Le Congrès va traiter l'initiative populaire visant à régulariser un demi-million de migrants
L'extrême droite se retrouve seule après que Junts et le PP ont annoncé leur soutien à l'ILP.
Le Congrès des députés prendra en considération l'Initiative Législative Populaire (ILP) pour la régularisation de 500 000 migrants. Les procédures parlementaires pertinentes commenceront ainsi pour qu'en cas d'accord entre les différents groupes, celle-ci soit définitivement approuvée. L'initiative va désormais passer par la Commission, grâce au vote favorable du Parti socialiste, de Sumar, de l'Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), d'EH Bildu, du Parti nationaliste basque (PNV), de Podemos et du Bloc nationaliste galicien (BNG). À eux s'ajoutent les sept sièges Junts, nécessaires pour que leur prise en considération ne dépende pas du Parti Populaire, qui dans la matinée de ce mardi n'a pas fini de dissiper le doute.
Le président du PP, Alberto Núñez Feijóo, a déclaré: « Nous sommes sensibles à ceux qui travaillent en Espagne et n'ont pas de papiers ». Autrement dit, Feijóo a donné des indices selon lesquels ils faciliteraient l'examen de l'ILP, ce que la porte-parole du PP, Sofía Acedo, a confirmé au Congrès, en déclarant qu’ils ne sont pas « insensibles » aux problèmes des étrangers qui résident et travaillent en Espagne.
Josep Maria Cervera Pinart, porte-parole de Junts, a annoncé lors de la séance plénière du Congrès son vote favorable "sans entrer dans le fond de l'initiative, par respect pour les 600 000 personnes qui l'ont soutenue".
La proposition a été lancée en décembre 2022 via une initiative législative populaire (ILP). Ce mécanisme démocratique garanti par la Constitution espagnole permet aux citoyens de proposer des mesures législatives aux députés, via la diffusion de pétitions : au moins 500 000 signatures citoyennes sont nécessaires pour qu’une proposition de loi soit proposée à la discussion du Parlement.
Pour les défenseurs du projet, le texte vient combler une défaillance administrative qui empêche les étrangers d’accéder à des droits fondamentaux et de bénéficier des services publics. "Imaginez ce que c'est de travailler sans aucune garantie sur votre salaire, ou sur une potentielle indemnisation en cas de licenciement et sans possibilité de cotiser. Sans rien", a déclaré à la radio Cope le coordinateur de l’ILP, Jorge Serrano.
"Nous faisons partie de la société et nous effectuons des travaux essentiels, mais nous ne pouvons pas louer d'appartement, signer un contrat ou avoir une carte de santé", affirme le groupe de migrants faisant partie de l’ILP. On nous dit que nous sommes essentiels, mais il nous manque les droits les plus élémentaires".
Le groupe rappelle aussi l’implication des migrants en situation irrégulière durant la pandémie de Covid-19, dans des secteurs essentiels comme les soins de santé, la livraison à domicile ou la collecte de fruits et légumes. "Notre société a une dette de gratitude envers l’un de ses groupes les plus vulnérables".
Cependant cette prise en compte ne signifie pas l’adoption pure et simple du texte porté par des dizaines d’associations et signé par près de 700 000 personnes, mais le lancement d’un processus parlementaire au Congrès et au Sénat.
La déclaration du porte-parole du PSOE est claire à ce sujet : "Les socialistes vont voter cet après-midi en faveur de la prise en compte de l'ILP sur la réglementation des immigrés et plus tard, au cours du processus parlementaire, nous modifierons la proposition", a annoncé le porte-parole socialiste, Patxi López, lors d'une conférence de presse. avant la séance plénière : « La première chose est d'en tenir compte, car nous n'allons en aucun cas ignorer la volonté de près de 700 000 citoyens espagnols qui se sont mobilisés, qui ont manifesté pour cette question. Et la deuxième chose, ce sont les amendements, car nous voulons affronter ce phénomène d’immigration de manière intelligente et raisonnable.»
López a ajouté : « Il ne s’agit ni d’un bar ouvert ni de fermeture des frontières. Il s’agit de savoir qu’un pays comme le nôtre a besoin et aura besoin de plusieurs milliers d’immigrés, ne serait-ce que pour pouvoir maintenir son propre tissu social, mais cela doit être fait de manière raisonnable et intelligente.»
Ce mardi donc le processus est lancé pour voter sur la question de savoir si la mesure peut continuer à avancer et devenir une réalité et rejoindre les six régularisations extraordinaires de migrants réalisées en Espagne.
Le dernier processus massif de régularisation a été mené par le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero, il y a près de 20 ans, en 2005, et plus d'un demi-million de migrants ont obtenu des papiers.
Sources :
El Congreso apoya la iniciativa popular para regularizar a medio millón de migrantes con el 'no' de Vox
El Congreso apoyará la iniciativa popular para regularizar a cientos de miles de migrantes que ya viven y trabajan en España
El Congreso tramitará la ILP para regularizar a más de medio millón de migrantes