« Si tu veux calmer un arabe qui te pète les couilles, tu l’emmènes discrètement dans ta voiture et tu lui mets de grandes claques. Impossible de le faire dans la rue, parce qu’on peut te filmer avec un téléphone et après tu auras 1 milliard de musulmans sur le dos !
Ce sont des couillons !
Ce sont des couillons ! »
Le tout hurlé ! Et pas du second degré. C’est, en 2006, un sketch, qui apparemment laisse les spectateurs pantois plutôt qu’hilares, de Beppe Grillo, clown sinistre ! Cette séquence est tirée d’un reportage intitulé « Qui est vraiment Beppe Grillo ? », présenté dans Dimanche + !
Dans les séquences où on le voit, il semble ne savoir faire que ça, crier, beugler, vociférer, en bref gueuler ! Mélenchon, à côté, peut se rhabiller. Même si sa thématique du coup de balai rejoint celle de l’italien. « Ces politiques qui vont à la télé avec leurs faces de cons, qu’ils s’en aillent tous ! ». A noter que lui, Grillo, s’il vilipende avec la même outrance les « médiacrates » et autres journalistes, ne court pas, comme notre tribun national, les studios pour dire à des journalistes masochistes tout le mal qu’il pense d’eux. Grillo ne met pas les pieds à la Télé. Ni à la radio. N’accorde pas d’entretien. Et interdit même à ses élus de s’adresser à la presse. On voit, un contrevenant, tout marri, se faire exclure par SMS ! Elus qui ont d’ailleurs l’air tout déboussolé. Car le discours aux accents libertaires cache un autoritarisme fort peu démocratique.
Et derrière Grillo, la grande gueule, se cache un gourou, Gianroberto Casaleggio*, 58 ans, au look de vieux baba cool, qui aurait gardé sa chevelure des années Woodstock. Il fait dans l’Internet et l’édition, mais ses affaires sont tout sauf transparentes.
Son livre de chevet serait « Thriving on chaos, manuel de management de la révolution » d’un certain Tom Peters (Le chaos management, Dunod, Paris, 1988). Et son idéologie est une lointaine resucée du complot judéo-maçonnique tristement en vogue dans les années 30. Sauf que là, si les Francs-maçons sont toujours visés, les religions dans leur ensemble et la finance sont les agents de ce complot. Bizarrement ce triptyque vient percuter une étude menée en France par une think thank britannique qui étudie le populisme à partir de l’adhésion aux théories conspirationnistes. Et, pour ses adeptes, on retrouve les francs-maçons, les groupes religieux et surtout la finance internationale pour tirer les ficelles**.
Beppe et Gianroberto, racistes, populistes, complotistes, faute d’avoir su utiliser leur capital de voix et d’élus – en le stérilisant, ils ont juste concouru à remettre leur concurrent en populisme, Berlusconi, en piste – vont sans doute n’avoir que le destin d’un Poujade. Mais savoir que la moitié des suffrages en Italie s’est porté sur les partis populistes fait peur, très peur !
PS La conclusion était optimiste puisque Rome vient d'élire une avocate candidate du Mouvement cinq étoiles de Grillo et que ledit mouvement est toujours bien présent dans la vie politique italienne...
* est mort mardi 12 avril 2016 à l’âge de 61 ans à Milan d'une tumeur au cerveau.
** L’étude complète sur le site britannique est bourrée de graphes assez difficile à déchiffrer pour les non initiés. De la synthèse qu’en a tiré Le Monde, avec un article papier (04/05/13) et sur le site, qui se complètent plus qu’ils ne se recoupent, il ressort que 51 % des français adhèrent à cette théorie. Mais selon leurs votes aux présidentielles, les proportions diffèrent. Ainsi, ils ne sont que 35% chez les électeurs de Hollande, mais 72% chez ceux de Le Pen suivi de ceux de Mélenchon à 56 %.
Pour les conspirationnistes, c’est d’abord et de loin la finance internationale (75%) qui tire les ficelles, suivie d’autres pays qui cherchent à nous dominer 44%, les groupes secrets style Francs-maçons, malgré les efforts des hebdos et en particulier de L’Express, et les groupes religieux sont loin derrière (27 et 20%).
Reste un paradoxe, les médias (télés, presse écrite) sont crédités de 45%, alors qu’ils sont présentés comme manipulés (assujettis à la « pensée unique », la « bienpensance » d’un côté, peuplés de journalistes « tous de gauche » de l’autre). On aurait donc des marionnettes qui tireraient les ficelles des marionnettistes qui les manipulent. De quoi se prendre les pieds dans les ficelles.
Les enfants de Marine sont un tiers à soupçonner des groupes religieux (mais le pluriel est sans doute de trop). Qu’il soit encore un peu plus à se méfier des francmacs ne surprend pas trop, mais qu’il y en ait 31% chez les mélenchonnistes étonne.
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