Depuis le 6 Mai, la droite est restée en campagne électorale ultra-droitière sans interruption. Sa nouvelle défaite aux législatives ne l'a pas empêchée de poursuivre un procès la gauche en illégitimité. Ces outrances ont été orchestrées par les médias oublieux des nombreux aléas du sarkozysme vibrionnaire. Le prétendu "couac" d'Ayrault sur les 35 h est une nouvelle pierre dans la lapidation médiatique de la gauche au pouvoir.
Sur FR 2 lundi (29/X), dossier, la baisse des revenus des salariés bénéficiant d’HS : avant que le journaliste expert nous donne ses chiffres, un reportage bien sûr : d’abord un serveur de bistro qui affirme sans rire qu’il a perdu 300 euros avec la remise en place des cotisations sociales, entre les deux un ouvrier du bâtiment à qui son patron va gentiment expliquer pourquoi il perd tant de plumes et enfin un chef de chantier, toujours du BTP, qui lui dit perdre 100 euros mensuel ! Et quand le journaliste spécialiste intervient il nous explique que pour les niveaux de salaires correspondant aux cas évoqués les pertes seraient en fait de 40, 48 et 80 euros, répétons-le sur des salaires de l’ordre de ceux des interviewés. Donc, de l’aveu implicite de la chaîne, un reportage complétement bidonné !
Mardi, le prétendu « couac » de J. M. Ayrault. Avec notamment une réaction de Fillon et personne pour lui rappeler qu’il a été 1er ministre pendant un quinquennat et que, si les 35 h étaient une telle calamité, on se demande pourquoi il n’a pas opéré ce passage aux 39 h qu’Ayrault, prétendument était censé souhaiter. Mais le pire vient après : le présentateur laisse à nouveau la parole à un autre journaliste expert qui nous fait le nouveau jeu du Vrai/Faux : les 35 h ont-elles créé des emplois VRAI mais 350 000 au lieu des 700 000 promis (objection votre déshonneur : combien de suppressions d’emplois ont-elles évitées ?) ; mais le pire dans la malhonnêteté intellectuelle est atteint quand le jeune sous-Pujadas demande si elles pèsent sur la fameuse compétitivité des entreprises : VRAI bien sûr répond le soi-disant expert, puisqu’elles doivent payer 35h pour 39h ; mais, ayant oublié dans sa fièvre idéologique le principe de non contradiction, il nous assène pour conclure que cette mesure coûte 22 milliards à l’état. Or, ce coût compense justement le passage de 39 à 35 h. L’état compense, mais le journaliste impute aussi la même somme aux entreprises.
La nouvelle édition de Canal + avait aussi abordé, avec Nicolas Domenach, le « couac » du premier ministre, avec « danse des canards » en rengaine plutôt sciante. Commentaires assez goguenards sur un entretien de M. Sapin avec l’ineffable Aphatie sur RTL. Citation tronquée du Parisien. Et oubli surtout de l’explication même d’Ayrault sur ce retour aux 39 h : « Un lecteur du Parisien me pose cette question. Je dis qu’il n’y a pas de sujet tabou. Simplement, ce n’est pas le point de vue du gouvernement. Il n’est pas question de revenir sur les 35 heures parce que ce n’est pas la cause de nos difficultés. ».
Ne parlons pas du soi-disant chroniqueur économique qui surpasse, dans la caricature, la marionnette Silvestre, symbole du libéralisme le plus cynique aux guignols. Dans le style péremptoire et donneur de leçons, même Aphatie peut aller se faire voir. C’est dire, car il fallait le voir faire la leçon à Michel Sapin, au Grand Journal, le 15 octobre. Là, le chroniqueur, Marc Fiorentino – c’est le nom de ce soi-disant économiste – entre autres énormités que même un Madelin n’oserait proférer, a traité Martine Aubry de nulle en économie et Fleur Pellerin de totale incompétente. Tout en approuvant les gros patrons qui exigent, à juste titre bien sûr, 30 milliards d’économies sur le budget de l’état. Il ricanait aussi sur les 35 h.
Inutile de rappeler à cet idéologue, sarkozyen affirmé, que, d’une part l’escadrille de gros patrons n’a aucune légitimité – en tout cas pas plus que le citoyen lambda – pour décider du budget de l’état. Ne lui en déplaise, c’est aux élus de la nation de le faire. Faut-il rappeler à ces faux-pigeons que s’ils ont le droit absolu de réclamer des baisses de charges, ils n’ont pas à décider de leur éventuelle compensation (surtout en prônant aussi bêtement une mesure sarkozyste, hausse de la TVA, qui appauvrirait tous les ménages) ? Leur rappeler aussi que si leurs salariés leur réclamaient des hausses de salaires aussi massives que les baisses de charges qu’ils exigent, ils pousseraient des cris d’orfraie ?
Et ni le journal de FR2, ni Domenach ne relèvent les propos grotesques d’un Copé « Je découvre qu’il reprend aujourd’hui le programme que nous avons mis en avant sur les 35 heures. » Eh quoi, ces 35 h dont Copé et l’UMP n’ont cessé de dire tout le mal qu’ils en pensaient, que ne les ont-ils abrogées pendant les cinq dernières années ? L’arrogant Fiorentino aurait pu, aux nuls que nous sommes, nous expliquer ce mystère !
Ayrault a eu beau jeu de rappeler à la droite « Vous avez perdu la mémoire. Non seulement vous n’avez pas abrogé la loi sur les 35 heures, mais vous l’avez élargie aux TPE. Vous êtes très fort en manipulation ». Sauf que ces propos ne seront pas repris et que le dénigrement systématique à l’encontre du président et du gouvernement, entamé d’entrée par une droite qui juge la gauche illégitime, mais orchestrée par les médias, va se poursuivre.
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