Eh oui ! l’accusation lancée par les « cloportes » de l’Elysée et largement reprise par des éditocrates hargneux – Gilles Bornstein, par exemple – ou à la hautaine suffisance – Nathalie Saint-Cricq, au hasard - de plateau de bavardages en plateau de bavardages, est devenu vérité vraie : si Cazeneuve n’est pas premier ministre c’est de la faute à Faure, marionnette de Mélenchon.
Rembobinons un peu le film d’abord.
Ce n’est certainement pas O. Faure qui a poussé E. Macron à une dissolution, mais ceux que B. Le Maire a baptisé « cloportes », ses conseillers les plus tordus ; dissolution jugée stupide dans son propre camp, à commencer par E. Philippe ou G. Attal.
Dissolution qui, dans la foulée de l’élection européenne, risquait fort de marquer la victoire du RN, d’autant qu’un des seuls buts assez évidents – et digne des BRP et cie – était de faire éclater la NUPES, l’alliance de gauche, bien boîteuse.
Sauf que, faut-il le rappeler, rien de cela n’est advenu. La gauche a su ressusciter l’union, avec cette étiquette chargée d’histoire, « Front populaire » ! Sauf que, toujours grâce à la gauche, le Front républicain a contenu le RN. A noter qu’entre les deux tours, la diabolisation de LFI a été mise en pause. Surtout dans les circonscriptions où il s’est retiré au profit des macrono-centristes.
Résultat, la gauche a, si l’on peut dire, la plus grosse minorité, avec 193 députés. On a pu ironiser sur les 15 jours qu’il a fallu aux partis concernés pour proposer une candidate. Mais les tergiversations macroniennes ultérieures ont permis de relativiser ce délai.
Immédiatement, veto non seulement du RN ou du LR, mais de tout ce qui reste de macronistes divers : blocage automatique si, horresco referens, elle envisageait des ministres LFI ! Mais voilà que c’est Mélenchon, lui-même, qui propose un soutien sans participation, jouant le Thorez du Front populaire de 2024. Et du coup, grande comédie, qui n’a ébranlé ni Bornstein, ni Saint-Cricq, qui n’a eu que peu d’écho dans nos plateaux de bavardages toutologiques, Bayrou et les autres de clamer que finalement, c’était cette première ministre avec les mesures qu’elle comptait prendre, dont ils refusaient d’entrée la nomination.
Donc les macrono-centristes, vu l’état de leur force, même avec l’appui de LR, ne pouvaient escompter bloquer L Castets qu’avec l’appui du RN !
Il n'y avait pas que les vilains LFI à ne pas trop aimer Cazeneuve - qui leur rendait bien - mais aussi le PCF, comme en témoigne cette, pas très bonne, caricature dans l'Huma, mais aussi les Verts, à cause de l'affaire Fraisse.
La candidate du groupe le plus nombreux éliminée, sans avoir eu même le droit de se présenter à l’Assemblée nationale, Macron a joué la grande valse hésitation un jour Bertrand, le lendemain Cazeneuve, avec quelques autres noms qui fuitaient – toujours nos cloportes – mais Bertrand ne convenait pas parce que… Mme Le Pen ne pouvant le souffrir, le RN ferait barrage.
Cazeneuve, alors ? Mais même en admettant que le PS ait donné un signe de neutralité clair, sans mettre quelques rappels de ce sur quoi il venait d’être élu, qui pourra expliquer sur quelle force il aurait pu s’appuyer ? Car là encore, les macrono-centro-philippins ont d’entrée déclaré qu’il mettrait leur veto si Cazeneuve touchait à la réforme des retraites, ou à la fiscalité. Le PS aurait donc dû appuyer la candidature Cazeneuve pour qu’il ne touche en rien à la politique voulue par les perdants de l’élection.
Ce sont d’ailleurs les encore plus perdants, les LR, forts de leurs 47 députés, qui ont vu l’un des leurs désigné. Et alors que les éditocrates et les toutologues nous expliquaient doctement que, dans la nouvelle configuration, le PS, oubliant ses alliés, devait chercher des convergences avec le centre, pour bâtir une mythique alliance de gouvernement, le pauvre Barnier se heurte, comme Cazeneuve, aux exigences de ce faux centre et vraie droite, représenté par Attal, qui exige qu’il respecte tout son programme, rien que son programme, sous peine de veto.
Le jeu, indécent et cynique, ne va pas durer. Il serait difficile, quelque soit l’inimitié entre eux, qu’Attal fasse échouer d’entrée, avant même le tour de piste parlementaire, le 1er ministre nommé par Macron. Il faudra quand même se souvenir que l’on va avoir un gouvernement ultra-minoritaire et qui ne tiendra qu’avec la bienveillance du RN et en droitisant, si faire se peut, la politique macronienne !