METROSCOPIA met Ciudadanos (C's) en tête dans son dernier sondage. Podemos n'arriverait qu'en 4e position.
Donc selon la dernière enquête électorale de Metroscopia (sondage entre le 9 et le 11/01/18), Ciudadanos (C's), dans la foulée de sa première place aux élections catalanes, serait en tête des suffrages en cas d’élections générales en Espagne, avec 27 %. Le PP de Rajoy, malgré toutes ses casseroles et son échec cuisant en Catalogne, obtiendrait encore 23 %. Si le PSOE réduit son écart, il reste encore derrière avec à peine 22%. Mais, satisfaction, il devancerait nettement Podemos à 15%.
Bien sûr ces données ne font que refléter l’état actuel de l’opinion puisque aucune élection générale n’est en vue. Cependant, pour la première fois C’s passe devant le PP. Et il n’est pas interdit de penser que ça tient beaucoup au résultat d’ Inés Arrimadas, tête de liste de Ciudadanos aux élections catalanes du 21-D. La réponse claire et ferme de C’s face aux sécessionnistes a eu impact dans l’opinion espagnole. Et surtout, C’s semble avoir acquis de la crédibilité, puisque les sondés qui optent pour le PP ou le PSOE sont nombreux à penser que ce parti a un projet crédible pour l’avenir de l’Espagne.
Dans l’estimation des quatre leaders des différents partis, comme toujours, c’est Rivera (C’s) qui est le seul à avoir un solde positif. Si Pedro Sánchez (PSOE) est des trois restants, celui qui a le solde négatif le moins élevé, il peine à s’imposer dans son propre camp, marque des divisions internes. Quant à Pablo Iglesias (Podemos), il commet l’exploit d’être plus impopulaire que Rajoy (PP).
Mariano Rajoy, Président du gouvernement, est présenté comme un crétin, un imbécile.
Il a certes autant de charisme qu’un bigorneau sur son rocher. Il multiplie les truismes, les lapsus et les erreurs. Mais, après deux élections générales qu’il a lui-même provoquées, il est là. Il n’a certainement pas une stature de chef d’état. Ainsi, au lendemain des élections de décembre 2015, bien que le PP soit arrivé en tête, il refusa la demande du roi de se présenter à l’investiture, car sa seule priorité était de provoquer la pire crise possible chez les socialistes, d’autant plus qu’on les savait divisés, et leur dirigeant contesté. Mariano Rajoy s’est donc fixé pour tâche d’« avoir la tête » de Pedro Sánchez, quoi qu’il lui en coûte, même si le prix en était l’organisation de nouvelles élections dont, de toute manière, il espérait que le PP sortirait renforcé*. Ce qui fut le cas. Puis, après les élections de juin 2016, continuant son œuvre, bien aidé par des barons du PSOE, il a acculé Sánchez à la démission en obtenant l’abstention des députés socialistes.
Et le « cretino » est toujours à la tête du gouvernement. Et, malgré son échec catalan, il n’est pas dit que ce politicien retors ne soit pas capable de s’accrocher encore au rocher du pouvoir.
* Voir la note de la fondation Jean Jaurès
Iglesias paye sans doute, sa stratégie du sorpasso – surpasser le PSOE – qui a totalement échoué aux élections du 26 juin 2016. Si le PSOE y perdait 100 000 voix, par rapport aux élections du 20 décembre 2015, l’alliance de Podemos avec IU (« gauche unie » à ossature PC) perdait 1 million de voix et ne gardait ses élus que grâce à cette alliance qui lui permettait d’être mieux présente dans les petites provinces.
Íñigo Errejón et Pablo Iglesias
"Podemos n’a jamais prétendu se placer de force à la gauche du PSOE, mais bien se substituer à lui comme parti de gouvernement. C’est bien ce qui a fait la force de Podemos depuis sa fondation : la promesse (d’ailleurs confortée par les sondages) de viser la formation d’un gouvernement. Promesse qui a volé en éclats lors des élections du 26 juin 2016, quand le nouveau parti a perdu un million de voix.
D’abord déconcerté par ce résultat, Podemos a ensuite montré clairement qu’il avait fait deux lectures différentes des causes de ce revers. Pour les partisans du numéro deux de Podemos, c’est-à-dire pour son secrétaire politique et co-fondateur, Íñigo Errejón, il fallait chercher l’origine du problème dans la gestion des résultats de décembre, qui avait eu pour effet de rompre tous les ponts avec les socialistes, de rejeter tout accord avec Ciudadanos et de voter contre l’investiture de Pedro Sánchez ; et aussi conférer à Podemos une image de radicalité, d’incapacité au dialogue politique, d’ailleurs confirmée par la coalition formée avec Izquierda unida, à laquelle le numéro deux s’était opposé. En bref, pour Íñigo Errejón, le responsable de ce revers électoral, c’est Pablo Iglesias, c’est sa volonté de se radicaliser, avec une embardée à gauche (coalition avec IU) et, par conséquent, son abandon de la transversalité politique qu’Errejón avait défendue dès la formation de Podemos.
Pour le chef de Podemos et pour ses partisans (dont l’argument était que si l’on ne s’était pas allié avec Izquierda unida, les résultats auraient été encore plus mauvais), l’analyse des « errejonistes » a été vue comme une trahison ad hominem et surtout comme une offensive politique visant à affaiblir la figure du secrétaire général, à présenter une image de parti à direction bicéphale, à vision politique double, notamment en ce qui concernait les relations à entretenir avec le Parti socialiste. Pour résoudre le problème de leadership, on a activé plusieurs mécanismes typiques de toute formation politique classique : campagnes de diffamation, critiques constantes sur les réseaux sociaux et les plateaux de télévision...."
Extraits de PSOE-Podemos : quel avenir pour la gauche en Espagne ?
Il manque à ce sondage une projection en sièges, car la proportionnelle est, un peu, comme nos sénatoriales, biaisée, car s’appliquant à des provinces de tailles variées. Quand il n’y a qu’un siège comme à Melilla ou Ceuta, ou deux ou trois sièges, seuls les partis bien implantés sur le territoire l’emportent. Ajoutons que tous les sondages ont, jusqu’à présent surestimé le poids de C’s.
Pedro Sánchez, évincé par les barons du PSOE, tel Corbyn au Labour, a reconquis son poste grâce aux militants
Cependant, il semble confirmer une baisse du PP (dont la résistance étonne quand même, plombé qu’il est par des scandales qui ferait passer Bygmalion pour du bricolage), une bonne résistance du PSOE, malgré ses divisions, et un échec de Podemos qui, en faisant le choix après de premières élections générales du 20 décembre 2015, de jouer l’échec de Sánchez (PSOE) à tenter de monter un gouvernement, s’est tiré une balle dans le pied. Mais Sánchez a eu lui, après le 26 juin 2016, à subir la révolte des barons qui prônaient l’abstention face à Rajoy, l’obligeant à démissionner, avant de faire la reconquête du PSOE grâce à la base. Mais non sans séquelles quant à l’appui interne.
L'instantané de l'état de l'opinion que donne ce sondage électoral de Metroscopia montre donc un centre-droit moderne surpassant la droite classique, mais un PSOE résistant à la montée de l’extrême-gauche. La tentative de Sánchez après les élections du 20 décembre 2015 – alliance avec C’s et abstention de Podemos – pourrait donc réussir mais sous l’égide de Rivera (C’s) et sans avoir besoin de l’abstention de Podemos. Ce qui signerait l’échec total de la stratégie d’Iglesias, anti PSOE.
Pour ceux qui sont un peu paumés voir :
Dans le labyrinthe de la vie politique espagnole
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