Un responsable de « courrier des lecteurs » a l’embarras du choix face à l’abondance des envois. Choix donc révélateur de l’orientation politique et/ou idéologique dudit responsable, donc du journal qui l’emploie. Surtout quand il ne publie pas une réponse démontant les mensonges du texte retenu.
Lettre envoyée, le jour même, par courriel :
Une augmentation d’impôts bidon !
Un « contribuable rennais » – courrier des lecteurs du 08/08/2014 – se dit victime d’un racket fiscal. En effet, alors que son revenu 2013 n’a progressé que de 4,65%, l’augmentation de son impôt sur le revenu et de la CSG aurait été de 37,95 % A peine 5% d’un côté, presque 38 % de l’autre, voilà qui paraît exorbitant.
Comme il dit être à la limite des tranches 14% et 30 %, on peut faire un calcul théorique de ses revenus. Le plafond de la tranche 14% est 26 631 € auxquels on ajoutera les 4,65% soit 1238,34 € pour aboutir à 27 869,34 €. Si les revenus de notre retraité avaient stagné, il aurait acquitté 2006 €, avec l’augmentation il en paiera 2162 €, soit une augmentation de 156 €. Ces +7,8% sont assez loin des 38 % annoncés.
Oui, mais il y a la CSG ! Outre qu’il y a quelque abus de langage à assimiler ce qui est une cotisation à l’Assurance maladie à un impôt – les propriétaires de véhicules vont-ils compter l’assurance auto, sous prétexte qu’elle est obligatoire elle-aussi, dans un total de dépenses imposées ? – elle est non proportionnelle donc notre retraité paie le même pourcentage que précédemment sur sa retraite (6,6% sauf erreur).
Cette contre-vérité flagrante n’est là que pour introduire un discours anti-fonctionnaires et anti 35 h.
Que la diminution du temps de travail soit cause d’une augmentation des troubles musculaires squelettiques, demanderait à être sérieusement étayé.
Quant aux fonctionnaires et au PIB, faut-il rappeler que le PIB non marchand - presque exclusivement le fait des administrations publiques (sécurité, justice, santé, enseignement) - est évalué à son coût de production. Privatiserait-on ces services que le calcul serait le même. Mais les services rendus, pas obligatoirement.
Jean-François Launay
Citoyen Luçonnais
Faut-il préciser que ce courrier n'a jamais été publiée par Ouest-France ?
60% qui dit mieux ?
Le contribuable Rennais était, somme toute, modeste dans la contre-vérité puisqu’il ne parlait que d’à peine 38 % d’augmentation avec un revenu en légère progression, mais j’ai lu encore mieux avec un collègue pensionné – comme votre serviteur - qui ne craint pas d’afficher 60% d’augmentation :
« 60%. C’est le montant de l’augmentation de mon impôt sur le revenu entre cette année et la précédente. Aucune modification de la famille, aucune augmentation de nos pensions puisqu’elles sont gelées et encore pour un bon bout de temps, aucune activité rémunérée. Je m’étonne, et pourtant je suis un grand défenseur de l’impôt sur le revenu, mais il devrait être progressif, également réparti et ne pas comporter de plafond pour les hauts revenus.
[…]
Mais là, les impôts augmentent et nos revenus stagnent. C’est la « justice sociale » mise en place par nos dirigeants. C’est le contraire de Robin des Bois ou d’Arsène Lupin, cela ressemblerait plutôt à de l’Al Capone ou du Dillinger. Ce n’est plus de la redistribution, c’est du racket. On prend aux familles modestes pour verser les dividendes aux actionnaires, afin d’obéir aux ordres du Merdef que le premier ministre ira quérir mercredi prochain.
[…]
Jusqu’à quand le peuple va-t-il accepter de se laisser plumer ainsi ? Va-t-on se bouger enfin ou attendre la victoire du FN « pour voir » ? Mais alors il sera trop tard. »
Outre qu’il semble ignorer que l’impôt sur le revenu ne touche qu’un foyer fiscal sur deux, donc dire qu’on prend aux familles modestes est un peu hasardeux, outre que le fameux bouclier fiscal cher à Sarkozy a été supprimé, donc qu’il n’y a plus de plafond pour les hauts revenus, le barême des impôts n’ayant pas bougé jusqu’à 151 200 € annuels déclarés (pour une part) il est totalement impossible qu’à revenus et nombre de parts inchangés, il y ait eu la moindre augmentation.
Ce collègue pensionné n’a répondu à mon scepticisme qu’en m’envoyant les montants réclamés par le fisc pour les deux dernières années qui fait bien apparaître cette augmentation, mais il a oublié de m’envoyer les montants déclarés, déduction faite d’éventuels crédits d’impôts, d’une année à l’autre.
Et si vraiment, ces revenus sont constants il doit vite demander des explications aux services fiscaux.
Ce petit tableau excel compare (sauf erreur de votre serviteur) les barêmes 2012 et 2013 (c'est-à-dire ceux qui s'appliquent aux impôts acquittés l'année suivante, 2013 et 2014).
A epsilon prêt, les plafonds de chaque tranche sont inchangés. Une seule différence, une nouvelle tranche au dessus de 151 200€ déclarés (pour une part).
Donc, sauf si on entre dans cette nouvelle tranche, que peu de pensionnés de la fonction publique doivent atteindre, à revenus constants, l'imposition est inchangée.
Certes des contribuables ont pu voir leurs impôts augmenter, sans augmentation de leurs revenus, avec la baisse du plafond du quotient familial1 pour la deuxième année consécutive, les "majorations de pensions de retraite versées aux parents ayant eu ou élevé au moins trois enfants" auparavant exonérées d'impôt et aujourd'hui imposables2, la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires3 ou encore la "suppression de la demi-part fiscale dont bénéficiaient les parents isolés, les veufs ou veuves ayant eu un enfant" 4, entamée sous Sarkozy et définitivement supprimée cette année par l’actuel gouvernement.
Seule la deuxième mesure peut toucher le pensionné de la fonction publique, mais de là à augmenter ses impôts de 60 %...
1 Le plafonnement du quotient familial consiste à limiter la réduction d'impôt résultant de ce quotient. L'avantage en impôt est plafonné à 1 500 € pour chaque demi-part supplémentaire.(http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F2702.xhtml)
2 Pour trois enfants, on bénéficie d'une majoration de 10 % du montant de la pension + 5 % par enfant à partir du quatrième. Exemple : pour 5 enfants, la majoration est de 20 %. Depuis l'entrée en vigueur de la loi n° 2013-1278 du 29 décembre 2013 de finances pour 2014, le montant de la majoration pour enfants des retraites est imposable sur le revenu. La majoration de pension pour enfants percues en 2013 sera donc prise en compte pour le calcul de l'impôt à verser en 2014.
3 Cette mesure - fin de la défiscalisations des HS - a été prise en septembre 2012.
4 A nuancer : Un parent isolé, célibataire, séparé ou divorcé, a droit à 2 parts de quotient familial. c'est-à-dire que le premier enfant à charge d'un parent isolé compte pour une part entière ; mais cet avantage est plafonné à 3540 euros.
commenter cet article …