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26 avril 2019 5 26 /04 /avril /2019 17:12
28 AVRIL : l’Espagne une fois encore aux urnes

Pour la 3e fois en trois ans et demi, les électeurs espagnols se rendront aux urnes après demain, 28 Avril, alors qu’en principe une législature dure quatre ans. Cela est dû à l’émergence de nouveaux partis qui ont mis fin à une sorte de bipartisme, PP droite/PSOE gauche (avec cependant le jeu d'appoint de partis régionaux, basques, catalans, navarrais, canariens). Podemos* à gauche et Ciudadanos au centre droit ont transformé ce bipartisme en une partie à quatre sans majorité réelle.

28 AVRIL : l’Espagne une fois encore aux urnes

Rajoy, Parti Popular (PP, droite) après avoir fait échouer une 1ère tentative de gouvernement de coalition mené par le PSOE (socialiste), aboutissant au scrutin de Juin 2016, après celui de décembre 2015, avait pris la tête du gouvernement. Mais, la crise catalane et les scandales de corruption avait permis à Sánchez, PSOE, de le supplanter. Mais, après avoir réussi, avec un gouvernement homogène très féminisé à prendre la tête du gouvernement le 1er juin 2018, il a subi la défection des groupes indépendantistes catalans pour le vote du budget. D’où ces nouvelles élections.

28 AVRIL : l’Espagne une fois encore aux urnes

Mais le jeu électoral s’est encore compliqué avec la percée de VOX, à l’extrême-droite : Arrascal son leader est un ancien du PP. VOX cache à peine sa nostalgie du franquisme et se caractérise par son nationalisme outrancier et recentralisateur, son traditionalisme pro corrida, sa misogynie anti IVG et anti lois contre les violences machistes. Et contrairement à ce qui se passe (pour le moment) en France, aucun cordon sanitaire n’isole cette extrême-droite : la droite, Parti Popular et le prétendu centre droit, Ciudadanos se sont alliés sans problème avec VOX après les élections régionales andalouses.

Extrait de Courrier International

Extrait de Courrier International

28 AVRIL : l’Espagne une fois encore aux urnes

Les deux grands instituts CIS et Metroscopia donnent des résultats assez proches dans leurs derniers sondages d’avril 2019.

CIS (dont le sondage porte sur un échantillon de 17 000 sondés), comme Metroscopia, met le PSOE en tête, le PP deuxième assez loin et Podemos et Ciudadanos, à peu près au même niveau. Reste l’inconnu VOX, sur lequel ils sont aussi à peu près d’accord à 11/12%, mais dont on peut craindre que, comme tout parti extrême, il soit sous-estimé.

Pour les projections en députés, CIS prudemment met une fourchette tandis que Metroscopia fait une véritable projection. Un constat cependant s’impose : Podemos et Ciudadanos ont perdu leur pari de surpasser les anciens partis, PSOE pour l’un, PP pour l’autre. Podemos surtout, qui perdrait la moitié de ses sièges. Le PP connaîtrait la même hémorragie en sièges et une perte de plus de 10 point en voix.

28 AVRIL : l’Espagne une fois encore aux urnes

La majorité étant de 176, les deux blocs quasi égaux, PSOE+Podemos à 159 dans la projection Metroscopia et PP+C’s+Vox à 157, doivent trouver des appoints dans les partis régionaux pour faire une majorité.

Ce qui n’est pas gage de stabilité.

 

 

 

* Podemos est en fait allié à l'ex parti communiste (IU) et à un parti écolo (equo) sous l'étiquette Unidos Podemos (UP)

28 AVRIL : l’Espagne une fois encore aux urnes

Le scrutin est totalement différent de celui de la France : un seul tour, à la proportionnelle dans les 50 provincias et les deux villes autonomes de Ceuta et Mellilla. Le nombre de députés est variable en fonction de la population de chaque provincia. Á Ceuta et Melilla c’est un système à l’anglaise – majoritaire à un tour – et dans les provinces peu peuplées, à 2 ou 3 députés, les partis les mieux implantés, donc PP et PSOE, ont l’avantage. Mais, dans certaines provinces s’ajoutent des partis locaux, les “partis charnière” tels que EH-Bildu, des indépendantistes basques (2 députés sortants) ou catalans (deux partis différents : 17 sortants au total).

 

Voir la projection des députés par provincia : https://elpais.com/especiales/2019/elecciones-generales/escanos-provincias/

SOURCES

Enquête CIS

Sondage Metroscopia

Voir aussi encuestas de las elecciones generales 2019 et escenarios

Dessin emprunté au Courrier International

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27 juin 2016 1 27 /06 /juin /2016 16:21
Espagne 26J même impasse !

Un site gauchiste peut afficher le montage ci-dessus, le PP est néanmoins le gagnant apparent de ces nouvelles élections générales espagnoles. Et Podemos, le perdant. Le PSOE sauvant la mise et Ciudadanos ne perçant pas. Mais l'impasse paraît totale.

 

Espagne 26J même impasse !
Espagne 26J même impasse !
Espagne 26J même impasse !
Espagne 26J même impasse !

Une proportionnelle parcellisée

Avec pratiquement le même nombre de voix le PNV obtient 5 députés, le Parti Animaliste (eh oui ! ça existe) aucun.

L’utilisation de la loi d’Hondt mais surtout la répartition des sièges entre provinces de tailles diverses favorisent les deux partis arrivés en tête dans les petites provinces. Ainsi le PP et le PSOE ont obtenu des sièges à Soria, Ceuta, Melilla, Ávila, Segovia et Teruel avec moins de 20 000 voix, tandis que Ciudadanos doit en réunir 100 000 pour chaque siège gagné à Madrid !

Les petits partis à vocation nationale sont pénalisés. En revanche, le PNV, qui concentre ses votes sur 3 provinces les rentabilise. Le PP, bien implanté dans les provinces les moins peuplées est le parti national le plus favorisé.

Un jeu de dupes que ces nouvelles élections provoquées par le blocage après celles de décembre.

Le PP malgré ses nombreuses casseroles gagne en voix et en sièges. Le PSOE, l’autre parti traditionnel, donné troisième derrière Podemos, reste 2e.

Les nouveaux partis ne percent pas. Ciudadanos, bien que mené par le dirigeant le moins impopulaire dans les sondages, victime sans doute du vote utile en faveur du PP, perd 8 sièges. Et Podemos alors que son leader Pablo Iglesias avec morgue moquait le PSOE, malgré une alliance avec Izquierda Unidad (rebaptisé en décembre 2015 Unidad Populares), maintient juste le nombre de sièges (69+2) et l’alliance perd nettement en voix et en pourcentage.

La moindre participation (69,84% contre 73,20% le 20 décembre) explique que malgré un nombre de voix légèrement plus faible, le PSOE gagne en pourcentage, mais perd cependant 5 sièges dans la bataille.

Podemos croyait pouvoir tirer le meilleur parti du blocage qu’il avait en grande parti provoqué.

En effet, après avoir poussé le PSOE vers une alliance minoritaire avec Ciudadanos par des exigences inaceptables, Podemos avait accepté la main tendue d’Izquierda Unida (gauche unie essentiellement PC)  qu’il avait dédaigneusement repoussé en décembre.  Certes il perdait l’image de parti transversal, transcendant le clivage droite/gauche, mais la deuxième place que semblait lui assurer l’addition des forces (plus de 24% contre 22% au PSOE le 20D) lui promettait des gains en sièges substantiels. Et les sondages successifs confirmaient la justesse de ce calcul. La dynamique de l’union poussait Unidos Podemos vers une 2e place qui en ferait le leader de la gauche. Pablo Iglesias, avec une ironie arrogante, proposait déjà une vice-présidence à Pedro Sánchez, le socialiste, dans une majorité de gauche.

Espagne 26J même impasse !

Jusqu’au sondage à la sortie des urnes, repris par les quelques médias français qui suivaient un peu ces élections, qui donnaient encore Podemos et ses alliés devant le PSOE en voix et en sièges.

Or  ce front de gauche ibérique perd 1 million de voix  du 20D au 26J, de décembre 2015 à juin 2016 ! Et ne gagne aucun siège. L’ex-dirigeant Juan Carlos Monedero ironise cruellement sur l’infantilisme d’un parti qui a cru dans les sondages, parce que ces sondages disaient ce qu’ils voulaient entendre. Les adversaires de la ligne d’Iglesias– à commencer par son second, Errejón – estiment que la convergence avec Izquierda Unida a été un handicap pour leur parti. L’identification de Podemos avec une gauche traditionnelle et caduque, qui ne fait pas rêver, a terni son image novatrice. En revanche, pour les proches d’Iglesaias, ce fut la campagne électorale, dont Errejón avait la charge, trop consensuelle , trop molle pour tout dire qui a été démobilisatrice.

Un qui échappe à une nuit de longs couteaux, c’est Pedro Sánchez. Non seulement, il a su surmonter la menace extérieure de Podemos qui voulait supplanter le PSOE, mais ainsi il conforte sa place de leader en interne face aux barons, à commencer par Susana Díaz, Présidente de l’Andalousie. Barons qui ont le plus souvent contracté alliance dans leurs régions avec Podemos ou ses alliés locaux, mais s’opposaient à cette éventualité au niveau national, donnant une image d’incohérence à leur parti. Sánchez a eu le courage de se lancer dans une démarche d’investiture qu’il savait perdu d’avance, mais qui permettait de lancer le processus institutionnel.

Pour autant, la stratégie constante d’humiliations menée par Pablo Iglesias à l’encontre du PSOE – se lançant par exemple dans une diatribe virulente et hors de propos contre Felipe González dans sa première intervention au Parlement – à laquelle s’ajoute l’hostilité du PCE envers les socialistes, rend une convergence à gauche très problématique.

Passons sur Ciudadanos qui ne peut-être, au mieux, qu’une force d’appoint, insuffisante pour obtenir une majorité. Juste pour souligner qu’il ne suffit pas d’avoir un leader apparemment populaire (le seul à obtenir un solde positif entre satisfaits et insatisfaits dans les sondages), Albert Rivera, pour faire un gros score.

La preuve inverse est donnée avec le PP, dont le leader, le chef de gouvernement sortant, bat lui les records d’impopularité. Bien que plombé en outre par une succession de scandales, le PP améliore nettement son score (+4,3%), gagne plus d’un demi-million de voix et 14 députés ! Le phénomène Barrabas à l’échelle d’un pays. Le Balkanysme pour un parti entier. Pourri mais en tête. Rajoy, le moins charismatique de tous les leaders, fort de ses presque 8 millions d’électeurs, affirme haut et fort sa volonté de reprendre la direction du gouvernement, soit avec des alliés (mais le PSOE rejette cette hypothèse et C’s rejette Rajoy), soit seul avec des majorités ponctuelles.

Sur le papier, à droite, une alliance PP+C’s+PNV+la coalition canarienne serait à 1 voix de la majorité ; à gauche, PSOE+Podemos devraient aussi convaincre C’s, car même l’apport problématique d’ERC (acceptation ou pas du référendum catalan) et d’EH Bildu ne donne pas de majorité.

L’Espagne semble donc toujours ingouvernable…

 

 

Sources : surtout El País et un peu La Vanguardia

Le Montage introductif (francisé à ma mode) est tiré de Saltimbanquiclicclic

 

A lire : Les Espagnols, fidèles conservateurs Courrier International

 

A noter que les Espagnols ont l'habitude de noter, non sans ambiguïté (le J de 26J peut être aussi bien juin que juillet) les grands évènements de la date du jour suivie de l'initiale du mois : 20D=20 Décembre 2015, 26J=26 Juin 2016 sans oublier le 23F comme Fondateur...

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14 décembre 2015 1 14 /12 /décembre /2015 21:15
Espagne : 20 D le PP prend la tête

Les élections générales espagnoles auront lieu le 20 décembre. Malgré des scandales en cascade le PP reprend la tête des sondages. Mais une alliance sera indispensable. Et un blocage n’est pas à exclure.

Alors que fin novembre, Metroscopia mettait trois partis dans un mouchoir de poche – PP 22,7%, PSOE 22,6% et Ciudadanos (C’s) 22,5% donc bien en deçà de la marge d’erreur – le sondage suivant place le PP du Président du gouvernement sortant, Mariano Rajoy, nettement détaché à 25,3% devant un PSOE à 21%, tandis que C’s décroche de 22,5 à 18,2%  et, qu’au contraire, Podemos remonte de 17,1 à 19,1%. La conjonction des différents sondages, notamment celui du CIS, renforce l’hypothèse d’un PP prenant la tête le 20D.

Espagne : 20 D le PP prend la tête
Espagne : 20 D le PP prend la tête

Les projections en sièges donnent donc une majorité relative au Parti Popular, mais même dans celle du CIS, la plus favorable au PP, loin de la majorité absolue.

NOMBRE DE SIEGES PAR PROVINCE

 

A la lecture du sondage et de la projection en sièges, on peut se demander comment une différence de deux points entre l’estimation du PSOE et celle de Podemos peut se traduire par un écart de 30 sièges.

Certes les élections espagnoles ont lieu à la proportionnelle, mais une proportionnelle qui se joue dans les 50 provinces. Dans les plus importantes, de fait, la répartition des sièges est pratiquement proportionnelle. Mais dans les moyennes et petites, la répartition favorise les partis arrivés 1er et 2e ; c’est un handicap pour les partis en 3e ou 4e position.

 

Pour plus de détails : El sistema electoral seguirá primando al bipartidismo

Espagne : 20 D le PP prend la tête

Mariano Rajoy (PP) reste celui qui a le solde de satisfaction le plus bas, mais il passe de -45 à -33 depuis le lancement de la campagne et alors qu’il s’est défilé lors de la 1ère grande confrontation. Pedro Sánchez (PSOE) a vu lui son solde se dégrader de -14 à -20. Pablo Iglesias, comme Rajoy, reste avec un solde négatif, mais beaucoup moins élevé de -34 à -24. Et Albert Rivera (C’s) reste le chouchou, le seul avec un solde positif +11 constant. Et c’est toujours Sánchez qui est la moins populaire chez ses propres sympathisants.

Espagne : 20 D le PP prend la tête

Le paradoxe de cette montée du PP et de cette remontée de Podemos est qu’ils restent les deux partis qui provoquent le plus de répulsion. 50% des sondés ne voteraient PP en aucun cas et 38% Podemos. Alors qu’ils ne sont que 13% ou 10% à manifester un tel rejet pour le PSOE ou C’s.

Paradoxe encore, Albert Rivera, le chouchou des sondés, est cependant celui que le moins d’électeurs considèrent comme le Président de gouvernement le plus apte et ils sont encore moins nombreux à souhaiter que son parti gagne. Mais ce qui ressort bien c’est que même si Rajoy et le PP dont là encore en tête, l’opinion est fragmentée en quatre parts assez proches.

Espagne : 20 D le PP prend la tête

Le positionnement idéologique des sympathisants de chaque parti ne dessine guère des alliances évidentes. C’s voit son électorat potentiel se droitiser nettement. Le PSOE reste ancré au centre-gauche. Et Podemos qui cherchait à se situer ailleurs lui reste ancré à gauche. C’s semble néanmoins le parti pivot, se rapprochant idéologiquement du PP, mais dont il se voulait le concurrent direct pour mettre fin à la corruption.

Podemos, tout en refusant la main tendue d’Izquierda Unida (IU rebaptisé Unité Populaire UP) a su nouer des alliances avec les formations locales qui,  à Barcelone, Madrid, Saragosse ou Valence, ont su conquérir les municipalités. Ainsi, les projections le donnent en tête à Barcelone. Il semble qu’Iglesias, excellent débateur, tienne un discours relativement modéré pour atténuer les craintes que son parti provoque dans l’électorat socialiste. Car son but, assez nettement exprimé par ses lieutenants, est de plumer la volaille socialiste et ses attaques visent surtout Sánchez.  PSOE qui est bien sûr la cible du PP, mais aussi égratigné par C’s qui vise lui son électorat le plus centriste.

Le PP compte accentuer son avance pour être en position de provoquer une coalition autour de lui. Mais sauf à imaginer une improbable alliance à l’allemande entre les partis de la caste, comme dit Podemos, PP-PSOE, on jouera le 21 décembre à majorité impossible. D’autant que, vu l’hostilité de Podemos envers C’s et plus encore le PSOE, une triple alliance anti PP est tout aussi improbable.

Même si, d’un sondage à l’autre, l’électorat espagnol semble assez versatile, il est peu probable que dans les quelques jours qui viennent d’énormes mouvements d’opinion aient lieu. On s’oriente donc, au soir du 20 D, vers une Espagne très instable. Sera-t-elle capable de retrouver l’esprit de compromis qui a permis la transition, c’est-à-dire le passage en douceur de la dictature franquiste à la démocratie ?

 

Lors du 1er débat, organisé par El País, Rajoy a refusé de participer : il est donc représenté comme un froussard !

Rajoy n'a voulu débattre qu'avec Pedro Sánchez (PSOE)

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5 novembre 2015 4 05 /11 /novembre /2015 22:16
Espagne : Ciudadanos progresse encore

A même pas deux mois des élections générales, le baromètre électoral de Metroscopia reflète une double évolution : Ciudadanos (C’s) semble poursuivre son ascension, tandis que les socialistes rétrogradent.

Et 69% des sondés estiment qu’il serait bon que l’Espagne ne soit plus dirigée par le PP ou le PSOE.

Ainsi, le PP, stable d’un mois à l’autre, retrouve cependant la première place à 23,5%, C’s passe en 2e position avec 22,5%, le PSOE lui perd 2 points à 21%, au profit de Podemos qui reprend des forces à 17% presque 3 points de plus en moins d’un mois. IU résiste bien avec 6,3%.  

Une situation des plus indécises donc puisque les trois premiers sont en-deçà de la marge d’erreur de ± 2,7 points.

Transferts de voix

Le PP quasi stable depuis trois mois à 23-23,5% semble tenir un éléctorat solide, avoir atteint son socle. Si C’s a su séduire une part importante de ceux qui ont voté PP en 2011, sa capacité d’attirer d’autres électeurs du PP semble avoir atteint ses limites. Et il n’est pas impossible même que d’ici les élections une partie de ces transfuges reviennent au PP. La montée de C’s ces derniers mois est dû à l’apport d’électeurs d’autres partis entre autres de 11% d’ex-électeurs du PSOE.

Podemos qui, en Octobre était tombé au plus bas depuis un an, après des résultats catalans décevant, remonte la pente au détriment aussi du PSOE, puisque le flux des ex-électeurs socialistes passe de 11 à 16%. Si podemos ne remonte pas plus c’est qu’IU contrairement à son calcul résiste.

Espagne : Ciudadanos progresse encore

Cependant ce résultat est cohérent avec les choix des sondés sur le parti qu’ils souhaitent voir gagner les élections : PP, C’s et PSOE recueillent 18% chacun, contre 14% pour Podemos.

Albert Rivera (C’s) est le préféré des sondés comme chef de gouvernement avec 22%, devant Mariano Rajoy (PP) à 17% et Pedro Sánchez à 16 % ou o Pablo Iglesias à14 %.

Espagne : Ciudadanos progresse encore

Ce qui correspond parfaitement à l’image des principaux leaders puisque Albert Rivera reste le seul à obtenir un solde d’opinions positif (ceux qui approuvent son action politique sont plus nombreux que ceux qui la désapprouvent). En revanche Pedro Sánchez reste dans le négatif (-24), et si Pablo Iglesias (-37) et Mariano Rajoy (-42) ont un solde encore pire, ça l’est un peu moins qu’au début octobre. Et Sánchez reste aussi celui qui s’impose le moins dans son propre parti (+66). Alors que Rivera, lui, est plébiscité à +90. Il obtient même des soldes positifs chez les électeurs potentiels du PP (+40) et du PSOE (+17) ; mais pas de réciproque pour Rajoy (-41) et Sánchez (-30) chez les électeurs potentiels de C’s.

Rivera obtient le meilleur solde dans l’électorat qui se situe au centre (5 sur une échelle de 0 extrème-gauche à 10 extrême-droite) : +31 points ; mais il dépasse largement Sánchez dans l’électorat de centre-gauche (+11 contre -18 pour le socialiste !) et au centre-droit face à Rajoy (+48 contre +16).

Espagne : Ciudadanos progresse encore

Et dans l’hypothèse souhaitée par plus des deux tiers où ni le PP ni le PSOE dirigent le gouvernement, une large moitié des sondés (58%) opte pour C’s, un quart (26%) seulement pour Podemos.

Système électoral

Le Congrès des députés compte 350 membres élus tous les quatre ans au suffrage universel direct. Le mode de scrutin est proportionnel (méthode d’Hondt) et les circonscriptions sont les cinquante provinces espagnoles ainsi que les villes de Ceuta et Melilla. Un quorum est fixé à 3% au niveau de la circonscription électorale.

 

    Les provinces se voient attribuer un nombre de sièges proportionnel à leur population, mais en ont au minimum deux, créant ainsi un léger avantage pour les provinces les moins peuplées. Le système donne par ailleurs un avantage aux grands partis, qui sont presque sûrs d’obtenir un siège dans chaque circonscription alors que les plus petits partis ne peuvent espérer être représentés que dans les grandes circonscriptions.

    Les villes de Ceuta et Melilla comptent chacune un député élu au système majoritaire à un tour.

Espagne : Ciudadanos progresse encore

Metroscopia, avec forces précautions – l’estimation ne pronostique pas le résultat final du 20D –a tenté de traduire les estimations des votes en projections en sièges. Cela à partir de données collectées à divers moments dans les provinces, mais aussi sur la base de 18400 entretiens téléphoniques.

L’estimation des forces dans le futur parlement mat le PP en tête avec une fourchette de 93-100 élus, suivi de près par Le PSOE qui obyiendrait entre 88 et 98 députés. Ciudadanos, bien que 2e en voix, serait en 3e position avec 72-84. Cela s’explique par le système électoral qui favorise les formations politiques qui ont une implantation homogène sur tout le territoire national. Ce qui est le cas des vieux partis avec ses militants, ses élus locaux. Mais les données disponibles semblent indiquer que C’s a progressivement gagné en transversalité et on ne peut écarter que d’ici l’échéance électorale son implantation s’améliore sur toutes les circonscriptions électorales et donc qu’il rivalise avec les deux autres en nombre d’élus.

Les autres partis nationaux –Podemos 42-46 et IU 5 – avec le système électoral n’obtiennent pas un nombre d’élus proportionnel à leur score. Ainsi IU avec seulement -0,6% de voix par rapport à 2011 perdrait plus de la moitié de ses sièges.

Un analyste explique cette montée de C’s, supplantant Podemos par un changement du climat politique espagnol qui serait passé de l’indignation à ce qu’il appelle l’oxygénation. Si l’indignation se situe hors du système qu’il attaque, l’oxygénation joue en son sein pour le rénover profondément. L’une est une force centrifuge, l’autre une force centripède.

L’indignation s’est incarnée dans Podemos et Pablo Iglesias, l’oxygénation s’incarne dans Ciudadanos et Albert Rivera, avec l’appui des électeurs de moins de 55 ans, actifs et habitants des grandes villes. Mais les deux forces ont en commun le slogan du mouvement du 15M : « Ni face A, ni face B, nous voulons changer de disque ».

La montée en puissance de C’s déclenche bien sûr des contre-attaques. Mais relativement modérées du côté du PP ou du PSOE, car c’est un allié potentiel pour un futur gouvernement de coalition. Plus vigoureuse donc à l’extrême-gauche.

Sur le mode humoristique on détourne sa première affiche quand C’s a démarré petitement aux avant-dernières élections catalanes.

Mais des attaques beaucoup plus sévères le visent. Ainsi est-il accusé d’avoir sympathisé avec un club de supporters ultras – du style de ceux qui sévissaient dans le kop de Boulogne –du club de foute l’Espanyol de Barcelone, la Brigada Blanquiazule. Un journal Catalan, El Periódico de Catalunya, affirme qu’il a été membre du mouvement de jeunes du PP. Plus grave est l’accusation d’être lié à Libertas, un mouvement eurosceptique qui comptait notre Vicomte vendéen, de Villers, comme tête de liste en France aux élections européennes de 2009.

Surtout, il est présenté comme un sous-marin de FAES, un think-thank à la dévotion de José María Aznar, ancien 1er ministre du PP.

Dans le jeu électoral espagnol, si l’on peut faire quelques rapprochements avec un Parti socialiste qui a peine à se mettre en ordre de bataille derrière sa tête de liste ou avec un ancêtre du front de gauche plus apte à mettre en difficulté la gauche – mais ici c’est Podemos – que le centre ou la droite, pour le reste rien à voir avec nous. Pas de FN : le PP, contrairement à l’UMP, a couvert tout le spectre de la droite avant que Ciudadanos vienne chasser sur son centre. Ni Podemos, ni Ciudadanos n’ont d’équivalents français. Qui pourrait comparer Pablo Iglesias à Mélenchon ou Albert Rivera à Bayrou ? Certes, ni l’un ni l’autre, malgré leur jeunesse, ne sont des perdreaux de l’année. Mais, eux, démarrent vraiment au plus haut niveau politique. Et, quel que soit le résultat, l’un ou l’autre sera impliqué dans le futur gouvernement espagnol.

 

 

Pour essayer d'y voir plus clair (?) Dans le labyrinthe de la vie politique espagnole

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13 octobre 2015 2 13 /10 /octobre /2015 16:55

A 70 jours des élections générales, Ciudadanos fait une percée spectaculaire, tandis que Podemos, piégé par IU régresse. PSOE et PP sont au coude à coude.  Mais l’électorat semble très volatil. Le PSOE présente des éléments de faiblesse et le PP, bien qu’accablé de scandales, ne décroche plus.

Trois partis sont dans un mouchoir de poche, en deçà de la marge d’erreur de ± 2,9 points : PSOE, PP et Cirudadanos (C’s). Si le PSOE garde un léger avantage, l’écart est infinitésimal avec le PP. Mais la révélation de ce sondage du 7 et 8 octobre 2015, c’est l’inversion nette des positions des deux partis émergents.  C’s  gagne plus de 5 points d’un mois à l’autre. Podemos en perd 4,5. 

Espagne : Ciudadanos, le vent en poupe

Intentions directes de vote exprimées par les sondés

Espagne : Ciudadanos, le vent en poupe

Cote de popularité des principales têtes de liste

Espagne : Ciudadanos, le vent en poupe

Hypothèses et voeux pour le gouvernement issu des élections générales

Ciudadanos : une percée spectaculaire

Albert Rivera - 2e - salue le couple royal à l'occasion de la fête nationale

La percée de C’s confirme son bon résultat aux élections catalanes du 27 septembre : 18%, 2e parti du parlement catalan, et champion des partis dits constitutionnels (anti-sécession).

Dans la stratégie des forces émergentes de se présenter comme des forces transversales, hors des vieilles étiquettes et idéologies, disqualifiant les vieux partis qui se partagent le pouvoir depuis une trentaine d’années, C’s semble avoir mieux réussi son coup que Podemos. D’autant que son leader, Albert Rivera, est toujours le seul a avoir un solde d’opinions positives. Et, dans une opinion qui souhaite à plus des deux tiers que les prochaines élections mettent fin à l’alternance PP/PSOE en mettant un autre parti en tête, c’est encore C’s qui est largement préféré, y compris par l’électorat PSOE qui le préfère nettement à Podemos (61% vs 25%).

Podemos dans la nasse

Pablo Iglesias et Alberto Garzón

Podemos semble incapable de se dépêtrer du piège, tendu par IU, de l’union des forces populaires, pour reprendre une vieille formule du camarade Marchais. L’appel d’Alberto Garzón, IU, à des candidatures d’union populaire, relayé par des personnalités comme Almodovar, appuyé par des groupes divers, sous des étiquettes style Ahora en Común, a été repoussé par Pablo Iglesias. Il le paie d’un surcroît d’impopularité puisque son solde d’opinions, qu’on n’ose qualifier de positives, tombe à -44, presque aussi bas que Rajoy ! Les élections catalanes n’ont pourtant pas démontré l’intérêt de la formule unitaire puisque Si que es Pot, liste d’union Podemos+ICV (équivalent catalan d’IU avec des Verts), fait moins qu’ICV seul aux élections précédentes.

Dans cette partie de bras de fer où Iglesias signifie à Garzón qu’il veut bien l’accueillir sur ses listes, mais sous l’étiquette Podemos, IU tire pour le moment son épingle du jeu à 5,6%. Car l’équipe dirigeante de Podemos veut absolument se débarrasser de l’étiquette d’extrême-gauche pour se recentrer sur une ligne finalement plutôt réformiste.

PSOE fragile

Le PSOE lui, loin de décoller, stagne, se tasse même. Il est certes le parti que les sondés préfèreraient voir gagner les prochaines élections, mais de peu. Et son leader, Pedro Sánchez, qui semblait en septembre, enfin, acquérir plus de visibilité, retombe dans un score de popularité nettement négatif (-22). Elément aggravant, il perd des plumes dans son propre parti : il est le moins bien coté en interne (+54, même Rajoy, pourtant discuté au sein du PP, est à + 69). Et surtout 60% de ses électeurs potentiels estiment que ce serait bon que l’Espagne soit gouvernée par un parti qui ne soit ni le PP, ni le PSOE ! Electeurs potentiels dont on a vu que leur préférence irait dans ce cas à Ciudadanos.

Et si c’était le PP ?

Le PP semble avoir atteint son étiage autour de 23%. Bien qu’accablé de scandales de corruptions divers (où le PSOE est hélas parfois compromis), il s’accroche. Il a atteint le noyau dur de son électorat. Ses électeurs potentiels sont les plus attachés à sa victoire, les moins sensibles aux sirènes de l’alternance au PP et PSOE. Et en cas de malheur, opte pour C’s et rejette absolument Podemos.

Et si finalement il ne se passait rien ? si finalement Rajoy restait à la Moncloa, siège du chef de gouvernement ? s’interroge, dans un apparent paradoxe, Ramiro Feijoo, professeur d’Histoire Culturelle. Il constate que les populares se sont gavés d’argent sale, à travers des réseaux parfaitement organisés, et que, quand ces montages furent découverts, ils ont assumé leur culpabilité sans faire preuve d’aucun regret, sans vergogne.

Malgré cela il estime que le conservatisme qui préfère le mal connu à un bien hypothétique – le familier à l’inconnu, le réel au possible, le proche au distant, etc. – s’appuie en Europe du Sud sur le mythe du péché originel. Les racines du conservatisme plongent dans une vision radicalement pessimiste de la nature humaine. L’homme est par essence imparfait, voire mauvais et ne peut être amendé. Cette vision anthropologique se combinerait avec un fatalisme essentialiste selon lequel il n'y a aucune possibilité de changement ou de progrès. Ces électeurs restent donc disposés à soutenir un parti dont les placards sont pourtant encombrés d’immondices. Pour eux il n’y a pas d’alternative et ceux qui proposent quelque chose d’autres sont au mieux des naïfs et au pire des faux prophètes tentant de tromper les oreilles candides.

Cette vision pessimiste, ce fatalisme pourrait donc reconduire le PP à la Moncloa.

Rien n’est heureusement joué. Et les évolutions assez brutales des deux partis émergents montrent que les cartes ne sont sans doute pas distribuées. Mais, pour le moment au moins, l’hypothèse d’une large majorité de gauche – PSOE+Podemos - s’éloigne. Celle d’une majorité de centre gauche – PSOE+C’s – a actuellement les faveurs des électeurs potentiels du PSOE. Reste l’hypothèse d’un C’s en tête avec deux alliances possibles : s’il continuait sur sa lancée, ce serait sûr.

Mais le vent électoral tourne vite en Espagne.

 

 

En complément

 

Homme ou femme, âges, quels sont les caractéristiques des électeurs(trice) du PP, du PSOE, de C's et de Podemos ?

 

 

 

 

 

 

  Le PP est un parti de vieux mâles : le pourcentage d’hommes est supérieur à celui des femmes dans toutes les tranches d’âge et sa force principale se situe chez les hommes de plus de 65 ans.

Le PSOE lui est un parti féminisé et équilibré sur les différentes tranches d’âge, sauf chez les plus jeunes. C’est la seule formation où le pourcentage de femmes est plus fort que celui des hommes sur tous les âges. Les femmes jeunes – 18-34 ans – sont son point fort, mais, en revanche, son point faible porte sur les jeunes hommes : 20% de femmes contre 6% d’hommes, une différence de 14 points !

Ciudadanos est un parti légèrement plus masculin, assez équilibré pour les âges, sauf chez les plus de 65 ans. Les hommes jeunes (19%) sont sa force principale, mais il a de grandes difficultés à attirer les électrices de plus de 65 ans qui ne sont que 5% à pencher pour le parti d’Albert Rivera.

Podemos est le parti qui montre la plus grande assymétrie dans les âges. Sa force ce sont les jeunes (18-34 ans), surtout les hommes avec 16% contre 13% aux jeunes femmes. Sa grande faiblesse se trouve chez les électeurs potentiels de 55 ans et plus où il ne dépasse pas 6%.

Espagne : Ciudadanos, le vent en poupe

Les électeurs déclarés de chaque parti sont invités à se situer sur une échelle de 0=extrême-gauche à 10=extrême-droite.

Ça se bouscule au centre

A part donc ceux de IU, ces électeurs potentiels se situent majoritairement au centre. PP et PSOE forment presque une image inversée, avec un sommet à 5, partant ver le 7 ou 8 pour le PP, en pente aussi douce vers le 3 pour le PSOE.

Mais à côté de ces reliefs érodés des vieux partis, Ciudadanos est une montagne jeune qui s’érige en plein centre, dans un triangle quasi isocèle. Même les sondés de Podemos ont la gauche timide et leur nombre s’érode. 

 

Cette course au centre est un dilemme aussi bien finalement pour le PSOE que pour Podemos.

Le recentrage auquel tente de procéder le parti d’Iglesias risque de lui faire perdre ses militants ancrés à la gauche extrème, d’où un discours qui tente de se situer en dehors de ce clivage gauche-droite.

Face au PP, parti caméléon, qui apparaît modéré à ses électeurs modérés et d’extrême-droite aux extrémistes, le PSOE déçoit ses électeurs de gauche qui le trouve trop centriste sans obligatoirement convaincre un électorat centriste qui le trouve trop à gauche.

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14 avril 2015 2 14 /04 /avril /2015 07:47

Le baromètre de metroscopia en avril place quatre partis dans une fourchette d’à peine 3 points. Ciudadanos poursuit son ascension, tandis que Podemos s’effrite tout en gardant la tête. Les deux champions du bipartisme PSOE et PP se redressent un peu. Mais presque huit Espagnols sur 10 veulent voir la fin de l’hégémonie de ces partis qui ont alterné au pouvoir depuis la transition démocratique.

 

Le quadripartisme qui s’était amorcé au sondage de février, avec l’apparition quasi instantanée de Ciudadanos dans le jeu politique national, se confirme. Les sondés d’Avril placent les quatre formations – PP et PSOE, Podemos et Ciudadanos – entre19,4 et 22,1%, à peine 3 points d’écarts entre les deux nouveaux acteurs qui encadrent les partis anciens.

Espagne : quatre partis dans un mouchoir de poche

La fin du bipartisme

A l’évidence les Espagnols sont las du bipartisme qui a rythmé leur vie politique depuis la transition démocratique. 77%, presque 8 sur 10, souhaitent que le jeu politique s’ouvre. Et ils le démontrent donc dans les sondages électoraux.

Mais quant à ce que ça pourra donner, c’est plus flou. Un gouvernement minoritaire, assuré par le parti arrivé en tête, qui après jongle pour obtenir des majorités ponctuelles, est la solution la plus envisagée. Seule une coalition PSOE-C’s obtient un faible assentiment majoritaire. Mais les sympathisants C’s semblent prêts à manger à tous les râteliers puisque les 2/3 envisagent aussi bien une alliance avec le PSOE qu’avec le PP.

 

L’enquête menée en le 7 et le 9 avril place toujours Podemos en tête avec 22,1%, position quasi stable après une chute de 4 points au baromètre de mars. A l’inverse, le PSOE, après une baisse nette en février confirme le redressement de Mars. L’hémorragie du PSOE vers Podemos semble stoppée. Est-ce l’effet de la victoire andalouse ? Mais le PP, qui y fut sévérement défait, reprend aussi 2 points par rapport à mars. Quant à Ciudadanos (C's), après sa spectaculaire montée de février et surtout mars, il progresse encore un peu. En revanche IU et surtout UPyD, complétement phagocytée par C’s,  se marginalisent.

 

Pour Podemos – qui paie sans doute les attaques violentes qu’il a subies sur ses liens avec le Chavisme vénézuélien – C’s devient un concurrent dangereux.

   El Plural, périodique digital progressiste, comme il se définit, descend Ciudadanos avec vigueur. Il serait issu, non de la cuisse de Jupiter, mais de la main d’Aznar, via le FAES (un ‘think thank’ comme on dit fondé par l’ancien 1er ministre).

Il le décrit comme l’asile et le fortin de l’españolismo en Catalogne : de fait Ciutadans-Partit de la Ciutadania est né en Catalogne contre les indépendantistes. Non seulement il aurait eu la bénédiction d’Aznar, mais aussi celle de la radio des évêques, la COPE, avec notamment les applaudissements enthousiastes de Federico Jiménez Losantos, un ex-communiste puis socialiste passé à droite, mais très anti-Rajoy. Car pour le rédacteur en chef de Plural, C’s serait en fait une machine de guerre dans un jeu interne à la droite contre l’actuel premier ministre qu’Aznar mépriserait !

Que les fervents défenseurs de l’Espagne une et indivisible aient soutenu un parti naissant qui affichait son attachement à ce que la Catalogne reste espagnole (et corrélativement à la corrida comme symbole de cette hispanité) se conçoit. Que ce nouveau parti draine les déçus du PP, les analyses le prouvent. Mais de là à n’en faire qu’une marionnette, avec Aznar tirant les ficelles mériteraient des preuves plus tangibles que l’appui d’un Losantos qui avait aussi applaudi l’UPyD, dissidence centre-gauche du PSOE, UPyD complétement ou presque vampirisé par C’s.

Espagne : quatre partis dans un mouchoir de poche

Notoriété et popularité

Le baromètre des personnalités – notoriété, solde approbation-désapprobation – confirme la chute d’opinions favorables du leader de Podemos, Pablo Iglesias : son image ne cesse de se dégrader passant de -13 en janvier à -30, 4 mois après. Victime sans doute des attaques dont il a été l’objet, mais peut-être aussi d’une gestion assez léniniste du nouveau parti.

Mais la chute la plus spectaculaire est celle de Rosa Diez fondatrice d’UPyD : de -12 en janvier à -49 en avril (pire que Rajoy !) et surtout avec un score famélique dans son propre parti (+23) ; elle paie la lutte interne sur le rapprochement/fusion avec C’s.

Rajoy est constant dans l’impopularité. Pedro Sanchez ne décolle pas dans son propre parti, le PSOE : si l’on met à part l’accident industriel de Rosa Diez, il reste le leader qui recueille le moins d’approbation dans son camp.

Albert Rivera reste le seul qui affiche un solde positif ! Mais sa notoriété reste bloquée à à 77%.

Espagne : quatre partis dans un mouchoir de poche

Le désaveu de la politique de Rajoy

Rajoy parie que comme un soufflé, après les percées spectaculaires, Podemos et C’s vont se dégonfler. Il table sur les signes de reprise économique pour reprendre un peu de poil de la bête.

Pour le moment au moins, les sondés restent très sceptiques sur les vertus de sa politique. Seul un quart sont satisfaits de la gestion menée depuis trois ans par le gouvernement. Et les trois quarts estiment que les inégalités se sont creusées pendant la même période.

 

 

Après les élections anticipées en Andalousie, l’année va être ponctuée par les élections municipales et les élections des régions autonomes (sauf en Catalogne, Galice et Pays Basque et, on l’a vu, Andalousie qui ont un autre statut) le 24 mai. Le 27 septembre ce seront les élections en Catalogne, dont Artur Mas, l’actuel président, veut faire un referendum pour l’indépendance.

Enfin, entre le 20 novembre et le 20 décembre*, les élections générales.

 

Quoique rêve Clémentine Autain, le jeu politique espagnol n’a rien à voir avec celui de la France et le Front de gauche encore moins avec Podemos. Comme si on comparait le Modem à Ciudadanos.

Il n’est que de voir l’inventivité du mouvement social espagnol avec ce défilé d’hologrammes pour protester contre une loi baîllon, que veut imposer le PP pour rallier sa vieille garde nostalgique du franquisme, avec la traditionnelle journée de protestation contre l’austérité d’une partie des syndicats en France, pour comprendre qu’il y a encore des Pyrénées.

Comparer aussi la jeunesse des leaders des partis politiques espagnols avec l’âge des nôtres. Albert Rivera a 36 ans, Bayrou pourrait être son père. Iglesias en a 37, Mélenchon pourrait être son père. Et Cambadelis aurait pu être, mais plus précocement, le père de Sanchez, 43 ans…

 

Ce quadripartisme est porteur d’incertitudes.

Avec sa majorité relative, le PSOE andalou va être obligé de surfer jusqu’au moins les élections générales, car d’éventuelles alliances sont gelées jusque-là.

Mais ces élections générales peuvent aussi aboutir, si les quatre partis sont quasi à égalité à une situation inextricable ou bien à une instabilité modèle IVe république française.

 

Reste l’espoir qu’un PSOE vigoureux soit capable de fédérer une alliance réformatrice où Podemos joue le jeu de l’union de la gauche.

On a le droit de rêver, comme Clémentine.

 

* Date précise non encore fixée (avec possibilité de jouer les prolongations jusqu'à mi-janvier)

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15 janvier 2015 4 15 /01 /janvier /2015 16:23
Après PODEMOS, CIUDADANOS

PODEMOS après un coup de mou reprend la tête au sondage de janvier 2015. Mais un nouveau venu CIUDADANOS – CITOYENS-Parti de la citoyenneté  – apparaît en 4e position. Et son leader, Albert Rivera, est le seul politique espagnol à recueillir plus d’appréciations positives que négatives.

Après PODEMOS, CIUDADANOS

Le Parti de la citoyenneté est apparu en 2006, mais essentiellement en Catalogne. Comme son nom l’indique, il veut une démocratie de citoyens et non de territoires. Son leader Albert Rivera– élu à sa tête par le hasard d’une liste en ordre alphabétique de prénoms prétend un chroniqueur politique – va prendre la tête de liste aux élections catalanes, contre le statut d’autonomie et pour le bilinguisme. 

Son affiche est des plus dépouillées et dit bien la philosophie de son parti : seules nous importent les personnes et non où elles sont nées, la langue qu’elles parlent, les sous-vêtements qu’elles portent !  Ciutadans-Partit de la Ciutadania en Catalan va faire 3% aux élections de la Généralité de Catalogne en 2006 mais 7,6 % en 2012.

Aux Européennes de 2014, ils font 3% (2 élus) quand PODEMOS en faisait 8% (5 élus).  Les voir surgir dans le sondage de Janvier 2015 à 8 %, en 4e position, devant la Gauche Unie (Izquierda Unida, IU) et  Union, Progrès et Démocratie (UPyD) est inattendu. D’autant qu’Albert Rivera, Président de Ciudadanos, est le seul leader politique à afficher un solde positif d’approbation +5 (il est vrai qu’il n’est connu que par 58 % des sondés). Il fait la quasi unanimité dans son parti (+92). Alors que Pablo Iglesias, leader de PODEMOS, connu de presque tous, voit sa cote de confiance devenir négative -13 et s’effriter dans son propre parti (+73).

Après PODEMOS, CIUDADANOS

CIUDADANOS : motivations du choix

Après PODEMOS, CIUDADANOS

Intentions de votes Janvier 2015

Après PODEMOS, CIUDADANOS

Réponses spontanées sur les intentions de vote

Le PSOE, qui avait connu un sursaut en décembre retrouvant presque son score des élections générales de 2011, perd plus de 4 points et régresse en 2e position. En revanche, le tassement connu en décembre par PODEMOS – contre-coup peut-être de sa structuration en parti politique – reprend la tête des sondages. Le PP, plombé par les affaires, après la chute brutale de Novembre, se tasse encore un peu.  L’émergence de Ciudadanos, parti laïque de centre-gauche, semble se faire sur le dos des partis autonomistes et du vote blanc, puisque, à peu de choses près, le total IU/ICV+UPyD est le même d’un mois à l’autre.

Le bipartisme, sur lequel a reposé la transition démocratique puis la consolidation de ce régime, semble mort, dans l’état actuel des choses. Le total des intentions de votes PSOE+PP n’atteint même pas le score du seul PP en 2011. Mais PODEMOS, même avec des alliés comme IU/ICV ou C’s n’aurait pas non plus une majorité. Et, il cristallise plus un électorat protestataire que d’adhésion.

A noter que nos sondeurs ibériques donnent les intentions de vote spontanés (ce qu’à ma connaissance ne font pas nos sondeurs hexagonaux) : la cuisine permettant de passer de ces intentions brutes aux estimations est expliquée dans PODEMOS renversera-t-il l’échiquier politique espagnol ?

Après PODEMOS, CIUDADANOS

Un peu moins de pessimisme qu'en janvier 2014...

79% des espagnols – soit 10 points de moins qu’en janvier 2014 – pensent que la situation économique de l’Espagne sera encore pire cette année. Même les électeurs potentiels du PP sont 51% à partager ce pronostic négatif.  Se dessine aussi une répartition entre les ultra-pessimistes (IU à 94 et Podemos à 91%) et les pessimistes plus modérés (C’s à 74 et UPyD à 76%) le PSOE à 82% se situant entre les deux.

 

En revanche, s’agissant de leur situation personnelle les estimations connaissent une inflexion positive, modérée mais claire. Ils ne sont plus que 5%, contre 11 un an avant, à craindre le pire. Plus de la moitié à penser qu’elle sera stable et même 3% de plus à penser qu’elle va s’améliorer. Les plus optimistes sont bien sûr PP, mais aussi, plus inattendus, uPyD  (50%). Les plus nombreux à penser que la situation sera équivalente (78%) sont à IU (il est vrai qu’à un certain stade, ça peut difficilement être pire).

Après PODEMOS, CIUDADANOS

Solde des opinions positives et négatives

Sur le plan des opinions positives, le seul  à tirer son épingle du jeu est le roi Felipe VI, avec un solde positif de +57 et dans tous les électorats, des moins monarchistes IU avec +8 aux +88 du PP, on trouve Podemos à +31, PSOE +75, UPyD +76 (à noter une inversion sur le tableau du bas entre IU et UPyD), Ciudadanos +85 !

 

On l’a vu, de tous les leaders de partis, seul celui de Ciudadanos, Albert Rivera, a un solde légérement positif (+5) et c’est aussi celui qui obtient le score le plus positif chez ses potentiels électeurs (+92). Pablo Iglesias qui était le seul légèrement positif en Novembre 2014 (+1), passe en solde négatif (-13) ; chez les électeurs potentiels, il perd aussi 15 points passant de + 87 en novembre 2014 à +72. Pedro Sanchez ne décolle pas (-16), même s’il gagne un peu en crédibilité dans l’électorat potentiel du PSOE (+56 contre +40 en novembre 2014). Si Rajoy est la lanterne rouge avec -50, il améliore son score global (-63 en novembre) et retrouve du crédit au PP passant de +49 en novembre à  +70.

 

NB Juantxo Lopez de Uralde qui apparaît dans ce classement, un quasi inconnu même des espagnols (10%), est le leader d’un nouveau parti Vert (l’autre ICV est allié à IU).

Après PODEMOS, CIUDADANOS

PODEMOS : d'où viennent les électeurs potentiels de ce nouveau parti ?

Après PODEMOS, CIUDADANOS

PODEMOS : un électorat potentiel moins à gauche que son parti ?

D’après El País, les électeurs potentiels de PODEMOS sont majoritairement masculins, avec un travail, un niveau d’études au moins du second degré et résident, toujours majoritairement, dans des villes de moins de 100 000 habitants. Ils appartiennent à la classe moyenne, et comme ceux d’IU, ils se déclarent non pratiquants, agnostiques ou athées. Leur âge moyen est de 43 ans, seuls les électeurs d’UPyD sont plus jeunes, 40 ans.

 

Sur une échelle qui va de 0=extrême-gauche à 10=extrême-droite, ils se positionnent à 3,9, mais ils perçoivent PODEMOS comme étant plus à gauche qu'eux à 2,8. Ils sont finalement assez proches des électeurs PSOE qui se positionnent eux, en moyenne à  4,2.

Il est vrai que l’électorat potentiel de PODEMOS provient pour un tiers du PSOE+UPyD, donc d’électeurs socialistes ou sociaux-démocrates. Seuls 7% de ces électeurs se définissent comme d’extrême-gauche ou communistes, bien que 16% votèrent IU en 2011.

Après PODEMOS, CIUDADANOS

PODEMOS : motivations des électeurs

La principale motivation du choix des sondés en faveur de PODEMOS reste la déception, le désenchantement à l’encontre du PP et du PSOE.

Cependant l’adhésion aux idées progresse un peu. Et la crédibilté de PODEMOS, la conviction qu’il est une solution fiable pour prendre les rênes du pays, a nettement progressé. Cependant, ce qui prédomine c’est la volonté – apparue dans des sondages antérieurs à l’entrée en lice de PODEMOS – de mettre fin au bipartisme PP/PSOE, jugé responsable de la mauvaise gestion économique et de la corruption. Cette volonté de mettre à bas le bipartisme, transversale, explique sans doute l’émergence de Ciudadanos, attirant un électorat plus modéré. Mais se greffe aussi la question des nationalités et des autonomies….

Difficile, pour qui ne possède pas la langue de Cervantes, de cerner qu’elle est l’idéologie exacte des dirigeants de PODEMOS, idéologie nourrie au lait du bolivarisme à la Chavez, voire du castrisme. Et malgré sa sympathique cola de toréador, la manière dont Iglesias a façonné l’équipe dirigeante de PODEMOS, quasi à son image, peut inquièter.

Cependant, PODEMOS, ne semble pas être une étoile filante : de sondages en sondages, après sa fulgurante apparition aux Européennes, le parti naissant confirme son bon quart d’attractivité. Les experts en sciences politiques qui le dirigent ne peuvent ignorer que se placer à l’extrême-gauche de l’échiquier ferait échouer leur géniale opération.

 

Reste que la fin du bipartisme ne peut qu’obliger à des alliances. Donc à des compromis. Donc à retrouver un peu l’esprit de la transition…

 

Notons une fois encore que mes enquêtes d'opinion espagnoles semblent plus fouillées que celles commandées par la presse française.

Manif du 31-01-2015 Cibeles
Manif du 31-01-2015 Cibeles

Manifestation du 31 janvier 2015 : la Puerta del Sol

En complément :

 

Espagne. Le Podemos de la droite

—José Luis Barbería

Publié le 2 mars 2015 dans El País (extraits) Madrid

Source : Courrier International

 

Le Parti de la citoyenneté, à l’origine catalan, veut lui aussi casser le bipartisme.

 “Je suis un citoyen !” “Voilà qu’il est repris par sa folie des grandeurs.”– Dessin d’El Roto paru dans El PaÍs, Madrid.

 

"Rien ne peut arrêter une idée dont le tour est venu”, doit se répéter le président de Ciudadanos-Partido de la ciudadanía [Citoyens-Parti de la citoyenneté], Albert Rivera. Cette citation de Victor Hugo expliquerait en effet l’ascension fulgurante d’une formation qui, en seulement deux mois, a progressé de huit points dans les sondages pour se situer entre 12 et 14 % des intentions de vote (sondage de février).

 

Même si la terre tremble encore, si l’échiquier politique continue de bouger et si tout est encore possible, force est de constater qu’au centre a surgi un nouveau parti doté d’une identité propre, capable d’ébranler le PP [Parti populaire, au pouvoir, conservateur], de conquérir le vote abstentionniste et d’attirer l’électeur de gauche. Ciudadanos (ou C’s) aurait-il le cœur à gauche et la tête à droite ?

 

Comme Podemos, qui a réussi à rallier (ou déstabiliser) les formations situées à la gauche du PSOE [Parti socialiste ouvrier espagnol], Ciudadanos a absorbé le Centre démocrate libéral [centre droit] et débordé jusqu’à Union, progrès et démocratie [UPyD, centre gauche], qui sillonne les mêmes territoires idéologiques. Podemos et Ciudadanos partagent la même ascension, nourrie au même combustible : la corruption politique, les coupes budgétaires dans les services publics et la colonisation partisane des institutions.

 

Mais la comparaison s’arrête là : ces deux mouvements différents suivent des trajectoires parallèles. Même s’il ne manque pas de militants se disant de gauche, Ciudadanos, qui se définit toujours comme un parti de centre gauche, se veut cependant surtout nouveau et novateur. Le parti refuse ainsi les étiquettes gauche-droite et revendique son caractère progressiste et laïc, par opposition à la droite traditionnelle espagnole. “Nous sommes un parti laïc, partisan d’une très nette séparation de l’Eglise et de l’Etat. Je suis favorable à ce que l’Eglise paye [l’impôt sur les biens immobiliers]. La religion est une affaire privée, tout comme les questions d’avortement et d’euthanasie”, souligne David Lopera, 40 ans, coordinateur de C’s à Xátiva (dans la région de Valence).

 

Cette armée de militants bénévoles qui émerge de la faille engendrée au centre se démarque politiquement de Podemos, même si ces deux phénomènes brandissent le même drapeau du changement, veulent modifier l’état des choses et renverser l’ordre établi. A cette différence près que le militant de C’s qui aujourd’hui se lance en politique, dans la majorité des cas pour la première fois, n’est pas une victime de la crise. Il a certes vu se détériorer ses conditions de vie et se sent floué par le gouvernement et sa gestion de la crise, mais il a un travail et une situation correcte.

 

Son comportement n’est donc ni réactif ni un vote sanction, mais bien une adhésion à une idéologie qui lui convient. De profil modéré, il croit en l’économie de marché, ou du moins l’accepte comme inévitable, et est partisan d’un changement en douceur par le biais du consensus et de la réforme. Disons que son esprit contestataire et son appétit révolutionnaire se limitent au renouvellement de la vie politique, des structures et institutions du pays. L’électeur type de C’s vit en ville, a fait des études universitaires et a entre 25 et 54 ans.

 

Sans préjugés.

Ciudadanos serait-il alors un Podemos de droite ? Toutes les personnes interrogées refusent ce raccourci, même si les sondages montrent que C’s est en augmentation auprès des électeurs de centre droit. Et si dans l’ensemble de l’Espagne le parti est perçu comme centriste, une grande partie des Catalans le classent à l’extrême droite. Il faut dire que pour le nationalisme catalan, comme pour son homologue basque, tous les compatriotes qui s’opposent directement à leurs desseins sont invariablement marqués du sceau de l’infamie du radicalisme. “Si vous ne faites pas de politique, d’autres en feront à votre place. Rejoignez-nous, mais laissez vos préjugés à la maison”, a lancé Albert Rivera au moment de la création du parti à Barcelone, il y a huit ans, en opposition au nationalisme catalan. Le parti avait alors décidé de passer à la vitesse supérieure en choisissant d’essaimer à l’échelle nationale.

 

Tournée de demis.

Cadres et techniciens supérieurs, chefs d’entreprise, étudiants, employés du secteur des services et dirigeants ont tous accepté le message et, portés par la volonté de changer les choses, ont fondé les premiers groupes destinés à propager la parole et le franc-parler de ce jeune dirigeant, séduisant trentenaire aux allures de gendre idéal, encore inconnu d’un tiers des Espagnols. Quelques mois plus tard, l’espoir de départ s’est transformé en enthousiasme avec même, aujourd’hui, une pointe d’euphorie à peine contenue dans les réunions, qui, à défaut de siège officiel, ont lieu dans des bars ou des locaux publics. Depuis que les sondages sont à la hausse, les réunions politiques informelles où le café est souvent remplacé par une tournée de demis se multiplient un peu partout dans les villes, tout comme le nombre des militants : plus de 22 000 déjà à Madrid, presque autant qu’en Catalogne.

 

Comme à l’époque pour l’UPyD et également pour Podemos, les responsables de ces groupes ont la lourde tâche de repérer les opportunistes et les arrivistes soucieux de prendre la “bonne vague” politique du moment pour tâter un peu du pouvoir et obtenir un poste rémunéré. Une bonne partie des électeurs de Ciudadanos viennent du PP (près de 38 %) et le reste vient des abstentionnistes, des nouveaux électeurs, du PSOE et de l’UPyD. Jusqu’à présent Ciudadanos recrutait surtout dans les villes, notamment dans les agglomérations urbaines de plus de 400 000 habitants.

 

Et si les ouvriers et les agriculteurs ne figurent pratiquement pas dans les profils repérés par les sondages, on voit peu à peu apparaître sur le réseau de Ciudadanos (Internet et les réseaux sociaux tiennent lieu de siège officiel du parti) des gens qui se connectent depuis les zones rurales. Sur le terrain des rêves et de l’espoir, Ciudadanos est en concurrence directe avec Podemos. Tous deux se reconnaissent dans la critique du bipartisme et dans la mission de régénérer et assainir le système, mais leur idéologie et leur programme sont très différents. “Podemos est un parti jeune avec des idées de vieux. Si leur modèle est le Venezuela, le nôtre serait le Danemark : un Etat providence compatible avec une économie de marché, mais suffisamment fort pour fournir les services basiques sans asphyxier l’économie”, assène Jésús de Lózar, 62 ans, économiste.

 

Tant que les convulsions tectoniques secouent la politique espagnole, rien n’est stable et rien n’est définitif. Les répliques et les contre-répliques se succèdent. Et au centre, 3 ou 4 millions d’électeurs indécis peuvent toujours faire pencher la balance en faveur des conservateurs du PP ou des sociaux-démocrates du PSOE.

 

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 21:32
Podemos un parti endogame !

Podemos est (un peu) à la mode dans notre presse. Même Ouest-France en a parlé. Et arrêt-sur-images.  Le mouvement s’est structuré, avec  à sa tête Pablo Iglesias et une équipe très homogène, pour ne pas dire à sa main. Objectif premier : tirer un trait sur la transition démocratique de 78.

 

Podemos a donc bousculé l’échiquier politique espagnol avec les élections européennes. Les sondages successifs ont montré que ce n’était pas qu’un feu de paille. Et, après un vote par Internet* (107 000 votants, pour 250 000 inscrits sur le ouèbe) le mouvement s’est structuré en véritable parti politique.

Un secrétaire général, un conseil de surveillance baptisé comisión de garantías democráticas,   un conseil citoyen de 62 membres (auxquels viendront s’adjoindre 17 membres issus des régions), un comité de direction de 10 membres. Mis à part cette sorte de conseil constitutionnel interne que semble être la commission de garantie du respect de la démocratie interne, une organisation somme toute assez classique avec un leader, un bureau politique et un comité central.

Podemos un parti endogame !

Tout se passe comme si le département de Sciences politiques de l’Université Complutense (Madrid) avait canalisé le mouvement des indignés. Passant de la théorie aux travaux pratiques, d’abord par le biais d’une chaîne TV-internet, La Tuerka  puis en donnant corps à un mouvement en quatre mois pour frapper un premier coup aux Européennes. Enfin en structurant ce mouvement en un vrai parti politique.

 

Revers de la médaille, la direction a un côté endogamique prononcé.

 

Outre Pablo Iglesias, l’idéologue de la formation, ex-enseignant de sciences politiques à  l’université Complutense, Íñigo Errejón est chercheur dans cette université, Carolina Bescansa y est professeure de Méthodologie, Juan Carlos Monedero y est professeur de sciences politiques, Luis Alegre y est professeur de philosophie, Tania González est licenciée de sciences politique de l’université Complutense, certes Gemma Usabart est professeure à l’université de Girona mais en sciences politiques,  et dans ce bureau politique de bac+X on compte encore une licenciée en histoire et relations internationales, Ángela Ballester, un avocat qui travaille dans une association de lutte contre les expulsions de logements, Rafa Mayoral, un ingénieur des télécommunications mais aussi anthropologue, Sergio Pascual, et une juriste, anthropologue également, Auxiliadora Honorato, les deux derniers travaillant pour le gouvernement provincial d’Andalousie.

 

Rien à voir donc avec le Front de gauche qui ressemble plus à l’IU espagnole (PC+dissidents PS+gauches alternatives diverses) avec des politiques aguerris comme Mélenchon, ex-sénateur et secrétaire d’état. Rien non plus à voir avec cinq étoiles du triste pitre Grillo, même si le surgissement rapide de Podemos sur la scène politique y ressemble.

 

Iglesias, loin de rejeter la télé, en maîtrise tous les codes. Et loin aussi de l’éruptivité parfois hystérique de Mélenchon ou Grillo, il est d’un sang-froid à toute épreuve.

 

Reste que cette espèce d’entre-soi que représente son équipe très universitaire n’est pas dénuée de risques.

L’absence de toute expérience politique en responsabilité est à la fois un handicap et un atout. Un atout quand il s’agit de cogner sur la caste, c’est-à-dire, justement, les politiciens des deux grands partis et l’oligarchie financière. Un handicap, peut-être, quand il s’agira, à la fin de 2015, de convaincre les électeurs de voter pour des personnes totalement inexpérimentées. D’autant que Podemos renonce à concourir à des municipales où il aurait pu démontrer sa capacité à construire une alternative à partir du bas comme le firent les verts allemands. (José Ignacio Torreblanca, El País 16/11/14) Mais on pourrait noter ironiquement qu’après tout, Podemos se retrouverait dans la position du PSOE – Felipe Gonzalez et les siens n’avaient aucune expérience gouvernementale – après la transition de 1978.

Podemos un parti endogame !

Car, à l’instar, du coup, de Mélenchon et sa VIe République, Iglesias veut clore la période historique ouverte en 1978 avec la légalisation du PCE et les premières élections libres après la mort de Franco. Iglesias, né en 1978 justement, symbolise bien cette génération qui n’a rien connu du franquisme ou seulement ses derniers soubresauts. Il annonce donc que, si Podemos gagne, comme il en est sûr, les élections de 2015,  sera ouvert un processus constitutionnel pour faire sauter le verrou du régime de 1978 (abrir el candado del 78). Mais si la VIe république promise par Mélenchon – une IVe matinée de votation suisse – ne provoquera que des débats byzantins, l’instauration d’une IIIe République en Espagne risquerait fort de réveiller des antagonismes autrement violents.

 

D’autant que si Podemos essaie de convertir la traditionnelle confrontation entre droite et gauche en une lutte entre la caste et les gens décents, promettant de balayer la corruption dans la société, il a peine à se recentrer. Même s’il s’en défend, les accusations de sympathie voire d’admiration pour le bolivarisme de Chavez reposent sur le fait que Monedero comme Errejon ont collaboré activement avec le régime chaviste au Venezuela. Monedero fut même un conseiller direct de Chavez. Par ailleurs au Parlement Européen ils ont intégré la gauche unie et votent avec discipline, comme le groupe, sur toutes les questions.

 

Or ce recentrage – nos experts en sciences politiques le diagnostiquent – est la clé d’une possible victoire. Pablo Iglesias, qui sait que les partenaires sociaux seront particulièrement attentifs aux programmes économiques, est resté au niveau des généralités. S’appuyant sur les prix Nobel Paul Krugman et Joseph Stiglitz, il a plaidé que l’on peut restructurer la dette sans se mettre en défaut de paiement. Il faut que l’Espagne sorte du modèle truelle et bronze-culs, bâtiment et tourisme. Ce nouveau modèle reposerait sur une diminution du temps et des conditions de travail. Il reposerait aussi sur le développement du secteur coopératif soutenu par des investissements d’état.

 

Pour cela il faut de l’argent. Une réforme fiscale s’impose qui d’abord s’attaque à la fraude et ensuite fasse payer fortement les plus hauts revenus. S’appuyant sur l’exemple des pays nordiques comme le Danemark, il constate que les pays les plus prospères sont les plus égalitaires.

 

La clé du succès éventuel de Podemos tient bien sûr dans la crédibilité de ses propositions et on voit qu’il y a encore du boulot. Mais surtout dans sa capacité à convaincre les citoyens qu’ils peuvent être, eux-mêmes, les protagonistes d’un temps nouveau. Et Anabel Díez (El País) note un peu ironiquement que les références musicales et poétiques de Pablo Iglesias sont notamment Mercedes Sosa et Miguel Hernández… Como en la Transición !

 

 

 

Vientos del pueblo me llevan,

vientos del pueblo me arrastran,

me esparcen el corazón

y me aventan la garganta.

 

Vientos Del Pueblo Me Llevan de Miguel Hernandez

Todo cambia

 

Cambia lo superficial

Cambia también lo profundo

Cambia el modo de pensar

Cambia todo en este mundo

 

Cambia el clima con los años

Cambia el pastor su rebaño

Y así como todo cambia

Que yo cambie no es extraño

 

Cambia el más fino brillante

De mano en mano, su brillo

Cambia el nido el pajarillo

Cambia el sentir un amante

 

Cambia el rumbo el caminante

Aunque esto le cause daño

Y así como todo cambia

Que yo cambie no extraño

 

Cambia, todo cambia (x4)

 

Cambia el sol en su carrera

Cuando la noche subsiste

Cambia la planta y se viste

De verde en la primavera

 

Cambia el pelaje la fiera

Cambia el cabello el anciano

Y así como todo cambia

Que yo cambie no es extraño

 

Pero no cambia mi amor

Por más lejos que me encuentre

Ni el recuerdo ni el dolor

De mi pueblo y de mi gente

 

Lo que cambió ayer

Tendrá que cambiar mañana

Así como cambio yo

En esta tierra lejana

 

Cambia, todo cambia (x4)

 

Pero no cambia mi amor

Por más lejos que me encuentre

Ni el recuerdo ni el dolor

De mi pueblo y de mi gente

 

Lo que cambió ayer

Tendrá que cambiar mañana

Así como cambio yo

En esta tierra lejana

 

Cambia, todo cambia...

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4 novembre 2014 2 04 /11 /novembre /2014 19:01
PODEMOS renversera-t-il l’échiquier politique espagnol ?

Un parti né il y a huit mois a d’ores et déjà bousculé un échiquier politique bipartisan né il y a trente-sept ans. Il s’installe dans le jeu politique espagnol  en se structurant en véritable parti. Non sans ambiguïté, se disant ni de gauche ni de droite, mais transversal. Un récent sondage le place en tête avec 27,7 % des votes, devançant le PSOE d’1,5 point et distançant le PP de 7 points. Mais il est loin de convaincre de la crédibilité de ses propositions.

Les principaux graphiques sont agrandis plus bas.

Les principaux graphiques sont agrandis plus bas.

L’étude de Metroscopia pour El País a eu lieu en plein cœur d’une nouvelle vague de scandales qui secouent l’Espagne ! Cartes noires de la Caja de Madrid et de Bankia où sont impliqués Miguel Blesa et Rodrigo Rato (ancien Directeur général du FMI), mais aussi des dirigeants syndicaux,  et l’opération Púnica, réseau de corruption actif dans les régions de Madrid, Murcia, Leon et Valence, mettant en cause au moins quatre maires issus du PP, mais aussi un maire PSOE.

 

Elle ne se contente pas de faire un instantané des intentions de votes, mais, outre une explication de la méthode, elle complète le sondage sur les intentions de votes par celui sur la popularité – en général il s’agit plus d’impopularité – du couple royal et des leaders des partis politiques nationaux et en donnant un coup de projecteur sur Podemos et sur le nouveau leader du PSOE, Pedro Sánchez.

 

L’échiquier politique espagnol, depuis la première véritable élection en 1977 a connu une alternance entre la droite (UCD de Suarez puis Parti Popular) et la gauche (PSOE, le PCE, bien que seul parti véritablement actif dans la clandestinité sous Franco, n’a jamais fait plus du tiers des voix du PSOE).

L’IU est une sorte de Front de gauche avec un fort noyau PCE. UPyD ou UPD, fondée par une ex-députée européenne PSOE, est marquée par la lutte contre le terrorisme de l’ETA (avec Francisco Savater) donc contre les nationalismes et un de ses axes de lutte premier est la Laïcité.

A noter l’absence des Verts en tant que force politique autonome et de l’équivalent du Front National, le PP couvrant tout le spectre de droite du national-catholicisme, héritier du franquisme, jusqu’au centre-droit, d’autre part Podemos ralliant les mécontents.

Projection des votes
Projection des votes

Estimation des résultats électoraux sur les suffrages exprimés au cas où les élections générales se passeraient au moment du sondage.

L’estimation des résultats électoraux – si le vote avait lieu au moment du sondage – sur les suffrages exprimés, place PODEMOS en tête avec près de 28 %. Certes le PSOE devance de plus de 5 points un PP nettement plombé par la série de scandales qui le touchent prioritairement, mais il ne retrouve même pas le score des élections générales de 2011. A ce jeu IU et UPyD sont marginalisés, à moins de 4%. On note que les votes « blancs » sont décomptés et dans les « autres » se retrouvent les partis nationalistes divers. Le taux d’abstention est très proche de celui de 2011. Mais ce ne sont pas obligatoirement les mêmes, puisque des ex-électeurs PP s’abstiendraient, donc remplacés par d’ex-abstentionnistes.

 

Il manque la projection en sièges, mais, a priori, ça aboutirait  à une chambre quasi ingouvernable (si PODEMOS, comme c’est le cas actuellement reste dans une position ni gauche, ni droite).

Cote des personnalités
Cote des personnalités

La question porte d'abord sur le degré de connaissance des personnalités (elles sont donc classées en ordre décroissant selon ce critère, ainsi le couple royal et le 1er ministre sont connus de tous, en revanche le coordinateur d'IU n'est connu que de quatre espagnols sur cinq), puis sur le degré d'approbation de leur action.

La mesure de l’approbation ou désapprobation de l’action politique des personnalités, pour autant qu’on les connaisse, marque la remontée des royaux : l’opération abdication est donc positive. 

Le classement par ordre de connaissances des personnes par les sondés fait apparaître un déficit net pour le nouveau leader du PSOE.

Solde
Solde

Solde entre les évaluations positives et négatives,

globalement (histogramme) et dans le parti du leader concerné (tableau).

A part le couple royal, seul Iglesias, figure de proue de Podemos a un solde d’opinions légèrement positif. Rajoy, le 1er ministre, atteint un score négatif quasiment hollandais, mais la défiance est grande pour Sánchez du PSOE, Diez d’UPyD et Lara d’IU. Et, au sein de son propre camp si Iglesias fait nettement la course en tête (+87), le pauvre Sánchez est le moins convaincant des leaders dans son propre camp (+40).

Focus sur Sanchez
Focus sur Sanchez

Après la démission d’Alfredo Pérez Rubalcaba, suite à l’échec du PSOE aux européennes, Pedro Sánchez a été élu en juillet 2014. Il est donc censé incarner le renouveau du PSOE.

Pedro Sánchez a, de fait, encore un gros problème de crédibilité, puisque seulement 40%, contre 49%, l’estime capable de rénover son parti et de lui donner une meilleure image (les plus sévères étant les, heureusement, rares sondés pro-IU : 22%), et ils ne sont guère plus nombreux (43% contre 45%) à le croire capable de convaincre les anciens électeurs socialistes à revenir voter pour le PSOE.

Focus sur Podemos
Focus sur Podemos

Une première question s'adresse à ceux qui ont opté pour Podemos sur les raisons de leur choix. Une série de questions, s'adressant à tous, mesure le degré d'adhésion aux positions de Podemos.

Seul un tiers des sondés ayant opté pour Podemos disent l’avoir fait parce qu’il est le parti le plus proche des leurs convictions, alors que 42% expriment par ce choix leur déception, leur désenchantement à l’encontre des partis pour lesquels ils ont pu voter en d’autres occasions.

Les 28% qui disent que Podemos, dans l’état actuel des choses, est le seul parti en lequel ils peuvent avoir confiance confirment le sondage électoral. Podemos se heurte cependant à un relatif scepticisme, puisque 35% (contre 54%) jugent ses propositions comme réalistes et pouvant être mises en œuvre et 39% (contre 50%) qu’il a des idées claires sur ce qu’il faut faire pour surmonter la crise économique.

En mai 2015, les élections municipales et régionales (qui ne concernent cependant pas l’Andalousie, la Galice, la Catalogne ou le Pays basque) seront un premier test pour le PSOE, car Podemos n'y sera que peu ou pas présent.

Mais - sauf si Podemos se dégonflait comme une baudruche piquée par une aiguille, ce qu’absolument rien ne laisse prévoir - aux prochaines élections générales, dans un an, le paysage politique espagnol sera bouleversé. Même si Sánchez redonnait un peu de couleurs au PSOE et donc lui faisait reprendre la tête, il n’aurait pas de majorité. Pas plus que Podemos, s’il continue la course en tête. Et là, le ni-ni ne serait plus tenable.

 

PS Après beaucoup de galères, il semble que la mise en place correcte et des graphiques et d'un commentaire lisible soit réalisé...

 

 

Touitte
Touitte

Mystère et boule de gomme !

PS Miracle - le seul - d'over-blog : l'annonce des nouveaux articles apparaît dans un compte touitte (dont je ne me sers pas d'aileurs).

Surprise, je reçois donc une réponse mystérieuse d'une "Cordula" que je ne connais ni des lèvres ni des dents....

En complément, une autre estimation faite un peu avant celle de Metroscopia

 

L’étude de CIS a été réalisée entre le 1er et le 13 octobre. Alors que Metroscopia a classiquement travaillé sur un échantillon d’un millier de personnes, CIS lui a sondé 2480 personnes, avec, non seulement le non moins classique effort de répartition en PCS, mais aussi géographique et de taille des villes.

PODEMOS renversera-t-il l’échiquier politique espagnol ?

Baromètre du CIS d'octobre 2014 :

estimations des votes si les élections avaient lieu au moment du sondage

La projection en % diffère sensiblement de Metroscopia, puisque le PP garde la tête, et que PODEMOS n’arrive qu’en 3e position. Mais entre les deux sondages les deux nouveaux scandales – cartes bleues dites noires et réseau Punica – ont eu tout leur retentissement. La dynamique de Podemos est cependant significative : +7.

Intentions "brutes"
Intentions "brutes"

Comparaison des intentions de votes spontanées dans les deux instituts.

Les fiches techniques des deux instituts de sondages donnent les réponses spontanées des sondés (ce qui, sauf erreur, ne se pratique pas chez leurs confrères hexagonaux). Dans les deux cas, Podemos arrive largement en tête.

 

Ensuite chaque institut va soumettre ces résultats bruts à sa cuisine, avec ses recettes propres et secrètes.

 

 

NB Cette alchimie particulière peut sembler de la basse manip chez les contempteurs des sondages. Un blogueur explique pourquoi et comment se cuisine une enquête d’opinions.

Il donne cet exemple :

Dans une enquête du CIS avant les européennes, à la question Pour qui allez-vous voter les réponses spontanées furent :

PP –> 14,1 %

PSOE –> 14,1 %

IU/ICV/ANOVA –> 5,2%

PODEMOS –> 0,8%

[...]

Abstentions annoncées –> 23,8%

Ne savent pas encore –> 20,6%

N’ont pas répondu –> 5,3%

Blancs –> 3,9%

 

Les résultats réels, le jour des élections furent :

PP –> 26,1%

PSOE –> 23,0%

IU/ICV/ANOVA –> 10,0%

PODEMOS –> 8,0%

[...]

Abstentions –> 54,1%

Blancs –> 2,3%

La cuisine va donc consister à recouper les résultats bruts avec d’autres indices.

PODEMOS renversera-t-il l’échiquier politique espagnol ?

Intentions de votes

pour chaque parti sur une échelle de 0 à 10 (0 jamais, 10 toujours)

Ainsi dans la fiche du CIS voit-on un tableau demandant aux sondés de classer leur possible vote pour différents partis sur une échelle de 0 à 10, 0 pour absolument pas voter, 10 pour voter sûrement. Ainsi, sont-ils 42 % à dire qu’ils ne voteront certainement pas pour le PSOE ou pour Podemos et 4,6% pour le PSOE et 6,1% pour Podemos, à affirmer qu’ils voteront pour eux quoi qu’il arrive.  D’autres questions sur la connaissance et la popularité des leaders, sur le degré d’intérêt pour l’actualité politique, sur les moyens d’information, etc. vont permettre de mieux corriger les données brutes.

 

S’ajoutent des pondérations diverses (âges, PCS, géographiques, etc.).

 

Puis sortent des estimations, photos plus ou moins bien retouchées de l’état de l’opinion à un moment donné et dont la succession peut cependant donner une tendance.

 

 

 

 

Schneidermann nous invite à prendre de l'avance sur PODEMOS

 

Je ne vous redirais pas pour la xième fois que nous fûmes (et ce n'était pas du belge) des premiers à nous abonner à "Arrêt sur images" quand, après avoir été lourdé de la 5, il s'est reconverti en site. Ni pourquoi la malhonnêteté intellectuelle de son fondateur nous a poussés dehors.

Je continue cependant de recevoir les annonces d'émission. La dernière est parfaitement "raccord" avec l'article et ose se conclure par "Prenez donc de l'avance", alors que Podemos a créé la surprise aux européennes !

 

 

Gazette d'@rrêt sur images, n° 360

Inclassable, ce mouvement Podemos, né d'une télé des Indignés espagnols, et qui crée un tremblement de terre politique. Inclassable, ce mouvement marginal, créé en janvier 2014 dans l'indifférence générale, et qui arrive en tête des sondages espagnols d'intentions de vote. Podemos combat la corruption, défend les services publics, va chercher ses modèles dans la série Game of thrones : cela suffit-il à faire un programme ? Le vide politique espagnol a-t-il accouché d'un mouvement lui-même dangereusement vide ? Et à propos, l'exemple espagnol est-il transposable ailleurs, et pourquoi pas en France ? Toutes questions posées cette semaine à Jorge Lago, porte-parole du mouvement. Podemos bouscule nos méninges, vous allez en entendre parler dans les prochaines semaines. Prenez donc de l'avance ! Notre émission est ici (1).

Daniel Schneidermann

 

 

 

En sur-supplément : extraits d'un article tiré de la revue La Marea, traduit par Courrier International

 

ESPAGNE Podemos prêt à prendre le pouvoir ?

 

Née il y a neuf mois seulement, cette formation, issue du mouvement des Indignés, a cassé l’hégémonie des deux partis traditionnels et monte en flèche dans les sondages.

Quand Podemos a fait irruption sur la scène politique, en janvier 2014, nombreux étaient ceux qui considéraient ses promoteurs comme une poignée d’allumés antisystème qui avaient la grosse tête.

 

La création du modèle Podemos a impliqué de renoncer à certains symboles brandis encore il y a peu par Pablo Iglesias, son leader, et le reste de l’équipe fondatrice. Ils ont ainsi délibérément délaissé une terminologie pouvant être jugée trop radicale par le centre, comme “lutte des classes”, “prolétariat” ou “révolution”.(…) Podemos utilise désormais un langage différent, plus moderne. La classe ouvrière en tant que sujet politique a été remplacée par le “précariat” ou le “pobretariado” [le “pauvretariat”], à l’opposition gauche-droite s’est substitué l’antagonisme entre ceux d’en haut et ceux d’en bas, et quant à l’oligarchie elle est désormais qualifiée de “caste”. L’objectif étant de ne pas faire fuir les électeurs centristes qui pourraient être en phase avec des mesures progressistes mais seraient rebutés par le discours traditionnel de la gauche ouvrière.

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