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4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 15:54
Judith Bernard, Jean-Bricmont, Daniel Schneidermann

Judith Bernard, Jean-Bricmont, Daniel Schneidermann

Bien que nous ayons cessé l’abonnement au site d’Arrêt sur image (@si), je reçois toujours la gazette hebdomadaire qui, cette fois, se fait l’écho d’une polémique interne entre le fondateur, Daniel Schneidermann, et Judith Bernard qui a lancé une émission annexe, « Hors série ». Objet du litige, un scientifique belge Jean Bricmont, contempteur de la Loi Gayssot qui condamne le négationnisme.

 

Quand l’émission de la 5, Arrêt sur images, avait été brutalement chassée des étranges lucarnes, nous avions manifesté notre soutien. Dès qu’elle se fut reconvertie en site payant nous avions souscrit. Mais la mauvaise foi – de notre point de vue – de plus en plus flagrante de son fondateur-animateur, l’agressivité hargneuse de ‘forumeurs’ bogôs qui reflétaient les positions du maître, rendaient l’écot payé de plus en plus pénible. L’affaire Cassez où, de bout en bout, la malhonnêteté intellectuelle de Schneidermann fut flagrante, aura été la fameuse goutte d’eau qui, comme on le sait de tout temps, fait déborder le vase, ce qu’on appelle aussi, plus modestement, ras-le-bol.

Bricmont, Loi Gayssot, antisémitisme et arrêt sur images

Donc, point ne vîmes un quelconque « Hors série ». Mais là, miracle, une fenêtre sur la réponse de Judith Bernard aux reproches de Schneidermann était en accès libre, mais temporaire.

 

L’invité donc était un certain Bricmont, scientifique belge, défenseur de Noam Chomsky quand il fut victime d’un procès pour être apparu comme partisan du négationniste Faurisson (procès biaisé puisque Chomsky défendait, de façon très étatsunienne, la totale liberté d’expression et il fut présenté comme adoptant les thèses du négationniste).

Jean Bricmont, depuis, est devenu une figure assez appréciée du site de Soral. Ainsi est-il interrogé sur « l’implication du réseau sioniste mondial par rapport à l’émergence de l’ISIS – entendez le pseudo état islamique – en Iraq et en Syrie ». Il répondra qu’au moment de la crise des armes chimiques en 2013, la pression aux États-Unis pour intervenir en Syrie, provenant des milieux sionistes, était vraiment massive. Certes il ne faut pas confondre anti-sionisme et anti-sémitisme, mais ce réseau sioniste mondial ne peut manquer d’évoquer le complot judéo-maçonnique (cher aux prédécesseurs de Soral dans les années 30 du siècle dernier).

 

Dans l’émission, notre scientifique, pour dénoncer la Loi Gayssot, objet de son ressentiment, évoque des historiens dont l'un est adoubé par Vidal-Naquet. Leur thèse ne serait pas éloignée de celle des négationnistes*. Quelques millions de juifs et de tsiganes, quelques centaines de milliers d’homosexuels n’auraient été victimes que des malheurs des temps (je schématise, bien sûr, mais des extraits que cite Bricmont, c’est ce qui semble ressortir). Judith Bernard, responsable de l’émission, argumente avec talent. Mais emporte difficilement la conviction.

Bricmont, Loi Gayssot, antisémitisme et arrêt sur images

Mais quand, Bricourt déclare ailleurs : « Est-ce que c'est antisémite, de se poser la question, de comment se fait-il qu'une personne, peut-être parfaitement neutre, etc., d'origine juive, prend seule la décision d'annuler le spectacle de Dieudonné hier au Conseil d'État ? Que dirait-on si une personne d'origine musulmane décidait seule dans un procès ayant à voir avec les caricatures du prophète ? Que dirait-on si une personne d'origine catholique seule décidait dans des procès ayant à voir avec des spectacles dits christianophobes ou sur la question du mariage pour tous ? » et qu’elle essaie de le défendre, quoi qu’il m’en coûte, je dois avouer, volens nolens, que je suis, sur ce coup, du côté de Schneidermann.

 

Car là le propos est clairement, indubitablement, antisémite.

 

De quoi s’agit-il ?

Le juge du Conseil d’état se nomme Bernard Stirn. Or M. Stirn est l’arrière petit neveu d’Alfred Dreyfus. Comme quoi l’ignominie… car c’est uniquement à partir de ce patronyme que l’invité de l’émission échafaude une hypothèse outrageante sur la neutralité du juge. « Ce sont toutes les appartenances confessionnelles qui sont envisagées comme étant susceptibles de troubler l’apparence de neutralité. » le défend J. Bernard**. Sauf qu’il ne s’agit aucunement « d’appartenance confessionnelle » ici ! S’appeler Stirn n’implique aucune appartenance religieuse, pas plus que s’appeler Lévêque ou Zidane. Le devoir de neutralité du service public de la Justice ne peut être mis en doute sur un patronyme. La question ne se pose même pas de savoir s’il a été ou non élevé dans la religion juive ou autre par un père Préfet de la République. Il ne se promène pas avec une kippa au Conseil d’état !

 

M. Bricmont est-il antisémite ?

En tout cas, son propos sur le juge du conseil d’état l’est. Le fait qu’une page du site de Soral lui soit consacrée ne prouve pas non plus son antisémitisme – d’autres ont cet honneur comme Michéa, icône de Mme Ancelin du Nouvel Obs – mais la complaisance qu’il met à répondre à son intervieweur soralien, oui !

 

En fait, cette émission est la caricature de beaucoup d’éditos du maître. Schneidermann s’est fait doubler par le bas-côté droit sur l’autoroute de l’anti pensée-unique-bien-pensante-boboïsée qui est son itinéraire favori ! Et Judith Bernard sait faire preuve d'une mauvaise foi égale à celle de son ex-mentor.

 

* La malhonnêteté intellectuelle de Bricmont est relevée par le journaliste Eric Conan, dont un extrait d'un de ses articles est cité, citation hors contexte à laquelle l'invité de "Hors série" fait dire tout l'inverse de ce qu'il dit clairement : en bref, du temps de la domination communiste en Pologne, les soviétiques ont procédé à une reconstitution d'une chambre à gaz totalement erronée, reconstitution fausse donc, dont Eric Conan dit qu'elle sert de prétexte aux négationnistes pour nier les chambres à gaz. Mais son article rappelle clairement que les chambres à gaz ont bien existé et que des centaines de milliers de juifs ont bien été exterminés à Auschwitz-Birkenau.

 

** Elle cite, toujours pour défendre ces propos de l’invité de son émission, « l’article 6 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, tel qu’il est interprété par la Cour européenne de Strasbourg, qui exige aussi du juge une impartialité que l’on qualifie d’objective c’est-à-dire que le juge ne doit pas seulement être impartial mais il doit également donner l’image de l’impartialité. (…) Ainsi une partie pourra demander à un magistrat de ne pas examiner une affaire sans devoir l’accuser d’être personnellement de parti pris mais simplement en démontrant que la partialité est apparente. » Sans être expert en jurisprudence, on devine que la seule allégation de l’origine confessionnelle supposée à partir du nom du juge comme démonstration d’apparence de partialité serait difficilement recevable, pour rester dans l’euphémisme.  

 

NB BOGÔS, s'inspirant d'une formule de Mitterrand sur le CERES de Chevénement "Un faux parti communiste avec de vrais petits bourgeois", désigne les vrais petits BOurgeois qui se la jouent vraie che autolabellisée.

 

 

 

Bricmont, Loi Gayssot, antisémitisme et arrêt sur images

Archiprévisible Schneidermann

 

Le petit journal de C+ ayant fait une spéciale Denisot hier soir (06/10/14), j'ai commis un message à l'attention de l'asinaute-chef :

 

Le 6 octobre 2014 21:11, Jean-François LAUNAY <jf.launay@wanadoo.fr> a écrit :

de : Jean-François LAUNAY (mail : jf.launay@wanadoo.fr)
9 h 15

---------------------------
J'ose espérer que vous allez dénoncer, dans votre 9 h 15 de demain
07/10/14, ce "Petit journal" de ce soir où Yann Barthès a fait preuve
d'une complaisance scandââââleuse pour celui qui lui a mis le pied à
l'étrier de la bobospère canalplusienne, l'horrible Denisot, dont vous
saviez dire, en son temps, tout le mal qu'il fallait en penser !
J'ai hâte de vous lire.
JF Launay
social-traître et bobo du bas-poitou
 
 

Eh bien, le lendemain - aujourd'hui donc, je recevais cette réponse :

Sent: Tuesday, October 07, 2014 10:56 AM
Subject: Re: Contact ASI - Daniel Schneidermann - 9 h 15
 
Bonjour,
 
Vous pouvez constater que le 9:15 de ce matin est consacré à ce sujet :
 
 
Bien cordialement,
 
Axel de Velp 
Webmaster - Service clients
 
 
 
De fait - et comme prévu - Schneidermann, très 1er degré, s'était empressé de vilipender le vilain Denisot et le complaisant Barthès, sans oubler l'horrible Canal +, son boboïsme et ses oeuvres ! Avec un jeu de mot sur le patronyme d'une grande finesse "Déni-sot" !
 
Je ne sais pourquoi, en lisant ce réquisitoire fielleux, la très mauvaise devinette citée dans l'émission m'est revenue à l'esprit : Quelle différence y a-t-il entre un trou du cul et un bonbon ?
 
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11 juillet 2011 1 11 /07 /juillet /2011 15:38

terra-novaLe 10 mai 2011, date symbolique, Terra Nova, laboratoire d’idées qui se veut « progressiste », publie un essai Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ? signé Bruno Jeanbart, Olivier Ferrand, Romain Prudent.

 

Terra Nova avait lancé, dès août 2008, l’idée d’une primaire à la française, idée reprise par A. Montebourg et, finalement, adoptée par le PS. Pour autant, les travaux de cette fondation indépendante n’engagent pas le PS. Ainsi, un rapport favorable, sous conditions strictes, aux « mères porteuses », bien que proche d’une proposition de loi déposée au Sénat par, entre autres, Robert Badinter, a été rejeté par le PS.

 

Proche du PS si l’on veut, mais ne parlant pas au nom du PS. Distinguo trop subtil, pour les marxo-UMPistes (branche aussi marxiste que Wauquiez est social), qui dénoncent une gauche « qui abandonne les classes populaires ». « Les socialistes ont définitivement perdu leur boussole. A moins d’un an de l’élection présidentielle, ils en sont toujours à s’interroger sur la pertinence même de se préoccuper des classes populaires... La gauche de DSK ou de Ségolène n’est décidément plus celle de Jaurès. Nicolas Sarkozy l’avait compris bien avant eux. »

Le Président des riches donnant des leçons de socialisme, ils ne reculent devant rien nos comiques UMPistes. On découvre d’ailleurs parmi les signataires des secrétaires nationaux aux attributions surprenantes : chargée des nouveaux engagements solidaires , en charge de l’égalité des chances, à la lutte contre les discriminations, à la lutte contre la précarité et la pauvreté, à la vie étudiante et l’entrée dans la vie active, et le très incongru en charge de la protection des riverains et de la lutte contre les nuisances aéroportuaires. Cette attaque du rapport est daté du 13 mai, date très symbolique aussi, mais dont la plupart des signataires doivent ignorer à quoi elle renvoie. Bien sûr, derrière ces illustres inconnus (Badat, Bedin, Fanfant et les autres), il y a Copé à la magouille manœuvre ? 

 

Elections - urne verte 0O. Ferrand (président fondateur de Terra Nova) rappelle que les Français précarisés sont « en butte à la vindicte populiste du FN et d’une UMP radicalisée. Sous les coups de boutoir du sarkozysme, le virus anti-assistanat a métastasé au sein de la société française. Les chômeurs sont devenus des « assistés », des «profiteurs », des « fraudeurs » […] Dans cette logique néoconservatrice, les Français déclassés ne doivent pas être aidés car ils sont responsables de leur sort. […] Laurent Wauquiez l’a à nouveau martelé cette semaine : 466 euros de RSA-socle pour survivre, c’est encore trop. […] Ces milieux populaires déclassés sont aussi attaqués dans leur identité. Ce sont les «jeunes » fainéants, la « racaille » de banlieue… Et naturellement les Français d’immigration récente. A ceux-là, on fait comprendre qu’ils ne font pas partie de la communauté nationale. Que leur religion allogène n’a pas sa place dans la République. »

 

Ferrand garde toi à droite, Ferrand garde toi à gauche.

asi-terranova2

C’est à peu près le même discours que va subir Terra Nova à sa gauche. Ne parlons pas des excités qui, n’ayant pas lu une ligne du texte, jettent l’anathème par principe sur cette fondation liée disent-ils à DSK.

Frédéric Sawicki (Le prolo, l’expert et le mépris de classe Libé 10/06/11) fait d’abord un rapprochement hardi avec les syndicalistes révolutionnaires et les anarchistes de la Belle Epoque qui, trouvant l’ouvrier embourgeoisé fondaient leurs espoirs sur le lumpenprolétariat : «Les sans-métier, les sans-travail, trimardeurs, filous, prostituées, déclassés sont les révolutionnaires de demain».  « L’analogie avec la philosophie qui inspire le rapport «Gauche : quelle stratégie pour 2012 ?» est frappante. » ajoute-t-il. Et qui forme ce lumpenprolétariat actuel ? «ceux qui cherchent à rentrer sur le marché du travail, mais n’y parviennent que difficilement : les jeunes, les femmes, les minorités, les chômeurs, les travailleurs précaires ». « Ce qui choque au premier chef est l’incompréhension et pour tout dire le mépris des classes populaires qu’il trahit. » Car pour lui tous ceux qu’il a assimilé de fait au lumpenprolétariat, ne font donc pas partie des classes populaires. Cependant,  Sawicki va ensuite nuancer son propos, concédant « que la classe ouvrière ne soit plus ce qu’elle n’a jamais été (une classe unifiée consciente d’elle-même porteuse de progrès) » Mais au-delà de la polémique propre à ce genre de tribune, il émet des doutes méthodologiques sur les « groupes sociaux » («les diplômés», «les femmes», «les jeunes»…), et note que « le sentiment d’insécurité sociale et le mal-être que génèrent leurs conditions de vie exacerbent d’autant plus les petites jalousies et haines sociales qu’ils sont habilement instrumentalisés par la droite et l’extrême droite et que la gauche ne sait y répondre. »

 

Diabolisé à droite et à gauche que dit donc ce sulfureux rapport ?

 

Il part d’un constat : la classe ouvrière diminue en poids et en conscience de classe. 37 % des actifs en 1981, 23 % aujourd’hui.

L’ouvrier mythique des années 50, cégétiste en bleu de travail – ceux de Renault par exemple qui arrachent la 3e semaine de congés payés (généralisée en 1956) – est un souvenir. Deux ouvriers sur cinq sont dans le secteur tertiaire (chauffeurs-livreurs, manutentionnaires, magasiniers…), isolés, non syndiqués. Et si, comme le rappelle justement Sawicki, les ouvriers ont majoritairement voté Royal au 2e tour, le pourcentage de votes à gauche s’effrite et le vote FN se consolide.

 

Les constats sur les votes dans les quartiers populaires, le vote des jeunes, des diplômés et la tendance du vote des femmes à se gauchiser sont avérés. A l’inverse celui des plus de 65 ans, de plus en plus lourd avec le vieillissement, est très majoritairement à droite : Sarko a été élu par les vieux.

 

Cette synthèse d’études électorales diverses est utile à toute la gauche.

 

Après on peut disputer des pistes que propose Terra Nova pour gagner l’élection de 2012. Le rapport ne dit pas qu’il faut abandonner la classe ouvrière. Il priorise l’action vers ceux qu’il nomme outsiders, les précaires en tout genre. Il préconise un travail de fourmi pour faire baisser l’abstention dans les quartiers défavorisés (ils votent à 80 % à gauche, mais combien votent ?).

 

Sur les constats –sauf contestation des chiffres – le consensus peut se faire. Sauf à noter qu’il fait l’impasse sur l’analyse des évolutions dans le secteur public qui, à part l’armée et la police, faisait partie du socle de gauche.

Sur les préconisations, le débat est ouvert. Terra Nova insiste beaucoup sur les valeurs culturelles - solidarité, ouverture, tolérance -  qui permettraient de fédérer  les outsiders, les diplômés et les classes intermédiaires. Il fait donc passer les valeurs socio-économiques au second plan.

 

Mais ce débat est difficile à mener pour les manichéens. Ainsi Sawicki feint-il de croire que Terra Nova fait des insiders le nouvel ennemi de classe, comme si mettre en relief l’exclusion, la précarisation, la stigmatisation des outsiders n’avait pas pour but d’offrir à tous la possibilité de s’inclure.

 

 

Parmi les travaux variés de Terra Nova (il y a même un essai sur l’avenir du foute), on peut noter :

L'accès au logement : une exigence citoyenne, un choix politique 

Les politiques de lutte contre la pauvreté : l'assistanat n'est pas le sujet 

La justice, un pouvoir de la démocratie 

Réformer les retraites : quelles solutions progressistes ? complété par La réforme des retraites  

Investir dans notre jeunesse

 

 

"Les ouvriers d'aujourd'hui ne sont plus ceux de 1981"

Quel peuple pour le PS ? Autain, Ferrand et Sawicki débattent.

asi-terranova1

Tel était le titre de la dernière émission d’Arrêt sur images. Le chapeau d’introduction était des plus vicelards : « Le Parti socialiste, qui depuis bien longtemps ne compte plus d'ouvrier parmi ses dirigeants, doit-il se détourner de cet électorat, et partir à la conquête d'autres cibles électorales ? »* Or, il ne s’agit, en l’occurrence, que d’un essai de Terra Nova et ce qu’il préconise est beaucoup plus nuancé que la présentation faite par @si. Et faire un essai de synthèse d’analyses électorales pour montrer que le centre de gravité des classes populaires s’est déplacé et donc que le socle électoral de la gauche n’est plus celui de 1981 ne peut être que péjorativement qualifié de marketting.

asi-terranova4 Daniel Schneidermann, qui ne masquait guère son hostilité au fondateur de Terra Nova, fut déstabilisé quand, après un monologue de Ferrand rectifiant la présentation faite de l’essai, suivi d’un autre monologue de Sawicki (avec le classique « Je ne vous ai pas interrompu… » pour stopper net toute intervention de son adversaire), Clémentine Autain, en affirmant qu’elle avait trouvé des choses très intéressantes dans le texte, entama un véritable dialogue, sans langue de bois, avec son voisin. Si bien que, petit à petit, Frédéric Sawiski entra lui aussi dans un échange beaucoup moins stéréotypé et crispé. Il rappelait que l’analyse des votes exprimés ne suffisaient pas et que plus que le glissement du vote ouvrier vers le FN, il fallait noter la montée de l’abstention, il faisait aussi remarquer qu’un fort pourcentage de jeunes et de précaires n’est pas inscrit ou mal inscrit (ne signalant pas un changement de domicile, par exemple).

asi-terranova3 Un « arrêt sur images », montage de quelques séquences, tente d’opposer un Sarkozy visitant des usines avec des ouvriers bien rangés en uniforme (casque jaune et tenue de travail siglé au nom de l’entreprise) et Ségolène Royal dans une usine de sa région  à Jean-Luc Mélenchon lui dans une usine en grève… Sauf que S. Royal était chez Heuliez, usine menacée de liquidation, qu’en tant que présidente de région elle a défendu avec pugnacité et qui redémarrait.

Sur la fin Ferrand est soumis à la question, mais, alors que l’échange entre les trois invités, Clémentine Autain se montrant même intéressée par la sécurisation des parcours professionnel, est serein, le climat créé par les intervenants d’@si devient assez pesant : Ferrand, citant un terme anglo-saxon après avoir utilisé le mot français, subit un ricanement  de la chroniqueuse puis, pour avoir cité G. Collomb, le Maire de Lyon, il a droit, du coup, aux ricanements des trois, tout cela avec un Daniel Schneidermann qui évolue de l’agressivité à la dérision à son égard. 

 

 

* La présentation de l’émission dans le courriel aux abonnés était encore plus caricaturale (« Adieu, cher prolétariat ! Adieu les ouvriers, leurs usines, leurs luttes. Pour espérer gagner en 2012, le PS devrait se détourner du cambouis, et se tourner vers les "outsiders", ces catégories que sont les jeunes, les femmes, les précaires, les minorités des quartiers […] toute démarche politique se réduit-elle à une campagne de marketing ? ») et d’une très relative honnêteté intellectuelle.

 

 

 

 

PS Courrier à Télérama 09/01/14

 

Terra Nova caricaturé

« 2011, (…) un rapport du think tank Terra Nova fait débat : faut-il privilégier les classes populaires ou les minorités visibles, bref, les Blancs ou les immigrés » peut-on lire dans un article sur le “racisme anti-blancs” ("Le racisme anti-blancs, une notion piège ? Idées 08/01/14)

Même les pires détracteurs de Terra Nova  tel F. Sawicki, n’ont été aussi loin dans la caricature. Ce rapport n’opposait absolument pas Blancs (avec majuscule !) à immigrés, mais proposait, dans la construction d’une majorité électorale, de prioriser  l’action vers ceux qu’il nomme outsiders, les précaires en tout genre (jeunes en quête d’un premier emploi, femmes en temps partiels, contraints, etc.). Entre autre il préconisait un travail de fourmi pour faire baisser l’abstention dans les quartiers dits défavorisés. Travail de fourmi qu’Olivier Ferrand, son fondateur, a accompli dans la 8e circonscription des Bouches-du-Rhône, avant de disparaître prématurément. Il ne mérite certainement pas qu’on lui prête de telles niaiseries dans un essai intitulé : Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ?

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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 21:10

florence-cassez-arrestation-bidon

 

« Je ne me suis pas plongé dans les méandres du dossier judiciaire de Florence Cassez. Les medias français non plus, qui mutiplient les interviews de la prisonnière, en se contentant de répéter paresseusement, pour tout rappel des faits, qu'elle"clame son innocence". Tout au plus, en épluchant la presse mexicaine (lecture obligée, puisque la presse française croirait se rendre coupable d'outrage au patriotisme en faisant ce travail), tout au plus, donc, avions-nous établi ici-même qu'il existe, hélas, des éléments laissant penser que Cassez s'est bel et bien rendue complice d'enlèvement et séquestration. Que son cas, ensuite, ait été pris en otage par l'obsession sécuritaire qui habite manifestement le gouvernement mexicain, que des erreurs de procédure aient été commises, qui méritaient la cassation, c'est possible. La Justice mexicaine a jugé le contraire. Ni l'indépendance de notre propre Justice, ni notre propre préservation de toute pratique de corruption, ne mettent hélas (encore) la France en position d'exiger quoi que ce soit, de la Justice ou du pouvoir mexicain. » Voilà ce qu’écrivait Daniel Schneidermann  dans une chronique matinale du  15 février 2011 d’Arrêt sur Images. Outre que l’accusée, dans ses entretiens, ne se contentait pas de clamer son innocence, Libération dans un article signé de Léonore Mahieux, à Mexico – qui doit peut-être aussi s’intéresser à la presse locale – dénonçait l’invraisemblable affaire Cassez.N’ajoutons pas que le procureur aurait pu, sans se plonger dans les méandres du dossier, lire l’article de wikipedia (mais ça doit être du dernier ringard que de se documenter sur wikipedia).

 

 

La mise en scène du « flagrant délit »

florence cassezGenaro García Luna,à l’époque chef d’une sorte de GIGN mexicain, pour la mise en scène, fait mieux que notre Hortefeux quand il convoque la presse pour une opération à grand spectacle dans une cité de banlieue. Là, c’est arrestation en direct, libération d’otages et découvertes de stocks d’armes devant les caméras de TV Azteca et Televisa ! Le matin du 9 décembre 2005 au ranch d'Israël Vallarta, la police arrête, en flagrant délit, Florence Cassez et son ex-compagnon car trois personnes kidnappées étaient retrouvées sur les lieux : Ezequiel Yadir Elizalde Flores, Cristina Ríos Valladares et son fils Cristian Ramirez Rios âgé de 10 ans. Pour les deux chaînes de télé, la française rousse est coupable, forcément coupable !

 

Sauf que toute cette opération est bidon. C’est le 8 décembre 2005, qu’elle a été arrêtée sur une autoroute à une cinquantaine de kilomètres de Mexico en compagnie d'Israel Vallarta Cisneros. La voiture ne contenait pas d’armes. Quant à la présence d’otages dans une cabane de jardin, elle est invraisemblable. Le jardinier et un couple voisin possédait la clé de la cabane et n’y ont jamais vu trace de personnes séquestrées.

 

 

Les témoignages sont donc les seuls éléments sur lesquels dit s’être appuyée la Justice mexicaine, après que Genaro García Luna, confondu en direct par sa victime Florence Cassez, a dû avouer le trucage de l’arrestation. Mais c’est justement peu après cette émission, où F. Cassez était intervenue téléphoniquement, que deux des témoins retrouvent bizarrement la mémoire. Seul Ezequiel Yadir Elizalde avait, d’entrée, reconnu F. Cassez ; ses versions successives et un mensonge flagrant rendaient son témoignage peu crédible. Mais, trois mois après, Cristina Ríos Valladares et son fils reconnaissent formellement F. Cassez, à cause de son accent français.

 

FlorenceCassezElUniversal07032009Portadav255  « On constate, en révisant le registre d'entrées du parquet chargé de la délinquance organisée (Siedo), que la famille y a passé toute une journée en compagnie des policiers qui ont participé au montage [de l’arrestation bidon]. Il n'existe pourtant aucune déposition datée de ce jour-là, seul motif possible de leur présence sur les lieux. Pourquoi ont-ils été convoqués par la Siedo quelques jours avant de changer radicalement leurs déclarations ? » *

Florence Cassez est donc condamné à 90 ans, ramenés à 60, pour enlèvement, séquestration, délinquance organisée et possession d'armes à feu et de munitions à l'usage exclusif des forces armées sur la base de ces seuls témoignages.

 

Le complice toujours pas jugé

Aussi machiavélique que certains médias mexicains la présentent, elle n’a pu faire ces enlèvements seule. Elle aurait au moins un complice avéré, son ex-amant, Vallarta (qui, au demeurant l’innocente). Les deux auraient dirigé un gang du Zodiac. « Si Vallarta a avoué être un kidnappeur, une expertise de la Commission nationale des droits de l'homme du 9 décembre 2005 indique qu'il a été torturé : multiples traces de coups, brûlures sur les parties génitales, etc. Il est accusé d'être le chef et le négociateur. Mais une expertise indique que la voix enregistrée lors des négociations n'est pas celle d'Israël Vallarta. »*

 

Surtout, Vallarta n’a pas été jugé en même temps que sa prétendue complice. Il n’est toujours pas jugé. La justice mexicaine aurait-elle voulu démontrer son iniquité qu’elle ne s’y prendrait pas autrement : elle juge la seule francesa et non l’ensemble de la bande à commencer par celui qu’on présente comme son chef.

 

Pression politique sur les juges ?

 

Mais, Florence Cassez a aussi perdu devant l’équivalent de la Cour de cassation et Arrêt sur images, décidément anti-Cassez, de citer un ex-commissaire, Georges Moréas : "Les défenseurs de Florence Cassez montrent du doigt la justice mexicaine, cherchant à démontrer qu’elle est assujettie au pouvoir politique", écrit Moréas. (...)" Pourtant, les trois hauts magistrats qui viennent de prendre la décision de refuser l’amparo déposé par la jeune femme semblent des personnalités respectables du monde judiciaire, et non des béni-oui-oui du régime".**

 

florence cassez proceso

 

Sauf erreur, @si oublie de citer, en contre-point, Courrier International : « Selon l’hebdomadaire Proceso, la justice mexicaine aurait subi de fortes pressions politiques dans l’affaire Florence Cassez. Le secrétaire du président Felipe Calderón, Roberto Gil Zuarth, aurait rencontré le président de la Cour Suprême et trois magistrats du septième tribunal de Mexico le 10 février, quelques heures avant que ce tribunal émette son verdict concernant le pourvoi en cassation déposée par la Française. "Si Cassez est déclarée innocente, cela entraînera non seulement la chute du ministre de la Sécurité Publique Genaro García Luna, mais cela contribuera à réduire à néant la lutte du gouvernement contre le crime organisé", aurait déclaré Roberto Gil Zuarth. Le journal ajoute que les magistrats nient avoir participé à une réunion de ce type. »

 

 

« L'affaire Cassez : un enchevêtrement d'histoires qui, toutes, ressemblent à celle du protagoniste d'un documentaire mexicain intitulé "Présumé coupable". L'avocat et réalisateur, Roberto Hernandez estime que, dans son pays, "l'injustice est légalisée. C'est un système dans lequel on t'arrête sans mandat d'arrêt et on t'accuse sans preuves".

Des violations qui sont monnaie courante au Mexique, n'en déplaise à tous ceux qui osent, en ces temps de crise diplomatique, défendre la justice et la police mexicaines. Et ce n'est pas minimiser les failles de la France que de dénoncer celles du Mexique. »*

 

 

* Citations tirées de la remarquable tribune « Au Mexique, l’arrestation de Florence Cassez n’est qu’un montage médiatique et policier » de Léonore Mahieux, Emmanuelle Steels et Anne Vigna, toutes trois correspondantes de la presse française au Mexique (Le Monde du 23/02/11)

 

** Les commentaires qui suivent l’article sur son blog sur l'affaire Florence Cassez sont pour beaucoup affligeants de beaufitude.

 

Pour compléter :Preuves Fabriquées/Culpabilité fabriquée (article de Proceso du 06/XII/2009)

 

Le frère de l’ex-amant de Florence Cassez ayant été arrêté fin avril 2012 la police mexicaine diffuse une Fausse info : Mario Vallarta n’a pas accusé Florence Cassez (rappelons qu’Israel Vallarta n’a toujours pas été jugé, alors que F. Cassez était censée être sa complice).

 

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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 19:09

Qu’elle était belle à voir la froide indignation de la dame Chabot, quand elle apprit que le vilain Vincent Peillon lui faisait faux bond !

 

L’impartiale directrice de l’information a-t-elle fait la bise à Besson, ou l’inverse (le baiser de Judas). Les caméras n’étaient pas là, pour nous montrer la probable scène.

 

Car, la chère Arlette a la bise facile. C’était en 2006, à l’issue de l’émission, en toute complicité, la dame s’était levée pendant le générique de fin pour claquer une bise sur la joue droite et même une autre sur la joue gauche de Jean-François Copé.

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Avec toute l’impartialité qu’on lui connaît, elle avait choisi, pour inaugurer la nouvelle formule de son émission politique, la veille du jour où le CSA allait décompter les temps de passage à la télé et à la radio des candidats à la présidentielle, le sémillant Ministre de l’intérieur de l’époque. Un pur hasard ! Et, à l’issue du débat du 2e tour des présidentielles, après que S. Royal s'était déplacée pour lui serrer la main, elle alla faire la bise à N. Sarkozy.

 

Mais l’ado capricieux ne lui fut guère reconnaissant. D’abord éliminée des entretiens avec UBUprésident, elle dut subir ses foudres, à l’issue de l’entretien qu’il avait décidé de donner à Ferrari et à Pujadas, à Nouillorque (rompant une fois de plus avec la tradition qui veut qu’un président ne s’exprime pas sur la politique intérieure à l’étranger). Elle avait eu le malheur de mettre son grain de sel dans un échange musclé entre le colérique et Kouchner. « Manifestement « à cran », Nicolas Sarkozy part aussitôt en flèche. Il se plaint de l'absence... de « vraies émissions politiques » sur le service public, regrettant feue L'Heure de vérité de François-Henri de Virieu. Curieuse critique qui ne résiste pas à l'examen des faits… ». Le Point

 

Humiliée publiquement, mais elle doit aimer cela, Arlette. Car le 26 novembre 2009, dans son émission, elle n’eut de cesse d’interrompre Martine Aubry, laissant M. Copé développer ses propos sans interruptions, lui. Il n’eut cependant pas droit à une bise… publique. Une autre fois, montrant qu’elle a bien assimilé l’idéologie sarkozyenne, elle essaiera de remettre de l’ordre dans un débat qu’elle était censée diriger en s’exclamant : « je n’ai jamais vu ça… c’est la culture banlieue qui entre dans le débat politique. Tous les coups sont permis ! ». (Mais peut-être faisait-elle allusion à une banlieue chicos où, de fait, un fiston de celui qui fait président poignardait dans le dos la tête de liste aux élections municipales ?).

 

Alors, la pôvrette a été victime d’un « coup d’éclat » du « voyou » Peillon (la « culture banlieue », on vous dit). Mais comme l’analyse fort bien Daniel Schneidermann, c’est son émission qui était piégée. « Quel qu'ait été l'ordre des prises de paroles et des préséances, cette émission était de toutes manières conçue comme valorisante pour Besson, portraituré seul en préambule (ma biographie, ma famille, mon antiracisme viscéral, mon enfance au Maroc, mes blessures intimes, mes plaies ouvertes, etc.), avant d'affronter successivement les deux serre-livres de gauche et d'extrême-droite (n'ayant pas droit, eux, à leur quart d'heure de moi-moi-moi, et réduits au statut de contradicteurs, donc de faire-valoir). De ce dispositif, Besson devait sortir dans la position du réaliste mais humain. Même détaillé aimablement aux participants au téléphone, ce dispositif en lui-même était un piège (sans parler du principe de consacrer une émission entière au fumigène de Besson). »

 

Peillon a donc bien eu raison de refuser de jouer le jeu de l’impartiale Mme Chabot. Et s’il a dû attendre le dernier moment, c’est certes pour donner plus d’éclat à son coup, mais aussi pour éviter qu’un Valls, qu’un Lang, voire un Dray, toujours prêts à tirer contre leur camp, ne vienne servir de caution pluraliste à Chabot.

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