Article de fainéant, puisque je pompe quelques extraits de « Courrier International » sur la corruption en Espagne. J’y ai ajouté quelques liens et un petit paragraphe sur une affaire oubliée dans le récapitulatif des scandales. Cela permettra à ceux qui s’intéressent à ce qui se passe de l’autre côté des Pyrénées d’avoir un petit résumé des affaires passées (Filesa, Naseiro, Roldán) et en cours.
L’Espagne malade de la corruption peut-elle guérir ?
Filesa, Naseiro, Roldán, Gürtel, Bárcenas, Nóos, Pujol, Púnica… On pourrait raconter toute l’histoire de l’Espagne de ces dernières décennies rien qu’à partir des affaires de corruption (…) l’Espagne est atteinte de corruption aiguë (…) ce mal qui, en Espagne, ne paraît pas conjoncturel, mais bien structurel. Les chiffres sont éloquents : le Conseil général du pouvoir judiciaire (CGPJ) a recensé 1 661 instructions en cours en 2013, dans les différentes instances de la justice espagnole, pour des délits de corruption. (…) la corruption a un coût annuel de 40 milliards d’euros. (…) les Espagnols, dans la dernière enquête du CIS [Centre d’enquêtes sociologiques], placent la corruption au deuxième rang de leurs préoccupations : 42,3 % des personnes interrogées la considèrent comme le plus grave problème du pays, juste après le chômage.
Depuis quelques mois (…) mises en examen et arrestations s’enchaînent à un rythme vertigineux : la famille Pujol, les fausses cartes de crédit de la Caja Madrid et le grand coup de filet de l’Operación Púnica ont fait d’octobre 2014 un mois noir pour la corruption. (…)
Un examen plus approfondi permet de dégager deux facteurs de cet ébranlement récent des ressorts anticorruption : le parti Podemos et une certaine régénération démocratique. La formation de Pablo Iglesias a si bien capté le mécontentement populaire contre la classe politique que si les élections se tenaient aujourd’hui, elle obtiendrait la majorité des suffrages. Les deux partis majoritaires, le PP et le Psoe , attribuent eux-mêmes l’essor de Podemos aux scandales de corruption qui, chaque jour, viennent les éclabousser.
C’est pourquoi ils consacrent tous leurs efforts, ces derniers mois, à se démarquer de leurs compagnons de route impliqués dans des affaires et à proposer des mesures visant à neutraliser les corrompus.
Mais cette régénération est-elle possible ? Ou, pour revenir à la question initiale, l’Espagne peut-elle guérir de la corruption ? Comme souvent, l’éducation sera une clé du changement…
—María Hernández
Publié le 13 novembre 2014 dans El Mundo (extraits traduits par Courrier International) Madrid
Les scandales depuis 1990
Filesa et Naseiro. Deux cas de financement irrégulier des Partis socialiste (Psoe) et populaire (PP) en 1989.
Roldán. Premier civil à être nommé en 1986 à la tête de la Guardia Civil, la gendarmerie espagnole, Luis Roldán est condamné en 1999 à trente et un ans de prison pour détournement de fonds, corruption, escroquerie et falsification.
Gürtel. Une enquête sur un vaste réseau de corruption qui implique les élus conservateurs de Valence et Madrid touche le PP depuis 2009.
Bárcenas. Toute la hiérarchie du PP est soupçonnée d’avoir reçu illégalement des sommes d’argent depuis la découverte, en janvier 2013, des cahiers des secrets comptables de l’ex-trésorier Luis Bárcenas, pendant dix-huit ans.
Nóos. Iñaki Urdangarin est soupçonné d’avoir détourné 6 millions d’euros de fonds publics par le biais de l’institut Nóos, spécialisé dans l’organisation de congrès sur le sponsoring sportif. La justice soupçonne sa femme, Cristina de Borbón, sœur du roi Felipe VI, de complicité.
Pujol. L’ex-président de la Generalitat de Catalogne (de 1980 à 2003), Jordi Pujol, a avoué le 25 juillet dernier avoir caché pendant plus de trente ans en Andorre un héritage familial de 4 millions d’euros.
Púnica. 51 personnes soupçonnées d’appartenir à un réseau de pots de vins pour 250 millions d’euros ont été arrêtées le 27 octobre 2014, parmi lesquelles des hommes politiques des communautés autonomes de Madrid, León, Valence et Murcie.
Tarjetas opacas 83 dirigeants et membres du conseil d'administration de Caja Madrid et de Bankia, dont Rodrigo Rato, ex-dirigeant du FMI, mais aussi des syndicalistes (CC OO) et des membres d’IU, ont reçu entre 1999 et 2012 des cartes de crédits, qu’ils ont utilisées pour des achats personnels d'un total de 15,5 millions d'euros.
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