Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 21:32
Podemos un parti endogame !

Podemos est (un peu) à la mode dans notre presse. Même Ouest-France en a parlé. Et arrêt-sur-images.  Le mouvement s’est structuré, avec  à sa tête Pablo Iglesias et une équipe très homogène, pour ne pas dire à sa main. Objectif premier : tirer un trait sur la transition démocratique de 78.

 

Podemos a donc bousculé l’échiquier politique espagnol avec les élections européennes. Les sondages successifs ont montré que ce n’était pas qu’un feu de paille. Et, après un vote par Internet* (107 000 votants, pour 250 000 inscrits sur le ouèbe) le mouvement s’est structuré en véritable parti politique.

Un secrétaire général, un conseil de surveillance baptisé comisión de garantías democráticas,   un conseil citoyen de 62 membres (auxquels viendront s’adjoindre 17 membres issus des régions), un comité de direction de 10 membres. Mis à part cette sorte de conseil constitutionnel interne que semble être la commission de garantie du respect de la démocratie interne, une organisation somme toute assez classique avec un leader, un bureau politique et un comité central.

Podemos un parti endogame !

Tout se passe comme si le département de Sciences politiques de l’Université Complutense (Madrid) avait canalisé le mouvement des indignés. Passant de la théorie aux travaux pratiques, d’abord par le biais d’une chaîne TV-internet, La Tuerka  puis en donnant corps à un mouvement en quatre mois pour frapper un premier coup aux Européennes. Enfin en structurant ce mouvement en un vrai parti politique.

 

Revers de la médaille, la direction a un côté endogamique prononcé.

 

Outre Pablo Iglesias, l’idéologue de la formation, ex-enseignant de sciences politiques à  l’université Complutense, Íñigo Errejón est chercheur dans cette université, Carolina Bescansa y est professeure de Méthodologie, Juan Carlos Monedero y est professeur de sciences politiques, Luis Alegre y est professeur de philosophie, Tania González est licenciée de sciences politique de l’université Complutense, certes Gemma Usabart est professeure à l’université de Girona mais en sciences politiques,  et dans ce bureau politique de bac+X on compte encore une licenciée en histoire et relations internationales, Ángela Ballester, un avocat qui travaille dans une association de lutte contre les expulsions de logements, Rafa Mayoral, un ingénieur des télécommunications mais aussi anthropologue, Sergio Pascual, et une juriste, anthropologue également, Auxiliadora Honorato, les deux derniers travaillant pour le gouvernement provincial d’Andalousie.

 

Rien à voir donc avec le Front de gauche qui ressemble plus à l’IU espagnole (PC+dissidents PS+gauches alternatives diverses) avec des politiques aguerris comme Mélenchon, ex-sénateur et secrétaire d’état. Rien non plus à voir avec cinq étoiles du triste pitre Grillo, même si le surgissement rapide de Podemos sur la scène politique y ressemble.

 

Iglesias, loin de rejeter la télé, en maîtrise tous les codes. Et loin aussi de l’éruptivité parfois hystérique de Mélenchon ou Grillo, il est d’un sang-froid à toute épreuve.

 

Reste que cette espèce d’entre-soi que représente son équipe très universitaire n’est pas dénuée de risques.

L’absence de toute expérience politique en responsabilité est à la fois un handicap et un atout. Un atout quand il s’agit de cogner sur la caste, c’est-à-dire, justement, les politiciens des deux grands partis et l’oligarchie financière. Un handicap, peut-être, quand il s’agira, à la fin de 2015, de convaincre les électeurs de voter pour des personnes totalement inexpérimentées. D’autant que Podemos renonce à concourir à des municipales où il aurait pu démontrer sa capacité à construire une alternative à partir du bas comme le firent les verts allemands. (José Ignacio Torreblanca, El País 16/11/14) Mais on pourrait noter ironiquement qu’après tout, Podemos se retrouverait dans la position du PSOE – Felipe Gonzalez et les siens n’avaient aucune expérience gouvernementale – après la transition de 1978.

Podemos un parti endogame !

Car, à l’instar, du coup, de Mélenchon et sa VIe République, Iglesias veut clore la période historique ouverte en 1978 avec la légalisation du PCE et les premières élections libres après la mort de Franco. Iglesias, né en 1978 justement, symbolise bien cette génération qui n’a rien connu du franquisme ou seulement ses derniers soubresauts. Il annonce donc que, si Podemos gagne, comme il en est sûr, les élections de 2015,  sera ouvert un processus constitutionnel pour faire sauter le verrou du régime de 1978 (abrir el candado del 78). Mais si la VIe république promise par Mélenchon – une IVe matinée de votation suisse – ne provoquera que des débats byzantins, l’instauration d’une IIIe République en Espagne risquerait fort de réveiller des antagonismes autrement violents.

 

D’autant que si Podemos essaie de convertir la traditionnelle confrontation entre droite et gauche en une lutte entre la caste et les gens décents, promettant de balayer la corruption dans la société, il a peine à se recentrer. Même s’il s’en défend, les accusations de sympathie voire d’admiration pour le bolivarisme de Chavez reposent sur le fait que Monedero comme Errejon ont collaboré activement avec le régime chaviste au Venezuela. Monedero fut même un conseiller direct de Chavez. Par ailleurs au Parlement Européen ils ont intégré la gauche unie et votent avec discipline, comme le groupe, sur toutes les questions.

 

Or ce recentrage – nos experts en sciences politiques le diagnostiquent – est la clé d’une possible victoire. Pablo Iglesias, qui sait que les partenaires sociaux seront particulièrement attentifs aux programmes économiques, est resté au niveau des généralités. S’appuyant sur les prix Nobel Paul Krugman et Joseph Stiglitz, il a plaidé que l’on peut restructurer la dette sans se mettre en défaut de paiement. Il faut que l’Espagne sorte du modèle truelle et bronze-culs, bâtiment et tourisme. Ce nouveau modèle reposerait sur une diminution du temps et des conditions de travail. Il reposerait aussi sur le développement du secteur coopératif soutenu par des investissements d’état.

 

Pour cela il faut de l’argent. Une réforme fiscale s’impose qui d’abord s’attaque à la fraude et ensuite fasse payer fortement les plus hauts revenus. S’appuyant sur l’exemple des pays nordiques comme le Danemark, il constate que les pays les plus prospères sont les plus égalitaires.

 

La clé du succès éventuel de Podemos tient bien sûr dans la crédibilité de ses propositions et on voit qu’il y a encore du boulot. Mais surtout dans sa capacité à convaincre les citoyens qu’ils peuvent être, eux-mêmes, les protagonistes d’un temps nouveau. Et Anabel Díez (El País) note un peu ironiquement que les références musicales et poétiques de Pablo Iglesias sont notamment Mercedes Sosa et Miguel Hernández… Como en la Transición !

 

 

 

Vientos del pueblo me llevan,

vientos del pueblo me arrastran,

me esparcen el corazón

y me aventan la garganta.

 

Vientos Del Pueblo Me Llevan de Miguel Hernandez

Todo cambia

 

Cambia lo superficial

Cambia también lo profundo

Cambia el modo de pensar

Cambia todo en este mundo

 

Cambia el clima con los años

Cambia el pastor su rebaño

Y así como todo cambia

Que yo cambie no es extraño

 

Cambia el más fino brillante

De mano en mano, su brillo

Cambia el nido el pajarillo

Cambia el sentir un amante

 

Cambia el rumbo el caminante

Aunque esto le cause daño

Y así como todo cambia

Que yo cambie no extraño

 

Cambia, todo cambia (x4)

 

Cambia el sol en su carrera

Cuando la noche subsiste

Cambia la planta y se viste

De verde en la primavera

 

Cambia el pelaje la fiera

Cambia el cabello el anciano

Y así como todo cambia

Que yo cambie no es extraño

 

Pero no cambia mi amor

Por más lejos que me encuentre

Ni el recuerdo ni el dolor

De mi pueblo y de mi gente

 

Lo que cambió ayer

Tendrá que cambiar mañana

Así como cambio yo

En esta tierra lejana

 

Cambia, todo cambia (x4)

 

Pero no cambia mi amor

Por más lejos que me encuentre

Ni el recuerdo ni el dolor

De mi pueblo y de mi gente

 

Lo que cambió ayer

Tendrá que cambiar mañana

Así como cambio yo

En esta tierra lejana

 

Cambia, todo cambia...

Repost0
7 mai 2013 2 07 /05 /mai /2013 15:10
Beppe Grillo et les arabes

« Si tu veux calmer un arabe qui te pète les couilles, tu l’emmènes discrètement dans ta voiture et tu lui mets de grandes claques. Impossible de le faire dans la rue, parce qu’on peut te filmer avec un téléphone et après tu auras 1 milliard de musulmans sur le dos !

Ce sont des couillons !

Ce sont des couillons ! »

 

Le tout hurlé ! Et pas du second degré. C’est, en 2006, un sketch, qui apparemment laisse les spectateurs pantois plutôt qu’hilares, de Beppe Grillo, clown sinistre ! Cette séquence est tirée d’un reportage intitulé « Qui est vraiment Beppe Grillo ? », présenté dans Dimanche + !

Beppe Grillo et les arabes

Dans les séquences où on le voit, il semble ne savoir faire que ça, crier, beugler, vociférer, en bref gueuler ! Mélenchon, à côté, peut se rhabiller. Même si sa thématique du coup de balai rejoint celle de l’italien. « Ces politiques qui vont à la télé avec leurs faces de cons, qu’ils s’en aillent tous ! ». A noter que lui, Grillo, s’il vilipende avec la même outrance les « médiacrates » et autres journalistes, ne court pas, comme notre tribun national, les studios pour dire à des journalistes masochistes tout le mal qu’il pense d’eux. Grillo ne met pas les pieds à la Télé. Ni à la radio. N’accorde pas d’entretien. Et interdit même à ses élus de s’adresser à la presse. On voit, un contrevenant, tout marri, se faire exclure par SMS ! Elus qui ont d’ailleurs l’air tout déboussolé. Car le discours aux accents libertaires cache un autoritarisme fort peu démocratique.

Beppe Grillo et les arabes

Et derrière Grillo, la grande gueule, se cache un gourou, Gianroberto Casaleggio*, 58 ans, au look de vieux baba cool, qui aurait gardé sa chevelure des années Woodstock.  Il fait dans l’Internet et l’édition, mais ses affaires sont tout sauf  transparentes.

Beppe Grillo et les arabes

Son livre de chevet serait « Thriving on chaos, manuel de management de la révolution » d’un certain Tom Peters (Le chaos management, Dunod, Paris, 1988). Et son idéologie est une lointaine resucée du complot judéo-maçonnique tristement en vogue dans les années 30. Sauf que là, si les Francs-maçons sont toujours visés, les religions dans leur ensemble et la finance sont les agents de ce complot. Bizarrement ce triptyque vient percuter une étude menée en France par une think thank britannique qui étudie le populisme à partir de l’adhésion aux théories conspirationnistes. Et, pour ses adeptes, on retrouve les francs-maçons, les groupes religieux et surtout la finance internationale pour tirer les ficelles**.

Beppe et Gianroberto, racistes, populistes, complotistes, faute d’avoir su utiliser leur capital de voix et d’élus – en le stérilisant, ils ont juste concouru à remettre leur concurrent en populisme, Berlusconi, en piste – vont sans doute n’avoir que le destin d’un Poujade. Mais savoir que la moitié des suffrages en Italie s’est porté sur les partis populistes fait peur, très peur !

 

PS (20/06/16) La conclusion était optimiste puisque Rome vient d'élire une avocate candidate du Mouvement cinq étoiles de Grillo et que ledit mouvement est toujours bien présent dans la vie politique italienne...

 

 

 

* Gianroberto Casaleggio est mort mardi 12 avril 2016 à l’âge de 61 ans à Milan d'une tumeur au cerveau.

 

** L’étude complète sur le site britannique est bourrée de graphes assez difficile à déchiffrer pour les non initiés. De la synthèse qu’en a tiré Le Monde, avec un article papier (04/05/13) et sur le site, qui se complètent plus qu’ils ne se recoupent,  il ressort que 51 % des français adhèrent à cette théorie. Mais selon leurs votes aux présidentielles, les proportions diffèrent. Ainsi, ils ne sont que 35% chez les électeurs de Hollande, mais 72% chez ceux de Le Pen suivi de ceux de Mélenchon à 56 %.

  

Beppe Grillo et les arabes

Pour les conspirationnistes, c’est d’abord et de loin la finance internationale (75%) qui tire les ficelles, suivie d’autres pays qui cherchent à nous dominer 44%, les groupes secrets style Francs-maçons, malgré les efforts des hebdos et en particulier de L’Express, et les groupes religieux sont loin derrière (27 et 20%).

Reste un paradoxe, les médias (télés, presse écrite) sont crédités de 45%, alors qu’ils sont présentés comme manipulés (assujettis à la « pensée unique », la « bienpensance » d’un côté, peuplés de journalistes « tous de gauche » de l’autre). On aurait donc des marionnettes qui tireraient les ficelles des marionnettistes qui les manipulent. De quoi se prendre les pieds dans les ficelles.

Les enfants de Marine sont un tiers à soupçonner des groupes religieux (mais le pluriel est sans doute de trop). Qu’il soit encore un peu plus à se méfier des francmacs ne surprend pas trop, mais qu’il y en ait 31% chez les mélenchonnistes étonne.

Repost0
22 avril 2013 1 22 /04 /avril /2013 17:12

Quel destin pour la parodiste Frigide Barjot ?

 

Un nouveau duo des Vamps, avec Christine Boutin ?

Un nouveau duo des Vamps, avec Christine Boutin ?

Ou nouvelle Morano Nadine (notre Sarah Palin) ?

Ou nouvelle Morano Nadine (notre Sarah Palin) ?

Ou pire encore, nouvelle Marine La Pen (n'a-t-elle pas fait la bise à Maître Co..ard ?)

Ou pire encore, nouvelle Marine La Pen (n'a-t-elle pas fait la bise à Maître Co..ard ?)

A moins qu'elle ne se métamorhose en barjot Grillo à la française !

A moins qu'elle ne se métamorhose en barjot Grillo à la française !

Toutes ces images sont des copies d'écran de "La nouvelle édition" du 22/04/13, 3e partie (chronique de Nicolas Domenach vers 15')

Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

En complément, quelques images de la dernière manif barjotesque.

Repost0
13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 11:09
Cohen condamné !

Cohen condamné !

Torquemada ? Fouquier-Tinville ? Vychinsky ? Ce serait atteindre une variante du point Godwin que de se lancer dans de telles comparaisons, vis-à-vis de l’ex- journaliste du Monde viré par Edwy Plenel*, devenu le fondateur-patron du site « Arrêt sur images ». Qu’il ne pratique guère. Lui ce serait plutôt arrêt sur collègues. Et, s’il le pouvait, collègues aux arrêts.

 

Fidêle de l’émission sur la Cinq, je fus un abonné de la 1ère heure au site éponyme quand Schneidermann fut viré, pour avoir rappelé le bidonnage d’un reportage sur les CRS par de Carolis… qui venait d’être nommé à la tête de la Télé nationale. Mais les émissions – outre une certaine longueur, la contrainte du temps imposé avait du bon – sont de plus en plus passées d’arrêt sur images à talk-show sur un thème. Avec son animateur souvent de parti pris**, comme lorsqu’il avait invité le regretté Olivier Ferrand.

Daniel Schneidermann

Daniel Schneidermann

Le vite dit (articles journaliers), à l’exception du remarquable Alain Korkos à la culture iconographique prodigieuse, tient le plus souvent d’arrêt sur articles ou radios. Avec cependant des arrêts sur les UNES, en particulier de la presse étrangère.

 

Pour autant, si l’on veut de vrais « arrêts sur images », il vaut mieux regarder « Le petit journal » ou « La nouvelle édition » (avec sur les médias étrangers un remarquable « Vu de l’extérieur » de Gaël Legras). Petit journal qui fut longtemps la bête noire de Schneidermann qui reprit à son compte des accusations de bidonnages des sbires de Mélenchon et poursuivit Barthès de sa haine tenace. Car il a ses hantises et ses têtes. A vérifier, mais je ne me souviens de pas grand-chose contre TF1 en général et Pernaut en particulier. En revanche Canal + en général, et Denisot en particulier sont dans le collimateur. Le Figaro a peut-être était épinglé, mais moins souvent que Libé ou Le Monde. Perdriel, proprio du Nel Obs est, à ses yeux, plus maléfique que Dassault, proprio du Figaro.

 

Sa mauvaise foi patente a éclaté – à mes yeux s’entend – à propos de l’affaire Florence Cassez où il s’était lancé dans un réquisitoire féroce (il existe, hélas, des éléments laissant penser que Cassez s'est bel et bien rendue complice d'enlèvement et séquestration) juste pour le plaisir de fustiger mensongèrement les medias français, qui mutiplient les interviews de la prisonnière, en se contentant de répéter paresseusement, pour tout rappel des faits, qu'elle "clame son innocence". Mauvaise foi jusqu’au bout, où contrairement à un Demorand qui finit par s’excuser, avec une tranquille morgue, le matinaute a continué à cracher sur une innocente (et sur le travail de correspondantes au Mexique autrement plus pertinent que le prétendu dossier d’arrêt sur images).

Fustiger les médias et leurs acteurs est son sport favori. Jouant le grand journaliste d’investigation j’ai relu les chroniques matutinales du procureur, à partir du 1 mars 2013. Le corpus est un peu limité (d’autant que le matinaute grippé a disparu pendant quelques jours) mais néanmoins assez significatif, je pense.

Pause et pose

Pause et pose

 

Le 5 mars il nous apprend que le journalisme traditionnel est incapable d’analyser le phénomène Beppe Grillo. Le 6 mars, ce sont Les échos et Le Monde qui sont épinglés pour avoir dit du mal de Chavez. Le 7 mars il dénonce l’Obs, Le figaro, Libé qui n’ont pas relayé une information du Canard Enchaîné. Le 14 et 15 mars, l’élection de Bergoglio est l’occasion de dénoncer les vaticanistes patentés et aussi Le Monde qui réserve ses articles de fond à ses abonnés (Aux internautes, quelques miettes, le buzz du jour, (…) Aux lecteurs payants, les articles longs, les informations "à pluvalue").  Et il prédit un avenir compliqué à la presse "de qualité". Le 18 mars il dénonce la prodigieuse capacité de léthargie du système médiatique français, notamment en période de week-end, à commencer par la chaine phare du service public, France 2. Delahousse n’avait pas parlé de la crise à Chypre ! A noter, cependant, que la télévision d’état redevient de service public. Le 20 mars, ce sont L'Obs et le JDD, qui sont flingués car tous deux mouillés dans une rocambolesque tentative de blanchiment de Cahuzac. Le 26 mars Medialand célèbre la Saint-Salopard. Les salopards font la Une de Libé. Et fournissent la première question de Patrick Cohen à Mélenchon, mais rassurez-vous l’imprécateur réduira en poussière ses interlocuteurs et en particulier Guetta ! Bien sûr avec Libé, Fabius, Mediapart : opération noyade c’est la UNE controversée de Libé qui est sur la sellette le 8 avril.

 

   Même Edwy Plenel, qui déplore sur toutes les antennes que Cahuzac n'ait pas démissionné dès les premières révélations du site, en décembre dernier, n’échappe pas à la férule du maître le 20 mars. Un media n'a pas à dicter son comportement à une personnalité qu'il met en cause. Le rôle de Mediapart (que le site a magistralement rempli) est de faire des enquêtes. Aux mis en cause, ensuite, de gérer leur défense comme ils le peuvent. (E. Plenel qui est passé au journalisme d’insinuations en affirmant que Cahuzac mentait pour d’autres, ce qui n’empêche pas le même de dire qu’il faut s’en tenir aux informations publiées !)

La chronique du 19/03 - Lion Air, les étouffeurs et les alarmistes – est symptomatique de la méthode schneidermannienne. Il s’agit du fabuleux contrat Airbus, signé à l’Elysée, avec une compagnie low cost d’Indonésie, Lion Air. En digne présentateur de la télévision d'Etat, David Pujadas aurait sabré le champagne, pendant que Yann Barthès, sur Canal +, aurait indiqué que cette compagnie était blacklistée en Europe comme aux Etats-Unis. « Sous-entendu: ces avions dont on célèbre la vente, sont promis à un bel avenir de poubelles volantes, aux mains d'une compagnie de sagouins. » Sauf que, dans le même « Petit Journal », Barthès invitait un ex-pilote qui expliquait, comme Le Point que cite la chronique, que cette compagnie, comme beaucoup d’autres, souffre du manque de supervision crédible par les autorités de son pays et qu’évidemment Airbus avait tout intérêt à assurer la fiabilité de ses pilotes en les formant. Mensonge par omission.

 

Pujadas, le speaker d'Etat, est une des têtes de turc attitrées du donneur de leçons. La plante verte préférée de Pujadas,  titre-t-il le 1er mars et pas pour célébrer son amour pour les plantes d’ornement. Il a encore l’honneur du titre avec Mélenchon et Pujadas dans les filets de la transparence . Descente en flamme du speaker – notez bien, pas journaliste. « Le dispositif de l'interrogatoire pujadien réduit toute réponse autre qu'une capitulation immédiate à une échappatoire, Imbécillité objective de ce dispositif. » Et l’imbécile, après Fillon, a voulu reprendre ce dispositif face à l’invincible Mélenchon. Il ne s’en est pas laissé compter, l’imprécateur, qui lui a retourné la question. « Embarras immédiat de Pujadas. Plaisir ineffable et stupide de voir le questionneur implacable empêtré lui-même dans les filets jetés sur le questionné. » Sauf que, et Schneidermann ne peut l’ignorer, outre que Pujadas n’est ni ministre, ni parlementaire, il ne peut s’embringuer dans un échange polémique où le vitupérateur va crier à l’agression et se déchaîner.

Passons sur Mazerolle (marionnette vitupérante de BFM, piégeant Vincent Peillon, éditorialisant tellement à charge contre Carlos Ghosn que la direction était obligée de le rappeler à l'ordre, ou bien pétant les plombs en direct lors du feuilleton Fillon-Juppé) censé incarner la longévité des stars de l’audiovisuel. Mais une autre tête de turc est Patrick Cohen. Taxé de « faute professionnelle » pour avoir dit à Taddéi que, quant à lui, il n’inviterait ni Dieudonné, ni Nabe, ni Soral, ni Ramadan. « Cohen dit en fait «ce n’est pas parce que je ne les juge pas intéressants, que je leur barre l’accès au micro de France Inter. C’est parce qu’ils ont contrevenu à un dogme». Se priver d’invités intéressants parce qu’on n’est pas d’accord avec eux est, pour un journaliste payé par le contribuable, une faute professionnelle. » Tout Schneidermann, dans sa hargne, est là : il fait dire à Cohen, ce qu’il n’a pas dit avec ce langage stéréotypé  - contrevenu à un dogme : l’anti-négationnisme ? l’anti-racisme ? à quoi fait-il allusion par ce « dogme » ? – et le descend minablement avec ce « payé par le contribuable ». Et quand, Cohen, avec mesure, dans une émission assez peu suivie (« La nouvelle édition ») le remet un peu à sa place, lui il en remet une couche dans la bassesse. Ah ! Ce n’est pas lui qui irait faire amende honorable comme Demorand.

 

Faute professionnelle aussi pour Denisot : Denisot privé d'Antigone. Le présentateur du Grand journal avait invité deux proches d’otages d’AQMI. Notre inquisiteur, qui sonde les reins et les cœurs, prête à Denisot le désir sournois de faire dire à ces invités tout le mal qu’ils sont censés ressentir à l’encontre des autorités françaises. Il n’en est rien, c’est plutôt l’inverse. Mais ces deux otages auraient des biographies troubles. Autrement dit ce pourrait être des agents secrets. Et là Denisot est foutu. "C'est (…) délibérément, qu'il a choisi de ne pas évoquer lui-même le passé des deux otages. C'est délibérément, qu'il a choisi de fabriquer son émission avec un non-dit plus épais encore que d'habitude". Notons au passage le « d’habitude ». « Mais pourquoi ? Escomptait-il le spectacle traditionnel d'Antigone se dressant contre Créon-Hollande ? A-t-il au contraire délibérément mis en scène des proches crucifiés par la douleur, mais comprenant et partageant la raison d'Etat ? Questions en abîme de l'avant-soirée. Pas certain que ce soit de nature à faire remonter les audiences face à Cyril Hanouna, mais on peut toujours espérer. » Méthode imparable : quelle que soit l’arrière-pensée qu’il prête à Denisot, celui-ci est un salopard qui joue cyniquement avec des proches d’otages dans l’espoir de faire remonter l’audience face à un autre animateur d’une chaîne qui appartient aussi à … Canal + ! dans le genre languedeputte, on ne fait guère mieux.

Loin de moi, la volonté de défendre Mazerolle. Quant à la 2, je ne regardais que Delahousse, quand le samedi il y avait « Mon œil », un excellent arrêt sur images au départ, mais progressivement son auteur a pris, comme Schneidermann, la grosse tête, et son émission est devenue imbuvable. Donc Pujadas, je ne l’aperçois que dans le zapping. Si je reste fidèle au Grand journal, je veux bien admettre que Denisot n’est pas Gildas et qu’Apathie est encore plus grand donneur de leçons – je me souviens d’une récente émission où l’invité Ciotti, UMP, le regardait avec des yeux ronds, car il lui ôtait le pain de la bouche dans une attaque outrancière du gouvernement – que Schneidermann. Quant à Cohen, ne l’écoutant vers 7h, que le temps d’un petit déjeuner, avant de vaquer à d’autres occupations, je ne me lancerais pas dans une plaidoirie. Si ce n’est que sa défense, que j’ai vue dans « La nouvelle édition », était convaincante. De mon point de vue, je le souligne.

 

Non, ce qui est – pour moi – insupportable, sans doute parce que j’ai aussi tendance, dirons les mauvaises mais lucides langues, à faire de même, c’est ce ton perpétuel de donneur de leçons, en toute confraternité. En visant autant que faire se peut le Nel Obs, Libé ou Le Monde plutôt que le Figaro, la 2 plutôt que la 1… Et aussi, point commun avec Sarkozy, quand il est pris en défaut – avec Florence Cassez ce fut patent – au lieu de faire profil bas, d’en rajouter une louche ! sans parler de sa prédilection dans sa chronique matinale, quand il n’a rien à écrire, à couper en quatre le poil des sexes des anges…

 

 

* En octobre 2003, il est licencié pour « cause réelle et sérieuse » : selon la direction, un passage du livre Le Cauchemar médiatique était « attentatoire à l’entreprise pour laquelle il travaille ». Le journaliste poursuit le quotidien aux prudhommes de Paris, qui lui a donné gain de cause en mai 2005, jugement confirmé en appel en mars 2007 (Wikipedia)

 

** Exemple tout récent de parti pris, « l’éconaute » -entendez l’intervenante d’arrêt sur images sur les questions économiques – dans un long papier pour expliquer l’accord sur la sécurisation de l’emploi fait le panégyrique du camarade Filoche (vive le mélodrame où Filoche a pleuré, ça lui a valu une gloire médiatique qui lui aurait été fort utile quand un patron le poursuivait de sa vindicte et que sa hiérarchie l’enfonçait), qui, sans nuances aucune, descend en flammes ledit accord. Solliciter le point de vue de la CFDT, pour équilibrer, vous n’y pensez pas ! On invite Nabe, mais quand même pas la CFDT !

Post Scriptum

Schneidermann aurait-il voulu illustrer, au-delà de la caricature, jusqu’à l’abjection même, cet article qu’il n’aurait pu faire pire que dans son « 9h15 » du 15/04/13 :

« (…)  à Nantes (…), l'essayiste Caroline Fourest, venue parler mariage pour tous dans le cadre d'une réunion attrape-subventions du Nouvel Obs, a été poursuivie dans son TGV de retour par les (..) opposants [à ce mariage pour tous]. Le TGV a été retardé de quarante minutes. Fourest "harcelée, pourchassée, traquée" se lamentait ce lundi matin France Inter, la station de son ami Philippe Val*. Il faut cette fois saluer le but contre leur camp marqué par les anti-mariage gay. Parvenir à faire passer pour une victime Caroline Fourest, cette figure centrale de la domination intellectuelle d'aujourd'hui, qui a table ouverte dans toutes les radios et toutes les télévisions du service public, cela relève de l'exploit olympique.»

Une petite saloperie au passage sur le Nel Obs et une infamie totale à l’encontre de C. Fourest, déjà victime des nervis de Civitas, dont il insinue qu’elle a micro ouvert à France Inter à cause d’une amitié avec Val et qui, pour participer à quelques émissions de débats devient « une figure centrale de la domination intellectuelle » variante sans doute de la pensée unique et autres clichés. Sa conception de la laïcité – tout en se détachant, avec courage et au prix là aussi de torrents d’insultes, des outrances xénophobes de « riposte prétendue laïque »** - je ne la partage pas. Pour autant la lâcheté insigne de ses agresseurs mérite d'être dénoncée. Et il faut être solidaire de C. Fourest victime de ces lâches.

 

* Elle a soutenu Val quand il a publié les fameuses caricatures danoises dans Charlie

** Voir l'article Fourest du Bêtisier laïciste (et ce n'est qu'un échantillon)

 

  

Repost0

Présentation

  • : Deblog Notes de J. F. LAUNAY
  • Deblog Notes de J. F. LAUNAY
  • : Education, laïcité, politique et humeurs personnelles, en essayant de ne pas trop se prendre au sérieux.
  • Contact

Nota Bene

Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.

Recherche

Nelle Formule

Overblog - hébergeur du deblog-notes - a réussi l'exploit de lancer une nouvelle formule qui fait perdre des fonctions essentielles de la version précédente. Ainsi des liens vers des sites extérieurs disparaissent (désolé pour  Koppera, cabinet de curiosités, ..). Les albums se sont transformés en diaporamas, avec des cadrages coupeurs de têtes. La gestion des abonnés et des commentaires est aussi transparente que le patrimoine de Copé. Et toutes les fonctions de suivi du deblog-notes - statistiques notamment - sont appauvries.