La dissolution, si l’on en croit son auteur, avait un but de clarification. Elle a abouti à une double clarification, hélas non compatible.
Rejet du macronisme d’un côté, barrage au RN de l’autre !
1ère clarification, le rejet de Macron !
Ou plutôt confirmation de l’élection européenne où la liste macroniste plafonnait à 14,6 %, marquant le rejet de la personne même de Macron et de sa politique, avec au 1er tour des législatives 2024, 20,4 %, soit 1/5e des suffrages exprimés, pour les macronistes. Rejet à gauche avec 28 % et rejet à l’extrême-droite 33 % !
2iéme clarification, le rejet du RN !
Le Front républicain qu’on croyait en état de mort clinique, à l’initiative du NFP, a fonctionné : sur les 215 circonscriptions où des candidats se sont désistés face à la présence du RN au second tour, dans 173 le RN a été battu. Et dans ces 173 circonscriptions, le désistement a bénéficié à 86 candidat-e-s Ensemble (macronistes) et à 30 LR ou alliés contre seulement 57 NFP !
Les estimations des reports de voix font apparaître que dans ces circonscriptions les électeurs NFP se sont reportés à 70 % sur un candidat LR et 78% sur un Ensemble. La réciproque n’est pas vraie : dans le scénario d'un second tour opposant un candidat d'extrême droite à un candidat socialiste, écologiste ou communiste, un peu plus de la moitié (54%) des électeurs Ensemble ont participé au front républicain ; ils ne sont que 43% à avoir voté pour le candidat de gauche LFI au second tour.
Ne parlons ni de morale, ni de simple honnêteté, deux mots qui feraient ricaner nos cyniques « cloportes » de cabinets, mais la simple arithmétique eût voulu que le NFP voit sa candidate nommée par ce président désavoué et qui ne sauvait quelques troupes que grâce au Front républicain.
Que nenni ! après moult contorsions, ridicules consultations à répétition, noms jetés en pâture aux talk shows divers, il nous sort de son chapeau troué de piètre magicien, le lapin Barnier. Pas le lapereau de l’année ! L’ex commissaire européen – excellent négociateur du Brexit – a depuis viré aux idées RN light*, sans même la touche sociale qu’on prêtait, à tort ou à raison, à Bertrand. Il ne peut passer le stade du vote de confiance qu’avec la neutralité du RN (et, bien sûr, l’appui du LR dont il est issu).
RN auquel Macron a confié en fait un droit de veto. Et il a doublement bafoué les résultats des scrutins qui marquaient le rejet de sa politique et un barrage net au RN. Et d’un 2ième tour qui plaçait le NFP en tête.
* Pendant sa campagne [aux primaires LR en décembre 2021], il prend des positions surprenantes, orthogonales à ses convictions européennes. Sur les questions migratoires, il appelle à « retrouver une souveraineté juridique pour ne plus être soumis aux arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne ou de la Cour européenne des droits de l’homme ». Destinés à plaire aux militants LR, réputés plus à droite que leurs élus, ces propos suscitent l’incompréhension à Bruxelles, où l’ancien commissaire se voit accusé de cynisme et de démagogie.
Le Monde
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