Le baromètre électoral de Metroscopia du 11 septembre – réalisé donc avant les élections catalanes – ne marque pas une grande évolution par rapport à celui de fin juillet. Léger avantage du PSOE sur le PP, plus net de Podemos sur Ciudadanos. Et un jeu à quatre partis qui obligerait à des alliances (voir en annexe un sondage sur les coalitions souhaitées par les électeurs potentiels de ces quatre formations).
Contrairement à CIS, l’autre institut de sondages, Metroscopia plaçait, déjà en juillet, le PSOE en tête. Il le confirme en septembre. Et si l’écart reste très en deçà des ± 2,4 points de marge d’erreur, c’est donc la 2e fois consécutive où les sondeurs placent le PSOE devant le PP. Et avec un écart un peu plus net.
La comparaison avec les dernières élections générales de 2011 est défavorable aux deux partis qui se sont partagé le pouvoir depuis la transition. Le PSOE, qui y avait obtenu le pire résultat historique, perdrait encore 4 points. Le PP qui, à l’inverse avait obtenu son meilleur score, perdrait 21 points. Les pertes du PSOE vont vers Podemos et celles du PP vers Ciudadanos.
Ces deux partis émergents qui viennent casser l’alternance bi-partisane PP/PSOE n’ont cependant pas pris l’ascendant.
Podemos progresse légèrement et Ciudadanos stagne d’un sondage à l’autre. Mais jamais les quatre premiers partis n’ont été aussi proches : entre PSOE et C’s : huit points. Si les élections avaient eu lieu au moment du sondage, ce serait cependant le PSOE ou le PP qui aurait été appelé à former un gouvernement. Mais l’un comme l’autre seraient obligé de trouver un ou plusieurs alliés.
Même si Izquierda Unida (IU), bien que Podemos lui ait siphonné une partie de ses électeurs, réussit à sauver les meubles à 5%, il ne peut être qu’une force d’appoint à gauche. Et il cherche toujours à imposer à Podemos des candidatures d’unité populaire (l’exemple catalan où l’alliance de l’IU local –ICV - avec Podemos a fait moins bien qu’ICV seul ne démontre pas l’intérêt électoral de cette union). Quant à UPyD (centre gauche), il a été phagocyté par Ciudadanos.
L’ambiguïté du résultat catalan risque moins de cristalliser des votes nationalistes espagnols, hostiles à la sécession, en faveur du PP. Le prochain baromètre dira si la nette progression de Ciudadanos en Catalogne et si l’échec de Podemos et ses alliés à ces élections ont des répercussions nationales ou restent des phénomènes locaux.
Le jeu politique espagnol est donc bien plus ouvert et surtout pas plombé par le FN, avec des leaders politiques jeunes : seul Mariano Rajoy (PP), chef du gouvernement sortant, atteint la soixantaine, Alberto Garzón candidat d’IU a 30 ans, Albert Rivera (C’s) 36, Pablo Iglesias (Podemos) 37, Pedro Sánchez (PSOE) 43.
ANNEXE
Majorité absolue ou coalition ?
Majorité absolue ou coalition (détails) ?
Paradoxe apparent, ce sont les électeurs potentiels de Podemos qui sont les plus favorables à une alliance, et avec le PSOE. Ceux qui prétendent qu’un conglomérat Front de gauche-verts duflotistes-dissidents socialos pourraient faire un Podemos hexagonal, alors que leur ciment est justement l’anti-socialisme, feraient bien de regarder cette étude de metroscopia.
Le Partido Popular (PP) est le seul parti dont les sympathisants déclarés se manifestent clairement (et sans doute aveuglément) pour une majorité absolue de leur parti comme future forme de gouvernement (65%). Cependant, au cas où la seule possibilité offerte serait un gouvernement de coalition, la solution de repli serait l’alliance avec Ciudadanos (C’s) à 84 %. La perspective d’une grande coalition à l’allemande (PP-PSOE) est très peu prisée. Et il y a peu de différence selon l’âge ou le sexe.
A l’inverse, les trois quarts des électeurs socialistes (PSOE) optent plus réalistement pour une coalition comme forme future de gouvernement. Mais les deux options – PSOE-Podemos ou PSOE-Ciudadanos – sont envisagés avec le même score (59% : les options n’étant pas présentées comme exclusives, bien sûr). Cependant, l’alliance avec Podemos a gagné des points par rapport aux sondages précédents. Les électeurs les plus âgés (+ de 55 ans) sont plus favorables à un gouvernement de coalition que les plus jeunes (10 points) et les hommes que les femmes (15 points).
Les futurs électeurs de Ciudadanos sont aux deux tiers en faveur d’un gouvernement de coalition. Ils privilégient un peu l’alliance avec le PP (77%) à celle avec le PSOE (72%), mais depuis janvier c’est l’option PP qui a grimpé de 12 points. Les plus jeunes sont les plus réticents à une coalition à 43%, de même que les femmes par rapport aux hommes : 14 points de moins.
Globalement Podemos est le parti dont les électeurs déclarés ont été de sondage en sondage les plus portés vers une coalition : depuis mars – avant donc les élections municipales et régionales – cette option est passée de 72 à 86%. L’accord privilégié est clairement PSOE-Podemos qui est passé de 62 à 82 %. Podemos est la seule formation où l’électorat féminin est plus unitaire que le masculin : 90% contre 83% et elles appuient l’hypothèse PSOE-Podemos à 86% contre 80% pour les hommes.
Dans l’état actuel des sondages une alliance PSOE-Podemos, avec ou sans l’apport d’IU (Izquierda Unida qui continue le forcing pour obliger Podemos à des candidatures communes), serait majoritaire en sièges vraisemblablement. Mais les difficultés rencontrés en Andalousie ou dans les Asturies laissent craindre que les dirigeants de Podemos ne soient pas au diapason de leurs sympathisants. C’est Ciudadanos qui a débloqué la situation en Andalousie – Podemos votant contre la socialiste S. Diaz avec le PP – et IU dans les Asturies.
Le baromètre de metroscopia en avril place quatre partis dans une fourchette d’à peine 3 points. Ciudadanos poursuit son ascension, tandis que Podemos s’effrite tout en gardant la tête. Les deux champions du bipartisme PSOE et PP se redressent un peu. Mais presque huit Espagnols sur 10 veulent voir la fin de l’hégémonie de ces partis qui ont alterné au pouvoir depuis la transition démocratique.
Le quadripartisme qui s’était amorcé au sondage de février, avec l’apparition quasi instantanée de Ciudadanos dans le jeu politique national, se confirme. Les sondés d’Avril placent les quatre formations – PP et PSOE, Podemos et Ciudadanos – entre19,4 et 22,1%, à peine 3 points d’écarts entre les deux nouveaux acteurs qui encadrent les partis anciens.
La fin du bipartisme
A l’évidence les Espagnols sont las du bipartisme qui a rythmé leur vie politique depuis la transition démocratique. 77%, presque 8 sur 10, souhaitent que le jeu politique s’ouvre. Et ils le démontrent donc dans les sondages électoraux.
Mais quant à ce que ça pourra donner, c’est plus flou. Un gouvernement minoritaire, assuré par le parti arrivé en tête, qui après jongle pour obtenir des majorités ponctuelles, est la solution la plus envisagée. Seule une coalition PSOE-C’s obtient un faible assentiment majoritaire. Mais les sympathisants C’s semblent prêts à manger à tous les râteliers puisque les 2/3 envisagent aussi bien une alliance avec le PSOE qu’avec le PP.
L’enquête menée en le 7 et le 9 avril place toujours Podemos en tête avec 22,1%, position quasi stable après une chute de 4 points au baromètre de mars. A l’inverse, le PSOE, après une baisse nette en février confirme le redressement de Mars. L’hémorragie du PSOE vers Podemos semble stoppée. Est-ce l’effet de la victoire andalouse ? Mais le PP, qui y fut sévérement défait, reprend aussi 2 points par rapport à mars. Quant à Ciudadanos (C's), après sa spectaculaire montée de février et surtout mars, il progresse encore un peu. En revanche IU et surtout UPyD, complétement phagocytée par C’s, se marginalisent.
Pour Podemos – qui paie sans doute les attaques violentes qu’il a subies sur ses liens avec le Chavisme vénézuélien – C’s devient un concurrent dangereux.
El Plural, périodique digital progressiste, comme il se définit, descend Ciudadanos avec vigueur. Il serait issu, non de la cuisse de Jupiter, mais de la main d’Aznar, via le FAES (un ‘think thank’ comme on dit fondé par l’ancien 1er ministre).
Il le décrit comme l’asile et le fortin de l’españolismo en Catalogne : de fait Ciutadans-Partit de la Ciutadania est né en Catalogne contre les indépendantistes. Non seulement il aurait eu la bénédiction d’Aznar, mais aussi celle de la radio des évêques, la COPE, avec notamment les applaudissements enthousiastes de Federico Jiménez Losantos, un ex-communiste puis socialiste passé à droite, mais très anti-Rajoy. Car pour le rédacteur en chef de Plural, C’s serait en fait une machine de guerre dans un jeu interne à la droite contre l’actuel premier ministre qu’Aznar mépriserait !
Que les fervents défenseurs de l’Espagne une et indivisible aient soutenu un parti naissant qui affichait son attachement à ce que la Catalogne reste espagnole (et corrélativement à la corrida comme symbole de cette hispanité) se conçoit. Que ce nouveau parti draine les déçus du PP, les analyses le prouvent. Mais de là à n’en faire qu’une marionnette, avec Aznar tirant les ficelles mériteraient des preuves plus tangibles que l’appui d’un Losantos qui avait aussi applaudi l’UPyD, dissidence centre-gauche du PSOE, UPyD complétement ou presque vampirisé par C’s.
Notoriété et popularité
Le baromètre des personnalités – notoriété, solde approbation-désapprobation – confirme la chute d’opinions favorables du leader de Podemos, Pablo Iglesias : son image ne cesse de se dégrader passant de -13 en janvier à -30, 4 mois après. Victime sans doute des attaques dont il a été l’objet, mais peut-être aussi d’une gestion assez léniniste du nouveau parti.
Mais la chute la plus spectaculaire est celle de Rosa Diez fondatrice d’UPyD : de -12 en janvier à -49 en avril (pire que Rajoy !) et surtout avec un score famélique dans son propre parti (+23) ; elle paie la lutte interne sur le rapprochement/fusion avec C’s.
Rajoy est constant dans l’impopularité. Pedro Sanchez ne décolle pas dans son propre parti, le PSOE : si l’on met à part l’accident industriel de Rosa Diez, il reste le leader qui recueille le moins d’approbation dans son camp.
Albert Rivera reste le seul qui affiche un solde positif ! Mais sa notoriété reste bloquée à à 77%.
Le désaveu de la politique de Rajoy
Rajoy parie que comme un soufflé, après les percées spectaculaires, Podemos et C’s vont se dégonfler. Il table sur les signes de reprise économique pour reprendre un peu de poil de la bête.
Pour le moment au moins, les sondés restent très sceptiques sur les vertus de sa politique. Seul un quart sont satisfaits de la gestion menée depuis trois ans par le gouvernement. Et les trois quarts estiment que les inégalités se sont creusées pendant la même période.
Après les élections anticipées en Andalousie, l’année va être ponctuée par les élections municipales et les élections des régions autonomes (sauf en Catalogne, Galice et Pays Basque et, on l’a vu, Andalousie qui ont un autre statut) le 24 mai. Le 27 septembre ce seront les élections en Catalogne, dont Artur Mas, l’actuel président, veut faire un referendum pour l’indépendance.
Enfin, entre le 20 novembre et le 20 décembre*, les élections générales.
Quoique rêve Clémentine Autain, le jeu politique espagnol n’a rien à voir avec celui de la France et le Front de gauche encore moins avec Podemos. Comme si on comparait le Modem à Ciudadanos.
Il n’est que de voir l’inventivité du mouvement social espagnol avec ce défilé d’hologrammes pour protester contre une loi baîllon, que veut imposer le PP pour rallier sa vieille garde nostalgique du franquisme, avec la traditionnelle journée de protestation contre l’austérité d’une partie des syndicats en France, pour comprendre qu’il y a encore des Pyrénées.
Comparer aussi la jeunesse des leaders des partis politiques espagnols avec l’âge des nôtres. Albert Rivera a 36 ans, Bayrou pourrait être son père. Iglesias en a 37, Mélenchon pourrait être son père. Et Cambadelis aurait pu être, mais plus précocement, le père de Sanchez, 43 ans…
Ce quadripartisme est porteur d’incertitudes.
Avec sa majorité relative, le PSOE andalou va être obligé de surfer jusqu’au moins les élections générales, car d’éventuelles alliances sont gelées jusque-là.
Mais ces élections générales peuvent aussi aboutir, si les quatre partis sont quasi à égalité à une situation inextricable ou bien à une instabilité modèle IVe république française.
Reste l’espoir qu’un PSOE vigoureux soit capable de fédérer une alliance réformatrice où Podemos joue le jeu de l’union de la gauche.
On a le droit de rêver, comme Clémentine.
*Date précise non encore fixée (avec possibilité de jouer les prolongations jusqu'à mi-janvier)
Les élections andalouses anticipées ne nous consoleront pas de la poussée de l’extrême-droite aux départementales françaises. Elles ne sont pas, cependant, anodines. Elles confirment – pour de vrai pourrait-on dire – l’émergence de Podemos et Ciudadanos, deux formations surgies de nulle part. Elles montrent la résistance du PSOE. Elles annoncent la chute du Parti Popular au pouvoir.
Le coup de poker de Suzana Diaz, présidente sortante de la Junte Andalouse, a réussi. Les élections de 2012 avaient fait du Parti Popular (PP) le 1er parti andalou. Mais la coalition de gauche avait la majorité. Le PSOE s’alliant avec Izquierda Unida (IU), un ancêtre du Front de gauche, agglomérant autour du PCE des groupuscules de gauche divers avec une pincée de verts : 50 pour le PP, 47+12 pour la gauche. Mais à l’approche d’une année électorale qui va concerner des régions, les municipalités, avant des élections générales, l’IU andalou a eu tendance à s’aligner sur un IU national presque aussi anti PS que le parti dit de gauche en France. D’où la dissolution et les élections anticipées prenant de court IU.
Il est de bon ton de moquer les sondages. Metroscopia est sans doute plus fiable que les instituts français. 45 sièges prévus pour le PSOE avec 36,7% résultat réel 47 sièges, 35,6%. Mieux encore avec Podemos : 15 sièges prévus, 15 sièges obtenus, 14,7% annoncés, 14,85% obtenus !
Reste une surestimation de Ciudadanos et surtout de IU donc une sous-estimation du PP qui obtient 33 sièges au lieu des 29 prévus avec 28,6% au lieu de 25,1%. Le PP n’en est pas moins le grand perdant avec 17 sièges de chute. IU aussi qui ne peut plus faire l’appoint pour une majorité absolue.
Le désastreux résultat du PP a inspiré une revue satirique “El Jueves” (Le Jeudi). A l’approche de la semaine sainte – la semana santa occasion de multiples processions et surtout en Andalousie – elle a réalisé un montage où le visage de Rajoy, président du gouvernement PP, vient prendre la place de celui d’un christ crucifié, pour symboliser le calvaire politique que vit le leader national de la droite. A noter que sur le balcon, regardant la procession, avec un décolleté avantageux, on voit Susana Diaz qui, il est vrai, est enceinte.
« Je ne suis pas un taliban, mais il est du plus grand mauvais goût d’utiliser une image qui provoque une dévotion profonde » a dit à peu près le dévot responsable de la confrérie de la crucifixion de Malaga. La confrérie envisage de poursuivre “El Jueves” en justice.
"Podemos et Ciudadanos (C’s) seront les nouvelles forces de cette chambre parlementaire. S'il y a deux mois un ‘tarotiste’ avait dit à Albert Rivera [fondateur de Ciudadanos] qu’il entrerait au parlement andalou avec 9 sièges et qu'il aurait la possibilité d’être la force charnière pour ouvrir la porte des alliances, Rivera ne lui aurait sûrement pas payé la séance de tarot”, écrit El Correo de Andalucía, cité par Courrier International.
Podemos, lui, devient la 3e force de l’assemblée andalouse. Ses voix viennent plutôt d’un électorat de gauche (ex-PSOE, ex-IU), tandis que C’s siphonne plutôt celles du PP et d’UPyD (une dissidence centre gauche du PSOE qui s’interroge d’ailleurs, après ces élections, sur une fusion avec C’s).
Le PSOE andalou est à 8 voix de la majorité absolue. Mais, tant que le train des futures élections ne sera pas passé, la situation est bloquée. C’s et encore moins Podemos n’iront s’allier, avant les élections générales, avec un Parti de la « caste », du système bipartisan que ces deux forces veulent faire voler en éclats. Susana Diaz a d’ailleurs annoncé, contrainte et forcée, qu’elle se contenterait de la majorité relative. Aucune majorité alternative ne risque d’ailleurs de la renverser.
Bien que l’Andalousie soit la région la plus peuplée, la plus frappée aussi par le chômage, ses résultats ne sont pas prédictifs de ceux des élections générales. Si ce n’est la fin du bipartisme pratiquement assuré. Mais Podemos et Ciudadanos seront au pied du mur.
D'où viennent et où vont les électeurs d'un scrutin à l'autre ?
Lecture : sur les 1 528 000 électeurs du PSOE, on estime que 49 000 sont décédés entre 2012 et 2015, que 27 000 ont choisi le PP en 2015, 44 000 IU, 144 000 Podemos, etc., en tout 319 000 ont changé d’options (y compris 58 000 en abstentions) ; en revanche 88 000 électeurs du PP en 2012 ont choisi le PSOE en 2015, 29 000 d’IU, etc. et 18 000 nouveaux électeurs, en tout 249 000 électeurs gagnés en 2015. Podemos et Ciudadanos ne concourant pas en 2012 ne peuvent avoir que des gains.
Le PSOE est, des trois partis qui se disputaient les suffrages en 2012, celui qui a les électeurs les plus fidéles. Presque 8 sur 10 des andalous (78%) qui ont voté socialiste en 2012 ont gardé leur confiance en ce parti en 2015. Le PSOE a cependant perdu plus d’électeurs qu’il n’en a gagné sur les nouveaux ou venant de ces concurrents de 2012. Le plus gros des départs se fait au bénéfice de Podemos (144 000) ou vers l’abstention (58 000). Mais 88 000 abstentionnistes de 2012 se sont déplacés pour lui en 2015.
Le PP perd lui un demi-million d’électeurs. Il perd nettement la 1ère place détenue en 2012. Les pertes profitent d’abord à Ciudadanos (223 000). Elles nourrissent l’abstention (130 000). Et une fraction va même vers le rival historique socialiste (88 000).
Le grand perdant est cependant IU qui avait provoqué la crise donc l’élection anticipée. La coalition d’extrême-gauche obtient son pire résultat en Andalousie avec 6,9% des suffrages. La chute est de plus de 60% de 2012 à 2015. Pour l’essentiel au profit de Podemos (143 000).
Ciudadanos se nourrit essentiellement d’ex-électeurs du PP (223 000 = 60%).
Podemos est donc devenu la 3e force andalouse. Il puise à gauche de façon quasi égale : PSOE (144 000) et IU (143 000). Et il a capté près de la moitié des abstentionnistes de 2012 qui ont voté en 2015 (185 000), réinjectant donc dans le jeu électoral un grand nombre d’électeurs qui étaient restés chez eux en 2012.
Ce n'est pas une plaisanterie : le PP offrirait un pacte à Podemos en Andalousie
Seul El Plural affiche cette information qui est donc à prendre avec des pincettes. "Las cabeceras ‘tradicionales’ de papel la ignoran en sus webs y, sin embargo, es la noticia política del año: el Partido Popular ha ofrecido un pacto a Podemos para arrebatar la Presidencia del Parlamento andaluz al PSOE y dársela ¡a alguien e Podemos!. Pensé que era una broma, una intoxicación contra el PP, pero no es cierto y real." Donc, les organes traditionnels ont ignoré ce qui est la nouvelle politique de l'année - là El Plural oublie qu'on entame seulement le 2e trimestre - le Parti Populaire a offert un pacte à Podemos pour faucher la présidence du Parlement Andalou au PSOE et le donner à un membre de Podemos. On peut penser que c'est une plaisanterie, une intoxication contre le PP, mais ce ne n'est pas si sûr que cela.
Finalement, c'est bien un socialiste qui a été élu Président du Parlement andalou.
Un parti né il y a huit mois a d’ores et déjà bousculé un échiquier politique bipartisan né il y a trente-sept ans. Il s’installe dans le jeu politique espagnol en se structurant en véritable parti. Non sans ambiguïté, se disant ni de gauche ni de droite, mais transversal. Un récent sondage le place en tête avec 27,7 % des votes, devançant le PSOE d’1,5 point et distançant le PP de 7 points. Mais il est loin de convaincre de la crédibilité de ses propositions.
Les principaux graphiques sont agrandis plus bas.
L’étude de Metroscopia pour El País a eu lieu en plein cœur d’une nouvelle vague de scandales qui secouent l’Espagne ! Cartes noires de la Caja de Madrid et de Bankia où sont impliqués Miguel Blesa et Rodrigo Rato (ancien Directeur général du FMI), mais aussi des dirigeants syndicaux, et l’opération Púnica, réseau de corruption actif dans les régions de Madrid, Murcia, Leon et Valence, mettant en cause au moins quatre maires issus du PP, mais aussi un maire PSOE.
Elle ne se contente pas de faire un instantané des intentions de votes, mais, outre une explication de la méthode, elle complète le sondage sur les intentions de votes par celui sur la popularité – en général il s’agit plus d’impopularité – du couple royal et des leaders des partis politiques nationaux et en donnant un coup de projecteur sur Podemos et sur le nouveau leader du PSOE, Pedro Sánchez.
L’échiquier politique espagnol, depuis la première véritable élection en 1977 a connu une alternance entre la droite (UCD de Suarez puis Parti Popular) et la gauche (PSOE, le PCE, bien que seul parti véritablement actif dans la clandestinité sous Franco, n’a jamais fait plus du tiers des voix du PSOE).
L’IU est une sorte de Front de gauche avec un fort noyau PCE. UPyD ou UPD, fondée par une ex-députée européenne PSOE, est marquée par la lutte contre le terrorisme de l’ETA (avec Francisco Savater) donc contre les nationalismes et un de ses axes de lutte premier est la Laïcité.
A noter l’absence des Verts en tant que force politique autonome et de l’équivalent du Front National, le PP couvrant tout le spectre de droite du national-catholicisme, héritier du franquisme, jusqu’au centre-droit, d’autre part Podemos ralliant les mécontents.
Estimation des résultats électoraux sur les suffrages exprimés au cas où les élections générales se passeraient au moment du sondage.
L’estimation des résultats électoraux – si le vote avait lieu au moment du sondage – sur les suffrages exprimés, place PODEMOS en tête avec près de 28 %. Certes le PSOE devance de plus de 5 points un PP nettement plombé par la série de scandales qui le touchent prioritairement, mais il ne retrouve même pas le score des élections générales de 2011. A ce jeu IU et UPyD sont marginalisés, à moins de 4%. On note que les votes « blancs » sont décomptés et dans les « autres » se retrouvent les partis nationalistes divers. Le taux d’abstention est très proche de celui de 2011. Mais ce ne sont pas obligatoirement les mêmes, puisque des ex-électeurs PP s’abstiendraient, donc remplacés par d’ex-abstentionnistes.
Il manque la projection en sièges, mais, a priori, ça aboutirait à une chambre quasi ingouvernable (si PODEMOS, comme c’est le cas actuellement reste dans une position ni gauche, ni droite).
La question porte d'abord sur le degré de connaissance des personnalités (elles sont donc classées en ordre décroissant selon ce critère, ainsi le couple royal et le 1er ministre sont connus de tous, en revanche le coordinateur d'IU n'est connu que de quatre espagnols sur cinq), puis sur le degré d'approbation de leur action.
La mesure de l’approbation ou désapprobation de l’action politique des personnalités, pour autant qu’on les connaisse, marque la remontée des royaux : l’opération abdication est donc positive.
Le classement par ordre de connaissances des personnes par les sondés fait apparaître un déficit net pour le nouveau leader du PSOE.
Solde entre les évaluations positives et négatives,
globalement (histogramme) et dans le parti du leader concerné (tableau).
A part le couple royal, seul Iglesias, figure de proue de Podemos a un solde d’opinions légèrement positif. Rajoy, le 1er ministre, atteint un score négatif quasiment hollandais, mais la défiance est grande pour Sánchez du PSOE, Diez d’UPyD et Lara d’IU. Et, au sein de son propre camp si Iglesias fait nettement la course en tête (+87), le pauvre Sánchez est le moins convaincant des leaders dans son propre camp (+40).
Après la démission d’Alfredo Pérez Rubalcaba, suite à l’échec du PSOE aux européennes, Pedro Sánchez a été élu en juillet 2014. Il est donc censé incarner le renouveau du PSOE.
Pedro Sánchez a, de fait, encore un gros problème de crédibilité, puisque seulement 40%, contre 49%, l’estime capable de rénover son parti et de lui donner une meilleure image (les plus sévères étant les, heureusement, rares sondés pro-IU : 22%), et ils ne sont guère plus nombreux (43% contre 45%) à le croire capable de convaincre les anciens électeurs socialistes à revenir voter pour le PSOE.
Une première question s'adresse à ceux qui ont opté pour Podemos sur les raisons de leur choix. Une série de questions, s'adressant à tous, mesure le degré d'adhésion aux positions de Podemos.
Seul un tiers des sondés ayant opté pour Podemos disent l’avoir fait parce qu’il est le parti le plus proche des leurs convictions, alors que 42% expriment par ce choix leur déception, leur désenchantement à l’encontre des partis pour lesquels ils ont pu voter en d’autres occasions.
Les 28% qui disent que Podemos, dans l’état actuel des choses, est le seul parti en lequel ils peuvent avoir confiance confirment le sondage électoral. Podemos se heurte cependant à un relatif scepticisme, puisque 35% (contre 54%) jugent ses propositions comme réalistes et pouvant être mises en œuvre et 39% (contre 50%) qu’il a des idées claires sur ce qu’il faut faire pour surmonter la crise économique.
En mai 2015, les élections municipales et régionales (qui ne concernent cependant pas l’Andalousie, la Galice, la Catalogne ou le Pays basque) seront un premier test pour le PSOE, car Podemos n'y sera que peu ou pas présent.
Mais - sauf si Podemos se dégonflait comme une baudruche piquée par une aiguille, ce qu’absolument rien ne laisse prévoir - aux prochaines élections générales, dans un an, le paysage politique espagnol sera bouleversé. Même si Sánchez redonnait un peu de couleurs au PSOE et donc lui faisait reprendre la tête, il n’aurait pas de majorité. Pas plus que Podemos, s’il continue la course en tête. Et là, le ni-ni ne serait plus tenable.
PS Après beaucoup de galères, il semble que la mise en place correcte et des graphiques et d'un commentaire lisible soit réalisé...
Mystère et boule de gomme !
PS Miracle - le seul - d'over-blog : l'annonce des nouveaux articles apparaît dans un compte touitte (dont je ne me sers pas d'aileurs).
Surprise, je reçois donc une réponse mystérieuse d'une "Cordula" que je ne connais ni des lèvres ni des dents....
En complément, une autre estimation faite un peu avant celle de Metroscopia
L’étude de CIS a été réalisée entre le 1er et le 13 octobre. Alors que Metroscopia a classiquement travaillé sur un échantillon d’un millier de personnes, CIS lui a sondé 2480 personnes, avec, non seulement le non moins classique effort de répartition en PCS, mais aussi géographique et de taille des villes.
Baromètre du CIS d'octobre 2014 :
estimations des votes si les élections avaient lieu au moment du sondage
La projection en % diffère sensiblement de Metroscopia, puisque le PP garde la tête, et que PODEMOS n’arrive qu’en 3e position. Mais entre les deux sondages les deux nouveaux scandales – cartes bleues dites noires et réseau Punica – ont eu tout leur retentissement. La dynamique de Podemos est cependant significative : +7.
Comparaison des intentions de votes spontanées dans les deux instituts.
Les fiches techniques des deux instituts de sondages donnent les réponses spontanées des sondés (ce qui, sauf erreur, ne se pratique pas chez leurs confrères hexagonaux). Dans les deux cas, Podemos arrive largement en tête.
Ensuite chaque institut va soumettre ces résultats bruts à sa cuisine, avec ses recettes propres et secrètes.
NB Cette alchimie particulière peut sembler de la basse manip chez les contempteurs des sondages. Un blogueur explique pourquoi et comment se cuisine une enquête d’opinions.
Il donne cet exemple :
Dans une enquête du CIS avant les européennes, à la question Pour qui allez-vous voter les réponses spontanées furent :
PP –> 14,1 %
PSOE –> 14,1 %
IU/ICV/ANOVA –> 5,2%
PODEMOS –> 0,8%
[...]
Abstentions annoncées –> 23,8%
Ne savent pas encore –> 20,6%
N’ont pas répondu –> 5,3%
Blancs –> 3,9%
Les résultats réels, le jour des élections furent :
PP –> 26,1%
PSOE –> 23,0%
IU/ICV/ANOVA –> 10,0%
PODEMOS –> 8,0%
[...]
Abstentions –> 54,1%
Blancs –> 2,3%
La cuisine va donc consister à recouper les résultats bruts avec d’autres indices.
Intentions de votes
pour chaque parti sur une échelle de 0 à 10 (0 jamais, 10 toujours)
Ainsi dans la fiche du CIS voit-on un tableau demandant aux sondés de classer leur possible vote pour différents partis sur une échelle de 0 à 10, 0 pour absolument pas voter, 10 pour voter sûrement. Ainsi, sont-ils 42 % à dire qu’ils ne voteront certainement pas pour le PSOE ou pour Podemos et 4,6% pour le PSOE et 6,1% pour Podemos, à affirmer qu’ils voteront pour eux quoi qu’il arrive. D’autres questions sur la connaissance et la popularité des leaders, sur le degré d’intérêt pour l’actualité politique, sur les moyens d’information, etc. vont permettre de mieux corriger les données brutes.
S’ajoutent des pondérations diverses (âges, PCS, géographiques, etc.).
Puis sortent des estimations, photos plus ou moins bien retouchées de l’état de l’opinion à un moment donné et dont la succession peut cependant donner une tendance.
Schneidermann nous invite à prendre de l'avance sur PODEMOS
Je ne vous redirais pas pour la xième fois que nous fûmes (et ce n'était pas du belge) des premiers à nous abonner à "Arrêt sur images" quand, après avoir été lourdé de la 5, il s'est reconverti en site. Ni pourquoi la malhonnêteté intellectuelle de son fondateur nous a poussés dehors.
Je continue cependant de recevoir les annonces d'émission. La dernière est parfaitement "raccord" avec l'article et ose se conclure par "Prenez donc de l'avance", alors que Podemos a créé la surprise aux européennes !
Gazette d'@rrêt sur images, n° 360
Inclassable, ce mouvement Podemos, né d'une télé des Indignés espagnols, et qui crée un tremblement de terre politique. Inclassable, ce mouvement marginal, créé en janvier 2014 dans l'indifférence générale, et qui arrive en tête des sondages espagnols d'intentions de vote. Podemos combat la corruption, défend les services publics, va chercher ses modèles dans la série Game of thrones : cela suffit-il à faire un programme ? Le vide politique espagnol a-t-il accouché d'un mouvement lui-même dangereusement vide ? Et à propos, l'exemple espagnol est-il transposable ailleurs, et pourquoi pas en France ? Toutes questions posées cette semaine à Jorge Lago, porte-parole du mouvement. Podemos bouscule nos méninges, vous allez en entendre parler dans les prochaines semaines. Prenez donc de l'avance ! Notre émission est ici (1).
Daniel Schneidermann
En sur-supplément : extraits d'un article tiré de la revue La Marea, traduit par Courrier International
ESPAGNE Podemos prêt à prendre le pouvoir ?
Née il y a neuf mois seulement, cette formation, issue du mouvement des Indignés, a cassé l’hégémonie des deux partis traditionnels et monte en flèche dans les sondages.
Quand Podemos a fait irruption sur la scène politique, en janvier 2014, nombreux étaient ceux qui considéraient ses promoteurs comme une poignée d’allumés antisystème qui avaient la grosse tête.
La création du modèle Podemos a impliqué de renoncer à certains symboles brandis encore il y a peu par Pablo Iglesias, son leader, et le reste de l’équipe fondatrice. Ils ont ainsi délibérément délaissé une terminologie pouvant être jugée trop radicale par le centre, comme “lutte des classes”, “prolétariat” ou “révolution”.(…) Podemos utilise désormais un langage différent, plus moderne. La classe ouvrière en tant que sujet politique a été remplacée par le “précariat” ou le “pobretariado” [le “pauvretariat”], à l’opposition gauche-droite s’est substitué l’antagonisme entre ceux d’en haut et ceux d’en bas, et quant à l’oligarchie elle est désormais qualifiée de “caste”. L’objectif étant de ne pas faire fuir les électeurs centristes qui pourraient être en phase avec des mesures progressistes mais seraient rebutés par le discours traditionnel de la gauche ouvrière.
Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas
s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus
souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent
érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je
rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les
bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.
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