Baromètre électoral d'avril 2015 (Metroscopia)
Le baromètre de metroscopia en avril place quatre partis dans une fourchette d’à peine 3 points. Ciudadanos poursuit son ascension, tandis que Podemos s’effrite tout en gardant la tête. Les deux champions du bipartisme PSOE et PP se redressent un peu. Mais presque huit Espagnols sur 10 veulent voir la fin de l’hégémonie de ces partis qui ont alterné au pouvoir depuis la transition démocratique.
Le quadripartisme qui s’était amorcé au sondage de février, avec l’apparition quasi instantanée de Ciudadanos dans le jeu politique national, se confirme. Les sondés d’Avril placent les quatre formations – PP et PSOE, Podemos et Ciudadanos – entre19,4 et 22,1%, à peine 3 points d’écarts entre les deux nouveaux acteurs qui encadrent les partis anciens.
La fin du bipartisme
A l’évidence les Espagnols sont las du bipartisme qui a rythmé leur vie politique depuis la transition démocratique. 77%, presque 8 sur 10, souhaitent que le jeu politique s’ouvre. Et ils le démontrent donc dans les sondages électoraux.
Mais quant à ce que ça pourra donner, c’est plus flou. Un gouvernement minoritaire, assuré par le parti arrivé en tête, qui après jongle pour obtenir des majorités ponctuelles, est la solution la plus envisagée. Seule une coalition PSOE-C’s obtient un faible assentiment majoritaire. Mais les sympathisants C’s semblent prêts à manger à tous les râteliers puisque les 2/3 envisagent aussi bien une alliance avec le PSOE qu’avec le PP.
L’enquête menée en le 7 et le 9 avril place toujours Podemos en tête avec 22,1%, position quasi stable après une chute de 4 points au baromètre de mars. A l’inverse, le PSOE, après une baisse nette en février confirme le redressement de Mars. L’hémorragie du PSOE vers Podemos semble stoppée. Est-ce l’effet de la victoire andalouse ? Mais le PP, qui y fut sévérement défait, reprend aussi 2 points par rapport à mars. Quant à Ciudadanos (C's), après sa spectaculaire montée de février et surtout mars, il progresse encore un peu. En revanche IU et surtout UPyD, complétement phagocytée par C’s, se marginalisent.
Pour Podemos – qui paie sans doute les attaques violentes qu’il a subies sur ses liens avec le Chavisme vénézuélien – C’s devient un concurrent dangereux.
El Plural, périodique digital progressiste, comme il se définit, descend Ciudadanos avec vigueur. Il serait issu, non de la cuisse de Jupiter, mais de la main d’Aznar, via le FAES (un ‘think thank’ comme on dit fondé par l’ancien 1er ministre).
Il le décrit comme l’asile et le fortin de l’españolismo en Catalogne : de fait Ciutadans-Partit de la Ciutadania est né en Catalogne contre les indépendantistes. Non seulement il aurait eu la bénédiction d’Aznar, mais aussi celle de la radio des évêques, la COPE, avec notamment les applaudissements enthousiastes de Federico Jiménez Losantos, un ex-communiste puis socialiste passé à droite, mais très anti-Rajoy. Car pour le rédacteur en chef de Plural, C’s serait en fait une machine de guerre dans un jeu interne à la droite contre l’actuel premier ministre qu’Aznar mépriserait !
Que les fervents défenseurs de l’Espagne une et indivisible aient soutenu un parti naissant qui affichait son attachement à ce que la Catalogne reste espagnole (et corrélativement à la corrida comme symbole de cette hispanité) se conçoit. Que ce nouveau parti draine les déçus du PP, les analyses le prouvent. Mais de là à n’en faire qu’une marionnette, avec Aznar tirant les ficelles mériteraient des preuves plus tangibles que l’appui d’un Losantos qui avait aussi applaudi l’UPyD, dissidence centre-gauche du PSOE, UPyD complétement ou presque vampirisé par C’s.
Notoriété et popularité
Le baromètre des personnalités – notoriété, solde approbation-désapprobation – confirme la chute d’opinions favorables du leader de Podemos, Pablo Iglesias : son image ne cesse de se dégrader passant de -13 en janvier à -30, 4 mois après. Victime sans doute des attaques dont il a été l’objet, mais peut-être aussi d’une gestion assez léniniste du nouveau parti.
Mais la chute la plus spectaculaire est celle de Rosa Diez fondatrice d’UPyD : de -12 en janvier à -49 en avril (pire que Rajoy !) et surtout avec un score famélique dans son propre parti (+23) ; elle paie la lutte interne sur le rapprochement/fusion avec C’s.
Rajoy est constant dans l’impopularité. Pedro Sanchez ne décolle pas dans son propre parti, le PSOE : si l’on met à part l’accident industriel de Rosa Diez, il reste le leader qui recueille le moins d’approbation dans son camp.
Albert Rivera reste le seul qui affiche un solde positif ! Mais sa notoriété reste bloquée à à 77%.
Le désaveu de la politique de Rajoy
Rajoy parie que comme un soufflé, après les percées spectaculaires, Podemos et C’s vont se dégonfler. Il table sur les signes de reprise économique pour reprendre un peu de poil de la bête.
Pour le moment au moins, les sondés restent très sceptiques sur les vertus de sa politique. Seul un quart sont satisfaits de la gestion menée depuis trois ans par le gouvernement. Et les trois quarts estiment que les inégalités se sont creusées pendant la même période.
Après les élections anticipées en Andalousie, l’année va être ponctuée par les élections municipales et les élections des régions autonomes (sauf en Catalogne, Galice et Pays Basque et, on l’a vu, Andalousie qui ont un autre statut) le 24 mai. Le 27 septembre ce seront les élections en Catalogne, dont Artur Mas, l’actuel président, veut faire un referendum pour l’indépendance.
Enfin, entre le 20 novembre et le 20 décembre*, les élections générales.
Quoique rêve Clémentine Autain, le jeu politique espagnol n’a rien à voir avec celui de la France et le Front de gauche encore moins avec Podemos. Comme si on comparait le Modem à Ciudadanos.
Il n’est que de voir l’inventivité du mouvement social espagnol avec ce défilé d’hologrammes pour protester contre une loi baîllon, que veut imposer le PP pour rallier sa vieille garde nostalgique du franquisme, avec la traditionnelle journée de protestation contre l’austérité d’une partie des syndicats en France, pour comprendre qu’il y a encore des Pyrénées.
Comparer aussi la jeunesse des leaders des partis politiques espagnols avec l’âge des nôtres. Albert Rivera a 36 ans, Bayrou pourrait être son père. Iglesias en a 37, Mélenchon pourrait être son père. Et Cambadelis aurait pu être, mais plus précocement, le père de Sanchez, 43 ans…
Ce quadripartisme est porteur d’incertitudes.
Avec sa majorité relative, le PSOE andalou va être obligé de surfer jusqu’au moins les élections générales, car d’éventuelles alliances sont gelées jusque-là.
Mais ces élections générales peuvent aussi aboutir, si les quatre partis sont quasi à égalité à une situation inextricable ou bien à une instabilité modèle IVe république française.
Reste l’espoir qu’un PSOE vigoureux soit capable de fédérer une alliance réformatrice où Podemos joue le jeu de l’union de la gauche.
On a le droit de rêver, comme Clémentine.
* Date précise non encore fixée (avec possibilité de jouer les prolongations jusqu'à mi-janvier)
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