Dernier hoax – du style boule puante – circulant sur la toile : les rémunérations fabuleuses des membres de la commission Jospin-Bachelot*.
« M. Jospin serait rémunéré à hauteur de 122 000 € pour ce travail difficile. Madame Bachelot 92 000 € et les autres auront 80 000 € (…) [Les consultants] toucheront une indemnité de 35 000 € » et qui trouverait-on parmi ces consultants ? Mme S. Agacinski et M. P. Bachelot. En tout cette commission coûterait « 2 444 000 € sans compter les frais annexes de ces personnes ». La conclusion caractérisait l’hoax : "Le président normal fait travailler les copains et copines. Et vous, vous allez gagner des taxes, taxes, taxes et IMPÔTS. Faites passer le message, il faut faire le travail que la presse gauchiste refuse de faire…" !
Ce n’est pas le premier hoax post-électoral. Ainsi circule à bas-bruit, de courriel en courriel, une rumeur tout aussi grotesque sur la transformation des fauteuils des Falcons 900 présidentiels pour y loger des bouteilles de champagne, les cendriers étant transformé, eux, en emplacement réfrigéré pour loger le caviar.
Ce genre de calomnies, il faut le dire aussi, a circulé après 2007, visant Sarkozy. Ainsi du fameux « La direction des services fiscaux vient de le confirmer : Sarkozy ne paye aucun impôt depuis plus de douze ans. », message parfaitement mensonger. Ou un autre sur un frère de Sarkozy, prétendument PDG de Biogaran, filiale générique du groupe Servier.
Mais a aussi longuement traîné – et repris pendant la campagne par Sarko lui-même – l’accusation à l’encontre de Martine Aubry, Maire de Lille, de réserver des créneaux horaires, pour les femmes musulmanes, dans les piscines de Lille. C’est faux. Il ne pouvait l’ignorer, car Denise Cacheux avait envoyé une vigoureuse lettre de démenti à ce cacoglotte de Copé qui répandait la même rumeur à fort relents identitaires.
Bien sûr, la campagne présidentielle vit s’épanouir, après avoir germé dans le fumier d’un cabinet noir, ces fleurs vénéneuses et contondantes.
Ainsi des revenus fabuleux de François Hollande ou de Jean-Luc Mélenchon (hoax recyclés, puisque le 1er était dit encore Maire de Tulle alors qu’il présidait le conseil général de Corrèze et le second sénateur, alors qu’il était devenu député européen).
Et les boules puantes post électorales peuvent aussi venir de la soi-disant « gauche de la gauche ». Ainsi a circulé un long message sur la candidature de Robien à la Direction générale du Bureau international du travail (BIT). Avec ce commentaire « Ci-dessous, un message transmis par notre camarade Simone F. Ces socialistes !! Ils ne changeront vraiment jamais. Non, non, jamais. Fraternellement. JC C. » Le message prétendait que Hollande aurait soutenu cette candidature en vue de la conquête de la mairie d’Amiens. Or de Robien avait été battu aux municipales en … 2008. Il était membre du conseil d’administration du BIT depuis août 2007 et sa candidature au poste de directeur général du BIT datait de 2011 !
Un hoax signé Copé ?
C’est une journaliste du « gauchiste » Figaro qui, sur son blog, dans un article intitulé « Commission Jospin : halte à la rumeur », affirme : « Eh bien tout ceci est faux, totalement faux, archi-faux Les 14 membres de la Commission sont tous bénévoles. Ils travailleront dans des locaux de la République mais leur tâche ne donnera lieu à aucune rémunération ni remboursement de frais.
Il y a eu assez d’ « affaires » politiques pour ne pas ajouter de la calomnie là où il n’y a simplement (et quoi qu’on pense du principe de ces Commissions) que des personnalités qui ont eu envie de répondre à la demande de François Hollande. » Ce qui ne peut convaincre un certain Jean-Patrick Grumberg de « Dreuz info » (site "pro-américain, pro-israélien et néo-conservateur" dont le maître à penser est Pierre-André Taguieff) : "Il n’est plus possible de les croire, ces journalistes putains du pouvoir, puisqu’ils votent à gauche et que personne n’imaginent qu’ils critiqueront leurs maîtres."
Il faut au moins reconnaître à ce Grumberg l’audace de signer une telle niaiserie. Car l’hoax, lui, est anonyme (ou attribué mensongèrement à un auteur ou institution qui n’y sont pour rien). Sauf qu’en l’occurrence, si on en croit le Canard enchaîné, l’une des victimes, Roselyne Bachelot, n’a aucun doute sur son origine. « En dépit de nos démentis, ceux de Jospin, de moi et de l’Elysée, cette rumeur continue de se propager sur Internet et les réseaux sociaux, y compris avec des insultes et des propos malveillants à mon égard. Je suis sûre que cela vient de l’UMP. » "Curiosité : cette méchante rumeur a été relayée sur les réseaux sociaux par des proches de Copé", ajoute le Canard.
Mais pour une calomnie comme celle-ci qui apparaît au grand jour, combien Piano, piano, piano, piano, piano vont s'enfler, s'enfler en grandissant dans les égouts d’Internet ? De listes de diffusion en listes de diffusion, la rumeur va crescendo et pollue les cervelles, et pas que des bacs – 5, modèle Estrosi, qui la relaient, avec parfois un soupçon de restriction mentale (C’est peut-être un hoax, mais…). Elle conforte le vieux fond poujadiste et xénophobe des identitaires. Bouillonnement fétide qu’alimentent sciemment des cyniques comme ceux que dénonce Mme Bachelot.
Sources :
Le Canard enchaîne du 1er août 2012
Arrêt sur images, vite dit, 27 juillet 2012
L’air de la Calomnie de Rossini (livret de Sterbini d'après la pièce de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais)
* Commission pour "la rénovation et la déontologie de la vie publique"
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