« Farida Belghoul poursuivie par son recteur, tous les profs touchés ? » éditorialise F. Jarraud du Café pédagogique. « Je suis sidéré par cette analyse » m’écrit un membre éminent de la Ligue de l’enseignement. Sidération partagée. Mais hésitation à en faire part. Car ne serait-ce pas accorder de l’importance à une personne qui ne mérite qu’un silence méprisant ?
Or donc, le recteur de Versailles a décidé d’une procédure disciplinaire à l’encontre de Farida Belghoul, hystérique enseignante à la tête d’un mouvement qui promeut une Journée de retrait de l’école (JRE). Ce mouvement s’est, notamment, distingué à Joué-lès-Tours, où une enseignante de maternelle avait été accusée d’attentats à la pudeur sur un garçon et une fille âgés de trois ans, commis dans le cadre d'un enseignement d'éducation sexuelle diffusé en application de la théorie des genres*. Ces rumeurs calomnieuses à l’encontre de la maîtresse de maternelle ont été reprises et amplifiées par le mouvement de F. Belghoul qui osait appeler les familles à une journée de retrait de cette école.

La nomination de Mme Najat Vallaud-Belkacem a véritablement déchaîné la dame. Dans sa prose délirante, elle parle de Monsieur(sic) Najat Belkacem, chouchoute du lobby trans, bi et cie, si jeune et déjà si âpre à faire le malheur des hommes(re-sic) dont la nomination est une déclaration de guerre aux familles de France.
Entre autres abjections, elle parle de Simone Veil l’avorteuse, en la distingant de la philosophe, dont elle ignore l’orthographe du nom, Weil ! Son appel se termine par « vaincre ou mourir » !

Les trois B : Bourge, Belghoul, Boutin, toutes unies dans un même élan anti école publique !
On peut estimer, si ce n’était le relatif pouvoir de nuisance de la dame, que ces insanités relèvent plus de la psychiatrie que de la procédure disciplinaire.
Mais prétendre, comme le fait Jarraud, que l’initiative rectorale, si elle aboutit, serait à la fois une victoire pour l'Ecole et une défaite pour beaucoup d'enseignants est de fait sidérant.
D’autant qu’il cite, lui-même, une étude juridique qui montre bien que la jurisprudence préserve la liberté d’expression des enseignants. Liberté qui ne va pas, pas plus pour les enseignants que les autres, jusqu’au droit d’insulter une ministre, ni d’appeler à tort et à travers à ne pas respecter « l'obligation d'assiduité des élèves », en inventant l’enseignement d’une pseudo théorie du genre*.
« La parole des fonctionnaires s’est libérée et leur expression publique, par la publication sous leur nom du récit de leur expérience professionnelle, sans rien en celer, a connu un développement important, sans que ces publications aient fait encourir à leurs auteurs les foudres disciplinaires de leur hiérarchie. » énonce donc le cabinet d’avocat. Le tombereau de témoignages faisandés de jeunes profs forts de leur arrogante inexpérience qui se déverse à chaque rentrée le démontre.
A partir d’un cas, l’avocat conclut que la justice est plus indulgente avec les puissants que les subalternes, dans l’appréciation du devoir de réserve ; oubliant d’autres cas – David Sénat, par exemple – où la position éminente n’a pas mis à l’abri celui qui était accusé de manquer à son devoir de discrétion.
On voit donc mal, très mal, ce qui permet à l’animateur du café pédagogique de craindre que le choix de la poursuite administrative fasse peser un risque, au-delà de F Belghoul, d’une nouvelle jurisprudence défavorable aux nombreux enseignants qui animent un blog ! Quant au caporalisme déjà trop présent dans l'Education nationale cela relève du cliché. Non pas que l’EN soit exempte de tout caporalisme, mais, en règle générale, les enseignants n’en sont guère victimes.
On peut disputer de l’opportunité de ces poursuites dont l’exaltée dieudonniste va se servir pour jouer les martyres. Mais prétendre qu’elles risquent de mettre en cause la liberté d’expression c’est soit mettre sous ce vocable le droit d’insulter, de mentir, de calomnier, de salir les enseignants et l’école, soit se mettre le doigt dans l’œil et volens nolens jouer le jeu de ces fanatiques.
Reste la question première : consacrer quelques lignes à cette personne, qui ne mérite qu’un silence méprisant, n’est-ce pas déjà entrer dans son jeu pervers ?
* Voir :
Mauvais "Genre" ? La cathosphère à l’assaut des programmes de SVT!
La droite populiste UMP à l’assaut des programmes de SVT
Études de Genre : des anonymes lancent une pétition d’anonymes !
« Théorie du genre » : la nouvelle croisade des cagots de la manif anti homos
sans oublier Onfray, philosophe de comptoir !
Ni Luc Cedelle : Petit florilège « anti-genre » pour que chacun sache à quoi s’en tenir
NB "Le café pédagogique" créé et animé par François Jarraud est un excellent site qui de jour en jour fait le point sur l'actualité éducative. Ce désaccord ponctuel ne remet évidemment pas en cause le travail titanesque et essentiel de Jarraud.
De la "marche des beurs" à la marche de Civitas...
Farida Belghoul devant une banderole "Hommage à Jeanne d'Arc" lors d'une manifestation du mouvement catholique intégriste Civitas, le 11 mai 2014.
5 ans après et alors qu'elle a continué de sévir Farida BELGHOUL est en fin virée de l'Education Nationale
Pour compléter : https://larotative.info/farida-belghoul-enfin-revoquee-de-3224.html
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