Je ne suis plus, hélas, le perdreau de l'année.
Adhérent en 1973, sur la logique qui allait être celle des Assises du socialisme de l'année suivante, donc, presque naturellement, Rocardien ayant commis quelques articles dans FAIRE (remarquable revue animée par P. Viveret), au lendemain du congrès de Metz, je me suis retrouvé membre d'un conseil fédéral, porte-parole minoritaire de la motion C (Rocard). Quelque temps secrétaire de section, collaborateur d'un parlementaire, j'ai donc perdu un peu de la fraîcheur des premières ventes à la criée de l'Unité devant le Maxi-Coop à Mont-Saint-Aignan ou de la campagne d'affichage aux présidentielles de 1974...
Dans les congrès, que j'ai suivis comme délégué, jusqu'à Valence, les jeux étaient plus ou moins faits d'avance, sauf, un peu, à Metz où la mystérieuse commission nocturne (sorte de conclave) nous sortait l'alliance majoritaire (Mitterrand+Deferre+Chevènement) le dimanche.
Ensuite, je me suis contenté de suivre les congrès dans la presse.
Mais je ne crois pas qu'il y en eût un aussi calamiteux que le dernier.
Les motions déjà laissaient sceptiques. Les différences fondamentales entre celles de Delanoë, Aubry et Royal étaient assez peu perceptibles, même pour un cheval de retour de mon espèce. Les jeunes (quarantaine cependant) comme Montebourg et Hamon faisaient girouettes : l'un, soutien de Royal aux présidentielles changeait, une fois de plus, d'écurie ; son ex-NPS aussi éclaté que les Strauss-Kahniens. Le deuxième ex-rocardien, ex-collaborateur d'Aubry la jouant à gauche ( ?) avec le sempiternel Emmanuelli (sans parler des Mélenchon-Dolez, un petit orteil dedans, les neuf autres orteils à l'extérieur déjà). Et que dire d'Aubry, européenne en principe convaincue, s'alliant avec Fabius, noniste tactique (mais dont le sens tactique fut nul, puisque il ne tira aucun bénéfice de ce reniement) !
Membre du PS et électeur de gauche discipliné, j'ai bien sûr voté Royal aux présidentielles, après, en interne, avoir opté pour Strauss-Kahn. C'est dire que je suis loin d'être un « royaliste » convaincu.
J'ai donc décidé de voter blanc sur les motions (seul de ma section).
Mais du coup, jeudi 20/XI, plus d'hésitations. Royal au national, sa candidate fédérale et le candidat qui se réclame d'elle au local.
Car trop, c'est trop.
Ce front anti-royal que Delanoë et Aubry n'ont même pas su faire au congrès et qui se traduit par cet appel piteux du maire de Paris à voter Aubry (Jospin et Fabius réconciliés contre l'usurpatrice !), ce jeu minable et suicidaire des strauss-kahniens qui ne sont forts que de leurs divisions et surtout cette image déplorable donnée au « peuple de gauche », tout incline à tenter de sauver ce qui peut encore l'être en donnant le maximum de voix à celle qui fut la plus digne dans ce congrès et dont la motion était en tête.
Je voterai donc Royal (après tout ce sera la 3e* fois et toutes les bassesses déversés sur elle sont une insulte aux 47 % d'électeurs qu'elle a réunis) ce jeudi et mes autres votes - fédéral et local - seront en cohérence.
J. F. Launay
* 2 fois aux présidentielles, bien sûr