Ivresse de l'altitude à Bogota ? Délire de la persécution ? Voilà que Mélenchon déchaîné s’en prend à une reconstitution en 3 dimensions du visage de Robespierre. Et il se prend pour l’incorruptible.
« D’aucuns prétendaient avoir reconstitué le vrai visage de Robespierre*. « Avec le logiciel du FBI** » ! Résultat, (…) une tête bien peu engageante (…). Vieille ruse de l’iconographie, dont je fais les frais plus souvent qu’à mon tour : la laideur du visage est censée révéler la laideur de l’âme ! C’est le but que se proposait Madame Le Pen quand elle a dit de moi, de façon surprenante, que j’avais un « physique repoussant ». Sans doute la pauvrette m’aura-t-elle étudié dans les photos de presse. En voyant le prétendu masque de Robespierre, comme beaucoup, j’ai vite compris que c’était un épisode de plus de la lutte idéologique sur le sens du contenu de la Grande Révolution. (…) Et ces journalistes, ignorant comme des peignes, de commenter les traces de « petite vérole » sur le visage de l’Incorruptible. « Petite vérole », ça fait maladie vénérienne, vie déréglée. En réalité, il s’agit de la variole, maladie endémique des siècles durant. Ce détail situe le niveau de la bassesse auquel est située cette opération de communication débile. (…). Tout ceci est fait d’enjeux très concrets. Disqualifier Robespierre, c’est depuis toujours disqualifier la Révolution (…) C’est un combat pour l’hégémonie culturelle d’autant plus nécessaire aujourd’hui que les solfériniens sont en train de faire franchir un seuil crucial au démembrement du cadre républicain de la Nation » (extraits du blog, c’est moi qui grossit)
Pas mégalo pour un sou, l’imprécateur qui compare les attaques qu’il a subies de la part de la dame Le Pen avec ce dont Maximilien Robespierre aurait été victime post mortem, dans cette reconstitution en 3 D du visage de l’incorruptible. Et tout cela aboutit à se déchaîner contre les solfériniens, c’est-à-dire le PS. Non sans l’attaque, rituelle aussi, contre les journalistes ignorant comme des peignes (comparaison inédite).
Sauf que, ceux qui ont parlé de « petite vérole » ont bien retenu leurs leçons d’histoire : terme qu’employait notre maître François Lebrun pour parler de Robespierre aux nuls de M’, en nous expliquant que ce terme désignait la variole. Si mes souvenirs sont bons, Louis XV aussi était marqué par cette petite vérole.
Mais revenons à notre Robespierre en 3D.
Son auteur, Philippe Froesch est un spécialiste des reconstructions faciales à partir de données réelles : il a par exemple recréé le visage de Henri IV à partir de son crâne supposé, reconstitué un homme préhistorique, redonné vie au visage de Simon Bolivar**… Pour restituer le visage de Robespierre en trois dimensions, il est parti de la copie d’un masque funéraire* du membre le plus éminent du comité de salut public se trouvant au Muséum d'histoire naturelle d'Aix-en-Provence.
Donc quand, le lider maximo du PdG affirme que la reconstitution est loin des portraits de l’époque, tel un vil journaliste, il ignore l’existence de ce masque.
Tout ébaudi, P. Froesch réfute les accusations de manipulation et assure qu’il "n’y a aucune volonté d’obscurcir le visage du personnage". "Il s'agit d'une reconstruction faite de façon la plus indépendante possible de tout critère psychologique ou autre (..) On observe des poches sous les yeux, les yeux bouffis, les marques de l'image de synthèse sont exactement celle qu'on retrouve sur les masques mortuaires. Il faut prendre l'image pour ce qu'elle est, un instantané…" (Le Lab-Europe 1)
Heureusement pour Mélenchon, le ridicule ne tue pas. Sa grotesque comparaison entre son importante personne et une figure aussi éminente que controversée de la Révolution française va provoquer l’émoi admiratif de ses séïdes. Et tant pis pour le malheureux Froesch victime collatérale de ces imprécations éructées depuis Bogota.
* Anne-Marie Grosholtz a réalisé ce masque de cire sur la tête de « l'incorruptible », après sa décapitation, le 10 thermidor. La dame se maria ensuite avec un certain François Tussaud et traversa la Manche. Elle ouvrira à Londres, sur Baker street, ce qui deviendra l'ancêtre du mondialement célèbre musée de cire, Madame Tussauds ! Peut-être peut-on mettre en doute l'authenticité de ce masque mortuaire, comme le remarque l’excellent A. Korkos qui m’a mis sur la piste de cette nouvelle mélenc(h)onnerie : « Car le bas de son visage y apparaît tout à fait normal, alors qu'on sait que la veille de son exécution Robespierre eut la mâchoire fracassée par une balle de pistolet ou de fusil ». La future Mme Tussaud s’est-elle contentée de retoucher le moulage ? ou bien, comme le dit Froesch "Les médecins qui soignèrent Maximilien Robespierre le 9 Thermidor ne parlent d’aucune manière d’un visage détruit comme le laissent supposer faussement certains, ni d’un trou béant".
** P. Froesh ne mériterait-il pas, non seulement l'indulgence, mais l'admiration de l'imprécateur ?
Méchanlon, ignorant comme un peigne, ne sait donc pas qu'il a procédé à la reconstruction faciale de Simón Bolívar à partir de mai 2011 avec la réception des images du scanner de la tête réalisé par l'équipe scientifique dépêchée dans ses locaux par la vice-présidence de la République Bolivarienne du Vénézuela (à l'époque, sauf erreur, le vice-président était Maduro). L'objectif du rendu était de visualiser Bolívar dans la quarantaine.
Le volume du nez a été calculé grâce à 6 équations régressives développées par le FBI - horresco referens - et basées sur les mesures crâniennes du sujet.
Les images finales ont été dévoilées par le président Hugo Chavez en juillet 2012 lors d'une cérémonie officielle à Caracas.
Après le masque de P. Froesh, c'est un jeu vidéo qui subit les foudres de l'imprécator et d'un de ses séides :
Mélenchon s'emporte (un peu vite) contre Assassin's Creed Unity
commenter cet article …