Ouest-France 20 mars 2016
Comme il se doit, la grenouille de bénitier, Jeanne-Emmanuelle Hutin, éditorialise dans Ouest-France de ce saint dimanche des rameaux sur le « lynchage médiatique » du pauvre Barbarin, martyr. Avec diversion vers l’Education nationale et affirmation controuvée sur des positions de l’église devenues intransigeantes à partir de 2000.
Que l’éducation nationale ait eu tendance – tout comme l’église – à traiter les affaires de pédophilies en son sein par la loi du silence et à déplacer le fautif plutôt que le radier est indéniable.
Cependant il est d’une extrême malhonnêteté intellectuelle que d’opposer l’affaire du professeur de mathématiques de l’Essonne à celle des prêtres pédophiles du diocèse de Lyon. Certes l’enseignant bien que condamné en Grande-Bretagne pour relation sexuelle avec mineur a été réintégré dans l’Education nationale en 2006. Mais cela à cause d’un dysfonctionnement d’une instance paritaire – c’est-à-dire composée à part égale de représentants du personnel et de l’administration – qui a été abusée, en 2007, par une présentation fallacieuse du dossier, auquel elle n’avait pas directement accès. La hiérarchie de l’éducation nationale – si ce n’est le Recteur local abusé comme les 34 autre membres de la Commission académique paritaire siégeant en instance disciplinaire – n’est aucunement impliquée. Et, dans un état de Droit, il est heureux que la radiation ou pas d’une fonction ne soit pas laissée à l’arbitraire d’une autorité mais confiée à des instances, ce qui ne met pas lesdites instances à l’abri d’une erreur. Gilles de Robien, Ministre de l’EN en 2007, n’est évidemment pas responsable de la réintégration du prof condamné en Grande-Bretagne et encore moins Najat Valaud-Belkacem qui a découvert le cas au moment de la nouvelle inculpation du professeur.
En revanche, dans le fonctionnement des diocèses ou des ordres religieux, ce sont bien des supérieurs qui ont décidé de fermer les yeux. Faut-il rappeler le cas de Marcial Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ et qui, bien qu’il était dèjà connu comme un prêtre fornicateur, père de famille, pédophile y compris avec ses propres enfants, était béni par Jean-Paul II, car un allié dans sa lutte contre la théologie de la Libération en Amérique Latine ? Loi du silence dont se glorifiait encore assez récemment un Pican, évêque de Bayeux-Lisieux .
"Je vous félicite de n’avoir pas dénoncé un prêtre à l’administration civile. Vous avez bien agi, et je me réjouis d’avoir un tel confrère dans l’épiscopat, qui (…) aura préféré la prison plutôt que de dénoncer son fils prêtre." le félicitait même le cardinal Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé au Vatican ! Illustration jusqu’à la caricature de cette loi du silence mafieuse et c’est écrit en 2001 !
Autre insinuation : Barbarin serait victime de son rôle en pointe dans le combat contre le mariage pour tous !
Eh quoi ! celui qui clamait que le diabolique mariage de personnes de même sexe mettaient les enfants en péril ne devrait pas, en boomerang, se voir retourner ses propos outranciers ? Propos qui d’ailleurs anticipaient ceux de Marion Maréchal-Le Pen puisqu’il clamait que le mariage gay allait ouvrir la porte à la polygamie !
Or ce grand défenseur de l’enfance et de la famille traditionnelle en péril, au lieu de nommer aumônier d’une maison de retraites de bonnes sœurs ses prêtres pédophiles, leur aurait confié des responsabilités élargies et qui surtout les maintenaient au contact d’enfants et ados.
Ce n’est certes pas à un premier ministre de décider si cet évêque doit démissionner. Mais à la Justice de décider si, comme l’évêque Pican, il est coupable de non dénonciation de crimes et éventuellement au Vatican de s’inquiéter d’une gestion pour le moins hasardeuse des prêtres de son diocèse.
Mais il y a quelque indécence à présenter ce prélat comme victime, fût-ce d’un prétendu lynchage médiatique.
Alors qu’il n’est victime que de ses outrances qui laissent moins excusables ses négligences !
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