Bien que nous ayons cessé l’abonnement au site d’Arrêt sur image (@si), je reçois toujours la gazette hebdomadaire qui, cette fois, se fait l’écho d’une polémique interne entre le fondateur, Daniel Schneidermann, et Judith Bernard qui a lancé une émission annexe, « Hors série ». Objet du litige, un scientifique belge Jean Bricmont, contempteur de la Loi Gayssot qui condamne le négationnisme.
Quand l’émission de la 5, Arrêt sur images, avait été brutalement chassée des étranges lucarnes, nous avions manifesté notre soutien. Dès qu’elle se fut reconvertie en site payant nous avions souscrit. Mais la mauvaise foi – de notre point de vue – de plus en plus flagrante de son fondateur-animateur, l’agressivité hargneuse de ‘forumeurs’ bogôs qui reflétaient les positions du maître, rendaient l’écot payé de plus en plus pénible. L’affaire Cassez où, de bout en bout, la malhonnêteté intellectuelle de Schneidermann fut flagrante, aura été la fameuse goutte d’eau qui, comme on le sait de tout temps, fait déborder le vase, ce qu’on appelle aussi, plus modestement, ras-le-bol.
Donc, point ne vîmes un quelconque « Hors série ». Mais là, miracle, une fenêtre sur la réponse de Judith Bernard aux reproches de Schneidermann était en accès libre, mais temporaire.
L’invité donc était un certain Bricmont, scientifique belge, défenseur de Noam Chomsky quand il fut victime d’un procès pour être apparu comme partisan du négationniste Faurisson (procès biaisé puisque Chomsky défendait, de façon très étatsunienne, la totale liberté d’expression et il fut présenté comme adoptant les thèses du négationniste).
Jean Bricmont, depuis, est devenu une figure assez appréciée du site de Soral. Ainsi est-il interrogé sur « l’implication du réseau sioniste mondial par rapport à l’émergence de l’ISIS – entendez le pseudo état islamique – en Iraq et en Syrie ». Il répondra qu’au moment de la crise des armes chimiques en 2013, la pression aux États-Unis pour intervenir en Syrie, provenant des milieux sionistes, était vraiment massive. Certes il ne faut pas confondre anti-sionisme et anti-sémitisme, mais ce réseau sioniste mondial ne peut manquer d’évoquer le complot judéo-maçonnique (cher aux prédécesseurs de Soral dans les années 30 du siècle dernier).
Dans l’émission, notre scientifique, pour dénoncer la Loi Gayssot, objet de son ressentiment, évoque des historiens dont l'un est adoubé par Vidal-Naquet. Leur thèse ne serait pas éloignée de celle des négationnistes*. Quelques millions de juifs et de tsiganes, quelques centaines de milliers d’homosexuels n’auraient été victimes que des malheurs des temps (je schématise, bien sûr, mais des extraits que cite Bricmont, c’est ce qui semble ressortir). Judith Bernard, responsable de l’émission, argumente avec talent. Mais emporte difficilement la conviction.
Mais quand, Bricourt déclare ailleurs : « Est-ce que c'est antisémite, de se poser la question, de comment se fait-il qu'une personne, peut-être parfaitement neutre, etc., d'origine juive, prend seule la décision d'annuler le spectacle de Dieudonné hier au Conseil d'État ? Que dirait-on si une personne d'origine musulmane décidait seule dans un procès ayant à voir avec les caricatures du prophète ? Que dirait-on si une personne d'origine catholique seule décidait dans des procès ayant à voir avec des spectacles dits christianophobes ou sur la question du mariage pour tous ? » et qu’elle essaie de le défendre, quoi qu’il m’en coûte, je dois avouer, volens nolens, que je suis, sur ce coup, du côté de Schneidermann.
Car là le propos est clairement, indubitablement, antisémite.
De quoi s’agit-il ?
Le juge du Conseil d’état se nomme Bernard Stirn. Or M. Stirn est l’arrière petit neveu d’Alfred Dreyfus. Comme quoi l’ignominie… car c’est uniquement à partir de ce patronyme que l’invité de l’émission échafaude une hypothèse outrageante sur la neutralité du juge. « Ce sont toutes les appartenances confessionnelles qui sont envisagées comme étant susceptibles de troubler l’apparence de neutralité. » le défend J. Bernard**. Sauf qu’il ne s’agit aucunement « d’appartenance confessionnelle » ici ! S’appeler Stirn n’implique aucune appartenance religieuse, pas plus que s’appeler Lévêque ou Zidane. Le devoir de neutralité du service public de la Justice ne peut être mis en doute sur un patronyme. La question ne se pose même pas de savoir s’il a été ou non élevé dans la religion juive ou autre par un père Préfet de la République. Il ne se promène pas avec une kippa au Conseil d’état !
M. Bricmont est-il antisémite ?
En tout cas, son propos sur le juge du conseil d’état l’est. Le fait qu’une page du site de Soral lui soit consacrée ne prouve pas non plus son antisémitisme – d’autres ont cet honneur comme Michéa, icône de Mme Ancelin du Nouvel Obs – mais la complaisance qu’il met à répondre à son intervieweur soralien, oui !
En fait, cette émission est la caricature de beaucoup d’éditos du maître. Schneidermann s’est fait doubler par le bas-côté droit sur l’autoroute de l’anti pensée-unique-bien-pensante-boboïsée qui est son itinéraire favori ! Et Judith Bernard sait faire preuve d'une mauvaise foi égale à celle de son ex-mentor.
* La malhonnêteté intellectuelle de Bricmont est relevée par le journaliste Eric Conan, dont un extrait d'un de ses articles est cité, citation hors contexte à laquelle l'invité de "Hors série" fait dire tout l'inverse de ce qu'il dit clairement : en bref, du temps de la domination communiste en Pologne, les soviétiques ont procédé à une reconstitution d'une chambre à gaz totalement erronée, reconstitution fausse donc, dont Eric Conan dit qu'elle sert de prétexte aux négationnistes pour nier les chambres à gaz. Mais son article rappelle clairement que les chambres à gaz ont bien existé et que des centaines de milliers de juifs ont bien été exterminés à Auschwitz-Birkenau.
** Elle cite, toujours pour défendre ces propos de l’invité de son émission, « l’article 6 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, tel qu’il est interprété par la Cour européenne de Strasbourg, qui exige aussi du juge une impartialité que l’on qualifie d’objective c’est-à-dire que le juge ne doit pas seulement être impartial mais il doit également donner l’image de l’impartialité. (…) Ainsi une partie pourra demander à un magistrat de ne pas examiner une affaire sans devoir l’accuser d’être personnellement de parti pris mais simplement en démontrant que la partialité est apparente. » Sans être expert en jurisprudence, on devine que la seule allégation de l’origine confessionnelle supposée à partir du nom du juge comme démonstration d’apparence de partialité serait difficilement recevable, pour rester dans l’euphémisme.
NB BOGÔS, s'inspirant d'une formule de Mitterrand sur le CERES de Chevénement "Un faux parti communiste avec de vrais petits bourgeois", désigne les vrais petits BOurgeois qui se la jouent vraie GÔche autolabellisée.
Archiprévisible Schneidermann
Le petit journal de C+ ayant fait une spéciale Denisot hier soir (06/10/14), j'ai commis un message à l'attention de l'asinaute-chef :
Le 6 octobre 2014 21:11, Jean-François LAUNAY <jf.launay@wanadoo.fr> a écrit :
de : Jean-François LAUNAY (mail : jf.launay@wanadoo.fr)
9 h 15
---------------------------
J'ose espérer que vous allez dénoncer, dans votre 9 h 15 de demain
07/10/14, ce "Petit journal" de ce soir où Yann Barthès a fait preuve
d'une complaisance scandââââleuse pour celui qui lui a mis le pied à
l'étrier de la bobospère canalplusienne, l'horrible Denisot, dont vous
saviez dire, en son temps, tout le mal qu'il fallait en penser !
J'ai hâte de vous lire.
JF Launay
social-traître et bobo du bas-poitou
Eh bien, le lendemain - aujourd'hui donc, je recevais cette réponse :
Webmaster - Service clients
commenter cet article …