s’améliore sur toutes les circonscriptions électorales et donc qu’il rivalise avec les deux autres en nombre d’élus.
Les autres partis nationaux –Podemos 42-46 et IU 5 – avec le système électoral n’obtiennent pas un nombre d’élus proportionnel à leur score. Ainsi IU avec seulement -0,6% de voix par rapport à 2011 perdrait plus de la moitié de ses sièges.
Un analyste explique cette montée de C’s, supplantant Podemos par un changement du climat politique espagnol qui serait passé de l’indignation à ce qu’il appelle l’oxygénation. Si l’indignation se situe hors du système qu’il attaque, l’oxygénation joue en son sein pour le rénover profondément. L’une est une force centrifuge, l’autre une force centripède.
L’indignation s’est incarnée dans Podemos et Pablo Iglesias, l’oxygénation s’incarne dans Ciudadanos et Albert Rivera, avec l’appui des électeurs de moins de 55 ans, actifs et habitants des grandes villes. Mais les deux forces ont en commun le slogan du mouvement du 15M : « Ni face A, ni face B, nous voulons changer de disque ».
La montée en puissance de C’s déclenche bien sûr des contre-attaques. Mais relativement modérées du côté du PP ou du PSOE, car c’est un allié potentiel pour un futur gouvernement de coalition. Plus vigoureuse donc à l’extrême-gauche.
Sur le mode humoristique on détourne sa première affiche quand C’s a démarré petitement aux avant-dernières élections catalanes.
Mais des attaques beaucoup plus sévères le visent. Ainsi est-il accusé d’avoir sympathisé avec un club de supporters ultras – du style de ceux qui sévissaient dans le kop de Boulogne –du club de foute l’Espanyol de Barcelone, la Brigada Blanquiazule. Un journal Catalan, El Periódico de Catalunya, affirme qu’il a été membre du mouvement de jeunes du PP. Plus grave est l’accusation d’être lié à Libertas, un mouvement eurosceptique qui comptait notre Vicomte vendéen, de Villers, comme tête de liste en France aux élections européennes de 2009.
Surtout, il est présenté comme un sous-marin de FAES, un think-thank à la dévotion de José María Aznar, ancien 1er ministre du PP.
Dans le jeu électoral espagnol, si l’on peut faire quelques rapprochements avec un Parti socialiste qui a peine à se mettre en ordre de bataille derrière sa tête de liste ou avec un ancêtre du front de gauche plus apte à mettre en difficulté la gauche – mais ici c’est Podemos – que le centre ou la droite, pour le reste rien à voir avec nous. Pas de FN : le PP, contrairement à l’UMP, a couvert tout le spectre de la droite avant que Ciudadanos vienne chasser sur son centre. Ni Podemos, ni Ciudadanos n’ont d’équivalents français. Qui pourrait comparer Pablo Iglesias à Mélenchon ou Albert Rivera à Bayrou ? Certes, ni l’un ni l’autre, malgré leur jeunesse, ne sont des perdreaux de l’année. Mais, eux, démarrent vraiment au plus haut niveau politique. Et, quel que soit le résultat, l’un ou l’autre sera impliqué dans le futur gouvernement espagnol.
Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas
s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus
souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent
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rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les
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