Le “Tous pourris” poujadiste, avec ses variantes style « Qu'ils s'en aillent tous ! » est censé jouer un rôle de répulsif pour l’électeur. En fait, il n’en est rien. Certes le pauvre Raoult, textobsédé convulsif est resté sur le carreau. Mais à côté, le fils Tiberi a réussi à imposer la fusion à NKM dans le Ve, Dassault-Bechter l’emportent à Corbeil et Balkany triomphe à Levallois.
Avant d’aborder les gros poissons, doux moments comiques avec Caroline Bartoli qui ne se présente que pour garder au chaud la place pour son époux, le maire sortant de Propriano, Paul-Marie Bartoli, injustement frappé d'inéligibilité pour une sombre histoire de comptes de campagne invalidés. Plus nulle et incompétente, difficile de faire mieux. Elle a été élue, dès le 1er tour, avec 70 % des suffrages. Moins que son époux en 2008 qui faisait un score brejnévien avec 96 % !
Autre couple, Alain et Joëlle Ferrand, Maires successifs au Barcarès, Pyrénées-Orientales. En 1999, Alain, premier édile, est malencontreusement condamné pour abus de biens sociaux et prise illégale d’intérêt dans une sombre histoire de gestion de casinos : trois ans d’inéligibilité. Qu’importe, Joëlle, reprend le flambeau. Mais à son tour elle est condamnée pour prise illégale d’intérêt. Pas de problème, après un intérim d’une adjointe, le mari, qui a purgé son inéligibilité, reprend la charge. Il est réélu dès le 1er tour avec 54.62 %.
Les électeurs auraient-ils passé l’éponge à cause de sa compétence éclatante ?
Peu évident, puisque cette petite commune de 4000 habitants, atteint 6576€ de dette par habitant. Pour les communes similaires, elle est de 800€. Elle est donc 8 fois plus élevée au Barcarès !
A Propriano, au moins, M. Bartoli n’avait absolument pas endetté sa ville : en 2012 le poids de la dette représente 3€ par habitant (ce qui n’est d’ailleurs pas le signe d’une bonne gestion).
Les électeurs fantômes des Tiberi
De Propriano au Ve arrondissement de la capitale, nous tombons sur un autre couple, les Tiberi. Les champions de l’allongement des voies urbaines, puisque, rue Saint-Jacques qui est censée s’arrêter au n° 307, le 373 comptait une dizaine d’électeurs, dont neuf agents de la ville de Paris à la domiciliation fantôme. Faut-il parler de la parentèle Tibérienne qui s’entassait dans leur logement ? Près de 3000 électeurs fantômes. Condamnés en correctionnelle, condamnés en appel, malgré le recours en cour de cassation, il serait difficile de parler de présomption d’innocence !
Eh bien, qu’à cela ne tienne, les braves électeurs non fantômes du Ve ont été 20% au 1er tour à voter pour le fiston Tiberi, visage mou, regard éteint, obligeant NKM à un compromis pour le 2e tour.
Pépé Dassault
A Corbeil-Essonne, peut-on aussi parler de 'présomption d’innocence' quand le pépé Dassault, 88 ans aux fraises, avait vu sa réélection de 2008, annulée par le Conseil d’Etat pour « dons d’argent » aux électeurs ? Depuis, son successeur et salarié, Jean-Pierre Bechter a été mis en examen pour recel d’achats de votes, « acceptation de dons » et « financement illicite de campagnes électorales » à Corbeil entre 2008 et 2010.
Quant au sénateur Dassault, son immunité ayant été levée après bien des palinodies, il a eu droit à une garde à vue. Il est avéré que de l’argent liquide venu de Suisse a continué à être généreusement distribué par le patriarche ! Se greffe dans ces affaires une tentative d’assassinat. Eh bien, le sieur Bechter a non seulement été réélu, mais les affaires « n’ont absolument pas joué ! Ou alors si, elles ont multiplié par deux le résultat par rapport en 2010 », a, sans vergogne aucune, ironisé le vainqueur en commentant les résultats.
Là encore, difficile de dire que cette réélection passe l’éponge pour cause de bonne et saine gestion, puisque ce soliveau de Dassault, haut cadre de son entreprise, a réussi à endetter la ville du double des communes comparables (2220€ par habitant, contre 1066€).
Mais bien sûr, le super champion est Patrick Balkany, triomphalement réélu au 1er tour à Levallois-Perret, avec 51,5% des suffrages !
Ne parlons même plus de casseroles pour ce personnage. Inutile de rappeler sa condamnation pour l’emploi de trois domestiques à son domicile aux frais du contribuable levalloisien en 1996.
Balkany SDF
Car, voilà un couple, qui n’a d’ailleurs même pas de domicile réel à Levallois, qui vit dans une modeste masure à Giverny, le Moulin de Cossy (4 ha, deux piscines…), sans en être propriétaire ; qui profite des charmes d’un gourbi à Marrakech, Dar Guycy, où il reçoit, à l'occasion, son grand ami Sarkozy, une masure d'environ 1200 m² habitables, 2 hectares de parc et une vaste piscine. Faut-il parler aussi du cabanon sur l'île franco-néerlandaise de Saint-Martin, pompeusement nommée villa Pamplemousse, à peine 500 m2 ? Propriétaire de rien. Non soumis à l’ISF. A qui moulin, palais et villa* appartiennent-ils ? Mystère.
Les aveux de Didier Schuller, son ex-complice dans les affaires d’HLM des Hauts-de-Seine - "Mais j'ai découvert il y a quelques mois que l'argent que je croyais avoir récolté pour le parti avait visiblement servi à enrichir quelques barons locaux dont M. Balkany" – n’ont pas eu plus d’effets sur l’électeur Levalloisien que l'eau sur le plumage du canard.
Et pourtant, au palmarès des villes les plus endettées de France, Levallois-Perret doit être dans le peloton de tête. En 2012, le montant total des dettes dues par la commune de Levallois-Perret était de 731 425 000 €. Si l'on rapporte cette dette aux recettes elle représente 365.91% de ses revenus annuels. Par rapport aux 63 896 habitants de Levallois-Perret, en 2012 le poids de cette dette représente 11447 € par habitant. La dette par habitant des communes françaises de la même strate que Levallois-Perret était de 2430 € par habitant. La dette par habitant y est donc plus de quatre fois et demi supérieure.
On n’en conclura pas que le pourri, mauvais gestionnaire de surcroît, pour peu qu’il fasse preuve de clientélisme, l’emporte à tout coup. Mais ces quelques exemples, emblématiques pour trois d’entre eux, montrent que des électeurs préfèrent toujours Barabbas, le bandit.
* Finalement Isabelle Balkany a reconnu que cette villa lui appartiendrait, acquise grâce à un héritage (?)
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