Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 avril 2009 3 08 /04 /avril /2009 13:31

Pascal Bouchard (ToutEduc), auteur notamment d'un indispensable Anti-manuel d'orthographe, nous fait part d'un coup de cœur pour cet ouvrage d'A. Pérez-Reverte.

 


Arturo Pérez-Reverte est, comme son nom l'indique, espagnol. Il a lu tout ce qu'il a pu trouver, jusqu'au fin fond des archives, sur la journée du 2 mai 1808 qui vit le petit peuple de Madrid se révolter contre l'occupation française, et, disons-le, la parfaite imbécillité de Marat, duc de Berg, qui ne comprend rien à ce qui se passe. Les Espagnols non plus ne comprennent rien. La bonne société est dans un état avancé de décomposition et de compromission. Les intellectuels attendent avec impatience que Bonaparte, l'héritier des lumières, les débarrasse d'une aristocratie bornée et du poids d'une Eglise qui ne l'est pas moins. Mais les soudards portent bien mal l'étendard de la libération. Quant à l'armée espagnole, elle n'aime pas la populace, et se méfie des insurrections populaires. Elle hésite. Sauver l'honneur, et se suicider aux côtés des maçons, des jardiniers et autres commis boutiquiers qui se jettent sur les mamelouks ou les hussards, et les tuent avec leurs navajas, leurs couteaux de cuisine, voire leurs ciseaux de couture pour les femmes... ou obéir aux ordres et rester dans les casernes?
Heure par heure, minute par minute parfois, Arturo Perez-Reverte suit chacun des personnages dont il a retrouvé les noms, et la relation des faits et gestes, dans la masse de la documentation qu'il a réunie. Et c'est fascinant. Il y a le récit, parfaitement mené par un très grand écrivain, d'une bataille vécue tantôt dans la rue, au plus près des coups de sabre, et des entrailles des chevaux et des hommes qui se confondent dans l'horreur, tantôt dans les salons de Marat, ou dans le cabinet de travail d'un écrivain, ou du haut du balcon où Goya suit le déclenchement d'une guerre dont il va croquer les "désastres" durant les 8 années qui suivront. Mais plus encore, est fascinant le désir de l'auteur de donner un tombeau, et de restituer leur nom à chacun de ces hommes et de ces femmes, de ces enfants parfois, tombés dans la confusion d'une bataille sans chefs ni logique militaire. Dans l'inhumanité des massacres et des exécutions sommaires, l'auteur invente une forme d'humanisme.

 

Un jour de colère Arturo Pérez-Reverte (François Maspero Traducteur) Le Seuil

 

Partager cet article

Repost0

commentaires

Présentation

  • : Deblog Notes de J. F. LAUNAY
  • Deblog Notes de J. F. LAUNAY
  • : Education, laïcité, politique et humeurs personnelles, en essayant de ne pas trop se prendre au sérieux.
  • Contact

Nota Bene

Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.

Recherche

Nelle Formule

Overblog - hébergeur du deblog-notes - a réussi l'exploit de lancer une nouvelle formule qui fait perdre des fonctions essentielles de la version précédente. Ainsi des liens vers des sites extérieurs disparaissent (désolé pour  Koppera, cabinet de curiosités, ..). Les albums se sont transformés en diaporamas, avec des cadrages coupeurs de têtes. La gestion des abonnés et des commentaires est aussi transparente que le patrimoine de Copé. Et toutes les fonctions de suivi du deblog-notes - statistiques notamment - sont appauvries.