L’ancienne porte-parole du Sarko de campagne modèle Buisson-Peltier qui a donc sérieusement écorné son image de libérale avancée du XXIe siècle multiplie les couacs d’une campagne parisienne qui ne décolle pas. Relookage, déclarations, appuis, mises en scène, programme… tout fait sérieusement amateur. N’est-elle pas en train de se séguiniser ?
Après les doux moments de grâce sur la ligne 13 du métro, NKM, instants de charme, va tirer son clope avec des clodos de carte postale. Blouson et jean de rigueur. Négligemment appuyée sur le mur, joue creusée pour aspirer la cigarette. Avale-t-elle la fumée ?
Une autre fois, elle prenait la pose au bord du Canal Saint-Martin. Photo quasi romantique qui évoquait celle kitschissime où elle posait allongée dans une longue robe blanche au pied d’une harpe, chevelure déjà savamment défaite, une main posée sur son ventre un peu rebondi de femme enceinte, un bras allongé sur un banc de pierre antique, deux énormes livres, dont un ouvert : là tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté.
S’il est une qualité qu’il faut reconnaître à NKM, c’est qu’elle ne craint pas le ridicule, affichant elle-même cette composition aux symboles trop appuyés. Accompagnant ce cliché de considérations sur la forêt mythique et magique de Bibracte où il fait bon se ressourcer parmi les queules. Et mon queule, qu’est-ce qu’il a mon queule ?
Elle accomplit avec vaillance les figures imposées de toute candidature. Mais, que ce soit à Rungis, à traire une chèvre, à partager le couscous, à goûter la charcuterie, à jouer au pique nique, etc. ça n’imprime pas. Elle fait toujours un peu décalée. Ce côté Auteuil-Neuilly-Passy dont elle ne peut se défaire.
Et ne parlons pas d’une affiche, ce NKaime Paris, qui se veut réponse aux accusations de parachutage, mais qui traduit surtout l'aristocratique don de sa précieuse personne à la capitale.
Elle s’applique pourtant. En témoigne cette photo de comptoir où elle feint de s’intéresser aux propos de zinc d’un habitué.
Même son relookage – longues anglaises blondes dans une coiffure savamment négligée– s’il fait bouzer, tombe à plat avec son néo-romantisme désuet qui se veut, sans doute, bohême. Et ce côté Marie-Chantal : « C'est une amie, Muriel Mayette, qui est secrétaire générale de la Comédie-Française, qui m'a présenté son coiffeur dans un dîner. (…) J'ai trouvé qu'il était formidable ».
Que son staff, lui ait conseillé d’abandonner son côté dominatrice - chignon strict, noir vêtue, haut perchée sur des talons aiguilles, il ne manquait que la cravache – cela se comprend. Mais qui est ciblé dans ce naturel ultra sophistiqué ? Les bobos ?
Fausse bonne idée encore, faire appel à Bernadette Chirac, née Chodron de Courcel, plus caricaturale que sa marionnette et qui s’est lancée dans le panégyrique de Xavière Tiberi ! Malgré ses opérations pièces jaunes, il n’est pas sûr que « maman » comme disent les guignols ait la popularité de l’époux. Et vicieusement, non contente de faire la leçon à NKM, elle lui glisse une belle peau de banane sous ses longues jambes fuselées avec ce symbole de la tricherie électorale, du clientélisme et de la discorde que représente le nom des Tiberi.
Le programme a-t-il de l’importance ? Le sien ne brille pas par son originalité : plus de caméras, une police municipale pour le côté sécuritaire, plus de places en crèche car toutes les mamans n’ont pas une belle-mère pour élever leurs rejetons, des nouveaux logements, mais pas HLM, pour les classes moyennes, le périph couvert à 20 % et les horaires des transports en commun, que d’ailleurs elle ignore complètement, prolongés. Tout cela, bien sûr, en faisant 1 milliard d’économies.
Le sentiment que rien n’accroche semble la pousser à durcir le ton. Ainsi un Péchenard, très sarkozyste ancien patron de la police, ne recule devant aucun coup bas en accusant Anne Hidalgo de vouloir "distribuer du cannabis dans les bureaux de tabac". Mais du coup, à donner dans le populisme et la campagne de caniveau, elle risque à nouveau de troubler une image qui cherchait à séduire les prétendus bobos.
Ses longues jambes lui permettront-elles de faire le grand écart entre Ludivine de la Rochère de la manif anti mariage pour tous et ses ouailles et Frédéric Beigbeder, le frère, patron de Lui ressucité, et ses pipeuls ?
Ou n’est-elle pas, comme le diagnostique Nicolas Domenach, en train de se séguiniser ? En cette affaire parisienne et pour avoir suivi le naufrage Capitale de Philippe Séguin en 2001, on peut craindre pour elle pareil échec ! (…) Sa campagne à Paris n’a jamais vraiment pris. C’était comme si les parisiens ne le méritaient pas… (…) la candidate de l’UMP patauge dans les mêmes incohérences : tantôt elle attaque très violement son adversaire PS pour satisfaire ses barons et la partie de son électorat farouchement anti-socialiste, tantôt elle donne l’image cool d’une écolo-bohème, mais tellement aristo, qu’elle ne touche pas les sympathisants verts, tout en énervant ses électeurs réactionnaires.
Comme le note d’ailleurs Domenach, les prophéties sont toujours hasardeuses, surtout quand elles portent sur l’avenir. Et Anne Hidalgo a apparemment bien compris qu’on ne gagne pas la bataille grâce aux erreurs adverses.
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