Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 avril 2015 2 14 /04 /avril /2015 07:47

Le baromètre de metroscopia en avril place quatre partis dans une fourchette d’à peine 3 points. Ciudadanos poursuit son ascension, tandis que Podemos s’effrite tout en gardant la tête. Les deux champions du bipartisme PSOE et PP se redressent un peu. Mais presque huit Espagnols sur 10 veulent voir la fin de l’hégémonie de ces partis qui ont alterné au pouvoir depuis la transition démocratique.

 

Le quadripartisme qui s’était amorcé au sondage de février, avec l’apparition quasi instantanée de Ciudadanos dans le jeu politique national, se confirme. Les sondés d’Avril placent les quatre formations – PP et PSOE, Podemos et Ciudadanos – entre19,4 et 22,1%, à peine 3 points d’écarts entre les deux nouveaux acteurs qui encadrent les partis anciens.

Espagne : quatre partis dans un mouchoir de poche

La fin du bipartisme

A l’évidence les Espagnols sont las du bipartisme qui a rythmé leur vie politique depuis la transition démocratique. 77%, presque 8 sur 10, souhaitent que le jeu politique s’ouvre. Et ils le démontrent donc dans les sondages électoraux.

Mais quant à ce que ça pourra donner, c’est plus flou. Un gouvernement minoritaire, assuré par le parti arrivé en tête, qui après jongle pour obtenir des majorités ponctuelles, est la solution la plus envisagée. Seule une coalition PSOE-C’s obtient un faible assentiment majoritaire. Mais les sympathisants C’s semblent prêts à manger à tous les râteliers puisque les 2/3 envisagent aussi bien une alliance avec le PSOE qu’avec le PP.

 

L’enquête menée en le 7 et le 9 avril place toujours Podemos en tête avec 22,1%, position quasi stable après une chute de 4 points au baromètre de mars. A l’inverse, le PSOE, après une baisse nette en février confirme le redressement de Mars. L’hémorragie du PSOE vers Podemos semble stoppée. Est-ce l’effet de la victoire andalouse ? Mais le PP, qui y fut sévérement défait, reprend aussi 2 points par rapport à mars. Quant à Ciudadanos (C's), après sa spectaculaire montée de février et surtout mars, il progresse encore un peu. En revanche IU et surtout UPyD, complétement phagocytée par C’s,  se marginalisent.

 

Pour Podemos – qui paie sans doute les attaques violentes qu’il a subies sur ses liens avec le Chavisme vénézuélien – C’s devient un concurrent dangereux.

   El Plural, périodique digital progressiste, comme il se définit, descend Ciudadanos avec vigueur. Il serait issu, non de la cuisse de Jupiter, mais de la main d’Aznar, via le FAES (un ‘think thank’ comme on dit fondé par l’ancien 1er ministre).

Il le décrit comme l’asile et le fortin de l’españolismo en Catalogne : de fait Ciutadans-Partit de la Ciutadania est né en Catalogne contre les indépendantistes. Non seulement il aurait eu la bénédiction d’Aznar, mais aussi celle de la radio des évêques, la COPE, avec notamment les applaudissements enthousiastes de Federico Jiménez Losantos, un ex-communiste puis socialiste passé à droite, mais très anti-Rajoy. Car pour le rédacteur en chef de Plural, C’s serait en fait une machine de guerre dans un jeu interne à la droite contre l’actuel premier ministre qu’Aznar mépriserait !

Que les fervents défenseurs de l’Espagne une et indivisible aient soutenu un parti naissant qui affichait son attachement à ce que la Catalogne reste espagnole (et corrélativement à la corrida comme symbole de cette hispanité) se conçoit. Que ce nouveau parti draine les déçus du PP, les analyses le prouvent. Mais de là à n’en faire qu’une marionnette, avec Aznar tirant les ficelles mériteraient des preuves plus tangibles que l’appui d’un Losantos qui avait aussi applaudi l’UPyD, dissidence centre-gauche du PSOE, UPyD complétement ou presque vampirisé par C’s.

Espagne : quatre partis dans un mouchoir de poche

Notoriété et popularité

Le baromètre des personnalités – notoriété, solde approbation-désapprobation – confirme la chute d’opinions favorables du leader de Podemos, Pablo Iglesias : son image ne cesse de se dégrader passant de -13 en janvier à -30, 4 mois après. Victime sans doute des attaques dont il a été l’objet, mais peut-être aussi d’une gestion assez léniniste du nouveau parti.

Mais la chute la plus spectaculaire est celle de Rosa Diez fondatrice d’UPyD : de -12 en janvier à -49 en avril (pire que Rajoy !) et surtout avec un score famélique dans son propre parti (+23) ; elle paie la lutte interne sur le rapprochement/fusion avec C’s.

Rajoy est constant dans l’impopularité. Pedro Sanchez ne décolle pas dans son propre parti, le PSOE : si l’on met à part l’accident industriel de Rosa Diez, il reste le leader qui recueille le moins d’approbation dans son camp.

Albert Rivera reste le seul qui affiche un solde positif ! Mais sa notoriété reste bloquée à à 77%.

Espagne : quatre partis dans un mouchoir de poche

Le désaveu de la politique de Rajoy

Rajoy parie que comme un soufflé, après les percées spectaculaires, Podemos et C’s vont se dégonfler. Il table sur les signes de reprise économique pour reprendre un peu de poil de la bête.

Pour le moment au moins, les sondés restent très sceptiques sur les vertus de sa politique. Seul un quart sont satisfaits de la gestion menée depuis trois ans par le gouvernement. Et les trois quarts estiment que les inégalités se sont creusées pendant la même période.

 

 

Après les élections anticipées en Andalousie, l’année va être ponctuée par les élections municipales et les élections des régions autonomes (sauf en Catalogne, Galice et Pays Basque et, on l’a vu, Andalousie qui ont un autre statut) le 24 mai. Le 27 septembre ce seront les élections en Catalogne, dont Artur Mas, l’actuel président, veut faire un referendum pour l’indépendance.

Enfin, entre le 20 novembre et le 20 décembre*, les élections générales.

 

Quoique rêve Clémentine Autain, le jeu politique espagnol n’a rien à voir avec celui de la France et le Front de gauche encore moins avec Podemos. Comme si on comparait le Modem à Ciudadanos.

Il n’est que de voir l’inventivité du mouvement social espagnol avec ce défilé d’hologrammes pour protester contre une loi baîllon, que veut imposer le PP pour rallier sa vieille garde nostalgique du franquisme, avec la traditionnelle journée de protestation contre l’austérité d’une partie des syndicats en France, pour comprendre qu’il y a encore des Pyrénées.

Comparer aussi la jeunesse des leaders des partis politiques espagnols avec l’âge des nôtres. Albert Rivera a 36 ans, Bayrou pourrait être son père. Iglesias en a 37, Mélenchon pourrait être son père. Et Cambadelis aurait pu être, mais plus précocement, le père de Sanchez, 43 ans…

 

Ce quadripartisme est porteur d’incertitudes.

Avec sa majorité relative, le PSOE andalou va être obligé de surfer jusqu’au moins les élections générales, car d’éventuelles alliances sont gelées jusque-là.

Mais ces élections générales peuvent aussi aboutir, si les quatre partis sont quasi à égalité à une situation inextricable ou bien à une instabilité modèle IVe république française.

 

Reste l’espoir qu’un PSOE vigoureux soit capable de fédérer une alliance réformatrice où Podemos joue le jeu de l’union de la gauche.

On a le droit de rêver, comme Clémentine.

 

* Date précise non encore fixée (avec possibilité de jouer les prolongations jusqu'à mi-janvier)

Repost0
19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 09:33
Il y a quelque chose de pourri au Royaume d’Espagne

Epilogue de l'épilogue : l'Audience nationale à Madrid a statué sur le scandale Gürtel, un système de corruption entre le Parti populaire, au pouvoir, et un réseau d'entreprises. Au total, 29  des 37 accusés ont écopé de 351 ans de prison. Pire : le PP en tant que parti a été condamné pour tirer des bénéfices à titre lucratif.

 

https://www.nouvelobs.com/monde/20180525.OBS7219/corruption-en-espagne-motion-de-censure-elections-anticipees-rajoy-et-son-parti-isoles.html

Correa, Crespo y El Bigotes, condenados a 13 años de prisión por la trama Gürtel de Valencia

El País 10/02/2017

En guise d'épilogue de l'affaire Gürtel, le tribunal de Valence a condamné les principaux protagonistes.

 

 

 

569 hommes politiques, banquiers, chefs d’entreprises ont des comptes secrets en Suisse. Une évasion fiscale de 44 milliards d’euros. Elle représente 74% de la fraude fiscale, selon une note du fisc espagnol. Une comptabilité bis du Parti Popular (PP) au pouvoir révèle que ses dirigeants bénéficiaient de confortables primes, dont une partie au noir. Et si la monarchie garde une majorité relative de partisans, elle est d’à peine 41%.

 

Décidément les Pyrénées sont plus que jamais là.

Alors que l’Italie, il est vrai avec des personnages hauts en couleurs et/ou en frasques – Berlusconi, Beppe Grillo, par exemple – a droit à quelques échos dans nos médias, l’Espagne point.

Même sa famille royale, des Bourbons pourtant, attire moins Stéphane Bern, le spécialiste des familles royales, que les Grimaldi. Eh quoi ! Cristina, l’infante cadette, qui se défend devant un juge pugnace d’être au courant des malversations de son ex-handballeur d’époux, ça ne mérite pas une chronique.

     Quant au roi, Juan-Carlos, certes ses exploits cynégétiques ont quand même fait quelque bruit ; ces éléphants qu’il abat n’ont pas provoqué que l’indignation des disciples de BB, dans un pays qui connaît un chômage record, ces safaris avaient un côté provocant.

  Rien par contre sur les amours (à peine) clandestines d’un digne successeur d’Isabel II : «En Espagne, il y a deux reines : l’officielle Sofia, 73 ans, mariée avec le roi Juan Carlos depuis 1962 ; et l’officieuse, la provocante et blonde ‘princesse’ Corinna zu Sayn-Wittgenstein, de 46 ans, séparée et amante depuis quatre ans du souverain le plus tombeur de femmes d’Europe. Corinna Larson, son roturier nom de jeune fille, est née à Ditzingen, et son sang est devenu bleu après son second mariage, en 2000, avec le prince Casimir zu Sayn-Wittgenstein. C’est l’aristocrate qui accompagne le roi dans ses voyages officiels et elle le représente même à l’étranger». (La Stampa) Elle pourrait être sa fille, puisqu’elle a l’âge de l’infante Elena. Mais qu’un Bourbon ait des maîtresses, même les prélats ibériques l’absolvent.

Qu’il ait des ‘bâtards’ fait aussi parti de la tradition. Ainsi il aurait engrossé une belge, quasi en même temps que sa légitime pour Elena, la première infante. Surtout, dans sa prime jeunesse, il aurait aussi engrossé une catalane et cela en 1956, sous Franco le bigot !

Il y a quelque chose de pourri au Royaume d’Espagne

Les partisans du rétablissement de la République lancent des attaques plus violentes. Ainsi, revient périodiquement l’épisode obscur de la mort de son frère. Juan Carlos avait 18 ans, son frère, Alfonso, 15. Ce samedi, à Estoril où vivaient le Comte de Barcelone et ses enfants, les deux frères étaient seuls, s’entraînant au tir avec un pistolet calibre 22. L’aîné a tué son cadet. Accidentellement dira-t-il. Aucune enquête n’a eu lieu. Mais aucun indice non plus d’une quelconque volonté fratricide.

Revient aussi l’accusation récurrente d’avoir été l’âme du 23F, le coup d’état manqué. L’Anatomie d’un instant de Javier Cercas en démontant avec minutie ce 23 février 1981 remet le rôle du roi en perspective.

 

Il y a quelque chose de pourri au Royaume d’EspagneIl y a quelque chose de pourri au Royaume d’Espagne

L'affaire Gürtel

Mais les frasques du roi, les malversations d’un de ses gendres, même avec la complicité de l’infante Cristina, ne sont rien à côté de la gigantesque corruption du Parti Popular au pouvoir. C’est le juge Garzón –depuis révoqué, le seul actuellement ‘condamné’ dans cette affaire pour de sombres questions de procédures – qui a soulevé le lièvre de l’affaire dite Gürtel, en fait Correa.

Bon d’accord, les espingoins n’ont rien inventé : rétro-commisions, dessous-de-table, surfacturation, c’est pas à Schuller et Balkany qu’on va apprendre cela, eux qui, si l’on en croit Schuller, se vautraient sur un lit de billets, provenant de sombres opérations.

Donc, comme pour URBA ou les marchés publics de l’Île de France, les entreprises retenues pour un marché public, parfois grâce à des pots-de-vin, devaient reverser une commission, évidemment en dessous de table. S’y ajoutait, pour les entreprises du groupe de Correa, retenues du coup par piston, une surfacturation manifeste. Tout cela contribuait d’abord à l’enrichissement personnel des organisateurs, ainsi Francisco Corréa et Pablo Crespo se seraient gentiment mis dans la poche 85 millions d’euros, chacun. Mais, il fallait aussi rétribuer les politiques à la tête des municipalités ou des communautés (Madrid et Valence) qui octroyaient les juteux marchés. Puis arroser le PP dans son ensemble par le biais du fameux Luis el cabrón Bàrcenas qui n’a pas oublié de se sucrer au passage (une quarantaine de millions).

Es la primera vez en democracia que un tesorero reconoce todo un sistema de financiación ilegal, con carácter permanente.

Il y a quelque chose de pourri au Royaume d’Espagne

Le parti popular, c’est la roue de la fortune !

Finalement, Bàrcenas a fini par, sinon passer aux aveux complets, du moins à reconnaître le système de financement illégal du PP. Et il y a sans doute peu de démocraties où le siège du parti est quasi au tiers payé au noir. Mais outre les sièges locaux et national et les campagnes électorales, l’argent sale servait à compléter les primes que recevaient les caciques du Parti en dessous de table, qui donc échappaient au fisc.

Il y a quelque chose de pourri au Royaume d’Espagne

    El Païs, pour avoir révélé qu’Aznar, alors chef du gouvernement, avait cependant continué de recevoir des primes du PP, a été attaqué en justice par celui qui avait fait payé la noce de sa fille par Correa ! Pour atteinte à son intimité, à son image et à son honneur, il réclamait 100 000 euros, pour un article intitulé « Le PP a versé une prime à Aznar quand il était Président du gouvernement ». Il était précisé qu’il en avait reçu à trois occasions pour frais de représentation, en 1996, pour 2,7 millions de pesetas (16 755 €). De telles primes étaient évidemment incompatibles avec l’exercice d’une responsabilité gouvernementale. Aznar s’est embrouillé dans une histoire d’arriérés dus pour des prestations précédentes dont il n’a pas plus été capable de démontrer la réalité que Copé l’existence de ses conventions-bidons. L’antipathique personnage a été débouté.

 

   Le non moins antipathique Alberto Ruiz-Gallardón, du temps où il était sénateur, a reçu, en 1994, en sommes déclarées, 2.275.000 pesetas du PP. Mais, la même année, à la fin de chaque mois, il recevait un petit surplus – quasi de l’argent de poche - de 53.769 pesetas. En juin et décembre – on peut comprendre pour décembre, les frais de cadeaux de fin d’année, mais pour juin ? – ça a doublé avec 107.538 pesetas. Mais, ce n’est pas tout, pour différentes (‘varios’) autres prestations en juin 1994, il a eu droit à 609.392 pesetas après que le mois d’avant, sans autres explications, il a eu droit à 304.696 pesetas. Faut-il ajouter que, cependant, il touchait son salaire de Sénateur ?

Entre 1991 et 2011, le PP a distribué en primes et frais de représentations 46 millions d’euros. Inutile de souligner que c’était au cœur d’une crise dont l’Espagne fut une des grandes victimes.

Ainsi, en 2007, le PP a réparti plus de 3 millions d’euros entre ses principaux leaders, un peu plus en 2008 et 2009, un peu moins en 2010 et 2011.

Ne parlons plus d’Aznar même si ses fameux frais de représentations ont atteint 780 000 euros entre 1990 et 1996. Mais on découvre des seconds couteaux comme José María Michavila, qui a droit à 400.000 euros ou le président du Sénat, Pío García Escudero, il est vrai un vétéran du parti, auquel Génova*, en frais de représentation et primes, a payé plus de 1.100.000 euros…

Encore plus surprenant ce député quasi inconnu, Juan Carlos Vera, mais un homme clé pour l’expertise en élections – une sorte de Buisson, sans doute - qui, à ce titre, a perçu 1.500.000 euros. Mariano Rajoy fait à peine mieux, quand il était secrétaire général du PP. Luis Bárcenas, non content de prélever à la source, s’attribuait des primes (1.471.662 euros).

Mais plus marrant : Francisco Álvarez Cascos, qui a été secrétaire général de 1989 à 1999, a perçu en primes déclarées 575.795,49 euros et en dessous-de-table, de Bárcenas, 410.226 euros. Javier Arenas bien que moins longtemps dans la charge (de 1999 à 2003) a eu droit en primes déclarées à 1.154.138,48 euros et selon Bárcenas, seulement 230.713 euros au noir. Mariano Rajoy, qui ne fut secrétaire général qu’un an (2003-2004), mais qui accéda au poste de Président National du Parti, a donc eu droit à une prime déclarée de 1.580.752,81 euros (mais il aurait palpé au noir 406.610 euros) !

En plus, bien sûr, pour tous, de leurs émoluments liés à leurs mandats ou postes.

Il y a quelque chose de pourri au Royaume d’Espagne

Mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg

 

   Emilio Botín, Président de la Banque de Santander, détient quelques comptes secrets (dont certains datent de la guerre civile !) dans la banque suisse HSBC. Un employé de cette banque, Hervé Falciani, a dévoilé des titulaires étrangers de comptes. On y touve 569 espagnols. Outre Botín et sa famille, José María Aznar; Dolores Cospedal; Rodrigo Rato; Narcís Serra; Eduardo Zaplana; José Folgado; Josep Piqué; Rafael Arias-Salgado; Pío Cabanillas; Isabel Tocino; Josu Jon Imaz; José María Michavila; Juan Miguel Villar Mir; Anna Birulés; Abel Matutes; Julián García Vargas; Ángel Acebes; Eduardo Serra; Marcelino Oreja...

 

Selon le fisc espagnol, ces comptes représentent 74% de la fraude fiscale, avec un total de 44 milliards d’euros. Ces 44 milliards que les super-riches ont escamotés auraient évité les coupes claires dans les comptes sociaux que Rajoy a réalisés.

 

L’énorme concentration de la rente et de la propriété fait de l’Espagne un des pays d’Europe où les inégalités sociales sont les plus prononcées et où la redistribution sociale est la plus réduite. Un pays où, aux dires même d’Aznar, "los ricos no pagan impuestos en España", les riches ne payent pas d’impôt.

 

   

Stephanie Claudia Müller, correspondante en Espagne de divers journaux économiques allemands, explique que les 2/3 de la dette sont dues aux collectivités territoriales. Chacune des 17 régions fonctionnent un peu comme des états indépendants, avec des institutions multipliées par 17 (ainsi y a-t-il 17 services météo, 50 chaînes de télés régionales en perdition, même des ambassades) ; les 4000 entreprises publiques servent à dissimuler la dette et à y placer membres de la famille et amis.

Pour elle la cause des problèmes de l’Espagne est d’abord ce modèle d’état non viable, miné par le népotisme et la corruption, saigné par une oligarchie politique en totale connivence avec l’oligarchie économique et financière, avec le pouvoir judiciaire sous sa coupe. Cette caste politique corrompue et incompétente risque de ruiner la nation pour plusieurs générations.

 

* Le siège du parti est rue de Gênes, Genova, et Los Genoveses désigne les caciques du PP

 

En annexe, l'article de S. C. Müller, traduit en Espagnol

Cliquer pour agrandirCliquer pour agrandir

Cliquer pour agrandir

Et en cadeau bonus

Petite série de dessins antimonarchiques (cliquer sur le symbole son)

Il y a quelque chose de pourri au Royaume d’Espagne
adaptation française

adaptation française

Repost0
3 mars 2014 1 03 /03 /mars /2014 16:08
Cordoue : Hold-up de l’évêque sur la Mosquée !
Cordoue : Hold-up de l’évêque sur la Mosquée !

30 euros, c’est la somme qu’a dû débourser Demetrio Fernández González, évêque de Cordoue, pour s’approprier, au nom de l’église, la mosquée de Cordoue. Un évêque de choc, modèle non défranquisé, qui accuse l’UNESCO d’avoir pour but, dans les vingt prochaines années, que la moitié de la population soit homosexuelle.

 

A peine 30€, de frais d’inscription sur le registre de propriété de Cordoue, c’est ce qu’a coûté le hold-up des 23400 m2 de la Mezquita, la Mosquée de Cordoue, un des joyaux du Patrimoine mondial de l’Humanité. « Ce vol a été rendu possible grâce à deux miracles. Le premier, du fait que José María Aznar a modifié la loi "hypothécaire" en 1998 pour permettre à l'Eglise de s'approprier les bâtiments du domaine public, bien qu'ils fassent partie du patrimoine de tous les Espagnols: il suffit que l'évêque dise et certifie  qu'ils appartiennent à l'Eglise, sans besoin de notaire. Le deuxième miracle, c'est que disposer d'un bâtiment de 23400 mètres en plein centre de Cordoue ne coûte pas un sou à l'Eglise: elle ne paye pas l'IBI (taxe foncière) et ne s'occupe pas non plus des frais d'entretien. » (extraits de la pétition, voir le texte intégral plus bas).

Hold-up financier d’abord puisque le million de visiteurs annuel rapporte 8 millions d’euros qui entreront comme dons non imposés, alors que l’entretien et les frais de restauration restent à la charge de la collectivité. Hold-up spirituel aussi, puisque Demetrio Fernández González veut quasiment gommer l’appellation « mosquée » "¿Catedral o Mezquita? Catedral, sin lugar a dudas". Cathédrale ou Mosquée ? Cathédrale sans l’ombre d’un doute, affirme-t-il donc, avec un argument imparable : comme on y trouve la chaire épiscopale (Cátedra del Obispo) c’est bien une cathédrale ! Affiche, ticket d’entrée ne sont marqués que cathédrale.

Un évêque de la Reconquista

Cet évêque de combat ferait passer Ludivine de la Rochère et Béatrice Bourges pour d’inoffensives chaisières. Ses prêches appelant les jeunes à fuir la fornication à laquelle incitent tous les moyens de communication et même certaines écoles secondaires lui ont valu un quasi buzz dont il s’est réjoui ("me alegro de que la palabra de Dios haya llegado a todo el mundo mundial (sic)"). (Luis Viadel) Inutile de dire qu’il est en première ligne dans le combat contre l’IVG. Mais délire suprême, il a prétendu que le Cardinal Ennio Antonelli lui aurait dit que l’UNESCO avait pour but, dans les vingt prochaines années, que la moitié de la population soit homosexuelle ; des programmes éducatifs lancés par cet organisme de l’ONU auraient pour but de promouvoir la satanique idéologie du genre qui permettrait à chacune et chacun de choisir son sexe sans tenir compte de la réalité biologique ! (El Pais)

 

C’est donc ce prélat digne de la « reconquista » qui s’est approprié la Mezquita. Les gardiens font preuve d’un saint zèle, en s’en prenant en 2010 à des touristes autrichiens musulmans qui priaient devant le Mirhab. Un juge Cordoban conclura par un non lieu, car non content de les avoir agressés, ce service d’ordre privé avait porté plainte. Le contrôle est tel que même des particuliers qui expliquent ce qu’est vraiment le monument peuvent se voir rappeler à l’ordre par ces gardiens.

 

Face à cette défiguration de l’image de Cordoue, la ville des trois cultures (musulmane, juive et chrétienne) une pétition a été lancée. Elle vise d’abord à redonner au monument l’appellation de Mosquée-Cathédrale décidée par la municipalité en 1994 ; elle demande qu’il redevienne le bien de la cité avec une gestion transparente sur le modèle de celui qui régit l’Alhambra et un code de bonne conduite pour éviter les actions sectaires qui nuisent à l’image du monument.

 

 

 

ANNEXE

A la Iglesia Católica (Diócesis de Córdoba): Que devuelvan la Mezquita de Córdoba a la ciudad

 

Pétition à l’attention de M. Demetrio Fernández

A l’église catholique (Diocèse de Cordoue) : que la Mosquée de Cordoue soit rendue à la ville.

       

"Avec 23400 m2, la mosquée de Cordoue est la deuxième du monde en superficie, après celle de la Mecque. Douze siècles après sa construction, l'Eglise catholique a inscrit l'ensemble à son nom sur le registre de la propriété nº 4 de Cordoue [...]. La démarche a à peine coûté 30 euros. Ce vol a été rendu possible grâce à deux miracles. Le premier, du fait que José María Aznar a modifié la loi "hypothécaire" en 1998 pour permettre à l'Eglise de s'approprier les bâtiments du domaine public, bien qu'ils fassent partie du patrimoine de tous les Espagnols: il suffit que l'évêque dise et certifie  qu'ils appartiennent à l'Eglise, sans besoin de notaire. Le deuxième miracle, c'est que disposer d'un bâtiment de 23400 mètres en plein centre de Cordoue ne coûte pas un sou à l'Eglise: elle ne paye pas l'IBI (taxe foncière) et ne s'occupe pas non plus des frais d'entretien.

 

Cette aubaine amène pour l'Eglise des recettes de 8 millions par an, puisque l'entrée de la mosquée coûte 8 euros par personne et qu'elle reçoit plus d'un million de visiteurs par an. On ne reçoit pas de facture et il est douteux que l'argent recueilli paye des impôts : il est considéré comme un don et, en tant que tel, non imposé. L'évêché de Cordoue dispose de la mosquée comme de sa propriété absolue. Il décide aussi qui peut y travailler en tant que guide ou non. Il n'est pas rare que certains jours la mosquée soit fermée parce qu'il y a, par exemple, une réunion de prêtres à l'intérieur. Cependant, les frais de restauration et d'entretien ne sont pas payés par l'Eglise: c'est l'Etat qui s'en charge.

 

Depuis 1998, l'Eglise a inscrit à son nom des centaines de bâtiments, beaucoup d'entre eux financés par les habitants de chaque village ou ville. Zapatero n'a pas changé la loi en 8 ans, Rubalcaba a promis de la modifier dans son programme électoral. Il est peu probable que le PP élimine un tel abus mais, avec un peu de chance, peut-être l'Union européenne obligera-t-elle le gouvernement à faire payer l'IBI à l'Eglise, comme elle l'a fait pour l'Italie. C'est beaucoup d'argent. Le fait que l'Eglise soit exemptée du paiement de quelques impôts, privilège médiéval, nous coûte 3 milliards d'euros à l'année, d'après l'Europe laïque. C'est un dixième du déficit que Rajoy doit encore réduire.

 

Une autre question à souligner, étant donné l'actualité (il y a une semaine, le juge a acquitté les 8 musulmans autrichiens qui ont prié dans la mosquée en 2010), c'est l'interdiction des pratiques religieuses alternatives par l'Eglise dans la totalité de l'enceinte de la mosquée. Ce monument historique devrait se transformer en lieu libre de cultes religieux, ouvert à la rencontre entre les cultures. Et au lieu de cela, il est devenu un emblème archaïque de la ville, plein de restrictions et sournois, très éloigné de la sensibilité des Cordouans. Cordoba fut jadis la ville des trois cultures et il ne dépend que de nous qu'elle le redevienne."

 

Traduction littérale (par Bernard Sicot) de la « Petición dirigida a: Sr. Demetrio Fernández »  que vous êtes bien sûr invités à signer (attention "Nombre" veut dire prénom et le nom de famille se met donc à "apellido")

 

 

P.S. Libération (01/04/14) se fait l'écho de ce hold-up : Cordoue : à la reconquête de la mosquée masquée

Une évocation de Cordoue

Repost0
7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 21:13

desseigne-preserdatif

Spécial dernière

OUI, DESSEIGNE EST BIEN LE PERE DE ZOHRA

C'est en tout cas ce que prononce la Justice (07/10/14) : le tribunal de grande instance de Versailles a reconnu l'homme d'affaires Dominique Desseigne comme le père de la fille de Rachida Dati ; elle a condamné le PDG du groupe de casinos Lucien Barrière à verser une pension alimentaire mensuelle de 2.500 euros, rétroactivement à compter de décembre 2013. Desseigne qui avait assuré "qu'il ne se laisserait pas plumer comme un perdreau de l'année", va sans doute faire appel.

 

 

Pour les ceusses qui n’auraient pas suivi le feuilleton pipeul du moment, bien plus passionnant que le rapport Gallois et même que l’ex match Obama-Romney, résumons les faits. Or donc, souvenez-vous, la dame Dati, alors Ministre de la Justice et garde des sceaux, a arboré un ventre rebondi, avant de donner naissance à une petite Zohra, de père inconnu, le 2 janvier 2009. Bien sûr notre vraie presse d’investigations, Voici, Gala et les autres ont recherché ce géniteur mystérieux.

Aznar, l’ex-premier ministre espagnol, avec sa tête de charlot sinistre, fut pressenti pour ce rôle. Un frère de Sarkozy aussi. Mais la mère, digne, refusait de donner le nom du papa de Zohra.

 

Coup de théâtre, alors que la petite va vers ses quatre ans, la maman assigne un certain Dominique Desseigne en reconnaissance de paternité.

 

desseigne-milliardaire-droite-1-L-1.jpeg Mais qui est donc ce Desseigne. Le patron du Fouquet’s et plus largement du groupe Lucien Barrère (casinos et hôtels de luxe). Une vie assez romanesque et tragique. Il avait épousé la fille adoptive de L. Barrère qui, victime d’un accident d’avion, devenue tétraplégique, est morte quelques années plus tard. Le veuf a repris et développé le groupe. Outre Sarkozy, il compte comme amis les dénommés Gaubert (1er époux de sa malheureuse femme) et Takieddine.

Desseigne-Gaubert takieddine-2

Ce veuf, playboy un peu vieillissant – 68 ans – comptera parmi ses conquêtes la fille d’un milliardaire du Québec grand ami de Sarkozy.

desseigne-sarko

« En 2007, il rencontre Rachida Dati chez des amis communs. Les vacances du couple à l'île Maurice, pour le réveillon de la même année, ont été immortalisées par un paparazzi : lui, immense (1,91 m) en short de bain blanc, elle, crevette en deux-pièces noir » nous révèle le grand magazine pipeul M supplément du Monde !

 

Comme avec Rachida Dati rien n’est simple, elle a d’abord démenti l’assignation tandis que l’assigné confirmait.

 

Très inélégamment, estime Peggy Sastre, il argue qu’il n’était pas seul sur l’affaire, « "la dame" entrelaçait les liaisons » : un animateur télé, un ministre, un PDG, un ex-premier ministre espagnol, l'un des frères de Nicolas Sarkozy, un procureur général qatari, l'héritier d'un empire du luxe… Et il refuse de se soumettre à un test de paternité.

 

Mais le tribunal, qui ne peut l’y contraindre, peut cependant le déclarer père si les éléments de preuves apportées par la dame, comme il dit, sont suffisamment convaincants.

 

rachida-dati leader Or Rachida Dati, comme élément de preuve, excipe des photos prouvant la liaison, photos publiées par un périodique pipeul, cher au +*, Voici,  hebdo qu’elle a assigné en justice pour violation de la vie privée et préjudice moral ! Photos qui ne servent pas à grand-chose, puisque le présumé géniteur ne nie pas la liaison, mais prétend qu’elle était close en février, ce qui ferait une gestation de plus de 10 mois

 

Comme la Maire du VIIe n’est pas à une contradiction près, l’avocate du playboy a beau jeu de lui rappeler, qu’elle avait confié que sa fille avait les yeux de son père, yeux marrons, et des demi-frères et sœurs. Desseigne a les yeux bleus et un seul fils et une seule fille.

 

Grand débat dans le Landernau médiatique sur la honteuse dérive du Monde et pourquoi il ne parle pas aussi d’un ex-préfet pantouflard.

 

Mais personne n’a noté que la dame Dati, consciente des recommandations de MM Vingt-Trois et Barbarin, a voulu que son enfant ait une maman et aussi un papa. Qu’il soit à la tête d’un groupe florissant n’est qu’un hasard… quoique, perfidement, le patron de ce groupe prétend qu’elle était prête à retirer son assignation moyennant un discret arrangement. Et l’avantage de cette affaire, bien sûr, purement privée, avec audience à huis clos, et publication immédiate des arguments des deux camps par avocat(e)s interposé(e)s, c’est que de 1ère instance en appel, elle peut alimenter des articles voyeuristes puis moralistes, ad nauseam !

Dati-et-dominique-desseigne-3

Elle a déjà permis à Paris-Match de republier les photos de l’île Maurice attestant de la liaison de la dame et du Monsieur.

 

Et serait-ce montrer un répréhensible sexisme que d’estimer que l’ex-ministre de Sarkozy, si elle fait preuve d’un manque de vergogne exceptionnel, montre aussi une niaiserie sans pareil. Une telle guignolade doit réjouir tous ses grands amis de l’UMP, Fillon en tête.

 

 

* Le Plus est en principe une annexe du Nel Obs, mais semble souvent être celle de Voici, dont elle accueille le rédacteur en chef adjoint comme contributeur ; annexe aussi de Télé 7 jours puisque des émissions aussi prestigieuses que "Danse avec les stars", "Koh Lanta" (dont je dois avouer à ma grande honte n'avoir vu aucune image) sont l'objet de contributions très prisées... 

 

 

 

Repost0

Présentation

  • : Deblog Notes de J. F. LAUNAY
  • Deblog Notes de J. F. LAUNAY
  • : Education, laïcité, politique et humeurs personnelles, en essayant de ne pas trop se prendre au sérieux.
  • Contact

Nota Bene

Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.

Recherche

Nelle Formule

Overblog - hébergeur du deblog-notes - a réussi l'exploit de lancer une nouvelle formule qui fait perdre des fonctions essentielles de la version précédente. Ainsi des liens vers des sites extérieurs disparaissent (désolé pour  Koppera, cabinet de curiosités, ..). Les albums se sont transformés en diaporamas, avec des cadrages coupeurs de têtes. La gestion des abonnés et des commentaires est aussi transparente que le patrimoine de Copé. Et toutes les fonctions de suivi du deblog-notes - statistiques notamment - sont appauvries.