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21 décembre 2015 1 21 /12 /décembre /2015 16:37
Une Espagne ingouvernable ?

Au lendemain du 20 D – des élections générales – la politique espagnole semble frappée de balkaniysation. Balkanysation : un peu comme Balkany chez nous à Levallois-l’endettée, malgré ses innombrables casseroles, le PP avec presque 29 % des suffrages reste le 1er parti espagnol. Balkanisation : le paysage politique est éclaté et surtout aucune majorité de gouvernement ne semble possible.

Une Espagne ingouvernable ?

Le PP du sortant Rajoy, malgré une campagne très timide et bien qu’accablé par les scandales – Rajoy lui-même palpait des enveloppes au noir distribuées par Barcenas, le trésorier du PP – avec presque 29 % reste le premier parti espagnol. Mais il est loin, très loin, de la majorité absolue conquise en 2011.

Le PSOE sauve sa deuxième place aussi bien en sièges, ce qui était prévu, qu’en voix à 22 % ce qui l’était moins. Il fait, cependant, son pire score depuis la transition démocratique.

L’usure du bipartisme – plus qu’annoncé depuis l’irruption de Podemos aux Européennes – se traduit donc par l’émergence de deux nouveaux partis nationaux.

Podemos, avec des alliances locales fructueuses à Barcelone, à Valence notamment, a réussi son entrée arrivant en 3e position à 21 % et comptant plus d’élus que ne lui en promettaient les projections avec 69 sièges.  

Ciudadanos n’a pas tenu les promesses de l’automne où il semblait avoir le vent en poupe ; avec 14 % et 40 sièges, il ne jouera pas à lui seul, le rôle pivot auquel il aspirait.

Certes les partis de la caste comme disait Podemos ne font plus que 50% contre près de 75 % en 2011, mais de là à clamer comme Pablo Iglesias (Podemos) ou Albert Rivera (C’s) que ce vote historique ouvre une nouvelle phase d’espoir pour l’Espagne,  c’est faire fi d’une réalité arithmétique : aucune majorité absolue ne semble plausible.

Quant à la mi-janvier 2016 le nouveau Parlement sera officiellement installé, le Roi fera appel au leader du parti arrivé en tête, Rajoy, pour former le gouvernement.

Mais même en admettant qu’il puisse convaincre C’s, centre droit, à se joindre au PP, ce qui, a priori, est très improbable, il n’obtient pas la majorité absolue.

Une majorité alternative à gauche – PSOE plus Podemos – même avec l’appui d’Izquierda Unida, ne ferait pas mieux. Il lui faudrait l’appoint des partis catalans et basque (15 sièges) plus tentés normalement par cette potentielle coalition, plus ouverte sur les questions régionalistes.

Mais toutes ces hypothèses sont très fragiles. Les seules coalitions assurant une majorité absolue sont aussi improbables l’une que l’autre :

  • > soit une grande alliance à l’allemande, PP-PSOE, mais cette option a été rejetée par les deux partis avant le scrutin
  • > soit un cartel des non : PSOE-Podemos-C’s, mais Rivera (C’s) a déclaré que son parti ne soutiendrait pas ce qu'il appelle un « groupement de perdants ».

 

 “La menace de la non-gouvernabilité va marquer le jour d’après le 20 décembre, écrit El País, car il manque un accord de plus de trois partis pour obtenir les 176 sièges de la majorité absolue.” (cité et traduit par Courrier International).

 

Et il se pourrait que dès le Printemps les Espagnols soient appelés à reprendre le chemin des urnes.

 

 

Les différentes enquêtes et sondages : CIS fut le plus juste pour le score du PP, Metroscopia a le moins sous-estimé Podemos,mais tous ont largement surestimé Ciudadanos, CIS avait vu juste pour IU...

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21 novembre 2014 5 21 /11 /novembre /2014 18:03
Les affaires de corruption en Espagne

Article de fainéant, puisque je pompe quelques extraits de « Courrier International » sur la corruption en Espagne. J’y ai ajouté quelques liens et un petit paragraphe sur une affaire oubliée dans le récapitulatif des scandales. Cela permettra à ceux qui s’intéressent à ce qui se passe de l’autre côté des Pyrénées d’avoir un petit résumé des affaires passées (Filesa, Naseiro, Roldán) et en cours.

L’Espagne malade de la corruption peut-elle guérir ?

Filesa, Naseiro, Roldán, Gürtel, Bárcenas, Nóos, Pujol, Púnica… On pourrait raconter toute l’histoire de l’Espagne de ces dernières décennies rien qu’à partir des affaires de corruption (…) l’Espagne est atteinte de corruption aiguë (…) ce mal qui, en Espagne, ne paraît pas conjoncturel, mais bien structurel. Les chiffres sont éloquents : le Conseil général du pouvoir judiciaire (CGPJ) a recensé 1 661 instructions en cours en 2013, dans les différentes instances de la justice espagnole, pour des délits de corruption. (…) la corruption a un coût annuel de 40 milliards d’euros. (…) les Espagnols, dans la dernière enquête du CIS [Centre d’enquêtes sociologiques], placent la corruption au deuxième rang de leurs préoccupations : 42,3 % des personnes interrogées la considèrent comme le plus grave problème du pays, juste après le chômage.

 

Depuis quelques mois (…) mises en examen et arrestations s’enchaînent à un rythme vertigineux : la famille Pujol, les fausses cartes de crédit de la Caja Madrid et le grand coup de filet de l’Operación Púnica ont fait d’octobre 2014 un mois noir pour la corruption. (…)

 

Un examen plus approfondi permet de dégager deux facteurs de cet ébranlement récent des ressorts anticorruption : le parti Podemos et une certaine régénération démocratique. La formation de Pablo Iglesias a si bien capté le mécontentement populaire contre la classe politique que si les élections se tenaient aujourd’hui, elle obtiendrait la majorité des suffrages. Les deux partis majoritaires, le PP et le Psoe , attribuent eux-mêmes l’essor de Podemos aux scandales de corruption qui, chaque jour, viennent les éclabousser.

C’est pourquoi ils consacrent tous leurs efforts, ces derniers mois, à se démarquer de leurs compagnons de route impliqués dans des affaires et à proposer des mesures visant à neutraliser les corrompus.

 

Mais cette régénération est-elle possible ? Ou, pour revenir à la question initiale, l’Espagne peut-elle guérir de la corruption ? Comme souvent, l’éducation sera une clé du changement…

 

—María Hernández

 

Publié le 13 novembre 2014 dans El Mundo (extraits traduits par Courrier International) Madrid

 

 

Les scandales depuis 1990

 

Filesa et Naseiro. Deux cas de financement irrégulier des  Partis socialiste (Psoe) et populaire (PP) en 1989.

 

Roldán. Premier civil à être nommé en 1986 à la tête de la Guardia Civil, la gendarmerie espagnole, Luis Roldán est condamné en 1999 à trente et un ans de prison pour détournement de fonds, corruption, escroquerie et falsification.

 

Gürtel. Une enquête sur un vaste réseau de corruption qui implique les élus conservateurs de Valence et Madrid touche le PP depuis 2009.

 

Bárcenas. Toute la hiérarchie du PP est soupçonnée d’avoir reçu illégalement des sommes d’argent depuis la découverte, en janvier 2013, des cahiers des secrets comptables de l’ex-trésorier Luis Bárcenas, pendant dix-huit ans.

 

 

Nóos. Iñaki Urdangarin est soupçonné d’avoir détourné 6 millions d’euros de fonds publics par le biais de l’institut Nóos, spécialisé dans l’organisation de congrès sur le sponsoring sportif. La justice soupçonne sa femme, Cristina de Borbón, sœur du roi Felipe VI, de complicité.

 

Pujol. L’ex-président de la Generalitat de Catalogne (de 1980 à 2003), Jordi Pujol, a avoué le 25 juillet dernier avoir caché pendant plus de trente ans en Andorre un héritage familial de 4 millions d’euros.

 

Púnica. 51 personnes soupçonnées d’appartenir à un réseau de pots de vins pour 250 millions d’euros ont été arrêtées le 27 octobre 2014, parmi lesquelles des hommes politiques des communautés autonomes de Madrid, León, Valence et Murcie.

 

Tarjetas opacas 83 dirigeants et membres du conseil d'administration de Caja Madrid et de Bankia, dont Rodrigo Rato, ex-dirigeant du FMI, mais aussi des syndicalistes (CC OO) et des membres d’IU, ont reçu entre 1999 et 2012 des cartes de crédits, qu’ils ont utilisées pour des achats personnels d'un total de 15,5 millions d'euros.

Les affaires de corruption en Espagne
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3 mars 2013 7 03 /03 /mars /2013 17:58

 

Barcenas CorruPPlandia-2

Après l’Italie, l’Espagne ? Le gendre du roi – lui-même touché par le scandale de ses chasses aux éléphants – est accusé d’avoir détourné 6 millions d’euros de fonds publics destinés à une fondation. Surtout, Rajoy, le 1er ministre, et le Parti Popular sont touchés de plein fouet par le « caso Barcenas ».

 

Barcenas Elpais 01

Début février, El Païs, publie à la une copie des carnets secrets de la comptabilité de Luis Bàrcenas, ex-trésorier du parti Popular (PP). « Dans la comptabilité de Bárcenas, figure depuis 1997 Mariano Rajoy, président du gouvernement et du parti, avec des paiements toujours identiques qui représentent 25.200 euros par an », révèle El Païs. En liquide, non déclaré et à partir de fonds d’origines suspectes. Cette révélation, sur des enveloppes distribuées à des responsables du PP recoupe celles d’un autre quotidien, El Mundo, qui, cependant, en exonérait Rajoy.

 

Luis el cabrón

barcenas

Luis Bàrcenas, qui connaît le PP mieux que le PP lui-même dira un membre de ce parti, avait déjà été impliqué dans un grand scandale, l’affaire Gürtel - blanchiment, trafic d’influence, favoritisme et fraude fiscale* - qui avait déjà touché des caciques du PP. Guillermo Ortega, maire de Majadahonda, à une soixantaine de kms de Madrid, avait acquis 8 voitures, 5 motos et 1 bateau entre 2001 et 2005, un niveau de dépenses sans aucun rapport avec ses revenus déclarés. Le maire de Madrid, Alberto Ruiz-Gallardón,, fut obligé de reconnaître avoir favorisé, avec une "manipulation du rapport technique", l’attribution d’un contrat à une entreprise de Correa (alias Gürtel). Le gendre de José Maria Aznar, ancien Premier ministre PP, est soupçonné d’avoir bénéficié des bienfaits de Correa. Mais surtout Luis Bàrcenas est au centre de cette enquête initiée par le juge Baltazar Garzón. Son nom, sous les initiales "L.B.", "L.B.G.", ou encore sous le pseudonyme "Luis el cabrón" - Luis l’enfoiré - apparaît à maintes reprises.

 

Barcenas Elpais 02

Barcenas, portant vieux beau avec ses costumes bien coupés, ses cheveux gominés, son teint hâlé, est entré au PP à 26 ans. Il a collaboré avec tous les trésoriers avant de le devenir lui-même en 2008. Un bon choix, si l’on en croit la manière dont il a fait prospérer son propre patrimoine. Patrimoine certes placé en Suisse – donc non déclaré – mais qui a atteint 30 millions d’euros, grâce à des opérations boursières et des investissements immobiliers, d’après lui. Rien à voir donc avec sa fonction de trésorier du PP !

 

Distribution d’enveloppes

Barcenas kap-Rajoy-corruption

Mais quand El Mundo révéle que des dirigeants du PP ont reçu pendant vingt ans des compléments de salaires non déclarés provenant d'entreprises privées, là Barcenas  est directement mis en cause dans la distribution d’enveloppes. Et quand El Païs en remet une couche en publiant des comptes manuscrits de 1990 à 2008, établis par Barcenas et Alvaro Lapuerta, comptes qui font apparaître que l’actuel 1er ministre touchait 25 200 € annuels  (en plus de son salaire de chef du parti) et que l’on note que Dolores Cospedal sa n° 2 ou Ana Mato, ministre de la santé avaient aussi droit à leur enveloppe, ça fait désordre.

 

 

 

"Je le dis, c'est une manipulation grossière", a clamé Bàrcenas, interrogé par la chaîne de télévision Antena 3. "Il n'existe pas et il n'a jamais existé de carnet secret" !

Le PP a également démenti que Rajoy en ait palpé. Mais c’est lui qui l’avait nommé trésorier. Après son inculpation dans l’affaire Gürtel, il ne lui a jamais demandé de démissionner.  Mieux, c’est le PP qui lui payait un avocat et il gardait bureau au PP et voiture de fonction. En avril 2010, il aurait été chassé de tout rôle au sein du PP.

Coup de théâtre : Bàrcenas vient de porter plainte pour licenciement abusif. Loin d’être viré en 2010, il a continué à percevoir 21 300 € mensuels, jusqu’au 31 janvier 2013, comme consultant ! Quels secrets détient-il pour avoir été gardé au chaud au sein du PP ? Et quelle vengeance exerce-t-il en révélant ainsi que la n° 2 du PP, María Dolores de Cospedal, a menti en affirmant qu’il n’avait plus rien à voir avec le parti ?

L’Espagne, l’autre « homme malade » de l’Europe ? 

 

Rien d’original penseront des mauvais esprits : rétro-commissions diverses, valises d’argent de la françafrique (merci Bongo et les autres) sans revenir à des emplois fictifs et autres menus mini-affaires style Woerth-Bettencourt, la France n’est pas avare de scandales politico-affairistes. Et ils alimentent aussi les vieilles racines poujadistes (qui remontent à bien avant le papetier de Saint-Céré).

Sauf qu’en Espagne, outre une vie démocratique encore récente, ces scandales viennent se greffer sur des forces centrifuges : des élus catalans appellent à l’auto-détermination vers l’indépendance. Et la situation économique est encore pire qu’en France ou en Italie avec un système bancaire pourri mais néanmoins prédateur, des régions en faillite, un quart de la population active au chômage, plus de la moitié des moins de vingt-cinq ans… et donc un PP hégémonique mais totalement déconsidéré.

 

Barcenas gonzalez-compara-indignados-revueltas-arabes Plus d’homme d’état comme Adolfo Suárez et surtout Felipe González et le roi du 23 février 1981 s’est déconsidéré. La rigueur s’est ajoutée à la rigueur dans une spirale à la grecque. Rajoy a autant de charisme qu’une planche à repasser. Son parti est miné par des querelles internes.

 

Barcenas Manifestacion indignados

Le mouvement des Indignados (ou Mouvement 15-M car né le 15 mai 2011 à la Puerta del sol) a pour seul point commun avec le Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo, le bouffon italien, le rejet du système politique et en particulier du bipartisme PP-PSOE ; loin d’être né d’un leader aux propos quelque peu suspects, il repose sur des assemblées générales et sa démarche est non-violente. Il se réclame du petit livre de Stéphane Hessel Indignez-vous ! et se réfère aux Printemps arabes. Loin de la xénophobie, des groupes se mobilisent contre les expulsions d’étrangers. Leurs actions pèsent aussi contre les banques qui virent de leur logement les personnes insolvables tout en continuant de leur demander des remboursements.  Et ces indignados ne risquent pas de surgir dans de futures élections, puisqu’ils refusent le jeu électoral. Mais ce refus – ô combien compréhensible – profite surtout à une droite appuyée par une église non dé-franquistée.

 

Barcenas indignados

Une monarchie fragilisée, un premier ministre en danger s’il est prouvé qu’il a menti et touché des enveloppes, une Catalogne sécessionniste et une large fraction des citoyens rejetant une démocratie représentative en échec, sur fond de chômage massif, beaucoup d’ingrédients sont réunis pour faire de l’Espagne, autant que l’Italie, l’homme malade de l’Europe. 

 

 

 

* Une vingtaine d’entreprises, liées à Francisco Correa (alias Gürtel) auraient bénéficié de traitements de faveur de la part des communautés autonomes de Madrid et Valence, de Castilla y Leon et de Galice, gérées par le PP.

 

 

Ci-dessous, le shéma de la corruption

 

 

 

"Chorizo" désigne, en argot, un voyou, un escroc (il se met au féminin : choriza)

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