Un mal qui répand la terreur,
Mal que le peuple en sa fureur
Inventa pour punir le monde des affaires
La grève (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
Capable de ruiner en un jour la Nation
Faisait aux usagers la guerre.
Ils n’en souffraient pas tous, mais tous étaient chagrins.
Macron tint conseil et dit : mes amis
Je crois que la France a permis
Pour nos erreurs cette infortune ;
Que chacun d’entre vous s’explique
Et que le premier Ministre
D’abord, fasse son auto-critique.
Hé bien, déclara celui-ci,
Satisfaisant mon goût pour la réformation,
J’ai tondu comme des moutons
Le chômeur et le salarié.
Et même il m’est quelquefois arrivé
D’agacer le Berger.
Edouard, tu es un trop bon chef
Répondit sitôt le Medef.
Tondre le salarié, le chômeur,
Sottes espèces,
Est-ce une erreur ? Non, non
Et vous leur fîtes, mon cher Philippe,
En les tondant beaucoup d’honneur.
Quant au Berger, l’on peut dire
Qu’il est bon de le houspiller
Étant de ces gens-là qui sur le patronat
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Medef, et médias d’applaudir.
On n’osa trop approfondir
Des ministres et leurs conseillers
Du moindre secrétaire d’Etat,
Les moins pardonnables décrets.
Tous ces gens de pouvoir,
Aux dires des rois de l’encensoir,
Étaient de bons petits soldats.
Une caissière vint à son tour et dit : J’ai souvenance
Qu’en un jour de bonté, qui sait ?
Et poussée par quelque pitié
Devant une telle détresse
Je détournai pour une pauvresse
Un petit pain au chocolat
Que j’offris à la malheureuse.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.
À ces mots on cria haro sur la vendeuse.
Un D.R.H. plutôt sévère
Livra aussitôt la caissière
À nos forces de police.
Et fut nommé pour ce haut-fait,
Ministre de plein exercice.
Ainsi que vous soyez
Gens de rien ou bien en cour
Les accidents de vos parcours
Vous feront graine de gréviste
Ou un potentat de service.
LA FONTAINE
pcc Yoland Simon
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